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Le Commencement d'un Rêve 1/6

4 Octo 1868
Cinq ans après la tragédie...

Les nébuleuses étaient noires. Une obscurité homogène et profonde, presque rassurante, s'étendait à perte de vue et aucune lumière n'osait la troubler. La jeune Milléïs appréciait ces moments. Elle aimait la nuit parfois plus que le jour pour son calme apaisant. Contrairement aux autres enfants, elle ne l'effrayait pas. Elle était son alliée, celle à qui elle venait partager ses admirations les plus sincères.

La fillette fixait inlassablement ce champ ébène qui fleurissait au-dessus de sa tête. Ses boucles blondes étalées sur les tuiles du toit de sa maison, elle cherchait à repérer la moindre étoile furtive. Les observer était très difficile, pourtant, c'était une activité qu'elle adorait. Soudain, son visage arbora une moue émerveillée : elle venait d'en trouver une. Une minuscule cachée derrière un nuage. Cette simple vue la gorgea d'un bonheur candide.

— Milléïs ! Où es-tu ?

La fenêtre grinça. Icencia, sa jeune mère de vingt-cinq ans, voyant sa fille à l'extérieur malgré l'heure tardive, déposa ses coudes sur le rebord de l'ouverture en soupirant.

— Milléïs, que fais-tu ici ? Il faut rentrer, il va bientôt pleuvoir.

— Maman, encore un peu, s'il te plait.

La gamine ne quitta pas le ciel des yeux. Icencia répliqua d'un ton amusé :

— As-tu envie de finir toute mouillée ? Moi, je dis non, mademoiselle !

— Mais, maman... protesta la fillette tout en s'asseyant en tailleur.

— Milléïs Gazergray, je vous prie de descendre. Le dîner est servi et n'attend que vous !

Le ton faussement strict de sa mère lui arracha une moue. Elle avait raison. L'air dégageait de l'humidité, on sentait la pluie qui approchait de loin. Elle avait tant envie de trouver une seconde étoile, mais obéissante comme elle était, la fillette se résigna à descendre. Elle se leva et marcha jusqu'à Icencia, ses petits pas prudents claquant sur les tuiles de cuivre.

— Pourquoi tu ne vas pas sur le balcon pour observer le ciel ? C'est dangereux de monter ici, tu pourrais tomber, la gronda gentiment l'adulte, une fois qu'elle fut dans ses bras.

— Y'a qu'ici que je vois tout le ciel, maman. J'adore le regarder, c'est trop joli. J'aimerais être une étoile moi aussi, pour que tous les gens m'admirent.

Icencia lui offrit un sourire attendri, accompagné d'un tendre baiser qu'elle appuya sur sa joue rebondie.

— Je mourrais si je te perdais, canari...

En la déposant sur le parquet usé du couloir, la jeune mère continua :

— Allez viens, j'ai préparé ton plat préféré : une volaille rôtie avec des violetines.

L'exclamation qui s'échappa de la bouche de Milléïs fit glousser Icencia. Elle n'avait jamais le temps de se reposer avec une enfant si énergique. Les pas de course que la petite fille enchaîna jusqu'à la cuisine en furent la preuve irréfutable. Lorsqu'elle eut disparu en bas des escaliers, Icencia s'accorda une miette de répit. Elle glissa ses doigts fatigués dans sa chevelure coupée au carré, puis regarda quelques instants par la fenêtre.

Son quartier avait bien changé. Cela faisait cinq ans que l'attaque mémorable de la Guivre Mécanique était passée, pourtant, les douloureux stigmates de la destruction subsistaient encore. À l'horizon, malgré la nuit installée, certaines personnes travaillaient tard pour rebâtir leurs rues et habitations.

Chaque brique, engrenage ou cœur, souffrait encore de ce ravage sans précédent. Celui d'Icencia n'était pas épargné.

Le bruit lointain des marteaux la ramena à la réalité. Elle baissa les yeux, puis referma sa fenêtre. La maison d'Icencia était située en plein cœur de la Vallée d'Étain, le quartier modeste et industriel de Solécendre. Elle était coincée entre un immeuble résidentiel et une allée débouchant sur une avenue commerciale polluée par les vapeurs des machines. Son architecture étroite et bancale en faisait un bien étrange logis. De l'étage, on y voyait un morceau du district noble, appelé le Canton Doré ; là où vivaient les familles aisées, à l'écart de la plèbe.

L'intérieur de la maison était très humble, à l'image démunie de leur foyer. Une plante verte en bonne santé égaillait une coin de la pièce. La surplombant, un diplôme jauni était était fièrement encadré sur le mur.

— Maman, viens !

En descendant les marches métalliques de l'escalier, Icencia arriva auprès de sa petite fille. Elle était déjà assise, ses grands yeux bleus lavande la sondant avec innocence.

— J'arrive, canari.

Avec un sourire radieux, elle se dirigea vers la table où trônait un plat orné d'une demi-volaille entourée de tubercules mauves braisées aux fines herbes, dégageant une bonne odeur. Le repas était un moment intime de partage que la mère et la fille chérissaient. Les rires et les anecdotes d'antan rythmaient la dégustation, leur permettant d'oublier momentanément que leur petite famille était brisée. Ce rituel était un bon moyen de ne pas se laisser submerger par la douleur qui imprégnait encore la cité.

— Maman, raconte-moi encore la fois où tu as empêché la prise d'otages, s'écria Milléïs, les yeux brillants, une fois son assiette pleine. Tu avais maîtrisé trois brigands à toi toute seule !

