⤿ ☾ ⤾

     Parfois, Minho avait songé à commencer à écrire dans un carnet. Comme une sorte de journal intime, pour exprimer ses émotions, même si elles étaient limitées. Peut-être que ça l'aiderait. Un ancien ami lui avait une fois dit qu'écrire ça pourrait peut-être l'aider à aller mieux, s'il n'aimait pas parler à quelqu'un. Il lui avait dit que garder tout ce qu'il ressentait, tout ce qui le tracassait, rien que pour lui, ce n'était pas bon. Ça ne ferait qu'empirer les choses. Minho ne l'avait jamais écouté, parce qu'il n'acceptait pas encore le fait qu'il puisse aller mal.

     Aujourd'hui, il avait accepté qu'il allait mal. Il ne voyait que ça, désormais. Avant sa vie était toute blanche, maintenant elle était toute noire. Il n'y avait jamais eu d'entre-deux, de gris. C'était d'un extrême à un autre, et le passage avait été une réelle claque. Beaucoup de temps était passé avant qu'il n'accepte qu'il n'allait pas bien, que sa vie stagnait, qu'il n'était pas comme tout le monde. Tout le monde étant ceux qu'il voyait évoluer autour de lui.

     Il en avait pleuré de longues heures, qui s'étaient transformées en jours. C'était à ce moment qu'il avait perdu la notion du temps, la notion de tout. Il n'avait pas glissé progressivement vers cet état, il était tombé, il avait réalisé. Il avait ouvert les yeux, et n'avait plus jamais été capable de les fermer. Il avait accepté cette vérité, et c'était devenu son entière personnalité. Il n'avait plus été capable de rien. Il était devenu ce genre de personne qu'on voulait aider, mais qui n'acceptait pas les mains tendues.

     Il en avait perdu son ami. Celui même qui avait affirmé qu'il resterait à ses côtés, bon gré mal gré. Minho n'arrivait pas à dire s'il s'en était remis, ou si c'était cette perte qui l'avait plongé dans le noir de sa douleur. Ce qu'il était égoïste quand même. Il ne pensait qu'à lui, ne voyait que sa douleur, celle-même qu'il niait avant. Qu'est-ce qui s'était passé ?

     Il voulait se dire qu'il n'en savait rien, pourtant cet épisode rejouait dans sa tête tous les soirs. Et tous les soirs il essayait de trouver une alternative, celle qui l'aurait empêché de devenir qui il était aujourd'hui. Malheureusement, on ne pouvait pas revenir dans le passé. Et il était bien trop à l'aise dans sa douleur, il avait peur d'en sortir. Après tout, le bonheur ne dure jamais. Qui sait s'il ne tomberait pas encore plus durement s'il essayait de se relever ?

     Un bruit inhabituel retentit dans le silence du toit, faisant sursauter Minho. La porte qui menait ici venait de s'ouvrir, révélant un jeune homme dans son embrasure. Qui était-ce ? Il ne l'avait jamais vu dans l'immeuble avant. Venait-il d'emménager ?

     —   Oh, je peux venir ?

     Un moment de silence durant lequel Minho fixait ce jeune homme, avant de se rendre compte qu'il attendait une réponse. Il se contenta d'un simple « oui », puis se retourna pour observer la rue en contrebas. Ce à quoi il ne s'attendait cependant pas, c'était que l'autre vienne s'asseoir à ses côtés.

     Et pour la première fois depuis ce qui semblait être trop longtemps, Minho crut ressentir un petit peu de curiosité.