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𝟑. 𝐕𝐚𝐥𝐡𝐚𝐥𝐥𝐚 | 𝐻𝑢𝑟𝑟𝑖𝑐𝑎𝑛𝑒

Hurricane, Thirty Seconds to Mars

https://youtu.be/mdJDPepGOAM



𝑹𝑶𝑴𝑬𝑶. — 𝑻𝒉𝒊𝒔 𝒅𝒂𝒚'𝒔 𝒃𝒍𝒂𝒄𝒌 𝒇𝒂𝒕𝒆 𝒐𝒏 𝒎𝒐𝒓𝒆 𝒅𝒂𝒚𝒔 𝒅𝒐𝒕𝒉 𝒅𝒆𝒑𝒆𝒏𝒅.
(𝑅𝑂𝑀𝐸𝑂.  — 𝐶𝑒 𝑗𝑜𝑢𝑟 𝑓𝑒𝑟𝑎 𝑝𝑒𝑠𝑒𝑟 𝑠𝑢𝑟 𝑙𝑒𝑠 𝑗𝑜𝑢𝑟𝑠 𝑎̀ 𝑣𝑒𝑛𝑖𝑟 𝑠𝑎 𝑠𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒 𝑓𝑎𝑡𝑎𝑙𝑖𝑡𝑒́.)

𝑻𝒉𝒊𝒔 𝒃𝒖𝒕 𝒃𝒆𝒈𝒊𝒏𝒔 𝒕𝒉𝒆 𝒘𝒐𝒆 𝒐𝒕𝒉𝒆𝒓𝒔 𝒎𝒖𝒔𝒕 𝒆𝒏𝒅.
(𝐼𝑙 𝑐𝑜𝑚𝑚𝑒𝑛𝑐𝑒 𝑙𝑒 𝑚𝑎𝑙𝘩𝑒𝑢𝑟, 𝑑'𝑎𝑢𝑡𝑟𝑒𝑠 𝑑𝑜𝑖𝑣𝑒𝑛𝑡 𝑙'𝑎𝑐𝘩𝑒𝑣𝑒𝑟.)

— 𝙰𝚌𝚝 𝙸𝙸𝙸, 𝚜𝚌𝚎𝚗𝚎 𝟷 —



Séoul avait rarement connu un hiver aussi doux. Le mois de février venait de s'abattre sur la ville et pourtant, Jungkook se tenait au-dehors sans frissonner. Son manteau d'hiver était suffisamment chaud et il avait enroulé une épaisse écharpe autour de son cou. Les mains dans les poches, adossé à la pierre froide d'un vieux bâtiment du centre, il fixait la devanture d'un petit café dont la terrasse était déserte.

Sous la tenture pourpre que l'on avait dressée au-dessus de la vitrine, il était possible voir à travers la baie vitrée l'intérieur chic, mais chaleureux. Les clients buvaient çà et là des boissons chaudes, savouraient quelques pâtisseries en cette fin d'après-midi. La lumière du soleil diminuait déjà dans les rues et bientôt, la nuit hivernale viendrait recouvrir les lieux de son voile ténébreux.

Au milieu des tables, Jungkook pouvait voir Taehyung virevolter joyeusement, habillé d'une jolie chemise blanche et d'un pantalon noir assez près du corps. Autour de la taille, il avait également un tablier de même couleur. L'air affable, le sourire éclatant, il s'enquérait des commandes et faisait radieusement l'aller-retour entre le comptoir et les clients.

En avisant la ceinture argentée et les bijoux ornant le cou délicieusement hâlé, les poignets gracieux et les doigts fins de Taehyung, Jungkook eut un petit sourire en coin en se faisant la remarque que son petit-ami était toujours aussi bien apprêté même lorsqu'il revêtait sa tenue de serveur.

D'un geste mille fois répété, il sortit rapidement son paquet de cigarettes de la poche intérieure de son manteau et l'alluma. Il profita de sa position pour observer les faits et gestes de Taehyung, le temps que sa cigarette se consume. Ses yeux ne le quittaient plus, ils semblaient aimantés à la conduite gracieuse et enthousiaste de son amant, souriant tout le long.

Cela faisait six mois qu'ils étaient en couple.

Au début, ils n'avaient convenu de se revoir que pour passer leurs nuits ensemble dans des hôtels, devenant des lieux de retrouvailles et de jeux nécessaires. Ils avaient d'abord assez peu parlé – Jungkook encore moins. Mais Taehyung trouvait toujours un sujet de conversation et, le brun l'avait assez vite compris, son amant était plus babillard que n'importe qui.

Il avait commencé à lui parler du gang Hélios, du Delta, son équipe, de ses missions d'intimidation. Jungkook avait voulu résister, mais, trop tenté d'avoir une oreille avertie, il avait lui-même laissé échapper quelques informations sur les Medusa, sur Óphis et ses coéquipiers qu'il ne voyait jamais, sur la façon dont il exécutait ceux qu'on lui ordonnait d'abattre.

Peu à peu, ils avaient commencé à se voir en journée, à passer plus de temps ensemble chez Taehyung, mais le plus souvent chez Jungkook, possédant un appartement de haut standing, plus spacieux que le minuscule studio, bien que confortable, de son petit-ami.

Taehyung lui avait parlé du drame de son enfance, de la façon dont il avait vécu chez ses parents adoptifs, de sa rencontre avec ses amis, de sa découverte d'Hélios qui, à présent, comptait plus que tout pour lui.

Jungkook lui avait parlé de sa famille si importante et si impliquée dans la police de la ville – un élément précieux aux yeux des Medusa qui tiraient la plupart de leurs informations des Jeon –, de la façon dont ses parents étaient morts, de sa relation conflictuelle avec Namjoon, son cousin, toujours admiré de tous et en particulier de son défunt père, qui l'avait toujours surpassé en tout et était désormais chargé de la mission la plus importante qui soit : l'espionnage du groupe d'élite chargé de l'annihilation des organisations mafieuses, Hécate.

