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La Lettre d'Acceptation 3/7

La pression enfin redescendue, Milléïs, Draval et Dennis s'accordèrent une miette de répit. Après s'être cachés entre deux bâtiments afin de ne pas attirer davantage l'attention, les trois rescapés laissèrent glisser leur postérieur à terre pour souffler.

Du haut de ses huit ans, c'était la première fois que Dennis vivait une expérience aussi riche en émotions. Cela avait été effrayant et génial à la fois. Son petit cœur ne s'en remettait pas, il n'arrivait presque plus à respirer tant il était essoufflé.

À bout de force, Draval soupira enfin :

— On l'a échappé belle...

— Tu l'as dit ! répondit Milléïs avant de se tourner vers Dennis. Et toi, ça va aller ?

L'appelé baissa la tête entre ses genoux.

— Ça va aller, oui... Sauf que demain, ils seront encore plus terribles avec moi. Vous n'étiez pas obligés de venir à mon secours pour quelques duris...

Étonnée, la blonde rétorqua :

— Ils allaient te frapper, quand même !

— J'ai l'habitude...

Lorsqu'il releva la tête, ils virent des larmes perlant sur ses joues encore arrondies par l'enfance. Ses grandes oreilles décollées étaient toutes rouges. À côté de lui, Draval échangea un œil triste avec Milléïs, puis tapota le dos du garçonnet.

— Comment tu t'appelles ?

— Dennis... Dennis McDewey...

— Moi, c'est Draval et elle, c'est Milléïs. Tu sais, mon p'tit pote, il ne faut pas te laisser abuser par ces deux idiots. Il faut que tu leur montres de quel bois tu te chauffes !

— Je ne sais pas me battre, contrairement à vous. Ces crétins me mettent chaque jour la pâtée et moi... Je ne peux rien faire ! Je suis trop petit et eux... trop grands.

— La grandeur d'un homme n'est rien tant qu'il a de quoi opérer dans sa tête, sourit la jeune fille, espérant lui remonter le moral. 

— La grandeur, je ne l'ai pas, ni rien d'autre ! Je ne suis qu'un petit livreur de journaux qui n'a aucune force.

Il se releva en reniflant bruyamment, puis quitta leur repaire de fortune. Ça devenait trop difficile pour lui. En rejoignant à trois le centre-ville bondé, Milléïs relança le sujet :

— Tu devrais en parler à tes parents, Dennis, ça pourrait peut-être s'arranger. 

— Non, mon père s'en fiche. Il travaille en tant qu'ouvrier de construction. Il se lève très tôt le matin et rentre tard le soir. Même avec ça, nous n'arrivons pas à manger correctement en fin de mois. Je ne vais même pas à l'école, car c'est trop cher. Donc je travaille aussi...

Il serra convulsivement ses petits doigts sur la lanière de sa besace.

— Papa ne m'écoute jamais, il y a des soirs où il ne mange même pas avec moi. Ma maman a décidé de rentrer à Molyngsie pour travailler quelques temps là-bas. Mes parents délaissent complètement leur famille à cause de leurs responsabilités idiotes ! Alors leur aide m'est totalement égale...

— Tu n'exagères pas un peu ? rigola gentiment Draval.

— Je ne crois pas...

— Dans ce cas...

Milléïs s'arrêta et s'agenouilla devant Dennis.

— Nous on t'aidera.

— Quoi ? Mais pourquoi vous feriez ça ? murmura l'enfant, perplexe.

— Car il ne faut jamais perdre espoir dans la vie. Si tu le souhaites très fort, tu deviendras fort. Moi, mon rêve, c'est de devenir Defenseure et j'espère bien qu'un jour, ça va se réaliser. Il faut que tu sois courageux et que tu te dises que la véritable force est celle que l'on gagne auprès des gens qui nous soutiennent. Ne te laisse pas faire ! Ni par ton père, ni par ces deux imbéciles. Rentre-leur dans le lard, Dennis !

Il fut profondément touché par ces paroles. Tendrement, Milléïs enfonça son index dans l'abdomen du jeune métisse, riant comme une bienheureuse. À ce contact, Dennis sentit un drôle de sentiment l'envahir. C'était chaud et déroutant, comme une auréole d'été par le plus rude des hivers. Quelle était cette sensation ?

Courageux. Il devait se montrer courageux, comme eux !

Oui. Dennis savait désormais. L'émotion naissante au fond de lui n'était rien d'autre que l'admiration.


— Lord Morchrès ? Puis-je entrer ?

La porte massive du Gouverneur s'ouvrit. Assis à son bureau, Rogan Morchrès étouffait sous une dune de lettres tamponnées. Les candidatures de cette année pleuvaient en une centaine d'enveloppes multicolores. Après avoir jeté un bref coup d'œil sur le seuil de son territoire, Morchrès réajusta ses petites lunettes en demi-lune face à un homme d'une vingtaine d'années.

