𝟏. 𝐕𝐚𝐥𝐡𝐚𝐥𝐥𝐚 | 𝐷𝑜 𝑜𝑟 𝐷𝑖𝑒
Do or Die, Thirty Seconds to Mars
https://youtu.be/oz5jKnhGnNc
GLOSSAIRE
* Valhalla :
(Mythologie scandinave). Valhalla vient du vieux norrois Valhǫll composé de valr, désignant les guerriers morts sur le champ de bataille, et hǫll, la halle. C'est aussi le paradis d'Odin, où vont les âmes des héros. Lien avec l'histoire : tu verras ☺️
* Hécate :
Déesse protectrice et bienveillante qui accorde largement son secours et son assistance. Dans l'histoire : nom de l'organisation d'élite chargée de chasser les organisations mafieuses et en exécuter les membres.
* Medusa :
Une des filles de Poséidon, Méduse, parfois Médusa, appelée aussi la Gorgone, est dans la mythologie grecque l'une des trois Gorgones. Elle est la seule à être mortelle. Dans l'histoire : gang auquel appartiennent Jungkook et Namjoon.
* Hélios :
Le « dieu » du soleil personnifié. Dans l'histoire : gang auquel appartiennent Seokjin, Taehyung, Hoseok, Jackson, Jimin.
* Delta (δʹ) :
Valeur « 4 » en grec. Dans l'histoire : équipe de Taehyung, Hoseok, Jackson et Jimin, membres du gang Hélios.
* Óphis :
Serpent en grec. Dans l'histoire : équipe des tueurs à gages dont Jungkook fait partie.
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◤ 𝐑𝐄́𝐒𝐔𝐌𝐄́ ◥
Séoul est une mégalopole abritant deux mondes distincts. Malgré sa réputation mondiale de la ville la plus resplendissante de la Corée du Sud, elle revêtait néanmoins un vice.
En effet, le jour, elle n'avait rien d'extravagant.
Mais, à la nuit tombée, elle se métamorphosait ; le péché envahissait ses rues qui se voyaient régies par différents clans mafieux.
Ces derniers évitaient de s'entretuer afin d'échapper à la police qui, sans relâche, tentait de faire tomber les couvertures de leurs membres.
Mais que se passe-t-il lorsqu'un jour, Taehyung et Jungkook, membres de deux gangs différents, apprennent tous deux les activités illicites de l'autre ?
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« Jungkook ! »
Le nom se répercuta dans la nuit et le long des ruines du vieux temple de Bulguksa. Jungkook s'arrêta. Il avait atteint la périphérie de la ville. Hormis les colonnes de pierre et les arcs à moitié défaits, il n'y avait rien aux alentours, seulement des champs à perte de vue qui ressemblaient à une mer d'encre sans la lumière de la lune, cachée par les nuages, ce soir-là.
Le bruit d'une respiration rapide et des pas résonnant sur les pavés l'obligèrent à se retourner. Taehyung cessa sa course à trois mètres de lui et sa poitrine se souleva de manière hachée, tentant de reprendre son souffle. Ses mèches argentées avaient un éclat flavescent à la lumière des lampadaires et ses grands yeux sombres brillaient à la fois d'incompréhension, d'un reste d'espoir, mais surtout d'angoisse.
Jungkook retint une grimace. Il s'obligea à garder un visage impassible. Lentement, sa main droite se porta à l'arrière de son dos. Coincée dans sa ceinture, son arme reposait sagement.
Il s'en saisit et, avec dextérité, la pointa sur Taehyung.
Celui-ci eut un sursaut en avisant la pointe du pistolet. Ses yeux s'écarquillèrent et son corps entier se figea de stupeur.
Puis, lentement, son regard azur glissa du canon au visage de Jungkook.
Ses traits se dépêtrèrent de la surprise pour endosser une triste résignation.
Il imita le geste de son vis-à-vis, empoigna sa propre arme.
Ses doigts se crispèrent autour, ses yeux se voilèrent de regret.
Avec lenteur, son bras se leva.
Et il le mit en joue.
𝑪𝑯𝑶𝑹𝑼𝑺. – 𝑻𝒘𝒐 𝒉𝒐𝒖𝒔𝒆𝒉𝒐𝒍𝒅𝒔, 𝒃𝒐𝒕𝒉 𝒂𝒍𝒊𝒌𝒆 𝒊𝒏 𝒅𝒊𝒈𝒏𝒊𝒕𝒚
(𝐿𝐸 𝐶𝐻𝑂𝐸𝑈𝑅. – 𝐷𝑒𝑢𝑥 𝑓𝑎𝑚𝑖𝑙𝑙𝑒𝑠, 𝑒́𝑔𝑎𝑙𝑒𝑠 𝑒𝑛 𝑛𝑜𝑏𝑙𝑒𝑠𝑠𝑒𝑠)
𝑰𝒏 𝒇𝒂𝒊𝒓 𝑽𝒆𝒓𝒐𝒏𝒂, 𝒘𝒉𝒆𝒓𝒆 𝒘𝒆 𝒍𝒂𝒚 𝒐𝒖𝒓 𝒔𝒄𝒆𝒏𝒆,
(𝐷𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑎 𝑏𝑒𝑙𝑙𝑒 𝑉𝑒́𝑟𝑜𝑛𝑒, 𝑜𝑢̀ 𝑛𝑜𝑢𝑠 𝑝𝑙𝑎𝑐̧𝑜𝑛𝑠 𝑛𝑜𝑡𝑟𝑒 𝑠𝑐𝑒̀𝑛𝑒)
𝑭𝒓𝒐𝒎 𝒂𝒏𝒄𝒊𝒆𝒏𝒕 𝒈𝒓𝒖𝒅𝒈𝒆 𝒃𝒓𝒆𝒂𝒌 𝒕𝒐 𝒏𝒆𝒘 𝒎𝒖𝒕𝒊𝒏𝒚,
(𝑆𝑜𝑛𝑡 𝑒𝑛𝑡𝑟𝑎𝑖̂𝑛𝑒́𝑒𝑠 𝑝𝑎𝑟 𝑑'𝑎𝑛𝑐𝑖𝑒𝑛𝑛𝑒𝑠 𝑟𝑎𝑛𝑐𝑢𝑛𝑒𝑠 𝑎̀ 𝑑𝑒𝑠 𝑟𝑖𝑥𝑒𝑠 𝑛𝑜𝑢𝑣𝑒𝑙𝑙𝑒𝑠)
𝑾𝒉𝒆𝒓𝒆 𝒄𝒊𝒗𝒊𝒍 𝒃𝒍𝒐𝒐𝒅 𝒎𝒂𝒌𝒆𝒔 𝒄𝒊𝒗𝒊𝒍 𝒉𝒂𝒏𝒅𝒔 𝒖𝒏𝒄𝒍𝒆𝒂𝒏.
