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✒ 𝙿𝚎𝚛𝚜𝚘𝚗𝚗𝚎 𝚗𝚎 𝚙𝚎𝚞𝚝 𝚏𝚊𝚒𝚛𝚎 𝚏𝚊𝚌𝚎 𝚊̀ 𝚞𝚗𝚎 𝚒𝚍𝚎́𝚎, 𝚚𝚞'𝚎𝚕𝚕𝚎 𝚜𝚘𝚒𝚝 𝚛𝚎𝚌̧𝚞𝚎 𝚘𝚞 𝚗𝚘𝚗.

Deux enfants riaient à gorge déployée au beau milieu d'un champ tandis que le soleil étincelait depuis le ciel. D'épaisses gouttes de sueur avaient commencé à perler sur leur front et rendaient leur visage poisseux et brillant. À force de tomber, leurs vêtements en laine avaient fini par être recouverts de terre, alors qu'autour d'eux, les insectes virevoltaient dans l'espoir de les imiter.

- Attrape-moi !

La première enfant, recouverte d'une épaisse écharpe rouge, tentait d'échapper à son grand frère qui lui courrait après depuis presque dix minutes. Leur jeu était simple : ne pas se faire toucher par l'autre. Tous les jours, à l'aube, ils visitaient les champs voisins dans l'espoir d'y passer du temps, soumis à leurs envies.

- Rose, tu vas perdre ! T'es trop nulle !

Le deuxième enfant manqua presque de glisser quand sa petite soeur laissa sa magie s'échapper. De petits nuages violets et difformes vinrent droit sur son visage et lui piquèrent le nez, donnant un avantage certain à la fillette qui continuait de courir, les sourcils plissés par la concentration.

- Calmez-vous, les enfants ! N'vous pétez pas la tête par terre !

Assise tout en haut d'un rocher, leur mère soupira. La femme leva les yeux au ciel et contempla les Oizoz d'un air intéressé, tout en tenant sa grande couverture en place. Ses yeux s'agrandirent tandis qu'elle levait les mains dans l'espoir d'attirer les volatiles, motivée à l'idée de les voir de plus près. Malheureusement, aucun d'entre eux ne s'arrêta, et elle dut se résoudre à abandonner.

Sur l'herbe ombragée, de petits Lapizettes gambadaient. Ces petits animaux lagomorphes à longues oreilles étaient normalement attirés par le mana naturel et la puissance, mais étant donné que le village de Bash se situait près de Zones à forte densité de mana, il n'était pas rare que certains animaux viennent s'y perdre, contrôlés par leur instinct de survie.

- Law, ne fais pas ça ! hurla soudainement leur mère, en remarquant que son fils allait utiliser sa magie.

- Tiens, prends ça, Rose ! ricana-t-il en lançant droit sur sa soeur des pépites d'or.

Ces dernières arrivèrent à grande vitesse dans le dos de la petite fille qui ne les vit même pas venir. Quelques secondes plus tard, Rose était au sol, prise de graves sanglots, tandis que son frère faisait tout pour la réconforter. Il passa une main dans ses courts cheveux noirs avant de les ébouriffer, dans l'espoir de la calmer, mais cela ne fit que renforcer ses pleurs, irrépressibles à cause de la douleur brusque et ardente.

- Méchant, Law, murmura-t-elle, le nez rempli de morve et les épaules secouées par des tremblements, t'es méchant.

Leur mère, qui avait accouru vers eux au moment même où Law avait attaqué, tapota doucement la tête de sa fille, qui, surprise, arrêta momentanément de pleurer pour la regarder, les sourcils froncés. Que lui voulait-elle ?

- Les guerrières n'pleurent pas, Rose.

- C'est faux, maman, tout le monde pleure, répliqua Law en roulant des yeux, pas convaincu par les paroles soudaines de la femme aux longs cheveux blonds.

Les larmes faisaient scintiller les yeux bruns de la petite fille. Son visage, éraflé et meurtri par la chute qu'elle venait de faire, avait également revêtit une teinte écarlate, similaire à celle de l'écharpe qu'elle portait. Elle n'était pas une guerrière, mais la princesse des chats. Combien de fois devait-elle lui répéter cela ?

- Pleurer n'fait qu'épuiser l'âme, les enfants, sourit-elle narquoisement en attrapant Law et Rose. Allez, on rentre ! Il commence à se faire tard.

Épuisés par la course, ils durent se rendre à l'évidence : le sommeil les appelait et risquait de les emporter d'une minute à l'autre.

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Les yeux de Rose s'écarquillèrent soudainement. Quand l'homme la poussa pour rentrer à l'intérieur de sa maison, elle ne sut pas vraiment comment réagir. Qui était-il ? Pourquoi faisait-il tout cela ?

- Maman, cria-t-elle soudainement, tandis que l'intrus lui attrapait le cou de manière violente. M-maman !

Sa prise était ferme, et sa main semblait profondément ancrée sur sa nuque. Elle ne ressentait pas particulièrement de douleur, mais la prise était très désagréable. Alors que la petite fille tentait de se détacher de son emprise en se débattant, cette dernière se resserra encore plus. Le pic de souffrance qui lui prit d'un coup la fit gémir, et des larmes commencèrent à se former dans les coins de ses yeux.

- Qu'est-ce qu'il y a, Rose ?

Le vase dans les mains de sa mère s'éclata brutalement contre le sol dès qu'elle les vit. En quelques secondes, Rose fut libérée et transportée près des escaliers, dans le couloir. Law, qui venait d'arriver, se figea. Son corps commença à trembler, alors que son sourire s'effaçait. Cet homme... il l'avait déjà vu dans l'un de ses rêves.