En se replongeant dans ses lectures, Morchrès lui accorda, d'une voix sage :

— Bien sûr, Bancroft, entrez.

Silver Bancroft était un Défenseur nommé la cinquième année suivant l'attaque de la Guivre Mécanique, neuf ans auparavant. Récemment, il avait été promu au grade Peritum, l'avant-dernier des quatre grades de Défenseurs ; fort prestigieux pour son jeune âge. Son travail remarquable l'avait aidé à grimper jusqu'au plus haut de la Tour Engrenage.

Depuis près d'un an, Silver s'était fait une place de choix dans la Brigade Exclusive, un corps de défense spécialisé dans la protection du Gouverneur.

— Votre secrétaire était occupée sur d'autres dossiers, elle m'a demandé si je pouvais vous apporter ceci. Ce sont les dernières nouvelles provenant de Monsieur Wynstead, au pensionnat. Le nettoyage et les préparatifs pour accueillir les nouveaux apprentis sont bientôt terminés, l'informa-t-il, en déposant un dossier sur un coin du bureau.

— Fort bien, je suis ravi de l'apprendre, dit le Gouverneur, sans relever le regard de ses papiers.

— Alors ? Avez-vous trouvé des perles parmi ces adolescents ?

— Oui, il y en a des intéressants. À l'image des jumeaux Lockspear.

Sous l'œil interrogateur de son garde, Morchrès tira une lettre noire et ouverte du tas, marquée d'un « L » doré. Comme une surprise, Bancroft clama :

— Les enfants Lockspear ? Ils se sont inscrits pour devenir Défenseurs ?

— Eh oui, mon petit. Ingwald Lockspear était déjà un Défenseur renommé, du temps où mon père régnait encore. Un homme de génie, l'un des meilleurs de sa génération. Cela ne m'étonne même pas que sa progéniture souhaite suivre ses pas. Les Lockspear sont très conservateurs concernant leurs traditions familiales.

— Je vois. Dans ce cas, ces enfants risquent de devenir à leur tour d'excellents Défenseurs.

— Précisément, oui.

Après un moment de flottement, Silver lança, supposant son empressement :

— Bien, l'heure tourne. Je m'en vais vérifier si tout se passe bien du côté des patrouilles extérieures de la tour. Passez une bonne journée, Lord Morchrès, je reste à votre disposition.

— Merci beaucoup. Bonne journée à vous aussi et tenez-moi au courant.

Le Défenseur acquiesça et quitta la pièce, sans omettre une respectueuse courbette à l'égard de son supérieur. Sans plus attendre, Morchrès se concentra derechef sur son travail. Il saisit une missive blanche, la déchira et déplia la feuille qu'elle contenait. C'était une candidature pour deux personnes.

Dans les demandes d'inscriptions, il y avait deux possibilités. La première : la demande pour une personne seule. À son entrée au pensionnat, elle se verrait recevoir un partenaire d'office, puis la deuxième : postuler directement pour un binôme déjà formé.

Les mots dansaient, les louanges et les détails choyaient sur ce duo d'adolescents. Leur taille, leurs mensurations, leur état de santé et leur courage étaient étalés. Leur travail d'équipe –soi-disant remarquable–, leur entente à toute épreuve, mais aussi leurs connaissances dans le domaine. Ils avaient reçu un entraînement spécial de la part d'une ancienne Défenseure, afin de les préparer au mieux à l'apprentissage. L'épais formulaire fourni avec, servant de questionnaire et d'épreuve éliminatoire, ne disposait d'aucune erreur.

Le gouverneur était charmé. D'un geste de sa plume trempée dans l'encre, il signa le papier d'une élégante boucle, juste en dessous des deux noms appartenant aux candidats.

— Voilà que la fille d'Icencia souhaite devenir Défenseure...

Morchrès connaissait bien Icencia Gazergray. Il avait été son enseignant de combat au pensionnat, lorsqu'elle n'était encore qu'une apprentie. Pour lui, elle était une Défenseure mémorable. Il revoyait sans peine ses prunelles pétillantes, mais aussi son remarquable jeu d'épée. Si elle était animée par la même force et la même ferveur que sa mère, la jeune Milléïs deviendrait très vite un élément essentiel et incontournable.

En revanche, ce qui concernait le dénommé Draval Whiteley laissait Morchrès songeur. Il était fils de forgeron et n'avait aucun proche ayant été Défenseur. Cependant, d'après les descriptifs et son formulaire parfaitement rempli, une grande ambition et une soif de réussite l'habitaient. Il rêvait de devenir un protecteur au service de la justice depuis sa plus tendre enfance. Pour le Gouverneur, c'était une bonne raison d'avoir foi en lui.

Après l'avoir vérifiée une ultime fois, il rangea la page avec les autres comportant également la signature symbolique. Un sourire naquit alors sur ses traits épais, mais néanmoins sympathiques. Morchrès avait un bon pressentiment avec ceux-ci. Il espérait seulement ne pas se tromper.

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