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𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟔

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🚨 𝙏𝙧𝙞𝙜𝙜𝙚𝙧 𝙬𝙖𝙧𝙣𝙞𝙣𝙜𝙨 🚨 : attaque panique | reviviscence de traumatisme(s).

Nerveux comme ce n'était pas permis, Jeongguk leva doucement le poing pour ensuite appuyer sur la sonnette près de la porte d'entrée de cette maison qui l'avait accueilli tout bébé pour le voir grandir et devenir un jeune homme indépendant. Ça lui faisait un peu bizarre de revenir à son domicile familial après tant de temps écoulé. Rien n'avait changé dans ce quartier verdoyant sans problèmes. Tout était exactement comme dans ses souvenirs, comme lors de son départ pour vivre dans son propre appartement. Plusieurs journées venaient de s'enchaîner depuis les révélations de Jimin. Les deux compères avaient longuement discuté durant la nuit, incapables de trouver le sommeil après avoir versé des torrents de larmes dans les bras de l'un de l'autre. Le sujet principal de leurs conversations était toujours le même, sujet qui était la raison de leurs stigmates physiques comme psychologiques. Un seul et même nom pour définir le pire comme le meilleur qui leur était arrivé dans leurs vies respectives : Taehyung.

Ils avaient pu en dire plus sur la relation que chacun d'eux avait entretenu avec cet homme. Jimin avait tout d'abord avoué que s'il avait coupé les ponts avec Yoongi, c'était parce qu'il avait découvert en farfouillant par curiosité sur Closer.com que celui-ci et Taehyung se connaissaient et cela avait refroidi le blond. Jeongguk ne fut pas surpris car lui-même le savait, en ayant espionné l'adulte à son insu. Bien évidemment, il n'avait pas partagé cette information. C'était préférable, s'il ne voulait pas se faire encore une fois engueuler pour son côté intrusif. Jimin avait alors révélé à son cadet que peu avant que Maria ne mette fin à ses jours dans des conditions très obscures, elle lui avait raconté que Tae avait lui-même mis un terme à leur histoire brutalement après un dérapage plutôt étrange. En effet, la jeune avait cherché un moment donné à se rapprocher encore plus de l'employé de cantine qui, à l'époque, était vendeur de livres. Elle avait voulu bien faire, désirant franchir un nouveau cap dans leur relation car elle se sentait bien à ses côtés. En espérant obtenir un geste réciproque de sa part, elle s'était montrée assez entreprenante et tactile avec lui. Sauf qu'elle avait obtenu tout le contraire. Selon ses dires, Tae aurait eu un violent mouvement de recul lorsqu'elle avait eu l'ascendant sur lui, comme pris d'une panique soudaine. Comme si le moindre de ses touchers risquerait de le tuer. Puis celui-ci était parti pour de bon tel un voleur, en la laissant sans explications dans sa chambre d'ado'.

En écoutant ce renseignement supplémentaire de son ami qui était dans le flou total par rapport à ce détail, Jeongguk, lui, détenait une hypothèse qui avait plus de chance d'être réelle qu'imaginaire, ce qui eut le don de lui faire affreusement de mal. Simplement parce que la dernière fois qu'il avait vu le grisâtre, celui-ci lui avait avoué qu'une membre de sa famille avait abusé de lui à de multiples reprises alors qu'il n'avait que seize ans, le faciès ravagé par la tristesse, par une douleur dangereuse et profonde. Il préféra garder cette information pour lui-même par respect pour lui puis, c'est le genre de choses que l'on ne confie pas aussi facilement comme si l'on parlait de la pluie et du beau temps. En y réfléchissant, si le destin avait fait les choses autrement, Jeongguk aurait voulu pouvoir connaître Tae durant cette période pour pouvoir le sauver de l'irréparable et lui offrir toute l'affection dont il avait besoin, même s'il ne connaissait que très peu d'éléments sur son passé ou sur les conditions dans lesquelles il vivait plus jeune.

Les deux meilleurs amis s'étaient pardonnés leurs erreurs et quelque part, cette épreuve, bien que douloureuse, avait renforcé le lien qui les unissait. C'était dans la promesse d'en sortir tous deux vainqueurs que Gguk avait quitté l'appartement de son brun préféré. Puis il avait regagné le sien, tout en retrouvant ses pensées maussades. Ses journées se résumaient à stresser, cauchemarder la nuit, oublier le temps de quelques minutes ses tourments en tentant de réviser ses cours pour les rattrapages ou en regardant des vidéos, pleurer à s'en déshydrater l'âme quand il atteignait ses limites, esquiver toute chose ayant un quelconque rapport avec l'Amour ou le Sexe, à se laisser envahir par des pensées obsessives très tard le soir... C'était un véritable carnage. Chaque jour était une épreuve pour lui et cela l'épuisait, le vidait de son énergie. Son quotidien était devenu compliqué et le simple fait de respirer lui demandait désormais un effort surhumain.

L'ébène avait alors appelé son camarade de classe Seokjin, jugeant plus que primordial de le tenir au courant de tout ce qu'il s'était passé en une durée aussi courte. Celui-ci était tombé des nues en apprenant tout ça et, malgré son inquiétude plus que visible dans sa voix, il avait mis de côté son angoisse pour prendre le temps de l'écouter et de lui apporter le soutien nécessaire. Il lui avait même proposé de passer plusieurs jours dans son studio avec Namjoon, histoire qu'il ne soit pas seul à broyer du noir et qu'il oublie petit à petit ses problèmes en passant de bons moments à leurs côtés. Gguk avait gentiment détourné leur offre car il allait passer plusieurs journées chez sa maternelle mais les remercia tout de même. Il fallait l'avouer, c'était vraiment adorable de la part du petit couple de lui avoir proposé cela.

