
𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝕾𝖎𝖝
saison trois
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CONFUSION
錯乱
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— « Je ne dirais rien !»
Un cri déchirait le calme de la carrière, les paupières de la rêveuse s'ouvraient brusquement, un rythme cardiaque au galop, son cœur tambourinait contre ses tempes proliférant sa migraine spectrale similaire à l'impression d'accueillir un orchestre.
Ses prunelles se déposaient sur l'endroit où elle résidait, allongée dans un lit poussiéreux, contre le mur d'une chambre plongée dans la pénombre, elle entrevoit un bureau sans utilitaire, supervisé lui-même par une fenêtre. Les rayons lunaires étaient l'unique source de lumière dans cette pièce si sinistre.
Entre ses lèvres bleutées par le froid tempéré, un gémissement s'évadait. Nelly retirait d'un geste la couverture, seul cocon de chaleur, dévoilant ses jambes nues. Sa cuisse droite pansée d'un bandage plus rouge que blanc.
Elle ne se souvenait plus de rien après son évanouissement, ignorant qui l'avait soigné et couché dans cette literie. Vêtue encore de sa chemise, elle se doutait que ce n'était pas la première division qui les avait finalement capturés, sinon, premièrement, elle en serait dévêtue, deuxièmement, ils la mettraient pas dans un plumard.
— « Ahh !»
Des spasmes traversaient sa peau découverte, ses jambes balançaient vers l'extérieur du pieux, elle manquait d'injurier face à l'aigre fraîcheur du parquet grinçant.
La brune, accoutrée de son chemisier qui lui couvrait à peine les fesses, tressautait une nouvelle fois à l'entente de ce hurlement si approprié à la douleur.
Conduite par l'ivresse de la curiosité, Zackley ouvrit la porte. De nature méfiante, ses sens se dressaient, aux aguets. Ses yeux avaient inspecté la chambre, aucune arme, son équipement disparu, tout comme son pantalon, elle doutait que ce ne soit pas, finalement, la division centrale.
Sans oublier la plaie saignante, bandée, lui renouvelant un coup de poignard à chaque pas commis, les dents serrées.
Un couloir, avec trois autres portes clôturées, défilait quelques lumières d'une bougie où la flamme peinait à rester animée. Les murs de bois tracent directement la route vers la descente aux Enfers.
Personne.
Le froid s'immisçait dans cette bâtisse, plutôt mal isolé, les courants d'airs torturaient la peau de la bourgeoise, morte de froid.
En descendant les marches, une épreuve complexe vis-à-vis de sa jambe, elle faisait face à un battant entrouvert. Des chuchotements, son visage se tordait à essayer de discerner des mots concrets.
— « Vous avez une idée du pourquoi aucune guerre n'a jamais éclaté entre les murs ? Le regard de l'homme subissant les sévices des Caporaux se transformait en fierté. Parce que la première division s'est toujours sali les mains pour l'empêcher. Un enseignant un peu trop malin, une femme un peu trop intrusive, un couple d'idiot qui tentaient de voler, une catin dans une ferme de pécores, l'humanité a survécu parce qu'on a éliminé ces agitateurs ! Vous devriez nous remercier ! D'ailleurs j'ai jamais vu une personne aimant autant torturé. Bande de monstres ! Mais vous ne me faîtes pas peur, parce que moi, je crois en notre Roi. Allez-y torturez moi jusqu'à la mort, ça conclura ma vie maculée de sang.»
La châtain approchait à pas de loups, se faufilant dans la pièce. De dos, elle pouvait remarquer Hansi, une femme au caractère très complexe, amoureuse des titans et des secrets inavouées, puis le jais, un tablier couvrant son torse pour éviter de se salir.
— « Une femme un peu trop intrusive ?»
Elle scrutait de ses iris le torturé, les mains attachés à sa chaise. Les deux Caporal s'écartent à cette nouvelle voix, tandis que le prisonnier aérait sa bouche aussi grandement que les portes du Mur Maria défoncé par le titan Colossal.
— « Nomie Zackley ?»