(𝑂𝑢̀ 𝑙𝑒 𝑠𝑎𝑛𝑔 𝑑𝑒𝑠 𝑐𝑖𝑡𝑜𝑦𝑒𝑛𝑠 𝑠𝑜𝑢𝑖𝑙𝑙𝑒 𝑙𝑒𝑠 𝑚𝑎𝑖𝑛𝑠 𝑑𝑒𝑠 𝑐𝑖𝑡𝑜𝑦𝑒𝑛𝑠.)
– 𝚃𝚑𝚎 𝙿𝚛𝚘𝚕𝚘𝚐𝚞𝚎 –
𝐇𝐮𝐢𝐭 𝐦𝐨𝐢𝐬 𝐩𝐥𝐮𝐬 𝐭𝐨̂𝐭
En fronçant les sourcils, Kim Seokjin s'empara du journal qui traînait là et le débarrassa de la poussière qui le recouvrait d'un large revers de la main. Le quotidien Chosun Ilbo affichait dans la une, les photos des dirigeants du gang Bacchus qu'Hécate venait de démanteler.
« Putain... Le troisième, ce mois-ci... ! », murmura-t-il, angoissé.
Sa mâchoire se crispa sous l'inquiétude et il ouvrit fébrilement le journal pour en parcourir les pages. Partout, il n'était question que des exploits d'Hécate. On parlait ici de l'exécution publique de deux anciens tueurs à gages, on parlait là des pistes que la police suivait pour détruire la couverture des membres du célèbre gang Medusa, de longues colonnes retraçaient la vie de quelques puissants qui étaient parvenus à se jouer de tous et que nul n'aurait soupçonnés tenir les rênes d'un regroupement de malfaiteurs la nuit venue.
De gigantesques portraits montraient des visages obscurs, décidés, presque effrayants. Il était dit que la méfiance était de mise, qu'il ne fallait se fier à personne, que tout soupçon devait être rapporté. Un voisin pouvait être un revendeur de drogues, un collègue pouvait être le maître d'une suspicieuse maison close.
De grands titres assenaient sans cesse qu'il s'agissait du plus grand fléau que la ville eût connu.
Et partout, on ne lisait que des incitations à la dénonciation.
Seokjin rejeta brutalement le quotidien, comme s'il s'était brûlé les doigts sur son papier. Il serra les poings. La situation des gangs de Séoul n'avait jamais été aussi mauvaise.
Séoul était la resplendissante capitale de la Corée du Sud. L'une des plus grandes villes dans le monde. On y trouvait une densité de population incroyable, de nombreuses occasions de réussite. Ses immenses édifices brillaient à l'éclat du soleil, sa forêt était luxuriante, la richesse de son sol, populaire. On saluait son architecture, son art, son savoir-faire. Les plus grands événements y avaient lieu, les plus grands intellectuels se réunissaient dans ses réputées bibliothèques et centres de recherche, les plus grandes célébrités venaient y profiter de festivals et salons en tout genre. On s'y réunissait pour parler économie, politique, environnement, paix.
Rien qui ne fût pas respectable.
Mais Séoul avait un vice.
Le jour, elle n'avait rien de bien extravagant. En revanche, elle se métamorphosait la nuit et le péché envahissait ses rues. On ne comptait plus le nombre de marchés noirs, incluant la prostitution, les commerces illicites d'armes, de corps et même de parties de corps, d'enfants, de meurtres, de complots, d'alcool et drogue.
Il suffisait de s'aventurer dans les bons quartiers et de s'adresser aux personnes adéquates pour trouver ce que l'on souhaitait.
C'étaient les différents gangs qui se partageaient la ville qui avaient la mainmise sur ce genre d'activités. Mais, durant des décennies, les rivalités, la jalousie, la corruption, les alliances et les trahisons ainsi que les guerres de territoires avaient plongé la population dans un bain de sang.
Excédé par cette image qui ne le servait pas, par les mises en garde d'instances internationales et par les complaintes du peuple, le gouvernement avait décidé, des années plus tôt, d'en finir.
Ainsi était arrivé, avec la solution suprême, un groupe d'élite armé spécialisé dans l'espionnage et la défense. Il avait été baptisé « Hécate » et son objectif était l'annihilation de toutes les organisations mafieuses de la ville.
Il y avait quinze ans, les membres de ceux-ci se montraient au grand jour, mais depuis l'apparition de ce groupe d'élite, il avait fallu se montrer discret et se constituer une couverture suffisante pour ne pas être repéré. Il fallait être instituteur, comme Seokjin l'était, ou bien un étudiant désargenté qui avait tendance à beaucoup sortir pour échapper à la vigilance des troupes qui surveillaient la cité.
Les gangs de la ville avaient également conclu un pacte entre eux. En effet, nul ne devait chercher à nuire aux autres sous peine de créer une guerre qui attirerait l'attention. Les différents membres, enfin, ne pouvaient plus communiquer entre eux que sur des réseaux sécurisés et agir que s'ils étaient masqués.
En revanche, le pacte n'avait pas suffi ; en moins de quinze ans, le milieu était passé d'une centaine de gangs à une quinzaine. Dès que l'un d'eux disparaissait, les autres se partageaient son trafic et l'affaire ne faisait que les enrichir. Mais les temps s'obscurcissaient et Seokjin n'était plus si sûr que le gang Hélios, auquel il appartenait, fût capable de durer plus longtemps.
Ce jour-là, sous couverture, il avait terminé sa classe un peu plus tôt. C'était le dernier jour de cours avant les vacances d'été et il avait fait cette fleur aux enfants tout autant qu'aux parents. Il en avait bien sûr profité pour rouler hors de la ville et gagner un hangar en apparence désaffecté qui servait de stock d'armes au beau milieu d'une forêt luxuriante et dangereuse, là où personne n'osait s'y aventurer, cachée sous un amas de feuilles.