Le voilà donc posté juste devant la porte blanche de son ancien chez lui, le stress grandissant en lui mélangé à de l'exaltation, un sac de voyage Calvin Klein tenu dans l'une de ses mains contenant tout ce dont il avait besoin pour les prochains jours. Avant d'arriver ici, il avait pris soin de camoufler les énormes ecchymoses créées par Taehyung sous plusieurs couches de fond de teint prêté par Jimin. Taehyung n'était vraiment pas allé de main morte avec lui, cette nuit-là. Ces taches violettes avaient quelque peu perdu de leur carnation mais elles étaient toujours aussi visibles. Quant aux énormes éraflures laissées sur ses flancs... Sa peau était bien irritée. De petites traînées rougeâtres entaillaient son derme fragile. Passer ses doigts dessus le crispait à chaque fois et lui rappelait à quel point son ancien amant s'était montré très rude avec son pauvre corps. Il s'agissait là encore d'un pur euphémisme. Il avait saccagé son existence tout entière en le déchirant mentalement comme physiquement, en un temps record. Est-ce que c'était un moyen pour lui pour que le noir de jais ne l'oublie pas et continue de penser à lui ? Jeongguk déglutit difficilement à cette pensée.

Il misait tout sur son court séjour chez sa mère pour pouvoir se ressourcer dans de bonnes conditions. Il espérait de toute son âme que cette mauvaise période serait derrière lui pour de bon et qu'il pourrait reprendre sa vie en main. Retrouver son ancienne vie.

Le son du verrou de la porte le ramena sur terre, à l'instant présent. La poignée s'actionna vers le bas et lentement, la seule frontière entre l'extérieur et son ancien petit cocon s'ouvrit. Apparut alors dans son champ de vision sa plus grande fierté, son modèle depuis toujours, son pilier indestructible, cette boule de douceur qui avait su tant de fois le consoler quand rien n'allait... Elle était et serait l'unique femme de sa vie. Personne ne pouvait la détrôner. Elle rayonnait. Elle étincelait de mille feux malgré la noirceur de ses cheveux ondulés mi-longs, malgré la fatigue et l'âge tiraillant ses traits faciaux. Son sourire contamina de suite l'ébène qui sentit une vague de chaleur l'envahir.

— Bon retour à la maison, mon amour, prononça-t-elle avec douceur.

Sa mère l'accueillit, les bras ouverts. Son fils la rejoignit dans cette étreinte, lâchant alors son bagage pour mieux contribuer à ce geste affectif qui l'avait tant manqué. Il avait omis à quel point les câlins de la brunette étaient les meilleurs. Il adorait en réclamer, quand il était encore un enfant. Ça n'avait pas vraiment changé depuis, Jeongguk en raffolait toujours autant.

— Content de te retrouver aussi, maman, répondit le plus jeune, un sourire délicat ornant ses lippes.

Il lui massa délicatement le dos tout en reposant sa tête sur ses épaules.

— Tu m'as tellement manqué... Le trajet s'est bien passé ? Tu n'as pas été emmerdé avec les travaux sur l'autoroute ?

— Non, j'ai réussi à trouver un moyen pour contourner l'autoroute et les bouchons grâce au GPS.

— Faudra vraiment qu'un jour tu m'apprennes comment on se sert de cette merde.

— Promis, promis, prononça le plus jeune tout en ricanant.

Ils se desserrèrent de leur échange et lorsque la matriarche fit face au jeune homme, une pointe de tracas la saisit. Puis elle attrapa en coupe le visage de celui portant son nom de jeune fille et l'inspecta un peu plus en détails, au peigne fin. Jeongguk fronça des sourcils à son changement inopiné de comportement. Qu'est-ce qu'il lui arrivait ?

— Maman ?

— Tu as perdu des joues... Tu tires une mine qui fait peur... Est-ce que tu dors bien ? Manges-tu correctement ?

— Ne t'inquiète pas pour moi, tout va bien, donna-t-il pour réponse tout en retirant doucement les mains de la femme de son faciès.

Super Jeongguk, maintenant tu mens à ta mère après avoir menti à Jimin, Seokjin et Taehyung réunis.

Quand sa conscience mentionna le dernier prénom, il sentit une violente contraction dans sa poitrine.

Non, non bordel, pas maintenant...

Il tenta tant bien que mal de ne rien laisser transparaître devant elle pour ne pas l'inquiéter davantage et surtout pour ne pas céder à ses émotions qui cherchaient à prendre pour la on-ne-sait combien de fois le dessus sur lui.

— Tu avais l'air si démuni dans le message que tu as laissé sur ma messagerie... Quelqu'un t'a brisé le cœur ?

Presque... Je me suis brisé le mien en brisant le sien.

— Maman...

Jeongguk entrelaça ses doigts à ceux de sa génitrice puis la contempla droit dans les yeux.

— Comme je te l'ai indiqué dans le message... Je suis incapable de t'expliquer ce qu'il m'est arrivé. C'est encore trop tôt pour moi et j'ai besoin de temps pour... Pour digérer tout ça.

— Jeongguk, comment te sens-tu actuellement ? questionna d'une voix sévère sa mère.

Mal. Très très mal.

Même les nombreuses peines que lui avait refilées William, son tout premier crush du collège, en l'insultant et le rabaissant ouvertement devant la populace ne l'avaient pas autant affecté. Là, il avait la sensation d'être en pleine chute libre. De s'enfoncer encore et encore dans un gouffre sans fond, ni lumière et il n'avait aucune idée de quand est-ce que cette putain de douleur disparaîtrait pour de bon. Gguk baissa faiblement la tête et avoua dans un murmure :

— Pas bien...

Un sanglot venant de nulle part faillit sortir de sa bouche. Il alla plaquer immédiatement l'une de ses paumes sur celle-ci. Sa maman l'avait assez vu pleurer quand il était plus jeune. L'étudiant ne voulait pas montrer de nouveau une image aussi triste, aussi pathétique de lui-même. Impuissant et incapable de faire quoi que ce soit, la brune prit alors les devants en déposant son sac juste au bord de l'entrée de la maison avant d'attirer contre elle son fils dans un deuxième câlin encore bien plus fort que le précédent. Jeongguk se laissa totalement faire et abdiqua encore une fois face à l'ouragan qui secouait son être tout entier.

