Ours, Contestataires et Menée Secrète 7/10
Deux semaines plus tard, un cours assez spécial attendait les apprentis du pensionnat. Sous la houlette du binôme Dahiri-Norixius, les élèves eurent la surprise de découvrir que leur lieu d'entrainement se situerait dans la forêt environnante. Par delà les palissades, des forêts d'une densité ahurissante s'étendaient sur des kilomètres à la ronde. Gorgés de vie, les animaux s'évertuaient à suivre le passage du cortège, d'un œil luisant de curiosité. Les arbres, si hauts et touffus, entamaient une lutte silencieuse à la conquête de la lumière. Celle-ci ne s'y infiltrait que par de petites trouées, donnant une impression de mouchetures solaires sur le sol.
Découvrant émerveillés, cette cachette arboricole et ses abords de rivières chantants, Milléïs et Draval avaient hâte de découvrir le but de ce cours en pleine nature. Miss Dahiri et Monsieur Norixius avaient conservé le silence à ce sujet, comme s'ils s'amusaient à voir l'excitation ou l'irréductible anxiété qui alimentaient leurs poulains. Tout en marchant sur le sentier, Miss Dahiri prit la parole :
— Cette forêt s'appelle la Forêt de Vorpaline. C'est ici qu'on trouve la plus grande réserve de nandrags de l'île.
— C'est quoi, des nandrags ? questionna naïvement Andronika.
Sans s'arrêter, la professeure montra à sa troupe un grand végétal à l'écorce sombre et épaisse, recouverte de lichen. Ses branches étaient raides, feuillues et tombaient dans un mouvement désordonné. Des sortes de cloches vertes pourvues d'une langue rouge y étaient accrochées, alignées par grappes. Miss Dahiri reprit alors :
— J'ai quelques notions de phytologie. Sur mon île, il est très important de bien connaître les plantes qui nous entourent. Certaines peuvent nous guérir et d'autres, nous droguer ou nous tuer. C'est tout un schéma complexe à suivre et quelques années d'apprentissage. Ces cloches de nandrags sont des plantes carnivores. Leur languette rouge émet un parfum qui attire les insectes. Lorsqu'un insecte s'approche trop près de la cloche, celle-ci s'ouvre comme une bouche et l'avale. L'intérieur est parsemé de petits crochets qui lui servent de dents et qui empêchent ses proies de s'échapper. Alors méfiance, n'approchez pas trop vos doigts...
Au même instant, l'une des cloches captura une libellule sous le nez de Lunich qui lâcha un petit couinement de stupeur en se pressant vers le groupe. Alors que sa collègue donnait des conseils sur la botanique, Monsieur Norixius honora une portion de son mystère de par son calme et son mutisme. À vrai dire, il n'y connaissait rien aux plantes, alors autant faire la sourde oreille pour éviter les questions gênantes.
Au bout de quelques minutes de marche, le duo d'enseignants fit cesser la randonnée. Face à eux, au centre du chemin clairsemé entouré de verdure, une masse énorme se distinguait à travers un tissu. Lorsque les élèves furent en rang, les adultes s'approchèrent de l'objet drapé. Ce fut Miss Dahiri qui débuta :
— Nous y voilà. Tout d'abord, avant de commencer, qui sait ce qu'est un Animaltronique ?
La main de Milléïs se leva, de concert avec d'autres élèves. Elle fut choisie :
— Un Animaltronique est un robot animalier construit par l'homme. Un peu comme Spoon, la souris de Madame Dungarron.
