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𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟗

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Lessivé, Jeongguk franchit le seuil de son studio avant de refermer la porte derrière lui à double tours. Cette journée l'avait achevé, esquinté, tué et présentement il avait juste envie de ne rien faire d'autre qu'aller se coucher, même s'il était à peine cinq heures du soir. Il se sentait toujours aussi mal par rapport à ce midi. Il tirait une tête d'enterrement qui avait de quoi faire fuir tous ceux désirant l'approcher, ses paupières le tiraillaient à force d'avoir trop pleuré et pour cette même raison, il avait gagné un joli mal de crâne qui n'était pas prêt de se dissiper tout seul, à moins d'ingurgiter un cachet d'ibuprofène. C'était impossible pour lui d'oublier ce qu'il s'était passé à la cantine, plus tôt dans la journée. Cela avait été suffisant pour attiser cette culpabilité qui rodait derrière lui comme une âme errante puis de raviver cette jalousie folle alors qu'il ne s'était rien passé de sérieux. Enfin, Taehyung avait touché le poignet de ce garçon et c'était déjà de trop pour lui. Le voir approcher quelqu'un d'autre que lui le révulsait et titillait un peu trop ses nerfs.

La scène ne cessait de repasser en boucle comme pour le hanter depuis plusieurs heures et plus le temps passait, plus cela agaçait Gguk. Malgré tout ce carnage, Seokjin était l'élément qui l'avait sauvé et qui avait su rendre sa journée moins pénible. Celui-ci avait été d'un soutien exemplaire comme il en avait toujours rêvé et bon sang, il se sentait si chanceux de l'avoir encore à ses côtés en dépit des conneries qu'il avait pu commettre auparavant. Jin aurait pu très bien le laisser tomber puis continuer sa vie de son côté et pourtant, c'était tout le contraire qu'il avait fait. Comme quoi, le hasard fait parfois bien les choses. Le noir de jais sortit son iPhone de la poche avant de son jean, le déverrouilla puis alla dans sa conversation sms avec Jimin. Comme il le lui avait promis, ses doigts commencèrent à taper un message pour le prévenir qu'il était bel et bien rentré chez lui sain et sauf, qu'aucun mec chelou ne l'avait accosté dans la rue ou kidnappé dans un fourgon blindé. Au même moment, son téléphone vibra. Ce qui le coupa net dans la rédaction de son message puis s'ensuivit l'affichage d'un appel entrant. Son meilleur ami était en train de l'appeler. Jeongguk hésita à décrocher, pas sûr d'être apte psychologiquement à tenir une discussion avec lui. Il pesa très vite le pour et le contre puis, finalement, fit coulisser le voyant vert sur le côté pour accepter l'appel après trois vibrations dans sa main.

— Allô ? fit Jeongguk, le téléphone à l'oreille.

— Tout va bien ? Tu es chez toi ?

— J'allais justement t'envoyer un message pour te dire que je viens de rentrer.

Il pressa le pas jusqu'à son salon et déposa son sac sur le canapé. Il faisait encore plutôt clair, ce n'était pas encore le moment pour tirer tous les rideaux ornant ses fenêtres. Au loin, au-dessus des immeubles de la banlieue lilloise, Gguk pouvait apercevoir des traînées rosées fendre le ciel, ce qui offrait alors un joli contraste de couleurs. C'était comme si la Nature s'était soudainement trouvée un talent artistique et avait entrepris de peindre un paysage panoramique digne d'un impressionniste.

— Parfait, répondit la douce voix de son hyung. Tu te sens comment, actuellement ? Jin m'a passé un coup de fil tout à l'heure et il m'a expliqué comment se sont passées tes révisions ce matin et ce qui s'est passé ce midi... Enfin, tu sais...

— Si Jin t'en a parlé, c'est que tu dois te douter dans quel état j'suis, là. Hmm ?

Il en avait connu mieux, des lundis. Celui-là, il s'en souviendrait pendant un bon moment. Un très long moment, même. Et il pouvait lister celui-ci comme étant l'un des pires. Jeongguk ne fit même pas l'effort de paraître plus aimable face à Jimin. Il n'en ressentait pas du tout l'envie et ne possédait pas la force pour. Il ressentait juste le besoin qu'on lui foute la paix, qu'on le laisse tranquille histoire de digérer cet énième craquage mental dont il fut la victime. Tout ce qu'il voulait, c'était aller se décrasser puis dormir, ou du moins essayer de récupérer ses heures de sommeil manquées sans finir en sanglots, comme chaque fois au moment du coucher depuis plusieurs jours.