— I– il me manque tellement, maman, pleurnicha le cadet, la voix cassée.

— Sssh, je suis là. Tout va bien, mon petit cookie. On va d'abord rentrer à la maison, déposer tes affaires dans ta chambre puis se poser sur le canap' pour regarder un film de ton choix tout en mangeant. Est-ce que cela te convient ?

Le garçon hocha de la tête en silence. Son mouvement fit sourire tendrement celle qui l'avait mis au monde qui lui fit un lent massage à l'arrière de son crâne à l'aide de ses doigts.

— Tu n'es pas un moins que rien, Jeongguk. Après toutes les choses que tu as faites pour moi, pour nous, je peux t'assurer que tu ne l'es pas. Je t'interdis de penser à des inepties pareilles ou de laisser les autres te faire croire cela. Tu vaux bien plus que tu ne le penses, mon chéri.

Jeongguk assimila ses paroles tout en reniflant, sans rien dire. Ça lui faisait tellement de bien d'entendre sa voix à nouveau, de pouvoir la sentir tout près, d'ouïr ses paroles réconfortantes. Ce qui était génial avec madame Jeon, c'était que jamais elle ne vous forcerait à raconter tous vos tourments. Elle vous écouterait avec une immense attention pour ensuite vous apporter du soutien, sans poser de questions déplacées, sans envahir votre espace privé. Elle se doutait pertinemment de la douleur que cela pouvait procurer et de ce fait, elle vous laisserait le temps nécessaire pour que vous soyez prêt à tout dire au moment venu. Et c'est ce qu'elle fit avec son unique fils, respectant alors sa requête émise face à elle comme par téléphone bien plus tôt.

— Allez, sèche ces vilaines larmes et entrons.

Aussitôt dit, aussitôt fait, ils s'enfoncèrent dans la bâtisse pendant que Gguk tenta du mieux qu'il pouvait de faire taire son chagrin. Au bout de plusieurs minutes il y parvint mais Jeongguk le savait... Ce n'était que temporaire.

Edward Aux Mains d'Argent projeté depuis le large écran plat suspendu au mur dans le salon – écran qui était d'ailleurs la seule source de luminosité pour une meilleure immersion dans le film – mère et fils mangeaient des croques-monsieurs qu'ils avaient préparé ensemble, un plateau repas au milieu du canapé les séparant. Jeongguk avait préféré évincer tout film à l'eau de rose pour éviter de fondre encore une fois en larmes et de remuer les mauvais souvenirs reposant dans sa matière grise. Il avait alors choisi l'un des films qui l'avait le plus marqué quand il était jeune. En plus, cela faisait très longtemps qu'il ne l'avait pas vu. Il y avait tout pour passer une bonne soirée en compagnie de la femme assise à côté de lui. De la nourriture fraîchement cuisinée et faite maison, la personne la plus importante à ses yeux et accessoirement sa seule famille restante, son film préféré... La soirée aurait dû être parfaite. Or, elle ne l'était aucunement.

Jeongguk peinait à manger ce qu'il avait pris plaisir à concocter tandis que la femme d'une cinquantaine d'années s'empiffrait comme jamais, les yeux rivés sur long-métrage qu'elle avait vu et revu un nombre incalculable de fois. Quant au plus jeune, se concentrer sur les images défilant devant lui se révéla être plus compliqué que prévu. Son esprit sadique essayait par tous les moyens de le faire sangloter en lui envoyant des flashs des récents événements par intermittence. C'était vraiment pénible. Non, le cœur n'y était définitivement pas, bien qu'il fût heureux de retrouver ces habitudes qu'il avait perdues en emménageant dans son appartement.

— Comment avance tes révisions ?

La voix douce de sa maternelle l'extirpa de ses songes, ce qui le fit légèrement secouer la tête.

— Tout doucement mais sûrement. Jin m'aide énormément, c'est un bon ami.

— Si j'avais moins fait la conne durant mes années de lycée en cours d'anglais, je t'aurais filé un coup de main mais tu sais... Mon niveau se résume à...

— « My name is » et « Yes, No », compléta Jeongguk tout en gloussant.

— Tu connais bien ta mère, ria celle-ci. Plus sérieusement, je t'encourage vivement à poursuivre tes études en anglais. Même ton camarade. C'est super important, c'est la langue la plus parlée au monde et ça t'enlèvera une épine du pied, si tu voyages à l'étranger. C'est en quelque sorte ta roue de secours, si jamais les gens dans le pays où tu te rends ne parlent pas français. Ne fais pas comme moi qui jouais aux rebelles avec ses profs.

— Je t'aiderai à traduire les documents de la prochaine collection de vêtements que tu recevras.

— T'es un ange, Gguk, répondit celle-ci tout en buvant une gorgée de son verre d'eau.

Elle se racla la gorge et enchaîna :

— Comment va Jimin, au fait ? Ça fait longtemps que je ne l'ai pas vu, il faudrait vraiment qu'il passe à la maison un de ces quatre ! J'ai laissé un paquet de réglisses exprès pour lui pour sa venue.

— Vous me dépitez à aimer ces bonbecs du Diable, prononça le gamin à la bouille de lapin tout en tirant la moue. Leur goût est affreux.

— Tu ne sais pas ce qui est bon, mon fils.

— Vous êtes bizarres, tous les deux.

— Toi qui aimes manger des tartines à la mayonnaise, tu oses me dire ça ? renchérit la brune, sur un ton taquin et théâtral à la fois.

— Gneugneu !

Ce fut la dernière réponse de Jeongguk avant qu'il ne lui tire la langue tel un enfant, ce qui fit exploser de rire la plus âgée qui manqua au passage de s'étouffer avec un bout de pain. Elle ne ratait jamais une seule occasion pour embêter son môme. Une fois calmés, ils reprirent un peu plus calmement la conversation, un dialogue du film servant de fond ambiant.