Les deux supérieurs se retournent simultanément vers la concernée, en quête de réponse. La plus grande, en taille des deux, connaissait Nomie Zackley de nom, épouse de Daris Zackley, la femme fut retrouvée morte il y a des années, écrasée au sol, s'étant jetée du haut du mur, un suicide.
— « Comment tu peux être encore en vie ?!»
Les mains de la prétendue Nomie tremblaient, un désert de feu s'écoulait dans sa gorge à l'entente du prénom de sa mère. Le violenté ressemblait plus à un aliéné qu'un saint d'esprit, se tortillant sur sa chaise dans le but de s'éloigner de ce fantôme revenu des tréfonds.
— « Tu t'adresses à Nelly Zackley, soulignait calmement Hansi pour effacer la confusion.
— Comment connaissez-vous ma mère ?»
Son esprit tissait le lien aussi facilement que coudre un pull lorsqu'on possède cent mains à la fin même de son interrogation. Les yeux affolés de cet homme, elle comprenait ce qu'il avait fait.
Nelly, repensait cette dernière, les paroles de sa défunte mère :
Ne parle jamais de ce que je t'ai dit, ce qui ne doit pas être évoqué, doit être enterré.
Les paupières noyant dans des larmes, la jeune femme courait vers l'homme, ignorant la douloureuse épine de sa cuisse propulsée dans tout son être, un cri de rage brisant la sécheresse aride.
Le Caporal Hansi ne s'attendait pas à son impulsion, au contraire de Livaï qui l'attirait sans grande difficulté, un bras autour de sa taille pour la reculer, contre son torse.
— « On va faire une pause, ordonnait-il
— Je vais te tuer ! Je vais te faire la peau ! Lâche-moi ! Livaï !
— Oi arrête de me gueuler dans les oreilles.»
La bourge se débattait corps et âme pour se libérer de l'emprise du jais.
— «C'est un ordre ! Lâche-moi !
— Et votre majesté veut peut-être mon pied dans sa gueule histoire qu'elle se taise.»
Un regard pour sa coéquipière, le noiraud sortait de la pièce, claquant la porte dans un bruit sourd, remontant les marches précédemment descendues par Nelly. Elle revenait à son point de départ.
— «Tu me fais mal !»
Ne se préoccupant pas de ses jérémiades, le brun la balançait vulgairement dans sa chambre plus historiée de cafards que d'or.
Une injure poussait par la victime de sa violence, il refermait d'un coup de pied la porte avec la même délicatesse que la précédente.
— «C'est quoi cette histoire ?»
Nelly se relevait à l'aide du bureau, mains posées sur la surface pour se soulever, aucun mot ne sortit de sa bouche à sa question à l'apparence d'un ordre.
— «Je ne me répéterai pas !»
Zackley, encore accoudé sur le secrétaire, se retrouvait subitement allongée dessus. La moitié de son corps, en dessous des fesses, encore dans le vide, ses mains liées par une poigne aussi ferme qu'un mercenaire, elle n'avait jamais vu Livaï aussi dépourvue de patience, une vertu perdue depuis bien des années.
L'homme, coiffé à la undercut, pressait son bassin contre celui de la jeune femme, figeant son regard aciers au sien. Nelly frissonnait, non pas de plaisir de se retrouver dans cette position avec lui, mais de vertige, à ce moment, le Caporal angoissait ses sens aguerris.
— «C'était ma mère, Nomie est morte il y a des années, qu'est-ce que tu veux que je rajoute de plus ?
— Et tu crois que la première division se serait occupée d'elle sans raison valable ? Ils tuaient ceux qui représentaient une menace à la vérité ! Alors arrête de me mentir ou...
— Ou quoi Livaï ?!»
Sa poitrine se compressait, le Caporal perçait, pour la première fois, Nelly Zackey sans son arrogance, son cynisme, déversant sa tristesse sans rempart. Elle était dévastée.
La main tenant ses poignets se resserrait, lui décochant un soupir à son martyre. Les rayons de lune éclairaient chaque larmes au coin de ses magnifiques iris, la femme, âgée de 27 ans, venait d'apprendre l'identité du meurtrier de sa mère, l'origine de son suicide déguisée en ce mensonge si bien ficelé qu'elle n'avait jamais cru.
