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La Rencontre des Binômes 4/5

Le couloir d'entrée de l'Occulu s'ouvrait sur un long escalier de fer qui montait jusque dans ses entrailles. Au sommet des marches, un grand hall circulaire accueillait les allers et retours des employés en travaux de ménage et de rectification. Une belle moquette émeraude recouvrait ce sol piétiné sans cesse. Les fibres écrasées formaient comme un palmier sous les chaussures, à chaque pas. Des espaces repos, avec sofas, tables basses et musique d'ambiance, étaient mis à disposition dans certains coins, et au plafond, pendait un magnifique lustre fait en plusieurs chaînes d'engrenages reliées ensemble.

D'autres escaliers, situés dans les profondeurs de la pièce, menaient aux étages supérieurs et inférieurs. Tout autour, des murs vitrés offraient une vue panoramique sur le pont du zeppelin et la mer à l'extérieur. Tout paraissait si net, si accueillant, si parfait. Milléïs et Draval imaginaient que ce n'était sûrement pas la même ambiance dans la salle des machines ou dans la soute à charbon.

— Suivez-nous, nous montons à la timonerie, sourit le Gouverneur Morchrès, à son cortège.

Sans broncher, le monde le suivit. Ils prirent le chemin du haut et montèrent dans un couloir entièrement de fer où des bruits se heurtaient comme des coups d'épées. À mi-chemin, une femme et un homme arrêtèrent les Gouverneurs. Elle portait un uniforme vert sombre avec une gabardine cintrée où un insigne du grade Peritum était accroché. Ses courtes boucles noires, coiffées en arrière, frappèrent Draval qui lui trouvait un petit air de famille avec une certaine personne.

— Mes chers Gouverneurs, bien le bonjour ! Nous voulions nous assurer que vous étiez bien montés à bord. L'Occulu va bientôt partir.

— Fort bien, mon amie. Quant à nous, nous voulions vous présenter les nouveaux Lauréats de cette année.

Morchrès se décala afin de laisser entrevoir la troupe d'adolescents. Harmony Dinklebauer prit la parole, une main tendue vers le bouclé :

— Mes chers enfants, je vous présente Yoneza Wixx, la commandante-pilote de l'Occulu. Elle vient de notre belle île de Prisme et est l'un des pilotes les plus talentueux et sollicités de l'archipel.

— Je suis flattée, Gouverneure, s'esclaffa la navigatrice, les mains sur les hanches. Eh bien, je vois que les élus de cette année m'ont l'air très prometteurs. Regardez-moi cette flamme dans leurs regard !

À côté de Draval et Milléïs, la jeune Thelie salua sa mère d'un signe de main. Celle-ci lui rendit son geste d'un pouce victorieux. Yoneza Wixx fit alors remarquer, les bras croisés :

— Je vois également que Lumènia a le double d'effectif. La rumeur disait donc vrai.

Milléïs, Draval, Sielle et Lascan se sentirent tout à coup concernés. Des regards en coin pesaient sur eux. Soudain, l'homme resté en retrait s'élança vers eux à toutes jambes, sous l'œil noir d'un Novak Saberheim pas très loquace. Il faillit presque en perdre ses petites lunettes rondes aux montures dorées qui ne tenaient, miraculeusement, que sur l'arête de son nez. Son costume trois pièces excentrique, bleu et or, tapait fort dans les yeux.

— Saperlipopette ! Ce sont eux, les quatre fameux Lauréats de Lumènia ! Voilà un sujet parfait pour ma prochaine émission radio !

L'énergumène balaya sa houppette gracieusement enroulée sur son front où se détachaient quelques courtes mèches, signe que sa cire coiffante était de mauvaise qualité. Aussitôt, il brandit une sorte de gros micro, attaché à un magnétophone métallique, face aux quatre adolescents hébétés. La longue antenne de l'objet manqua de percuter l'œil de Lascan qui l'évita juste à temps. C'était une Baladeuse ; une machine sophistiquée pourvue d'un capteur vocal relié à l'antenne qui pouvait enregistrer les voix en direct grâce au signal radio, et ainsi, transmettre les interviews en temps réel.

— Alcide Molain, pour Enkkoradio. Je suis journaliste et l'animateur du championnat de cette année. J'aimerais vous poser quelques questions, surtout aux héritiers Lockspear. Chers Sielle et Lascan Lockspear, votre place dans l'événement quinquennal de l'année à fait l'unanimité ! Votre père doit être si fier de vous.

En voyant la mine perplexe des deux binômes assiégés, le Gouverneur Lundoralys amortit l'assaut en tirant sur le veston de l'animateur qui le dépassait d'une bonne cinquantaine de centimètres.

— Allons, mon brave, laissez ces enfants respirer. Vous aurez tout le temps de les interviewer plus tard.

Calmé de ses ardeurs, Alcide Molain s'excusa et retira son matériel, veillant tout de même à le garder tout près et allumé. La commandante-pilote reprit, voyant l'heure tourner :

— Bien, nous allons partir. Si vous voulez rejoindre le pont pour admirer ça, c'est maintenant.

