seize
CHAPITRE SEIZE
PAUL
qu'est-ce qui est infini ?
l'univers et la cupidité de
l'homme.
— citation ancienne
IL S'ETAIT SURPRIS à éprouver une certaine fascination pour les ondulations presque gracieuses de sa tresse brune qui accompagnaient chacun de ses mouvements. C'était un ballet singulier qui avait sur lui l'effet d'un pendule agité par un maître de l'hypnose, une façon inconsciente de le couper du monde durant quelques instants. Le charme ne fut rompu que lorsque la silhouette d'Arani disparut au bout du couloir et avec elle cet objet de distraction, pour le ramener face à la réalité et tout ce que cela impliquait.
Paul se tenait accroupi dans un coin du bureau de Kynes. Le lieu n'échappait pas à l'invasion du sable qui recouvrait les dalles rigides posées par l'Homme il y a des années. Tout ici paraissait délabré, à l'abandon, tout comme le rêve de la planétologiste qui semblait s'accrocher désespérément aux ruines de son projet qui vivait encore au travers de cet abri de pierre.
Le comportement des Fremen vis-à-vis de Liet ne laissait pas de place au doute : la grande femme était une figure de leader pour le peuple du désert. Ils s'adressaient à elle avec respect, obéissaient à ses consignes sans se poser de questions comme les hommes de son père le faisaient lorsque le Duc ordonnait. Paul ignorait jusqu'où pouvait aller son pouvoir, mais une chose était certaine, Liet-Kynes était une personne à avoir de son côté lorsqu'on voulait s'en sortir vivant sur les terres désertiques d'Arrakis.
Etait-elle réellement de leur côté ? Le garçon ignorait quel terrain d'entente Duncan et la Fremen avaient trouvé avant leurs retrouvailles. A en juger par son attitude, Kynes agissait plus par pitié envers eux qu'autre chose. Ils étaient pour elle quatre âme en peine perdues dans l'erg impitoyable à qui elle offrait une chance de survie, tout en prenant soin de rester dans la neutralité quant au conflit qui les opposaient aux Harkonnen, comme son rôle d'Arbitre du Changement l'imposait. Neutre, réellement ?
A partir du moment où elle avait accepté de suivre Duncan, Kynes avait enfreint les consignes de l'empereur. Elle le savait, elle était consciente des risques. Un sourire discret se dessina sur les lèvres de Paul. Voilà qu'il pensait comme un Mentat ! Le vieux Thufir Hawat serait fier de constater que ses leçons portaient leur fruit. Paul lisait en Kynes comme dans un livre ouvert. Maintenant qu'il y pensait, seule deux personnes avaient réussi à contrer ses facultés d'analyse, sa mère, en toute bonne Bene Gesserrit qu'elle était, et Arani. Que ce serait-il passé s'il avait su voir sous le masque ?
Elle ne serait sans doute pas là. Et peut-être que nous non plus, par conséquent.
Les hommes de Kynes revinrent avec trois Fremkit qui contenaient les précieux distilles, clés de leur survie dans la fournaise d'Arrakis. La femme les remercia et les congédia, la laissant de nouveau seule avec les derniers survivants de la maison Atréides. Qu'allait-il se passer désormais ? Allaient-ils tout simplement fuir ? Paul ne pouvait concevoir une telle lâcheté venant de sa part. Son père était mort, tombé sous les coups cruels d'un homme fourbe et monstrueux. La Baron croyait avoir détruit ses ennemis mais il se trompait. Paul était toujours là, il s'était relevé. Et un jour, il l'écraserait en retour. Mais pour cela, il avait besoin de plus...
Plus d'alliés. Plus de pouvoir.
— Vous savez ce que les Grandes Maisons craignent par dessus tout, docteur Kynes ?
Le garçon prit une poignée de sa sable chaud qu'il fit couler entre ses doigts avant de se redresser et se mettre au niveau de son interlocutrice. Face à son silence, il poursuivit :
— Précisément ce qui vient de nous arriver. Que les Sardaukars débarquent et les déciment les unes après les autres.
