
𝕮𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝕮𝖎𝖓𝖖
saison trois
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INNOCENT
無垢
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La main de son amie d'enfance frottait son dos, se préoccupant de son état, certes, pas physique, mais mentalement. Ce dernier n'était pas une personne fragile, mais face à la brutalité de la réalité de ce monde, Armin se trouvait contraint de se protéger, de s'enfermer dans ses idylles d'un monde meilleur, en tuant le moins possible.
Seulement, les sacrifices gisaient sur la terre, inévitables.
— « Je l'ai tué. Son regard vide traduisait sa culpabilité vis-à-vis de son geste. J'ai pressé la détente si facilement.
— Jean allait mourir si tu ne l'avais pas fait.» répondait l'asiatique calmement, ce geste se catégorisant dans de la légitime défense.
Le blond vidait le peu de nourritures, de son estomac, dans le fleuve qui traversait Trost, écœurant d'avoir tranché face à ce dilemme, il y avait toujours une deuxième solution en cas d'urgence, un plan B pour soutenir l'échec du plan A.
Comment avait-il pu lui ôter la vie ?
Tous deux humains, fournis d'un cœur battant, cependant, Arlert pensait que le sien cessait de battre, ne méritant plus la vie. Une impression horrible qui l'étranglait.
Comment Mikasa, ou même les autres, pouvaient-ils vivre avec cette main autour de la gorge ?
Son esprit cognait contre ses parois, il devait arrêter de réfléchir et de ressasser ce moment des milliers de fois, réaliser un barrage au potentiel "et si" s'insinuant dans chacune de ses phrases.
— « Ça t'as fait ça aussi, Mikasa ? Armin sanglotait déversant ses larmes de culpabilité se perdant dans le courant qui emportait bien des remords depuis des décennies. Désolé.
— C'est rien.
— Pardon...pardon.»
Le climat accablait les épaules du soldat, le vent lui confessait sa véritable nature : un criminel.
La rapidité des événements s'estompait pour laisser place à un instant de lenteur conductrice pour le blondinet. Si l'air lui insuffle le déshonneur, sa raison insistait sur un fait.
Sans cela, Jean serait mort.
Et malgré qu'elle avait semblé éprouver de la réticence à tirer sur le jeune homme, il ne pouvait pas espérer qu'elle allait se ranger de leurs côtés et abandonnerait l'idée de les tuer pour aboutir à la réussite de sa propre mission.
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L'attention rivée sur le petit génie, aucun ne possédaient le temps d'alerter, par des cris, la venue de trois soldats supplémentaires, arrivant juste derrière eux.
Nelly s'écarte à l'instar de sa survie, de manière à éviter de se retrouver dans la ligne de mire, blessée, encore une seconde fois, par une balle.
La jeune femme commençait à ressentir un vide permanent autour d'elle, pourtant inexistant vu l'agitation. Sa lucidité embrumée par le supplice devenu lancinant, l'adrénaline ne pouvait continuer à la porter, elle ne distinguait plus la différence entre alliés et ennemis.
— « Merde, Armin, Jean !»
Des coups de feu, encore et encore, la châtain atterrit en masse sur le gravier du chemin principal, ses coudes posés sur un étal vide de bois.
Les images défilaient de manière imprécise, flou, elle ressentait l'horrible pression d'avoir poussé le bouchon un peu trop loin, au-delà de ses limites habituelles.
La recrue Springer s'approchait avec prudence, d'un œil avisé, il observait son état de haut en bas. Ses yeux s'immobilisent sur la plaie béante de l'inconnue, pour lui, à sa cuisse. Connie ne tournait pas le dos à son humanité, éprouvée par un altruisme naturel.
— « Tu vas bien ?»
Un rictus à l'intention du rasé, elle répondait :
— « Ne t'inquiète pas, va plutôt les aider.»
À la prononciation de ses mots, ses paupières fermaient le monde vaporeux à son esprit, son corps se pressait de suivre les ordres de son cerveau : s'écrouler.
Le monde sur ses épaules, ses jambes cédèrent à la tentation de se reposer, sans efforts.
Le garçon la rattrapa de justesse dû à ses réflexes aiguisés, travaillés, depuis son intégration dans l'armée.
