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Sombres Mystères 3/6

— Bienvenue, bande de vermines ! Aujourd'hui, vous allez me faire voir ce que vous avez dans le ventre, une arme à la main.

Deux jours étaient passés.

La pluie mourut, mais le gris maussade perdurait en de fins rais de frimas qui brouillaient l'horizon où le soleil peinait à se montrer. Milléïs et Draval se tenaient debout au centre des rangées d'adolescents. La froideur du jour fit grelotter les élèves qui se sentaient étrangement minuscules à côté de leur professeur de tir. Monsieur Norixius dégageait prestance et charisme. Il possédait un style bien particulier ; sa barbe tressée, assortie à ses cheveux longs tissés en trois épaisses nattes, et ses énormes lunettes de cuivre le rendaient aussi mystérieux qu'impressionnant.

— Pour ceux qui auraient oublié mon nom, je me nomme Quellin Norixius. Je travaille en tant que Chef des Brigades dans la ville de Kettlesbarrow. C'est moi qui dirige le Défensariat et qui m'occupe des troupes. Si vous devenez Défenseur en place là-bas, vous serez sous mon commandement.

À ces mots, Lunich déglutit. En y réfléchissant, toute sa famille habitait à Kettlesbarrow, y compris ses grands cousins étant devenus Défenseurs : Darius, Olly, Clovis et Enarick. Cet homme étrange était donc leur supérieur ? Lunich savait que, dès sa sortie du pensionnat, il serait probablement affecté dans sa ville natale, ce qui en ferait le cinquième membre du fameux « Quatuor Ventripotent », qui, par la même occasion, deviendrait un quintette.

— Aujourd'hui, comme le temps nous le permet, je vais vous apprendre à vous servir d'une arme à feu. Pour un Défenseur, l'artillerie ne s'arrête pas à une simple épée ou un poignard. Vous disposerez de plusieurs armements et objets. Le Magnergie, mon préféré, est l'un d'entre eux. Il est le plus important, selon moi. L'épée est plus efficace lors des combats rapprochés. Mais pour le combat à distance, vous me direz ? Eh bien, moi, je dis le Magnergie.

Avec habileté, Norixius dégaina un pistolet de sa ceinture. L'orfèvrerie de l'arme était d'un cuivre étincelant, ornementé de fresques décoratives brûlées dans le matériau, dépeignant des arabesques et des engrenages. L'arme était dotée de deux canons longs superposés, l'un étant relié à un chargeur à balles, tandis que l'autre était connecté à une valve à énergie, astucieusement attachée en haut de la roulette.

— Mélange des mots « Magnum » et « Énergie », c'est une arme hybride marchant au Solarium et aux plombs. J'aimerais d'ailleurs vous faire un petit cours sur le Solarium. Cette énergie fossile fascinante a été découverte il y a plus d'un siècle, dans les mines souterraines de l'archipel. C'est un minerai étrange et malléable, capable de produire de l'énergie lorsqu'il est exposé à la lumière du soleil. Nous avons étudié cette matière durant des années et lui avons trouvé des propriétés uniques, capable de stocker de grandes quantités d'énergie. Au fil des ans, le Solarium est devenu la principale source d'énergie dans notre société. Les ingénieurs ont développé des générateurs de Solarium qui peuvent être installés sur les machines volantes, mais aussi sur nos armes. Cette innovation a révolutionné notre manière de voyager, de combattre et de nous défendre.

Il leva son Magnergie au-dessus de son épaule, afin de bien le montrer à ses élèves.

— Le Magnergie est un appareil doté d'une multitude de fonctionnalités exceptionnelles qui incluent notamment un viseur sophistiqué, une option de tir solaire novatrice ainsi qu'une capacité de tir classique tout à fait remarquable. Le tir solaire, qui consiste à projeter une balle lumineuse sur l'ennemi, est alimenté par le Solarium dans une jauge, cette dernière étant rechargeable grâce à une exposition aux rayons du soleil. Cette fonctionnalité, grâce à sa haute température et sa force d'envoi, est fréquemment utilisée pour neutraliser les criminels sans les tuer, tout en leur infligeant des brûlures et des douleurs incapacitantes. En revanche, les munitions classiques sont particulièrement efficaces pour infliger des dégâts considérables, ce qui en fait le choix idéal pour arrêter un fuyard aguerri. Une seule balle dans la jambe suffit à le clouer au sol.

Derrière l'enseignant, s'étendant sur plusieurs mètres, des tables avaient été posées, chacune disposant de deux Magnergies. Au loin, des cibles de bois marquées de cercles rouges et blancs se tenaient droites, tressaillantes quant à leur futur.