— Mon grand, je me doute très bien que ce que tu traverses est un enfer. Mais crois-moi, tu as pris la bonne décision en mettant un terme à tout ce bordel avec Taehyung. Il n'y avait pas d'autres solutions possibles, de toute façon.

Ses yeux roulèrent d'irritation aux dires de son aîné alors qu'il partit en cuisine se servir un verre d'eau.

— Ouais mais en attendant, Taehyung me déteste sans doute alors que je n'ai jamais cherché à lui faire de mal, bien au contraire... commenta-t-il sèchement, en chopant un verre dans l'un des placards composant sa cuisine équipée.

— Qu'il te déteste ou non, qu'est-ce que cela change ? Vous ne comptez plus vous parler par la suite, ce n'est pas g–

Il posa violemment son récipient contre le comptoir grisâtre faisant office de table, ce qui émit un bruit horrible qui résonna dans la pièce, tout en claquant son palais avec sa langue. Encore trop sensible face au sujet « Taehyung », le moindre propos le concernant le rendait à fleur de peau et le poussait à adopter un comportement qu'il ne montrait que très rarement. On ne pouvait pas lui dire qu'il avait bien agi alors qu'au fond de lui, il sentait qu'il avait pris une mauvaise décision. Qu'il avait commis un acte impardonnable en repoussant celui qui lui avait donné tout ce que l'on pouvait trouver en creusant un cœur amoureux.

— Bon, est-ce qu'on peut parler d'autre chose sinon ?!

Même raccrocher au nez de son ami lui avait traversé l'esprit. L'idée était bien tentante mais il se résigna. L'ébène se rendit aussi compte du ton acerbe qu'il venait d'utiliser indépendamment de sa volonté et regretta aussitôt de l'avoir agressé.

— Excuse-moi, Minnie... J'aurais pas dû te parler comme ça, s'excusa faiblement le plus jeune tout en se massant le crâne.

Il s'accouda sur sa table et croisa ses jambes, perpétuant son massage solitaire. Sa tête lui faisait vraiment mal, il avait l'impression qu'on était en train de la lui scier en deux. C'était insoutenable et il espérait bien que le médoc' ferait effet car, chanceux comme il était, ça ne marchait qu'une fois sur deux sur lui.

— C'est rien, Gguk. Je t'en veux pas du tout. Tes nerfs lâchent, tu es à cran en ce moment et je comprends tout à fait que la moindre petite chose puisse t'irriter.

Jimin est si bienveillant avec moi... Je suis vraiment nul.

— Mais même, j'aurais pas dû te parler comme ça. Tu prends de ton temps libre pour moi et moi, je ruine tout avec mon humeur de merde.

— Je te le dis, ce n'est pas grave. Ce n'est absolument pas de ta faute, arrête de te blâmer comme ça à tout va...

Un silence s'installa durant l'échange téléphonique, rendant l'atmosphère un peu plus tendue qu'elle ne l'était déjà.

— Je déteste quand je suis dans cet état, Jimin... souffla le benjamin, exaspéré par lui-même. Je deviens détestable avec tout le monde et je ne contrôle pas ça.

— Je sais, je sais. Mais tu n'y peux rien. Tu vas finir par te calmer tout seul, je te connais à force.

Jimin ne pouvait pas le voir mais Jeongguk se contenta de hocher de la tête, son cellulaire toujours scotché à son oreille.

— Jin va peut-être organiser une soirée chez lui, vendredi. On passerait la soirée à quatre du coup, si ça se tient. Je pense que ça te fera du bien que tu sois avec nous, ça te changera les idées et tu ne seras pas tout seul. Ça va te faire du bien.

— Hmm... Je vais y réfléchir, répondit le noir de jais, sans aucune once d'enthousiasme.

— Okay. Je vais te laisser te reposer. Tu sais que si ça va pas, on sera tous là pour toi. Si jamais tu ressens le besoin de parler, de vider ce que t'as sur le cœur... J'serai là, mon lapin. Même pour une virée nocturne, je serai là pour toi.

Lentement, un imperceptible sourire prit place sur le faciès du plus jeune, accompagné par une chaleur galvanisante le gagnant.

— Merci d'être toujours là pour moi.

— Ne me remercie pas, c'est normal. Je t'aime, prends bien soin de toi.

— Je t'aime aussi. Merci encore à toi.