— « Oh ! Réveille-toi !»
Une main sur sa taille, il essayait, tant bien que mal, de la poser avec délicatesse dans la poussière, il ne manquerait plus qu'elle se cogne la tête, autant éviter une autre blessure.
Connie levait son attention, le chariot, qu'ils démenaient à rester secret contenant Eren et Historia, prisés pour des raisons obscures, venait de passer la porte intérieure de Trost, désormais, entre Rose et Sina.
— « C'est trop risqué ! On se replie !»
Son estomac se serrait en voyant Mikasa hurler le nom de son frère adoptif, malgré les tentatives vaines de fuir la prise du Caporal qui la retenait fermement.
Le plan volait en éclats, la blonde et l'idiot suicidaire arrachés, de nouveau enlevés. Springer ne comptait plus le nombre d'enlèvement qu'Eren devait avoir à son actif.
L'estropiée dans ses bras, il semblait se souvenir de sa présence par son poids, et surtout, son sang dégoulinant toujours de son entaille.
— « Caporal !»
Le concerné se retournait, les nerfs ébréchés par le fiasco de la mission, ils venaient de perdre les deux personnes qu'ils étaient censés protéger.
Néanmoins, son irritation se transformait en inquiétude face à Nelly, inconsciente.
Puis, il comprit.
Lorsque celle-ci lui sauva la vie, in extremis, une balle avait fugué sans qu'il ne soit touché, lui. Et elle, elle n'écopait pas de la même faveur.
Ce sentiment de brûlure revenait au galop, l'emprisonnant dans l'épouvante d'un monde imaginaire où elle n'existait plus, abattu par son manque de professionnalisme, par sa faute.
Tout comme ses deux anciens compagnons, le jais désirait les protéger de toutes menaces, et impuissant, il n'arrivait à tenir cette promesse. Il assistait toujours à la perte des êtres aimés des autres, lui, il évitait tout simplement d'aimer.
L'homme, à la coupe undercut, voulait se ruer vers la jeune femme, la secouait pour la réveiller et lui ordonner de rentrer en sécurité.
Nul part. Il ne ressentirait aucune sérénité à la savoir loin de sa surveillance, encore, aucune quiétude de la savoir loin des dangers puisqu'ils n'y avaient plus que ça dans l'enceinte des murs.
A son réveil, Livaï se jurait de lui passer un savon.
— « Jean, prend-là sur ton dos.»
Ce dernier, encore sous le choc, déchirait sa cape pour réaliser un garrot, serrant la plaie fraîche de la jeune femme.
Sasha plaçait ses doigts sur le cou glacial de Zackley, les yeux plissés par la concentration.
— « Elle respire encore !
— Sasha ! Elle ne va pas mourir pour une si futile blessure !
— Et ! On sait jamais !
— Grouillez-vous, tranchait le Caporal, on se tire. Et arrêtez de poser vos sales doigts sur elle.»
Nelly n'était pas une grande adepte des manières maniaques du jais, mais lui, il y tenait assez qu'on ne s'amuse pas avec elle à l'apprenti docteur. Il avait des questions, et il paraît que les vivants répondaient plus que les morts.
Sur le dos de Jean, hissée, le regard attentif du Caporal ne voulait pas s'en détourner. Ce visage à l'allure endormie, et si elle succombe ? D'un secouement de tête invisible, il balayait cette hypothèse, bon dieu, cette femme était forte non ?
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La lanterne éclairait le petit cercle, formé par l'escouade, assis sur des conteneurs de marchandises.
Le Capitaine, soigné et pansé de ses blessures, attendait la venue d'Armin et Mikasa partis dehors depuis quelques minutes.
— « Pourquoi la fille de Daris Zackley est intervenue ? Puis comment elle a pu être au courant qu'on se trouvait à Trost ?
— C'est la fille du commandant en chef Zackley Jean, poursuivait Connie. Elle est certainement au courant de tout.
— Fermez là, vous allez la réveiller.»
Livaï tournait ses yeux tempétueux vers le fruit de ce dialogue stérile.
Sa rencontre, avec elle, ne se limitait pas aux meilleurs auspices, et la troisième encore moins, et les suivantes, pourtant, ne faisaient qu'appuyer sur un fait qu'il reniait.