Les mois passèrent et leur relation purement physique et charnelle évolua. Chacun connaissait les secrets de l'autre, le fonctionnement de son gang, les crimes dont il était coupable. Étrangement, loin d'instaurer de la méfiance, tout était plutôt basé sur la confiance. Les deux jeunes hommes tiraient un grand soulagement sur le fait de pouvoir parler de tout cela à quelqu'un qui vivait la même chose.

L'un savait qu'il était compris par l'autre.

Ainsi, cela les rapprochait davantage, sans qu'ils en mesurent le degré, mais ils se sentaient liés. Jusqu'au jour où, le temps passant, ils s'étaient retrouvés pris d'une réelle affection pour l'autre, plus profonde qu'ils l'avaient imaginé.

Taehyung aimait le surprendre au sortir de ses cours à l'université ; lui-même aimait venir l'observer en train de travailler sans qu'il n'en sache rien.

Comme à cet instant présent.

Lorsque sa cigarette se fut totalement consumée, Jungkook sortit de ses pensées et la jeta négligemment sur le trottoir avant d'en écraser le mégot de son talon. D'un mouvement souple, il se détacha du mur contre lequel il était appuyé et traversa la rue déserte afin de pousser la porte du café.

La chaleur qui y régnait le surprit alors avant de lui soutirer un discret soupir de contentement. Il desserra son écharpe et déboutonna son manteau avant de prendre place à la première table vide qu'il trouva. Il se défit de sa veste et se frotta les mains pour les réchauffer, jetant un regard méfiant autour de lui – par habitude –, mais nul ne faisait attention à lui.

« Bonjour, monsieur ! Qu'est-ce que je vous sers ? »

Jungkook eut un rapide sursaut en reconnaissant la voix de Taehyung et leva les yeux vers lui pour voir son visage s'éclaircir de surprise.

« Kook ? reprit-il, surpris, malgré une lueur de contentement brillant au fond de ses obsidiennes. Qu'est-ce que tu fais ici ? »

Le tueur à gages se sentit rosir et haussa les épaules en détournant la tête, un doigt grattant rapidement l'arête de son nez en jouant avec son piercing à la lèvre.

« J'avais envie d'un café, voilà tout », marmonna-t-il.

Il jeta un rapide coup d'œil à Taehyung qui lui souriait tendrement. Il laissa même échapper un petit rire, ravi de le voir sur son lieu de travail.

« Court et serré avec trois sucres, je sais... dit Taehyung après avoir fixé sa montre. Je t'apporte ça tout de suite ! », lâcha-t-il joyeusement.

Jungkook attendit qu'il lui tourne le dos pour sourire franchement à son tour. Il n'y avait que Taehyung pour deviner quel genre de cafés il pouvait vouloir à un moment précis de la journée. Il se laissa aller contre le dossier de sa chaise et se mit à rêvasser tout en balayant les lieux de ses prunelles sombres.

Taehyung fut bientôt de retour et déposa son café sur la table avant de se pencher vers lui.

« Maintenant, dis-moi, qu'est-ce que tu fais ici ? Tu m'espionnes ? », demanda-t-il avec une lueur moqueuse dans les yeux.

Jungkook sourit d'abord avant de prendre une première gorgée qui le revigora et le fit frémir de contentement avant de reposer sa tasse avec des gestes calculés.

« On peut dire ça », lâcha-t-il, mystérieux.

Le regard de Taehyung luisit alors d'excitation avant qu'il jette un coup d'œil au comptoir derrière lui. Le visage qu'il lui présenta de nouveau se fit désolé.

« Ça me fait vraiment plaisir, tu n'imagines pas, mais...

— Tu ne finis pas avant vingt heures, le coupa Jungkook en plantant son regard dans le sien.

— Attends... fit Taehyung, la bouche ouverte sous la surprise tout en le pointant du doigt. Tu connais mes horaires ?

— Il fallait me croire quand je te disais que je t'espionnais, lui sourit-il, mesquin avant de reprendre son sérieux. De toute façon, je ne peux pas t'attendre, ce soir. J'ai une mission.

— Ah ? chuchota Taehyung en se penchant plus encore vers lui. Qui ça ? »

Jungkook reprit une gorgée de son café et examina le fond de sa tasse.

« Un politicien, murmura-t-il. J'ai déjà oublié son nom. Je sais juste qu'il fête l'anniversaire de sa fille à la salle des fêtes à Gyeongju, à vingt heures. »

Taehyung eut une grimace et Jungkook comprit tout de suite ses pensées.

« Il lui restera sa mère, lui lança-t-il dans un souffle.

— Ouais... », lâcha-t-il, le visage obscurci.

Il jeta un nouveau coup d'œil au comptoir pour s'assurer que son patron ne l'avait pas pris en flagrant délit de bavardage.

« Ça ne change pas grand-chose, reprit-il d'une voix chargée d'amertume. Elle va quand même perdre un être cher. C'est bien pour ça que je ne veux pas devenir tueur à gages, quand bien même ma vie serait deux fois plus confortable, financièrement.

— Je vois. Ton ami Hoseok insiste toujours pour que votre équipe change de statut ? demanda le brun en ayant rapidement fait le lien avec son ami.

— Pire que ça, siffla-t-il en fixant le sol, les sourcils froncés, raclant distraitement le plateau de son ongle. Il vient de la quitter pour se faire une carrière solo en tant que tueur à gages. Il devra effectuer sa première mission dans quelques jours. »

Jungkook fronça les sourcils, contrarié de le voir dans cet état. Sa main agrippa délicatement la sienne et Taehyung releva la tête à ce contact. Le regard de Jungkook, vif et noir, intense et concerné, le déstabilisa un instant avant de le rassurer.

