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☆92☆

Pdv de Naela

La délicate caresse dans mon dos est un plaisir que je savoure en gardant les yeux fermés. La nuit dernière a été courte, les images de la veille défilent comme un diaporama mis sur vitesse x2 dans ma tête. Tout s'est déroulé si vite que j'ai failli oublier le lit sur lequel je suis avachie.

Ma position ne m'aide pas à diminuer la douleur de mes courbatures alors à contre-cœur, je me redresse non sans gémir. Par réflexe, je m'étire pour doucement me sortir de mon état endormi. Un bâillement m'échappe, et comme ce phénomène est connu pour être communicatif, la personne à mes côtés se met aussi à bâiller. Naturellement, je souris à ce geste qui montre sa réceptivité.

À cause de la grande dose de lumière naturelle qui s'infiltre par la fenêtre, je garde difficilement les yeux ouverts. Mais la douce main qui se pose sur ma joue m'oblige à émerger complètement de mon sommeil. Je regarde alors le visage rassurant de cette personne qui m'est chère, et pour qui je ne peux m'empêcher de m'inquiéter depuis la veille.

Naela : Salut... comment tu te sens ?

Mamie Soo : Rouillée comme la voiture de Papi mais je suis encore capable de parcourir des kilomètres !

L'illustration de sa condition actuelle me fait pouffer de rire. Mamie Soo parvient toujours à rester positive. Elle met de bonne humeur et on ne manque jamais de sourire avec elle. Ça me fait du bien de la revoir, mais j'aurais préféré que ce soit dans de meilleures circonstances.

Hier soir, alors que j'étais chez Taehyung, j'ai reçu un appel de l'hôpital pour m'annoncer que ma mamie avait été hospitalisée suite à un malaise en pleine rue. Cette nouvelle m'a tellement bouleversée que j'ai fondu en larmes devant le mannequin. Comme j'étais déjà fragile mentalement à cause de l'affaire avec Jungkook, les vannes n'avaient pas eu le temps de se refermer.

Ni une ni deux, j'ai quitté l'appartement de Taehyung dans le but de me rendre chez moi, dans ma ville natale. À une heure aussi tardive, j'ai réussi à choper le dernier train pour Busan. En quittant la capitale aussi précipitamment, je ne pensais plus à rien d'autre qu'à ma mamie. Je me fichais de n'avoir aucune affaire avec moi et de dépendre de mes derniers pourcentages de batterie sur mon téléphone, qui m'ont finalement lâchée en cours de route. Tout ce qui m'importait, c'était d'être auprès de celle qui m'a élevée.

Mamie Soo : Et toi, ma chérie ? Tu as dû arriver tard dans la nuit.

Naela : Oui, je- Ahhh mon dos me fait affreusement mal...

Une grimace se dessine sur mes traits au moment où je tire sur mes muscles dorsaux endoloris.

Mamie Soo : Ce n'est pas étonnant vu comment tu as dormi.

Les visiteurs ne sont plus autorisés à partir d'une certaine heure, mais les infirmières se sont montrées compréhensives lorsque je leur ai expliqué ma situation. J'ai alors pu aller dans la chambre de ma mamie, qui était endormie. On m'a annoncé que sa condition physique s'était détériorée du fait de son grand âge et qu'ils la gardait à l'hôpital pour plus d'examen.

J'ai passé la soirée à rester auprès d'elle, espérant qu'elle aille bien. Assise dans le fauteuil mis à disposition, j'avais la main de ma mamie dans la mienne. Et sans que je ne m'en sois rendue compte, je m'étais endormie la tête posée sur son lit.

Naela : Quelle heure est-il ?

Mamie Soo n'a pas le temps de répondre à ma question puisque quelqu'un toque à la porte. Tournant mon buste vers celle-ci, je croise le regard d'une infirmière qui tient un chariot. Elle nous salue puis s'empare d'un plateau repas qu'elle vient déposer sur la table amovible près du lit. En la voyant faire, je comprends vite qu'il est aux alentours de midi.