— Exact. Ce sont des robots néanmoins un peu spéciaux, ils possèdent leur propre classe et leur propre caractère. Aucun Animaltronique n'est semblable à un autre. Vous en connaissez quelques uns comme les Méca-Condors ou les Méca-Fourmis qui sont fabriqués par le MAJE pour aider la population et les Défenseurs. Ils sont donc intelligents et inoffensifs. Certains ingénieurs enkkoragiens en élaborent grâce à des cœurs en Solarium afin d'en faire des animaux de compagnie ou des compagnons d'aide réglementés, puis gagnent leur vie en les revendant. S'ils sont assemblés avec soin et que leur système nerveux complexe n'est pas défectueux, ils seront de fidèles sujets. Il existe également une pratique peu populaire qui s'appelle la Taxidermie Mécanique, qui consiste à fabriquer un Animaltronique à partir d'un véritable animal, mort ou parfois même vivant, ce qui est assez terrible. Cependant, certains hors-la-loi plus ou moins bien attentionnés développent des Animaltroniques à des fins malveillantes. Ils les forcent à se battre pour gagner de l'argent, puis les abandonnent par la suite en pleine nature et les laissent vaguer seuls, sans le moindre repère, pour semer le trouble. De ce fait, il existe une brigade exogène aux autres rassemblées dans les Défensariat : le BCA, la « Brigade des Chasseurs d'Animaltroniques ».
— Quelles sont leurs missions ? la questionna Tegan.
— Comme le stipule leur nom, poursuiva Monsieur Norixius, ils chassent ces Animaltroniques défectueux ou corrompus pour les empêcher de nuire. Certains peuvent être très dangereux en vue de leur taille, de leurs attributs ou de leur tempérament. S'ils attaquent, le BCA s'occupe de les désactiver, voire de les détruire s'ils représentent une menace trop importante.
Sous le brouhaha des murmures des apprentis, Monsieur Norixius se tourna et arracha le drap, dévoilant une gigantesque montagne de ferrailles aux courbes acérées et sauvages. Dans un sursaut instinctif, les adolescents reculèrent face à ce monstre endormi de près de trois mètres.
— Voici un Méca-Ours, présenta l'homme. Il a été développé par les laboratoires du DAI spécialement pour ce cours. Plusieurs autres ont été disséminés dans le secteur. Voyez-vous, aujourd'hui, vous allez apprendre à vous défendre contre un Animaltronique.
Des exclamations d'étonnement fusèrent dans les rangs. Se défendre contre ces choses ? Ils n'avaient pas d'expérience en la matière, comment allaient-ils faire ?
— Silence ! hurla Miss Dahiri. Durant votre vie de Défenseur, vous serez amenés à croiser ces créatures mécaniques et le BCA ne sera peut-être pas toujours à disposition. C'est un entraînement qui vous sera également utile pour aiguiser vos techniques d'équipe et vos réflexes. Pour ce cours, vous devrez faire des équipes de quatre, donc deux binômes ensembles qui seront en rivalité avec les autres. Un drapeau a été posé au fond de la forêt, au sommet d'une colline. La première équipe, complète ou non, qui s'en saisit sera nommée vainqueur. C'est une épreuve pour tester vos capacités défensives et stratégiques contre le non-vivant. Il n'y a pas de règle spécifique, les seules sont : survivez et faites attention aux Animaltroniques. Si l'un d'eux vous touche, binôme ou seul, c'est fini pour vous.
— Mais vous aurez une arme pour vous défendre en cas d'attaque : un Magnergie. Vous devrez vous en servir à bon escient et prendre en compte les faiblesses de l'animal. Même s'il semble totalement hermétique, il possède un point faible. À vous de le découvrir, termina l'enseignant aux étranges lunettes.
Miss Dahiri sortit alors une feuille de sa poche et commença à former les groupes de quatre. Milléïs et Draval prièrent intérieurement pour ne pas être avec Lascan Lockspear. Le voir se faire dévorer par le Méca-Ours serait, malgré l'atrocité de la scène, un véritable spectacle. Milléïs le voyait déjà implorer l'aide de quiconque passerait à côté de lui, afin de le sortir de l'immense gueule béante de l'Animaltronique fou.
Glauque, mais amusant.
— Milléïs Gazergray et Draval Whiteley, vous ferez équipe avec Lunich Bigham et Banha Hagelheim.
Le soulagement emporta le binôme à ce verdict. Tous deux échangèrent un sourire avec Lunich, tandis que Banha resta de marbre, bien trop ennuyée à l'idée de faire équipe avec eux. Les Lockspear furent placés avec deux garçons ; Ritchi Thorsten et son partenaire, Paulus. Une fois fini, Miss Dahiri fit placer les binômes en demi-lune devant la créature de fer.
