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     C'était la deuxième fois qu'il venait sur ce toit. Il ne connaissait pas la ville, il n'avait pas encore pris ses marques, mais il était déterminé à venir ici tous les soirs. Ce qui l'avait surpris, c'était que quelqu'un d'autre vienne occuper ce toit la nuit. Dans son ancienne ville, personne ne faisait ça. Il était toujours seul, avec ses amies les étoiles. Alors hier, quand il avait vu le jeune homme assis au bord de l'immeuble, il n'avait pu s'empêcher de sourire, d'être excité. Il avait bien besoin de compagnie.

     Il avait toujours rêvé de pouvoir contempler le ciel étoilé avec quelqu'un. Il avait toujours rêvé de pouvoir discuter à la lumière de la lune avec quelqu'un. Il avait toujours rêvé de s'asseoir en haut d'un immeuble avec quelqu'un. Alors hier, c'était comme si ses rêves se réalisaient.

     Ou une partie seulement -le dernier. La personne ne semblait pas très bavarde. Peut-être qu'il était timide ? Peut-être qu'il préférait le silence ? Peut-être qu'il était sourd ? Muet ? Il voulait savoir, il voulait découvrir ce que cachait cet inconnu. Alors ce soir, il se rendait sur le toit, dans l'optique d'arracher quelques informations à ce garçon.

     Il ouvrit doucement la porte, passant d'abord sa tête dans l'entrebâillure de la porte pour s'assurer que l'autre était bien là. En quoi ça importait au fond ? Il viendrait quand même s'asseoir pour observer le ciel. Mais comme hier, le jeune homme était là, assis sur le rebord de l'immeuble. Depuis combien de temps était-il là ? Il n'avait aucun moyen de le savoir...

     —   Salut ! Ça fait longtemps que tu es là ?

     Comme la veille, un silence s'installa entre eux. Pas le genre de silence où quelqu'un réfléchissait avant de répondre, plutôt le genre de silence qui annonçait que la question resterait sans réponse. Il devrait peut-être se décourager dans ce cas, ou alors revenir à la charge, quitte à se faire détester. Ou alors il était réellement muet. Ou sourd.

     —   Je sais pas.

     La réponse ne se faisait plus attendre, mais elle était là, elle venait de se manifester. Il en eut un sourire vainqueur. Ça s'annonçait bien, non ? Ça voulait dire que l'inconnu n'était pas fermé à la discussion. Ou peut-être qu'il ne répondait que par politesse, que Jisung le dérangeait... Non ! Non, non non ! Il fallait qu'il soit optimiste.

     —   Et tu t'appelles comment ?

     L'inconnu tourna enfin la tête vers lui, les sourcils froncés. Visiblement, la question ne lui plaisait pas. Peut-être qu'il voulait rester anonyme, peut-être que c'était une question trop personnelle pour le moment ?

     —   Moi c'est Han Jisung.

     Ou alors peut-être qu'il avait besoin d'un coup de pouce. Peut-être qu'il avait besoin de voir que Jisung ne lui voulait absolument pas de mal ? Peut-être avait-il du mal à accorder sa confiance. Peut-être plein de choses... Il ne le connaissait pas, et ne pouvait donc pas prévoir ses réactions, ses pensées. Il ne pouvait pas prévoir.

     Ça l'angoissait un peu, lui qui aimait avoir tout sous contrôle pour être sûr que rien ne dérape. Mais il devait accepter que tout ne soit pas prévisible. Alors il détourna son regard du visage de l'autre, et s'appuya sur ses bras pour observer le ciel. Il n'y avait pas de nuages cette nuit, la lune brillait de milles feux, sans aveugler, et les étoiles se démarquaient chacune dans ce fond noir. C'était réconfortant, et un nouveau sourire naquit sur les lèvres de Jisung. Il pourrait rester ici pour l'éternité.

     —   Lee Minho.

     —   Hein ? Ah, enchanté Minho !