Naela : J'ai dormi si longtemps ??

L'infirmière souhaite un bon appétit avant de sortir de la chambre pour aller servir les autres patients.

Mamie Soo : Tu semblais épuisée, alors je t'ai laissée te reposer.

C'est elle qui est dans un lit d'hôpital, mais c'est plus elle qui s'occupe de moi que l'inverse. Je dois me remettre d'aplomb pour pouvoir prendre soin de ma mamie comme il faut.

Naela : Je reviens, je vais me débarbouiller le visage puis je t'aide à manger. Et avant que tu ne dises quoi que ce soit, laisse-moi juste m'occuper de toi comme tu l'as fait pour moi depuis que je suis petite.

Sur ces mots, Mamie Soo ne réplique pas et se contente de hocher la tête, le sourire aux lèvres.

Durant son repas, nous avons beaucoup papoté. En réalité, nous avons surtout rigolé de la façon dont un infirmier se faisait courser dans le jardin par de vieilles mémés hospitalisées. Le pauvre garçon essayait tant bien que mal de leur échapper mais elles parvenaient toujours à le retrouver à cause des enfants qui révélaient chacune de ses cachettes à leurs aînées.

C'est en début d'après-midi que Papi Gi arrive à l'hôpital pour prendre des nouvelles de sa femme. Il a d'ailleurs été très surpris de me voir dans la chambre. Je suis revenue à Busan hier soir, sans prévenir personne. Il avait bien tenté de m'appeler pour me tenir au courant de la situation de Mamie Soo, mais à ce moment-là, j'étais dans le train et injoignable. Mais heureusement, mon numéro était inscrit dans le dossier médical de Mamie Soo et l'hôpital a pu me joindre avant.

Papi Gi a apporté un bouquet de fleurs de la part de Mamie Na, celle qui me gardait quand j'étais petite. Elle a eu vent de l'état de son amie et a voulu lui donner tout son soutien à travers ce magnifique arrangement floral. Papi Gi a notamment ramené un sac avec de quoi la divertir, comme des bouquins et son matériel de tricot. Mais alors que j'allais aussi attraper des aiguilles et de la laine, il éloigne le sac de moi.

Papi Gi : Toi, jeune fille, tu vas sagement rentrer à la maison pour te laver, manger et te reposer.

Naela : Mais-

Papi Gi : Il n'y a pas de "mais" qui tienne. Je prends la relève !

Pour m'encourager à partir, mon papi me pousse dans le dos et je capitule face à lui. Jamais on ne riposte contre Papi Gi, et c'est comme ça que je finis par poser les pieds en dehors du bâtiment avec la clé de la maison en poche.

Lorsque je retrouve le cocon familial, je fais ce que Papi Gi m'a ordonnée. Je quitte mes chaussures pour monter à l'étage, charger mon téléphone, puis prendre ma douche afin de me vêtir d'une tenue propre. Le rapide plat que je me prépare ensuite n'est pas le plus consistant que j'ai connu mais fera l'affaire.

Au moment où je déverrouille mon portable qui charge tranquillement dans ma chambre, il se met aussitôt à sonner et je décroche sans hésitation.

Hana : Enfin, tu décroches ! On s'est fait un sang d'encre ! Où est-ce que tu es ?!

La figure enragée de la française apparaît sur mon écran, avant qu'une autre plus calme mais inquiète ne la rejoigne.

Dawon : On avait peur qu'il te soit arrivé quelque chose, est-ce que ça va ?

La blonde avait lancé plusieurs appels vidéo sur notre groupe de discussion avant que je ne daigne répondre.

Naela : Désolée, je n'avais plus de batterie depuis hier soir... Je suis à Busan là...

Hana et Dawon : Quoi ?!

Les filles s'exclament à l'unisson, m'obligeant à baisser le son de mon téléphone. Face à leurs interrogations, je leur détaille tout ce qui s'est passé la veille ; de ma découverte du mariage arrangé jusqu'à mon retour à Busan.