Il n'avait pas vécu la terrible bataille d'Arrakeen, mais il connaissait la réputation des troupes fanatiques de l'empereur Shaddam IV. Rares étaient ceux qui pouvaient rivaliser avec eux. Pour avoir une chance infime de les vaincre, il n'y avait qu'une solution.
— Elles doivent s'unir si elles veulent avoir une chance face à l'Imperium. Vous témoigneriez, docteur ? Vous attesteriez que l'Empereur a manœuvré contre nous ?
Le pire était qu'il ne s'en est même pas caché. Il était l'homme le plus puissant de l'univers après tout. Personne n'oserait aller contre lui. Surtout pas la cheffe d'un peuple au bord de la crise, perdu dans le plus profond du désert.
— Il faudrait qu'on veuille bien me croire, répondit Liet.
Elle ne semblait pas totalement opposée à l'idée mais gardait une certaine distance. Elle avait plus à perdre qu'à y gagner.
— Et cela provoquerait une guerre générale entre les Grandes Maisons, ajouta-t-elle.
— Le chaos total, ponctua Jessica.
La mère de Paul s'était tenue silencieuse jusqu'à présent, mais il savait que son esprit enregistrait tout ce qu'il se passait et se disait. Sa dernière remarque ne l'aidait pas vraiment d'ailleurs. Elle a peur. Et Kynes aussi. Elles ignoraient l'une comme l'autre comment agir. Mais Paul avait déjà réfléchi à une alternative. Une alternative terrifiante... Mais avait-il un autre choix ? Les mots eurent du mal à sortir, mais il vinrent :
— Imaginez que je propose à l'Empereur une alternative au chaos... Après tout, il n'a pas de fils. Et ses filles ne sont pas mariées.
Il n'avait pas besoin d'exposer clairement ses intentions, elles avaient étaient comprises. Jessica eut un léger sursaut à l'entente de ces paroles qu'elle jugeait totalement insensées. Mais le regard de Paul suffit à lui faire réaliser qu'il était sérieux. Totalement sérieux.
Qu'est-ce que je suis en train de faire ?
Je ne peux plus reculer maintenant.
— Vous seriez prêt à prétendre au trône ?
Il y avait de la surprise dans le ton de Kynes et un soupçon d'amusement.
— L'Empereur craignait les Atréides et il vous a fait venir ici pour vous tuer. Qu'est-ce que vous ne comprenez pas ? Vous êtes un enfant perdu qui se terre dans un trou dans le sol.
Oui, il n'était qu'un enfant à ses yeux, et aux yeux de tous. Il n'était que le fils d'un homme mort, un Duc sans terre et sans alliés. Mais pour les Fremen, il pouvait être plus. Tellement plus. Il était temps de voir si le Bene Gesserrit et sa Missionaria Protectiva avait bien fait son œuvre ici. Ce qu'il s'apprêtait à faire était risqué, mais c'était son dernier atout.
— Les Fremen parlent du Lisan al-Gaib, dit-il en faisant un pas en avant.
Jessica s'avança vers lui en guise d'avertissement mais Paul ignora sa mère. Il soutenait le regard de Kynes qui le jugeait de sa haute stature. L'expression de la planétologiste restait neutre mais à l'intérieur, ses pensées contradictoires se livraient une lutte sans merci. Croyance contre raison. Toujours le même et éternel débat.
— La Voix d'ailleurs, continua le jeune homme, qui les conduira au paradis.
— Superstitions, marmonna-t-elle.
Paul décida donc de jouer une autre carte par dessus celle-ci. Il espérait que son intuition de Mentat ne l'avait pas induit en erreur.
— Je sais que vous aimiez un Fremen qui est mort au cours d'une bataille.
Le regard qu'elle lui lança en disait long. Ses barrières étaient tombées, il fallait en tirer profit.
— Je sais que vous marchez dans deux mondes et répondez à plusieurs noms. J'ai vu votre rêve.
