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Pensionnat Richmond, Nous Voilà ! 2/7

À l'aurore, tous les élus de Lumènia s'étaient éveillés, grisés de joie. Chacun se préparait au départ, écoutait les recommandations de leur famille, enlaçait leurs parents ou encore, achevait les derniers préparatifs.

Chez Draval, il en était de même. Le garçon s'était paré d'une belle chemise amidonnée avec amour et avait même fait l'effort de mettre des chaussures. Il avait rendez-vous chez Milléïs pour prendre la navette. En lui donnant son veston, Joya l'embrassa une dernière fois. Elle n'allait pas le revoir pendant de longs mois.

— Ne pleure pas, maman. Tout va bien se passer.

— Je le sais. Je suis si fière de toi, tu n'imagines pas. Fais bien attention à toi et veille sur Milléïs. Ne faites pas de bêtises et couvrez-vous avant de sortir dehors, l'hiver s'en vient.

Draval sourit et lui jura de tenir promesse. Après une dernière accolade, l'adolescent mit sa pelisse, son béret et prit son sac. En projetant un œil hasardeux vers l'arc de l'arrière-boutique, Draval surprit son père l'observant en chien de faïence. Aussitôt que leurs yeux s'accrochèrent dans une rixe imaginaire, Sullivan détourna la tête et disparut. Draval soupira tristement, puis reporta son attention sur sa mère.

— Je t'aime, mon chéri.

— Je t'aime aussi, maman.

Finalement, l'adolescent lâcha la main de Joya et quitta son chez-lui. Elle le suivit jusqu'à la porte en séchant difficilement ses larmes. Fièrement, elle le regarda s'éloigner. Le temps allait être si long sans le sourire rayonnant de son fils.

Oh oui, extrêmement long...

Chez Milléïs, la pétillante demoiselle glissait son peigne dans sa crinière, la ramenant en un train lisse qui eu du mal à prendre le dessus sur ses ondulations naturelles. Face au miroir de sa chambre, elle ajusta son corset et son jupon épais. Elle avait sorti sa plus belle tenue pour l'occasion ; cette robe crème brodée, s'arrêtant en bas de ses genoux arqués, appartenait autrefois à sa mère. Le reflet que lui renvoyait la psyché était assez satisfaisant.

Milléïs enfila ses bottines, puis se saisit de ses maigres possessions préparées la veille avant de descendre au salon. Icencia l'attendait, anxieuse. Lorsqu'elle la vit dévaler les marches, la femme sourit, nourrie d'une fierté innommable.

— Elle te va à merveille.

— Merci, maman. Je la trouve superbe, s'illumina la jeune fille en tournant sur elle-même. La coupe et les motifs sont ravissants !

— J'avais pensé la même chose lorsque ma mère me l'a offerte. Tu as fière allure, ça va faire des jalouses.

Milléïs gloussa, puis avança jusqu'à la fenêtre. Dehors, le temps était à la grisaille. L'automne était bien là ; la condensation distincte sur les vitres témoignait de la fraîcheur extérieure. En attrapant une pomme posée sur la table, la blonde demanda :

— Draval n'est pas encore là ?

— Non et c'est tant mieux. J'ai un cadeau à te donner avant qu'il n'arrive.

L'adolescente arqua un sourcil en croquant dans la chair acidulée du fruit, puis obliqua vers sa mère :

— Un cadeau ?

— Oui. Quelque chose qui, j'espère, te fera plaisir.

Icencia enfonça sa main dans la poche de son tablier.

— Je voulais te l'offrir pour ce jour si spécial. Celui où tu pars conquérir le Pensionnat Richmond. Ça aurait fait tellement plaisir à ton père...

— À... papa ? susurra Milléïs, l'œil soudainement gros comme une soucoupe.

Icencia pointa sa paume fermée vers sa fille et déplia ses doigts, dévoilant un pendentif au bout d'une chaîne cuivrée. Il représentait une petite clef, apparemment sculptée à la main, au manche en forme de cœur tordu. Avec précaution, Icencia la fit pendre dans le vide, afin que Milléïs ait une vue optimale dessus. Troublée, l'adolescente murmura :

— Qu'est-ce que c'est ?

— Ce pendentif appartenait... à ton père. Il... Il voulait que je te l'offre lorsque tu serais assez grande. Je trouve qu'aujourd'hui, c'est l'occasion rêvée.

Milléïs était choquée, elle peinait à y croire.

— Mais... Tu ne m'en as jamais parlé. Je pensais que toutes les affaires de papa avaient été détruites et qu'il n'avait rien laissé...

Terrassée par les émotions, Icencia lui révéla :

— Je le sais. Il n'a laissé que cette clef. Rainer désirait plus que tout que... ce soit toi qui la porte.