— Il travaille dur à son école de danse, ces derniers mois. Sa classe a été sélectionnée pour un concours local qui aura lieu à la fin du mois d'août.

— Awn, c'est top ! Je suis contente pour lui ! Il n'est pas trop stressé ?

— Mon dieu, si tu savais, dit Jeongguk en se foutant une claque contre le front.

Jimin et le stress n'étaient pas du tout un bon mélange. Surtout quand il s'agissait de danse, encore plus s'il était inclus dedans. Alors que la danse ne le concernait même pas, Jeongguk arrivait quand même à se sentir paniqué. Jimin possédait cette capacité mystérieuse de transmettre l'angoisse comme la peste, capacité qui mettait les nerfs du plus jeune à rude épreuve.

— Tu lui diras que s'il veut rester plusieurs semaines à la maison, il peut. Il sera toujours le bienvenu ici. J'aime bien sa présence. Il est si adorable, avenant et poli... Il a parfois un caractère de cochon mais c'est ce qui fait son charme. Je ne comprends toujours pas comment ses parents ont pu le foutre dehors. Ils ne savent pas ce qu'ils perdent, en ayant agi comme ça. C'est inhumain de rejeter son enfant pour une histoire d'orientation sexuelle, jamais je ne pourrais faire une chose pareille avec toi...

Il n'y avait vraiment pas à dire, la mère de Jeongguk était une femme en or. Jeongguk la remercierait toujours pour cette tolérance dont elle faisait preuve, pour tout cet amour qu'elle lui donnait même à distance et cette bienveillance à l'égard de son meilleur ami. Alors que les minutes s'écoulaient lentement, la brunette se leva pour aller chercher son téléphone qui était posé à l'autre bout de la pièce. Le garçon la suivit de ses prunelles jades, tenant son verre dans l'une de ses mains. Son organe vital se comprima dans sa cage thoracique en voyant la démarche laborieuse de sa chère et tendre maman jusqu'au gros meuble principal composant l'espace. Elle boitait toujours de la jambe gauche, ce qui rendait sa marche moins naturelle. Ce même air tracassé se formait tout le temps sur son visage quand il était témoin de ce triste spectacle. Il n'osait imaginer l'état d'exténuation dans lequel devait se trouver son corps à force de rester debout tout une journée complète sur son lieu de travail, à conseiller la clientèle, courir faire les encaissements, aller dans la réserve puis revenir sur son stand, nettoyer l'entièreté de son corner... Il fallait qu'elle se ménage et prenne du temps pour elle, pour se reposer et surtout relaxer cette jambe qui devait être en feu.

Je ne te remercie pas, « Papa ».

Oh que non. Jeongguk avait tout vu et tout entendu derrière, caché derrière l'une des nombreuses portes de l'habitacle et ce qu'il avait eu le malheur d'observer l'avait hanté plusieurs nuits consécutives. Assez pour le traumatiser, conséquent pour agiter cette haine grandissante à son égard. Comment sa mère avait-elle pu réussir à se remettre du calvaire qu'ils avaient enduré ? Est-ce qu'il lui arrivait de penser encore au passé ? Et son père... L'avait-elle oublié définitivement ? Même après cette énorme blessure que celui-ci lui avait infligé comme un véritable coup de grâce ? Plus Jeongguk réfléchissait et plus il se rapprochait de cette conclusion : son géniteur et Tae n'étaient pas si différents que ça dans leurs attitudes, dans leurs gestes.

Tais-toi stupide cerveau, ce n'est pas le moment de tout gâcher !

Une masse s'affaissa juste à sa gauche dans la banquette. Madame Jeon était revenue, scotchée à son cellulaire, visiblement intéressée par ce qui s'affichait sur son écran. Celle-ci soupira à sa lecture.

— Encore une disparition... J'espère que celui-ci sera épargné. Le monde devient fou.

Gguk se raidit à l'entente de ces mots et reposa son croque-monsieur, plus du tout capable d'ingurgiter le moindre morceau. Ça lui avait tout bonnement coupé l'appétit. Une autre disparition ? Encore un homme ? Ce n'était pas possible, le dernier remontait à un peu plus d'une semaine et demie, tout au plus ! Ça n'était pas normal. Est-ce que cette personne connaîtrait une fin macabre comme tous les autres ? Est-ce que ça avait un lien avec tous ces autres corps retrouvés tout proche de la Deûle ? Marcher tranquillement dans les rues sans crainte, sans avoir cette peur au ventre d'être agressé ou de finir en charpie dans le canal n'avait pas l'air prévu pour tout de suite. Jeongguk se racla la gorge, chassant ses craintes puis demanda :

— Maman... Ça t'arrive encore de penser à... « L'autre » ?

Elle se figea à la demande de son rejeton avant de quitter son écran puis de tourner la tête en sa direction. Jeongguk venait de la prendre totalement au dépourvu.

— Tu parles de ton père ?

— Ouais...

Nerveusement, Jeongguk se frotta l'un de ses bras avant de continuer :

— Je veux dire... Comment t'as fait pour surmonter tout ça ? Pas une seule fois je t'ai vu craquer après son arrestation. Même dans les moments durs, tu souriais toujours. Quand on te voit, on ne se dit pas que t'as enduré... Tout ça.

C'était vrai, madame Jeon montrait rarement ses failles face à quiconque. Tandis que du côté du fils Jeon, on pouvait lire en lui comme dans un livre ouvert et celui-ci craquait à chaque fois quand les émotions qu'il ressentait étaient incontrôlables, difficiles à gérer. Voyant le sérieux du garçon de vingt ans, la femme chopa la télécommande sur l'accoudoir de son propre côté, braqua celle-ci vers la télévision et mit le film sur pause, pile au moment où Edward rencontre d'une bien drôle de façon la fille dont il tombera éperdument amoureux, la douce Kim. Une fois cela fait, sa mère se positionna en tailleur face à son fils. Elle semblait chercher ses mots, comment aborder la chose en douceur pour qu'il comprenne bien ce qu'elle s'apprêtait à expliquer. L'atmosphère venait de se transformer du tout au tout, subitement. Jeongguk pouvait le sentir du fond de ses entrailles.