Quelques semblants de routes avaient été tracés par leurs passages en voiture ou à moto, leur permettant de retrouver leur chemin.
Un nouveau chargement venait d'arriver et il fallait désormais répartir le tout pour pouvoir le livrer aux différents clients qui faisaient appel à eux.
Du poignet, Seokjin essuya l'humidité qui perlait sur son front. Il mourait de chaud sous la structure de métal et de tôle. Autour de lui, ses compagnons s'affairaient autour de gros véhicules blindés. Il s'appuya contre la remorque de l'un d'eux. Sans comprendre son émoi, il se sentait las.
Fatigué, il commençait à dodeliner de la tête lorsqu'un curieux bruit de moteur se fit entendre au loin. Aussitôt, plusieurs hommes portèrent la main à leur arme et sortirent afin de se diriger vers l'entrée du hangar, tentant d'apercevoir le véhicule qui roulait à toute allure vers eux, entouré de la poussière et des feuilles vertes qu'il soulevait sur le chemin.
Puis l'un d'eux, ayant vite aperçu de qui il s'agissait, leva le bras et l'agita en guise d'apaisement.
« Ce n'est rien, c'est Delta ! », cria-t-il, rassurant ses coéquipiers.
Plusieurs murmures de mécontentement fusèrent tandis que d'autres s'affaissaient contre les coffres renfermant les armes en soupirant de soulagement. Seokjin eut un sourire amusé et leva les yeux au ciel. Il fallait toujours que Delta fasse parler de lui.
L'Audi décapotable noire, volée par Hélios, surgit sous le hangar et effectua un dangereux dérapage qui obligea certains hommes à se reculer en protestant contre les quatre jeunes qui étaient à bord et, manifestement, s'amusaient bien de leur petit tour. Le sourire aux lèvres, ils les saluèrent avec force cris et gestes de la main.
Jung Hoseok, futur vétérinaire, lunettes de soleil sur le nez, les cheveux blancs en bataille, était au volant. À côté de lui, Jackson Wang, visiblement peu à l'aise face à la conduite sportive de son ami, ouvrit la portière avec une main tremblante et, lorsqu'il se redressa, Seokjin nota avec amusement qu'il se retenait fortement de régurgiter son repas.
À l'arrière, Park Jimin, le leader de l'équipe Delta un petit génie en informatique qui, à ses heures perdues, donnait quelques cours dans le domaine à des lycéens et des étudiants ou bien piratait quelques systèmes pour le compte du gang, s'étirait en marmonnant il ne savait quels termes.
Déjà debout et prêt à sauter hors de la voiture, Kim Taehyung, resplendissant et aux cheveux colorés en argent. Il arborait un anneau à la narine et une cicatrice balafrant sa tempe, passant par le coin de son œil pour échouer sur sa pommette. Elle était souvent cachée par ses cheveux légèrement longs, n'apparaissant que lorsqu'il bougeait plus vivement. Nul n'en connaissait l'origine, mais cela avait sans doute été une façon de marquerle nourrisson déposé au pied d'un pont.
Ce dernier balayait de ses grands yeux sombres l'espace et, lorsqu'il reconnut Seokjin, son visage parut s'illuminer.
« Monsieur Kim ! »
Les autres garçons s'agitèrent à l'entente de son nom et tous s'empressèrent de le rejoindre en riant et en se tenant les épaules. Seokjin retint un soupir et se contenta de secouer lentement la tête. Il croisa les bras et lorsqu'ils furent tout près de lui, il croisa les bras contre sa poitrine et darda sur eux un regard réprobateur.
« Vous avez vraiment que ça à faire ? Nous embêter alors qu'on vient de recevoir le plus gros chargement de l'année ? », les reprit-il d'un ton sévère.
Surpris, les garçons s'arrêtèrent et jetèrent un œil autour d'eux pour aviser les visages sombres et accusateurs des hommes s'affairant. Ils revinrent à lui, sourcils haussés et yeux exorbités.
« Ah, on n'était pas au courant... tenta Taehyung, penaud.
— Je ne veux rien savoir, le coupa Seokjin.
— On n'a aucune mission, en ce moment, on ne pensait pas tous vous trouver ici, se justifia Hoseok, d'ores et déjà remis sur pattes.
— Oui, on ne pensait pas déranger », répliqua à son tour Jackson.
Seokjin rejeta la tête en arrière et retint un autre soupir. Il avait connu ces quatre jeunes de la vingtaine lorsqu'ils en avaient plus ou moins quinze ans. Il avait été leur instituteur durant quatre années complètes et les avait toujours couvés d'une façon particulière. Hoseok, Jimin et Jackson venaient tous trois de familles impliquées à différents niveaux dans le gang Hélios. Il savait donc pertinemment qu'un jour ou l'autre, il côtoierait ses anciens élèves en tant que tels.
Quant à Taehyung, le vieux couple Choi l'avait adopté, l'ayant retrouvé le lendemain matin de son dépôt lorsqu'ils faisaient leur balade matinale, confiné dans son petit panier et hurlant de tout son soûl. Personne ne savait qui étaient ses parents ; son père était à ce jour inconnu, mais sa mère avait été identifiée. Elle avait été retrouvée morte à quelques rues du Seonygyo Bridge, pont où l'enfant, la tempe sanglante et tout juste marquée, avait été abandonné, puis retrouvé.
À ses dix-sept ans, Taehyung dût subir la perte de ses parents adoptifs qui, sur leurs vieux jours, succombèrent au sommeil éternel, lui léguant leur petit studio en plein cœur de Séoul. Bon gré mal gré, outre leur perte, il s'était lié d'amitié avec les trois autres. Et puisqu'ils lui faisaient confiance, ils lui avaient tout révélé au sujet de l'organisation Hélios et des activités illicites auxquelles leurs parents et eux-mêmes se prêtaient.
Dès lors, Taehyung n'avait plus voulu qu'une chose : en devenir membre.
