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La Rencontre des Binômes 1/5

13 Octo 1878

Les tambours résonnaient en ville. Leurs grondements accompagnaient les trompettes qui retentissaient à leur suite comme un orage d'été. Partant du port de Solécendre, près de la place saline de l'Emporium, les chars de bois ronds et ouvragés furent tirés par deux chevaux chacun. Les Lauréats étaient enfin partis pour célébrer la fameuse parade du championnat. La foule réunie dans les rues commençait à s'impatienter. Un tumulte de corps enjoués se cognaient et se rencontraient avec ivresse dans un parfum de sucre et de fumée. Le pèle-mêle des voix formait comme un cyclone vibrant de transcendance.

Un nombre important de Défenseurs avait été déployé pour sécuriser le périmètre du port et prévenir certains débordements susceptibles de déranger la fête. De longues barrières métalliques encadraient les deux rives vivantes et séparaient les spectateurs du passage des chars. Rogan Morchrès étant présent avec les trois autres Gouverneurs étrangers, aucune incartade n'était autorisée.

L'œil bien ouvert sur le chemin goudronné, Morchrès sondait l'agitation avec bonheur aux côtés de ses quatre prodiges. En effet, Milléïs, Draval, Sielle et Lascan se tenaient avec lui sur le char, arborant fièrement leurs uniformes de service. La tension était à son comble durant cette traversée significative ponctuée d'une averse de confettis. De chaque côté de son être, Milléïs entendait le tintamarre des rues. Les feux de joie, les scandes et acclamations qui montaient toujours plus haut dans son cœur. La musique semblait chanter en son honneur ; folle, dégingandée, mais pourtant si belle. Tout ceci avait un effet euphorisant sur elle, son corps tout entier bouillonnait face à ce plaisir tant rêvé.

En ce jour, c'était une réalité. Milléïs était devenue l'étoile à laquelle elle rêvait tant de ressembler. Celle qui serait acclamée, admirée et aimée. Son immense sourire ne pouvait disparaître de son visage. Même Spoon, dans sa poche, était intenable.

Draval partageait son ressenti à un degré bien au-delà supérieur. Ses yeux noisettes ne faisaient que se balader sur l'avenue surplombant la barrière de Défenseurs établie aux alentours. Tous ces gens s'étaient déplacés juste pour eux, pour avoir la chance de contempler leurs visages. C'était un sentiment si électrifiant qu'il en avait presque envie de pleurer. Être auprès du Gouverneur durant ce moment était un privilège qu'il n'aurait jamais cru possible au cours de sa vie. Il se revoyait encore dans une illusion magique sur le sommet de la fenêtre avec Milléïs, assistant à leur toute première parade. Ils étaient si petits, la tête pleine d'étoiles et le cœur enflé d'espoir. Rien n'avait changé, si ce n'était qu'un détail. En échangeant un œil avec sa partenaire, Draval réalisa qu'ils étaient encore ces enfants, mais que cette fois... Ils avaient pris la place de leurs idoles.

Cette pensée fit naître une joie sans borne dans la poitrine du jeune garçon. Si l'œil grave de Lascan ne l'en avait pas découragé, il aurait sauté dans le public en ébullition pour savourer leur vague d'amour.

Seule Sielle paraissait anxieuse, voire inquiète. Elle avait simplement hâte que tout soit terminé. Le branle-bas et les grands bruits n'étaient pas faits pour elle. Elle avait l'impression d'être le premier prix d'une tombola, ou même un vulgaire animal de foire. Être l'objet d'attention de milliers de personnes la mettait très mal à l'aise. Le Gouverneur Morchrès, malgré son infinie fierté, remarqua assez vite l'expression de l'héritière. Pourquoi ne souriait-elle pas comme les autres ? Pourquoi ne goûtait-elle pas à l'adoration comme son frère ? Espérant trouver son regard, l'homme noir déposa une paume rassurante sur l'épaule de la jeune fille. Ce geste eut l'effet de faire relever ses yeux vers le colosse qui la dépassait de presque deux têtes. Le sourire que lui offrit Morchrès agissait comme une sorte de cataplasme sur ses angoisses. Elle se força à lui rendre sa moue, calmée, puis reporta son attention sur la foule.

Les premiers visages familiers se dévoilèrent. Milléïs et Draval aperçurent leurs mères, Icencia et Joya, auprès de Monsieur Krambug qui avait fermé boutique juste pour venir les voir défiler. En voyant leurs enfants, les deux mamans ne purent s'empêcher de verser une larme tant elles étaient heureuses. Sullivan n'y était pas, mais Draval préféra ne rien montrer de sa déception. Les mouvements de bras et les marques d'affection se multiplièrent chez lui et Milléïs, en direction de la foule. Ils s'appuyaient complètement sur la droite du véhicule circulaire pour saluer leur famille. La poitrine bombée, Lascan pensait que ces deux idiots allaient faire chavirer leur vaisseau, à une telle allure.