Milléïs ravala une larme lorsque sa maman lui passa le bijou autour du cou. Son père, Rainer, était mort le jour de sa naissance. D'après les dires familiaux, il aurait perdu la vie lors de l'attaque de la Guivre Mécanique. Son corps n'avait jamais été retrouvé. Ce petit morceau de lui était donc un présent inestimable et inespéré pour Milléïs. Lorsqu'il fut placé entre ses clavicules, elle le jaugea longuement, apprenant par cœur chacune de ses courbes, couvée par le regard tendre d'Icencia.

— Ton père aurait été si heureux et si fier de te voir ainsi, aujourd'hui. Tout comme je suis fière de toi.

Une larme glissa des yeux de sa mère. L'âme gorgée de réconfort, Milléïs lui courut dans les bras.

— Merci, maman. Je te promets d'en prendre grand soin.

Soudain, coupant court à ce moment, un klaxon retentit en dehors de la maison. En allant y jeter un œil, Milléïs réalisa qu'il s'agissait de la navette. Deux calèches de bois, au long carrosse à six roues, tirées par des chevaux blancs. Sur leur capote de toile était dessiné l'emblème d'Enkkorag : l'engrenage ailé. De par les écarts du tissu, Milléïs percevait du mouvement ; certains apprentis devaient déjà avoir embarqué.

Enfin, c'était le moment. Icencia accompagna sa fille, la serrant une ultime fois contre son cœur. Elles se séparèrent au moment où la voix lointaine de Draval affleura. Milléïs éclata de rire en voyant le jeune homme qui faillit trébucher sur le trottoir humide.

— Tu en as mis du temps, j'allais partir sans toi, mentit la blonde, en riant.

— Tu n'aurais jamais fait ça, je te suis indispensable, clama le garçon avec humour, avant de recevoir un coup amical de la part de sa meilleure amie. Au passage, très jolie robe, partenaire !

Lorsqu'elle le remercia, son sourire radieux fit battre son cœur malgré lui.

Très vite, Milléïs remarqua qu'il n'était pas seul. Dennis était là. Elle lui demanda aussitôt ce qu'il faisait ici.

— J'ai croisé Draval en commençant ma tournée. Je voulais vous voir une dernière fois et vous souhaiter bonne chance avant que vous ne partiez. Vous allez y arriver, parce que vous êtes trop forts, tous les deux ! Moi aussi je vais bientôt entrer à l'école et le premier qui va m'embêter, je vais lui rentrer dans le lard !

Le binôme rigola de bon cœur, puis enlaça tour à tour le garçonnet.

— Merci, Dennis. Toi aussi, tu es fort, ne l'oublie pas, lui dit Milléïs.

Elle lui envoya un clin d'œil qui le fit sourire.

— Allez, les enfants, ne traînez pas. Vous êtes attendus.

En effet, Icencia avait raison. Le cocher de la première calèche venait d'actionner une seconde fois son vieux klaxon. Le couinement fatigué fit bondir le binôme en direction de l'entrée de la diligence. Draval fut le premier à y entrer, laissant Milléïs offrir un dernier au revoir à sa mère. Le convoi partit et Dennis le suivit sur plusieurs mètres en saluant gaiement ses amis.

Icencia regarda les véhicules s'éloigner dans les nuages de vapeur, emportant sa tendre fille au loin, vers sa destinée. Elle n'avait pas peur, Milléïs était forte et intelligente, mais par la Trinité, que la maison allait être calme durant cette prochaine année ! Dans un soupir résolu, Icencia s'ennuyait déjà...


À l'intérieur du carrosse, plusieurs rangées de bancs en bois contigus s'étendaient coude à coude. Des filles et garçons de tout âge provenant des quatre coins de Lumènia étaient réunis là, discutant dans un brouhaha de rires et de paroles assourdissantes. Certains avaient même fait le déplacement depuis l'île de Molyngsie, afin de voir leur rêve se réaliser.

À petits pas, Milléïs et Draval tentèrent de se frayer un chemin en quête d'une place où s'asseoir. Plusieurs regards curieux se soulevèrent à leur passage.

La blonde aperçut une place double dans les tréfonds de l'engin. En y allant, ils frôlèrent un autre binôme, posé juste devant eux. Avec mépris, Lascan Lockspear leva les cils sur le duo, grimaçant face à leurs vêtements qu'il jugeait miteux.

Qui était ces roturiers transpirant de pauvreté ? Comment avaient-ils pu être sélectionnés ? À côté de lui, Sielle gardait la tête basse, presque triste.

Une fois installés, Milléïs et Draval s'observèrent longuement, encore chahutés par leur situation. Son sac serré contre sa poitrine, la fille susurra, toute guillerette :

— Ça y est, on y est, Draval. Je n'en reviens pas !