D'une part, parce qu'il voulait de nouveau retrouver un semblant de famille ; depuis qu'il avait rejoint le gang, il était apprécié de tous et il profitait plus encore de la présence de ses amis, l'aidant à faire le deuil de la perte de ses parents adoptifs. À eux quatre, ils formaient une petite équipe de ce qu'on appelait « les intimidateurs ». Ils ne tuaient pas, mais étaient chargés de rappeler leurs dettes à ceux qui devaient de l'argent à l'organisation.
D'autre part, parce qu'il avait très vite arrêté ses études. Sorti du lycée, il était devenu serveur dans un petit café du centre et n'avait plus jamais quitté ce travail. Cela rapportait peu, même pour payer le petit studio dans lequel il vivait, à présent seul. Mais son activité d'intimidateur lui permettait de gagner des sommes liquides assez conséquentes en une seule soirée dont il utilisait une partie pour tout ce qui était nécessaire à sa vie quotidienne et le reste pour des loisirs et s'acheter la moto de ses rêves.
Il ne roulait pas sur l'or, mais ses revenus illicites étaient plus que satisfaisants.
Dans sa vie, Taehyung n'avait plus que ses amis et Hélios. Et bien qu'il fût sans doute dans le même cas, à cet instant, Seokjin trouvait cet état de fait d'une tristesse inouïe.
Devant lui, les jeunes hommes s'étaient mis à s'agiter et à parler bruyamment entre eux. L'instituteur fouilla dans sa poche gauche et en sortit un bipeur amélioré. Il alluma l'appareil et fouilla une page où diverses annonces étaient postées et apparaissaient en gros titres courts et synthétiques. Son visage s'illumina.
« Pas de mission, mh ? »
Les membres du Delta s'arrêtèrent et lui jetèrent un regard teinté d'incompréhension. Il leur désigna son bipeur.
« Regardez un peu les annonces, avant de décréter des débilités plus grosses que vous. »
Les jeunes hommes restèrent interdits pendant un instant. Puis une nervosité les prit soudainement et ils cherchèrent avec fébrilité leurs propres appareils. Lorsqu'ils eurent à leur tour consulté les missions proposées par les dirigeants, ils se jetèrent des coups d'œil entendus. Jimin hocha la tête et sélectionna l'annonce.
« On prend, dit-il en relevant les yeux vers Seokjin.
— Heureusement que vous êtes là, monsieur, rit nerveusement Taehyung.
— Filez, maintenant. Ça doit être réglé ce soir !
— Yes ! s'écria Hoseok en levant le poing. Enfin, ça va bouger ! Tous à vos armes, on est partis ! »
D'un même mouvement, ils retournèrent vers la voiture dans laquelle ils sautèrent sans même ouvrir les portières. Le véhicule démarra en trombe, ses pneus crissant un instant avant de le propulser en avant. En quelques secondes, ils disparurent du hangar, s'enfonçant dans la forêt. Leurs cris parvinrent à Seokjin encore longtemps sous forme de brefs échos. Les mains sur les hanches, il observa quelque temps l'entrée du hangar, amusé, mais grandement dépité.
Il jeta un dernier coup d'œil à son bipeur dans lequel il était indiqué que l'annonce était pourvue. C'était bien un travail pour des intimidateurs. En effet, le patron d'une petite entreprise sur les docks leur devait une belle somme d'argent et ne les avait plus contactés depuis plusieurs semaines. Seokjin éteignit l'appareil. Puis leva la tête lorsqu'on l'appela à l'autre bout du hangar.
« J'arrive ! », cria-t-il.
Le bipeur fut bien vite rangé dans sa poche et il se mit à courir, laissant derrière lui Chosun Ilbo et ses sombres annonces.
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Le téléphone portable sagement posé sur la commode indiqua dix-neuf heures et se mit à sonner. Jungkook, assis depuis plusieurs minutes sur son lit, les mains entrelacées et nerveusement serrées sur ses genoux. Il ne sursauta guère à l'entente de son alarme et resta un moment dans cette position, le dos bien droit, légèrement penché en avant, les épaules à peine voûtées. Ses prunelles sombres fixaient le mur de son appartement qui lui faisait face.
Il avait baissé les stores derrière lui et la lumière du soleil chaud de fin de journée ne passait que par de fins rais dans sa chambre. Dos à la fenêtre, il observait sa silhouette qui se découpait sur le mur blanc. Puis il prit une brève inspiration, éteignit l'appareil, se leva et passa une main fatiguée dans ses cheveux sombres dont les mèches s'éparpillaient sur son front et ses tempes.
Vêtu d'un tee-shirt à manches courtes près du corps noir et d'un treillis de même couleur, il semblait plus morose que jamais. Son visage s'obscurcit tandis qu'il se saisissait de son pistolet semi-automatique négligemment laissé sur son bureau. Armé d'un chiffon, il nettoya brièvement le canon avant de fouiller dans ses tiroirs pour en sortir plusieurs cartouches. D'un geste sûr, il en arma une, fit glisser la culasse avant de la relâcher.
Dans un bruit assourdissant et sec, la première munition gagna la chambre de l'arme. Il se retourna subitement et pointa son arme sur la tête de lit. Il resta un long moment ainsi, concentré sur sa cible. Il avait la respiration lente et régulière, les muscles bandés et le bras droit. Sa main était solidement refermée autour de l'objet.
Puis un bruit attira son attention. Jetant un œil par-dessus son épaule gauche, il avisa le bipeur à moitié caché dans sa trousse d'étudiant. L'appareil se mit à clignoter. Sans le quitter des yeux, il abaissa son pistolet avant de légèrement se retourner pour s'en saisir et s'appuya nonchalamment contre son bureau. Bientôt, le petit écran s'illumina et l'annonce apparut sous ses yeux.
C'était une adresse directe : un assassinat. Celui d'un certain Oh Kwan, propriétaire d'une petite entreprise de construction de bateaux. Il devait se trouver dans son hangar portant le numéro huit sur les docks. Il cliqua sur le lien et la photo de l'homme apparut, accompagnée d'une brève fiche relatant sa vie et ses activités professionnelles.
Jungkook ne fut pas long à se décider. Il accepta l'annonce et, dès que son bipeur fut éteint, il alla ouvrir l'armoire à côté du bureau pour en sortir une tenue appropriée à sa mission. Caché sous plusieurs couvertures, il trouva son masque. De forme ovale, accompagné d'une solide, mais fine sangle, son fond était blanc. Sur le milieu du front, un large symbole grec noir s'étalait pour former le mot « serpent ».
