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Ours, Contestataires et Menée Secrète 10/10

— Deux binômes pour le championnat ? Monsieur le Gouverneur, c'est totalement impossible !

Dans son bureau, face à la carcasse musculeuse et impassible de Rogan Morchrès, Wynstead fulminait. Lui qui pensait avoir dupé l'assemblée, il fut mécontent de réaliser que sa couverture avait peut-être été éventée. Il ne voyait pas d'autres moyens pour que le Gouverneur ne prenne une telle initiative. Qu'avait-il fait de travers ? L'œil sévère, Wynstead plaqua à l'intention de son supérieur :

— Les autres îles ne seront aucunement d'accord avec cette décision.

— Les Îles Marâtres n'ont pas leur mot à dire sur ce fait, continua calmement le Gouverneur. N'oublions pas qu'il y a cinquante ans, les fiorrins avaient usé de la même solution lorsque deux binômes étaient sortis avec le même nombre de points. Dans l'impossibilité de les départager, les deux avaient dû participer. Et personne n'a trouvé à redire.

— Oui, mais cette fois, c'est différent, Sir Morchrès. Les Lockspear sont ceux qui ont récolté le plus de points, ils sont les uniques lauréats ! Alors pourquoi sélectionner ce second binôme ?

Avec une lenteur presque désabusée, Morchrès ouvrit le bulletin final et le jeta sur le bureau derrière son Vice-Gouverneur ; celui-ci biaisa vers le carnet.

— Vous pouvez m'expliquer pourquoi la première page a été arrachée ?

Dans l'impasse, Wynstead ratissa les champs infinis de son cerveau à la recherche de l'excuse la plus plausible et la plus crédible à ses yeux. Or, il savait qu'en plus de sa force colossale et redoutée, Morchrès était un fin examinateur. Rien ne lui échappait. Conserver son masque flegmatique et imperturbable était la seule échappatoire quant à cet affrontement électrique.

— C'était un brouillon, monsieur.

— Un brouillon ? Vraiment ? J'ignore ce que vous manigancez, Wynstead, mais je ne suis pas aveugle. J'ai vu le regard que vous avez échangé avec Ingwald Lockspear.

Le Gouverneur réduisit l'espace le séparant de son bras droit. Le menteur, plus habile que convaincant, se défendit :

— Je ne manigance rien, monsieur, je vous l'assure. Pour qui me prenez-vous ?

L'œil fixé dans celui du directeur, Morchrès tenta de sonder cet océan poussiéreux à la recherche d'une quelconque faille qui serait susceptible de laisser filer une pépite de culpabilité. Or, à l'instar d'un lac où toute vie semblait endormie, sa surface restait lisse, calme et terriblement dérangeante.

— Je vous crois, Wynstead, car je n'ai aucun moyen de démontrer la chose. Je n'ai aucune preuve tangible. Sachez seulement que s'il y a tricherie dans les notes, vous risquez la suspension de votre poste, ainsi qu'une condamnation. Je ne plaisanterai pas avec cela. Vous êtes mon ami, et je serai extrêmement triste et déçu d'en arriver là. Ce pourquoi je ne prendrais aucun risque, finit-il en lui tournant finalement le dos. Je m'en vais informer les autres Gouverneurs dès aujourd'hui... Lumènia comportera bien deux binômes ex æquo pour le championnat de cette année.


L'après-midi même, après un dernier repas d'adieu, le temps du départ sonna. Réunis devant le pensionnat, les élèves attendaient l'arrivée de la navette qui allait les reconduire chez eux. Malgré tout, le pensionnat allait leur manquer. Il avait été leur maison durant une longue année, leurs enseignants avaient été leur famille d'adoption et leurs camarades, leurs frères et sœurs de passion. Ils avaient partagé des rires, des dîners succulents, des moments extraordinaires. Porter l'uniforme réglementaire était devenu une agréable habitude. La fin était un passage particulièrement mortifère et les pensionnaires avaient l'impression de laisser quelque chose de géant derrière eux. Même si le retour aux sources était une joie, le Pensionnat Richmond resterait à jamais gravé dans leurs meilleurs souvenirs.

Avant de partir, Monsieur Cumberstone avait tenu à s'entretenir avec Milléïs et Draval afin de leur confier son incompréhension quant à la décision du Gouverneur.