Hana : Je l'aurais trucidée à ta place.

Dawon : Qui ? Jungkook ?

Hana : Non, Mia. Je ne l'ai jamais sentie cette fille. Elle revient comme une fleur en mode "tu es dans la merde, alors épouse-moi pour t'en sortir". Non mais elle se prend pour qui celle-là ?

Le mépris d'Hana pour la canadienne démontre son soutien pour moi. On dirait presque qu'elle en veut plus à Mia que moi.

Dawon : Tu sais bien qu'il ne signera jamais pour ça, Naela. Il t'aime et son passif avec les mariages arrangés va encore moins le pousser à céder.

Naela : S'il en était certain, il m'en aurait parlé dès qu'il l'a su. À partir du moment où il a hésité, ça veut tout simplement dire qu'il a envisagé cette solution.

Dawon : Jungkook n'est pas comme la sœur de Taehyung, il ne prendra pas la même décision. Tu es plus importante que l'entreprise.

Seul un soupir sort de ma bouche. J'ai bien envie de la croire, sauf que ce serait me faire de faux espoirs. Déjà que je suis tombée de haut, je ne voudrais pas en plus me faire enterrer plus bas.

Hana : En soi...

Alors qu'elle était remontée il y a quelques secondes, la faible voix de la blonde attire notre attention.

Hana : Naela n'a pas tort. On ne connaît jamais réellement une personne...

À ses mots et à son expression faciale, nous devinons vite à qui Hana fait référence. Avec le temps, son ex est devenu une tout autre personne. La transition s'est faite si fluidement que la française n'a pas réussi à voir quand et comment leur couple a commencé à battre de l'aile. Alors peu importe à quel point nous pensons connaître quelqu'un, rien ne peut l'empêcher d'évoluer, que ce soit en bien ou en mal.

Naela : Vous savez quoi ? Je n'ai pas envie de me prendre la tête avec ça pour le moment. Tout ce qui m'importe actuellement, c'est la santé de ma mamie.

Les filles hochent la tête en même temps, se mettant silencieusement d'accord pour ne plus s'étendre sur le sujet.

Dawon : Tu as raison, profite bien de ta famille. J'espère que ça ira pour ta mamie.

Hana : Souhaite-lui un bon rétablissement de notre part.

L'appel se termine où je promets aux filles de leur donner des nouvelles régulièrement. Elles-mêmes ont voulu me tenir au courant s'il se passait quoi que ce soit avec Jungkook, mais je leur ai avoué que je n'avais aucune envie d'en entendre parler et elles ont respecté ma décision. J'ai besoin de faire un break avec ma vie à Séoul.

Pour optimiser ma présence à Busan, je retourne à l'hôpital en fin d'après-midi, où mon papi n'a pas hésité à me rouspéter parce que je lui ai désobéi. Et comme je savais qu'il allait réagir ainsi, je lui ai au préalable préparé des cookies bien bons et bien moelleux ; ses préférés. Cela a réussi à me faire pardonner.

De plus, tout comme Mamie Soo, il ne devrait pas s'épuiser en restant à l'hôpital. Alors je le force à rentrer se reposer, et pour le convaincre, je lui dis qu'il reste des cookies à la maison.

Mamie Soo : Regarde comment tu l'as bien élevée notre petite-fille ; aussi têtue que toi.

Papi Gi : Et qui sait toujours trouver les bons mots, comme toi.

Le couple, amoureux depuis leur plus jeune âge, se lance un regard bienveillant qui me fait automatiquement sourire. Mes grand-parents sont la définition-même du véritable amour éternel et je suis heureuse d'avoir grandi à leurs côtés.

Papi Gi embrasse tendrement sa femme sur le front puis se dirige vers le porte-manteau pour récupérer son par-dessus. Mais avant de quitter la chambre, il se tourne vers moi.

Papi Gi : Ne rentre pas trop tard ce soir, je vais te préparer ton plat préféré !