Sur les tempes, un long serpent d'argent s'étalait sur la gauche, la tête étant à hauteur de l'œil et la queue allant jusqu'à la pointe du menton. Sur le bas de la joue, un petit « 1 » avait été implanté avec une gravure en or.
Jungkook appartenait au gang Medusa et à l'équipe Óphis dont le serpent était le symbole. Le numéro « 1 » indiquait qu'il en était le meilleur agent. Ses doigts se crispèrent autour du masque qui avait appartenu à son père, quelques années plus tôt.
Il se reprit, saisit un large sac de sport dans lequel il rangea ce dont il avait besoin et quitta son appartement.
Il avait un homme à abattre.
☾
Hoseok arrêta la voiture à une centaine de mètres du hangar numéro huit. En surplomb des docks, au bout d'un petit plateau désertique qui formait comme un terrain vague, les membres du Delta pouvaient apercevoir, plus bas, les bâtiments qui s'étendaient le long du large fleuve qui traversait la ville de part en part. Ils marquaient l'extrémité de la capitale, juste avant la forêt qui l'enceignait au nord. Avachi sur le volant, Hoseok observait le tout avec un air concentré qui lui était inhabituel. Jackson fut le premier à le remarquer et l'interpella.
« Hoseok ? Qu'est-ce qu'il y a ? »
Le jeune homme lui coula un rapide regard avant de se laisser aller contre son siège en soupirant.
« Rien... C'est juste qu'il y a des moments où je me demande ce que ça ferait, si j'étais autre chose qu'intimidateur. »
Jimin haussa un sourcil et Taehyung s'exclama aussitôt, en agrippant l'appuie-tête de son ami d'enfance :
« Quoi ? Tu veux quitter le Delta ?
— Mais non ! C'est juste que je me dis qu'avec notre potentiel, on pourrait faire bien plus que juste rappeler à des gens qu'ils nous doivent des thunes, se justifia Hoseok.
— C'est-à-dire ? Tu voudrais devenir tueur à gages ? », demanda Jimin d'un air attentif et soucieux.
Hoseok se retourna sur son siège pour l'observer avant de hausser les épaules.
« Pourquoi pas ? »
De tous, ce fut le visage de Taehyung qui se rembrunit le plus. Il fixa intensément Hoseok jusqu'à ce que celui-ci, sentant peser sur lui son regard, se tournât vers lui.
« Sérieusement ? demanda l'argenté d'une voix émotive difficilement maîtrisée. Tu serais prêt à tuer des gens ?
— Ce n'est pas ce que je voulais dire... rétorqua Hoseok en fronçant les sourcils.
— Ah oui ? Parce les tueurs à gages font autre chose, peut-être ? », cracha Taehyung.
Hoseok ouvrit la bouche pour protester, mais Taehyung était déjà sorti de la voiture en enjambant sa portière. Il chargea son arme et se retourna vers ses amis qui le fixaient.
« Ce n'est pas parce qu'on fait partie d'un gang qu'on doit forcément tuer des gens ! », pesta-t-il.
Ce dernier fit le tour de la voiture jusqu'à rejoindre le coffre qu'il ouvrit prestement. Il en sortit quatre cagoules. Sur le front de chacune se trouvait une petite plaque de métal sur laquelle était gravé un soleil qui indiquait à quel gang ils appartenaient. Il rabattit brutalement la portière et s'appuya lourdement dessus.
« Tu fais ce que tu veux. Mais il est hors de question que je devienne un tueur », poursuivit-il à l'adresse de Hoseok avant de lui jeter sa cagoule au visage.
Ce dernier attrapa l'objet et observa longuement le soleil gravé avant de relever les yeux vers Taehyung qui, rejoint par Jimin et Jackson, distribuait les autres camouflages. Ils les enfilèrent promptement avant de vérifier leur armement. Hoseok sortit de la boîte à gant de petites grenades incendiaires pas plus grandes qu'un cochonnet et les fit rouler entre ses doigts, l'air contrarié.
Jimin, sentant l'atmosphère s'alourdir et avisant le jour qui déclinait, invita Taehyung à se décoller de la voiture d'un geste de la main.
« Allez, c'est bon. On en parlera plus tard, d'accord ? Chacun est libre de faire ce qu'il veut dans le gang. Mais pour l'instant, on forme une équipe et notre rôle, c'est d'aller réclamer à cet Oh les vingt millions qu'il nous doit. OK ? », tempéra le chef de l'équipe.
Taehyung grogna son accord et Hoseok se contenta d'enfiler sa propre cagoule et de faire glisser la culasse de son arme.
« Paré ! »
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À cette heure-ci, peu de gens travaillaient encore. Oh Kwan semblait être une exception et une dizaine d'ouvriers s'affairaient encore dans le hangar. Sans doute un retard dans une commande, songea Jimin. D'un geste du menton, il indiqua la route à suivre à ses compagnons. Voûtés, cagoulés et armes en main, les Delta sortirent discrètement de l'ombre et gagnèrent l'entrée de l'entrepôt.
Plongés dans leurs tâches, les travailleurs ne les virent pas immédiatement. Soudain, Hoseok les héla et les quatre garçons exhibèrent leurs armes.
« Messieurs, dit Jimin sur un ton monocorde, nous avons affaire avec votre patron. Nous vous prions donc de quitter les lieux dans le plus grand calme. »
Un lourd silence s'abattit sur le hangar. Puis, lentement, les ouvriers lâchèrent leurs outils, cessèrent leurs activités et, timidement, tout en commentant les pistolets dont les jeunes étaient armés et leur insigne qui les désignait comme membres du gang Hélios, ils passèrent à côté d'eux, affolés, laissant une distance plus que raisonnable entre eux. Les derniers à partir, ne supportant guère la pression qui s'était soudainement abattue dans l'entrepôt, sortirent en courant et en poussant des cris apeurés.
Loin d'être touché par l'effroi des hommes, Jimin observa la montre qu'il portait au poignet.
« On a cinq minutes. C'est parti. »
Ils s'avancèrent. Au fond du hangar, construit sur une plateforme surélevée, le petit bureau d'Oh Kwan se dessinait. Il y avait fort à parier qu'il ne les avait pas vus arriver.
