ⅩⅩⅠ
- Deongja ?
...
- Deongjaaaa ! Cri le petit brun dans mes bras, il ne sait pas encore dire mon prénom correctement car il est encore petit.
- O-Oui Jeongin ?
- Sourire ! Me pointe-il du doigt, presque touchant mes lèvres.
Je souris simplement pour lui faire plaisir et décide de le laisser jouer avec ses jouets qu'il y a sur le sol de ma chambre tandis que je me rallonge dans les draps blancs de l'hôpital. Je regarde Jeongin jouer, il sourit et des éclats de rires viennent perturber le calme de la pièce. Je garde Jeongin toute la journée, Chan a un empêchement et donc, il m'a demandé si je pouvais garder l'un de ses petits frères. J'ai tout de suite accepté, je n'ai plus rien à faire de mes journées hormis les examens de base, je me suis dis que ça pourrait me changer les idées.
En fait, il en avait quatre à faire garder ; Jeongin, Félix, Changbin et Minho. San et Wooyoung se sont proposés pour m'aider et comme je deviens de plus en plus faible, ils m'ont laissé le plus jeune qui est le plus calme des quatre. C'est vrai qu'il est mignon, il ne sait pas très bien parler, ça le rend adorable. Je ne sais pas comment mes cadets s'en sortent, c'est pas leur fort les enfants, j'ai même peur qu'ils fassent des bêtises avec. L'horloge au-dessus de la porte m'indique quatorze heures. Je me redresse et regarde Jeongin qui joue toujours avec ses jouets.
Je ne me souviens de presque rien lorsque j'étais enfant, j'ai dû oublier. Je ne sais pas quels sont mes souvenirs heureux d'avant, si j'avais des rêves ou des passions, comme si je n'avais jamais été un enfant. Les seuls souvenirs que j'ai sont juste des flashs très peu précis de personnes, de lieux et de voix déformées. J'adore les enfants car je sais à quel point j'aurais aimé me rappeler de mon enfance, ma perte de mémoire me fait juste me rappeler comment les enfants sont fragiles et à quel point ils sont sensibles et innocents.
Je me lève de mon lit et m'accroupi devant le petit brun qui me regarde avec de grands yeux ronds. L'innocence d'un enfant est la plus belle chose à mes yeux. Je prends une de ses mains et lui montre l'horloge de l'autre.
- Jeongin, tu vois l'horloge ? Il hoche la tête. Elle dit que dans dix minutes il faudra aller faire la sieste avec tes frères et moi, d'accord ?
- 'ui ! Me sourit-il encore.
Je lui souris en retour et m'apprête à me lever mais il ne me lâche pas la main.
- Reste... Te plaît..
Comment puis-je dire non à un enfant qui veut que je reste avec lui ? J'hoche la tête et le place entre mes jambes vu que je ne peux pas les croiser à cause de leur rigidité. Il joue toujours, je le regarde faire en étant fasciné par son ignorance et son innocence. Je caresse lentement ses cheveux soyeux et joue avec lui en jouant le rôle d'une peluche avec qui il rigole aux éclats. Nous jouons encore quelque minutes avant que l'horloge n'indique quatorze heures dix, l'heure de la sieste.
- Jeongin, c'est l'heure de la sieste. Lui dis-je en remettant bien ses cheveux bruns.
Il lève les bras, le col de son haut colle au niveau de sa mâchoire qui fait relever ses petites joues rebondies et légèrement rosées. Je le porte contre moi alors que ses doigts s'agrippent par réflexe à mon t-shirt puis, je me dirige jusqu'à mon lit où je m'installe avec Jeongin sur le torse. À peine je nous couvre de la couverture que les yeux du petit brun commencent à se fermer tout seuls sous la fatigue. Soudain, la porte s'ouvre avec Wooyoung et San accompagnés des frères du petit brun.
Wooyoung souffle, exténué.
- Je déteste les enfants... soupire-t-il en se laissant tomber contre le dos de San.
- Oh ça va, ils n'ont pas été si horribles ! Répond celui-ci, plus souriant que son copain. Félix et Minho ont été gentils.
- Sannie, Minho a mordu le doigt de Félix. T'appelles ça gentil toi ?
- Pardon ? Dis-je en regardant d'abord le couple puis le noiraud concerné. Minho, tu peux venir me voir s'il te plaît ?