Naela : Du pajeon ?

Le fin sourire de mon papi disparaît à la seconde où la réponse a glissé en dehors de mes lèvres. Alors rapidement, je me rends compte qu'il ne pensait pas du tout au plat que j'ai mentionné.

Papi Gi : ... Je vois que la vie à Séoul t'a fait oublier la bonne cuisine de ton vieux papi... Je parlais de mon faaameux Soe galbijim !

Vu la façon dont il voue un culte au seul plat qu'il sache faire, je ne peux pas refuser sa demande de rentrer à l'heure du dîner. Il est vrai que j'adore son bœuf mijoté et c'est toujours un bonheur d'en manger lorsque je suis de retour à la maison. Mon petit péché mignon de Séoul ne devrait pas interférer dans mes souvenirs d'enfance, surtout que pour un peu, j'aurais pu vexer mon papi.

Naela : Promis, papi, je serai là pour manger ton fameux Soe Galbijim.

Retrouvant son sourire, Papi Gi s'en va ensuite de la chambre, nous laissant ainsi entre filles. Le fauteuil désormais vide, j'y prends place et attrape la télécommande sur la table de chevet.

Naela : Qu'est-ce que tu tricotes en ce moment, mamie ?

Comme habituellement, je mets la télévision en fond pour que le programme à l'antenne meuble le silence. Tricoter avec ce fond sonore améliore bizarrement notre productivité.

Néanmoins, je tombe sur une chaîne d'informations qui parle d'un sujet dont je m'en passerai bien. Je zappe alors sans trouver mon bonheur, car toutes les chaînes semblent s'être donnés le mot puisqu'elles abordent toutes le même propos.

Très embêtée par ce manque de diversité, je finis par éteindre le moniteur.

Mamie Soo : Il y a un problème ?

Le sourcil gauche levé, Mamie Soo me regarde reposer la télécommande à sa place.

Naela : Si ça ne te dérange pas, je préfère ne pas mettre la télé. J'ai un peu mal au crâne...

Dans le sac posé au pied du lit, je m'empare d'une paire d'aiguille et d'une pelote de laine rose pâle.

Mamie Soo : Tu sais, Naela, je ne suis pas née de la dernière pluie. Même si tu m'en as vaguement parlé, j'ai compris que le garçon qui passait à la télévision était ton petit ami.

Alors que je commençais à nouer le premier nœud de laine sur mon aiguille, je tique à l'entente des paroles de ma vis-à-vis. N'ayant pas pu réussir à rester indifférente, mon attitude me trahit. Je ne peux donc pas échapper à la bienveillance de ma mamie qui va essayer de me réconforter.

Mamie Soo : Je suis peut-être vieille, mais j'ai bien retenu son prénom cette fois !

J'ai une grand-mère incroyable qui ne manque jamais de trouver les bons mots pour détendre l'atmosphère. Sa petite plaisanterie réussit à me soutirer un soupir mêlé à un rire.

Mamie Soo : Ce Kookie est sûrement coupable de cette petite ride sur ton front. Bientôt, tu vas me ressembler si tu continues à garder cet air tracassé, et je ne te l'espère pas ! Tu es jeune, alors tu veux bien me dire ce qui mérite de te troubler autant ?

Être ici, dans ma ville natale, devait m'aider à me ressourcer et ne plus penser à mon quotidien séoulien. Sauf qu'il ne semble pas vouloir me lâcher et revient à la charge comme une boule de démolition. Face à cet affront, je ne peux me résoudre à tout raconter à Mamie Soo, qui m'écoute attentivement.

Sans rentrer dans tous les détails, j'explique l'essentiel pour qu'elle puisse comprendre ma situation. Elle repère vite la peur que je ressens, ainsi que le sentiment de trahison qui me perturbe. Malgré notre lien de parenté, Mamie Soo sait être objective et me dire quand je suis en tort. C'est ce que j'apprécie chez elle.