Il éprouvait une affection particulière pour elle, cette femme brisait sa carapace sans même poser de questions futiles, ou douloureuses. Il la détestait depuis la mort d'Isabel et Furlan, essayant de lui refiler son fardeau. Elle aurait dû le prévenir qu'Erwin savait tout de Lobov avant même qu'ils ne soient tous les trois recrutés.
Enfin, le culot le prenait à la gorge. Zackley, dans les bas-fonds, l'avait salué par son prénom, ignorant totalement son identité, la sienne. De bon cœur, la jeune femme avait tenté de lui tendre la main, et c'est lui qui refusa.
Ce jour-là, où elle lui souriait pour l'abandonner, il n'avait pas su discerner ce plan, bien trop intelligent pour une tête comme lui, mais écrit par son Major, voué d'une malice agaçante, sans limites.
Livaï aurait pu éviter, s'il avait pris soin de faire attention à ses paroles, le massacre de ses coéquipiers, de ses amis. Mais aurait-il eu cette vie ? Aurait-il eu la chance de devenir un autre homme que celui des bas-fonds, que son talent "serve" la bonne cause ?
Les regrets égaraient en chemin, sur le passé de sa vie antérieur, il s'avouait vaincu des stratégies d'Erwin, ce fin stratège.
Aujourd'hui, il ne se battait plus pour savoir s'il la haïssait, ou s'il la considérait comme une alliée.
Le caporal, malgré son air fermé, fermerait les yeux pour se laisser guider par sa voix sans jamais douter de si oui, ou non, elle le menait à un piège durement façonné.
Les poings serraient, par instinct, il se maudissait de l'avoir laissé se blesser par son inattention. C'était son boulot de protéger ses soldats sous sa responsabilité, dont elle.
— « Caporal, venez-voir !»
Sasha, une adolescente qui prenait autant de plaisir à manger qu'un titan à dévorer un humain, soulevait la chemise de la fille de Daris Zackley, dévoilant des marques rouges causées par son équipement.
— « Elle l'a trop serré, et alors ?
— Cela expliquerait pourquoi elle s'est évanouie aussi Caporal !»
Acquiesçant de la tête comme signe d'approbation, il déposa son genou auprès de Nelly, scrutant son ventre strié de fentes rouges et d'hématomes. Cela faisait quelques jours que les deux ne s'étaient retrouvés pour un échange charnel, et son corps opérait de petits changements.
Elle a grossi.
Pour certains, ses propos effaroucheraient bien des hommes qui n'oseraient jamais avouer cela à leurs femmes, même après des années de mariage. Certes la prise était minime, mais assez pour que les sangles se resserrent et compressent sa peau pour creuser de telles marques, et pas seulement de cette journée.
— « Tu peux aller faire le guet ? Et dit à Armin et Mikasa de revenir. demandait Livaï de son habituel air impassible
— Oui Caporal Chef !»
Il tenait, entre son expertise, la vie de ses gamins. Depuis son ancienne escouade décimée par un titan Féminin en quête d'amusement, il ne comptait pas subir encore des pertes auprès de ses soldats.
Il ne l'avouera jamais : cette compagnie lui faisait du bien au moral.
Une impression d'être intégré dans une famille fictive dont il enrôlait le rôle d'un père intransigeant qui protège ses morveux des menaces extérieures.
Un dernier regard à son égard, il retournait s'asseoir sur la marchandise enfermée dans de grosses boîtes de bois, utile en guise de chaise. La sœur adoptive d'Eren s'approchait de la lanterne, au milieu du cercle, suivie par Armin, prenant place.
— « Tiens.»
Un morceau de pain tendu, le blond le tournait entre ses doigts sans grande faim, abattu par son acte. Il restait de marbre, figé, ne pouvant amener à sa bouche la denrée précieuse de peur de gerber.
— « Ben alors ? observait le Caporal. Ce hangar crasseux te coupe l'appétit ?
— Non... chuchotait le blond. Jean j'ai du mal à comprendre une chose.
— Quoi ?
— Quand je t'ai sauvé la mise en tirant, j'étais persuadé qu'il était trop tard. Désolé. Armin se permettait une pause avant d'enchaîner sur une question qui le troublait particulièrement. Comment ai-je réussi à tirer le premier ?»