« Ne t'en fais pas, d'accord ? Tout ira bien, pour lui comme pour moi », murmura Jungkook.

En verrouillant ses orbes dans ceux de Jungkook à la recherche d'un apaisement, Taehyung eut un maigre sourire lorsqu'il se sentit quelque peu rasséréné.

« Merci, chuchota-t-il, sincère, avant de reprendre son air enjoué. Bon, je retourne bosser. On se voit demain, alors ?

— Si tu veux, bel ange, lui sourit-il en hochant la tête.

— Je veux », répondit Taehyung avec un clin d'œil en réfrénant le trouble que lui procurait le surnom chaque fois qu'il l'entendait de la bouche de son petit ami.

Puis il repartit vers le comptoir. Avec un discret sourire et une fascination non feinte, Jungkook l'observa encore un temps, regrettant de ne pas pouvoir lui voler au moins un chaste baiser. Il se contenta de couler sur lui un regard appréciateur, à défaut de plus.

Il termina son café, laissa un généreux pourboire sur la table, remit son manteau et son écharpe et s'en alla, non sans verrouiller son regard dans celui de l'argenté qui lui lança un petit clin d'œil qui manqua de le faire trébucher et se prendre la porte d'entrée en pleine figure.

Au-dehors, noir et froid, le ciel revêtait lentement son manteau sombre.




Le lendemain, bien que Jungkook s'attendait à croiser Taehyung, il l'aurait plutôt imaginé sur le pas de sa porte, le soir venu, et non caché entre deux chaînes de colonnes au cœur de son campus, un sourire rayonnant aux lèvres et enveloppé dans son manteau rouge vif alors qu'il sortait de son dernier cours magistral.

Il ne put néanmoins empêcher ses lèvres de s'étirer de joie et son corps de s'agiter pour le rejoindre au plus vite.

« Qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-il, notant avec amusement le nez rougi de son compagnon.

— On avait dit qu'on se reverrait aujourd'hui. Tu as oublié ?

— En plein milieu de ma fac ?

— Eh bien, oui ? Le vendredi, c'est le jour où tu finis le plus tôt. Il est seize heures passées donc c'est bon. Non ? »

Jungkook suivit le regard de Taehyung, accrocha l'imposante horloge murale qui leur faisait face et son sourire se fit plus tendre.

« Et qu'est-ce qu'on fait ? Le chemin jusque chez moi est long, d'ici... »

Taehyung eut lui-même un rictus mesquin et lui prit la main pour l'entraîner à sa suite. Les quelques étudiants et professeurs qu'ils croisèrent les regardèrent passer avec surprise et suspicion, mais Jungkook n'en avait que faire ; il ne souhaitait que se laisser entraîner dans l'univers fantasque de son petit-ami.

Taehyung le mena jusqu'au parc sur lequel donnait l'est de la ville. C'était un des plus beaux et l'un des plus vastes de Séoul, même l'hiver ne parvenait pas à lui voler son éclat. Les arbres avaient beau être dénudés, l'herbe avait beau avoir une teinte ternie, l'eau avait beau être parfois gelée, les allées avaient beau être désertes, Jungkook y entra avec de l'émerveillement au cœur.

Il était arrivé que Taehyung et lui fassent quelques sorties en ville pour aller au cinéma, au restaurant, faire une séance de karaoké ou de bowling ou simplement arpenter les rues en tous sens. Mais de toutes les activités qu'ils pouvaient faire, leur favorite était bien celle de déambuler dans les parcs ou dans la forêt qui entourait la ville.

Les doigts entrelacés malgré le froid mordant, ils firent le tour du parc, l'air heureux et la taquinerie au coin des lèvres. Non loin de l'étang qui se trouvait au centre, ils remontèrent une petite butte et s'affalèrent dans l'herbe juste avant le sommet. Ils ne craignaient pas son humidité ou son aridité et les mains de Taehyung étaient gelées lorsqu'elles se posèrent sur les joues rougies par l'hiver et incroyablement chaudes de Jungkook.

Celui-ci frémit et se contenta de passer les doigts dans les mèches argentées de Taehyung pour le rapprocher de lui. Délicatement, il cueillit ses lèvres avant de lui offrir un baiser fougueux et, lorsque leurs langues se lièrent, Taehyung laissa échapper un discret soupir. Ce dernier se redressa pour se coller à Jungkook et celui-ci finit par le faire basculer sur le dos, le surplombant. Taquin et sadique, il passa une main sous le manteau rouge avant de soulever le sweat et le pull qui se trouvaient dessous. La réaction de Taehyung ne se fit pas attendre ; il glapit de surprise et se tortilla subitement en sentant les doigts froids toucher sa peau brûlante.

« C'est froid, putain ! s'écria-t-il tout en s'esclaffant. Et mes fringues sont trempées... Ce n'était vraiment pas une bonne idée.

— Eh bien, pour une fois que tu le reconnais... lâcha Jungkook en frôlant son nez du sien, sans parvenir à s'empêcher de sourire.

— Hé ! s'exclama Taehyung en lui asséna une légère tape sur l'épaule. Qu'est-ce que c'est censé vouloir dire, ça ? J'ai toujours de bonnes idées ! fit-il en fronçant les sourcils, sans se départir de sa bonne humeur.

Jungkook ricana puis se rapprocha davantage. Leurs regards s'accrochèrent et leurs souffles se mêlèrent.

« Tu auras toute la nuit pour me le prouver, bel ange », murmura-t-il.

Un regard chaud et lourd de sentiments partagés, deux lèvres avides se cueillant, deux cœurs battant douloureusement, deux âmes se liant de nouveau, vibrantes de bonheur.




Lorsque Taehyung s'éveilla, il lui fallut un temps pour se souvenir de l'endroit dans lequel il se trouvait. Des murs blancs, des stores baissés, laissant passer par quelques fentes la lumière du matin, l'imposante armoire à la poignée sur laquelle était accroché un masque blanc orné d'un serpent en or, le semi-automatique argenté posé sur le bureau en face du lit l'en informèrent.