Oh Kwan était à la tête d'une petite entreprise. Il contrôlait une cinquantaine d'ouvriers et peinait encore à se faire connaître dans son domaine. Néanmoins, il était un homme ambitieux et n'avait pas hésité, lorsque ses finances avaient été au plus bas, à se lier plus ou moins d'amitié avec quelques puissants personnages aux activités plus que douteuses.
C'était ainsi qu'il était entré en contact avec le gang Hélios qui avait été intéressé par son activité – surtout par le fait qu'il pouvait passer en douce certaines de leurs marchandises. Il leur avait emprunté une importante somme d'argent qu'il avait rapidement investie et avait su la faire fructifier.
En revanche, il ne souhaitait guère les rembourser dans l'immédiat. Il fallait, avant cela, qu'il ait suffisamment de capital de côté pour rebondir sans leur aide et peut-être faire pression sur eux quant aux avantages qu'il pourrait en tirer du gang. Naïf, il avait oublié à quel point les gangs pouvaient être impatients, alors, intimidé, il avait fini par couper tout lien en se disant que cela lui donnerait plus de temps pour constituer une base solide et ainsi repousser l'échéance de son remboursement.
L'agitation de ses ouvriers, dont certains travaillaient sous ses fenêtres, l'avait obligé à lever les yeux du cahier où il tenait ses comptes. Intrigué par leur départ précipité, il s'était levé et s'était approché de sa baie vitrée. À l'autre bout du hangar, il aperçut les silhouettes de quatre hommes. Les cagoules et le symbole clair d'Hélios le firent déglutir avec nervosité.
Devant sa large fenêtre, il se retrouvait figé de stupeur et de crainte. Il n'y avait nul doute : le gang avait envoyé des intimidateurs pour réclamer son dû.
Un grognement lui échappa et il recula légèrement, calculant le pourcentage de chances qu'il disposait pour s'échapper sans être vu. Malheureusement, la porte qui menait à son bureau n'était pas du côté du fleuve ; mais bien de celui de ces jeunes hommes. Néanmoins, il s'y dirigea lorsqu'un grincement attira son attention. Le cœur battant, il s'arrêta net et se tourna lentement vers le fond de son bureau où une large armoire trônait. La porte s'ouvrit lentement dans un terrible grincement.
Une silhouette encapuchonnée entièrement vêtue de noir apparut, portant un masque qu'il décrypta en bien peu de temps. Il sentit la sueur perler sur sa peau et tenta de s'adjoindre au calme.
La silhouette repoussa légèrement la cape vers l'arrière, juste assez pour dévoiler son masque et le symbole des Medusa. Son bras, couvert par la combinaison noire qu'elle portait jusqu'aux extrémités des doigts se tendit vers lui, faisant apparaître une main tenant un semi-automatique dont l'éclat argenté le fit frémir de terreur.
Il releva ses yeux vers le masque et, après une brève inspiration, prit son courage à deux mains.
« Qu'est-ce que le gang Medusa me veut ? Je ne traite pas avec eux ! », s'exclama-t-il, tentant de réguler les trémolos d'effroi dans sa voix.
La silhouette n'eut aucune réaction, restant figée comme une statue de marbre et répondit, après un temps, d'une voix déformée par le masque :
« Peu importe avec qui vous traitez. Vous avez déplu à quelqu'un. Et il se trouve que ce quelqu'un me paie pour vous éliminer. »
Kwan tressauta violemment. Son regard revint au canon de l'arme pointée sur lui. Son cœur s'emballa, résonnant dans ses tempes, dans son cou, dans l'entièreté de son corps. Sa respiration s'accéléra. Il coula un rapide regard vers la baie vitrée, à sa droite, puis revint à la silhouette qui, à pas lents, s'approchait de lui. Il serra les dents, se recroquevilla légèrement. Son pied gauche glissa sur le sol et ses jambes fléchirent. Puis, d'une incroyable poussée qui surprit son assassin, il se jeta sur la baie.
Au dernier moment, ses bras se refermèrent sur son visage. Son épaule et son flanc droits cognèrent la vitre. Le verre se brisa et il bascula.
☾
Le soudain bruit de verre brisé attira l'attention des quatre amis. Ils virent alors, droit devant eux, le corps d'Oh Kwan chuter de son bureau sur un tas de grosses toiles contre lequel il rebondit avant de se mettre à rouler jusqu'au sol. Les jeunes hommes, une fois leur surprise passée, se hâtèrent de le rejoindre. L'homme leva vers eux des yeux révulsés. Mais après une brève exclamation, il se redressa rapidement et se plaça derrière eux, agrippant les épaules de Taehyung qui tenta de se dégager avec un air peu amène.
« Lâche-moi ! s'écria-t-il. Qu'est-ce qu'il a, ce type ? Il n'est pas bien ? »
Il échangea un regard étonné avec Jackson et Hoseok qui, les bras tenant fermement leurs armes, observaient l'homme d'affaires sans comprendre. D'un doigt tremblant, ce dernier désigna le bureau et n'eut guère besoin de s'expliquer. Jimin avait déjà repéré la silhouette altière qui les regardait depuis la baie vitrée détruite.
« Medusa », murmura-t-il.
Taehyung cessa aussitôt de s'agiter pour se défaire de la prise de Kwan et releva les yeux vers l'homme.
« Quoi ? On est sur la même mission ? », lâcha-t-il en fronçant les sourcils d'incompréhension.
Un étrange malaise saisit les membres du Delta devant ce constat. Il n'arrivait pratiquement jamais que deux gangs se rencontrent en ayant une même cible – encore moins depuis que le projet Hécate avait été mis en place, il y a quinze ans.
Dans un geste élégant, le membre de Medusa rejeta sa cape en arrière dévoilant ses cheveux sombres avant de s'élancer du bord de la plateforme et sauter en contrebas. Malgré l'appui peu fiable des toiles, il se rétablit avec une incroyable aisance et s'éleva de nouveau pour atterrir à genoux devant eux. Il se releva lentement et dévoila à tous son masque magnifiquement décoré.
En reconnaissant le numéro et le serpent doré, Jimin étouffa un juron et Taehyung l'interrogea du regard.
