𝗡𝗘𝗩𝗘𝗡 - ʳᵃᵛᵉᶰᶜˡᵃʷ
"𝓝𝓾𝓵 𝓷𝓮 𝓹𝓸𝓾𝓻𝓻𝓪𝓲𝓽 𝓪𝓹𝓹𝓻𝓮́𝓬𝓲𝓮𝓻 𝓵𝓪 𝓵𝓾𝓶𝓲𝓮̀𝓻𝓮, 𝓼'𝓲𝓵 𝓷'𝓮𝔁𝓲𝓼𝓽𝓪𝓲𝓽 𝓵𝓮𝓼 𝓽𝓮́𝓷𝓮̀𝓫𝓻𝓮𝓼."
MELOWNE RAVENCLAW
"Mᥱᥣoᥕᥒᥱ Rᥲιᥒᥲ Nᥱvᥱᥒ Rᥲvᥱᥒᥴᥣᥲᥕ"
Le soleil luit pour tous, mais tous ne reçoivent pas également ses rayons, car les grands tiennent les petits à l'ombre. C'est ce que je suis, une ombre. Mère avait dû le lire dans les cartes car c'est belle est bien le nom que je porte. J'ai toujours pensé que le nom d'une personne en disait beaucoup plus qu'on ne le voudrait. On n'a beau ne pas l'avoir choisi et pour la plupart subi ces derniers ont toujours eût la faculté malsaine de nous modeler avant même qu'on ait su dire quoique ce soit.
Si j'avais su à quel point cela est vrai...
Alors que Hélios profitait d'un repos amplement mérité, laissant derrière lui la Lune noire prendre le relais, des pleurs se firent entendre dans la calme région d'Inverness. Il ne devait pas être loin de minuit. L'air était frais. Les feuilles aux teintes verdoyantes des arbres s'envolaient aux vents tandis qu'à quelques pas seulement, un petit être désormais emmitouflé dans sa couverture lui, vivait.
Finalement née un vingt-et-un mars alors que le printemps pointait le bout de son nez et que le soleil commençait à progressivement quitter la constellation du poisson, la jeune Ravenclaw, ignorait encore, à cette instant tout de la destinée que les Moires lui avaient prédite.
Le nom de Melowne fût le premier à lui être attribué, tiré du grec melanos «la sombre» et de la déesse grecque Melinoe fille de Zeus et Perséphone, regnant sur les fantômes, les cauchemars et la folie des esprits agités. Ses parents ne s'étaient pas arrêtés sur un quelconque nom avant sa naissance. Ce fut donc alors que Mrs Ravenclaw observait pour la première fois les deux billes noirs de sa fille s'ouvrir que l'idée lui vînt à l'esprit. Alors qu'elle vit briller au creux de ces deux obsidiennes semblables aux abysses les plus profondes, l'éclat d'une lune noire nouvelle à la beauté aussi novatrice que dévastatrice.
Le second Raina «celle qui gouverne» fût choisi par son père. Un présent pour sa future petite reine. Vînt ensuite Neven, nom auquel elle répond. Ce fut la seule et unique fois que Mr et Mrs Ravenclaw réussirent à se mettre d'accord. Neven «venue du ciel» pour leur petit ange nouvellement né. C'est ainsi que la jeune enfant devint le sombre corbeau regnant sur les cieux de ses griffes.
Neven vu donc le jour à Inverness en Ecosse d'un père britannique et d'une mère greco-italienne. Tout lui prédisait une histoire banale. Elle grandit au sein d'une famille aimante sans réelle problème. Ses parents n'étaient ni riche ni pauvre, ils faisaient au mieux et s'en sortaient bien. Pourtant rien ne les aurait dit ou prédestiné ensemble. Mr Ravenclaw étant issu d'une famille conservatrice eût reçu durant sa jeunesse une éducation militaire des plus strictes. Mrs Ravenclaw pour sa part avait grandi dans un cadre bohème et plus matriarcale en règle générale.
Leur rencontre était alors bien un véritable fruit du hasard. Mais ce eût marché ; un certain temps tout du moins. Les disputes devenaient de plus en plus récurrentes. Éros se faisait la mal tandis que Neven resta spectatrice de ce carnage. Un jour son père prit la porte et disparu. Il se trouva une autre maison tandis que le foyer de l'enfant lui fût attaché. Elle plia alors bagages à son tour, partie avec sa mère dans un petit appartement en attendant, faute de mieux. Il n'était pas miteux, mais ce n'était pas chez elle.
