
𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝕯𝖊𝖚𝖝
saison trois
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HERITAGE
遺産
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— «Nelly, qui est le plus dangereux selon toi ?»
La jeune fille ressassait cette discussion entretenue entre elle et son père, passée depuis quelques heures maintenant.
De par leurs tailles, ces géants impressionnent et convoquent couardise chez la plupart des soldats. Ils abandonneraient tout pour sauver leurs culs.
Zackley apercevait la finalité de cette spéculation, l'homme bénéficiait d'assez d'intelligence pour fuir devant un combat déjà prédit par les augures des déesses des murs.
Ne serait-il pas plus dangereux d'offrir sa confiance à un homme capable de déguerpir si la situation tourne en sa défaveur ? L'être humain se pourvoit de neurones ordonnés d'un sens de la survie décuplée, le bataillon dérogeait à cette réglementation conservatrice.
Des suicidaires.
Ce corps de l'armée avait gagné le respect de la Zackley numéro trois, parmi sa génération, ignorant les difficultés à devoir brandir des cadavres à chaque retour avec comme argument : exterminer les titans pour préserver une humanité cachée derrière des remparts.
Pour elle, ce groupe d'ailes symbolisait la liberté, avec pour illusion de voir un jour les murs s'écrouler sur un monde idéal. Néanmoins, si cela venait à advenir, Nelly savait que cela ne serait qu'une utopie.
Admiratif du major de la division spécialisée dans les expéditions extra-muros, Erwin Smith, il jouait, malencontreusement, avec l'ascenseur émotionnel des citoyens, et plus encore dans ceux où leurs enfants avaient décidé de s'engager avec lui. Un jour, il offrait l'aspiration, le lendemain il brûlait cet espoir en dévoilant le nombre de morts sans aucune nouvelle avancée à prôner face à ses sacrifices.
Enragée par cette arrestation, la cavalière montrait sa colère à sa monture qui s'empressa d'accélérer.
La totalité des membres du bataillon se trouvaient en fuite, des fugitifs, ou en train d'être arrêtés. Et son frère se trouvait dans l'un des deux camps.
— «Tu me demandes de rejoindre l'homme le plus fort de l'humanité, celui qui est aussi fort qu'un bataillon tout entier à lui seul ? Qu'est-ce qu'il a ? Ses parties sont devenues trop lourdes à porter, il a besoin d'aide ? Nelly croisait les bras, un sourire fleurissant sur son visage. Il va pas se retrouver devant cent hommes enragés à lui arracher ses muscles ? Si ? Le silence de son père lui confessait que sa réflexion n'était pas très loin de la vérité.
— Nelly n'insiste pas. Tu dois le rejoindre avant qu'ils ne le trouvent.
— Papa, tu parles de qui quand tu dis ils.
— Monsieur Zackley.»
Le père tendait un parchemin usé, plié en quatre, à sa fille, au moment où un militant des licornes se permit d'interrompre leur conversation.
— «Lis-le quand tu seras à Trost, pas avant.»
Son cheval, à la robe alezan, galopait pour se rendre dans ce district de mauvaises augures pour poursuivre les directives de son paternel. Son ignorance nourrissait sa curiosité à l'idée d'une mission aussi étrange que périlleuse.
Entrevoyant la porte de l'enclave sud du mur Rose, un sourire parfaire son visage séraphique, son euphorie à son apogée, obstruant quelques secondes les obscures raisons de sa présence requise ici.
— «Qui l'a écrit ?
— Moi, allez file !»
La brune émanait un mélange de méfiances et d'incompréhension, Daris n'écrivait jamais de lettre officiellement destinée à sa cadette. Elle devait, toujours, le lire à haute voix face à une équipe. Cette fois, le message devait être officieux, cachant des confidences qu'une minorité seulement pouvant se vanter de connaître ou des confidences personnelles à son égard.
Les grappins de son équipement tridimensionnel s'agrippaient d'ores et déjà sur la façade de Trost, se hissant dans une escalade de cinquante mètres de hauteur.