— Par binôme, vous viendrez vous essayer au tir sur cible. Pour aujourd'hui, elles seront immobiles. Lorsque vous aurez davantage d'expérience, vous pourrez tenter les cibles mouvantes. Plus tard, un examen de maîtrise verra le jour afin d'évaluer votre niveau. Mais avant cela, permettez-moi de vous faire une démonstration.

Sous le regard attentif des élèves, Monsieur Norixius pointa l'une des cibles et, derrière ses lunettes, ferma une de ses paupières avant de faire pivoter un petit rouage situé près du manche de l'arme. Cette manœuvre changea la fonction de l'arme, activant le tir solaire. Puis, en appuyant sur la détente, une sphère blanche et luminescente jaillit de la bouche à feu supérieure, percutant la plaque bariolée avec force et provoquant un sursaut général chez les enfants. Un nuage de fumée se répandit dans l'air, laissant une trace noirâtre sur le bois.

— Toujours fermer un œil avant de tirer. Cela vous offrira une vision droite et optimale sur votre cible, confia Norixius en baissant son pistolet. Bien, maintenant, à vous. Veuillez vous mettre en place.

Hésitants, certains adolescents n'osèrent toucher à leur arme dans l'immédiat. Trop peur que cette chose remplie d'énergie solaire ne leur explose à la figure. A contrario, Lascan et Sielle semblaient très à l'aise avec les Magnergies. D'un geste expert, Lascan soupesa le calibre de cuivre, l'inspecta et simula même un tir. En passant entre les binômes, Norixius s'arrêta près des Lockspear.

— Vous avez l'air de vous y connaître, héritier.

— Notre père est friand d'armes à feu. Il m'a entre autre transmis sa passion, confessa Lascan, non sans fierté.

— Mais également sa maestria, à ce que je peux voir, glissa l'instructeur en ajustant ses lunettes. Bien, continuez comme ça.

Sielle remercia poliment son professeur, mais Lascan ne lui accorda qu'un bref mouvement du menton. À la table juste à côté des jumeaux, agacée, Milléïs grinça des dents et ronchonna quelque chose qui s'apparentait à un « gna gna gna » puéril. Alors que Draval cherchait encore comment ouvrir le chargeur, la jolie blonde lui cogna l'épaule en tirant une moue déconfite.

— Ce qu'il m'énerve... Il n'est pas capable d'être agréable même lorsqu'il reçoit des compliments.

— Ignore-le, Milléïs, ça vaut mieux. Reste concentrée, conseilla calmement Draval, avant de se mettre à agiter son arme. Mais comment ça s'ouvre, ce machin ?

Subitement, il haussa un sourcil lorsque Monsieur Norixius arriva dans son dos et lui arracha le Magnergie des mains. Il actionna une pression sur la roulette vide qui s'ouvrit avec aisance. Les pommettes constellées de Draval devinrent rouges lorsqu'il lui rendit son bien prêt à être chargé.

Un embarras accentué par une série de ricanements survolant son flanc gauche.

— Un forgeron restera toujours un forgeron. Tu devrais continuer à manier le marteau au lieu du Magnergie, Whiteley, dit Lascan, avec un sourire en coin. Si tu ne sais même pas ouvrir ton arme, je pense sincèrement que ta place n'est pas ici.

Quel toupet ! pensa Draval, qui soupira avec force. Depuis qu'il avait appris qu'il était fils de forgeron, Lascan prenait un malin plaisir à le rabaisser et à se moquer de lui. À cet instant, Milléïs voulut défendre son ami, parée à briser l'insolent pourri gâté comme une vulgaire allumette. Mais elle fut interrompue par Draval et sa verve sans pareille :

— Je pense que je mérite autant que toi ma place chez les Défenseurs, Lockspear. D'accord, nous ne venons pas du même univers. Le luxe est ton élément, la cendre est le mien. Mais par ma cendre ardente, je pourrirai et ridiculiserai ton arrogance ! Tu peux me croire sur parole.

Lascan fronça les sourcils, piqué au vif. Il ne s'attendait pas à une telle réponse.

— Garde tes palabres, je n'ai nul besoin d'entendre tes divagations, forgeron. Sache seulement qu'il y aura toujours des monts plus hauts que toi.

Espérant obtenir un ton sarcastique, Milléïs lui grogna en retour :

— Et tu fais partie de ces monts, je suppose ?

— Oh, au moins, tu n'es pas si idiote que tu en as l'air.

La blonde fit les grosses joues, priant la Trinité de la retenir afin qu'elle n'écrase pas son bouquet de phalanges sur le nez pointu de ce stupide privilégié. Seul Draval se porta volontaire pour l'apaiser. Lockspear n'en valait pas la peine. Avant qu'elle ne reprenne son activité, Milléïs croisa le regard désolé de Sielle.

