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Sombres Mystères 4/6

— Leodore Grimgormaro !

À ces mots, le dénommé Leodore, harnaché d'une vieille veste queue de pie en cuir, esquissa un sourire scindé de dents du bonheur. L'extravagant personnage fit une révérence face à son ancienne partenaire, pliant sa jambe gauche arborant une prothèse de cuivre oxydée s'arrêtant au genou. Celle-ci comportait des ressorts, une valve à vapeur lui permettant de courir, ainsi qu'un pied chaussé artificiel.

Lorgnant craintivement ces vestiges de guerre, Icencia songea à la pénible et douloureuse période que Leodore avait dû traverser. Sa diminution physique avait été un réel coup dur pour lui, mais aussi un très mauvais souvenir pour elle.

Gaiement, l'homme chantonna à la mère célibataire, d'une voix sympathique :

— Oui, c'est moi, le Grim ! Nom d'un balancier défectueux, cela fait fort longtemps que nous ne nous sommes pas vus !

— En effet. Tu as... fière allure, lui glissa Icencia, légèrement abasourdie. Que fais-tu à Solécendre, après tout ce temps ? Je pensais que tu avais quitté Lumènia.

— Oh non, je ne risque pas de quitter ma magnifique île natale. Je venais juste faire quelques emplettes dans le coin. Depuis que je crèche à Kettlesbarrow, c'est comme si je réapprenais à vivre. L'air y est nettement plus pur qu'ici. Seulement, le commerce n'y est pas très fleurissant, à mon grand désarroi. J'y ai ouvert une horlogerie il y a quelques années, où je fabrique et répare toutes sortes de mécanismes.

Icencia grimaça, la mine amusée.

— Une horlogerie ? Serais-tu devenu manuel ? Je pensais que tu détestais l'ingénierie.

— Certes, mais les gens changent. Je me suis découvert une passion pour ces petites activités, sourit l'énergumène. Et toi, que deviens-tu ? Comment va ta fille ? Elle doit être grande, maintenant. La dernière fois que je l'ai vue, c'était après l'attaque de la Guivre Mécanique, elle était encore un tout petit bébé.

— Oui, je m'en souviens. Eh bien, moi, je vivote en faisant des livraisons de medicaments en ville, chez des personnes malades ou âgées. Et en ce qui concerne ma Milléïs, elle va très bien. Elle est sur la voie des Défenseurs. Il y a peu, elle a été retenue pour apprendre au Pensionnat Richmond, aux côtés de son meilleur ami.

— Oh, elle suit le chemin de sa mère, c'est admirable ! J'aurais adoré la revoir. Je me demande si physiquement, elle tient plus de toi ou de Rainer.

Icencia esquissa un faible rictus, affligée d'entendre le nom du père de sa fille. L'air soudainement désolé, Leodore l'interrogea, l'index posé sur son menton :

— Tu n'as pas eu de ses nouvelles depuis l'attaque, je suppose ?

— Non, je pense qu'il est mort. Après quatorze ans, je ne vois pas d'autres scénarios possibles. Ma fille est également persuadée que son père nous a quittés.

— C'est une affaire des plus étranges. Personnellement, j'aurais toujours un doute. Après tout, son corps n'a jamais été retrouvé.

Icencia se ternit, ne sachant quoi rétorquer. Ces débris de souvenirs lui martelaient la tête comme si elle était coincée dans un tambour. Elle n'avait qu'une envie : presser son crâne comme un agrume, jusqu'à faire sortir tous les restants imaginaires de son amour d'autrefois. Cet amour disparu, enfui parmi les étoiles.

Percevant son mal-être, Leodore ébaucha un sourire sur ses lèvres ; cette forme en arc de cercle s'accorda à merveille avec celle présente sur la moitié de son masque.

— Allons, Icencia, ne fais pas la tête. La vie est une succession d'événements saugrenus, mais dans chaque situation inédite, il faut apprendre à sourire à cette vie. Le sourire est notre source d'été lorsque nos jours sont de pluie, le baume réparateur lorsque nous sommes blessés. C'est d'ailleurs pour cela que j'ai opté pour un masque souriant ; pour que dans mon malheur et ma souffrance, tout le monde voit que je suis heureux d'être en vie.