Et pour les rares fois qu'il en éprouvait, il détestait assister à cette scène de chagrin, origine de compassion ressortant des abysses de sa carapace. Celle qu'il chérissait tant à ses yeux sanglotait sous son pauvre corps envoûté de frustration.
Le souffle de Livaï se fracassait sur ses joues imprégnés de tristesse, il essayait, tant bien que mal, de s'y éloigner. Impossible. Comment se défaire de son aura si aphrodisiaque, de son parfum amphé à la lavande, ou encore son sourire hypnotique, désireux d'être le destinataire.
Sa main, bouillante, se déposait sur la cuisse de la blessée, frissonnant entre les deux températures à des années lumières d'être de même intensité.
— «Livaï qu'est-ce que tu fais ?
— Je n'aime pas les chialeurs.»
Une réplique digne de réaliser une nouvelle vague de lamentation pour certains, néanmoins, elle, elle comprenait bien que derrière ses paroles si dures se cachait une amertume. Voir une personne pleurer ne faisait plaisir à personne, et lui, soit ça le faisait chier de l'entendre brailler, soit il ne supportait pas de voir d'autres afficher son chagrin au-devant de tous, l'obligeant à se carapater dans son fort.
— «Arrête, tu veux me soutirer des informations que même moi j'ignore.
— Je sais que tu mens. Le nez de son subordonné hiérarchique effleurait sa mâchoire parsemée de frissons. Tu caches quelque chose et ça depuis que je t'ai rencontré la première fois. Lorsqu'on te regarde, on sait pertinemment que tu sais tout, que t'es assez futé pour fouiller dans les affaires des autres sans te faire prendre. On a assez d'emmerdes comme ça Nelly, alors si tu sais quelque chose, crache le morceau ou c'est moi qui t'arrache la langue.
— La dernière fois que j'ai parlé avec elle, elle me demandait pardon pour ce qu'elle avait fait. Livaï l'observait minutieusement l'incitant à continuer ses révélations. Elle n'arrêtait pas de me répéter qu'il ne fallait pas déterrer ce qui devait rester enseveli.
— Si elle te l'a dit, c'est que tu ne dois pas parler non plus d'une chose qu'elle t'a déconseillé d'évoquer, je veux savoir c'est quoi.
— De sa recette de gâteau de riz peut-être ? Livaï, j'en sais rien, j'étais une gamine, je savais même pas lire, puis je logeais pas i...»
Un éclair foudroyant son crâne, torturant celui-ci d'une migraine atroce, sa prunelle de sang frétillait aux aurores d'une explosion enfouie. Elle essayait de repousser le noiraud, surpris par sa vivacité soudaine, Nelly tenait sa tête entre ses mains, redressée, assise sur le bureau.
— «M'oblige pas à y retourner.»
Le Caporal l'écoutait, son regard posait sur la femme possédée par son deuil. En cet instant, il pestait de ne pas savoir de quel mal elle semblait souffrir.
— «Gamine ?»
Retenue de peu par le Caporal, elle tombait à genoux, ses larmes se déversant, brutalisent le sol.
Sa respiration s'accentue, ne sachant que faire d'autre que planquer ses mains sur sa cage thoracique, l'air obstrué, inaccessible. La fille du Général était en train de faire une crise d'angoisse.
— «Oi, oi, oi ! Nelly !»
À son chevet, il posait ses mains sur ses joues, levant son visage de force. Un émoi le traversait son être face à son œil enfiévré par le tourment. Voilà des années qu'ils se fréquentaient, et pourtant, Livaï avait l'horrible impression d'être, encore, impuissant, de ne pas la connaître assez pour lui porter secours.
La panique, un sentiment qui le définissait dans ce moment où ses barrières de glaces implosaient pour offrir au monde la personne qu'il est vraiment.
Un simple humain pourvu d'émotions et de sentiments.
— «Calme-toi ! Bordel pourquoi tu me fais ça maintenant ! Hansi !»
Horrifié, il n'avait jamais eu affaire à ce genre de convulsion, désarmé à ce qu'il devait commettre pour l'apaiser, il fit la chose qui lui semblait le plus efficace à ce moment-là.
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