Il était chez Jungkook.

La tension qui l'avait saisi et lui avait fait redresser la tête quitta ses épaules et sa nuque et il se laissa retomber contre les oreillers avec un profond soupir.

Il passa le dos de sa main sur ses yeux et se fit la remarque – qu'il se faisait chaque fois qu'il se retrouvait dans cette chambre – qu'elle était bien terne comparée à la sienne. Jungkook avait une préférence pour le sobre, il le savait ; mais ces murs immaculés vides de toute décoration étaient trop effrayants pour lui quand sa propre chambre était tapissée de plus de posters, d'affiches, de cartes, de photos et d'objets insolites censés être décoratifs qu'il ne pouvait en compter.

Il passa sa main libre sur sa gauche, du côté du lit que son amant occupait habituellement. Mais comme toujours, il avait disparu.

Déçu, Taehyung laissa échapper un léger râle et se força à se redresser avant de glisser ses doigts dans ses cheveux. Jungkook était toujours le premier levé et il ne le sentait jamais quitter leur couche. Pourtant, il aurait voulu le voir à travers les brumes de son sommeil ou recevoir un baiser, avant que son amant s'en aille et le laisse finir sa nuit.

Il y avait quelque chose de frustrant dans cette routine. Il soupira de nouveau, puis se décida à repousser les draps. Il se leva et partit à la recherche du sous-vêtement qu'il portait encore quelques heures plus tôt et que son petit-ami avait envoyé voler dans la chambre. Lorsqu'il l'eut retrouvé, il fit un tour dans la salle de bains et le jeta dans le panier à linge.

Lorsqu'il sortit de la chambre, douché et habillé, l'odeur du café, des viennoiseries, des œufs, de toasts lui firent froncer les sourcils et l'attirèrent. Heureux, mais réfrénant sa joie naissante, s'attendant à une déception si Jungkook était absent, il trottina jusqu'à la cuisine où il trouva son amant, simplement vêtu d'un short de sport, en train de préparer le petit-déjeuner.

Son cœur battit la chamade et un large sourire fendit son visage, faisant pétiller ses yeux d'une joie non contenue, malgré sa fatigue matinale. Il n'était pas du matin et avait toujours besoin de temps pour émerger de son sommeil, surtout lorsque son bas du dos était en feu. Mais il lui suffisait de voir Jungkook présent, avisant son tatouage dorsal auquel il ne s'habituerait jamais à la coïncidence, pour que son visage froissé se déride.

« Bien dormi, bel ange ? », lança Jungkook sans se retourner, un petit sourire aux lèvres en entendant les pantoufles traînantes de son petit-ami.

Taehyung répondit en maugréant, en grognant et en soupirant tout en s'approchant de Jungkook afin d'entourer sa taille de ses bras, le menton posé sur son épaule nue après y avoir déposé un chaste baiser. Il clôt les paupières et soupira d'aise.

« Putain... j'adore nos nuits, marmonna Taehyung. Mais si c'est pour me réveiller deux fois plus grognon que d'habitude parce que tu me laisses raide mort... »

Jungkook ne put s'empêcher de lâcher un rire franc en rejetant sa tête en arrière, la déposant sur l'épaule de Taehyung. Ce dernier ne put s'empêcher de sourire contre la peau blanche tout en remontant lentement ses mains sur les côtes du brun, le faisant doucement frissonner.

« C'est ta façon de me dire que tu es heureux de me voir à ton réveil ? », le taquina Jungkook, sachant pertinemment que son petit-ami serait ravi de le voir présent afin de passer la matinée ensemble.

Taehyung grogna son approbation en déposa un long baiser derrière son oreille, le faisant davantage sourire.

Deux mains liliales lâchèrent tout ce qu'elles tenaient afin d'agripper celles hâlées contre sa peau et les serrer tendrement. Le brun, l'arrière du crâne toujours posé sur l'épaule de l'argenté tourna sa tête vers lui et lui embrassa l'angle de la mâchoire. Taehyung ouvrit les paupières et dirigea ses yeux vers son amant, les entrechoquant avec deux obsidiennes brillantes de sérénité et d'innombrables sentiments à son égard. Il ne put s'empêcher de fixer ses lèvres fines, mais gourmandes afin de fondre contre elles, offrant à Jungkook un doux et lent baiser qui les mit en émoi.

« Espérons que mon petit-déj' va dérider un peu plus l'ours grognon que tu es, chuchota Jungkook avec un air mesquin après avoir mis fin au doux baiser, sous le grognement de son amant. Viens, assieds-toi. Et cesse de grogner à tout va, j'ai vraiment l'impression d'avoir un ours dans ma cuisine.

— Pardon ? s'offusqua Taehyung, les yeux ronds. Et c'est celui qui grogne deux fois plus qui me dit ça ? s'exclama-t-il.

— Chut », lâcha Jungkook, amusé.

Le brun lui agrippa délicatement le poignet, y déposa un chaste baiser qui fit se taire Taehyung, étant sur le point de l'agonir d'injures.

Satisfait de son entourloupe, Jungkook le guida vers le comptoir qui servait de table. Une fois devant le haut tabouret, Taehyung se reprit à deux fois, sans succès, avant de soupirer de lassitude et de jeter un œil désabusé à Jungkook qui ricanait.

« Tu as vu comment tu me rends ? Complètement cassé, marmonna Taehyung.

— Pourtant, tu en redemandes chaque soir, tu supplies, tu me montes comme... souffla Jungkook, s'amusant comme un fou.

— La ferme, putain... », grogna-t-il pour la énième fois, en le coupant net.