La brune se demandait encore ce qu'elle avait bien pu faire. Le temps passa, elle voyait son père de moins en moins. Quand vînt l'heure d'entrer au collège elle voulut y remédier, vivant désormais chez l'un puis chez l'autre à temps égal. Mais sa relation avec son géniteur s'était dégradée. Sa rentrée au collège mal passée. Enfin elle croit. Elle ne se souvient en rien de cette année. Des fois des bribes lui revenaient mais Neven s'était faite à l'idée de ne jamais savoir ce qui n'était que cauchemars ou réalité.
Elle commença à sombrer petit à petit. Se goinfrant comme elle le pouvait en rentrant, avant de pleurer jusqu'à épuisement en se faisant vomir dans les toilettes. Le calvaire dura une année entière. Son père lui répétait de s'intégrer, de faire des efforts, de changer ; le tout sans jamais vraiment l'écouter. Neven était seule. Plus les jours passaient, plus elle se détestait. Elle voulait jusque ça s'arrête. Alors essaya, à trois reprises. Tentatives toutes plus désespérées et lamentables les unes que les autres.
Même se tuer elle n'y arrivait pas. Ou alors peut-être n'avait-elle inconsciemment pas encore finie de se battre. Elle ne savait pas. Mais son état ne s'améliora pas. Les mots de son père se firent plus acerbes et violents restant à jamais gravés dans sa mémoire.
Jusqu'au jour où se fût la goutte de trop. Elle coupa les ponts. S'enfuit. Laissant à contre coeur derrière elle son petit frère de même pas quatre ans. Mais elle ne pouvait plus vivre comme ça. Elle suffoquait. Plus elle voyait son père plus elle se détestait. Elle perdu dans la bataille la moitié de sa famille. Ses derniers ne cherchèrent pas à comprendre. Dans leurs têtes, son père serait toujours la victime. À croire que l'enfant dans l'histoire ce n'était pas elle.
Elle rentra alors auprès de sa mère et sa grand-mère qui jours après jours, années après années tentèrent de reboucher ces plaies béantes qui la défiguraient, de guérir ces blessures que seule elle voyait et qui à jamais feraient partie d'elle, encore aujourd'hui à vingt-quatre ans.
ᵇᵃˢᶤᵠᵘᵉ ᵐᵃᶤˢ ᵉˣᵗʳᵃᵛᵃᵍᵃᶰᵗᵉ
ᶜˡᵃˢˢᶤᵠᵘᵉ ᵐᵃᶤˢ ᵈᶤᶠᶠᵉ́ʳᵉᶰᵗᵉ
ᵒᵘ ᵃˡᵒʳˢ ᵇᵃᶰᵃˡᵉ ᵗᵒᵘᵗ ᵉᶰ ˢᵒʳᵗᵃᶰᵗ ᵈᵘ ˡᵒᵗ
Déjà son apparence pose problème. Neven pose problème. Aucune case ne lui correspond. Elle en est la première frustrée. C'est que ça doit être déstabilisant de ne jamais savoir sur quel pied danser. De pas savoir ce que nous sommes, comment se définir. De ne pas savoir par quels mots se décrire. Femme ou garçon, sensuelle ou androgyne, en mini-jupe ou jogging. Pourquoi faudrait-il choisir ?
Pourquoi se prendre la tête dans le fond avec ces questions bêtes. Du haut de son mètre soixantaine huit, elle semble pourtant déjà bien au dessus, se moquant bien de savoir si aujourd'hui comme hier son physique a su plaire. Entre ordinaire et extraordinaire la limite est bien fine. Suffit de marquer les esprits même qu'un instant, c'est déjà gagnant. Neven, elle sombre dans l'oubli. Souvenir éphémère qui s'efface en un battement de cils.
Une peau basané, de tâches parsemées. Des yeux en amande aussi sombres que les pires nuits glacières. Un nez retroussé, froissé par l'habitude. Un silhouette fine, sans réelles courbes affriolantes. Juste de quoi tenir l'hiver. Et des cheveux ébouriffés, impossible à dompter, alors coupé en carré. Une apparence passe partout et pourtant pas si ingrate. Elle pourrait être jolie s'il lui en venait l'envie. Mais à quoi bon ? Elle ne se plairait pas de toute façon et est bien trop égoïste pour changer en vue de faire plaisir à d'autres.