— Oui, moi non plus ! C'est fou ! Tu crois qu'on a beaucoup de route à faire, avant d'arriver au pensionnat ?

— Je n'en sais trop rien. Je crois qu'il se trouve près de la ville d'Arnhild, à cinq heures de Solécendre. On devrait arriver pour le déjeuner.

— Excusez-moi, mais Arnhild ne se trouve pas à cinq heures de Solécendre. Plutôt à six heures.

Interloqués, Milléïs et Draval pivotèrent vers la source de cette exclamation extérieure à leur espace personnel. Leurs yeux rencontrèrent aussitôt la silhouette élancée de Lascan Lockspear, tourné vers eux, le coude encastré sur le dossier de son siège. Les longues manches de sa redingote, noire et brodée, laissaient tomber ses mains fines et impeccables. À son majeur droit, il portait une chevalière en or frappée d'un « L » et incrustée d'une pierre d'onyx.

Sielle lorgna impitoyablement son jumeau, outrée qu'il puisse s'introduire parmi la discussion de ces inconnus sans y être invité.

— Vous ne semblez pas très futés, vous deux. Si je puis me permettre, où avez-vous été élevés ? Vu les haillons que vous portez, ainsi que vos médiocres connaissances géographiques, je dirais dans une caverne sans aucun doute.

— Lascan, arrête, voyons !

Sielle rougit, gênée de cette moquerie gratuite. De son côté, confuse et offusquée, Milléïs marmonna :

— Je te demande pardon ? C'est à nous que tu t'adresses ?

— À qui d'autre voulez-vous que je parle ?

— Pour qui tu te prends pour nous alpaguer comme ça ? l'admonesta Draval, les sourcils froncés. Tu te crois supérieur ? On ne peux pas tous être aussi bien habillé que toi, fils de riche !

— Je vous remercie du compliment.

L'héritier Lockspear les snoba, tout en replaçant sa tête en face de lui, fier de son coup. Sa conduite déplut fortement à Milléïs qui maugréa à son tour, dans sa collerette :

— Hmpf ! Sale imbécile...

Suite à ces mots, délibérément discrets mais pour le moins audibles, Lascan se tourna de nouveau vers la jeune frondeuse. Il insuffla chez elle un sentiment glaçant. Ses prunelles limpides étaient saisissantes, perforantes.

En voyant l'œil électrique de son frère, Sielle tenta de le raisonner, mais il était déjà trop tard.

— Savez-vous à qui vous vous adressez, pauvre paysanne ? siffla-t-il.

— Oui, je le sais. Je m'adresse au plus grand des vantards narcissiques que cette vaste Terre ait porté. Un petit noble de pacotille !

Furibond, l'adolescent fortuné lui cria presque :

— Vous êtes en train de parler à l'illustre fils du grand Ingwald Lockspear ! Son fils ! Lascan Lockspear !

À cet énoncé, Draval pipa mot. Le fils Lockspear ? C'était une très mauvaise idée de se le mettre à dos, sachant que son père était à la tête d'un des départements les plus importants du MAJE. Ceci pourrait leur porter préjudice durant leur apprentissage, au pensionnat. Or, Milléïs ne semblait pas en avoir cure, d'où le long bruit de ballon dégonflé qui sortit d'entre ses lèvres. Un son grossier et disgracieux, exultant de sa petite mise en scène, qui indigna totalement Lascan.

— Si tu savais comme ça me fait une belle jambe de savoir que tu es le fils Lockspear ! Ça ne te donne pas le droit de nous insulter, soupira-t-elle, d'une nonchalance qui n'avait égale que son ennui. De plus, tu sais ce qu'elle te dit, la paysanne ? Regarde-toi donc dans une glace, avec ton nez en forme de voile d'Aéronef !

Le jeune noble était scandalisé, vexé et prêt à clouer le bec de cette pimbêche mal éduquée. Seulement, lorsque l'odeur du roussi vint à ses narines, Sielle l'en empêcha aussitôt.

— Lascan, je t'en prie, nous nous faisons remarquer ! morigéna-t-elle en élevant un peu la voix.

Le concerné émit un grognement, puis Sielle s'excusa platement auprès d'eux. Milléïs en profita pour envoyer un pied de nez dans le dos de Lascan.

Traiter ce garçon de prétentieux était un euphémisme tant celui-ci était imbu de sa personne. Sa vanité n'égalait que le ridicule. Malgré son visage à la beauté angélique, il était un rat isolé dans un corps exquis.

Milléïs et Draval ne pensaient pas fonder une amitié future avec lui, durant cette prochaine année. À moins d'être complètement masochistes.

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