Jungkook rit brièvement puis déposa de nouveau un baiser contre la joue de Taehyung qui maugréa, ne pouvant s'empêcher de sourire, complètement heureux. Le brun l'aida à se hisser et le fit asseoir avec un amusement non feint, se faisant la réflexion qu'il s'occupait d'un grand enfant boudeur et absolument pas matinal.

Après un léger baiser contre la nuque de Taehyung, qui sourit au geste, Jungkook retourna aux fourneaux afin de terminer ses préparations. Quelques courtes minutes plus tard, il lui présenta un petit plateau dans lequel se trouvaient des viennoiseries, une baguette chaude, quelques tartines déjà beurrées et agrémentées de miel, des œufs brouillés, un grand verre de jus d'orange ainsi qu'un café au lait.

Le visage de Taehyung s'illumina en avisant ce que lui présenta Jungkook. Mais où avait-il bien pu se procurer tout cela ?

« Oh mon Dieu... Un petit-déj' français ? souffla-t-il en relevant son nez vers le brun qui lui sourit, heureux et fier de son effet en avisant les prunelles brillantes de joie et de surprise.

— Mange », lui répondit-il simplement.

Le sourire éclatant et heureux de Taehyung mua en un timide rictus, quelques rougeurs apparaissant sur ses joues sous le regard intense et serein de son petit ami. Il ne put s'empêcher de ricaner adorablement, l'effet de surprise ainsi que le surnom qui lui ferait toujours un effet monstre et d'entamer son festin, après avoir remercié son amant, comblé par cette matinée à laquelle il ne s'y attendait guère.

Pendant un petit moment, Jungkook l'observa manger avec appétit avant d'entamer sa propre part. Le petit-déjeuner se déroula dans la joie et la bonne humeur, chacun racontant de quoi faire rire l'autre. Puis, naturellement, Taehyung débarrassa et se mit à faire la vaisselle tandis que Jungkook disparut dans sa chambre après lui avoir offert un langoureux baiser, faisant céder l'argenté qui se demandait s'il allait un jour survivre aux assauts de son compagnon beaucoup trop sexy pour le bien de sa santé mentale.

Il était vraiment le petit-ami parfait, songea-t-il, en le regardant disparaître dans le couloir sombre.

Quand il eut fini de nettoyer le dernier couvert, Taehyung partit s'affaler sur le canapé et alluma la télévision sans entrain particulier ; il fallait rester à jour sur les nouvelles locales. Il ne put s'empêcher de se redresser lorsqu'il tomba sur un journal télévisé où était présentée la dernière action d'Hécate.

Un bandeau en bas de l'écran précisait qu'il s'agissait du gang Thémis. Taehyung, les épaules tendues, les sourcils froncés et les poings serrés, suivit le reportage avec attention avant de se saisir fébrilement de la télécommande et d'éteindre l'écran.

Un léger bip et il fut noir.

« Qu'est-ce que ça disait pour te mettre dans cet état ? », surgit une voix rauque derrière lui.

Taehyung sursauta et se retourna pour voir Jungkook poser un sac de sport sur un des sofas agrémentant le vaste salon. Un désagréable frisson parcourut sa nuque lorsqu'il reconnut la besace : celui que Jungkook utilisait pour cacher sa combinaison et ses armes.

« Le gang Thémis vient d'être démantelé, murmura-t-il.

— Ce n'est pas vrai... encore un ? », demanda Jungkook, les gestes suspendus tout en se tournant vers son amant, l'air grave.

Taehyung sentit sa gorge se nouer et acquiesça. Jungkook siffla un juron et referma son sac avec brutalité avant de s'en saisir et de négligemment le jeter à terre.

« Merde...

— Tu as une mission ? interrogea Taehyung en se mordant la lèvre, sachant que sa question était rhétorique.

— Oui, rétorqua le brun en se détournant légèrement de lui, passant une main nerveuse dans ses cheveux. Un homme d'affaires qui prend le métro pour Hongdae dans deux heures. Ce ne sera pas long, le chemin dure seize minutes et j'attaquerai au moment où on passera le tunnel.

— Mission solo ? s'informa-t-il en sentant l'inquiétude lui comprimer le cœur.

— Non, il y aura Yeo-Sang avec moi pour les éventuels gardes du corps de ma cible », lui répondit-il d'une voix basse et incertaine, sachant très bien que son petit-ami s'inquiétait, surtout après avoir eu vent de la énième « prouesse » d'Hécate.

Lui aussi s'inquiétait, il avait la gorge nouée sous le stress de se faire prendre en pleine mission.

En croisant les bras de manière inconsciente, Taehyung se leva, fébrile et incertain de ce qu'il devait faire puis s'approcha du brun.

« OK... Tu pars bientôt ? souffla-t-il, les sourcils froncés sous cette même angoisse qui l'étreignait chaque fois que Jungkook avait un assassinat à commettre.

— Dans quelques minutes », chuchota-t-il en venant entourer le cou de l'argenté de son bras avant de déposer un long et doux baiser contre sa tempe.

Taehyung ne s'en sentit pas moins rassénéré et observa Jungkook dans ses derniers préparatifs et le suivit jusqu'à l'entrée quand il fut sur le départ. Après que Jungkook l'eut longuement embrassé avant d'ouvrir la porte, Taehyung eut l'estomac deux fois plus noué.

« Sois prudent... », laissa-t-il échapper, la voix chargée d'angoisse mal contenue que Jungkook perçut aisément.

Ce dernier lui jeta un œil par-dessus son épaule et un sourire sincère orna ses lèvres.

« Comme toujours, bel ange. Attends-moi. »

Taehyung se força à lui sourire et s'approcha pour déposer un délicat baiser sur le coin des lèvres du brun. Mais lorsque la porte se referma, son visage s'obscurcit. Plus les mois passaient, plus le nombre de gangs baissait drastiquement. Hélios et Medusa, leurs gangs respectifs, s'en étaient toujours bien sortis.