— C'est la première fois que tu me poses une telle question, Ggukie...

Elle paraissait réellement surprise par ses interrogations, ses iris marron clair exprimaient bien cela. Il n'avait jamais pris le temps de l'interroger sur ses ressentis, par peur de la brusquer ou de raviver de mauvais souvenirs, chose qu'il ne souhaitait aucunement. Blesser sa mère était la dernière chose qu'il voulait et il préférait que cela arrive quand les cochons voleraient ; c'est-à-dire jamais.

— Tu n'es pas obligé de me répondre bien évidemment mais... Est-ce que ça a un rapport avec ce que tu traverses ces derniers temps ?

À contrecœur, Jeongguk hocha doucement de la tête sans qu'aucun son ne sorte d'entre ses lippes. Il n'avait pas trop le choix, il fallait dire. Il vit alors sa mère déposer le plateau repas au sol avant de tâter l'espace vide de sa main, l'invitant implicitement à se rapprocher d'elle. Celui-ci le fit puis cala le sommet de son crâne contre l'épaule de la vendeuse de prêts-à-porter, prêt à l'écouter, à accueillir ce qu'elle avait à lui dire.

— C'était assez compliqué au départ puis je m'y suis habituée. J'ai essayé de me reconstruire auprès d'autres hommes mais... Je me suis rendue compte que je suis mieux seule. J'ai pris mes habitudes à force de vivre par moi-même, du coup je ne ressens plus le besoin d'avoir de la compagnie. Ton père m'a énormément fait de mal, dans ses mots comme dans ses gestes, mais... Quelque part, je suis sortie plus forte et mûrie de cette période. Et je lui en suis reconnaissante parce que maintenant je ne me laisse plus marcher sur les pieds, en privé comme sur mon lieu de travail. J'ai survécu, je suis enfin vivante et je ne le déteste plus. Les hommes ne me font plus peur désormais et je sais que certains d'entre eux sont de vraies perles. J'en ai la preuve juste à côté de moi.

Mon dieu, Maman...

Elle conclut alors ses dires par un sourire affectueux envers son enfant qui rétorqua par le biais d'une énième câlinerie empreinte d'amour. Cette femme... Cette femme était une vraie reine. Elle était tombée si bas pour au final s'élever si haut, très haut dans le ciel. Elle était intouchable, un exemple de sagesse et Jeongguk désirait continuer à apprendre d'elle pour mieux gérer son quotidien. C'était incontestable. Gguk serait toujours là pour la défendre, pour lui donner tout ce qu'il avait de plus cher. Il n'y avait rien qu'il ne ferait pas pour elle, jamais il ne la délaisserait. Elle s'était tellement dépassée pour lui... Jeongguk l'aimait de tout son être.

— Je ne sais pas exactement ce qu'il s'est passé entre vous mais ça finira par aller mieux. Tu es courageux, mon poussin. Le sang des Jeon ruisselle dans tes veines, rien ne peut t'atteindre. N'oublie pas que tu n'as que vingt-ans, tu rencontreras d'autres garçons et peut-être que cette fois-ci tu tomberas sur le bon... Laisse le temps faire les choses et tu verras bien ce qu'il en est avec. C'est quoi son nom, d'ailleurs ?

— Taehyung... souffla le brun.

— Oh, un coréen comme nous !

Elle marqua une courte pause avant de reprendre la parole. Cependant ce qu'elle ne vit pas c'est que la simple action de prononcer le nom de l'adulte laboura son cœur qui était déjà bien écrasé par l'abattement, par les remords, par cet amour obsédant qu'il lui vouait.

— Tu l'aimes ? chuchota madame Jeon avec prudence.

Quelle question... Jeongguk crevait toujours autant d'adoration et de tous ses sentiments contradictoires qui l'animaient envers Tae. Même après l'incident qui avait failli lui coûter la vie, Gguk continuait de penser à lui, jour et nuit. Il pensait Taehyung, dormait Taehyung et vivait Taehyung. Son prénom comme sa personne captait toute son attention tant celui-ci lui avait fait connaître un tournant dans sa routine. Ils avaient vécu une amourette éphémère mais profondément passionnée, avec son lot de hauts et de bas, de zones d'ombres comme de lumières. Rayer de sa mémoire Taehyung et tous les souvenirs avec revenait à essayer d'attraper les étoiles à mains nues. C'était impossible. Un court arrêt sur image de son sourire rectangulaire si particulier voilant sa vue, une bande-son de sa voix grave outrageusement sensuelle lui murmurant qu'il l'aimait à la folie bourdonnant dans ses tympans et Jeongguk sentit son mental s'effondrer davantage. C'était dur. Beaucoup trop dur à endurer. Alors que celui-ci bataillait pour la fois de trop contre lui-même, il sentit les mains de sa mère farfouiller ses cheveux de façon minutieuse ; ce qui coupa net cet amas de tristesse qui montait en lui.

— Je ne veux pas t'affoler mais... Tu as des cheveux blancs au niveau de ta raie, indiqua la plus âgée.

L'information passa la barrière de son oreille... Se filtra... Encore... Encore un tout petit peu... Puis elle arriva jusqu'à son cerveau et...

Hein ?!

L'étudiant aux cheveux noirs se redressa brutalement, ne croyant pas un seul mot de ce que lui disait sa mère.

— C'est pas possible, je suis encore jeune ! s'écria celui-ci en panique, l'une de ses mains posée sur son crâne.

— Ggukie chéri, les cheveux blancs n'arrivent pas seulement avec l'âge, rectifia calmement la démonstratrice. Tu peux très bien en avoir à cause du stress ou suite à un choc émotionnel.