Il s'exécute, sous les yeux de ses deux frères éveillés et de mes deux cadets. Il reste planté à côté de moi et n'ose même pas me regarder, j'ai l'air si méchant que ça ? Je prends sa main et de ce geste, il lève les yeux vers moi.
- Je ne vais pas te disputer, je veux juste que tu ne recommences plus. Tu aurais vraiment pu faire mal à Félix, tu comprends ?
- Oui.. Il regarde Félix et vient lui faire un câlin. Pardon de t'avoir mordu.
- Tu es pardonné ! Je t'aime Minho-Hyung !
Je souris alors que les deux se câlinent et que Changbin se blottit sous la couette à mes côtés. Je le regarde, un peu surpris mais content qu'il se sente à l'aise avec moi.
- J-Je peux rester avec toi..? Demande-t-il, les joues rouges.
- Avec plaisir. Mais s'il vous plaît les garçons, ne parlez pas trop fort, Jeongin dort déjà.
- Oh ! Félix court à côté du lit et pointe Jeongin du doigt. Baby Jeongin ! Cute !
- Yeah Félix, your brother is very cute. You come to sleep with us ?
Félix grimpe sur le lit avec l'aide de Wooyoung et viens aussi s'installer mais du côté mur où Changbin est déjà couché. Minho fait de même mais vient de l'autre côté où il y a plus de place. J'ai oublié de préciser mais Félix ne sait pas encore bien parler coréen alors je lui parle en anglais, avec le peu de connaissances que j'ai, pour qu'il me comprenne mieux. Je souhaite une bonne sieste à tous les quatre, même si certains sont déjà en train de dormir avec leur peluche en main.
San et Wooyoung viennent m'embrasser le front, baissent les volets pour ne laisser passer que quelques rayons de soleil passer et sortent de la chambre pour nous laisser nous reposer. Les respirations calmes et la chaleur émanant des quatres petits garçons m'apaisent et me font me morfondre dans mes rêves les plus tordus.
/❀\
Je me suis réveillé il y a plus d'une heure, je n'arrive plus à dormir depuis des jours, ou du moins à dormir une nuit complète. Je me rends bien compte que j'ai changé, je ne mange plus grand chose, je n'arrive plus à dormir ni à prendre du plaisir dans quoi que ce soit. En même temps, quel est l'intérêt de vivre si ma raison de vivre ne me donne plus aucun signe de vie ?
Hongjoong ne m'a pas parlé depuis dix-sept jours, depuis qu'on a couché ensemble, il ne m'a pas parlé. J'ai essayé de l'appeler, de lui envoyer des messages mais je n'obtiens aucune réponse. Je déprime sans lui, mon monde est vide et triste, je redeviens le Seonghwa morose d'avant. Wooyoung a des nouvelles de lui pourtant, moi non. J'ai le ventre qui se tord, la gorge qui m'étrangle, le cœur qui se serre et les yeux à deux doigts de pleurer. J'ai envie de me tuer pour avoir accepté de coucher avec lui, c'est sûrement à cause de ça qu'il ne veut plus me voir.
Peut-être que je l'ai dégoûté, ou alors qu'il voulait juste m'utiliser mais je ne vois pas Hongjoong faire ça. Et le pire c'est que je n'arrive plus à faire semblant, je n'arrive plus à sourire quand ça ne va pas. De ce fait, tout le monde s'inquiète et je déteste ça, moi ce que je veux c'est parler à Hongjoong, au moins une minute. Il est bientôt dix-sept heures, Chan ne va pas tarder à venir récupérer ses petits frères, il faut que je les réveille.
Doucement, je tente de réveiller Minho, qui est le plus âgé et il m'aide à réveiller les deux autres. Jeongin étant plus jeune, il doit encore dormir une bonne heure. Le plus vieux des trois plus grands les dirige en dehors de la chambre, me disant qu'ils vont voir San et Wooyoung pour que je puisse être tranquille avec Jeongin. Je continue à caresser les cheveux fins de ce dernier en écoutant sa respiration calme et reposante.
À chaque fois que je pense, je vois le visage d'Hongjoong, je relis souvent nos conversations par messages et me remémore son sourire bienveillant. Son rire me torture l'esprit, me tritue le cœur et me transperce l'âme. Il me manque, j'ai tellement envie de le revoir, de le prendre dans mes bras et de le chouchouter, ma vie s'est éteinte sans lui. En repensant à tout ça, mes larmes coulent, roulent sur mes joues sans que je n'aie l'envie de les stopper. J'ai l'impression de ne plus être moi, de ne plus avancer, de tomber encore plus bas sans Hongjoong à mes côtés.