Il espérait qu'il en serait toujours ainsi, bien qu'il en doute. Un mauvais pressentiment lui comprimait sévèrement le cœur.

Après le départ de son amant, Taehyung s'en alla à son tour, fermant derrière lui avec le double des clés que Jungkook lui avait fourni.

Pour un mois de février, il faisait plutôt beau et chaud. Conduisant tranquillement sa moto, il avait décidé de s'arrêter à son restaurant de viande grillée favori, pour ce midi. À sa grande surprise, il y avait retrouvé Jackson et sa petite amie. Les trois jeune avaient décidé de passer le reste de la journée ensemble. C'était un samedi. L'un comme l'autre ne travaillait pas ; aucune mission n'était proposée au Delta, qu'ils pensaient rebaptiser Gamma*, depuis le départ de Hoseok.

Les deux amis déploraient tout autant son admission au sein de l'équipe des tueurs à gages et pour tenter d'occulter leur amertume, ils gagnèrent les arcades de jeux du centre-ville. Jackson était un redoutable adversaire en matière de jeux vidéo et se montrait fort généreux lorsqu'il s'agissait de payer quelques friandises à sa petite amie et son ami – ce dont Taehyung profitait allègrement.

Ils y passèrent trois heures avant de trouver un bar pour profiter d'une bière tout en commentant leurs parties. Lorsque la fin de l'après-midi s'annonça, ils décidèrent de se rendre dans la librairie la plus proche pour feuilleter quelques mangas. Taehyung l'aurait difficilement reconnu, mais il avait un faible pour les ouvrages d'action et avait souvent tendance à s'identifier aux héros simples, mais ambitieux.

Il en était au quatrième chapitre d'un nouveau titre qu'il venait de découvrir lorsque son portable vibra furieusement dans sa poche. Il n'eut qu'un imperceptible sursaut avant de le sortir et de voir apparaître le nom de Jimin sur son écran.

Il était rare que celui-ci lui envoie des messages et, curieux, il s'empressa, de lire ce qu'il lui avait bien voulu lui écrire :

« Urgence. RDV résidence secondaire Jung. »

Il releva la tête et croisa aussitôt les yeux de Jackson qui, son propre cellulaire en main, venait de lire le même message. Les traits lisses du jeune homme se tordirent d'appréhension. Taehyung fronça les sourcils, reposa son manga et lui indiqua la sortie d'un geste du menton. Après avoir fabulé une excuse à sa petite amie, qui, compréhensive et inquiète, les avait laissé s'en aller, Jackson rejoignit son ami et sortirent précipitamment, courant jusqu'à la moto de Taehyung avant de filer à toute vitesse.

La résidence secondaire de la famille Jung se trouvait au nord-est de la ville, en périphérie de celle-ci. Juchée sur une petite falaise, elle était isolée de tout et s'étendait sur une vaste surface. Elle servait souvent de point de rencontre pour le gang. Nul doute que s'ils étaient convoqués par Jimin, c'était qu'il devait se passer quelque chose de grave qui, de près ou de loin, concernait leur équipe.

En un quart d'heure, Taehyung et Jackson gagnèrent la fin de la ligne de métro. Il leur fallut vingt minutes supplémentaires pour atteindre le pied de la falaise et remonter le sentier abrupt qui coupait à travers la forêt entourant la propriété. Celle-ci, ocre et rose, baignait dans la chaude lueur de la fin de journée. Le soleil ne tarderait pas à se coucher. Les deux jeunes hommes couraient sans s'arrêter, mus par une pernicieuse inquiétude. Quelque chose ne tournait pas rond et ils le ressentaient profondément.

Ce fut Seokjin qui leur ouvrit, les yeux embués et l'expression grave comme ils en voyaient rarement. Les portes coulissantes du salon étaient entrouvertes et de terribles cris et pleurs en venaient. Les garçons eurent le temps de reconnaître les parents de Hoseok et de Jimin ainsi qu'un des oncles de Jackson.

Jimin les aperçut en passant devant l'interstice et s'empressa de sortir de la pièce en rejoignant une autre, refermant derrière lui. Taehyung et Jackson le suivirent avec empressement, alertés par les cris et le climat plus qu'inquiétant.

« Bordel, Jimin ! s'écria Taehyung, passablement nerveux. Qu'est-ce qu'il se passe ? »

L'interpellé posa un doigt sur ses lèvres pour leur intimer le silence. Il coula un regard vers Seokjin qui avait appuyé le front contre la porte d'entrée, les yeux clos et l'expression tordue de douleur, puis les entraîna un peu à l'écart.

« Jimin... où sont mes parents ? Pourquoi seul mon oncle est là ? demanda Jackson d'une voix tremblante.

— Ils vont bien, répondit-il en secouant la tête. Ils ne pourront pas venir avant une heure à cause d'une obligation professionnelle.

— Tu vas nous dire pourquoi tu nous as convoqués ici, oui ou merde ? », s'écria Taehyung en tapant du pied au sol, gérant mal sa fébrilité et son impatience.

Jimin releva lentement les yeux vers lui et avisa la colère et l'angoisse de son camarade dont les poings étaient serrés, la mâchoire crispée, les yeux luisants d'anxiété. Ses propres traits s'alourdirent de chagrin et il lui fallut beaucoup de sang-froid pour se retenir de s'écrouler devant ses amis. Il prit une profonde inspiration, puis les dévisagea tour à tour.

« Hoseok est... m-mort... », murmura-t-il, la voix brisée, prononçant difficilement le terme.

Un profond silence envahit le vestibule. Taehyung et Jackson s'étaient statufiés. Leurs lèvres s'entrouvrirent sous le choc et leurs yeux s'écarquillèrent, fixant Jimin qui avait détourné le regard, n'osant plus dire ni faire quoi que ce soit.