Un tel choix n'était pas réapparu depuis des années. Il craignait que ces deux enfants remarquables ne soient finalement découragés en apprenant que leur participation avait été refusée par le Conseil d'Enkkorag, promouvant aux Lockspear, la seule et unique place pour le Championnat des Nations. Avec beaucoup d'affection, Cumberstone les conjura de ne pas trop s'attacher à cette perspective idéale, car le MAJE n'en avait pas encore discuté. C'était déjà un exploit d'être arrivé si loin dans cette voie ; autant laisser couler et attendre en toute quiétude. Ils allaient en être sûrs dans quelques lunes, lorsque le MAJE délivrerait son verdict directement au Défensariat de Solécendre. Cumberstone leur jura d'être présent ce jour-là pour leur annoncer la nouvelle.

Quelques minutes plus tard, près de la fontaine, sacs sur l'épaule, Milléïs et Draval parlaient encore de leur chance inespérée tombée juste sous le nez des Lockspear. Or, suite à leur entretien avec Cumberstone, le doute s'était installé.

À leurs côtés, Tegan lustrait son insigne avec délicatesse et adoration. Il avait hâte de le montrer à son père, un grand Défenseur resté sur Molyngsie. Andronika, elle, était assise sur la margelle de galets et lisait attentivement sa fiche administrative.

— D'après la lettre remise avec le diplôme, nous allons être mutés à Molyngsie, sur la ville du Cap Zana, dit-elle.

— Molyngsie ? C'est terriblement loin ! s'écria Milléïs, d'une voix excessivement aigüe, poussée par la surprise.

— C'est vrai, je vais être loin de ma famille. Ça va être difficile, les premiers temps, sourit la jeune paysanne.

Dans un gloussement, Tegan la rassura :

— Tu t'y habitueras, mon île est une merveille ! Tu t'y sentiras à ton aise très vite, les molyngsiens sont connus pour être un peuple accueillant. Et entre nous soit dit, ce n'est pas là-bas qu'il y a le plus de criminalité, on va être tranquilles.

— Moi, je suis muté à Kettlesbarrow, avec Banha, poursuiva Lunich en tenant sa lettre. Je savais que je serais amené à travailler dans ma ville, auprès de mes cousins.

— C'est une bonne chose, rit Draval, d'un ton taquin.

— Oui, on peut voir ça comme ça. Et vous alors ?

Le fils du forgeron brandit son document, puis répondit :

— Solécendre, notre ville.

En se levant du bord de la fontaine, Milléïs plaqua ses mains sur ses hanches :

— On prend tous des chemins séparés, les amis. Il faut qu'on se promette de se revoir un jour.

— Je suis d'accord, même si en vue de notre métier commun, il est certain qu'on sera amenés à se recroiser, affirma Tegan.

— Déjà, si tout se passe bien pour vous quant au championnat, on vous suivra à la radio et au journal. Vous pouvez être sûrs qu'on vous acclamera de Molyngsie, chantonna gaiement Andronika.

Touchés, Milléïs et Draval les remercièrent. Ils échangèrent tous une dernière accolade collective en se jurant que même si la distance les séparerait, ils resteraient de bons amis. Ils allaient tous leur manquer ; Tegan le sportif et sa bonne humeur contagieuse, Andronika l'insouciante et son romantisme aberrant, Lunich le gourmand et ses cris perçants de stupeur.

Oui, ils allaient énormément leur manquer.

Soudain, un klaxon retentit. La navette était arrivée, toujours tirée par ses magnifiques équidés. À son arrêt, elle se remplit très vite. Andronika croisa alors une dernière fois le regard polaire de Lascan. Nonobstant la souffrance qu'il lui avait apportée, le rejet et la honte, elle ne pouvait le nier : il ne quitterait jamais ses pensées.

L'héritier ignora d'ailleurs la totalité des élèves qui le félicitaient encore pour sa sélection, sa colère bien plus fraîche qu'à l'accoutumée. Même Sielle était devenue invisible à ses yeux. Lorsqu'il fut assis au fond du vaisseau bruyant, il sentit les poils sur sa nuque se hérisser lorsque Milléïs et Draval vinrent se poser derrière lui, à leur place initiale de leur premier voyage.

Le temps allait être long...

Six heures passèrent et le jour fut tendrement accueilli dans les méandres de la nuit. Les variations de lavandes et d'or qui surplombaient les champs de blé craquant étaient de toute beauté. Les vallons du Massif d'Aug d'Or devaient leur nom à leurs couleurs si caractéristiques. Cette chaîne de montagnes était le point culminant de l'île par sa hauteur avoisinant les trois mille cinq cent mètres. Les cours d'eau glissaient dans une mélodie ruisselante, de concert avec le chant des grenouilles. Une cascade rougie par le soleil se fracassait sur les roches, provenant de l'éboulement des perchoirs montagneux.

Par delà l'ouverture de la toile, Milléïs se demandait depuis combien de temps ces blocs s'étaient détachés de leur corps d'origine. Comment avaient-ils résisté à la force inouïe de la cascade qui les cognait depuis des centaines, voire des milliers d'années ?