« Óphis, lui expliqua Jimin. Une de leurs équipes de tueurs à gages.
— Attends... Ça veut dire qu'il est là pour tuer Oh ? », demanda Jackson en levant un doigt en direction du membre masqué.
La bêtise de sa question irrita son équipe. Ses trois amis se tournèrent vers lui.
« Ce n'est pas assez évident, crétin ? s'écria Hoseok tandis que Jimin et Taehyung le toisaient avec dépit.
— Quoi ? Il aurait pu être là pour la même chose que nous ! », grogna-t-il en grimaçant.
Jimin porta la main à sa tête, las de la naïveté de son compagnon d'armes. Puis il se tourna vers le tueur à gages qui se tenait immobile, attendant sans doute que leur attention revînt à lui. Jimin ne put empêcher sa main de se crisper autour de son arme. La situation inattendue le rendait nerveux. Il savait à quel point il pouvait être délicat de côtoyer le membre d'une autre organisation.
Un pacte reliait les dernières communautés existantes et devait leur permettre de survivre.
Mais qu'en est-il vraiment dans une situation telle que celle-ci ? Aussi prit-il une profonde inspiration avant de s'adresser à son vis-à-vis.
« Salut à toi, camarade. Nous faisons partie d'Hélios et nous n'avons nullement l'intention de te combattre, prononça-t-il en faisant fi des regards surpris ou outrés de ses amis. Cet homme est un de nos contrats. Il nous doit beaucoup d'argent et nous sommes là pour le lui réclamer. Laisse-nous faire notre mission et nous partirons. »
Le tueur resta de marbre. Seuls ses cheveux, sous l'effet d'un courant d'air, s'agitèrent doucement avant qu'une voix rauque et basse, que le masque déformait légèrement, s'élevât.
« Je n'ai pas non plus l'intention de me battre contre vous. Malheureusement, cet homme est également mon contrat. Et je dois le tuer. Ce soir. »
Les quatre jeunes se raidirent à cette annonce. Jimin tâcha de garder contenance.
« Je comprends, dit-il. Mais si tu le tues maintenant, nous ne récupèrerons jamais notre argent. »
Le membre de Medusa plia légèrement le bras droit, sa main gantée se portant à sa taille. Et derrière les pans de sa cape, Jimin reconnut l'éclat argenté d'une arme à feu. Il déglutit et ses yeux revinrent au masque blanc qu'il portait.
« Je n'ai que faire de votre mission, dit la voix caverneuse. Je dois tuer cet homme ce soir. Et rien ne m'en empêchera. »
Jimin ouvrit la bouche, chercha ses mots. Et avant qu'il eût pu dire quoi que ce soit, Taehyung s'avança d'un pas menaçant et braqua son arme sur le tueur.
« Hors de question ! »
Hoseok manqua s'étrangler de surprise tandis que Jimin s'agitait à côté de son ami.
« Qu'est-ce que tu fais, bordel ? », demanda Jackson dans un murmure, complètement ébahi.
Inébranlable, le regard de Taehyung restait fixé sur le membre masqué. Il tenait fermement son arme à deux mains et la détermination qui brillait dans ses yeux sombres fit craindre le pire à Jackson. Sans le regarder, Taehyung lui souffla :
« Prenez Oh et cassez-vous. Je m'occupe de celui-là.
— Arrête ça tout de suite ! On n'a pas le droit de causer des problèmes à d'autres gangs ! siffla Jimin en crispant sa mâchoire.
— Ce n'est pas nous qui lui en causons. C'est lui ! », gronda Taehyung, sa prise se resserrant sur l'arme.
Stupéfait, Jimin se figea. Un bruissement attira son regard sur le tueur à gages. Celui-ci avait dégainé son propre pistolet et tenait à présent Taehyung en joue.
« Ne joue pas à ça, prononça-t-il de sa voix rauque. Vous n'êtes que des intimidateurs, je l'ai vite compris. Vous ne savez sans doute même pas tirer. »
Son ton était si condescendant que Taehyung dut étouffer un cri de rage.
« Ça, c'est toi qui le dis ! »
Et il fit feu, visant l'épaule droite de son vis-à-vis. Celui-ci évita sa balle et riposta. Taehyung s'abaissa au dernier moment et se tourna vers ses camarades derrière lesquels se cachait toujours Kwan.
« Partez ! », hurla-t-il.
Puis il bascula sur le côté, évitant un nouveau projectile avant de se relever promptement, de répondre et de gagner un amoncellement de morceaux de tôle qui lui servit de protection. Il reprit son souffle puis se pencha sur le côté et tira sur la silhouette qui, à son instar, s'était réfugiée derrière un ensemble de coffres en métal.
Taehyung serra les dents lorsqu'il le vit viser ses amis et Kwan qui traversaient le hangar en courant. En jurant, il sortit de sa cachette et courut vers celle de son ennemi tout en vidant sa cartouche sur lui. Il se rabattit derrière le tas de toiles, le temps de recharger son arme et de faire entrer la première munition dans la chambre. Puis, il avisa la silhouette masquée qui s'était dirigée vers une palette à roulettes sur laquelle furent entassées plusieurs plaques de métal. Il s'abattit sur elle sans s'arrêter de courir et l'emporta dans son élan.
Taehyung comprit aussitôt.
« Attention ! », s'époumona-t-il à l'adresse de ses amis.
Ces derniers ralentirent légèrement pour jeter un œil derrière eux. Juché sur les plaques, le tueur à gages leur fonçait dessus. Taehyung jura de nouveau et se mit à sa poursuite. Mais il était trop tard. Il suivit au ralenti la course de la palette.
L'arrêt brusque de ses amis exposa le corps de Kwan. Le tueur fut rapidement devant lui et tira.
Dans un bruit étouffé, la balle toucha l'homme d'affaires en plein milieu du front et son corps s'écroula immédiatement. Horrifiés, Jimin, Jackson et Hoseok l'observèrent choir.
« Mais fuyez, putain ! », vociféra de nouveau Taehyung, complètement tétanisé par la tournure des événements, avant d'ouvrir le feu sur le membre masqué.