Mamie Soo : Ce qui parvient généralement à apaiser les tensions, ce sont la distance, le temps, et surtout, la communication. Je te l'ai pourtant appris, non ? Tu as appliqué les deux premiers, mais pas de la meilleure des manières, et le dernier est passé à la trappe. Je ne suis pas là pour te dire exactement ce que tu dois faire. Je peux seulement te conseiller sur le comportement à avoir.

Bien sûr qu'elle a raison sur toute la ligne. Agir en lâche n'aidera pas à régler la situation, mais ce n'est pas ça le plus dérangeant. C'est le fait d'être face à un problème, qui ne semble pas avoir de solution favorable, qui me bloque. Les problèmes amènent le malheur et ce n'est pas la première fois que j'y suis confrontée. Et justement, c'est ce que je souhaitais éviter en esquivant toute relation.

Naela : L'amour n'est pas aussi beau que tu l'affirmes et il n'est peut-être pas fait pour tout le monde. Pourquoi accepter d'aimer et prendre le risque d'être blessé ? Regarde, à maman, ça ne lui a rien apporté de bon...

Mamie Soo : Tu te trompes. Ça nous a apporté toi.

Sa main ridée se pose sur la mienne et vient lui transmettre une chaleur indescriptible qui réconforte magiquement.

Mamie Soo : Et puis, le cas de ta mère n'est pas un exemple. Ton père était-

Tout comme durant toute mon enfance, Mamie Soo ne dit aucun mot sur mon père. Rien que je ne puisse utiliser pour l'identifier. Ce secret commence à me peser et j'aimerais bien connaître l'origine de ma naissance. Ma mère ne m'a pas conçue toute seule à ce que je sache. Je suis assez grande pour savoir qui est mon père, peu importe qui il est.

Un homme lambda que ma mère a rencontré, un homme marié, un homme désormais défunt, un homme recherché... j'ai tout envisagé ! J'ai même fait part de mes hypothèses à ma mère lorsque j'étais adolescente, mais elle n'avait vraiment pas apprécié que je m'éternise sur le sujet. L'identité de mon père restait un mystère que je n'aies pu résoudre jusqu'à maintenant.

Naela : Mon père était quoi ? Dis-le moi, mamie, j'ai le droit de savoir !

Se pinçant les lèvres, Mamie Soo reste silencieuse. Je vois bien qu'elle s'en veut d'en avoir trop dit, ou pas assez justement. Néanmoins, elle sait que j'ai besoin de réponses et que ma détermination est sans limite. Alors elle soupire et se racle la gorge avant de plonger son regard dans le mien.

Mamie Soo : Ton père n'était pas en état de l'être. C'est tout ce que je peux te dire.

Son ton ferme me dissuade d'en demander davantage. Elle est claire et nette, je n'aurais rien de plus de sa part ; du moins pour aujourd'hui. Je me contente alors de ce simple détail qui ne me fera pas plus avancer dans mes recherches refoulées.

Mamie Soo : En tout cas, ma petite Naela, tu mérites d'être heureuse, alors ne ferme pas tes portes dès que ça devient difficile. Affronte le problème et vois ce qu'il en advienne. C'est seulement en y faisant face que tu pourras savoir quelle décision tu devras prendre. Et puis... ce garçon en vaut la peine, non ?

De son léger sourire, j'arrive à y déceler une pointe de satisfaction. Pour quelle raison ? Je l'ignore. Mais je réfléchis longuement à ses paroles durant mon trajet de retour jusqu'à la maison où Papi Gi m'attend. C'est lorsque je passe le portail que je découvre une silhouette de dos devant la porte d'entrée. Sa présence me surprend et me fige sur place.

Voyant qu'elle ne bouge pas d'un pouce, je me rapproche. Dire que je suis étonnée de la voir ici n'est qu'un millième de ce que je ressens. J'aurais préféré être prévenue. Après tout, nous avions décidé d'un nouveau départ.