Émue, Icencia approuva ce discours, peinant à retenir l'averse à ses yeux. C'était comme si elle revoyait cet adolescent qu'avait été Leodore à son entrée au Pensionnat Richmond. Ce garçon insolent, mais tellement amusant ; si espiègle, mais tellement intelligent ; si loufoque, mais tellement intéressant. L'âme vibrante qui masquait ses larmes derrière une risette largement écartée. Un sourire qui voulait dire qu'il combattrait, avec force, toutes les difficultés qui se dresseraient face à lui. Ce soleil qui l'avait aidée à hisser la tête hors des nuages pour se rattacher à sa lumière.

Oui, Leodore était inéluctablement resté le même.

— Tu n'as pas changé, Grim. Tu as toujours su me faire sourire.

— Et je suis là pour ça, ma chère. Sache que tu n'as pas changé non plus, tu es toujours aussi jolie.

La mère de famille rougit légèrement, mais bien assez pour que Leodore le remarque. Elle rehaussa alors un regard scintillant, puis lui proposa, avec une douceur amicale :

— Veux-tu passer chez moi pour prendre un thé ?

— Navré, je suis pressé, refusa Leodore, poliment. Je ne suis que de passage, je suis venu acheter quelques outils qui me manquaient. Je repars directement pour Kettlesbarrow après ça. J'ai plusieurs commandes de réparations qui ne peuvent pas être retardées. En sus, mon chat m'attend et il n'est pas du genre très patient.

— Je comprends, ce n'est pas grave.

— Mais... On peut remettre cela à bientôt. Lorsque ta fille sera revenue de son apprentissage, passez chez moi, toi et elle. Cela me ferait énormément plaisir de rencontrer la petite Milléïs et de te montrer mon humble chaumière.

L'ancienne Défenseure s'illumina.

— J'en serais ravie. Si jamais tu repasses par ici, passe me voir, j'habite toujours au même endroit.

— Fort bien, je n'y manquerai pas. Dans ce cas, à la prochaine, heureux de t'avoir revue.

D'un geste respectueux du chapeau, Leodore la salua, puis tourna les talons en direction du centre-ville. Dans un bruit de métal résonnant sur les pierres, il traversa la rue, avant de disparaître dans la foule grouillante des passants. Les retrouvailles inattendues avec son vieil ami avaient réchauffé l'âme meurtrie d'Icencia, ravivant en elle les émotions d'autrefois.

En prenant le chemin du retour, elle se promit de songer davantage à Leodore Grimgormaro. De ce fait, elle le verrait peut-être apparaître plus souvent.


Plus d'un mois passa.

Novo prit ses aises aux alentours, recouvrant la forêt et les paysages d'un magnifique manteau blanc immaculé. L'automne, vaincu par la témérité de la saison adverse, céda sa place à l'hiver. Les stalactites pendaient à l'embrasure des fenêtres, les lièvres faisaient des réserves pour être prêts à tenir face à cette transe glaciale.

Au pensionnat, un jour très spécial arriva pour Draval.

Dans le dortoir des garçons, encore emmitouflé entre ses draps qui l'encourageaient à ne pas écouter la trompette de Madame Dungarron, le fils du forgeron achevait sa nuit de sommeil. Les effluves matinales, perçant les rideaux, s'écrasaient sur la silhouette du jeune homme, tout au même point qu'une Milléïs bien réveillée dont les cheveux semblaient avoir tenté une mutinerie groupée.

Entrant sans ménagement dans les quartiers masculins, en robe de chambre, Milléïs hurla sa joie de bon matin, réveillant les cinq garçons de la chambre. 

— Joyeux anniversaire, Draval ! Tu as quinze ans aujourd'hui !

En grimaçant, Tegan remonta la couverture sur sa tête, les yeux lourds et maugréa :

— C'est pas vrai...