Elle s'était faite à son physique atypique, à ses sourcils broussailleux qui lui donnaient constamment un air injurieux. Elle s'en foutait même un peu. Elle a toujours été comme elle est, androgyne et versatile. Elle se moquait de savoir si elle avait suffisamment de poitrine ou si elle s'était bien épilée cette semaine. Elle avait beau ne pas elle-même s'accepter elle ne laisserait jamais qui que ce soit en douter. Par fierté sans doute. Ou alors parce qu'elle était peut-être belle et bien devenue la menteuse, fausse en tout point que son père avait vu en elle.
La femme est une fleur pensante et intelligente, la plus belle des fleurs de la Création. Sa beauté, son courage, sa patience et son sens élevé du sacrifice qui sont tels que bien des hommes en sont indignes ! Mais une femme, Neven ne s'est jamais considérée comme tel. Esprit novateur, rebelle et sans frontières, elle ne prit jamais la peine de s'enfermer dans un genre. Les gens pouvait l'appeler Madame ou Monseigneur s'ils le voulaient, elle n'en avait que faire. Elle était au dessus de ça, de ces débats sans fin sur la binarité ou non-binarité des genres. Elle ne voyait pas vraiment l'intérêt à vrai dire.
Elle était juste elle-même, pour le meilleur et pour le pire ; surtout le pire. Pour vous donner une idée Neven Ravenclaw était le genre de personne qu'on trouvait dans toutes les facs d'art ou de lettres. Elle était l'élève habillée en noir toujours assise au fond, parfois en filles, parfois en garçon (parfois encore en pyjama). C'était possiblement l'une des raisons pour lesquelles elle se faisait appeler Neven. C'était un prénom mixte et donc passe partout. Et puis elle aimait bien voir les gens froncer les sourcils en lui parlant, se demandant ce qu'elle pouvait bien avoir dans la culotte.
Déstabiliser était ce qu'elle faisait de mieux, mais il ne faut pas l'imaginer révolutionnaire, pancarte à la main pour autant. Non, elle ne serait jamais plus qu'une s'enfoutiste de première. Elle n'était pas là à vouloir se faire appeler par un autre pronom. Ce n'était jamais que des mots. On l'appelle comme on veut. Elle ne répond jamais qu'une fois sur deux de toute manière. Elle ne prend jamais partie pour rien, toujours contre tout. C'est à croire qu'elle n'aime rien si ce n'est semer le doute et le trouble. Elle était très certainement égoïste, mais encore s'en moquait.
Les gens avaient tendance à mal interpréter ce mot. Neven n'était juste pas un héros. Dans toutes situations elle choisirai de sauver sa peau. Personne ne le ferai à sa place, elle y était bien obligée. Elle n'était pas pourtant antisociale, timide ou introvertie. Non, elle aimait bien échanger, surtout contredire, ça amenait toujours à de bon débats. Elle n'avait pas spécialement d'ami mais s'entendait bien avec tous le monde.
Elle ne s'attachait pas vraiment. Ça arrivait, elle n'était pas du genre solitaire comme on pourrait le penser. C'est juste qu'il n'est pas aisé de trouver des personnes capables de la supporter sur la durée. Dans sa courte existence elle n'en eût jamais compté que trois, pas au sein de sa famille évidemment ; eux n'en pouvait plus mais n'avait pas le choix. La brune était le genre de personne à faire payer les autres pour rédiger leurs devoirs.
Les gens l'aimaient bien et en avaient peur en même temps. Il faut dire que depuis la nuit des temps l'être humain a toujours eut peur de ce qu'il ne comprenait et ne maîtrisait pas. Cette charmante, notez l'ironie, créature possèdait en effet, une personnalité audacieuse et sarcastique pas au goût de tout le monde. Elle aimait choquer, provoquer. C'était sa manière d'exister. De signaler au monde avec un magnifique doigts d'honneur qu'il ne se débarrassera pas d'elle de sitôt.
Elle ne sera jamais qu'une enfoirée de pessimiste au sens de l'humour aussi sardonique que morbide. Elle serait bien devenue une féministe, humaniste ou tout ce que vous voulez, engagée... mais elle avait la flemme. Pourtant elle aimait bien la thèse hein... Mais non. Elle préférait insulter la société patriarcal dans laquelle elle vivait dans sa barbe. Ça demandait moins d'énergie.