Il avait touché le point le plus sensible. Il se tenait désormais tout près d'elle, yeux dans ses pupilles d'azur qui s'allumaient de la lueur de la ferveur religieuse.
— En tant qu'empereur je pourrais faire d'Arrakis un paradis en un claquement de doigts.
Kynes allait bientôt craquer. Il le savait. Sa bouche s'ouvrit pour répondre aux paroles du garçon mais elle s'interrompit en entendant un bruit sourd venant du lointain. Paul, Jessica et Kynes se tournèrent vers la porte du bureau. Paul remarqua alors que Duncan et Arani avaient fait leur réapparition dans le sas qui débouchait sur le couloir.
Le son s'intensifiait, plus près, encore plus près. Ils n'étaient plus seuls. Duncan s'avança le premier vers la porte, suivi de près par la Danseuse-Visage. Elle avait changé de vêtements, comme prévu mais elle portait toujours sa précieuse dague à la ceinture. Paul la vit entourer le manche de sa main tandis que Duncan pressait le bouton d'ouverture de la porte.
Le corps massif du guerrier masquait la vue au jeune homme, mais son avertissement résonna dans la pièce.
— Les Sardaukars !
Bon sang ! Ils les avaient retrouvés si vite ! Arani tira son arme et Paul vit Duncan la saisir par le poignet. Ils échangèrent des mots qu'il ne pouvait entendre vu la distance, puis tout se passa très vite, si vite.
Duncan poussa la jeune femme en arrière, cette dernière manqua de tomber à la renverse. Il pressa le bouton qui contrôlait la porte et Paul réalisa bien trop tard ce qui était en train de se produire.
— Duncan, non !
C'était un appel déchirant, presque désespéré. Le soldat ne pouvait pas faire ça, pas comme ça. Paul s'élança à pleine vitesse vers la porte qui commençait à se refermer. Regard froid et digne, Duncan exécuta le salut militaire propre aux Atréides sans trembler face à ce qui l'attendait. Il était prêt au sacrifice pour sauver ceux qu'il aimait. Mais Paul n'était pas prêt à lui dire adieu.
Il cogna contre la porte entraîné par la vitesse, ignorant une fois de plus les appels de Jessica. Ses poings s'abattirent violemment contre le métal froid, cela faisait mal, tellement mal. Mais que pouvait-il faire d'autre ? Comment sauver son ami ? C'était comme dans ce rêve terrible qu'il avait un jour fait. Il avait essayé de prévenir Duncan avant leur départ de Caladan. Un rêve, c'est tout ce que c'était, mais désormais c'était une réalité qu'il ne pouvait éviter.
C'est de ta faute, tout est de ta faute.
Paul s'arrêta momentanément lorsqu'un cri déchirant lui parvint, couvrant le bruit des lames qui s'affrontaient de l'autre côté. Il retint sa respiration. Pas encore... Il ne pouvait pas encore perdre quelqu'un.
— Duncan ? appella-t-il doucement.
Une main se posa sur son épaule. Il rencontra le regard d'Arani rempli d'une tristesse qu'elle avait bien de mal à dissimuler. La jeune fille exerça une légère pression sur l'épaule du garçon, dans un geste supposé réconfortant, mais comment y prêter attention lorsque la terrible réalité s'imposa à lui, à travers les mots prononcés par la Danseuse.
— Atréides... Il est mort.
Paul secoua la tête. Il n'y avait plus rien en lui. Plus rien. Non, il y avait de la rage. Une haine sans limite qui grandissait encore et encore, qui consumait tout, occultait toutes ses capacités mentales.
— Non, non, non !
Il se dégagea de l'emprise d'Arani et frappa de nouveau contre la porte. Il entendit les paroles de Kynes sans pour autant leur prêter attention.
— On doit partir, on a pas le choix !
Et laisser Duncan ? Ce n'était pas concevable. Pas de corps, pas de mort. Il y avait peut-être une chance, même infime. Il devait franchir cette foutue porte !
— Atréides !