— N'oubliez pas que ce Méca-Ours n'est pas le seul obstacle du secteur, prenez garde à vous. Il est l'heure de commencer ! À vos marques, prêts...
Une tension palpable s'ajouta aux postures de départ des élèves, chacun bien décidé à trouver ce drapeau avant les autres. Les yeux bien droits devant elle, d'un air déterminé, Milléïs était prête à en découdre.
— Partez !
Aussitôt, l'essaim de corps partit au galop, s'enfonçant dans les broussailles épaisses de la forêt, dans de différentes directions. Avec un sourire malin, Miss Dahiri et Monsieur Norixius se jetèrent un regard. La femme noire sortit ensuite un petit boîtier de sa poche pourvu d'un gros bouton rouge, puis dit :
— C'est parti pour le show.
Elle le pressa sans ménagement, allumant au passage les prunelles du Méca-Ours qui scintillèrent d'un éclat vermeil. À travers la forêt, plusieurs autres globes enflammés s'éveillèrent à l'unisson. L'Animaltronique aux côtés des enseignants se mouvait avec lenteur dans une cacophonie de sons métalliques et grinçants. Un nuage de vapeur sortait des jointures de son cou puissant, orné de clous. Il se redressa sur ses pattes arrières en extériorisant un terrible rugissement qui se reporta jusqu'aux oreilles aiguisées des apprentis.
Dans une série de tintements sourds, comme commandée par une force occulte, la bête fonça dans la sylve. Ses programmations et circuits tentaculaires ne lui attribuaient qu'un seul objectif : attaquer les fuyards sans relâche.
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Des cris et des échos de voix retentissaient de toutes parts dans la forêt. Durant leur course effrénée, Milléïs et Draval jugèrent que dans un autre contexte, ça pouvait être effrayant. C'était comme une sorte de chasse à l'homme où leur unique chance de survie était de dénicher ce drapeau perdu. Ils étaient les malheureuses proies et les Animaltroniques, eux, les prédateurs. Derrière eux, Lunich trainait, haletant et déjà épuisé. Banha avait prit les devants, ne désirant pas s'encombrer de ces trois fardeaux. Son regard avisé ratissait chaque mètre carré de la jungle gorstysienne qui s'offrait à eux. Pas le moindre signe d'un Méca-Ours.
Sans s'arrêter, Draval proposa :
— On devrait établir une stratégie au cas où nous sommes attaqués. Miss Dahiri a dit que l'Animaltronique de tout à l'heure ne sera pas notre seul obstacle. Elle voulait certainement parler des autres Animaltroniques, mais j'ai comme l'impression que cela concerne aussi les binômes adverses.
— Je crois aussi, accorda Milléïs, avec Lunich. Banha, tu nous suis ?
— Pas besoin d'une stratégie, nous allons perdre du temps ! Fonçons tout droit jusqu'à la colline, grommela celle-ci.
Soudain, lui faisant ravaler un soupir, des hurlements appartenant aux élèves retentirent dans le lointain. Le quatuor pila sur place, les yeux écarquillés et aimantés à la partie ouest de la luxuriante forêt. Des retours métalliques laissaient présager une attaque avec l'un des Animaltroniques. Tout à coup, un éclair rouge monta vers le ciel, telle une fusée et explosa comme un petit feu d'artifice. Un élève avait été touché !
Lunich trembla contre l'épaule de Milléïs qui, elle-même était appuyée sur Draval. Les grondements sourds de l'Animaltronique approchaient ostensiblement. Immédiatement, le fils du forgeron se tourna vers un promontoire de pierres éboulées recouvert de buissons épineux quasiment impénétrables. En pointant le sommet, il chuchota :
— Vite, montons ici !
Lunich fut le premier à s'élancer vers la sécurité. Milléïs le suivit, puis Draval. Banha resta une poignée de secondes plantée face aux séismes que formaient les enjambées de la bête qui n'était plus qu'à quelques mètres. Ses ondes sonores faisaient vibrer le corps et l'esprit. Pour une fois, elle jugea bon de suivre le pli collectif, sa raison l'emporta sur sa capacité à ne jamais reculer.