Ce dernier se réfugia derrière la coque d'un futur navire de plaisance et Taehyung eut le temps de rejoindre ses amis en agrippant le bras de Hoseok pour les obliger à aller se cacher plus loin. Mais ils se jetèrent tous à terre dès qu'une pluie de balles ricocha au-dessus d'eux. Taehyung se retourna et ses yeux exorbités fouillèrent le hangar à la recherche d'une solution.
Près de lui, Hoseok se mit à s'agiter, fouillant ses poches. La grenade incendiaire qu'il parvint à en extraire roula sur le sol et la main de Taehyung s'abattit sur elle par réflexe. Il n'hésita qu'une seconde avant de l'activer, de viser, d'étirer le bras et, les dents serrées, de la lancer sur leur ennemi.
L'explosion enflammée qui s'ensuivit projeta le corps du tueur à gages et quelques autres objets à plusieurs mètres tandis que le bateau, sous l'onde, se renversait dans un terrible grincement. Taehyung se protégea le visage des bras, mais vit clairement l'homme retomber lourdement et rouler longuement sur le sol avant de s'arrêter, face contre terre, inerte.
En prenant conscience de la conversation étouffée de ses compagnons d'armes, Taehyung perçut le léger sifflement qui résonnait dans ses oreilles. Ses yeux ne voyaient que la silhouette noire du tueur à gages. Il s'assit difficilement pour mieux l'observer et, lorsqu'il le vit se redresser sommairement en s'appuyant sur ses bras, il s'agita.
« Vite, on se casse ! », les pressa-t-il.
Autour d'eux, le feu causé par l'explosion se propagea. Taehyung aida Jackson à se relever et héla Jimin et Hoseok pour qu'ils les rejoignent, ayant été emportés par l'onde. Peu sûrs sur leurs jambes, les quatre compagnons sortirent du hangar en s'épaulant.
Arrivé dehors, Taehyung ne put s'empêcher de s'arrêter et de se retourner. Au milieu des flammes, la silhouette sombre du tueur s'était redressée et semblait le dévisager.
Taehyung lui rendit son regard, un fort et étrange sentiment de regret au fond de la poitrine.
« Taehyung ! Qu'est-ce que tu fous ? Il y a les flics qui débarquent ! »
Ce dernier sortit de sa torpeur et revint vers ses amis qui lui enjoignaient de les suivre avec de larges gestes du bras. Rapidement, ils remontèrent la pente jusqu'à la voiture et démarrèrent en trombe.
À l'entrée des docks, les sirènes des voitures de police retentissaient.
☾
Jungkook s'était relevé avec force difficultés. L'entrepôt était enflammé et il était encerclé par le feu. Au loin, il entendait les sirènes. Il devait fuir ; la police serait bientôt là. Mais alors qu'il se retournait pour gagner le fond du hangar, ses yeux tombèrent sur des barils d'essence qu'il n'avait pas remarqués, alignés le long du mur, près de la première cachette de son ennemi et que les flammes étaient près d'atteindre.
« Merde ! », grogna-t-il, l'effroi enserrant sa poitrine.
Repoussant sa cape qui le gênait dans ses mouvements, il rangea avec précipitation son arme et prit ses jambes à son cou. Avec une vélocité extrême, il traversa le hangar, repoussa les portes, s'élança sur le ponton qui se trouvait là. Derrière lui, une nouvelle explosion retentit, plus forte, plus importante. L'arrière du bâtiment vola en éclats et la force de l'onde le souleva de terre et le propulsa violemment en avant. Il eut à peine le temps de se recroqueviller avant de tomber dans le fleuve.
Il s'enfonça dans les eaux noires en fermant les yeux et attendit d'avoir perdu de l'élan pour battre des bras et des jambes afin de remonter à la surface. Lorsqu'il immergea, il se débarrassa de son masque qui avait glissé vers le haut de son crâne, prit une grosse gorgée d'air et se tourna vers le hangar. De larges flammes finissaient de le dévorer. Au-delà de leur bruissement, des exclamations étouffées lui parvinrent. Soucieux d'être repéré, il récupéra son masque et nagea rapidement vers la rive opposée, à l'orée de la forêt.
Une fois sur la berge, il sortit avec précipitation du fleuve. Mais sa combinaison et sa cape gorgées d'eau s'étaient alourdies et il s'écroula sur l'herbe, sonné et épuisé. Il bascula sur le dos, prit le temps de récupérer son souffle, passa une main nerveuse sur son arme, qu'il avait précipitamment rangée sur son côté droit en fuyant. Puis se redressa, prêt à reprendre sa course à travers les bois. Une grimace se dessina sur ses lèvres lorsqu'il se releva. Ses côtes lui faisaient mal. Il devait avoir quelques égratignures et hématomes. Peut-être quelque chose de plus grave.
« Putain, tout ça pour ça », grogna-t-il à voix basse en serrant les dents sous la douleur.
Il gagna malgré tout l'orée de la forêt et disparut dans la nuit tombante.
𝑹𝑶𝑴𝑬𝑶. – 𝑯𝒆 𝒋𝒆𝒔𝒕𝒔 𝒂𝒕 𝒔𝒄𝒂𝒓𝒔 𝒕𝒉𝒂𝒕 𝒏𝒆𝒗𝒆𝒓 𝒇𝒆𝒍𝒕 𝒂 𝒘𝒐𝒖𝒏𝒅.
(𝑅𝑂𝑀𝐸́𝑂. – 𝐼𝑙 𝑠𝑒 𝑟𝑖𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝑝𝑙𝑎𝑖𝑒𝑠 𝑐𝑒𝑙𝑢𝑖 𝑞𝑢𝑖 𝑛'𝑎 𝑗𝑎𝑚𝑎𝑖𝑠 𝑟𝑒𝑐̧𝑢 𝑑𝑒 𝑏𝑙𝑒𝑠𝑠𝑢𝑟𝑒𝑠.)
– 𝙰𝚌𝚝 𝙸𝙸, 𝚜𝚌𝚎𝚗𝚎 𝟸 –
𝐴̀ 𝑠𝑢𝑖𝑣𝑟𝑒...
Alors, cette partie I ? ^^
RDV tout de suite pour la partie II !
Et... accroche-toi 🌝
𝑾𝒊𝒕𝒉 𝑳𝒐𝒗𝒆, 𝑫𝒂𝒓𝒌 𝑬𝒚𝒆𝒍𝒆𝒕 🖤
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