Tout en raccrochant, le mutisme religieux s'abattit dans la globalité de l'appart' de Jeongguk. Celui-ci expira longuement après avoir rangé l'appareil à sa place initiale. Aller à la fête organisée par Seokjin n'était peut-être pas une si mauvaise idée. Ça égayerait à coup sûr ses prochains jours. Passer un moment avec eux était toujours synonyme de bonne humeur et de fous rires garantis. Il espérait vite se remettre d'aplomb et ne pas saccager l'ambiance avec son humeur massacrante et ses songes nocifs. Décidément, l'étudiant était fortuné d'avoir des amis en or comme eux. S'ils n'étaient pas là pour veiller sur lui... Qui sait ce qu'il se serait passé ? Jeongguk chassa cette pensée, ne préférant même pas y penser.

Il prit soin de remplir son verre puis rangea sa bouteille dans le réfrigérateur qui commençait peu à peu à se faire vide. À cette vue, Gguk se promit que demain il irait faire les courses, même si sortir dehors ne l'enchantait pas vraiment. Puis il ouvrit un énième placard, là où était caché tout ce qui pouvait servir à la médicalisation. Il y avait une boîte de pansements déjà entamée, de l'alcool modifié à soixante-dix degrés, de l'antiseptique, des spasfons, des flacons de sirops au nom bien trop bizarre à prononcer... C'était la caverne d'Ali Baba dans cette section de sa cuisine. En deux temps, trois mouvements, il mit la main sur sa boîte d'ibuprofène et décapsula un cachet avant de remettre le tout à sa place et de refermer la petite porte. Gguk positionna le comprimé sur sa langue et but le liquide froid qui s'écoula sans difficulté dans sa gorge. Il n'y avait plus qu'à attendre que le médicament marche, à partir de maintenant. Après avoir nettoyé le verre et l'avoir remis dans sa partie réservée pour la vaisselle, Gguk décida de se rendre dans sa salle de bain. Il traversa alors sa chambre puis arriva à destination. Il souhaitait vraiment se dépêcher pour pouvoir enfin retrouver son lit et dormir paisiblement. Enfin, c'était une autre paire de manches.

Lumière allumée – brutalisant au passage sa vue et par extension lui refilant une énième douleur dans le crâne – et serviettes prêtes sur le bord de l'évier, le jeune homme prit le temps de se contempler dans le large miroir droit devant lui. Il avala de travers sa salive en constatant à quel point l'image qu'il renvoyait faisait peur. D'énormes crevasses se formaient sous ses yeux en amande encore rougis par ses pleurs, ses joues n'étaient plus aussi dodues qu'auparavant, de légères coupures sectionnaient sa lèvre inférieure à force de l'avoir trop mordue sous le stress qui le submergeait. Et sa chevelure – bon dieu, ses cheveux – des fibres blanchâtres étaient toujours là, enracinées à sa raie et Gguk eut la désagréable impression que d'autres avaient poussé entre temps. Sa mère lui avait formellement conjuré de ne pas tirer dessus mais cela le démangeait de les enlever, là tout de suite, en les voyant pendouiller en plein milieu de son cuir chevelu. Tout de son apparence montrait qu'il n'allait pas bien et Jeongguk se doutait d'avance que la reconstruction pour lui serait rude. Très rude.

Délicatement, ses poignes attrapèrent le bas son t-shirt puis il le retira avant de le jeter dans le bac à linge sale. Son pantalon suivit le mouvement puis il se confronta de nouveau à son reflet. Ça cicatrisait bien au niveau de son bas-ventre. Les éraflures étaient moins rougeoyantes et leurs tailles avaient quelque peu diminuées. Les ecchymoses aussi se résorbaient sans souci, même celui au creux de ses omoplates. Encore quelques jours de plus et ils seraient définitivement partis. Gguk éprouva un léger sentiment de satisfaction à ce constat. Si ses plaies physiques guérissaient vite, il y avait peut-être encore espoir que ce soit pareil pour celles de son for intérieur, non ? Il clôt ses paupières quelques secondes, inspirant et expirant profondément, profitant du calme ambiant entre ces quatre murs. Ça lui faisait du bien d'écouter le silence. Celui-ci apaisait la cacophonie de ses pensées, détendait ses muscles crispés et lui permettait de faire un vide entier pour se ressourcer pleinement. Sa cage thoracique se soulevait et se rabaissait à rythme pianissimo, traduisant son état de bien-être actuel. Puis il se sentit partir loin d'ici, comme aspiré hors de cette salle de bain, hors de l'espace temps. Écarté de la réalité, attenant à ses souvenirs. Des réminiscences qui agissaient à double-tranchant sur lui, aussi bien en le nourrissant qu'en le démolissant.