Taehyung fut le premier à réagir. Par réflexe, il amorça un geste de recul et balaya de ses yeux grand ouverts le visage grave de Jimin sans parvenir à y croire.

« Quoi ? souffla-t-il, la voix chevrotante.

— Ça s'est passé aujourd'hui, pendant sa mission », répondit Jimin en fermant les yeux, le visage crispé par la douleur et la voix chargée de trémolos incontrôlables.

Jackson s'agita à son tour et s'approcha de lui avant de poser une main timide sur son épaule.

« Jimin, tu... ce n'est pas vrai, hein ? », murmura-t-il, peinant à croire cette nouvelle funeste.

Jimin ne chercha pas à se défaire de sa prise. Mais lorsque son visage revint à eux, ses yeux brillaient de chagrin.

« Il a été tué par un membre des Medusa. C'est son coéquipier qui l'a vu. »

Taehyung fut secoué par un brusque soubresaut et des larmes embuèrent sa vue, tandis que Jackson ôtait sa main de l'épaule de Jimin, comme s'il s'était brûlé.

« Non, tu... ce n'est pas possible, il... Hoseok, il... »

Jimin eut un profond et difficile soupir.

« Il portait un masque blanc, ajouta-t-il, sa voix manquant de se briser. Avec un serpent en or. Le numéro 1 d'Óphis. On pensait qu'il était mort sur les docks, mais il... »

Jimin fut incapable de poursuivre pendant que Jackson éclatait en sanglots à côté de lui. Taehyung s'était de nouveau figé. Perdu dans sa stupeur, il n'entendit pas les portes du salon coulisser et l'oncle de Jackson surgir pour se précipiter sur son neveu et le prendre dans ses bras. Il ne sentit pas non plus qu'on le bousculait tandis que d'autres membres du gang le suivaient.

Son regard incertain glissa sur les corps, les dalles, le long des murs jusqu'aux portes du salon. Son souffle s'était accéléré et un léger sifflement se fit entendre à ses oreilles. Les sons autour de lui se brouillèrent. Seuls les battements rapprochés de son cœur retentirent dans ses tempes.

Comme étranger à lui-même, il se fraya lentement un chemin parmi la foule, passa le seuil du salon, perçut à peine les hurlements de la mère de Hoseok, l'odeur du sang. Au centre de la pièce, là où son ami d'enfance et lui prenaient habituellement une bière autour de la table basse sur le grand tapis aux couleurs chaudes de l'été et de l'automne, il n'y avait plus rien. Plus rien qu'un corps vêtu de noir et à côté duquel se trouvait une cagoule dont il pouvait voir la plaque de métal modifiée.

Il reconnut d'abord les épaisses bottes militaires que Hoseok avait été si heureux d'acquérir l'an passé, la combinaison noire que portaient les tueurs à gages du gang, la ceinture à laquelle pendaient le semi-automatique et les cartouches de son ami d'enfance, l'épais blouson de cuir qu'il affectionnait tant, les lourds gants cloutés.

Et après le col roulé, le visage blanc de Hoseok.

Ses yeux à jamais clos.

Ses cils recourbés qui formaient quelques ombres sur ses pommettes hautes.

Ses cheveux blancs éparpillés autour de sa tête.

On aurait pu croire qu'il dormait.

Mais il y avait du sang qui avait séché au coin de sa bouche. Il y avait ce trou au niveau de sa poitrine que son blouson et les bras de sa mère l'enserrant ne parvenaient pas à cacher.

Il y eut un accroc dans sa respiration.

Il a été tué par un membre des Medusa.

Hoseok était mort.

Il portait un masque blanc.

Avec un serpent en or.

Le numéro 1 d'Óphis.

Les sons lui revinrent brusquement. Les lamentations de la mère de Hoseok, les murmures des autres, les pleurs de Jackson dans le vestibule.

Brusquement, sa gorge se noua. Les larmes lui montèrent aux yeux. Il eut un mouvement de recul, horrifié, puis il fit volte-face, bouscula les personnes sur son passage, repoussa Seokjin quand celui-ci voulut l'arrêter, s'élança au-dehors et disparut dans le soleil couchant, le cœur  en miettes, l'âme hurlante d'agonie, douloureusement écartelée, lorsque cette idée se glissait sournoisement dans son esprit.


Il ne pouvait pas le croire. Il ne voulait pas le croire.




La nuit venait de tomber sur Séoul. Jungkook s'était douché et habillé, avait allumé toutes les lumières de son appartement, laissé la porte ouverte, coincé le canon de son arme à l'arrière de sa ceinture, comme à son habitude, puis s'était assis sur le canapé de son salon.

Le dos droit, légèrement penché en avant, les mains jointes et les coudes sur les genoux, le regard fixe, il l'attendait, nerveux comme il l'était rarement.

Enfin, des bruits de pas précipités dans le hall se firent entendre. Une clé passa dans la serrure avant d'en être aussitôt retirée. La porte s'ouvrit en grand et alla claquer contre le mur. Des pas lourds et rapides avancèrent jusqu'au salon avant de s'arrêter au seuil.

Jungkook ferma les yeux et retint un soupir fébrile avant de finalement relever la tête, en déglutissant.

Face à lui, Taehyung se tenait essoufflé par sa course, son casque à la main et les clés de l'autre. Ses épaules se soulevaient au rythme de sa respiration difficile. Ses cheveux étaient plus ébouriffés que jamais. Ses yeux étaient rouges et ses larmes avaient tracé des sillons le long de ses joues. Lentement, ses sourcils se froncèrent. Ses prunelles s'assombrirent et leur noir abyssal orageux fit frémir Jungkook d'angoisse.

Pas à pas, d'une démarche raide et vacillante, Taehyung s'avança vers lui et, lorsqu'il fut à un mètre de lui, il verrouilla ses prunelles dans celles de son amant, lâchant ce qu'il portait dans ses mains, rebondissant sur le tapis ivoire à poils, amortissant le choc.