Lunich se montra ensuite aux côtés de sa famille, tous aussi ronds que lui. Son père, sa mère, sa petite sœur, son oncle et ses cousins l'accompagnaient. Il salua vigoureusement ses amis en bondissant sur ses jambes, tel un ressort, pour qu'ils le remarquent au milieu du public. Banha n'était pas loin, en retrait, toujours aussi froide et indifférente à son environnement. Elle ne semblait même pas porter attention à la parade. Son regard allait partout, comme inquiet par la surabondance chaotique de monde. Tous deux portaient leur uniforme de Défenseur ainsi que leur insigne.

Après les avoir passés, Milléïs songea à Andronika et Tegan, ils devaient déjà être à Molyngsea. Même de loin, elle osait espérer que ses camarades lui enverraient leur soutien. La brise de vent qui souffla dans ses cheveux porta ses mots invisibles à l'autre bout de l'archipel.

Le prochain visage fut celui de Leodore. Du moins, la moitié du visage. L'horloger s'arrêta en pleine course pour brandir son long bras vers Milléïs et Draval. Howly était posé sur le sommet de son chapeau haut-de-forme et Weird, le chat mécanique, marchait derrière lui. Il leur brandit son couvre-chef en signe de respect, mais avait oublié que Howly dormait dessus. Le hibou de fer tomba de sa hauteur et déploya ses lourdes ailes juste à temps pour lui éviter une collision avec le sol. Son sourire gigantesque exacerba la joie du binôme qui rit de bon cœur devant la gestuelle maladroite de l'ancien Défenseur. En vue de son trajet, Leodore allait probablement à la rencontre d'Icencia, juste un peu plus loin.

De l'autre côté du chemin, Lascan aperçut son père, Ingwald, entouré d'une garde de Défenseurs. Nonobstant l'ambiance festive et la gaieté omniprésente, il put lire un mécontentement flagrant dans son regard. Il était contrarié que ses enfants ne soient pas seuls sur le char et il n'avait pas hésité à leur postillonner dessus, la veille de la parade. Les gros titres de tous les journaux enkkoragiens parlaient de cet événement. Les journalistes, scribes et reporters avaient quatre noms suspendus à la bouche. C'était inconcevable pour lui. Le nom Lockspear aurait dû être le seul nommé pour Lumènia ! La logique nébuleuse du Gouverneur lui échappait, mais il n'était pas en mesure de contester. Son rang ne lui permettait pas et encore moins son acte de tromperie mis en place avec Wynstead. Il était voué à se taire et à prier pour que ce binôme de pouilleux n'entrave pas l'ascension de ses jumeaux.

La montée jusqu'à la Tour Engrenage et son horloge se fit dans les applaudissements et la chaleur de tout un peuple. Milléïs savait ce qu'il allait se passer lorsqu'elle et ses camarades disparaîtraient derrière son immense porte. La fête continuerait en ville. Les enfants allaient déguster de délicieux sucres candis tout en coursant les tourbillons de confettis. Les adultes, eux, iraient boire et festoyer en l'honneur de ce trente-cinquième championnat. Les voisins de tout horizon se salueraient gaiement, les rires habilleraient ce cadre festif. La bonne humeur serait reine durant des jours.

Milléïs fantasmait sur l'idée de les rejoindre tous. Seulement, lorsque le char s'arrêta au devant de la tour, cette pensée passagère fut balayée par l'excitation. Telle une flèche propulsée de la terre, aspergée d'or, la Tour Engrenage, l'inébranlable maîtresse de Solécendre, se tenait fière.

Lorsqu'ils débarquèrent des véhicules équestres, les quatre prodiges de Lumènia purent enfin découvrir les visages de leurs futurs adversaires. Trois binômes de deux ; chacun comptant un garçon et une fille. Des regards s'échangèrent sur les dalles lisses. Les chiens de faïences sortirent les crocs, tandis que d'autres ne semblaient pas agressifs pour un Duris. Bien droits devant leurs chars respectifs, les Lauréats des Îles Marâtres furent sollicités par un photographe venu spécialement pour immortaliser ce moment.

Auprès des Gouverneurs, ils posèrent devant la tour lorsque l'homme glissa sa tête sous le drap de son imposant appareil photo sur pieds.