En entendant la voix de Chan en dehors de la chambre, j'essuie vite mes larmes et me prépare mentalement à sortir. Je souffle, sort du lit en portant Jeongin dans mes bras et sort de la pièce. Chan discute avec San et Wooyoung, ses petits frères autour de lui qui jouent et rigolent. Wooyoung tourne la tête vers moi et court vers moi, m'invitant à lui confier Jeongin.
- Hyung, tu n'as pas le droit de sortir de ta chambre!... se plaint-il.
- J'ai quand même le droit de venir saluer Chan, Wooyoung. Dis-je un peu crument, je sais que je suis fragile. Je me tourne vers le blond qui me sourit tristement. Ils ont été très sages, de vrais petits anges. Je dépose Jeongin dans ses bras, le petit brun encore endormi.
- Merci encore Seonghwa de bien vouloir garder mes frères, ils t'aiment beaucoup tu sais ? Me sourit le blond en berçant légèrement le petit qu'il a dans ses bras. Tu devrais être rémunéré pour tes services...
- Je fais ça car j'aime le faire, pas parce que je veux de l'argent. Et puis il n'y a plus que ça qui me rend heureux.
J'ai sorti ça tout seul, sans forcément me rendre compte du sens de ma phrase, je n'ai même plus la force de mentir. San me prend la main, me regarde avec peine, je lui fais autant pitié ? Je me sens vide, j'ai envie de retourner dans ma chambre, de m'allonger dans mon lit, dans le noir et de dormir. Je sens quelques picotements dans ma poitrine qui me font geindre de douleur, mon cadet aux cheveux blonds se précipite et passe ses bras autour de mes épaules.
- Hyung ça va ?! Demande Wooyoung, de l'inquiétude dans sa voix.
- Seonghwa, ça va aller ?.. S'inquiète Chan et ses frères qui me regardent.
- Ne vous inquiétez pas, ça va aller. J'essaye de calmer leurs inquiétudes en souriant mais encore un échec.
- Viens Hyung, je vais te raccompagner dans ta chambre... Dit San en me tirant doucement vers ma porte de chambre.
Je me détache de lui une fois entré et m'allonge dans mon lit, m'enveloppant de couverture pour essayer d'avoir chaud, je me sens gelé de l'intérieur. San s'approche de moi et fait quelques caresses sur mes cheveux, étant dos à lui, je ne peux pas voir son visage. On ne s'est pas beaucoup parlé lui et moi depuis que je déprime, ni depuis qu'il sort avec Wooyoung. Normal, il a une priorité maintenant, et je suis content qu'il soit heureux mais je ne peux m'empêcher de vouloir la même relation que lui... Comment puis-je penser ça de mon meilleur ami ? Quel mauvais grand-frère je suis, je n'apporte même plus de soutien aux personnes que j'aime, je n'arrive même plus à être heureux pour eux...
Personne ne parle, juste San qui caresse mes cheveux et moi qui me coupe du monde en me repliant sur moi-même. Je ne peux m'empêcher d'imaginer que c'est Hongjoong qui me caresse les cheveux, qui est ici, avec moi. Mes pensées chamboulées me serrent le cœur, ce dernier me rappelant que mon rosé n'est pas là, et mon cerveau me répétant sans cesse qu'il m'a sûrement oublié, qu'il me déteste, que je n'ai jamais compté pour lui. Je niche par automatisme ma tête dans la couverture pour atténuer le bruit de mes pleurs, je ne veux pas que San soit mêlé à mes problèmes, surtout que c'est sûrement moi qui me fait des films.
- On ne s'est pas parlé depuis un moment tous les deux, n'est-ce pas Hyung ? Fend-il le silence de sa voix hésitante.
Je ne réponds pas, de peur que je ne puisse pas me retenir et m'effondrer en larmes devant mon cadet. Je serre plus fort la peluche que j'ai en main pour me rassurer tandis que je bataille avec mes émotions pour qu'elles restent enfermées au plus profond de moi.
