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𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟓

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Conseil de l'auteure : Une petite chanson pour vous accompagner au moment opportun de ce chapitre ! On se retrouve en bas, comme toujours ! Bonne lecture mes loulous et merci encore pour votre patience ❤


En plein dilemme cornélien. Cette expression résumait très bien la situation dans laquelle Jimin se trouvait par rapport au couple Maria-Taehyung, qui avait vraisemblablement l'air de ne l'être que de façade. D'un côté, le petit ange reposant sur l'une de ses épaules lui conseillait plutôt de se tenir à carreaux puis de prévenir son amie à propos des agissements de Tae. Tandis que le diablotin prenant ses aises sur l'autre l'invitait à goûter à la tentation, à en profiter ni vu ni connu après tant de temps à n'avoir reçu aucun intérêt des hommes à son égard. À force de réfléchir à tout ce traquenard dans lequel il était en train de s'embarquer, il en avait perdu le sommeil.

Partager un moment intime avec un garçon déjà pris par quelqu'un d'autre ne faisait pas partie de ses principes et il ne ressentait pas du tout l'envie de trahir sa jeune amie. Ce serait très bâtard et égoïste de sa part de faire une chose pareille, le danseur en avait conscience. Mais il ne pouvait s'empêcher de s'en vouloir à la fois pour avoir potentiellement créé sans le vouloir un énorme quiproquo et pour ressentir une infime envie de se prêter au jeu de l'amant secret.

C'est dans cet état d'esprit qu'un samedi soir, en compagnie de sa cadette et de celui dont il refusait de prononcer le nom, qu'il se rendit dans une bien drôle de soirée se déroulant dans la ville d'Arras ; ville dans laquelle il n'avait jamais mis le pied auparavant et qu'il trouva plutôt charmante au premier abord. C'est spécial à l'intérieur mais tu verras les gens sont cool, avait assuré la plus jeune tout en faisant des vagues avec ses sourcils quelques jours précédents. Ce qui en eût dit long sur la teneur de cette fête. Jimin avait été d'abord réticent puis avait finalement accepté la requête de son amie tout en soupirant, ne pouvant décidément rien lui refuser. Pour une soirée « spéciale », elle l'était véritablement.

En posant le pied à l'intérieur du Sunset, Jimin ne s'attendait pas du tout à découvrir que la débauche régnait entre ces quatre murs immenses. Une nuance de rouge puissante et enivrante, proche de celle du sang, sortait des nombreux spots lumineux encastrés de-ci de-là les parois et le plafond. Le sol vibrait à chacun de leurs pas tant la musique qui englobait le lieu était forte. Chanson qui donnait un ton particulier à ce lieu où les odeurs de l'alcool, de la sueur et de la drogue empestaient l'espace, se mélangeaient entre elles pour ne former qu'un seul et même amas nauséabond. Le parfum typique de ce genre de fête auquel l'on finit toujours par s'habituer. Il y avait comme un air de fin du monde qui planait dans cette sorte de discothèque. Un léger avant-goût de l'apocalypse. La température se faisait étouffante, compressait la poitrine des nouveaux invités qui étaient apprêtés spécialement pour cette party. Jimin n'avait pas fait d'efforts particuliers pour l'événement. Il avait attrapé le premier jean noir slim troué au niveau des genoux qui passait sous la main dans son armoire et dont il avait pris soin de retroussé, un t-shirt blanc puis des bottines en cuir à talonnettes. Maria s'était faite toute jolie exprès pour Taehyung qui n'en avait strictement rien à faire d'elle, se contentant de répondre par l'affirmative aux questionnements de la plus jeune, sans y mettre une once d'émotion. Chose qu'elle remarqua bien vite et qui la contraria.

Bien que Tae ne semblât pas non plus avoir cherché longtemps pour la tenue qu'il porterait ce soir-là, l'ébène ne put s'empêcher de jeter quelques œillades dans sa direction, de laisser courir ses yeux le long de la silhouette élancée du châtain. Une chemise blanche, dont le tissu paraissait extrêmement fin, enveloppait son torse et mettait même en valeur ses proportions défiant la réalité. Son col taillé en V permettait d'avoir un léger aperçu sur ce qui se cachait en dessous alors que l'une de ses manches remontées montrait un curieux détail sur son bras : un bandage blanc démarrant de son poignet et serpentant vers la moitié de son avant-bras. Le bas de son haut était coincé dans un chino noir s'arrêtant juste au-dessus de ses chevilles et une paire de mocassins assez élégante en cuir sombre, accompagné d'un détail métallique, agrémentait l'ensemble de son habillement. Ce serait être de mauvaise foi de ne pas admettre que ce soir-là, l'aîné des trois était particulièrement beau dans cet accoutrement. Oui, Jimin trouvait Taehyung bellissime dans ces vêtements malgré le tourment que lui apportait ce dernier et les quelques mèches qui coloraient sa chevelure lui allait plutôt bien. Puis ce halo vermillon embrassant sa peau crépusculaire... Cela le détachait presque du commun des mortels. Se rendant compte qu'il louchait depuis plusieurs minutes sur la carrure de ses épaules, il secoua vivement de la tête, sidéré par son propre comportement, avant de laisser son regard divaguer sur ce nouvel environnement qu'il découvrait.