Composé d'un harnais de sécurité marron, englobant la quasi-totalité des jambes ainsi que son torse, la jeune femme n'avait rien d'une athlète pour prétendre être apte à maîtriser parfaitement cette invention. Crée dans le but de trancher et voler vers leurs nuques titanesques, les brigades d'entraînements étaient présentes pour s'atteler à la tâche d'apprendre aux nouveaux et nouvelles à dompter la gravité.
Une période catastrophique, les essaies infructueux à réussir à coordonner ses mains et pieds, elle avait vite abandonné. Et Nelly se souvenait encore des insultes de son instructeur.
Cependant, elle écopait d'un atout considérable : l'équilibre.
Dans les airs, sa mouvance et son habileté lui sauvèrent la vie plus d'une fois. Parmi la majorité des soldats entraînés et modelés pour tuer des titans lors d'une attaque sans se faire croquer une jambe au passage, elle se dressait tout de même aisément dans les premiers.
Néanmoins, couper de ses sabres la peau de l'ennemi s'avérait plutôt compliqué.
Le summum du mur visé, ses ancres accrochaient, elle déployait le gaz des bonbonnes prévues à cet effectif, volant sans ailes jusqu'au sommet.
Un rêve transformé en réalité l'espace d'une seconde, fendre l'air, voler, frappé par un vent tempétueux, elle ne s'était jamais aussi vivante que sur le sol infructueux aux récoltes.
Son pied contre le mur, la cadette surplombait toute la ville, contemplant le paysage et les oiseaux s'envolant dans les cieux. Les histoires racontaient aux vivants sur les morts, montés au ciel, évoquaient la réincarnation. Elle espérait, à sa mort, renaître de ses cendres en un moineau, frêle, mais libre.
Un genou au sol, le fil de son équipement qui, d'un clic, le rembobinait automatiquement, elle déposait son sac à dos sur la pierre. Madame Ronnie, la gouvernante, lui avait confié ce sac de vivres, selon ses dires, cependant son expression anxieuse trahissait le réel contenu de ce bagage.
Tenu par les hanses, les secousses frénétiques se chargeaient de le vider, et, par la surprise, un mouvement de recul se fit à la découverte d'un appareil atypique, et non de la nourriture pour ce long voyage.
Nelly,
parmi toutes ses marionnettes, tu es l'une des rares à qui je fais encore confiance. Malgré que nous partageons le même sang, je ne confierais pas cela à Vidia. Tu sais, je crois que les brigades spéciales lui retournent le cerveau contre nous, contre ses propres valeurs, depuis sa mort, elle a faibli.
Destiné à être un équipement traditionnel, la jeune femme remarquait une chose étrange, des armes à feu remplaçaient les sabres pourfendeurs.
J'ignore où se trouve Reid, Le Caporal Hansi n'a pas été arrêté, et j'inspire à croire qu'il est encore à ses côtés. Tu es la dernière carte que je peux encore jouer dans cette partie infernale.
Les frissons traversaient sa peau, malgré qu'elle essayait de trouver une justification à sa véritable utilisation, la raison explosait devant elle. Un titan se tordrait de rire face à ces flingues.
Enfin, s'ils savaient s'exprimer et transmettre des émotions autre que la faim.
Te souviens-tu de nos discussions sur les plans que Reid avait aperçu dans les ateliers du gouvernement ? Je ne le savais pas avant de le surprendre quelques jours après son acte mais ce gamin en avait subtilisé un et, bien entendu, tu sais où il l'a caché ?
Son sang remontait dans ses oreilles, l'effroi emballait son cœur à la limite d'une crise d'angoisse, le silence brisé par les chants feuilletés des arbres en contrebas, cet équipement servait à tuer des humains.
Sous son lit. Quel idiot. Bon sang, je remercie le ciel de m'avoir offert deux filles en contrepartie. A ton départ, je ne tarderais pas à rejoindre Mitras, je suppose qu'Erwin me proposera un de ses plans ambitieux pour, enfin, déléguer le gouvernement dans les mains d'une personne qui sera à la hauteur et pour sauver sa tête au passage.
