☾ 𝟕 ☽
tw: sous entendu de violence domestique,
sous entendu de mutilation
⤿ ☾ ⤾
Cette fois, Jisung était à l'heure, mais il semblait toujours préoccupé. Minho n'osait toujours pas demander ce qui n'allait pas. Ce serait commencer la première discussion sérieuse depuis leur rencontre, et ça lui faisait peur. Il ne voulait pas savoir si Jisung allait mourir demain, ou s'il allait partir dans une nouvelle ville parce que l'un de ses parents avait été promu. Il voulait juste garder Jisung pour lui, égoïstement. Il voulait savoir ce que Jisung lisait, ou ce qu'il avait dessiné. Il ne voulait rien savoir de sa vie personnelle. Même s'ils étaient amis, Minho n'arrivait pas à se dire qu'il avait le droit de connaître l'intimité de quelqu'un.
Mais Jisung ne semblait pas du même avis. Il voulait lui parler de ce qu'il vivait. Ça se voyait sur son visage. Il n'osait pas se lancer, mais il en brûlait d'envie. Ça le faisait souffrir, Minho arrivait à le lire, un peu. Jisung était expressif. Pas assez pour être lu comme un livre ouvert, mais suffisamment pour prédire ses actions dans un futur proche.
— J'ai pas de phrase d'accroche...
Il rigola un peu amèrement, avant de lancer un coup d'œil à Minho. Visiblement, sa tentative de blague était ratée. Minho l'observait, ses éternels sourcils froncés étaient la seule expression dont il était capable. Il attendait que Jisung parle, qu'il se jette à l'eau avec ce qu'il voulait balancer. Il ne le forçait pas. Jisung se forçait tout seul, comme s'il n'y aurait pas de lendemain.
— C'est tendu chez moi. Mon père a du mal à gérer sa colère... Ma mère ne fait plus attention à rien. Leur couple est mort, je le sais, pourtant ils restent ensemble. C'est pour moi, apparemment. Mais je les déçois assez souvent, je crois... Pourtant, je fais de mon mieux, tous les jours. Je fais le plus de tâches ménagères comme ça ils peuvent se reposer en rentrant du travail.. J'te jure je fais de mon mieux. Mais c'est jamais assez. Je sais plus quoi faire. En plus mon père est sur le point de se faire virer, alors il a du mal à se contenir...
Une pause, Jisung avait les yeux larmoyant. Même si Minho ne pouvait le voir que de profil, les larmes qui menaçaient de couler étaient assez remarquables. Il ne savait pas quoi dire. Il n'était même pas sûr de comprendre ce que Jisung essayait de lui dire. Il ne savait pas lire entre les lignes.
— Dans notre ancienne ville, les voisins se plaignaient du bruit. Des cris surtout, mon père crie souvent. Contre moi, contre ma mère, contre le mobilier parfois. Mais il a juste du mal à gérer sa colère. Ça va s'arranger, il va apprendre. C'est jamais trop tard. Je ne lui en veux pas, je l'aime toujours. C'est mon papa, il fait en sorte que notre famille puisse vivre dans le confort...
Une nouvelle pause, il cherchait ses mots, visiblement. Minho n'osait pas l'interrompre, il ne savait pas quoi dire. Il n'était toujours pas sûr de comprendre les non-dits de Jisung, mais il avait une piste. Il ne l'aimait pas. Ça lui faisait peur. Il ne voulait pas avoir raison, il ne voulait pas de confirmation.
— Concernant ma mère, c'est moins compliqué... C'est un peu comme un fantôme. Elle part travailler le matin, sans nous adresser un mot, elle rentre le soir, et va s'enfermer dans sa chambre, sans parler. Je lui apporte le dîner tous les soirs et voilà. Mais parfois, quand elle passe une mauvaise journée, elle peut crier aussi. D'abord sur mon père, parce qu'il ne la traite plus comme la femme qu'elle est, puis sur moi parce que je la dérange trop.
Dernière pause avant la fin de la pièce. Minho était presque certain d'avoir raison, mais il n'avait pas de preuves concrètes, d'aveu.
— Je crois qu'ils ne m'aiment pas. Ou qu'il ne m'aime plus. Je ne sais pas où ça a dérapé. Mais c'est sans doute de ma faute. Alors j'essaie d'être encore plus serviable, transparent. Ça fait mal, mais c'est à l'intérieur. Parfois ça fait trop mal alors j'extériorise aussi... Mais je n'ai jamais su crier.
Il avait souri tristement Jisung. Il tremblait, les larmes menaçaient de couler, mais elles n'osaient pas. Et Minho, il ne disait rien, parce que les mots lui manquaient, parce qu'il était choqué, et qu'il ne savait en aucun cas réconforter.
Alors ils restèrent silencieux, l'un un peu soulagé, l'autre tourmenté.
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