Des ombres masculines comme féminines affublées de cuir, de latex et tenant sur des talons hauts dansaient dans ce halo rougeoyant dans ce qui ressemblait fortement à des cages pour la plupart, sous les yeux de certains clients bien plus qu'intéressés. Leur danse se voulait sensuelle, érotique, en accord avec les sonorités obscures de ce mix aggrotech provenant des énormes basses disposées par-ci par-là. Quelque part, dans cet univers souterrain, si l'on s'attardait sur les banquettes en velours mis à disposition, on pouvait voir un homme assis sur l'une d'elles aux bras de deux belles et jeunes femmes qu'il tenait comme de vrais trophées, la cigarette fumante au coin de l'une de ses babines, leurs visages quelque peu éclairés par deux photophores posés sur la table basse juste face à eux. Il ne manquait plus qu'un collier et une laisse pour ces mesdames tant la situation s'y prêtait. Un peu plus loin, c'était un trouple de femmes qui couraient tout en riant bruyamment, sourire aux lèvres et main dans la main, en direction du large escalier qui donnait accès à l'étage du bâtiment qui contenait apparemment d'autres pièces un peu plus reculées. Pour quelle utilité ? Débarras ? Chambres ? Seul Dieu le savait. Enfin, cela restait à confirmer. Si l'on s'enfonçait un peu plus et approchait le dancefloor, c'était une horde d'oiseaux nocturnes qui s'abandonnaient à leurs partenaires d'une nuit, toujours au rythme de cette chanson qui semblait presque bâtie pour accompagner en arrière-plan un rituel satanique à la gloire de n'importe quel démon pouvant exister. Entre baisers langoureux et collés-serrés endiablés, il n'y avait pas de places pour la pureté ici-bas. Se retrouver dans cette sorte de boîte de nuit où le Rouge inondait tous les hommes présents, c'était comme posséder un ticket pour un aller-direct vertigineux en Enfer. Jimin l'avait bien remarqué. Peu importe la direction dans laquelle il tournait la tête, il tombait toujours nez à nez sur une scène empreinte de perversion et d'ivresse. Comment un lieu comme celui-ci pouvait exister ? Est-ce que c'était autorisé par la loi, même ?

Attablé tout près du comptoir du bar, il perpétua son examen visuel de tous les éléments du décor qui l'entouraient. C'était sa toute première fois dans un endroit pareil. Et plus les minutes défilaient, plus Jimin réalisait peu à peu dans quoi exactement il se trouvait, ses yeux s'écarquillant de plus en plus grand à force d'être témoin de choses qu'il n'était pas supposé voir se déroulant non-loin de lui. Ce n'était clairement pas un lieu pour des mineurs comme lui et Maria. Ils n'avaient rien à faire ici. Ici où la culture de fantasmes en tout genre était prônée, glorifiée comme la plus normale des banalités. Pourtant, le danseur se surprit à reconnaître que l'atmosphère du Sunset éveillait une sensation bizarre en lui. L'impression d'être et de ne pas être à sa place à la fois. De la curiosité, peut-être ? Jimin ne savait pas trop. Il n'en savait rien et le son presque saturé de l'énième mix techno dégoulinant des amplificateurs commençait lentement, mais sûrement, à lui labourer la cervelle.

— C'est un ami à moi qui gère les événements ici avec ses collègues, fit une voix grave par-dessus la musique qu'il ne connaissait malheureusement que trop bien.

Le brun sursauta tant ce timbre était tout proche de son oreille. Il avait même cru sentir son souffle s'écraser juste sous son lobe. Lorsqu'il se retourna pour faire face à son interlocuteur, sans réelle surprise, Taehyung s'était accoudé au bar juste à côté de lui, un bâtonnet de nicotine sortit d'on-ne-sait-où en main avant de l'apporter dans un geste maîtrisé à ses lèvres.

— Et ton ami tolère des mineurs dans un endroit pareil ? C'est pas un peu dangereux ? interrogea Jimin le scrutant du coin de l'œil, l'un de ses sourcils arqués.

Sans lui prêter attention, Tae lui répondit tout en expirant de la fumée toxique :

— Ils ont imposé une limite d'âge de seize ans pour les entrées et la présence d'un adulte accompagnant les plus jeunes. Histoire que ce soit plus safe.

Jimin fit volte-face de sorte à avoir le châtain complètement dans son champ de vision. Ce changement de position lui permit de remarquer que quelqu'un manquait à l'appel, provoquant alors le froncement soudain de ses deux sourcils.

— En parlant de ça : elle est où, Maria ?

— Elle est partie faire sa commission, selon ses dires. Mais la connaissant, je pense qu'elle a rejoint la piste de danse. Ça fait des jours entiers qu'elle me casse les pieds avec ça.

— Attends deux minutes, t'es en train de me dire que t'as laissé la gamine toute seule avec des inconnus là-bas ?! s'emporta au quart de tour le cadet, son index pointant l'emplacement où se situaient tous les clients dansant aux beats addictifs de l'énième chanson diffusée sur les ondes.

Déjà que la lassitude imprégnant ses cordes vocales envers son amie l'agaçait au plus haut point, alors savoir qu'elle était livrée à elle-même parmi des gens qu'ils ne connaissaient ni d'Adam ni d'Ève fit redoubler d'intensité sa colère. L'ébène tapa alors brutalement de la paume de sa main contre la surface en bois poli, sidéré par le manque de sérieux de la part de Taehyung. Celle-ci commençait à chauffer, voire picoter, tant il avait été fort dans son geste. S'il le pouvait, il aurait pris le premier objet qui lui venait pour l'égorger avec jusqu'à ce qu'il meurt. Il avait beau détenir un physique façonné des mains des dieux, il y avait encore du travail à faire en ce qui concernait sa mentalité.

— Quel sens des responsabilités, Kim. On peut vraiment pas te faire confiance, c'est dingue ça ! T'as vingt-trois ans, au cas où t'aurais oublié. T'es censé nous montrer l'exemple à suivre.

— Je n'ai jamais dit que je suis un modèle à suivre, déjà, répondit du tac-au-tac le plus âgé des deux, le contemplant de manière impassible. En toute honnêteté, plus loin je me tiens d'elle, le mieux je me porte. Elle m'insupporte.

Tandis que Taehyung montra un infime signe d'ennui, tout en inspirant une nouvelle bouffée de sa cigarette avant de tapoter l'embout dans le cendrier le plus proche, Jimin bouillonna, l'intérieur de l'une de ses joues coincées entre ses dents. Ne pouvant se contenir plus longtemps, il lâcha sur un ton acerbe :

— Alors ne la fais pas espérer avec tes pseudos numéros de charme, espèce de sans-couilles.