Tu ignores encore beaucoup de choses Nelly, et pourtant, ta capacité à déduire la justesse des faits est incroyable. On pourrait même dire que tu les provoques rien qu'en parlant, que tu portes malheur.
C'est ce qu'on disait de ta mère. Beaucoup trop souvent.
Tu es la seule à avoir hérité de cet œil visionnaire, si certains pensent que tu annonces la mort, j'ai tendance à croire que tu les avertis avant le déluge. Au début, je la prenais pour une folle avec ses oracles, et désormais, je repense à toutes les choses qu'elle a énoncé qui sont en train de se produire.
Ses paupières se fermaient un instant face à ces mots, lettre en main, elle lisait ces paragraphes assis au sol pour examiner ces armes d'une nouvelle génération. Sa mère était une prophétesse ?
Le cerveau de la jeune femme s'emmêlait entre toutes ses informations, habituellement, les lettres de son père étaient directs, quelques phrases, des ordres, et exécution.
Et face à ces écrits, elle pourrait croire qu'il se confiait à un journal intime où il déchira une page pour le lui délivrer. Nelly sentit une larme dévaler sa joue, cette distinction physique était surtout une malédiction pour elle, rien de plus.
Je sais que tu vois plus de choses que tu ne veux le dire, tu n'as pas confiance, et tu as raison. En réalité, je dois te l'avouer, face à cette mission où je suis incertain sur le fait que tu reviennes en vie, Nomie vous a tous laissé un héritage.
À ce mot, les doigts de la brune se glaçaient sur les sangles de son harnais. La tristesse frappant le gravier inconfortable du haut du mur. Combien de fois, avec Erwin, ils s'étaient posés cette question : Pourquoi les vieux n'ont pas laissé d'héritages aux plus jeunes ?
Tu dois trouver Livaï.
Daris Zackley
Le prénom du Caporal ressurgissait des abysses. En réalité, elle n'oublierait jamais l'étiquette qui le poursuit : l'homme le plus fort de l'humanité.
Ainsi que ces sombres origines.
La cavalière se demandait, surtout, pourquoi on l'envoyait le rejoindre dans une mission aux intentions nébuleuses. Et puis, ces phrases, elle vouait une haine envers Daris, son propre père, désireuse de faire demi-tour et fouiller tout le bâtiment pour retrouver ces fameux héritages.
Elle comprenait mieux pourquoi le Général insistait sur le fait qu'elle le lise à Trost, dans l'incapacité de revenir sans mettre en péril la tâche qui lui avait été confié.
Cependant, une question restait sans réponse. Daris n'insistait pas sur ses déclarations, alors quel intérêt de répéter, deux fois, de retrouver le Caporal Chef. Surtout que la relation qu'ils partageaient, entre Nelly et Livaï, avoisinait le seuil de la haine et braver celui du désir dans l'attente d'oublier tout ce merdier.
Impétueux, incontrôlable, le soldat à la coupe undercut était la personnification même d'un typhon. Un risque naturel, imprévisible et destructeur que les habitants ne pourraient éviter. Son tempérament, aussi violent que impénétrable, titillait les plus audacieux de s'y jeter.
Au contraire de Nelly, enrôlant les flammes d'un feu ardent, son assurance défiait toutes épreuves, insolente et rebelle, elle brûlait les plus aguerris sur son passage en dépit de ses difficultés. Là où elle piquait, elle marquait au fer rouge son passage.
En songeant à cela, la demoiselle souriait. Finalement, ils se déchiraient autant que d'avoir besoin l'un de l'autre. L'eau éteignait le feu, le feu réchauffait la température polaire de l'eau en quête de chaleur.
Ils étaient complémentaires, et Daris l'avait bien compris.
Aussitôt, un bruit sourd coupait court à ses réflexions, Nelly tourna ses iris vairons vers la provenance de la source, et ce qu'elle discernait, au loin, ébouillantée son hardiesse.
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