Un bruit d'eau s'écoulant fort comme un jet. Jeongguk rouvrit les yeux, surpris par ce son aussi soudain puis pivota la tête vers l'endroit d'où celui-ci provenait. Ses pupilles entourées de sphères jades s'écarquillèrent. Puis, ses traits passèrent de l'étonnement à de l'inquiétude avant que ses jambes n'agissent par leur propre volonté pour se diriger vers la cabine. Une fois face à ce nouvel élément du décor, le cœur de Gguk se mit à battre de façon irrégulière. Il était de dos dans son plus simple appareil, la tête basculée vers l'avant et les paumes de ses mains de part et d'autre de la douchette. Taehyung ne semblait pas l'avoir remarqué et depuis là où il se trouvait, Jeongguk profita de la vue qui s'offrait à lui tant il en eut le souffle coupé.

Il était magnifique. Même de dos, l'adulte restait d'une beauté qui avait de quoi rivaliser avec celle d'Apollon. Peut-être même que celui-ci le jalousait, perché sur son astre lumineux, qui sait ? Des gouttelettes ruisselaient sur son derme hâlé, le caressaient sensuellement pour au final s'écraser sur le carrelage froid sous ses pieds. Son pigment si captivant ressortait encore plus grâce à la chaleur du liquide entrant tout deux en collision. Et que dire de cette stature, de ses épaules proportionnées comme il le fallait, couvertes par-ci par-là de minuscules taches marrons ? De cette chute de reins exquise pour les yeux ? De ce fessier parfaitement bombé ? De ces longues jambes toniques ? Dans ce genre de moments, Jeongguk aurait aimé redevenir ce gamin de douze ans passionné de dessins juste pour rendre hommage à ce corps qu'il adorait tant admirer, toucher et sentir tout contre lui. Il le dessinerait encore et encore sans jamais se lasser sous ses coups de crayon experts, juste pour que son aîné se rende compte de ce physique dont on lui avait fait cadeau.

À pas de velours, il s'incrusta dans la cabine. La vapeur y émanant se jeta sur lui et le contamina de sa tiédeur. Comme par peur de briser cet instant ou d'interrompre le grisâtre dans sa réflexion intense, il s'approcha prudemment de lui, ses pulsations cardiaques redoublant d'intensité. Il tendit les bras vers l'avant et doucement, ceux-ci vinrent enlacer la taille de l'argenté dans le but de presser son corps tout contre lui puis ses lèvres déposèrent de doux baisers papillons sur sa chair mouillée avant de caler son menton sur son épaule. Sa propre enveloppe corporelle se retrouva, elle aussi, trempée dans son entièreté.

— Qu'est-ce que tu me trouves, Jeongguk ? interrogea sans prévenir le plus âgé, d'un ton calme.

Le nommé fronça légèrement des sourcils, pris de court par cette question. Ce n'était pas dans les habitudes de Tae de poser ce genre d'interrogations. Il trouva cela assez étrange sur l'instant mais fit comme si tout cela était normal, bien qu'il eût noté dans son intonation qu'il était à la recherche d'affirmations, de réponses concrètes. Est-ce qu'il doutait de lui ?

— Tu dois déjà le savoir mais... Tu es sublime, Taehyung. Dans tous les sens du terme. Tu es intelligent, cultivé, je suis encore sur le cul concernant tes connaissances sur la littérature ou même sur des choses banales de notre quotidien. T'as le don de rendre des trucs inintéressants cent fois plus intrigants. Tu es talentueux dans ton domaine de prédilection. Tu es doux avec moi malgré tes sautes d'humeurs, tu es incroyablement gentil aussi et...

Un sourire apparut sur son faciès de lapin, ce qui fit ressortir ses pommettes. Son organe vital se mit à battre bien plus vite face à ce qu'il se préparait à dire.

— J'adore te voir sourire et t'entendre rire. Je crois même que c'est mon son préféré. Tu es encore plus beau quand tu es heureux et j'espère te faire rayonner encore longtemps. Tu ne t'en rends peut-être pas compte mais tu m'apportes beaucoup. Bien plus que tu ne l'imagines et je ne cesserai jamais de te remercier de toute cette attention que tu m'apportes et de ton aide pour que je prenne davantage confiance en moi. Tu es extraordinaire, Tae.

Ses joues rougirent d'un coup après cette déclaration totalement improvisée. Il se sentait si fier et gêné à la fois pour avoir clamé à voix haute ses sentiments à l'égard de l'employé de cantine. Et encore, il avait opté pour y mettre un stop sinon il s'étalerait encore pendant de longues, très longues minutes. C'est que son amoureux avait le chic de le rendre niais au possible.