La tension devenait peu à peu électrique entre les deux hommes. Ils se mirent à se jauger longuement du regard, sans cligner d'une malheureuse microseconde, en véritables chiens de faïence. Implicitement, l'un cherchait à impressionner l'autre et tous deux se livraient à une bataille silencieuse où celui qui baisserait sa garde en premier s'avouerait vaincu. Sauf que Jimin avait omis à quel point les prunelles de Taehyung pouvaient être source de danger pour son mental. Une fois les pupilles braquées dans sa direction, c'était fichu. Il était impossible de fuir ces ténèbres envoûtantes. Pour unique réponse à sa pique, le plus vieux lui envoya une fumée de nicotine en pleine figure, sans sourciller.

— Tu sais quoi ? commença Jimin. Je vais chercher Maria et on va sortir de ce lieu sordide vite fait, bien fait et rentrer.

Prétexte pour échapper aux billes captivantes de l'adulte ? Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. En tout cas, le danseur éprouvait réellement l'envie de partir. Au moment de laisser sa Némésis seule, Jimin se fit rattraper par le poignet. Se doutant bien de l'identité de celui qui lui avait choppé le bras sans vergogne, il le fusilla du regard, lui intimant alors de le lâcher.

— « Endroit sordide », dis-tu ? répéta Taehyung, un sourire en coin et visiblement amusé par les propos de son cadet, tout en écrasant sa clope dans un cendrier. En es-tu si sûr ? Je suis certain que tu apprécies cet établissement, je dirais même le thème de cette soirée plus particulièrement.

— Arrête tes conneries, lâche-moi !

Jimin ne se laissa pas démonter et tenta de se soustraire à la poigne plutôt coriace du châtain par tous les moyens mais rien n'y faisait. Celui-ci tira subitement bien plus fort, attirant le plus jeune vers lui qui retrouva alors ses hanches prisonnières entre ses bras, torse contre torse, étourdi.

— Mon cher Jimin... Comment oses-tu me mentir alors qu'il y a quelques semaines de cela, tu étais prêt à me laisser vagabonder entre tes cuisses, hm ? Les calomnies, ce n'est pas bien. Tu le sais, ça ? Ce n'est certainement pas moi qui ai dit désirer être pris sans merci, brutalement pendant un breath play.

Jimin se doutait que cette soirée serait d'une singularité sans nom dès les premières minutes de sa venue, au vu du décor qui l'encerclait. Mais que celle-ci prenne une tournure aussi déroutante... Un frisson désagréable le parcourut. Comment diable Taehyung pouvait connaître cette partie si intime de lui ? Partie qu'il n'avait montré à quiconque, qui ne devait être connue que de lui-même... Puis de cette fameuse personne qui l'avait tant intrigué ces derniers temps et qui l'avait laissée, jusque-là, sans nouvelles. MrSelfDestruct. Les globes oculaires du plus petit de taille manquèrent de sortir de leurs orbites tant les agissements de son vis-à-vis l'horrifièrent. La façon dont il le scannait de ses orbes sombres chaque fois qu'il était dans les parages, ses avances farouches à son égard et surtout les mots qu'il choisissait pour lui faire la cour... C'était inconcevable. Jimin attrapa l'une des poignes du plus âgé, son esprit plus vif que jamais et dit :

— Toi et moi, il faut qu'on ait une explication. Ça urge !

Ni une ni deux, il emmena avec lui le plus grand, oubliant alors ses priorités de départ. Ils slalomèrent avec rapidité entre les nombreux consommateurs conviés à cette fête – enfin si l'on pouvait appeler cela ainsi – tout en manquant parfois de rentrer en collision avec plusieurs d'entre eux. Jimin n'était pas de nature très patiente, surtout quand il se retrouvait dans un lieu aussi bondé de monde. C'était pire que de se balader dans le centre commercial Euralille. Les gens prenaient leurs aises en marchant trop lentement leur guise juste devant lui, en s'arrêtant en plein milieu du chemin pour saluer un proche et cela avait le don de mettre le brunet hors de lui. Dans ces moments-là, il ne cherchait pas midi à quatorze heures : il fonçait dans le tas, que cela plaise aux autres ou non.

Après avoir contourné un couple pété comme des coings, possiblement marché sur les pieds de quelqu'un et rentré tel un taureau dans ceux qui lui barraient le passage, l'adolescent et son accompagnant atteignirent les escaliers du Sunset. Il y avait beaucoup trop de bruits pour pouvoir être parfaitement compris au rez-de-chaussée alors Jimin avait préféré opter pour une pièce à l'étage, bien éloignée de l'agitation qui secouait cette vague humaine de pécheurs et de curieux en quête de sensations fortes et nouvelles. Ils gravirent les marches une à une, se tenant toujours par la main. Ce qui étonna Jimin durant la montée, c'était que Taehyung n'avait à aucun instant riposté. Il s'était sagement laissé faire et n'avait émis aucune protestation. Cette attitude assez banale ne calma pas la tempête s'étant élevée à l'intérieur de son crâne. Il en vint même à se demander si Tae ne cherchait pas justement à ce qu'un moment comme celui-ci arrive, où ils ne seraient rien que tous les deux, sans personne pour les interrompre. Il se mit une claque mentalement, jugeant qu'il psychotait trop. Il avait juste à remettre à l'ordre Taehyung, lui dire franchement que jamais rien ne se passerait entre eux et puis tout rentrerait dans l'ordre. C'était simple comme bonjour.

Une fois arrivés à bon port, les deux garçons s'engouffrèrent dans l'un des multiples couloirs que regorgeait cet unique palier. Le sang tapait à vive allure dans les veines de Jimin tandis que la musique se faisait moindre au fur et à mesure qu'ils avançaient. Ils longèrent le corridor obscur et parmi toutes les portes fermées, le noir de jais choisit l'une d'entre elles au hasard et actionna la poignée sans se poser de questions, sans se douter qu'il pouvait y avoir quelqu'un ayant déjà réquisitionné la pièce. Et lorsque le battant de la porte s'ouvrit sur un spectacle plutôt atypique que l'on a pas pour habitude de voir tous les jours, Jimin referma aussitôt celle-ci, le rouge lui montant vite aux joues. Voir une femme partiellement dévêtue, bras liés vers l'arrière et tirés par une corde reliée au plafond, ses chevilles immobilisées par une barre d'écartement pendant qu'un homme glissait les lanières d'un martinet le long du dos de la belle... Ouais, Jimin s'en souviendrai longtemps de cette image-là.