— Qui lui a permis d'entrer, à cette folle dingue ? pesta un autre élève.

Draval gémit, retourné par ce réveil plus que difficile. En recevant le corps de Milléïs sur les reins, le jeune homme ne put s'empêcher de rire. En effet, en ce beau matin neigeux, il venait d'avoir quinze ans. Quinze ans de vie, quinze ans de joie, quinze ans à être étouffé par le poids de son amie. Attirée par les chants joyeux, Andronika débarqua dans le dortoir en braillant. Lunich la suivit, les mèches en désordre. Encore en pyjama, ceux-ci sautèrent les uns après les autres sur le héros du jour. Draval tenta de réchapper à ce supplice entremêlé de cheveux, de chausettes et de doigts, mais trop tard. Lorsque Lunich s'étala sur le sommet de la pile, le fils du forgeron sentit ses os craquer et sa respiration se perdre.

— Par Soltama, faites moins de bruit ! Il y en a qui veulent dormir ! se plaignit Tegan, toutes ses dreadlocks chutant devant son visage marqué par le sommeil.

Dans un éclat de rire contagieux, Draval pensa que son anniversaire commençait bien.

Au petit-déjeuner, au centre des éclats jovials du mess, Milléïs et Draval dégustaient leur assiette en bavassant avec Lunich, assis près d'eux. Celui-ci leur rappela, la bouche pleine, que ce soir était l'ultime soir pour eux : l'adieu aux pansements, un moment tant attendu par le binôme. Milléïs sourit en y pensant.

— C'est vrai ! C'était long, mais mon poignet va beaucoup mieux. Même si gustativement, c'est l'horreur, les soins néofloriens de Monsieur Pepperain sont les meilleurs !

— Je te crois, mâchouilla Lunich, riant entre les miettes parsemant son menton. Disons que ce soir, votre libération est arrivée.

— Et ce n'est pas trop tôt, j'ai envie de dire, poursuiva la jeune fille. J'espère juste ne pas recroiser le directeur en chemin.

— Pourquoi ?

Lunich avait posé cette question, les sourcils haussés de curiosité. En lorgnant les alentours, à l'affût de la moindre oreille indiscrète, Milléïs fit un geste de la main et l'encouragea à s'approcher. En veillant à garder un timbre bas, elle lui chuchota :

— Un soir, alors qu'on allait faire nos pansements, nous avons croisé le directeur Wynstead qui sortait des donjons du pensionnat.

— Pour de vrai ? couina discrètement l'adepte des sucreries.

— Oui, j'ai trouvé ça très bizarre, sachant que tout le monde est interdit d'y aller.

— Pas tout le monde, Milléïs. Seulement les élèves.

Draval s'intercéda dans la discussion, d'un ton plat. Il faisait jouer sa cuillère dans son bol avec obstination. Aussitôt, Milléïs rappliqua, remontée comme une horloge :

— Et tu ne trouves pas cela étrange, toi ?

— Si, bien évidemment. Mais comme je te l'ai déjà dit, si le contenu des donjons nous est caché, c'est qu'il y a une raison. C'est sûrement pour nous protéger.

Draval avala une cuillerée de gruau visqueux en soupirant.

— Draval a peut-être raison, dit Lunich. Moi, je n'irai jamais m'aventurer là-bas, j'aurais trop peur de me faire attraper et renvoyer.

Mécontente, Milléïs grommela comme un ours. Personne ne la comprenait, c'était déprimant. Décidément, les garçons s'en fichaient royalement de l'intuition féminine. Instinctivement, son caractère impérieux lui enseignait cette peur de rater quelque chose d'époustouflant, le sentiment et la nécessité de vouloir jouir de l'ascension de sa curiosité. Cette envie brûlante de découverte était comme le jet d'une grenade assoupie ; exploserait-elle ? Ou resterait-elle studieuse ?

Néanmoins, c'était l'anniversaire de Draval ; autant garder la goupille fermée, au risque de gâcher cette journée si importante.