Voulant vérifier ça, Jeongguk se leva et partit en trombe dans sa chambre. Il alluma l'interrupteur et entra à l'intérieur pour se poster devant le miroir incrusté contre l'une des portes coulissantes de sa grande armoire en bois blanc. Sa chambre n'avait pas changé d'un poil depuis son départ. Les murs étaient toujours immaculés, de nombreux dessins et cahiers datant très certainement du lycée et du collège jonchaient encore son bureau. Juste au-dessus, un cadre regroupant plusieurs photos avec Jimin puis avec sa maman était accroché. Les draps de son lit respiraient un envoûtant parfum entre le neuf et la lavande. Dans sa bibliothèque, ses livres étaient toujours positionnés de la même manière qu'avant son déménagement, en rangement « Tetris » comme il disait si bien. Sa chambre s'était figée dans le temps. Tout était exactement pareil qu'auparavant. Tout... Sauf l'apparence de Gguk. Le jeune homme ne souriait plus. Des poches apparaissaient sous ses mirettes aux couleurs de la nature tant il manquait de sommeil. Leur éclat était devenu plus terne. Ses joues avaient perdu de leur consistance et effectivement, comme l'avait remarqué sa maman, quelques fils blanchâtres contrastaient avec la noirceur de ses cheveux. Sa peau, quant à elle, était plus proche de celle d'un cadavre que d'un être fringuant et débordant de vitalité. Il resta plusieurs minutes à se regarder ainsi, complètement dans les vapes. Trop préoccupé par ses états d'âme, il s'était oublié et commençait presque à se laisser dépérir.

Boum, boum... Boum, boum... Son organe vital tambourinait dans un rythme anormalement lent. Mais il battait avec puissance. Prêt à surgir d'entre ses côtes d'une seconde à l'autre. Son reflet lui était insupportable. Il était devenu l'ombre de lui-même. Sans quitter des yeux son double qui lui donnait l'envie de hurler jusqu'à ce que sa voix s'éteigne, ses mains coincèrent le bas de son haut. Il se mordilla la lèvre inférieure, anxieux, puis le leva dans une lenteur exagérée. Son t-shirt remonta encore et encore, révélant parcelle par parcelle son ventre laiteux encore bien éraflé. Les lignes écarlates étaient toujours là, bien visibles, scarifiant ses flancs. De légères croûtes de sang s'étaient formées dessus, rendant leur aspect dégoûtant, désastreux pour le détenteur de ces cicatrices encore loin d'être guéries.

À moi.

Tu es à moi, Jeongguk.

La respiration du nommé devint peu à peu laborieuse, sa chambre n'était plus aussi accueillante d'un coup. La panique commençait à le pénétrer, à amadouer ses sens, rampant dangereusement en lui tel un prédateur doté de crocs acérés.

Tu me l'as juré droit dans les yeux, hm ?

Ce timbre rocailleux, d'une singularité sans borne qu'il connaissait par cœur et dont il adorait chaque note...

Non...

Tu resteras avec moi, pas vrai ?

J'é– j'étouffe...

Je t'interdis de m'abandonner.

Jeongguk se sentait partir loin, très loin hors de ce lieu qui était censé être source de sécurité et de sérénité pour lui. Dans son esprit, c'était un monde bien plus effrayant qui s'ouvrait à lui. Bien plus chaotique et sinueux duquel il tentait en vain de fuir depuis plusieurs jours. Il revoyait le grisâtre l'étrangler avec sadisme accompagné de ce sourire en coin qui était putain de terrorisant, tout aussi terrorisant que ses prunelles qui irradiaient d'une lueur noire comme l'abysse. Mon dieu, elle était tellement noire qu'elle aurait pu avaler Jeongguk tout entier avec ses espoirs et ses peurs réunis et celui-ci se revoyait subir le tempo impitoyable qu'il lui avait imposé au travers de ses coups de reins secs, non plus comme acteur mais spectateur de ce carnage inhumain. La nocivité de son aura l'avait écrasée, ébranlée et peut-être que oui, Taehyung était parvenu à profaner son paradis en y incorporant ses enfers dont les flammes n'avaient cessé de s'accroître. Il revisionnait parfaitement ce moment au Sunset où tout avait dégénéré, cet instant précis où Tae avait perdu les pédales en lui démolissant le crâne contre l'un des miroirs des toilettes de l'établissement. Il se souvenait encore de cette douleur vive lancinant son front, de la force qu'avait utilisé son aîné pour lui infliger tout le mal possible et– Celui qu'il appelait autrefois « Papa » lui faisant déguster la glace à de multiples reprises, sans qu'il puisse parvenir à se défendre, la rage guidant chacune de ses manœuvres.

Gguk était maintenant recroquevillé en boule sur lui-même devant son armoire, les mains sur les oreilles, pleurant en silence et aspirant que cette souffrance se dérobe à jamais, qu'elle ne soit plus qu'un lointain et mauvais souvenir. Il tremblait de tout son long, la nausée enguirlandait son œsophage tel un rampant et la douleur ne s'arrêtait point de s'étendre dans tout son organisme. Jeongguk avait cette conviction folle que, d'ici peu, il mourrait là, étendu sur le carrelage couleur ivoire de sa chambre. L'oxygène passait à peine dans ses poumons, son souffle se faisait irrégulier, son centre battait à tout rompre au point de frôler l'éclatement. Il se mit à inspirer et expirer bruyamment, au plus mal au-dedans de lui-même. Ça s'intensifiait encore, toujours plus. Ce déchirement n'avait pas de limites, c'était certain. Son corps le tirait de partout comme s'il avait effectué des heures intensives de sport, un point s'était formé en plein milieu de son torse rendant donc son halètement encore plus désordonné qu'il ne l'était déjà.

Puis il y eut une détonation. Cinglante, imprévisible et tout bonnement épouvantable pour celles et ceux présents aux alentours. Jeongguk venait de crier, entièrement consumé par les émotions qui l'ensevelissaient. Tout devenait oppressant autour de lui. Tout ce qu'il désirait, c'était mettre en sourdine pour une durée indéterminée ses pensées qui ne faisaient que le détruire un peu plus chaque jour et de plonger dans un sommeil prolongé pour ne plus avoir à affronter ça. C'était trop pour lui. Il était en pleine dérive.