Il eut comme une révélation et eut enfin réponse à l'une de ses questions qui le taraudait un peu plus tôt. Les pièces, encore sans utilité définies dans la matière grise du jeune homme... C'étaient des putains de salles aménagées en donjons. Des chambres réservées aux jeux charnels entre adultes où domination et soumission cohabitaient ensemble. Durant un millième de seconde, il se questionna dans quoi il s'était fourré avant de finalement chercher une autre pièce qui serait libre. Par chance, l'une d'entre elles était ouverte. Ils entrèrent à l'intérieur et si Jimin s'était retourné à l'instant même où ils avaient passé le seuil de la porte, il aurait pu entrevoir l'ombre d'un sourire se former sur les lippes de la source de ses tracas.

Une fois loin du tumulte et le verrou bien fermé à double tours, un certain malaise frappa le plus jeune lorsqu'il contempla la décoration environnante. L'espace était ni trop grand, ni trop petit, juste comme il fallait. La couleur bordeaux imprégnait les murs alors que sur certains d'entre eux de grands miroirs y étaient incrustés, de minuscules LED écarlates les décorant. Peu importe où l'on voulait braquer son regard, on tomberait inévitablement sur son propre reflet, debout au beau milieu de cette chambre immergée dans une pénombre aux teintes de l'interdit. Le plus surprenant dans cette pièce ? Une drôle de balançoire trônait au centre, reliée au plafond. Puis il y avait ce magnifique lit à baldaquin à l'autre bout de celle-ci en bois massif, orné de draps vermillon et noirs dont l'aspect avait l'air soyeux et fondant sous la pulpe des doigts. Des accessoires plutôt cocasses reposaient dessus qui firent dévier illico la trajectoire des pupilles du plus jeune, le faisant également regretter d'avoir accepté la requête de Maria.

Taehyung se tenait à environ un mètre de lui, les bras croisés contre son torse, attendant certainement que le plus jeune engage la conversation. Les pupilles de Jimin dévièrent une nouvelle fois pour enfin se poser sur celui-ci. Il inspira une immense bouffée d'air pour se donner du courage et se lança, bien décidé à mettre un terme au jeu déplacé de son aîné.

— Écoute... Je sais pas à quoi tu joues depuis tout ce temps mais je te demande d'arrêter parce que je suis en train de perdre la tête avec toute cette merde ! Qu'est-ce que tu me veux ? Qu'est-ce que je t'ai fait pour que tu tournes autour de moi comme un putain de vautour ?! Et Maria dans tout ça ?! J'exige des explica–

Jimin s'arrêta rapidement dans son monologue, remarquant l'expression sur le faciès de son vis-à-vis. Celui-ci n'avait pas du tout l'air d'être perturbé par la situation. Ça ne lui faisait même ni chaud ni froid. Encore mieux, la panique serpentant les morphèmes qui sortaient de la bouche pulpeuse du plus jeune semblait le régaler.

— Quoi ? demanda sèchement Jimin, cherchant à comprendre l'attitude de Tae.

Celui-ci entama une démarche lente en sa direction tout en pouffant d'un rire discret.

— Qu'est-ce qui te fait rigoler ?

— Ce que tu es long à la détente quand tu le veux, Jiminie.

Taehyung continuait d'avancer, ses pas s'alignant avec assurance contre la surface froide du sol. Jimin, quant à lui, recula peu à peu, sentant qu'on entrait dans le périmètre de sécurité qu'il avait tenté d'imposer entre lui et son vis-à-vis. Ses pulsations cardiaques s'emballaient peu à peu et ses pupilles zigzaguaient de droite à gauche sur le visage du châtain, s'évertuant à trouver une réponse à ses questions sur le portrait de cet homme qui ne cessait de lui en faire voir de toutes les couleurs depuis quelques temps... Et qui semblait désireux de ne point le laisser tranquille.

— L'évidence est sous tes yeux depuis le début. Soit, tu es très naïf...

Le dos du danseur rencontra subitement quelque chose de dur derrière lui, l'empêchant alors d'agrandir la distance entre lui et l'homme aux quelques mèches vertes ; ce qui le fit pester de rage. Pris au piège. C'est cette impression désagréable qui prit possession de l'artiste alors que son cœur – seigneur – il était à deux doigts d'éclater en mille morceaux. Il paniquait un peu plus au fur et à mesure que l'espace entre lui et Tae s'amoindrissait. Il n'était pas prêt à affronter la réalité. Pas du tout même.

— Soit tu refuses de voir la vérité en face, conclut Taehyung désormais à quelques centimètres de lui.

Une nouvelle fois, son souffle frôla les lèvres du plus jeune qui avala difficilement sa salive à ce toucher fantôme aux aromates toxiques. Taehyung devait reculer et vite. Très vite. Sinon...

— Bouge ! ordonna Jimin, le souffle court.

Taehyung arqua l'un de ses sourcils bien épilés, ses prunelles sombres à l'affût de la moindre réaction de son cadet et prononça :

— Tu veux que je bouge ?

Lentement, il décroisa les bras puis encadra la tête de Jimin, ceux-ci de part et d'autre de son visage tiraillé par l'anxiété. Celui-ci se sentait déjà minuscule aux côtés du basané en temps normal, alors dans cette position, il paraissait presque vulnérable.

— Et si je refuse ? continua le plus vieux, de sa voix profondément grave.

— Tae, je–

— Je n'ai pas fini.

Son ton s'était fait sans appel. Il était débordant d'autorité sans que ça ne soit réellement voulu par son propriétaire, détenait ses notes graves et rocailleuses qui faisaient chavirer son mental qui, d''habitude, était d'acier. Jimin ne broncha pas, bien qu'une infime partie de lui souhaitait défier Taehyung comme toujours. L'ange et le démon sur ses épaules étaient en train de se chamailler. Tae darda son regard dans celui de l'adolescent d'une œillade impénétrable. Sans s'en rendre compte, Jimin passa sa langue sur ses lèvres, les sentant d'un coup sèches comme le Sahara, voire brûlantes. Un chuchotement. Très faible, presque inaudible. Silencieux dans l'espace mais cacophonique dans l'esprit de l'ébène. MrSelfDestruct, c'est moi, avait avoué Taehyung. Jimin ne sut comment réagir tant il fut surpris de la tournure que prenait leur semblant de discussion. Il ouvrit lentement la bouche pour ensuite la refermer, n'étant pas dans la capacité d'exprimer quoi que ce soit. Les mots refusaient de sortir de sa gorge, quelque chose l'en empêchait.