Au moins, lorsque Monsieur Norixius donna le signal, Milléïs s'arma fixement avec sa main valide, visant les cercles bariolés en imaginant la tête renfrognée de Lascan. Une merveilleuse cible que voilà. Aussi grosse et démesurée que son égo.


— Bien le bonjour, Icencia. Ravi de vous voir !

Au même moment, à Solécendre, alors que la matinée battait son plein, Icencia Gazergray poussa la porte tintante de la minuscule boulangerie de Monsieur Krambug. Elle s'était vêtue de sa plus belle robe à l'occasion de cette balade. La jupe, aplatie sur le devant, s'arrondissait à l'arrière. Les manches pagodes et le col haut étaient agrémentés de dentelles.

De derrière sa vitrine où dormaient des chocolats et de délicieuses pâtisseries colorées, le commerçant, taché de farine, accueillit la mère de famille. En essuyant ses mains poudrées sur son tablier, le vieil homme fit une révérence devant sa cliente, la forçant à rire.

— Cela faisait un moment que je ne vous avais pas vue, très chère, dit Monsieur Krambug.

— Oui, en effet. Ces temps-ci, je n'ai pas tellement la tête à vagabonder, navrée.

— Oh, je vois. Bon, deux brioches perlées, comme d'habitude ?

— Non, un seul pour moi, ça ira.

Ses épais sourcils en désaccord, il s'étonna :

— Mais... et pour la petite Milléïs ? D'ailleurs, ça fait quelques temps que je ne l'ai pas vue trainer en ville. Elle n'est pas malade, au moins ?

— Non, elle va très bien. C'est juste que... Elle est partie faire son apprentissage chez les Défenseurs, lui dévoila-t-elle en le gratifiant d'un sourire.

S'enchevêtrant dans ses moustaches, le gentil boulanger s'écria :

— Pour de vrai ? Mais c'est merveilleux ! Je n'étais pas au courant.

— Je le sais. Je n'en ai parlé qu'à peu de gens. Comme ça, si elle gagne le droit de représenter Lumènia aux côtés de son partenaire de toujours, ça en surprendra plus d'un, livra-t-elle avec joie.

— Oh, je vois, elle est partie avec Draval. Ça ne m'étonne pas, ces deux-là sont inséparables. Eh bien, c'est une très bonne nouvelle. Je me rappelle de vous lorsque vous étiez devenue Défenseure, et j'espère sincèrement que votre fille et son ami sauront honorer Lumènia comme vous l'avez fait avec votre binôme.

De tendres mémoires d'antan se nouèrent à sa chair. Elle arbora un sourire nostalgique. Soudainement, elle se demandait ce qu'il était advenu de son partenaire de binôme. Quatorze ans sans une seule nouvelle. Celui-ci avait rencontré plusieurs problèmes graves lors de l'attaque de la Guivre Mécanique, l'obligeant à se retirer des Défenseurs.

Au plus profond d'elle, Icencia s'interrogeait sur la vie actuelle de son vieil ami, Leodore.

Après avoir payé son petit-déjeuner, Icencia quitta la boulangerie. En frôlant les pavés parfois disloqués de la capitale, la mère célibataire songea à passer voir Joya. Seulement, au bout de quelques enjambées, son regard gris perle fut attiré par une carcasse imposante qu'elle connaissait bien ; c'était Sullivan, déambulant parmi la foule du centre-ville. Sans s'arrêter, elle jaugea le père de Draval qui prit l'Élévateur pour s'évaporer dans les hauteurs de Solécendre. Que faisait-il ici, tout seul ? Joya s'occupait pourtant elle-même des courses.

Cette scène flagella Icencia de plein fouet. Ou alors, était-ce son corps svelte qui venait de heurter une personne lors de sa marche aveugle ? Sous le choc, son sachet contenant son pain au sucre embrassa le trottoir. Elle se confondit en excuses auprès de l'homme percuté, gênée, puis se baissa pour saisir son achat.

— Icencia ? C'est bien toi ?

Lorsque l'appelée releva les yeux vers son interlocuteur, son souffle se coupa.

L'individu, long et mince, avait des cheveux ocres mi-longs surplombés par un chapeau haut-de-forme décoré de lunettes d'aviateur et d'une grande plume de geai. Son visage, ciselé et halé, était pourvu d'une légère barbe et d'une singulière moitié de masque de théâtre blanc qui souriait, imbriqué sur la partie gauche de sa physionomie. Son seul œil visible, dont la noirceur rappelait celle d'une nuit sans lune, brillait comme une étoile.

Etait-ce possible après toutes ces années ?

— Leodore ? Leodore Grimgormaro !

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