— J– je p– peux pas...

Il se mit tout d'abord à sangloter à voix basse avant que ses sanglots ne s'intensifient et gagnent en volume sonore. Taehyung lui manquait, l'affaiblissait même loin de lui, créait en son sein un cocktail de sentiments illogiques et paradoxaux. Parce que oui, ce qu'éprouvait Gguk à l'égard du bel employé de cantine était incompréhensible, touchait l'irrationalité. Peur, manque, amour, auto-accusation... Il n'était pas sûr de suivre le fil de ce qu'il ressentait. Ainsi, tandis que des perles salées inondaient sa bouille par grosse vague, on l'attira contre quelque chose pour le consoler. L'ébène ne s'y opposa pas, reconnaissant de suite cette approche inoffensive dont il était, dès lors, habitué depuis sa naissance. Jeongguk se nicha alors auprès de sa mère qui l'avait rejoint, se laissant bercer par la douceur de ses mots, par ses actions maternelles, par sa simple présence. L'orage grondant dans son for intérieur se tut progressivement pour autoriser un infime passage aux rayons du soleil qui s'était entre-deux tapi dans l'obscurité.

Tic, tac... Tic, tac... Le calme était revenu dans la demeure des Jeon. Un silence presque religieux régnait entre ses quatre murs. Ça faisait du bien d'avoir un peu de tranquillité, surtout après les quelques heures intensives émotionnellement parlant qui s'étaient effilochées. Couché sur l'une des commodes composant le mobilier de la pièce, le cellulaire de l'ébène chargeait et affichait un peu plus de trois heures du matin. Juste à côté, on pouvait voir qu'il n'avait atteint que dix pour cent de rechargement. Pour cause, Jeongguk l'avait complètement vidé à force de relire une fois, deux fois, trois fois, trop de fois les conversations qu'il avait pu avoir avec la source de ses tourments. C'était purement masochiste de sa part, surtout après la redoutable crise de panique dont il avait été la victime. C'était tout ce qu'il lui restait à chérir de sa relation avec Taehyung, en plus du pendentif décorant son cou. Dans ces messages encodés, il y avait des discussions légères, d'autres qui avaient conduits tous les deux à avoir des fous rires en plein milieu de la nuit.

Comme cette fois où l'adulte lui avait raconté que pendant qu'il recherchait de nouvelles chansons pour sa playlist, il était tombé sur un groupe de métal provenant de l'Antarctique et que leur nom était exclusivement composé de chiffres. Il avait réfléchi pendant une vingtaine de minutes à comment un groupe musical pouvait exister là-bas alors qu'il ne devait y avoir qu'une colonie de pingouins et de manchots sur la banquise et comment leur nom se lisait, surtout que les chiffres étaient nombreux. Puis, il avait trouvé un autre groupe avec un nom imprononçable de cinquante lettres. Curieux, Taehyung avait voulu mettre la main sur la signification de chaque initiale. Une fois cela trouvée, celui-ci lui avait renvoyé une longue série de sms à base de « AAAAH MES YEUX », « Rendez-moi mon innocence, s'il-vous-plaît », « Jeongguuuuuk pourquoi j'ai fait ça ? », « Ah mais non mais argh, c'est immonde ! », « Je regrette de comprendre l'anglais, là, tout de suite ». Cela avait fait beaucoup rire le plus jeune de voir son amoureux tout paniqué. Tae lui avait envoyé bien après le nom complet de ce groupe accompagné de la légende suivante « Et bon appétit, surtout ! » pour qu'il ne soit pas seul dans cette souffrance terrible et à son tour, Gguk avait regretté d'être aussi bon en anglais avant d'engueuler Tae de lui avoir envoyé une telle immondice. Heureusement qu'il ne mangeait pas au moment où il avait reçu ce truc infâme.

Ensuite, il y avait ces autres conversations... Des confessions nocturnes où ils ouvraient leurs cœurs par des déclarations saupoudrées de sincérité, de tendresse et le plus important : d'une dose excessive d'amour. Le genre de propos qui vous refile une ribambelle de papillons dans le ventre et qui vous fait sourire bêtement, comme un idiot heureux. Jeongguk se couchait toujours les lèvres retroussées en un doux sourire, en un sourire amoureux. Grâce à ce rien qui valait beaucoup, le noir de jais s'endormait sur son petit nuage, reconnaissant de partager son train-train quotidien, plein de rêves et de projets futurs en tête pour faire perdurer leur histoire. Puis... Il y avait ce type de conversations. Celles qui éveillent votre côté sombre, celles qui suscitent l'excitation et l'envie de commettre des faits remplis de vices. Celles qui vous poussent à adopter un comportement séducteur, provocateur et empreint de débauche. Celles qui vous invitent à jouer avec le feu, avec vos propres limites et celles de votre partenaire. Une photo légèrement dénudée pour un début en douceur. Puis au fur et à mesure que les clichés s'entassent et deviennent de plus en plus osés, il ne reste plus rien pour couvrir votre peau frileuse et bouillante d'adrénaline parce que cette situation, intimement, vous l'adorez. La chaleur vous enivre, vous manipule et ce, jusqu'à ce que vous lâchez prise pour le bouquet final. Ces conversations-là rendaient dingues aussi bien Jeongguk que Taehyung. Quand l'un commençait à chauffer l'autre, peu importe le procédé utilisé, cela finissait en un bordel affreusement obscène dans le fil de leurs dialogues virtuels. Des vidéos, des photos, des bulles comprenant du dirty-talk, ... Ils étaient attirés comme des aimants par la beauté du corps de l'autre. Ils adoraient ces jeux intimes tard le soir et Jeongguk appréciait plus que tout les louanges faites à sa personne par le plus vieux. D'ailleurs, Gguk avait revu ces fameuses conversations juste avant de s'endormir. Il avait redécouvert ces photographies et vidéos que l'argenté avait pris soin de lui envoyer, de ses mots luxurieux. Il n'y avait pas à dire : Kim Taehyung était un véritable appel au péché de la chair et braquer ne serait-ce qu'une microseconde son regard sur lui faisait naître ce désir incontrôlable de lui sauter dessus.