— Être en couple avec ta copine n'était qu'un prétexte pour mieux me rapprocher de toi, continua-t-il. Quand j'ai vu ton nom d'utilisateur parmi sa liste d'amis sur son compte puis vos photos prises ensemble dans sa galerie d'images, je me suis dit que c'était l'occasion ou jamais.

Je m'en fiche d'elle, que l'on soit bien clair.

La personne que je convoite se trouve ici. Dans cette pièce.

Et je ne quitterai pas cette discothèque de malheur sans l'avoir fait mienne.

Jimin avalait les paroles de Tae, son dos toujours calé contre le mur derrière lui. Chaque syllabe roulant sous sa langue sonnait d'une manière harmonieuse et très agréable pour les tympans de Jimin. Il avait comme l'impression de flotter hors de son corps, d'être à la fois présent et absent. La situation paraissait presque irréelle. Kim Taehyung et MrSelfDestruct n'étaient qu'une seule et même personne. Taehyung et cet anonyme l'ayant couvert de louanges à sa physionomie étaient indissociables.

— Je suis sincèrement navré d'avoir cessé de te faire la conversation du jour au lendemain. Je n'avais pas le choix pour atteindre mon objectif, étant donné qu'elle est du genre à fouiner dans les affaires des autres, du moins celles de l'élu de son cœur.

Un mutisme religieux plomba peu à peu l'atmosphère du lieu. Silence qui fut comblé aussitôt par les bourdonnements des enceintes venant du rez-de-chaussée. Les mirettes du danseur pendouillaient dans le vide, s'accrochaient à un point invisible sur sa gauche. Puis il remarqua que depuis tout ce temps, il se trouvait à proximité de la porte par laquelle ils étaient entrés quelques minutes auparavant. Sans que Tae ne s'y attende, Jimin le poussa de l'épaule sans lui adresser un mot. Il avait besoin de s'aérer les méninges, de digérer ce qu'il venait de se passer et surtout de faire taire ses ardeurs qui se réveillaient peu à peu pour éviter de commettre une grosse connerie qui ne serait sans doute pas sans conséquences. Une fois extrait de Taehyung, le danseur se posta devant le battant. L'une de ses poignes potelées approcha d'abord le verrou pour ensuite l'ouvrir dans un mouvement habile puis empoigna le bouton de porte. Celle-ci s'ouvrit petit à petit et la musique saturée au langage incompréhensible parvint alors jusqu'à ses tympans. Il n'eut pas le temps de faire quoi que ce soit que la porte claqua dans un fracas assourdissant sous son nez, faisant bondir son pauvre organe vital dans sa cage thoracique et transformant ses yeux en soucoupes. De plus, il pouvait sentir une masse reposée contre son propre dos. Boum, boum... Boum, boum...

— Qu'est-ce que tu n'as pas compris dans ce que je viens de te dire, hm ? l'interrogea le châtain, tout proche de lui, l'une de ses grandes mains prenant appui contre le bois de la porte.

Des frissons coururent le long de sa chute de reins, telle une horde d'araignées affamées. Quelque chose de doux, de chaud était entré en contact avec sa peau en dessous de son maillot. Cette caresse était longue, presque lascive, ce qui le fit tendre des muscles. Ce n'était qu'une question de minutes avant qu'il ne craque définitivement. Taehyung était MrSelfDestruct. Cette information tournait en boucle dans son crâne, s'entrechoquait contre ses parois. La pression était telle que Jimin crut perdre la raison et cet effleurement fiévreux sur son derme le rendait toute chose, remuait ses entrailles... Lui donnait l'envie de glisser dans les gouffres de la luxure comme jamais et d'oublier tout principe de bonne conduite. De ne penser à rien d'autre que son propre ego.

— R– recule... ordonna Jimin, presque haletant.

— Est-ce que tu te rends compte de l'effet que tu produis chez moi, bordel ?

Sa voix chuta d'une octave, ne la rendant que plus sensuelle qu'elle ne l'était déjà. Jimin était en ébullition et seconde après seconde, il pouvait sentir son for intérieur défaillir. Comment cet homme, qu'il détestait depuis sa toute première rencontre, pouvait le foutre en bazar en un claquement de doigts ? Inconsciemment, le plus petit des deux approcha sa main de la cuisse du plus grand, bravant l'interdit. Il la remonta à rythme pianissimo encore, encore un peu plus haut, alors que celle-ci était en proie à de petits soubresauts dû à l'excitation de ce moment. Puis, il atteignit cette zone. Sous sa paume, Jimin pouvait sentir une bosse déformer le pantalon de Tae. C'était son désir de ne faire qu'un avec lui qui pulsait sous ses doigts et ce dernier était imposant. Des songes odieux défilèrent à toute vitesse dans son esprit et son excitation grimpa d'un coup.

— Je crois avoir une petite idée, oui...

Tae était dans cet état pour lui, à cause de lui. Tae n'était pas indifférent ou médisant vis-à-vis de lui comme les autres garçons de son âge. Tae le voulait corps et âme. Et Jimin pouvait obtenir tout ce qu'il priait avoir un jour ici, grâce à lui. Il jouait avec le feu. Un brasier ardent et indomptable portant le nom de Kim Taehyung qui attendait avec une patience limitée d'embraser l'essence qu'était Park Jimin. Mais à trop se rapprocher des flammes, ne risquait-il pas de se brûler les ailes ? Regretterait-il son choix ? Que penseraient ses proches de tout ça ? Et surtout... Qu'en serait-il de Maria, au milieu de tout ce chaos ? Sa réflexion fut de courte durée car l'adulte derrière lui pressa un peu plus fort sa main contre ce qui faisait de lui un homme. Son organe vital s'affola encore et toujours plus, à croire qu'il jaillirait de sa poitrine d'un instant à l'autre, lorsque son esprit prolongea sa projection d'images pas très chastes les mettant tous deux en scène dans des positions érotiques, salaces, beaucoup trop surchargées de stupre. Et du peu qu'il touchait, Jimin imaginait parfaitement bien le chibre de Taehyung de bonne taille, bien sculpté et proportionné pour mieux le culbu–

— Tae... C'est dangereux ce que tu fais, avertit le plus jeune, tendu au sens propre comme au sens figuré.