Main sur son arme, elle rejoignit les autres qui tentaient en vain de s'accrocher aux plantes grimpantes et aux lianes de sumac vénéneux. Déjà en haut, Draval tirait Lunich par le bras alors que Milléïs le poussait par le dos, le tout dans un accompagnement de râles.
Une fois à l'abri, les quatre apprentis regardèrent arriver le monstre de métal. Ayant enfin eu le courage de relever la tête des feuillages, Lunich murmura, tout grelottant :
— Où est-il ?
— Juste là ! Ouvre un peu les yeux, tu ne verrais même pas un troupeau d'Orones avant même qu'il ne t'ait piétiné ! rouspéta Banha qui, par l'agacement, n'arrivait pas à diminuer le son de sa voix.
— Taisez-vous ! pesta Milléïs, énervée de leurs chamailleries.
L'Animaltronique affleura de l'écran de verdure. Sa truffe, même sans odorat, imitait les mouvements d'origine de l'animal qu'il était censé représenter. À chacune de ses respirations, de la vapeur sortait de ses naseaux et de son cou. De leur juc, Milléïs, Draval, Lunich et Banha cessèrent de respirer, de peur que le moindre son, même infime, puisse attirer son attention. Le robot marcha jusqu'au pied de l'éboulement et regarda dans leur direction. Ils se pensaient cuits, lorsque du tapage aimanta vivement les yeux inhumains du Méca-Ours.
Deux binômes passaient par là. Contre toute attente, Milléïs reconnut Tegan et Andronika, aux côtés d'Elsa et Janelle, un duo de filles.
Le molyngsien pâlit, le combat était inévitable.
Au loin, d'autres cris survenaient, combinés aux flashs grimpants. Courageusement, la quadrature affronta le Méca-Ours qui leur fonça dessus. Andronika bondit sur le côté sous les commandements de son partenaire, évitant les griffes de la bestiole lui étant destinées. L'ursidé ouvrit subitement la gueule et tira une balle de lumière qu'Elsa esquiva avec grand mal. La fille aux cheveux rouges chuta dans les ronces et se lacéra la peau. Son binôme, Janelle, courut l'aider après avoir fait une pirouette.
Armé de son Magnergie, Tegan déferla sur la bête en criant à ses comparses de fuir. L'ours semblait totalement immunisé contre les munitions qui rebondissaient sur lui. Il ne put achever ses recommandations qu'une boule lumineuse le toucha à la poitrine. Il tomba lourdement au sol, assommé sous les yeux terrifiés d'Andronika et des quatre apprentis cachés. Soudain, une fente automatique s'ouvrit sur le dessus du crâne du Méca-Ours. Une fusée s'en échappa, signe qu'un autre élève était éliminé. Au loin, Miss Dahiri et Monsieur Norixius notaient le nombre de flashs largués pour évaluer les aspirants restants.
D'autres sphères s'échangèrent avant qu'Andronika et les autres filles ne soient elles aussi touchées.
— Ne restons pas là, venez !
Jugeant qu'ils ne pouvaient rien faire pour eux, Milléïs poussa son escorte à continuer le chemin de la plateforme. Ce cours était démentiel, absolument hors de sens. Les entraînements de Miss Dahiri avaient toujours été à un degré proche de l'indécence au niveau de la difficulté, mais celui-ci battait des records. Comment se défendre ou même survivre face à une telle abomination ? Ils n'y étaient pas préparés.
Une fois au bout de la petite falaise, le groupe glissa prudemment dans les roches pour descendre. Leur ruade endiablée n'avait de fin, elle n'était que terreur et sueur. La chaleur de l'été les faisait transpirer. Lunich, échevelé et au bout du rouleau, était plié par un douloureux point de côté. Il tentait en vain de stabiliser sa respiration en émettant toutes sortes de sons s'apparentant à des hennissements grotesques. Banha ne démordait pas, elle sondait chaque recoin du bois à la recherche du drapeau. Ce carnage devait cesser au plus vite.
— Le drapeau ! hurla-t-elle.
Loin devant eux : le sésame. Palpitant au vent, piqué dans une montagne de rochers et de mousse, le drapeau était visible. D'autres élèves l'avaient vu, mais beaucoup furent interrompus par les assauts des Méca-Ours. L'équipe de Milléïs et Draval comptait bien l'attraper pour les venger. Or, quatre corps venant de nulle part se jetèrent face à eux, les obligeant à s'arrêter.