Sans qu'il puisse réagir, Arani le plaqua violemment contre le mur. Une horrible grésillement lui déchira les tympans et le rayon destructeur d'un laser transperça l'épais métal de la porte, à l'endroit précis où il se trouvait quelques minutes plus tôt. Les Sardaukars tentaient une percée et la dernière protection qui les séparaient d'eux ne tiendrait plus longtemps face à la puissance de cette arme de mort. Mais alors ça voulait dire que Duncan...
— Atréides... Paul, regarde-moi.
Il établit le contact visuel avec Arani qui le maintenait toujours contre la roche, alors que le rayon du laser suivait une trajectoire ascendante. Paul avait oublié à quel point il était facile de se perdre dans ses yeux d'encre, comme il se laissait si aisément entraîner dans un monde où il n'existait plus rien d'autre. Pendant un instant, c'était comme s'il faisait face à l'apparition de ses rêves, à cette fille qui l'apaisait par sa simple présence et la douceur de sa voix au milieu des multiples images de massacres.
— Il s'est sacrifié pour toi. Fais en sorte que ça ne soit pas inutile.
Elle avait raison. Il ne pouvait pas mourir ici. Son ami avait donné sa vie pour lui, pour qu'il vive. Et il restait là à se lamenter. Duncan ne méritait certainement pas ça. Il devait fuir, au plus vite.
Arani lui saisit le poignet pour l'entrainer loin d'ici. Ils se baissèrent tous les deux juste à temps pour éviter la frappe du laser qui aurait fait sauter leur tête d'un simple effleurement. A toute vitesse, ils rejoignirent Kynes et Jessica qui attendaient près d'un passage que Paul n'avait pas remarqué auparavant. Sûrement une porte dérobée connue de la planétologiste seule. Il n'avait pas le temps de se questionner à ce sujet.
Il s'enfonça dans le passage sombre avec Arani et Liet referma la seule issue derrière eux. Avec un peu de chance, les Sardaukars ne trouveraient pas cette entrée mais comment en être sûr ? La native d'Arrakis prit la position de tête et les fugitifs la suivirent au milieu d'un dédale de couloirs étroits. De petits trous percés dans le plafond éclairaient le chemin à suivre. Kynes avait confié l'un des Fremkit à Arani et portait les deux autres sur ses propres épaules.
Leur course effrénée ne semblait pas avoir de fin ? Jusqu'où iraient-ils comme cela ? Y avait-il vraiment un échappatoire ? Paul avait du mal à penser à autre chose qu'au dernier cri d'agonie de Duncan. Il ne put pas s'empêcher de jeter un regard vers l'arrière, espérant voir apparaître la silhouette du guerrier. Mais rien, rien d'autre que le vide d'un couloir sans fin.
Une intersection se dessina en amont où Kynes s'arrêta brusquement, imitée par ses suiveurs. Malgré la sacrée course qu'ils venaient de faire, l'écologiste impériale ne présentait aucun signe de fatigue. Elle indiqua le passage de gauche :
— Suivez la lumière, vous trouverez un orni prêt à décoller.
Elle passa un grand sac à Paul, identique à celui qu'Arani portait déjà.
— Profitez de la tempête, c'est votre seule chance. Au-dessus de cinq milles mètres c'est surtout de la poussière, alors montez jusque là, restez-y, allez au sud, trouvez les Fremen.
— Est-ce que vous nous conseillez sérieusement de nous jeter au cœur d'une tempête ? s'étonna Arani, d'un ton presque indigné.
Elle fut coupée par Jessica qui s'adressa à leur sauveuse du jour :
— Vous ne venez pas avec nous ?
— Il n'y a que trois places. Je vais rejoindre la prochaine station et je rapporterai cette attaque au Lansraad.
Elle se plaçait enfin de leur côté apparemment.
— Comment comptez-vous y aller ? insista la Dame.
— Je suis Fremen, je suis chez moi dans le désert. Bonne chance.
Les groupes se séparèrent sous cet ultime adieu. Paul avait le sentiment que c'était la dernière fois qu'il voyait cette courageuse femme. Une fois de plus, ceux qu'ils croisaient finissaient par disparaître.