— Pourquoi cette question ? demanda-t-il, une fois redescendu sur terre tout en flattant doucement le ventre de Taehyung.

Il put sentir alors l'une des poignes de celui-ci rejoindre les siennes qui s'activaient à lui conférer des marques d'affection. Un court silence imbiba ce lieu mi-clos avant que le plus vieux ne le brise.

— Je me trouve insupportable. Tout mon être me dégoûte. Il n'y a rien de positif en moi, contrairement à ce que tu penses... Je ne parviendrai jamais à faire ce que je désire faire. Je resterai coincé dans cette vie de merde, peu importe les efforts que je fournirai pour y parvenir, parce qu'il y aura toujours un truc qui me retombera sur la gueule. Je suis un incapable. Je me demande sincèrement ce que tu fous avec un cas désespéré comme moi.

Oh non... Encore une rechute ?

Le moral de Taehyung paraissait encore faire le yo-yo et ce, de façon aléatoire. Tae pouvait basculer d'un extrême à un autre, du jour au lendemain ou même dans une seule et même journée, sans que l'étudiant n'en sache la raison. Même s'il ne comprenait pas le pourquoi du comment, Jeongguk essayait toujours de faire de son mieux pour le relever vers le haut puis de suivre le tempo qu'imposaient ses émotions. Cependant, il y avait bien un élément que Gguk était parvenu à déchiffrer. Derrière cette impassibilité monstre qui déstabilisait quiconque l'abordant était tapie une sensibilité inouïe, à même de tout emporter avec elle sur son passage comme une tornade. Elle avait déjà emmené avec elle au loin le cœur tendre de l'ébène, dans une contrée inaccessible où rebrousser chemin était impossible. Les mains de l'étudiant quittèrent ce ventre tout mignon, dont il affectionnait particulièrement y glisser quelques chatouilles parfois, puis dérivèrent jusqu'à ses épaules larges, qu'elles massèrent avec soin.

— Hyung, ne dis pas des bêtises. Si tu te donnes les moyens, tu peux tout à fait parvenir à atteindre tes rêves, même ceux que tu penses être irréalisables. Il ne faut pas que tu sois aussi pessimiste envers toi-même. Tu ne vois que le négatif, enfin je peine encore à trouver des défauts chez toi. T'es irréprochable, Taehyung. Tu sors avec moi, Jeon Jeongguk, le mec qui se racolait les fonds de casseroles sur Closer, le mec hyper maladroit qui a failli faire tomber son téléphone dans les chiottes il y a peu. Et puis, t'as vu un peu ma dégaine ? Je fais pas du tout le poids contre toi. Je chiale pour tout et pour rien, en plus de râler tout le temps en classe. Je suis un cliché ambulant, à idolâtrer les romans et les films à l'eau de rose. J'ai encore besoin de la présence de ma mère pour avancer malgré mon âge, peu importe si elle est proche ou lointaine parce que sans elle, j'ai l'impression que je vais défaillir à tout moment et faire des bêtises. Je peux encore te citer plein de défauts comme ça dont je suis l'heureux proprio' et pourtant, tu m'as choisi moi alors que tu aurais pu jeter ton dévolu sur quelqu'un d'autre.

Il fit une pause de quelques secondes, sentant les muscles de son hyung se tendre sous ses paumes puis lâcha le fin fond de sa pensée, celle qui logeait son esprit depuis leur tout premier échange sur cette application de rencontre qui avait fait avancer grandement les choses entre eux pour qu'ils finissent par devenir un couple :

— Je le répète encore une fois mais j'aimerais tellement te ressembler, Taehyung. Tellem–

Tout à coup, Taehyung fit volte-face brutalement. Sa mâchoire était si serrée qu'on aurait pu croire qu'elle exploserait d'ici peu. Ses pupilles s'étaient transformées en lames affûtées et si c'était faisable dans une réalité alternative, Jeongguk serait peut-être actuellement criblé de taches cramoisies un peu partout sur son corps inanimé. Son regard était noir, tellement sombre, peut-être même plus cafardeux que les ténèbres eux-mêmes. Car oui, Taehyung lui refilait le cafard, à le contempler de cette œillade presque assassine. Il paraissait d'un coup plus imposant, son aura se faisait menaçante à souhait et putain, Jeongguk ne vit rien venir encore une fois tant il était désorienté par ce changement imprévu d'atmosphère. Gguk se retrouva le dos plaqué contre la surface gelée le bloquant, l'empêchant de s'échapper. Le choc de la température le fit frissonner en même temps qu'une vive douleur serpentait sa colonne vertébrale. Ses paupières s'étaient fermées instinctivement suite à l'impact et bon dieu, son cœur tapait beaucoup trop vite. C'était le bordel pour lui pour recoller un à un ce qu'il venait de se passer en un très court laps de temps.