Perchée sur ses éternelles chaussures à talon et habillée d'un élégant tailleur, ma mère se retourne vers moi en entendant mes pas et m'offre un joyeux sourire.

Maman : Oh, Naela ! Qu'est-ce que tu fais là ?

Naela : C'est à moi de te poser la question... Tu n'es pas censée être à Londres pour deux mois ?

Maman : Si si, mais j'ai appris pour mamie... alors j'ai pris des congés en urgence.

Quelque chose a changé dans son regard depuis que nous avons parlé à cœur ouvert. Maintenant, je peux voir son amour pour moi au creux de ses iris et ça me réchauffe le cœur. Avant, je redoutais toujours son départ précipité quand elle était là, mais cette fois, j'apprends à apprécier chaque minute avec elle.

Naela : Je suis contente de te voir, maman.

Étonnée par ma confession, elle hausse les sourcils et reste bouche bée. Rapidement, un doux regard et un sourire sincère viennent se glisser sur son visage.

Maman : Moi aussi, ma chérie.

Ses bras s'écartent pour m'inviter à m'y réfugier et je n'hésite pas une seconde de plus. Tout comme Mamie Soo lors de ses câlins, sa main effectue des mouvements de bas en haut dans mon dos.

Naela : Tu restes longtemps ?

Maman : Il est convenu que je reste quatre jours, mais je peux toujours rallonger si l'état de mamie ne s'améliore pas.

Je m'écarte puis plonge la main dans la poche de ma veste.

Naela : Alors on passera du temps ensemble.

Au moment où je trouve la clé de la maison, j'avance vers l'entrée. La serrure se déverrouille après deux tours de clé, puis je pousse la porte. Aussitôt, une merveilleuse odeur se dégage de l'intérieur.

Maman : Mais toi, tu n'es pas censée être en cours ?

Naela : Je demanderai les notes de cours à quelqu'un pour rattraper.

Après avoir mis les clés dans le vide-poche, je me déchausse et me débarrasse de ma veste. Ma mère attrape la manche de sa valise pour la tirer jusque dans le hall d'entrée, et referme la porte derrière elle.

Naela : Papi, je suis rentrée !

Criant depuis l'entrée, je fais savoir de mon retour à Papi Gi qui doit s'atteler derrière les fourneaux. Sa réponse ne tarde pas à venir.

Papi Gi : Tu arrives pile à temps, le bœuf a la texture parfaite !

Alors que ma mère descend de ses talons, je commence à partir vers la cuisine. La pièce est remplie d'une odeur qui me fait saliver d'avance. Papi Gi remue le contenu de sa marmite et me sourit en me voyant.

Sans qu'il n'ait besoin de me le demander, je pars chercher les bols et les couverts dans le buffet. Au moment où je pose la dernière paire de baguettes, il m'interroge sur la raison du nombre impair de couverts. Cependant, son questionnement se dissipe quand ma mère passe l'encadrement de la porte.

Papi Gi : Yaelin ? Quelle surprise ! Tu as pu prendre un vol plus tôt ! Pas trop épuisée par le voyage ?

En l'entendant, je comprends qu'il était au courant de la venue de sa fille. Sa joie s'exprime par un câlin affectueux que ma mère accueille en rigolant.

Maman : Non, ça va, mais j'ai très faim !

Papi Gi : Alors, mettons-nous vite à table ! Mon soe galbijim est prêt !

***

Comme après chaque repas chez mes grand-parents, je me charge de la vaisselle. Ce soir, ma mère aussi donne du sien en s'occupant de laver, pendant que moi, j'essuie. Papi Gi est parti se coucher de bonne heure après que nous avons insisté pour faire le nettoyage.

Nous voilà alors toutes les deux, seule à seule, en train de participer aux tâches ménagères. Aussi loin que je me rappelle, nous n'avions jamais réellement passé de temps comme ça, à deux.

Maman : Comment ça se passe à Séoul pour toi depuis la dernière fois ?

Naela : Il s'en est passé des choses...