- Je sais que tu ne veux pas me parler mais sache que peu importe comment tu es, joyeux ou déprimé, vivant ou mort, tu resteras le grand-frère que je n'ai jamais eu à tout jamais. Il se penche et me fait un câlin, une goutte tombant dans le creux de mon cou. Je suis désolé de n'avoir pris soin que de Wooyoung ces derniers temps, je comprends si tu es fâché contre moi...
Non, je ne suis pas fâché Sannie...
- Je t'aime Hyung, je t'aime énormément... Dit-il avant de se détacher de moi et de renifler. J-Je te laisse te reposer, pardon de t'avoir dérangé!...
La porte claque, mon cœur fait crac.
Je laisse mes émotions sortir et je fonds silencieusement en larmes, mon cœur se serrant si fort que j'ai l'impression de faire une crise mais je sais que non. Je suis désolé San, j'aurais aimé te dire tout ce que je ressens mais je ne voulais pas paraître plus faible que je ne le montre déjà devant toi. Si tu savais comme je suis fier de toi, j'aimerais tellement te dire plus de choses mais je vais mal, je vais trop mal pour dire ce que je ressens vraiment.
Je sais qu'il y a bien pire que mon cas mais je ne peux pas contrôler ma peine de ne plus voir ma petite bouille préférée, de ne plus l'entendre hormis dans mes rêves.
Il est impossible pour moi d'arrêter d'aimer cet homme, celui qui me fait fleurir, mais il est impensable de croire que son cœur bat aussi fort que le mien en sa compagnie.
Il reviendra, n'est-ce-pas ?
Hongjoong va revenir, n'est-il pas ?
Je me sens défaillir.
Mon esprit est trop embourbé de noir pour atteindre le moindre espoir.
/❀\
Il est dix-huit heures, j'arrive enfin à l'hôpital Yonsei avec beaucoup de retard par rapport à ce que j'imaginais. Je souffle en arrivant devant la porte, aller, calme toi, tu dis juste "Bonsoir, c'est pour une visite.". Tout va bien se passer, te met pas à bégayer ça va être la honte sinon.
Après avoir fait mon petit speech, je rentre dans le hall d'entrée et me dirige vers le comptoir où un homme se tient, dormant à moitié sur sa chaise. Pas très professionnel pour quelqu'un qui travaille dans un hôpital. Je me dirige alors vers l'autre comptoir où une femme me sourit, comprenant que son collègue n'était encore pas en activité.
- Bo-bonsoir. Bordel, j'avais qu'une chose à faire et moi je le fais... Je me désespère.
- Bonsoir jeune homme, excusez mon collègue, il n'arrive toujours pas à se dire qu'il travaille dans un bâtiment où ça va vite. Elle marmonne quelque chose en regardant l'homme puis se reconcentre sur moi. Excusez moi encore, il m'arrive de me déconcentrer rapidement. C'est à quel sujet ?
- Euh.. J-j'aimerais rendre visite à quelqu'un, si c'est possible !
- Bien sûr, c'est pour quel patient ?
- Park Seonghwa. Et je..j'aimerais voir Jung Wooyoung également.
- Pas de soucis, vous êtes un ami de ces deux patients ?
Elle se fout de moi ? C'est pas la première fois que je viens ici pour voir Wooyoung, elle me reconnaît pas ? Ou alors elle a des trous de mémoire. Bref...
- Oui.
- Très bien, je vais leur demander si vous pouvez les voir, patientez quelques instants je vous prie.
J'acquiesce et regarde mon téléphone en écoutant la femme de l'accueil parler au téléphone avec Seonghwa et Wooyoung pour que je puisse venir les voir. Elle semble un peu gênée quand je la regarde, elle a le téléphone contre son oreille, le regard un peu perdu et les doigts qui tapotent sur le comptoir.
- I-Il y a un problème ? Osé-je demander.
- Eum.. Monsieur Jung ne répond pas...
Oh... Wooyoung... Pitié dîtes moi que c'est pas ce que je crois...
La femme soupire et compose un autre numéro, qui cette fois réponds à l'appel.
- Désolée de vous déranger Monsieur Park mais un ami à vous aimerez venir vous voir. Elle arrête de parler un instant et me regarde. Quel est votre nom ?
- Ye-Yeosang.
- Il s'agit de Yeosang, Monsieur. Elle s'arrête encore de parler, hochant la tête de temps en temps. D'accord, merci de votre temps. Elle repose le téléphone sur le socle et me regarde en souriant.
Il accepte votre visite.
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