— Ne cherche jamais à devenir comme moi, prononça Tae d'une voix glaciale. Compris ?

Quand le noir de jais trouva le courage d'ouvrir les paupières, il tomba nez à nez avec les pupilles de son vis-à-vis qui eurent pour effet de le faxer un peu plus contre le mur derrière lui, sans qu'il ne le veuille. Le ton employé laissait formellement entendre qu'il ne devait pas transgresser cette règle et avait des allures de menace. Taehyung était angoissant quand la colère le submergeait et le pire, ce n'était pas cela. Le plus horrible, c'était qu'il était impossible de savoir ce qu'il se tramait dans le cerveau de l'argenté dans ces instants-là. S'évertuer à lire en lui, c'était comme s'embarquer dans le décodage de hiéroglyphes sans en connaître l'alphabet. Il pouvait être en train d'échafauder mille procédés pour malmener son cadet, tous plus hideux les uns que les autres, celui-ci ne le saurait même pas.

— Pour... Pourquoi tant de haine à ton égard ?

C'était les seuls mots dont l'ébène fut apte à déclarer. Ses pulsations cardiaques ne se régulaient pas. Le stress ne cessait de grandir en lui mais malgré sa peur, Jeongguk voulait savoir. Jeongguk voulait démêler le problème de son hyung pour pouvoir lui apporter toute l'aide nécessaire. Le trouble de Tae le fascinait tout autant qu'il le remuait de l'intérieur. L'air grave, une tonalité sévère imbibant ses cordes vocales, le salarié répondit simplement par un « tu ne connais rien de moi » avant de courber l'échine comme s'il s'avouait vaincu dans cet échange, ce qui rendit leur discussion encore plus singulière qu'elle ne l'était déjà. Gguk n'arriva pas à assimiler son geste et se contenta d'observer son amoureux aller fermer le robinet du mitigeur.

— Si je te listais toutes les terribles choses que j'ai pu faire, tu te barrerais en courant.

Encore une fois, le plus jeune ne parvint pas à repérer quelle émotion animait l'homme face à lui. Il ne laissait rien transparaître, sa voix était d'une frigidité incroyable. Jeongguk refusait de croire ses mots. Jeongguk était sûr que Taehyung disait ça à cause de cette répulsion viscérale qu'il vouait envers lui-même. D'après lui, un tel écœurement envers sa propre personne était le signe d'un mal-être profond. Il avait dû se passer un événement assez conséquent dans son passé pour qu'il n'arrive même plus à se voir en peinture. Jeongguk ignorait ce qu'il avait pu lui arriver mais il était bien décidé à lui prouver que sa présence ne lui donnait aucunement l'envie de s'enfuir.

— Je n'ai pas peur de toi, Taehyung.

Sans bégayer, pas l'ombre d'un tremblement le manipulant, celui aux iris verdâtres avait prononcé cette phrase qui, sans s'en douter une seule seconde, allait être décisive pour les prochaines minutes... Et dans le futur de leur relation. La cascade de pluie artificielle s'interrompit.

— Ah oui ? demanda le gris.

Quelque chose avait changé dans le ton de sa voix. Comme si la dernière phrase formulée par l'ébène avait éveillé un certain intérêt chez lui, avait apporté un soupçon de lumière dans l'obscurité de sa conscience. C'était imperceptible mais assez flagrant pour que le benjamin le perçoive. Dans une lenteur alarmante, Tae se tourna à une nouvelle reprise dans sa direction. Puis il devint de plus en plus proche de Gguk. Sa démarche se faisait dangereuse, angoissante, nonchalante et lorsqu'il ne resta plus que quelques centimètres à peine les séparant l'un de l'autre, Jeongguk cessa totalement de respirer, fondant contre l'épaisseur carrelée qui le maintenait debout. Les ondes qui émanaient de celui à la chevelure d'acier l'écrasaient, l'étouffaient par la gorge avec force et le réduisaient à un pauvre agneau sans moyen pour se défendre. L'air commençait à se faire lourd, voire irrespirable dans cette cabine. Taehyung, ayant l'ascendant sur lui, posa une main juste à côté de son visage, en dehors de son champ de vision. Puis son autre main, dont le bras était couvert de ce bandage médical qui ne passait pas inaperçu, caressa ses abdominaux du bout des doigts. Telle une araignée affamée, elle commença sa remontée lascive, bout de peau après bout de peau, jusqu'à finalement atteindre son cou. Ses doigts l'encerclèrent et y appliquèrent une certaine pression, sans but de le stranguler. Jeongguk l'étudia du regard, interdit face à ses agissements. Son cœur ne s'était toujours pas apaisé, bien au contraire. Ses cognements perpétuaient leur fréquence effrénée et ne semblaient point près de s'apaiser de sitôt.