Les Gouverneurs le remercièrent et encouragèrent les Lauréats à prendre la direction du pont. À l'extérieur, des matelots s'affairaient au nettoyage, aux derniers préparatifs et à décrocher les puissants cordages retenant le zeppelin au port. Leurs échanges hurlants se mêlaient à ceux des goélands et aux remous de la mer se déroulant comme de la peinture turquoise renversée d'un seau. L'air salin, dans un murmure moqueur, caressa le visage de Milléïs qui se pressa tout contre un garde-fou de l'engin, Draval sur les talons. L'océan s'étendait sans fin sous leurs pieds, scintillant comme un million de rêves, et un gigantesque ballon les veillait du dessus.

Les réacteurs fumèrent dans un chuintement tapageur, recouvrant la place de son écran blanchâtre. Dans la timonerie, Yoneza Wixx donna ses directives avec expérience. Elle ordonna à chaque membre de sa fourmilière de regagner leur poste, puis fit tourner le commutateur faisant monter l'énergie dans les tubes de laiton serpentant son précieux Occulu. Les flèches sur les jauges des machines s'affolèrent, des leviers furent activés et enfin, la commandante-pilote se plaça fièrement derrière la barre de navigation.

Les premières secousses avertirent les adultes du départ imminent du vaisseau. Le Gouverneur Lundoralys, droit comme un « i », se tourna alors vers les adolescents en souriant, puis leur dit :

— Vous devriez vous accrocher aux parapets, si vous voulez un conseil, jeunes gens.

Dans la file, tous obéirent, sauf Cléodème. Le jeune fiorran aux yeux bicolores, adossé aux barrières, exhala un petit ricanement étouffé, presque fatigué à l'égard de cette prévention. Non qu'il n'y croyait pas, il pensait simplement que le dirigeant de son île abusait de trop de prudence au risque d'en faire une indigestion —ou alors, l'adolescent était trop bien installé pour daigner bouger le moindre petit doigt. Ce fut seulement lorsque l'Occulu s'éleva et démarra qu'il comprit toute l'importance de ces paroles. La poussée fut si forte qu'il partit en arrière, un cri au bord des lèvres. Son dos et sa tête rencontrèrent le métal froid du pont. En plus d'être sonné, Cléodème eut droit aux sermons barbants de sa partenaire.

Discrètement, Milléïs rit de lui. Il était amusant, en plus d'être énervant.

Le vent battant dans ses cheveux défaits, la jeune fille observa l'horizon qui venait à elle. Tout comme Draval, à cet instant, l'excitation la prenait aux tripes. Ils étaient enfin partis. Tout droit vers un lieu leur étant encore inconnu ; celui où se déroulerait la première épreuve du championnat.



La première partie du voyage se passa sans encombre. Au milieu de l'océan, à une centaine de mètres en hauteur, le vaisseau volant continuait sa traversée qui consistait à contourner les rives de Lumènia jusqu'à une minuscule île au nord : Korgaherys. Il avait fallu toute la matinée pour faire le quart du chemin. Tous deux sur le pont, à observer la mer, tandis que les Gouverneurs s'étaient retirés et que les autres Lauréats vaquaient à leurs occupations, Milléïs et Draval cherchaient un signe au loin, une masse qui laisserait entrapercevoir enfin la fameuse Korgaherys.

Les Lockspear, eux, n'avaient pu réchapper à l'interview laborieuse et fastidieuse d'Alcide Molain. Il les avait suivis dans tout le zeppelin, presque harcelés, pour obtenir leur précieux témoignage. Cependant, le journaliste semblait plus fasciné par le travail de leur père que par leur propre participation au championnat. La célébrité n'avait pas toujours du bon, décidément ; elle attirait les fous furieux.

Au moins, Milléïs et Draval pouvaient souffler une seconde et faire le point, loin de l'air irrespirable qui gravitait autour de Lascan. Spoon se dressait sur la rembarde, appréciant les quelques rayons du jour qui rutilaient sur sa coque de fer. Milléïs, lasse de cette ennuyante tranquillité, se tourna vers son partenaire et déplora :

— C'est loin, Korgaherys ! On en a encore pour toute l'après-midi avant d'arriver. J'ai hâte d'y être.

— Oui, moi aussi, j'ai hâte. Mais il y a un truc qui me tracasse. J'ai l'impression que les gens évitent de parler de l'histoire de l'île. On sait qu'elle traîne une réputation plutôt sombre, mais... je ne sais pas, c'est comme si un silence pesant entourait tout ça, par ici. Tu ne trouves pas ?

— C'est vrai. J'imagine que c'est un moyen de conserver la réputation mystérieuse de cette île pour l'épreuve. On verra bien en arrivant.

Acquiesçant, Draval jugea qu'elle avait raison. Cela l'inquiétait un peu, au vu des choses que le vieux Rhonarick leur avait appris sur Korgaherys, au pensionnat. Mais surtout par rapport au thème de l'épreuve.

