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Depuis combien de temps était-il assis ? Peut-être quelques heures, peut-être moins, peut-être plus. Il n'en avait aucune idée, il n'avait aucune notion du temps, et rien pour lui indiquer l'heure. Enfin, il y avait la lune, fière dans son lit d'étoiles, mais il n'avait jamais appris à lire l'heure grâce aux positions des astres. Ça ne l'intéressait pas de toute façon. Peu de choses l'intéressaient.
Qu'est-ce qu'il faisait là, alors, à observer la vie nocturne en dessous de lui ? Eh bien... En fait, il observait simplement le monde tourner, alors que lui stagnait, s'embourbait dans cette vase qu'était sa vie. Il se faisait du mal, en voyant rire, parler, marcher, juste vivre les gens en contrebas. Il s'infligeait cette douleur, pour garder en mémoire que lui, il n'avançait pas. Ce n'était pas par manque de volonté, il en avait longtemps fait preuve. Mais chacun de ses efforts pour faire un pas s'était retrouvé être des échecs. Il n'en pouvait plus, il était fatigué.
Avant il se mêlait à ces personnes qui arpentaient la rue, désormais, il les regardait du haut de son perchoir. Il ne voulait plus essayer. Il attendait. Quoi, au juste ? Il n'en avait pas la moindre idée. La mort peut-être ? Non. Il voulait vivre, cette flamme brûlait encore, malgré toutes les fois où on avait soufflé dessus.
Cela faisait maintenant quelque temps qu'il avait adopté cette routine, de venir sur le toit de son immeuble la nuit. C'était agréable, surtout en été et au printemps. Plus de personnes sortaient dans la rue la nuit et il voyait beaucoup mieux la lune aussi. Ces heures à rester seul ici, c'était tout ce qui rythmait sa vie. Chaque jour il attendait la nuit. On disait que ceux qui souffraient beaucoup dormaient énormément pour faire passer le temps plus vite, et pour ressentir le moins de douleur possible. Pour lui, c'était l'inverse.
Moins il dormait, plus il souffrait, mieux c'était. Il ne connaissait rien d'autre, c'était tout ce qu'on lui avait donné de ressentir. La joie, l'amour, l'amitié, l'hilarité, la gratitude, la surprise, n'étaient devenus que de vagues sentiments. Son quotidien était entretenu par la morosité, la tristesse, l'ennui, le dépit, la souffrance... Qu'est-ce qui le retenait alors ? Oui il voulait vivre, mais pourquoi ? Il n'avait plus aucune raison de passer chaque jour. Il n'avait personne pour qui ça valait encore la peine de respirer. Il n'avait pas de passions pour lesquelles ça valait la peine de prendre un peu de temps.
Il n'avait plus rien, plus personne, et pourtant, pourtant au fond de ses prunelles continuait de brûler un petit feu. Le petit feu de la vie, qui n'éclairait pas beaucoup, mais qui pourtant restait remarquable. C'était pour ça que Minho continuait de vivre. Peut-être que contrairement à ce qu'il s'efforçait de penser, il continuait d'espérer. Il continuait d'espérer qu'un jour peut-être, sa vie serait un peu mieux, que ce qui était cassé chez lui finirait par se réparer. Peut-être qu'on allait l'aider.
Alors, dans la nuit faiblement éclairée par la lune et les lumières de la ville, Minho adressa une prière silencieuse aux étoiles.
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