Ne craque pas et tiens-toi droit, lui hurlait l'angelot sur son épaule gauche. Embrasse-le, lui chuchotait le démon sur sa jumelle opposée. Et Jimin, entre les deux, ne savait plus où se donner de la tête, qui donc écouter. Qui des deux détenait la bonne réponse face à ce problème ? Il se fit retourner doucement, sans mouvement brusque. Sa main quitta l'entrejambe de Taehyung pour venir flotter d'un côté de sa hanche tandis qu'il se retrouva dans l'impossibilité de plonger ses obsidiennes dans celles de son vis-à-vis. Il avait l'air d'un petit chiot apeuré et trouvait cela ridicule.

— Mais tout comme moi, tu aimes le goût du risque...

Sans qu'il ne contrôle quoi que ce soit, sa tête fut relevée par une poigne douillette et une fois de plus, le plus compliqué arriva tout aussi violemment qu'une claque volante. Ne pas se perdre dans ses prunelles. Ne surtout pas se laisser aller face à cet éclat passionnant lanternant au cœur de ses pupilles, ni même à ce timbre délicieux émanant d'entre ses lippes carminées. Et pourtant Jimin fit tout le contraire des règles qu'il s'était lui-même imposées. Il baya aux corneilles*, les bras ballant de part et d'autre de son corps, son regard se faisant littéralement manger par celui du plus âgé. Puis vint une caresse sur l'une de ses joues rebondies. Ce contact le fit de nouveau frissonner, le fit manquer de soupirer d'aise. Il avait la sensation de fondre sous son toucher électrisant. Se contenir, réprimer ses ardeurs se faisait de plus en plus difficile. Cela frôlait la pulsion à assouvir de toute urgence.

— Si tu ne voulais pas de moi, tu m'aurais rejeté fermement depuis bien longtemps déjà. Même encore maintenant, tu me laisses te toucher...

Est-ce qu'il était en train de danser avec le Diable ? Il en avait tout l'air.

— Bon dieu, que ta peau est douce...

C'était si sexy et excitant venant de la part de Taehyung. Il y avait définitivement quelque chose en lui, un charme puissant et implacable qui poussait Jimin à s'abandonner à lui et qui le distinguait par rapport aux autres garçons. Est-ce que cet homme avait eu d'autres conquêtes auparavant ? Quels étaient ses secrets ? Ses envies ? Et ce regard... Comment était-ce possible d'avoir de telles mirettes pouvant vous faire éprouver des émotions aussi extrêmes ? Fascinant. Taehyung était tout bonnement fascinant. Froideur et chaleur coexistaient en lui, rendant son personnage particulièrement intrigant.

— Jimin...

Les deux syllabes composant son prénom roulèrent sous son muscle rosé d'une façon indescriptible mais très plaisante à l'oreille du détenteur. Jimin souhaitait que son nom soit prononcé encore une fois de cette manière. Il désirait l'entendre une autre fois. Ses pensées étaient devenues si contradictoires en l'espace d'une unique soirée... Peut-être qu'il n'avait pas aperçu les prémices de ce changement, peu de temps auparavant ?

— Je te veux. Si tu savais le nombre de fois où je t'ai fait l'amour dans ma tête...

Le pouce de Tae flatta doucement la surface de sa pommette. Celui-ci coinça sa lèvre inférieure durant un très court instant avant de poursuivre :

— Et si tu pouvais lire dans mes pensées, je suis presque sûr que tu serais soit traumatisé, excité ou les deux à la fois. Tu m'obsèdes à un point inimaginable, Jimin... De jour comme de nuit, tu es là, dans mon crâne et il n'y a pas une seule seconde où je ne songe pas à toi, à ton visage harmonieux, à tes lèvres tentatrices, à ton regard irrésistible... À ce corps divin que je veux m'approprier et faire gravir jusqu'au septième ciel. Je te le redis encore une fois : je ne quitterai pas cette chambre sans t'avoir goûté. Tu peux rester sans qu'il ne se passe rien, si c'est ça que tu veux. Mais je pense que de nous deux, ce sera toi qui abdiquera le premier.

Jimin eut la réponse à sa question. Elle sonnait comme une illumination, une sorte d'épiphanie. Maintenant, il pouvait voir la chose dans son intégralité.

Imagine toi et moi, peau contre peau, jusqu'à pas d'heure. Penser à toi, à nous dans un corps-à-corps éperdu m'excite comme un fou et je n'ai qu'une hâte : concrétiser notre pulsion commune.

Le Diable était dans les détails, bien réel. Ce n'était pas un petit bonhomme rouge pourvu de cornes enfoncées dans les tempes et d'une queue accrochée à son arrière-train, oh que non... Il était bien plus que ça. L'Esprit Malin bénéficiait d'une beauté inégalable, d'une intelligence sans faille, de toutes les qualités possibles pour attirer les mortels dans ses filets car il fut le favori des cieux avant de déchoir... Et de se poster juste devant lui, de maigres centimètres les séparant, en chair et en os. Puis rapidement, tout s'enchaîna sans prévenir.