- Bonjour, Anna, murmura l'homme de sa voix suave. On ne s'était plus vus depuis longtemps.

- Z-zero, c'est toi ? la voix de leur mère se brisa et devint presque imperceptible. N'restez pas là, les enfants. Partez, s'il vous plaît.

L'homme grogna et ses lèvres se recroquevillèrent à l'intérieur de sa bouche. Ses bottes claquèrent violemment contre le parquet lorsqu'il avança pour faire face à Anna, qui était entretemps devenue entièrement blanche. La tristesse assombrit les traits de leur mère quand il lui saisit le poignet sans aucune douceur. Cela faisait mal, mais elle devait rester forte face à ses enfants.

- Lâche ma mère, couillon !

Rose s'élança brusquement vers l'homme, recouverte de sa magie. Il ne lui ferait aucun mal ! Quand elle lui attrapa violemment le bras dans l'espoir de le voir battre en retraite, le poison ensevelit encore un peu plus son petit corps frêle. Une veine surgit dans le cou du grand homme quand il attrapa Rose par les cheveux pour éviter de toucher son venin. La petite fille hurla de douleur sous le regard noir de leur mère. Elle avait mal, terriblement mal, mais la douleur qui lui tiraillait l'intérieur de la cage thoracique était plus forte que toutes les autres.

Quand il jeta la fillette à travers la pièce, cette dernière vint s'écraser contre la table à manger en provoquant un vacarme fracassant. Law accourut immédiatement aux côtés de sa petite soeur puis prit cette dernière dans ses bras. Les yeux écarquillés et les lèvres tremblantes, il observa hargneusement sa tête ensanglantée. C'était impensable. Horrible. En se retournant vers l'homme, le jeune garçon n'eut qu'une seule pensée : il allait le faire souffrir jusqu'à ce qu'il le supplie d'arrêter.

- Je vais te tuer, connard !

Après avoir conjuré un morceau d'or pointu, Law voulut se propulser sur l'intrus. Cependant, la douce main de sa mère le retint, et il dut se résoudre à ne pas le faire, vaincu. Pourtant, la rage lui brûlait le ventre et l'esprit. Il aurait terriblement aimé lui déchirer la gorge, afin de lui faire payer ses gestes envers sa mère et sa soeur. Elles étaient toute sa vie, et il ne pourrait jamais supporter de les laisser souffrir sans agir.

Le sourire de désespoir gravé sur les lèvres de sa mère le supplia de s'en aller, et c'est ce qu'il fit. Les dents serrées, Law porta sa soeur jusqu'au couloir puis s'arrêta, le dos contre le mur. Directement, une conversation débuta entre les deux adultes, et le petit garçon fit tout son possible pour déchiffrer des brides de cette dernière.

Parfois, la voix de sa mère s'élevait au-dessus de celle de l'homme, mais ce dernier ne se gênait pas pour la gifler aussitôt. Law dut se retenir d'intervenir plusieurs fois, tout en jetant de temps en temps des regards inquiets à sa sœur, qui ne se réveillait toujours pas. Au bout d'un moment, quand sa mère se mit à pleurer, il ne sut pas comment réagir. Devait-il désobéir, et combattre cet homme de toutes ses forces ?

Les hurlements de sa mère firent cependant bondir son coeur dans tous les sens. Law laissa son regard vagabonder à travers la pièce, puis écarquilla les yeux. Bon sang, qu'était-il en train de faire, exactement ? L'homme attrapa brusquement sa mère et la plaqua contre le comptoir, sans faire attention aux deux yeux qui l'observaient.

Anna se débattit férocement, tenta même d'utiliser sa magie, mais en vain. Il était trop rapide, trop expéditif. La joue de sa mère claqua contre le bois, tandis que son assaillant sortit de son long manteau un objet que Law n'aperçut pas d'où il était. Quelques instants plus tard, sa mère poussa un long cri d'effroi, et sa tête explosa.

Ce fut trop pour Law qui tomba à genoux dans un hurlement épouvantable et étouffant. Du sang. Trop de sang. Ses yeux se gonflèrent de larmes, et il pleura. Il aboya si fort que l'assassin de sa mère, après avoir laissé tomber le corps immobile de cette dernière sur le sol, s'approcha de lui dans le but de le faire taire. Très rapidement, la tête de Law fut à l'intérieur de son énorme main. Il serra celle-ci de manière brutale, avant de cogner plusieurs fois le petit garçon contre le mur près d'eux.

- A-arrêtez, s'il vous plaît, arrêtez !

Rose s'était relevée au son des hurlements incessants de son grand frère. Elle contemplait avec horreur la scène qui était en train de se dérouler face à elle. Elle se sentait impuissante, faible, face à cette horreur, cette injustice. Sa maman était morte, sa maman était morte ! La sensation de vide au fond d'elle s'accentua, et ses jambes cédèrent lamentablement à la réalisation.

Au bout d'une longue minute, l'homme cessa. Law s'écroula comme un pantin désarticulé sur le parquet, et heurta violemment ce dernier. La plupart des parties de son corps étaient ensanglantées, et certains de ces membres avaient même été tordus de manière saugrenue. Rose ne pouvait rien faire, et cela allait la rendre folle. La folie l'étouffait, et elle dut se retenir de hurler quand l'homme la jugea de ses yeux d'un bleu perçant, tout souriant.

- Vous feriez mieux d'avoir un peu plus de respect pour votre père, déclara-t-il en faisant marche arrière, le front plissé.