𝐗𝐕𝐈𝐈.
17; metamorphosis
𝑬𝑳𝑳𝑬 𝑨𝑽𝑨𝑰𝑻 𝑱𝑶𝑼𝑬́ 𝑺𝑨 𝑴𝑨𝑰𝑵, 𝑬𝑳𝑳𝑬 𝑨𝑽𝑨𝑰𝑻 𝑹𝑶𝑼𝑳𝑬́ 𝑳𝑬𝑺 𝑫𝑬́𝑺. Maintenant, elle devait payer pour ses péchés. 666 avait été la première à prendre conscience de l'obscurité ; elle l'enveloppait comme un linceul funèbre, laissant son monde vide et silencieux. Mais elle n'était pas seule - quelqu'un était avec elle, quelqu'un la touchait. Le dos d'un doigt, qui donnait l'impression d'être recouvert d'une fine couche de velours, s'étendait de son menton jusqu'à sa pommette. La main - elle ne pouvait pas la voir, mais elle la sentait tout de même - s'était levée un instant auparavant pour lisser ses cheveux bruns chocolat. Elle sourit doucement.
Ce touché mystérieux était agréable, et elle s'y adossa. Aussi étrange que cela puisse être, elle préférait ce rêve au précédent ; elle était en paix maintenant. Il y avait une qualité presque vénérable dans ce toucher fantôme. Si elle le laissait aller juste un peu plus longtemps, il pourrait effacer le souvenir persistant de ces autres mains, ces mains rudes et cruelles qui l'avaient entraînée vers cette obscurité. Un son doux brisa le silence - des feuilles bruissant dans une brise légère.
— Tu es à moi, susurra quelqu'un, à peine assez fort.
Soudain consciente de son corps et de son poids, 666 eut une brève mais intense sensation de chute - son corps fut secoué alors qu'elle était déjà couchée sur le sol. Ses yeux s'ouvrirent brusquement. Elle déglutit et tourna la tête pour regarder autour d'elle. Elle était seule. En serrant les lèvres, elle se força à s'asseoir, s'attendant à ce que son corps soit aussi insensible qu'il l'était avant qu'elle ne tombe inconsciente. À sa surprise, ses muscles avaient obéi.
666 leva les yeux pour voir des murs imposants tout autour d'elle, le matériel scientifique se balançant, qui portait sur lui les chants nocturnes d'insectes invisibles. C'était à la fois apaisant et profondément troublant. Quelque chose semblait anormal ici, même si c'était un cadre parfaitement naturel. Elle était dans un laboratoire. Serrant les poings sur ses côtés, elle se força à étudier son environnement.
Des parcelles d'un ciel violet nuit étaient visibles à travers les ombres sombres, qui semblaient incroyable. Grand-père avait l'habitude de lui dire de ne jamais répondre si elle entendait son nom appelé depuis les bois. Peu importe si c'était sa mère qui appelait, ou son frère, ou même son meilleur ami. Il le lui avait fait entrer dans la tête dès qu'elle était une petite fille, à peine assez âgée pour marcher dans la cour, sans parler des bois.
— Si les bois t'appellent, ne réponds pas. Cours.
Il n'avait jamais expliqué pourquoi. Il n'en avait pas besoin. La règle était restée avec elle. Chaque fois qu'elle enfourchait son vélo sur la route sinueuse, les arbres défilant de chaque côté, elle écoutait les branches craquer et les aiguilles de pin bruisser. Parfois, elle imaginait que son nom était appelé et elle pédalait plus vite, son cœur s'emballant, jusqu'à ce qu'elle arrivait à l'école et qu'elle soit en sécurité derrière la clôture en fer qui entourait l'établissement scolaire. Papa disait que c'était des conneries.
— Il n'y a rien dans ces bois que tu ne puisses tuer, disait-il. N'oublie pas ça. Tu dois juste garder tes esprits pour toi. Ne te promène pas après la tombée de la nuit.
Qui que vous soyez, si vous viviez à Hawkins, vous aviez un fort penchant pour les bois. Quand il fallait sortir, quand il fallait faire de la randonnée, quand il fallait fermer ses portes. Chacun racontait ça différemment, mais la croyance générale était la même : les bois n'étaient pas sûrs.
La menace, quelle qu'elle soit, n'était jamais exprimée en mots. Il y avait un sentiment général de malaise à propos des pins, le genre de chose qui poussait les gens à éviter certains sentiers et certaines routes. Les personnes âgées fabriquaient de petites breloques avec des brindilles, de la ficelle et des arêtes de poisson, et les accrochaient devant leur maison ou au bord de leur cour. Grand-père les gardait sur ses poteaux de clôture, autour du champ où paissaient ses chevaux, juste à la lisière des arbres avec la force de celui-ci. Les marées seraient hautes demain. Ces arbres seraient dans le long, lent processus d'essayer de tirer leurs racines de la terre, comme s'ils pouvaient s'éloigner de la chose en dessous qui se sentait si mal.
Le béton qui l'entourait l'enterrer vivante. 666 ne pouvait pas cacher la perturbation. Assise, les jambes croisées, dans son misérable cercle, les ongles aiguisés contre le sol, elle avait à peine jeté un regard lorsqu'il était entré dans la pièce. Les yeux de 666 se posèrent sur la main de l'homme religieux qui lui était tendu. Une lumière blanche et douce émanait de lui l'obligeant à accueillir son aide. Et pourtant elle la déclina.