Jimin embrassa une première fois Taehyung dans un baiser précipité avant de le rompre, l'adrénaline s'insufflant dans ses vaisseaux sanguins, dans ses muscles, partout en lui. Il laissa son corps prendre le relais sur cette situation des plus complexes. Ses bras passèrent autour de la nuque de l'aîné pendant que celui-ci rapprocha leur corps en pressant ses hanches sensuellement contre les siennes. Front contre front, bassin contre bassin et leurs souffles ébouillantés fusionnant ensemble, ils semblaient comme en transe. Leurs paupières étaient fermées, en quête de sensations fiévreuses et profitant de ce moment unique. La pointe de leurs nez se taquinèrent, se frôlèrent alors qu'ils se testaient, repoussant alors un peu plus loin leurs limites déjà atteintes. Leurs lèvres s'effleuraient sans se toucher, leurs soupirs ne cessaient de fusionner inlassablement entre eux et cela ne fit qu'accroître leur excitation. Leurs cœurs cognaient à l'unisson, forts, si forts qu'ils crurent percevoir les battements tout proches de leurs tympans. L'atmosphère devenait de plus en plus palpable dans cette chambre recouverte de bordeaux et de glaces, ces simples contacts ne suffisaient plus aux deux hommes. En chœur, ils échouèrent leurs demi-lunes entre elles et entamèrent une valse névrosée de baisers passionnés, désordonnés mais terriblement bons. Jimin se sentit partir loin dans cet échange, les lèvres de Taehyung contre les siennes avaient réveillé quelque chose d'inconnu en lui. Il savait se montrer persuasif avec les mots... Il l'était d'autant plus avec cette langue chevauchant la sienne avec avidité. Il avait suffi d'un toucher, d'un baiser et de paroles séductrices pour que Jimin tombe tête la première dans cette toile de péchés que Tae avait tissé avec minutie.

Les caresses buccales se poursuivirent, entre bruits obscènes de succions et respirations lourdes. Leurs mains glissèrent tout partout sur l'enveloppe corporelle de l'autre dans le but de garder en mémoire chaque courbe, chaque forme les sculptant. Taehyung recula peu à peu, toujours aux crochets de Jimin. L'ébène se laissa faire, totalement absorbé par ces lippes aussi miellées que le miel lui-même. Leur volupté le rendait faible. Aucun terme ne pouvait décrire les répercussions dévastatrices qu'elles provoquaient sur lui. Ils tournèrent comme pour changer de position et en un clin d'œil, leurs corps basculèrent et dans leur chute, le dos de l'adolescent s'enfonça dans une surface duveteuse. Suite à cette cascade, le danseur avait fermé les yeux instinctivement par mécanisme. Lorsqu'il les rouvrit... Deux halos ténébreux et perçants encadrés de mèches vertes et châtain le fixaient, le scrutaient méticuleusement comme s'il était la Joconde. Tae était vraiment beau, si beau qu'il fut difficile de croire qu'un homme tel que lui puisse exister. Tout chez lui lui faisait de l'œil, il n'y avait pas la moindre trace d'un défaut pouvant enlaidir son faciès gâté par la Nature. Être contemplé de la sorte lui fit énormément plaisir, lui qui crevait en silence qu'une personne du même sexe ne se retourne sur lui, le voit, réalise sa présence et veuille de lui.

Ils sombrèrent en totale osmose et consentants, chavirèrent un peu plus dans l'entonnoir de la jouissance dans cette pièce reculée de la foule. Le mercure du thermomètre au bord de l'implosion et après quelques minutes à peine écoulées, Jimin hurla à gorge déployée son allégresse, se tortilla dans des secousses incontrôlées, implora toujours plus sous les manœuvres addictives du plus âgé tandis que celui-ci les rapprochait tous deux, coup de butoir après coup de butoir, du nirvana.

— Attends, t'es en train de me raconter que toi et Taehyung vous avez... Pendant une sorte de soirée BDSM au Sunset ?

Retour à la réalité, à l'instant « T ». Jeongguk n'en revenait absolument pas du récit de son meilleur ami, concernant cette relation houleuse qu'ils avaient tous deux entretenue. Toujours assis l'un en face de l'autre sur leurs tabourets, l'étudiant avait écouté son hyung, sans jamais le couper dans son explication. Désormais, il était choqué. L'expression sur son visage recouvert de larmes séchées, la manière dont il le regardait le traduisait bien. Il n'aurait jamais pensé que Jimin, lui qui lui avait répété bon nombre de fois ne pas approcher d'un seul millimètre l'employé de cantine, fut le premier à capituler face aux avances de celui-ci. De plus, il connaissait son côté un peu « pervers » à toujours balancer des blagues sexuelles et sa sexualité débridée, mais à aucun moment cela ne lui avait traversé l'esprit que Jimin ait pu avoir une expérience aussi pimentée à un aussi jeune âge. Cette histoire était déroutante, abracadabrante sur les bords et pourtant, elle avait réellement eu lieu. On n'était pas dans un scénario de Dark Romance à la sauce Cinquante Nuances de Grey. On était bien dans le monde réel, la vraie vie.

— Ouais... confirma Jimin en soupirant. Quand j'ai appris par la suite qu'il était de confession chrétienne, j'ai cru nager en plein délire. Moi qui étais persuadé que tous les croyants étaient coincés comme des manches à balais... J'ai eu ma dose.

Effectivement, Jeongguk avait appris lui aussi à ses dépens que l'adulte était quelqu'un bourré de paradoxes, au détour d'une dispute. Ça l'avait étonné que Taehyung soit aussi... Expert en la matière pour une personne si dévote envers Dieu. Pas que cela l'avait déplu, bien au contraire, mais il ne s'était pas du tout attendu à un tel décalage. Jimin fit un très court arrêt pour prendre une bouffée de sa cigarette électronique avant de lâcher tout en soufflant :

— Et malgré le bordel qu'il a semé dans mon quotidien, il est jusqu'à présent mon meilleur coup au lit et surtout celui qui a su le plus m'apporter l'affection que j'attendais.

Un léger sourire fendit ses croissants de chair puis il dit, sur le ton de la confidence :

— Taehyung, une fois dans notre bulle d'intimité... C'était sacrément quelque chose.