— Ne rêvez pas, le drapeau est pour nous !
Lockspear se dressait, telle une muraille infranchissable et soutenue. Le torse bombé de tout son orgueil, il paraissait un peu plus plantureux qu'il ne l'était déjà. Accompagné de Sielle, il était secondé par Ritchi et Paulus. À pleins poumons, Milléïs les invectiva :
— C'est pas vrai ! Vous nous collez au train !
— Nous devrions en dire autant, ricana Lascan. Que pitié vous soit donnée, car nous ne vous laisserons pas passer.
— C'est ce qu'on verra, grogna Banha. Personne ne me retardera et surtout pas vous !
Elle leva son Magnergie sur eux, faisant trembler Sielle qui se demandait encore ce qu'elle fichait ici. Elle n'était pas faite pour ça, son corps ne le tolérait pas. Ritchi et Paulus s'esclaffèrent de ce geste, à l'instar de l'imbuvable Lascan.
— Tu bluffes, galdore, dit l'héritier. Jamais tu ne tireras.
— Vous voulez parier ?
Banha était prête à leur montrer comme les tempéraments galdors, malgré leurs froides contrées, étaient brûlants comme le plus violent des incendies. Elle remarqua très vite une belle branche courbée à abattre qui tomberait pile sur leur boîte crânienne dépourvue de cervelle. Elle était persuadée que le choc sonnerait creux tant leur tête était vide. Or, elle n'eut l'occasion de le faire, car un tremblement familier survint.
Dans un rebond craintif, Draval fut le premier à l'apercevoir. Son scintillement le glaça de l'intérieur lorsqu'il les chargea. Le fils du forgeron vociféra alors :
— Fuyons !
L'activité se raviva sous les rugissements du Méca-Ours. Les deux équipes, bien qu'ennemies, partirent dans le même sens. Milléïs saisit la main de Draval et lui tonitrua qu'ils ne devaient pas laisser les Lockspear atteindre le drapeau avant eux. Avec adresse, Banha ralentit le rythme et fit pivoter le haut de son corps pour tirer dans la branche aperçue plus tôt. D'une pression sur l'engrenage, elle activa le tir solaire. Une lueur blanche s'élança sur l'arbre et rompit la branche qui s'échoua sur la sculpture de fer.
Avec un sourire satisfait, Banha jugea que cela leur laissait un peu de temps pour fuir. Or, elle déchanta en voyant la masse métallique se dégager, plus en colère que jamais. Redoublant de vitesse, la jeune brune rejoignit les autres sans faiblir lorsque l'ours tira un premier éclat d'énergie. Plusieurs autres s'enchaînèrent dans les esquives désespérées. Néanmoins, un réussit à atteindre Lunich dans les omoplates.
Il s'écrasa face contre terre, exultant des gémissements plaintifs par l'intense douleur. Ça lui faisait l'effet d'un tison ardent pressé à même la peau. Aussitôt, Milléïs, Draval et Banha s'arrêtèrent.
— Ne vous en faites pas pour moi... Continuez... leur dit faiblement l'atterré. Je crois que j'ai assez couru pour aujourd'hui.
Banha n'hésita pas à se retourner, mais les deux acolytes eurent un mal fou à abandonner leur ami. L'Animaltronique revenait à la charge, ils ne devaient pas trainer ! Le cœur déchiré, ils durent reprendre la route. Dans un souffle d'espoir, Lunich leur murmura :
— Allez-y, les copains... Je compte sur vous...
Il relâcha enfin la pression afin de se résigner à son sort. En quelque sorte, le joufflu était soulagé d'avoir été éliminé. Le stress contenu durant l'épreuve, la détresse, l'essoufflement ainsi que l'intense flux émotionnel furent exorcisés, goutte par goutte, lui intimant un apaisement presque serein.
Du moins, avant que l'Animaltronique ne le survole brusquement pour poursuivre sa chasse. Son cri de peur irradia le secteur et fit frémir les cloches sourdes des nandrags.
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