Mon monologue où je lui raconte les mésaventures de mon groupe d'amis dure aussi longtemps que le nettoyage. Ma mère se fait assommer par toutes les informations que je lui adresse, et encore, j'épargne des détails.

Maman : Mais... on s'est quitté il y a environ trois mois, non ? Et il s'est passé tout ça ?

Naela : Je suis aussi étonnée que toi. C'est la première fois que j'ai autant d'action dans ma vie depuis mon emménagement dans la capitale.

Ma mère arrive bientôt à la fin du lavage de vaisselle. Il ne lui reste plus que la marmite à frotter.

Maman : Et... qu'en est-il de Jeon Jungkook ? Ou devrais-je dire Kim Jungkook ?

Le bol que je viens de récupérer perd ses gouttes d'eau sur le sol avant de rencontrer le torchon. Je me suis statufiée à la mention du nom du garçon, ne m'attendant pas à ce que ma mère aborde le sujet. Je n'ai rien mentionné par rapport à Jungkook, mais cela ne devrait pas m'étonner qu'elle sache tout à propos du scandale autour de Jeon Corporation. Ça fait partie de son métier de se tenir à jour sur l'actualité.

Je reprends vite mon activité quand je sens le regard de ma mère couler sur moi.

Naela : Il préfère garder Jeon, en mémoire de sa mère qui a le même nom. Être un Kim par le sang est suffisant pour lui, pas la peine d'en changer son identité.

Maman : D'accord, ça se comprend. Mais sinon, tu n'as pas vraiment répondu à ma question.

Sauvée par le dong, le téléphone portable de ma mère sonne sur la table. Occupée à retirer toutes les tâches au fond de la marmite, ma mère jette un bref regard en arrière. De loin, je vois que sous le nom de l'émetteur est inscrit le terme "travail". Alors, j'imagine que c'est un appel important du boulot puisque la personne se permet d'appeler tard.

Naela : Tu veux que je te mette le téléphone à l'oreille ?

Tout en s'attardant sur sa tâche, elle me répond par l'affirmation et je me dépêche pour décrocher. Rapidement, je place l'appareil contre l'oreille de ma mère et elle le coince avec son épaule.

L'échange paraît important mais ma mère garde un calme olympien. Pour résoudre le problème de son interlocuteur, elle lui donne des directives claires et fermes qui ont l'air de satisfaire la personne à l'autre bout du fil. L'appel se finit sur un souhait de bonne soirée et je récupère le portable.

La marmite maintenant bien savonnée, ma mère la rince à l'eau chaude. Mais alors que j'allais remettre son téléphone sur la table, il émet un court son. Par réflexe, je regarde l'écran et tombe sur une notification de message. Le nom du destinateur me fait froncer les sourcils.

Naela : Maman, tu as prévenu l'entreprise où tu travailles en ce moment de l'état de mamie ?

Maman : Non, j'ai seulement dit que j'avais une urgence familiale. Pourquoi ?

Toujours dos à moi, ma mère pose délicatement la marmite sur l'égouttoir, puis s'essuie les mains.

Naela : Qui est ce "Park H." qui te demande si mamie va bien ?

Soudainement, elle s'immobilise durant un quart de seconde avant de s'appuyer sur le plan de travail. Elle ne me regarde pas, mais je sens qu'elle cherche la meilleure des réponses à me donner. J'ai l'impression que la personne derrière le message n'est pas n'importe qui.

Lorsque ma mère me fait face, je comprends qu'elle s'autorise à baisser les barrières qu'elle a dressées il y a fort longtemps. J'ai la forte sensation que je vais obtenir les réponses auxquelles je n'ai jamais eu accès, mais en même temps, le faux espoir est à envisager.

D'un geste de la tête, elle m'invite à prendre place sur une chaise. Je m'exécute tandis qu'elle reste debout, le bassin contre le plan de cuisine.

Maman : Je pense qu'il est temps que tu saches certaines choses à propos de ton père...