Icencia sourit avec bienveillance en s'installant sur son tabouret. Ce souvenir de son jeune temps apaisa son cœur. Ce passé, bien que récent, remontait à sept années seulement, alors qu'elle était encore une jeune Défenseure. Douloureuse joie, heureux malheur ; une histoire qu'elle ne se lassait jamais de raconter.

º.
'

Au siège de la majestueuse Tour Engrenage, l'horloge de la ville arborant fièrement un emblème en roue dentelée, une âme veillait. La pluie fendait l'air et s'abattait sans pitié sur le toit des immeubles endormis. Face à l'imposante vitre de son bureau haut-perché, Rogan Morchrès ruminait sous la douce mélodie qu'interprétaient les gouttes frénétiques. La lueur des bâtiments alentours interférait des ombres sur sa musculeuse carcasse, habillée d'un fringant complet beige et noir.

L'événement le plus attendu de l'année arrivait bientôt, formant en lui une dérangeante boule de tracas. Depuis qu'il avait succédé à son défunt père, Rogan Morchrès avait longuement redouté ce moment.

Le Championnat des Nations approchait à grand pas.

Malgré son air sévère et son visage carré au menton volontaire, le Gouverneur était anxieux. La seule peur de ne pas être à la hauteur l'agitait intérieurement.

— Lord Morchrès ? Vous êtes là ?

Un conduit de lumière s'étendit dans son dos, indiquant que la grande porte du bureau était ouverte. Au centre se tenait un homme, sa chevelure blonde impeccablement plaquée sur le côté. Guerlain Wynstead était une figure stricte et importante à Solécendre. Il occupait une place de choix, convoitée avec ferveur par de nombreux gentilshommes : celle de Vice-Gouverneur. Son intelligence et ses connaissances l'avaient souvent mené aux plus hauts sommets.

Les mains chargées de dossiers et ses yeux globuleux fixés au fond de la pièce plongée dans la pénombre, Wynstead surprit la réflexion silencieuse de son supérieur.

— Oh, vous voilà. Désolé de vous déranger à cette heure. Je vous apporte les dernières formalités à signer pour le championnat. Les autres îles attendent votre réponse avant de venir à votre rencontre.

— Je vous remercie, Wynstead. Veuillez poser cela sur mon bureau, je m'en occuperai dès demain matin.

— Tout va bien, monsieur ? s'inquiéta le Vice-Gourverneur, sous l'air maussade du colosse en face de lui.

— Tout va pour le mieux, oui. Seulement... je redoute un peu les semaines à venir.

Sur l'instant, Wynstead afficha une moue grave en déposant la pile de papiers sur le bureau. Il fit ensuite quatre pas pour se mettre coude à coude avec le Gouverneur.

— Le championnat vous tourmente, n'est-ce pas ? Après tout, c'est normal. Il s'agit là de votre tout premier depuis votre montée au pouvoir.

— Mon père avait un tel ascendant sur son public lors des présentations des nouveaux binômes, ou de ses discours. Il était un exemple pour moi, un modèle d'excellence. Je... Je crains d'être ridicule.

— N'ayez crainte, vous y arriverez. Vous avez fait tant de bonnes choses depuis que vous avez enfilé l'habit de Gouverneur. Vous administrez la ville comme personne. Les reconstructions redoublent de vitesse, les citoyens démunis retrouvent une habitation et ce, grâce à vous. Vous aidez votre peuple, vous prenez les bonnes décisions et intelligemment. Personnellement, je pense que votre père serait très fier de vous. Croyez-moi sur parole.

Un sourire naquit sur les traits du Gouverneur, requinqué.

— Sans doute. Je vous remercie, mon ami. Vous êtes l'un de mes plus grands soutiens.

— C'est tout naturel, Lord Morchrès. En tant que conseiller principal, je suis là pour ça.

La moue du Gouverneur s'accentua.

— Je comprends désormais pourquoi mon père vous adorait.

— Ah, oui... J'ai assisté votre père durant quatre longues années... Il était comme vous, je devais sans cesse le rassurer sur ses décisions, mais surtout lors de ses apparitions en public, repensa Wynstead, d'un air nostalgique. Son manque de confiance passager a déteint sur vous.

Le Vice-Gourverneur pivota finalement, afin de quitter la pièce. Les deux hommes du même âge échangèrent une œillade, tandis que le blond agrippa la poignée lustrée de la porte :

— Bonne nuit, Lord Morchrès. Tâchez de vous reposer.

— Passez également une bonne nuit, Wynstead.

— Et n'oubliez pas votre entretien radio avec les autres îles pour tout mettre en ordre, demain.

— Je n'oublie pas. Lady Dinklebauer n'est pas lasse de me le rappeler, également.

— Ah... J'ai ouï dire que la jeune Gouverneure Dinklebauer vous avait envoyé une lettre ?

— Elle en a envoyé à toutes les Îles Marâtres, afin de faire part de sa joie. Elle est très excitée à l'idée de mener son premier championnat depuis son passage au pouvoir.

— Je vois. Vous devriez penser à vous fondre dans la même optique. Peut-être que cela soulagerait vos angoisses. Sur ce, reposez-vous bien, Lord Morchrès. Vous avez beaucoup de travail, demain.

Le Gouverneur acquiesça, puis Wynstead se retira de la pièce. Enfin seul avec ses pensées, Morchrès laissa échapper un soupir las. En se retournant vers la montagne de documents qui jalonnait son bureau, il eut peur que celle-ci tremble et s'abatte sur lui. Pourtant, ce magma de paperasse n'était rien en comparaison de ce qui l'attendait. La compétition de cette année promettait d'être riche en nouveautés.

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