— "Je maudis mes étoiles dans une douleur amère et malheureuse, d'avoir mis mon amour si haut et moi si bas. Petit vagabond, rentre dans ta maison", et ses doigts se serrèrent sur la surface en cuir d'un livre.
Puis, de l'obscurité, était venu un hurlement. Comme le cri d'un renard, mais transformé en un tel cri d'agonie que les poils de sa nuque s'étaient dressés. 666 releva la tête. Elle était curieuse. Le Dieu n'était pas la seule chose à se réveiller.
Ces maudits mortels qui énoncaient toujours des évidences, comme si elle ne pouvait pas sentir le sol trembler et les vieilles racines se tendre - se tordre, comme un corps qui se préparait à être frappé. Comme si elle ne pouvait pas entendre les chuchotements qui s'intensifiaient dans l'obscurité, les dizaines de pensées anciennes et incompréhensibles qui s'approchaient et cherchaient des failles.
— Tu as entendu ?
— J'ai entendu, répliqua t'elle en serrant les lèvres.
Elle poussa un gros soupir et se pencha en arrière pour taper du pied sur le sol avec ses ongles.
— Il y a quelque chose que j'aimerais te montrer.
— Donc, tu es là pour m'envoyer faire une petite course avant de m'enfermer à nouveau dans le noir. C'est excitant.
Son expression s'était assombrie dangereusement, et elle savait qu'elle était sur le point de l'inciter à lui faire du mal. La captivité était si interminablement ennuyeuse que voir jusqu'où elle pouvait le pousser avant que la douleur n'en résulte était devenu un véritable frisson.
Les jointures du ténébreux étaient devenues blanches. Il avait une certaine allure aristocratique ; il aurait été tout aussi à l'aise dans le Londres victorien. Un costume gris foncé, une subtile rayure sur sa cravate noire, des cheveux noirs cendres parfaitement coupés et peignés. Il était aussi discret que le ciel nuageux de Washington, et tout aussi imprévisible dans ses humeurs.
— Je garderais des forces si j'étais toi. Plutôt que de la gaspiller avec une langue mesquine. Suis moi.
Elle aimait ne pas avoir sa langue dans sa poche. Mais compte tenu de la situation elle se résigna à obtempérer.
— C'est d'accord.
Il n'y avait pas d'horloge dans cette misérable petite pièce, mais elle sentait quand même que minuit arrivait. Le monde changea légèrement, se rapprochant un peu plus de la frontière qui la séparait du Paradis et de l'Enfer. Minuit lui faisait du bien, tout comme le fait de se dégourdir les jambes.
Là, dans l'ombre du laboratoire, résonnait un hurlement inhumain. Le sol lui-même vibrait. Les esprits étaient agités. Une odeur étrange, comme de l'eau profonde et des algues en décomposition flottait dans l'air. Quelque part, profondément dans ces corridoirs inondés sous leur pieds, un ancien Dieu s'agitait. 666 n'avait pas peur facilement, mais elle eut quand même un frisson. Elle passa sa main sur ses jambes endolories, plus pâles qu'un ventre de requin. Ses orteils se recroquevillaient autant, qu'ils le pouvaient dans ses sandales.
Aveuglément, 666 suivait le ténébreux. La vision qu'elle eut en baissant sa tête, lui glaça le sang. Elle vu des carcasses squelettiques se mouvoir dans un semblant de fumée verte. Un courant de peur la parcouru et de minuscules bosses, commençaient à apparaître le long de son épiderme.
666 se racrocha de toute ses forces au bras de son voisin, se réprimant de hurler. Ses jambes tremblaient violemment, menaçant de se dérober sous elle. Elle faillit s'écraser sur le sol. L'homme religieux l'observa, et ce n'était qu'après une pause, qu'il leva un sourcil.
— Qui y a-t-il ?
— Des morts !
Elle plissa ses yeux, et appuya sa paume sur sa poitrine pour garder un équilibre. Elle sentait le battement tranquille du cœur sous sa main. Cela l'apaisa instantanément. Son voisin se raidit, et enleva lentement sa main. De sang froid et dans un infroyable bruit, il écrasa le crâne squelettique, qui se brisa en un milier de fraguement. Dans une nonchalance, il finit par poursuivre son chemin. Comme si tout ceci n'était qu'une succession d'illusion 666 finit par le rejoindre. Des questions fusèrent dans son esprit à la connaissance de son identité.
Ils arrivèrent face à une porte d'où jaillissait un cri grave, et la brune se pencha à la serrure, elle fut consternée. Henry Creel était à genou. Il se faisait torturé par le Dr. Brenner. Elle laissa échapper un hoquet brisant la tâche dans laquel était plongée le directeur. Une main bloqua la brune et la tira, l'obligeant à se relever. L'homme religieux l'enroula de ces bras protecteur dans un recoin. Il se pencha afin de lui confesser :
— Ma grand-mère m'appelait progéniture du diable. Mon grand-père avait prédit avant ma naissance que je naîtrais avec une queue et des cornes. Je suis le fruit d'un frère et une sœur, V. Et toi qui es-tu ?
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