Son ami, sain et sauf grâce à sa décision, ouvrait la bouche, incapable d'émettre une réponse vis-à-vis d'une telle interrogation si prompte.
— « Parce qu'elle a hésité un instant, je me trompe ? Livaï plantait ses iris glaciales dans celle du jeune Arlert, empli de confusion.
— Pardon, Armin, j'aurais dû l'abattre immédiatement. Il regrettait de ne pas avoir eu le cran de le faire, laissant cette tâche ingrate à ce pauvre garçon se désignant comme un monstre.
— C'était donc ça. Cette fille que j'ai tué, c'était certainement quelqu'un de bien. Quelqu'un de bien plus humain que moi, moi qui ai pressé la détente sans hésitation. Je...
— Armin, t'as du sang sur les mains, maintenant. Tu ne pourras jamais t'en laver. Les paroles du chef possédaient l'effet d'une bombe chez Mikasa lui criant presque pourquoi il lui disait ça. Autant t'y faire tout de suite. Et si tes mains étaient restées sans tâches, Jean ne serait plus parmi nous. Tu as pressé la détente sans hésiter parce que ton camarade allait y passer. Armin, c'est grâce à tes mains souillées qu'on s'en est sorti sans perdre quelqu'un d'autre. Le concerné assimilait ses paroles avec une grande sagesse afin de se forger une raison, ou une simple excuse pitoyable à son geste déshumanisé. Merci.»
Il remerciait le blondinet, lui qui n'avait jamais prononcé ses mots, ou aussi rarement qu'il oubliait l'existence de ses dires.
— « Caporal Livaï, je trouvais injustifiable de s'attaquer à nos semblables, je pensais que vous aviez tort d'en donner l'ordre. L'idée de tuer des hommes me terrifiait. Mais c'est moi qui faisais fausse route ! La prochaine fois, je tirerais, déclara Jean.
— Je ne prétends pas vous dicter ce qui est juste, je n'en suis pas sûr moi-même. Qui sait si tu faisais fausse route ? Un silence régnait en maître. Jean comprenait l'importance de ses mots érudits. Et si la route qu'il pensait mauvaise était la bonne, ou la bonne était la mauvaise, personne ne pouvait le dire, et personne ne pouvait encore moins prémédité la finalité de son chemin. Bon, il est temps de cuisiner nos invités.»
Le soi-disant "invité" bâillonné ne disposait pas du droit de paroles, se contentant de sillonner le hangar plongé dans l'obscurité. D'une oreille curieuse, il écoutait la conversation des jeunes gens.
Le Caporal retirait le tissu blanc, attaché derrière son crâne, qui lui bouchait le clapet.
— « Attendez ! Je ne suis qu'un simple cocher, un pauvre vieux...
— Je te connais toi. Les habitants de Trost l'appelaient "patron", débitait Mikasa d'une voix monotone
— Oui, je vois qui c'est. Dimo Reeves c'est ça ?
— Tch. Le démasqué semblait suer. J'ai fait qu'obéir aux ordres de la première division. Et en plus, ça a été un fiasco. Les biens de ma compagnie vont être saisis, et mon idiot de fils, mes adjoints et moi-même allons crever dans un tragique accident.»
Réaliste sur la dure loi de la vie, les employeurs prenaient certains soins à ce que les employés se taisent à jamais.
— « Et tu te laisseras tuer sans broncher ? Trost est au bord de la banqueroute et ne survit que grâce au travail que fournit ta compagnie aux habitants. Si celle-ci disparaît, combien d'entre-eux passeront l'hiver ?
— Tu cherches à me rallier à ton camp ?
— Nous devons trouver où Eren et Historia sont retenus. Des sous-fifres des brigades pourraient nous y aider.
— Et en échange, tu empêcherais Trost et mes employés de crever de faim ?»
Le Caporal s'agenouillait devant le dodu.
— « Je ne peux rien te garantir, mais tu peux être sûr que je me démènerais pour y arriver.»
À partir de cet engagement signé par un contrat oral, le Caporal et Dimo concluent le marché d'une poignée de mains.
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