D'un œil oblique, Milléïs observa le directeur Wynstead à sa table. Il déployait des dehors si nobles, si admirables. Comment pouvait-il receler un secret si inquiétant ? Elle l'ignorait, la jeune fille ne ressentait qu'une inéluctable sensation de crainte à l'égard de cet homme taciturne. Il avait le regard fuyant, toujours rivé sur les fenêtres qui l'entouraient. Une vérité plus obscure se cachait-elle derrière cette habitude d'apparence inoffensive ?

C'était indéniable... et effrayant.


Après le petit-déjeuner, les élèves furent appelés dans la salle de séjour par Madame Dungarron. Un paquet en main, la gardienne passa entre les adolescents éparpillés un peu partout dans la pièce, afin de leur délivrer leur courrier. En s'arrêtant devant Draval, elle lui donna une lettre plus grande et plus lourde que les autres.

— Et voilà pour toi, mon p'tit bouchon et joyeux anniversaire !

En vérifiant l'envoyeur, tous virent qu'il s'agissait de missives provenant de leurs familles. Milléïs détailla chaque mot de sa mère avec attention, ses boucles raffinées qui formaient une myriade de phrases apaisantes ; c'était tout à fait ce qu'elle désirait lire. D'après ses dires, Monsieur Krambug demandait souvent après elle et Draval. Ce passage eut l'effet de la faire rire. Il était vrai que les brioches perlées du gentil boulanger étaient ce qu'il manquait, au pensionnat. Elle n'avait qu'une hâte : revoir sa tendre maman.

En se tournant vers Draval, Milléïs expira de bien-être :

— Ça fait du bien d'avoir des nouvelles de sa famille, pas vrai ?

Elle ne reçut aucune réponse. Un goût de mélancolie sur la langue, Draval était rivé sur sa feuille de papier. Les propos de sa mère défilaient devant son regard, absorbant la cacophonie des bruits alentours : 

«      Mon cher Draval.

       J'espère que tout se passe pour le mieux de ton côté. Je vais bien, mais rien ne change pour ton père ; toujours aussi grincheux. Heureusement, le soutien de la maman de Milléïs m'est d'une grande aide. Le temps me semble interminable sans toi, la neige m'accompagne dans cette passe de solitude. J'ai encore du mal à me dire que tu es parti pour t'ouvrir à ton avenir. Je suis si fière de toi, tu n'imagines pas à quel point. J'espère que tes enseignants ne sont pas trop sévères et que tu manges bien. J'ai entendu dire que les repas au Pensionnat Richmond étaient grandioses. Je t'envie beaucoup, mon chéri, tu le sais ? Cela doit être réconfortant de manger à sa faim et de succulents mets. De notre côté, ton père passe plus de temps dehors qu'à sa boutique. Je ne sais pas ce qui lui arrive. Il ne me parle jamais de toi, ça me fait beaucoup de peine. Mais ne t'inquiète surtout pas, cela va lui passer avec le temps. Il t'aime tout de même, c'est ton père. Pour clore cette lettre, j'espère que toi et Milléïs vous êtes fait des amis. C'est primordial ! Selon le vieil adage : plus on est de fous, plus on rit. Je souhaite que ce soit le cas pour toi. Sache que je pense à toi chaque jour et que je prie pour que tu sortes victorieux de cet apprentissage. Ce serait la réussite de notre pauvre famille. Avec tout mon amour, je t'embrasse, mon trésor.

Ta maman.

     Ps: Joyeux anniversaire, mon grand ! Quinze ans, ce n'est pas rien. J'ai joint un petit cadeau pour toi. »

En engouffrant sa main dans l'enveloppe, Draval y dénicha un supplément. Il le délogea et réalisa qu'il s'agissait d'un foulard nettement plié, beige avec de grosses coutures tordues et entrecroisées sur les bords. Même s'il n'était pas parfait, sa mère l'avait cousu elle-même, cela en faisait un présent des plus précieux pour lui. En apportant le tissu contre son cœur, Draval réalisa, avec béatitude, que tout allait pour le mieux.

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