Les paysages de Lumènia étaient certainement les plus jolis en cette saison, mais aussi les plus créatifs.

À la nuit tombée, vers les huit heures, après plusieurs escales pour déposer les jeunes revenants, Solécendre se montra enfin. À son centre-ville, lieu d'arrêt prévu par la navette, Icencia et Joya attendaient impatiemment de voir poindre le véhicule contenant Milléïs et Draval. Parmi les quelques passants rentrant chez eux ou terminant leurs travaux, les deux mères, vêtues de gros gilets de laines pour éviter les morsures du froid, ne tenaient plus en place.

Soudain, au fond du boulevard routier, des sabots de chevaux claquèrent contre les pavés. La navette émergea alors d'entre les rangées d'immeubles, fière et chantante. Le cœur en fête, Icencia et Joya suivirent le convoi jusqu'à son arrêt total. Milléïs et Draval en sortirent aussitôt, suivis des Lockspear.

Sous les yeux de Sielle et Lascan, les deux amis se jetèrent contre leurs mères respectives, partageant ce bonheur retrouvé. Spectatrice de leurs sourires et leurs élans d'affection, Sielle envia Milléïs et Draval. Ça devait être si réconfortant de recevoir l'attention de sa famille après une si longue séparation. De sentir le manque s'évanouir, enfin comblé par leur seule présence. Elle ne connaissait que la forme ascétique de cette vie. Comme quoi, la richesse permettait de tout obtenir et de tout posséder, excepté une chose fondamentale : l'amour de ses parents.

Vêtue d'un regard triste, Sielle tourna la tête et talonna Lascan jusqu'au carrosse personnel de leur père, spécialement envoyé pour les chercher. Sylvestre les accueillit avec un immense bonheur ; un bonheur que Lascan éluda, bien trop épuisé pour discuter de son expérience au pensionnat.

Après d'émouvantes retrouvailles, bordées de rires et de câlins, Draval ne pensait qu'à une chose : rencontrer son père. Il n'était pas venu l'accueillir, mais il n'en était pas étonné. Il voulait tant lui montrer son diplôme et lui prouver qu'il avait mérité sa place chez les Défenseurs, contrairement à ce qu'il pensait.

Aveuglé par cette simple idée, Draval délaissa Milléïs et traça directement jusque chez lui, Joya à ses trousses.

Comme un ouragan, il passa sous l'arche en demi-lune et se pressa à la porte embrumée de la forge. Derrière celle-ci, Sullivan se tenait penché, ramassant ses outils avant d'aller souper. Pantelant, Draval s'immobilisa lorsque le regard du géant le flagella, tel le fouet d'une surprise qu'il n'attendait pas. Un silence s'échangea entre eux. Sullivan trouvait que Draval avait changé. Il avait pris un peu de poids, du muscle et ses yeux transportaient quelque chose de nouveau : un éclat indiscernable, un voile d'épanouissement. Il semblait plus adulte, d'une certaine manière.

Espérant le faire bouger, Draval susurra :

— Papa... Je suis rentré.

Sullivan se statufia, alors que Joya arriva dans le dos de son fils.

— Regarde... J'ai reçu mon insigne, marmonna-t-il en montrant sa poitrine. J'ai réussi mon apprentissage. J'ai mon diplôme aussi. Je... J'ai réussi, papa. Je suis devenu un Défenseur, pour toi, pour maman. Je suis enfin devenu celui que je voulais être depuis tout petit. Je... Je t'en prie, dis quelque chose...

Draval y croyait ; il y croyait dur comme fer. Il espérait voir les traits dantesques de son père se détendre, s'éclaircir une seconde. Il aurait vu cette émotion tant rêvée apparaître à son égard, cette lumière entre ses cils ; un sourire, un mot, une attention. Un simple « je suis fier de toi » aurait suffit.

Mais contre toute attente, lui prenant au ventre, Sullivan ne se dérida pas. Plus insensible que stoïque, il crispa sa mâchoire tachée de suie, contractant les muscles de celle-ci comme pour coincer son envie de parler. Sans chaleur, il se baissa pour ramasser le reste de ses affaires et s'en alla lentement dans l'arrière-boutique, laissant Draval tanguer dans la tempête de l'incompréhension. Il n'était pas encore prêt ; ces récompenses futiles ne valaient pas sa parole.

Le garçon, pétrifié, fit tomber ses bras le long de son corps, abandonnant presque ses papiers officiels sur le sol. Blessée comme pouvait l'être son trésor, Joya serra son adolescent perdu et désarmé, dans l'espoir de lui démontrer que tous les parents n'étaient pas si fermes et rancuniers.

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