Pourtant elle n'en demeurait pas moins une lectrice et écrivaine passionnée ayant grandit avec les romans littéraires d'auteurs comme Jane Austen, George Eliot, Virginia Woolf, Sylvia Plath, Roxane Gay ou Jhumpa Lahiri. Mais bien qu'entièrement en accord avec les travaux de ces dernières, ce monde dans lequel elle est née et a grandit ne l'eût jamais réellement intéressé.
En effet, Neven est un personnage peu commun et sortant de l'ordinaire. Dans un premier temps par sa façon d'être mais dans un deuxième et pas des moindres dans sa façon de voir et concevoir l'Univers. Beaucoup la dirait excentrique, voir même hérétique. Mais elle savait, elle en est persuadée depuis la plus tendre enfance que le mot dieu prend un "x" de façon aussi sûre que le mot sorcier la défini.
Perséphone est la Déesse autour de qui tournait son culte. Elle l'avait déjà vue plusieurs fois dans ses rêves sans vraiment savoir qui elle était ou ce que cela signifiait. Pour Neven, Perséphone représentait l'inébranlable cycle de la vie. Elle était le phénix, la mort et la renaissance ; elle qui aide sa mère Demeter à façonner la Terre au lever d'Ostara jusqu'à la veille de Samhain, où elle rejoint son mari Hadès, au royaume des morts, en tant que Reine des Enfers. C'est alors que les plantes se meurent doucement, que les animaux entrent en hibernation et que la neige recouvre les vallées de son Ecosse bien aimé.
Neven eût toujours pensé qu'il ne fallait pas être effrayé par les énergies plus sombres quand nous sommes inévitablement destinés à leurs faire face. Pour elle cela avait été la depression, l'apathie ou encore le dégoût de soi. Elle n'a jamais véritablement réussi à s'en sortir. Cela revenait sans cesse, mais le message de Persephone était de faire la paix avec les autres et soi-même en acceptant les côtés moins lumineux de chacun comme les plus laids.
Alors Neven, priait pour y parvenir. Pour réussir à accepter et aimer cette part des enfers qui la rongeait et l'empêchait de se regarder dans une glace sans se faire vomir. Elle allumait une chandelle chaque soir, la laissant se consumer alors qu'elle se laissait petit a petit aller dans les bras de Morphée ; comme espérant que la lumière du flambeau de Koré saurait la guider en toute sérénité sur le chemin de son enfers à elle, de son esprit en miettes.
Son histoire l'eût depuis la nuit des temps fasciné. Elle l'eût, aussi loin qu'elle pouvait se souvenir, toujours envié. Perséphone était la femme qu'elle aurait aimé être, devenir. Elle était le peu d'espoir qu'il lui restait. Le petit fils rouge qui la maintenait en vie, car cette vie, elle la vivait par procuration. Combien de fois elle eût rêvé qu'elle aussi quelqu'un jaillisse de l'obscurité pour l'emporter loin de cette vie à laquelle elle sentait ne pas appartenir.
La mort lui semblait bien plus accueillante que tout ce qu'elle connaissait déjà. Sans doute raison pour laquelle elle l'obsèdait tant, au point de dépenser toutes ses économies dans des herbes, cristaux, bougies et planche de ouija. Après tout elle avait baigné dedans depuis toute petite. Sorcière de mère en fille, elle ne pouvait se défiler. Et puis comme son astrologue le lui avait conté, elle sortait bien de la tombe du sorcier. Mais la nécromancie l'eût toujours plus attiré que la traditionnelle magie verte qui lui avait été enseignée.
C'est sans aucun doute cette amour pour les mythes anciens qui la poussa à se lever si tôt un matin. Ses pieds se relayaient à tour de rôle tels des automates la menant devant le musée qui l'avait si gentiment invité. Le prospectus avait bien failli finir à la poubelle avec ses fiches d'impôts. Une chance pour ce dernier, elle était pleine et sa propriétaire n'avait plus l'énergie de descendre les quatre étages qui la séparait du vide ordure pour la changer.
ᴛʜɪɢ ɴᴀ ᴅʜ 'ғʜᴀᴏᴅᴀᴅʜ
"ⲁ𝖽ⳳⳕⲉⲛⲛⲉ ⲫⳙⲉ ⳏⲟⳙⲅⲅⲁ"
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