« Dis-moi que ce n'est pas vrai... », lui demanda désespérément Taehyung, la voix hachée et plus rauque qu'à l'accoutumée.

Jungkook pinça les lèvres et détourna le regard un moment avant d'accrocher de nouveau celui de Taehyung. Il leva une main dans une tentative vaine d'apaiser son petit-ami.

« Je ne savais pas que c'était un membre de ton équipe Delta. J'ai reconnu sa plaque trop tard. Elle avait été modifiée et je...

— Dis-moi que ce n'est pas vrai, Jungkook ! s'écria Taehyung si fort que le brun s'immobilisa. Dis-moi que tu n'as pas tué Hoseok ! »

Jungkook déglutit et baissa légèrement la tête, se passant nerveusement les mains dans les cheveux et ses jambes commencèrent à tressauter.

« Taehyung, écoute... Il y a quelque chose de bizarre. On s'est encore retrouvés sur la même cible. J'ai tout fait pour calmer les choses, mais il m'a attaqué et je... se stoppa-t-il pour chercher ses mots avant de relever la tête, résigné. J'ai dû l'abattre. Pour me défendre... Il était sur le point de me tuer. »

Taehyung laissa échapper une sorte de feulement alors que ses pleurs reprenaient de plus belle. D'un geste rapide, il se saisit de son arme, cachée sous sa ceinture à l'arrière de son dos et la braqua sur Jungkook qui n'eut pas le temps de prendre la sienne. Pas qu'il l'aurait prise. La culasse fut tirée vers l'arrière et relâchée dans un bruit sec.

Taehyung le tint en joue et braqua sur lui un regard saturé de désespoir et de chagrin.

« Dis-moi que ce n'est pas vrai ! hurla-t-il de nouveau, perdu et guidé par ses sentiments douloureux. Dis-moi que ce n'est pas toi qui l'as tué ! »

Le visage de Jungkook s'adoucit et se redressa légèrement, comme pour être une meilleure cible au regard de Taehyung.

« Je le voudrais bien, Taehyung, murmura-t-il. Si tu savais comme j'aurais voulu que ce soit quelqu'un d'autre que lui. Je sais ce qu'il représentait pour toi. Mais oui, je l'ai tué et je ne peux rien y changer », souffla-t-il d'une traite, l'âme rongée par les remords, par la colère contre lui-même et par l'angoisse de perdre son compagnon.

Les pleurs de Taehyung redoublèrent. Il laissa échapper une plainte tandis que sa vue s'embuait. Lentement, ses bras s'abaissèrent, la prise sur son arme se faisant moins forte, elle échappant à ses doigts pour lourdement tomber contre le tapis. Il passa une main rageuse sur son visage et éclata de nouveau en sanglots avant de se laisser tomber à genoux, terrassé par le chagrin.

Jungkook l'observa un temps, le cœur douloureux et hésitant. Puis, lentement, il se laissa glisser le long du canapé, ses genoux cognant la douce surface. Sa main se posa sur l'épaule de Taehyung qui se crispa, mais Jungkook le tira fermement contre lui. Il referma son bras autour de ses épaules et, lorsque leurs torses se touchèrent, il sentit Taehyung s'agripper désespérément à lui. Son corps fut secoué de soubresauts que Jungkook s'efforça d'atténuer ses pleurs en passant une main tremblante se voulant rassurante sur son dos. Il ferma finalement les yeux, abattu par ce qu'il avait involontairement provoqué en Taehyung et resserra fortement son amant contre lui.

« Je te demande pardon », chuchota Jungkook, la gorge nouée.

Taehyung gémit de plus belle, s'agrippant davantage à son amant.

Avec ce simple geste, Jungkook se savait pardonné. Il le savait.

Alors pourquoi cela lui faisait-il plus mal que de le voir pointer son arme sur lui ?


𝑱𝑼𝑳𝑰𝑬𝑻. – 𝑰 𝒅𝒐 𝒘𝒊𝒕𝒉 𝒂𝒍𝒍 𝒎𝒚 𝒉𝒆𝒂𝒓𝒕,
(𝐽𝑈𝐿𝐼𝐸𝑇𝑇𝐸. – 𝑀𝑜𝑖, 𝑗𝑒 𝑙𝑢𝑖 𝑝𝑎𝑟𝑑𝑜𝑛𝑛𝑒 𝑑𝑒 𝑡𝑜𝑢𝑡 𝑚𝑜𝑛 𝑐œ𝑢𝑟,)

𝑨𝒏𝒅 𝒚𝒆𝒕 𝒏𝒐 𝒎𝒂𝒏 𝒍𝒊𝒌𝒆 𝒉𝒆 𝒅𝒐𝒕𝒉 𝒈𝒓𝒊𝒆𝒗𝒆 𝒎𝒚 𝒉𝒆𝒂𝒓𝒕.
(𝐸𝑡 𝑝𝑜𝑢𝑟𝑡𝑎𝑛𝑡 𝑛𝑢𝑙 𝘩𝑜𝑚𝑚𝑒 𝑛𝑒 𝑛𝑎𝑣𝑟𝑒 𝑚𝑜𝑛 𝑐œ𝑢𝑟 𝑎𝑢𝑡𝑎𝑛𝑡 𝑞𝑢𝑒 𝑙𝑢𝑖.)

– 𝙰𝚌𝚝 𝙸𝙸𝙸, 𝚜𝚌𝚎𝚗𝚎 𝟻 –



𝐴̀ 𝑠𝑢𝑖𝑣𝑟𝑒...




Les problèmes commencent... 😬

Alors, ce chap ? ^^

À tout de suite pour la partie IV !

𝑾𝒊𝒕𝒉 𝑳𝒐𝒗𝒆, 𝑫𝒂𝒓𝒌 𝑬𝒚𝒆𝒍𝒆𝒕 🖤

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