Mon cœur s'emballe rien qu'à l'idée d'en savoir plus sur le mystère qui entoure l'homme qui m'a conçue.

Maman : Tout d'abord, oui, il est bien en vie et aux dernières nouvelles, il est en Corée.

Cette première information enflamme mon excitation. Mon géniteur existe bel et bien et non loin de moi.

Maman : En fait, je suis toujours en contact avec lui. Nous ne nous parlons pas réellement, mais disons juste qu'il arrive que nous nous donnions des nouvelles l'un de l'autre.

Pendant toutes ces années, l'absence de mon père pesait dans la vie de ma mère. Alors que dans la mienne, il n'était qu'un fantôme. Inconsciemment, je serre les poings quand une question me vient en tête et se permet de glisser en-dehors de mes lèvres.

Naela : Est-ce qu'il sait que j'existe...?

Yeux dans les yeux, j'interroge ma mère qui fait claquer sa langue contre son palais.

Maman : Oui... Mais il a choisi de ne pas prendre ses responsabilités en tant que père pour te protéger.

Naela : Me protéger ? Mais me protéger de quoi ?

Maman : C'est compliqué... Son passé ne lui permet pas de vivre à nos côtés.

Comme un animal muselé, ma mère se sent bloquée par une vérité indivulgable et se contente de me fournir le strict minimum. Alors j'élimine les questions qui concernent directement mon père, et essaye d'apprendre un peu plus sur la relation passée de mes parents.

Naela : Est-ce que vous étiez amoureux ?

Maman : J'imagine ?

Naela : Hmm... je vois. Je n'étais pas prévue, c'est ça ?

La réaction de ma mère m'indique que j'ai touché dans le mille. S'approchant de moi, elle tire une chaise et s'y assoit. Mes mains viennent se faire emprisonner dans les siennes, légèrement froides a cause de la session de nettoyage de vaisselle.

Maman : Écoute, Naela. Je sais que je n'ai pas toujours agi comme devrait le faire une mère, et sache que je suis désolée. Je ferai de mon mieux pour rattraper ces années où je t'ai mise de côté pour ma propre carrière. C'est peut-être difficile à croire mais je t'aime ma chérie, et je te promets d'assumer entièrement mon rôle de mère maintenant. Je ne savais juste pas comment réussir à t'élever seule.

Naela : Tu ne l'étais pas. Il y avait Mamie Soo et Papi Gi.

Maman : Oui, tu as raison. En réalité, je ne me sentais tout simplement pas capable de m'avouer que j'ai eu un enfant avec un homme que je ne reverrai plus jamais. Tu étais là, sous mes yeux, alors que lui était un mirage, et j'ai eu tort de t'associer à lui. Toi, tu es réellement là, en face de moi. Tu es ma fille, la chair de mon sang, la prunelle de mes yeux.

Enfin devenir un être à part entière aux yeux de ma mère suffit à apaiser mes souffrances d'enfance. Je la crois sur parole quand je sens ses pouces caresser mes mains et ses yeux chercher mon regard. Cette discussion nous aura permis de débroussailler notre route commune, vers la relation mère-fille que nous avons eu temps de mal à construire.

Naela : Merci. Ça me fait plaisir d'entendre ça de ta bouche.

Instinctivement, nous nous sourions timidement. C'est la première fois que nous discutons aussi sérieusement, et surtout la première fois qu'elle exprime à voix haute ses sentiments. Mais malgré les réponses qu'elle m'a accordées, il reste un vide dans mon cœur que je voudrais quand même essayer de combler.

Maman : J'imagine que tu veux connaître son nom ?

Mon silence et mon regard dans le vide ont parlé pour moi. Ma mère a vite compris ce qui de tramait dans ma tête.

Naela : Je vois que ma perspicacité vient de toi.

Maman : Et ta curiosité vient de lui.

Cette découverte ravit mon cœur et fait sourire ma mère, qui se rappelle de son amour du passé.

Maman : Ton père s'appelle Park Hyubin.

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