Ils se lancèrent de nouveau à pleine vitesse en suivant les instructions de Kynes. Leurs pas les conduisirent à l'entrée d'une immense plateforme à ciel ouvert. L'ornithoptère se tenait là, dissimulé aux patrouilles aériennes par les montagnes alentours. Le vaisseau semblait les attendre, il était leur ultime chance de salut, leur dernière chance de survie.
Paul arriva le premier et ouvrit l'appareil. Il sauta à la place du pilote après avoir jeté son paquetage à l'arrière. Jessica s'assit à côté de lui et le siège passager de derrière revint à Arani. Tandis qu'il parcourait du regard les commandes de l'engin, il l'entendit se débattre avec ses sangles de sécurité, l'angoisse empêchant ses mouvements d'être aussi précis qu'elle le voudrait.
— Rassure-moi, Atréides, tu sais piloter ce machin ?
En se focalisant sur les souvenirs de quelques sorties en orni qu'il avait effectué, le garçon parvint presque miraculeusement à enclencher la phase de décollage.
— Ca ne doit pas être plus compliqué que de conduire un chasseur caladanien, répliqua-t-il.
— Et c'est censé me rassurer ?!
C'était censé l'apaiser lui-même, mais cela n'avait pas tellement l'effet escompté. D'autant plus que sa mère, le regardait d'un air plus qu'inquiet. Paul pressa une combinaison précise de boutons gravée dans son esprit, dans l'espoir que l'appareil insectiforme ne déploie ses ailes. Il y eut un son de moteur qui s'enclenchait puis plus rien. Une fois, deux fois. Derrière, Arani claqua la langue, visiblement désespérée.
Paul prit une grande inspiration et se concentra sur ce qu'il faisait, renvoyant l'urgence et la panique du moment au fin fond de son esprit. La troisième fois fut la bonne et les ailes de métal s'ouvrirent et se mirent à battre. Ses poings se refermèrent sur les manettes de commande et d'un geste, il fit quitter la terre ferme à l'ornithoptère, non sans quelques secousses de départ qui se perdirent pendant qu'il prenait de l'altitude.
Au loin, le nuage de la tempête se distinguait aussi bien que le soleil ravageur qui emportait de nombreuses vies par sa chaleur. Paul suivit les consignes de Kynes, aussi insensées qu'elles étaient, et mit le cap vers le typhon. Il ne volait que depuis quelques dizaines de minutes, mais il commençait à prendre de l'assurance. Sur Caladan, c'était Duncan qui lui avait appris des bases de pilotage. Même s'il n'était plus là, l'âme du maître d'arme le suivait par le prisme de toutes les leçons qu'il lui avait enseigné.
Juste au moment où il aurait pu prétendre être détendu, sa mère posa la main sur son épaule et lui indiqua le rétroviseur.
— Il y a des orni juste derrière nous !
Ils étaient trois et les suivaient en formation d'attaque. Paul augmenta la vitesse de vol pour tenter de conserver l'avance qu'ils avaient. Cette soudaine accélération fit trembler la machine et Arani grogna depuis son siège arrière :
— Grand Dieu ! Si on s'écrase, je te tue !
— Tu n'as qu'à prendre les commandes la prochaine fois ! répliqua-t-il avec agacement.
Jessica était en réalité dans le même état de terreur que la jeune femme, mais elle l'exprimait par des expressions faciales plutôt que par des mots. Devant eux, l'ouragan de sable attendait près à les avaler. Paul regarda si les appareils ennemis étaient toujours là. Ils ne les suivraient pas s'ils pénétraient la tempête, il en était persuadé. Mais il vérifia leur altitude, ils étaient bien trop bas.
Trois petits points lumineux apparurent dans le miroir du rétroviseur. Leurs ennemis venaient de tirer ! Echapper à ce tir croisé reviendrait à effecteur une manoeuvre des plus délicate qu'il ne se sentait pas capable d'accomplir. Ils n'avaient plus le choix. Il accéléra de nouveau en direction de la tempête. Sa mère lui cria qu'ils n'étaient pas assez haut, il se força d'ignorer l'insulte lancée par Arani. Il continua d'avancer droit vers les vents violents.