— Dis, tu n'as pas été trop triste de ne pas voir ton père, à la parade ?

Détournant ses yeux du bleu infini, l'arrachant à ses pensées, Draval toisa sa meilleure amie, la mine grisâtre.

— Un peu, mais... Je me dis que tant que ma mère était là, c'est le principal. Peut-être qu'elle a raison, au fond. Mon père reviendra vers moi plus tard, lorsque je serais plus grand, plus brillant dans mon travail. Je ne perds pas espoir. C'est mon père, après tout. Un père ne peut rester éternellement en froid avec son enfant, pas vrai ?

Il étira un gigantesque sourire à la jeune fille, espérant garder la face. Il pensa intimement que c'était réussi, car Milléïs regarda à nouveau l'horizon sans poser plus de questions. Il voulait la préserver sur ses états d'âmes et ses remords, ce n'était pas le moment de tout gâcher. Une épreuve les attendait, pas question de lui ruiner le moral !

— Hey, vous deux-là, les Lauréats !

Soudain, une voix inconnue s'immisça entre les deux Défenseurs. Aussitôt, Miiléïs attrapa Spoon et le cacha dans sa poche. En se retournant, ils surprirent un jeune homme un petit peu plus vieux qu'eux qui les lorgnait de loin, récurant le pont à l'aide d'un balai à franches. Ce qu'il remarquèrent en premier chez lui, ce fut sa grosse chevelure frisée et explosive, d'un cuivré semblable à un coucher de soleil. Sa silhouette dévoilait une démarche gauche, un pantin squelettique que le vent marin faisait trembloter. Sa salopette beige, ses gros gants de travail et ses pieds nus ne faisaient planer aucun doute sur sa condition : il était mousse.

— J'ai écouté votre conversation, concernant Korgaherys. Vous ne semblez pas très conscients de l'horreur qui vous attend, là-bas. C'est triste pour vous.

Son ricanement se répercuta aux oreilles du duo, dont les sourcils prirent une forme interdite. Draval se retourna complètement vers lui, suivi de Milléïs. Le mystérieux roux, continuant sa besogne en faisant mine de les ignorer, guignait en réalité la réaction du jeune fils de forgeron. Un sourire discret habilla ses lèvres naturellement rouges, très fines et recouvertes de tâches d'or, lorsque la voix de Draval vint à lui.

— Qu'est-ce que vous voulez dire par là ?

— Je ne sais pas si je peux vous le dire. Je ne veux pas d'ennuis, dit le moussaillon sans être sincère, espérant les faire languir.

— S'il vous plait. On ne dira rien à personne, lui assura Milléïs, grignotée par la curiosité.

Son regard se coinça sur eux. Il avait dans les yeux une lueur de malice qui lui donnait un air enfantin. Ce garçon ressemblait à un sale gosse avec ce sourire espiègle greffé au visage. Aussi vite que l'éclair, il lâcha son balai et vint se placer entre Milléïs et Draval. Ses gestes, malgré son allure de sagouin, étaient gracieux, comme un comédien de théâtre. Ce fut d'ailleurs lorsqu'il leva ses mains, d'un air détaché, que Milléïs aperçut les deux épais bandages entourant ses poignets.

S'était-il blessé ?

— J'ai entendu des histoires sur Korgaherys, durant mes voyages sur l'Occulu. On dit souvent que j'écoute aux portes, c'est peut-être vrai... Les matelots parlent beaucoup durant les rassemblements nocturnes et j'adore les entendre raconter leurs déboires. Néanmoins, ce que j'ai appris n'est pas très... joli-joli. Vous vous appelez comment ?

Les deux comparses se jetèrent une œillade, se questionnant silencieusement l'un l'autre. Milléïs fut la première à s'élancer :

— Moi, c'est Milléïs, et lui, c'est mon partenaire, Draval.

— Draval ? Quel adorable prénom, j'adore ! chantonna le rouquin en donnant un coup d'épaule au concerné.

Milléïs battit des paupières, pensant être en train de rêver. Quel drôle de personnage ! Draval se remettait à peine de la bousculade, lorsqu'il lui demanda, à son tour :

— Et toi ?

— Je m'appelle Zola. Je travaille sur ce zeppelin puant depuis un an, déjà. Autant dire qu'ils sont désespérés sur ce vieux rafiot moisi pour engager des gens comme moi. Alors, vous voulez l'entendre ma fichue histoire sur Korgaherys ?

Curieux, le binôme hocha la tête pour toute réponse. Zola sourit machinalement, content qu'on lui porte un peu d'attention. Ses yeux braqués sur l'étendue aquatique frappée par un soleil radieux, le pré-adulte croisa ses bras sur la rambarde de protection et commença son récit sur une ambiance obscure, accentuée par le noircissement soudain de sa voix :

— Tout a commencé il y a soixante-dix ans, lorsque la mort s'est installée sur l'île de Korgaherys, surnommée par les marins « l'Île Maudite »...

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