Un couinement s'échappa d'entre les lèvres charnues du gamin à la chevelure corbeau. Allongé dans la fraîcheur de sa couverture, une jambe par-dessus celle-ci, l'étudiant sommeillait, les paupières solidement fermées dans le noir total. L'air ambiant entrait et sortait par cette même bouche qui émettait des gémissements à peine audibles. Les pulsations de son cœur s'affolaient de fil en aiguille, au fur et à mesure que la nuit avançait. Il remua un chouia son bassin contre le bout de tissu coincé entre ses cuisses. Un autre son, infime, fit vibrer ses cordes vocales. La friction était agréable à cet endroit si particulier de son corps. Gguk récidiva. Son bas-ventre se réveillait peu à peu. L'une de ses poignes agrippa la couverture fermement alors qu'il continuait de bouger, toujours endormi. Il se mit à onduler du bassin, à mouvoir son corps contre la surface douce qui le couvrait partiellement tant il avait chaud. Il se balança d'avant en arrière, en quête de sensations affriolantes contre son entrejambe. Repenser en continu à ces conversations charnelles l'exaltait, l'enflammait, le sollicitait à agir inconsciemment ainsi. Tout à coup, Jeongguk se positionna à plat ventre contre son matelas. Il releva ses hanches et sa main encore libre partit vagabonder un peu plus bas, vers son chibre qui se compressait sous son sous-vêtement. Ni une, ni deux, presque de façon mécanique, il engagea une série de va-et-vient indolents, ses gémissements s'échouant dans son oreiller. Gguk bouillonnait, jouissait, se tortillait sous ses sensations qu'il se procurait, son corps dansant dans cette opacité reposante.

Viens pour moi, mon ange.

Viens comme le bon garçon que tu es.

J'aime te taquiner car j'aime voir à quel point tu me veux.

Fébrile, l'ébène gémit pour la énième fois. Tae était là, derrière lui, son toucher magique électrisant chaque partie de son épiderme, ce qui lui refourgua la chair de poule.

— Taehyung, soupira-t-il.

Est-ce que tu réalises à quel point tu m'excites ?

Tes yeux sur moi, bébé. Toujours sur moi.

— Je te veux en moi...

Il avait la réelle impression que Taehyung était à ses côtés, à lui murmurer des choses qui l'incitaient à poursuivre les allers-retours sur son membre gorgé de plaisirs inassouvis, à voyager sur son corps dont il s'était vite entiché de la paume de ses grandes mains, à le malmener de partout pour l'amener jusqu'au septième ciel. Cela paraissait si réel, tellement vrai qu'il se contractait sous les marées d'euphorie qui l'inondaient... Mais le jeune garçon atteignit son apogée seul et en sueur, habité par les réminiscences de son union avec cet homme au regard empli de secrets, de non-dits et d'un on-ne-sait-quoi qui lui ordonnait tantôt de le fuir, tantôt de l'approcher.

___________

Note de l'auteure :

Est-ce que ça se ressent que j'ai galéré avec la rédaction de ce chapitre ? 😭
Le chapitre est un peu (beaucoup) caca mais nécessaire pour la suite des événements, surtout pour l'évolution du personnage de Jeongguk ;-;

J'espère que vous allez bien et si ce petit chapitre vous a plu, vous faites une heureuse as always ❤️

Concernant la fin du chapitre...

Bienvenue dans le merveilleux monde de la sexomnie :)))

Vous allez me dire "qu'est-ce donc cette sorcellerie encore ?" mais ne vous inquiétez pas, je vais tout vous expliquer xD

La sexomnie est une forme étrange de somnambulisme encore méconnue où ici il est question de sexe. C'est une poussée soudaine de désir durant le sommeil. Par exemple, si une personne qui est timide en temps normal durant ses relations intimes souffre de sexomnie, il se peut qu'elle adopte un comportement complètement différent de comment elle est habituellement en utilisant des mots crus et autre, ce qui peut-être très déroutant pour son/sa partenaire.

Ça peut paraître "drôle" vu comme ça mais cette forme de somnambulisme peut conduire à des choses bien plus dramatiques. Étant donné que la personne n'a pas conscience de ce qu'elle fait du fait qu'elle dort, il se peut qu'elle commet des gestes graves comme un viol ou des attouchements sexuels. Et malheureusement, c'est déjà arrivé dans la vraie vie et ce genre d'affaires est très compliquée à régler x.x

Je vous rassure de suite, le cas de Jeongguk dans cette histoire sera inoffensif. Pas de gestes criminels ou autre, notre petit lapin aura juste un peu beaucoup trop chaud dans son sommeil et adoptera des propos un peu inattendus si je peux dire ça comme ça. Rien de plus ^w^

Impressions ?

Votre avis sur Gguk ?

Sur sa maman ? Que pensez-vous de leur relation ?

Que se passera t-il par la suite d'après vous ?

Réponses dans les prochains chapitres !

Je vous remercie encore pour votre patience et tout l'amour que vous offrez à cette intrigue. J'ai reçu encore des commentaires adorables et vraiment, je suis une auteure comblée grâce à vous 😭 Si je pouvais vous offrir un câlin, je le ferai. J'ai espoir qu'un jour on puisse tous se rencontrer pour que je puisse vous remercier en personne et aussi apprendre à vous connaître ❤️

Vraiment, merci à vous de me pousser vers le haut. Vous êtes les best, la crème des crèmes des lecteurs et j'espère que la suite que je vous réserve vous plaira (vous allez me détester bzkdjz) ❤️

Je vous à très vite pour la suite de "So Far Away" et vous fais d'énormes bisous ! Faites attention à vous avec la chaleur, hydratez-vous bien et ne restez pas trop exposés au soleil !

I purple you from the bottom of my heart 💜

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