La lumière du soleil disparut instantanément, masquée par le nuage de grains de sable soulevés par le vent. Il avait l'impression d'être au cœur d'un chaos sans nom. Leur orni n'avait pas la force de résister aux courants d'air imprévisibles qui ne suivaient aucune ligne directive et secouaient avec force le vaisseau. Au moins, les torpilles tirées par les Sardaukars avaient été détruites sur le coup et ils n'étaient plus suivis. Mais c'était un danger plus grand qui les attendaient, celui de la nature déchaînée.
Jessica étouffa un cri lorsqu'une fissure commença à se former sur la vitre du cockpit. Les grains s'écrasaient sans merci contre la carapace de métal, plus tranchants que n'importe quelle lame, plus mortels que n'importe quelle arme. Paul n'avait plus de contrôle sur rien. Les éléments faisaient loi ici et n'avaient aucune pitié pour ces pauvres humains qui osaient s'introduire dans leur territoire.
A ses côtés, Jessica avait commencé à réciter la Litanie contre la Peur. Derrière lui, Arani lui criait de faire quelque chose. Mais Paul était tétanisé. Il aurait du écouter l'avertissement de sa mère. Une fois de plus, tout était de sa faute. Le monde tournoyait dans tous les sens autour de lui, il ne distinguait plus rien que la couleur morne du sable. Il n'y avait plus de salut pour eux, seulement la mort sous les coups de la colère du désert.
Non, ça ne peut pas se finir ainsi.
Une voix s'imposa à son esprit, lointaine, inconnue. Elle couvrit le marmonnement de sa mère et les appels d'Arani. Comme dans la tente l'autre soir, Paul était bien éveillé mais il se sentit transporté dans une autre réalité. Une réalité hors du temps et de l'espace auquel lui seul pouvait accéder. Vois l'ami, chuchotait-on à son oreille. C'étaient toujours les mêmes murmures oniriques qui hantaient même ses jours désormais.
L'image du chaos se flouta devant lui pour dessiner le visage d'un homme qu'il n'avait jamais vu jusqu'à présent. Un Fremen à la peau d'ébène et au regard perçant. C'était comme s'il était là, près de Paul, une projection d'avenir, un conseil précieux qui lui serait donné un jour. L'homme lui parla distinctement :
"Le mystère de la vie n'est pas un problème à résoudre, mais une réalité à expérimenter. Si on interrompt un processus, on ne peut pas le comprendre. Pour le comprendre, il nous faut cheminer avec lui. L'embrasser. Progresser à ses côtés."
Chaque mot se gravait dans son esprit, l'atteignait au plus profond de lui. Les paroles de l'homme cessèrent au moment où se redressa dans la vision qui s'éteignit après cela et renvoya Paul au cœur du typhon. Mais il y avait toujours cette voix qui murmurait. Lâche prise. Lâche prise.
Paul savait ce qu'il devait faire. Cela lui apparaissait désormais comme une évidence. Pour vaincre la tempête, il fallait devenir la tempête. D'un geste assuré, il coupa le moteur de l'engin. Et c'est après une prière silencieuse qu'il lâcha les commandes.
o
m
g
je crois que ce chapitre est celui que j'ai préféré écrire de toute cette fanfiction. entre les moments saradib (j'ai adopté le nom du ship proposé par mia aha), décrire les sentiments de paul et la tension aaaaaaaah j'espère que ça vous a plus autant que moi.
je m'en étais pas forcément rendu compte lors de mes huit visionnages du film (et ouais, un record messieurs dames) mais j'ai ri en réalisant que paul calle deux fois avant de démarrer l'orni aha je me suis sentie visée vu que je suis en pleine conduite supervisée. et ma mère réagit de la même manière que jessica quand je suis au volant ups-
bref, même speech que d'habitude, j'attends vos retours avec impatience !
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