— Et maintenant ? Est-ce que je t'effraie, mon ange ?

Un frisson galopa le long de sa colonne vertébrale avant de se répandre dans ses bras puis ses jambes. Le pouvoir que détenait sur lui cette voix rauque et délicieuse à l'oreille avait de quoi hérisser le poil. Les termes sortant de sa bouche charmeuse roulaient de façon exquise sous son muscle rosé, comme toujours, et ce surnom que Jeongguk aimait par-dessus tout – seigneur – il n'en sortirait pas indemne. Même une menace pouvait sonner terriblement sexy d'entre les lippes du grisâtre. Tout ce qu'il fut capable d'accomplir, c'était de faire un « non » de la tête, muet. Il n'eut pas le temps d'en dire plus que la compression autour de sa pomme d'Adam se renforça et amenuisa l'accès à l'oxygène flottant dans la pièce. Par instinct de protection, ses mains s'agrippèrent à ce poignet qui prenait plaisir à l'étrangler, à le sentir panteler et s'efforçaient en vain à le retirer. La tension devenait électrique dans cette salle de bain. Toute trace de tendresse et d'amour s'était envolée pour de bon et avait été remplacée par de l'angoisse accompagnée par de la violence.

— T– tu n'es p– pas mauvais, h– hyung, articula Gguk avec difficulté tout en plongeant son regard dans le sien.

— Je pourrais te briser la nuque tout de suite, si l'envie me prend, répondit le coloré sur un ton monocorde. Tu n'as pas la moindre idée de ce que ça fait d'être moi. Personne ne peut le comprendre. Personne, pas même toi Jeongguk ! Je ne suis pas un modèle à suivre. Si je pouvais être quelqu'un d'autre que Kim Taehyung, je le ferai sans réfléchir. Si les accords avec le Malin existaient, je lui aurais serré la main volontiers.

Un rire sans humour sortit d'entre ses croissants de chair charnus puis il dit :

— Moi, religieux, serais prêt à faire un pacte avec le Diable pour échanger de vie avec un autre ! Te rends-tu compte du comble, un peu ? Ma vie est une véritable comédie, putain ! On ne peut rien faire pour changer ça et puis de toute façon, tout le monde s'en fout ! Qui voudrait écouter les jérémiades d'un gars comme moi, hein ?! Et je suis sûr que tu feras comme eux tous ! Bien sûr que tu feras partie du lot parce que c'est ce que les gens ont toujours fait avec moi et tu suivras le mouvement ! Ça a toujours été comme ça et ça continuera ainsi ! Vous faites en sorte que je m'accroche à vous et ensuite vous m'abandonnez, me traitez comme de la merde ! Et je suis censé encaisser ça avec le sourire ?! Arrêtez de vous foutre de ma gueule, bon sang ! Je n'ai jamais été heureux une seule fois en vingt-sept ans de pseudo-existence ! Je–

Jeongguk était en pleine hyperventilation tant il avait la frousse. C'était encore l'une des crises de Tae qui l'abreuvait et celle-ci avait gagné en horreur comparée aux précédentes. Il pouvait sentir la main de celui-ci trembloter contre son épiderme fragile et distinguer le dedans de ses mirettes se remplir peu à peu d'une douleur qui n'attendait que d'être versée le long de ses joues. Il tenta le tout pour le tout. Ses doigts galopèrent le long de son bras, empoignant sa jugulaire, avant d'attraper en coupe le visage de son cher et tendre tandis que leurs prunelles s'ancrèrent, l'un cherchant à établir un lien avec l'autre. Il y avait encore une lueur de clairvoyance chez son aîné de sept ans. Il pouvait le voir dans la rutilance de ses pupilles, rien n'était encore perdu.

— C'est là où tu as complètement tort, rétorqua le plus jeune. Moi, je t'écouterai lorsque tu seras prêt. Je serai l'épaule qui te réconfortera quand tu broieras du noir. Je serai la main qui te tirera vers le haut quand tes démons tenteront de t'attirer vers le bas. Cette même main se posera sur toi pour soulager la désolation qui te ronge. Je marcherai avec toi jusqu'à ce que nos pieds saignent. Je te guiderai. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour te certifier que je suis l'exception à la règle. Je ne suis pas comme les autres, Tae. Et je compte bien t'offrir tout le bonheur que tu mérites.