— Un petit sourire !

Le flash les éblouit, faisant papillonner leurs yeux douloureux. Lorsque le photographe eut fini, les adolescents attendirent que leur Gouverneur leur donne l'autorisation d'entrer. Les quatre piliers du pouvoir, une fois réunis devant la porte, demandèrent à leurs poulains de les suivre.

Lascan fut le premier à s'élancer, de concert avec le binôme de Galdoroc. Il y avait fort à parier que leur état d'esprit et leur sens de la combativité étaient les mêmes que l'héritier, à un détail près : ils ne venaient pas de la même île. Les autres leur emboîtèrent le pas, plus posément.

De leur vie, Milléïs et Draval n'auraient cru fouler le sol d'une aussi belle et singulière bâtisse. Le pensionnat n'était rien comparé à cette tour légendaire. L'entrée s'ouvrait sur une vaste pièce circulaire de briques beiges et scintillantes, comme incrustées d'or. Le jour ambiant provenait du sommet de l'étourdissant plafond et tombait jusqu'au rez-de-chaussée dans une colonne étincelante. La hauteur était si importante que les adolescents n'en voyaient pas le fond. La décoration était très épurée, aucun fatras inutile n'entachait cette perfection architecturale. Seul le drapeau de l'archipel sommeillait au-dessus de la porte d'entrée où deux Défenseurs silencieux de la Brigade Exclusive étaient en poste.

Or, à son centre, une gigantesque sculpture de Méca-Condor, les ailes élégamment ouvertes, gardait la pièce sous son égide. Deux saphirs avaient été sertis dans ses yeux. Des jeux de lumières frappaient les murs qui brillaient, les moulures d'engrenages et l'escalier torsadé qui montait au plus haut de l'édifice, juste derrière l'oiseau de pierre.

Leurs pas résonnaient et faisaient écho sur le marbre du sol. Les sons, autant leurs semelles que les cliquetis de l'horloge géante extérieure, se répercutaient comme des mantras contre les parois. Au cœur des irrégularités murales, des ombres semblaient avoir élu domicile. Obnubilée par cette pièce grandiose, Milléïs sourit, se sentant presque observée par ces sombres habitants.

— Nous allons nous rendre à la Salle de Réunion pour vous informer du déroulement du championnat. Nous vous parlerons de votre emploi du temps, ainsi que des épreuves qui vous attendent au cours des prochains jours.

La voix du Gouverneur Morchrès fit perdre le contact qu'avait la jeune fille avec ses amis imaginaires. Toute l'attention se riva sur lui alors qu'il s'engageait vers l'escalier. Avec galanterie, les trois chefs de Lumènia, Fiorra et Galdoroc firent passer la magnifique Harmony Dinklebauer en premier. La femme, d'une grande délicatesse, émit un rire mélodieux tout en escaladant les premières marches. Elle rehaussa légèrement le bas de sa longue robe de velours vert, cousue à la main, afin qu'elle n'entrave pas sa montée. Même s'il paraissait léger, doux et agréable à porter, cet habit était à l'image d'un gilet de protection : difficile à mettre et lourd sur le corps.

Tous suivirent la native de Prisme dans la parfaite spirale que formait l'escalier. Il y avait plusieurs paliers qui prenaient tout l'arrondissement de la tour. À chaque arrêt sur une plateforme, des portes massives en bois brun s'alignaient avec une exacte similitude. L'horloge sonna dehors, tonitruant dans les oreilles des Lauréats qui avaient l'impression d'avoir la tête coincée dans une cloche. Le bruit était amplifié et la symphonie aussi.

Mi, Re, Re, Fa, Mi,
Do, Mi, Re, Re, Fa, Sol...

Lorsque ça s'arrêta, le bourdonnement dans leurs tympans continua quelques minutes. Spoon, lui, s'en remettait très mal. La poche de Milléïs gigotait à gros remous. Elle dut calmer son Animaltronique en plaquant sa main sur son aîne, afin de lui faire comprendre que tout allait bien. Les paliers étaient déserts. Le convoi ne croisa que quelques peintures de grands artistes enkkoragiens, ainsi qu'une poignée de Défenseurs et fonctionnaires au travail. Ils avaient l'air très occupés.

Finalement, les quatre Météores s'arrêtèrent au palier numéro cinq. Il ne comprenait qu'une seule porte, plus large, et sculptée avec minutie. En prenant la main d'un Draval émerveillé, Milléïs retint son souffle lorsqu'elle dépassa le territoire des fauves ; là où d'autres vainqueurs, fiers et vaillants, étaient passés avant elle.

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