Parce que nous ne formons qu'un. Je suis toi et tu es moi.

Le lien qui nous forge ne se cassera pas, rien ni personne ne le pourra.

Tu es mon dieu, Taehyung. Et les dieux rayonnent, assis sur leurs trônes dorés depuis les cieux. Je te promets que tu retrouveras le tien à mes côtés.

Je t'apprendrai à t'aimer et à adorer ce merveilleux nom qu'est Kim Taehyung.

La force autour de sa gorge s'affaiblit définitivement, une grimace éprouvante tordit le faciès du plus âgé avant que celui-ci ne fonde pour de bon en larmes, de tout petits sanglots s'évadant du fin fond de son gosier. Sans l'ombre d'incertitude, Jeongguk entraîna Taehyung dans une étreinte forte en le poussant vers lui par l'arrière de son crâne. Celui-ci enfouit son visage dans le creux de la nuque de son noir de jais favori et se laissa aller. Il pleura encore et encore, les perles salées se mélangeant à l'eau qui enduisait son épiderme. Tae, la voix secouée par ses pleurs, lui avoua alors qu'il était apeuré à l'idée de le perdre pour de bon à cause de son comportement et de ses agissements. Qu'il se perdait, ne savait plus vraiment qui il était, que ses anges et ses démons se confondaient et ne retrouvaient plus leurs places attitrées. Qu'il ne savait pas du tout s'il était Amour ou Haine. Le Haut ou le Bas. C'était la discorde en son for intérieur, dans les limbes de son âme et ce bordel lui faisait perdre le contrôle sur le fonctionnement de ses pensées, dans la mécanique de ses gestes. Jeongguk entendait. Jeongguk voyait. Et Jeongguk se persuadait de choses qui, quand on ouvrait bien grand les yeux, n'étaient qu'illusoires.

Le jeune homme n'avait toujours pas bougé face à son miroir. Son expression s'était cependant refermée, était devenue plus maussade comparée aux précédentes minutes. Il se tenait toujours là, l'air tracassé, ses songes embrumés, la lippe inférieure mordillée sous l'anxiété qui le maniait, une serviette à la main. Celle encore libre alla jouer avec le bijou enjolivant son tour de cou qui ne l'avait pas quitté depuis l'anniversaire de Taehyung. S'en débarrasser était hors de question pour lui. La question ne se posait même pas. Ses doigts triturèrent la chaîne avec acharnement, signe d'une tension, d'une préoccupation naissante alors qu'il pouvait sentir une boule désagréable prendre forme dans son œsophage. Car une interrogation lui vint à l'esprit, en repensant à ce souvenir poignant en ce temps-là où leur union était à son apogée, à son pic le plus éminent. Et si tous ces signes éparpillés dans sa mémoire n'étaient pas les prémices du sort que leur avait réservé le hasard ? De ce même sort qui avait manqué de le tuer cette nuit-là puis contraint à abandonner, le cœur en lambeaux, sa source de désirs, d'obsession et bien plus encore ?

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Note de l'auteure :

Bonjour mes amours ! ❤️ J'espère que vous vous portez bien et que vous n'êtes pas trop stressés pour cette rentrée. Courage à vous, en espérant que vous tomberez sur de bons profs puis sur de bons camarades de classe ! Je crois en vous et vous êtes tout à fait capables de réussir votre année ! 😘

Même au cœur de la Camargue, sans réseau wifi, je tenais absolument à ce que vous ayez accès à ce petit chapitre qui je l'espère vous aura plu. Ici, vous avez accès à un autre souvenir de la relation Taegguk avant le "Climax" et Jeongguk semble prendre conscience de certaines choses qu'il aurait raté peu avant leur séparation 🤔

Impressions ?

Avis sur Gguk ?

Sur Tae ?

Est-ce que votre opinion sur leur relation a évolué ou est restée la même ?

Que pensez-vous qu'il va se passer par la suite ? Pensez-vous que Tae et Jeongguk seront amenés à se reparler ? Si oui, dans quelles circonstances ?

Réponses dans les prochains chapitres !

Dans le prochain chapitre...

Ahahaha, le prochain chapitre 🙂🙃

Je vous préviens d'avance : prévoyez un sac en papier à côté de vous pour faire des exercices de respiration. Ou pour vomir, au choix 🙂

P.S : merci encore à vous d'être aussi précieux, aussi patients dans l'attente entre chaque chapitre. Merci d'être vous, ne changez jamais ! Je vous aime très fort ❤️

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