Il y avait une pointe de nostalgie dans sa voix. Ce n'était pas Jeongguk qui allait le contredire. À ces mots, une déferlante d'images charnelles firent leur apparition dans son esprit encore tout traumatisé et embrumé. Il se souvenait avec précision de ses grandes mains attentionnées qui voyageaient sur chaque parcelle de son épiderme sensible, de ses muscles – biceps et abdominaux compris – se contractant sous l'effort qu'il fournissait dans leurs ébats, de ses va-et-vient puissants en lui et sur lui, de ses grognements alléchants au creux de son oreille, toujours de ses poignes le tenant par sa taille de guêpe avec impétuosité puis de ses lèvres qui le malmenaient avec passion... Passionné. Cet adjectif correspondait bien à Tae qui s'était montré tel quel chaque fois qu'ils avaient fait l'amour, à chaque embrassade, à chaque instant où ils formaient encore un couple. Il avait été entier et sincère avec lui. L'ébène croisa fermement ses jambes, après avoir senti une violente décharge dans son bas-ventre.

— Tu as dû le sentir toi aussi, pas vrai ? Cette passion contagieuse qui émane de lui ?

Jeongguk se contenta de hocher de la tête car tous les deux connaissaient la réponse. Il n'y avait pas besoin d'en dire plus. Puis, il fronça les sourcils.

— Mais... Comment tu t'es senti après tout ça ? Je veux dire, ça a dû être compliqué avec Maria qui sortait toujours avec lui et tout...

Il avait posé cette question un peu maladroitement et s'en voulait à la seconde même, se disant que conter tout cela devait lui raviver de mauvais souvenirs. Jimin soupira lourdement. Il n'avait pas du tout l'air fier de ce qu'il se préparait à lui confier.

— J'admets que j'ai d'abord pensé qu'à ma gueule. Ce qui devait se passer qu'une unique fois s'est répété à de trop nombreuses reprises, après cette nuit-là. On se fréquentait dans le dos de la petite et le pire, c'est que ni lui ni moi n'avions regretté ça... Du moins les premiers jours, pour ma part. J'en culpabilise encore plus à l'heure actuelle, pour de multiples raisons.

— Combien de temps a duré votre relation ? questionna Gguk, son verre quasi vide jonglant entre ses mains sur le plat de la table.

Celui-ci vit alors son ami plisser des yeux, comme s'il était en réflexion intensive.

— Moins de trois semaines, je crois... Ça n'a pas duré au-delà d'un mois, en tout cas. C'était très court.

Jimin avait plutôt bien camouflé son jeu car Jeongguk ne s'était jamais douté à l'époque qu'il avait fréquenté un autre homme alors qu'ils n'étaient encore que des lycéens. Cela attrista et vexa quelque peu le noir de jais que son meilleur ami ne lui ait touché aucun mot durant cette période, mais il ne dit point un mot. Puis, il se rappela qu'il avait agi exactement comme lui et s'estima ne pas être mieux que lui. Autant l'un que l'autre, ils étaient en faute. Dans un sens, ils étaient quittes tous les deux.

— Il s'est passé quoi pour que vous stoppiez tout du jour au lendemain ? osa demander le benjamin, incertain.

Son aîné se crispa sur sa chaise et sa mâchoire se resserra. Un long silence plomba un peu trop soudainement le climat de l'appartement où seuls les « tic tac » de l'horloge moderne comblaient ce mutisme digne d'un monastère. Jeongguk voyait le désarroi tirailler le visage de son vis-à-vis, ce qui présageait le pire d'après lui. Le brun semblait perdu et son regard se perdait également dans le vide. Le gamin à la bouille de lapin voulut ouvrir la bouche pour tenter de le rassurer mais Jimin le coupa dans son action, un mince, très mince sourire aux lèvres.

— Il est joli le pendentif autour de ton cou. Il est nouveau ?

Par automatisme, Jeongguk baissa les yeux vers ledit pendentif. Son organe vital se compressa à sa vue pendant que ses doigts attrapèrent la petite émeraude étincelante de mille feux.

— C'est le collier de naissance de Taehyung. Il me l'a donné le jour de son anniversaire parce qu'il est assorti à la couleur de mes yeux...

Et jamais je ne le retirerai.

— Depuis, j'essaie d'apprendre à aimer mes neuneuilles et son cadeau m'a bien aidé. Il y a encore du boulot mais je les déteste moins qu'avant.

Un autre silence où Jimin le contemplait, toujours avec ce minuscule sourire sans le quitter du regard, attendri, l'une de ses joues reposant contre l'un de poings.

— Tae était très attentionné avec moi, une fois que l'on a commencé à sortir ensemble, débuta Jimin. Il n'avait rien à voir avec l'image que j'avais de lui au départ, du gars froid qui veut se la jouer un peu trop pour se donner un genre. On se donnait rendez-vous près de la librairie où il travaillait après la fin de son service, chaque jour. Les mensonges que je sortais à mes parents pour pouvoir dormir chez lui – putain ! – un vrai sketch, tellement c'était pas crédible. Pourtant, ils n'y ont vu que du feu. Il était très doux, patient... C'était le mec rêvé, quoi. Puis... J'ai commencé à être témoin de signes étranges chez lui.

Le dernier propos du danseur interpella l'étudiant, comme s'il se sentait concerné.

— Quel genre de signes ?

Jimin reprit en bouche sa vapoteuse avant d'expirer un nuage au parfum sucré.

— Hmm... J'ai remarqué qu'il avait en réalité peu, voire pas du tout d'estime pour lui-même. Il m'avait confessé qu'il désirait accéder à un grade plus haut que simple libraire, genre... Être écrivain ou quelque chose comme ça, je ne me souviens plus trop. Il se comportait comme si c'était perdu d'avance alors qu'il avait fait encore aucune démarche pour rendre son rêve réalisable. Il avait constamment besoin d'être rassuré pour tout et pour rien, j'avais l'impression de m'occuper d'un enfant mais... Comme j'appréciais sa compagnie, j'en ai pas tenu rigueur et je lui ai offert ma patience et toute mon affection pour l'aider à aller mieux. Je savais rien de son passé mais j'ai senti qu'il avait besoin d'être accompagné. Puis, il y a ses sautes d'humeurs qui ont débarqués sans prévenir...

Il montrait petit à petit des signes de nervosité. Il se mordillait parfois les lèvres, se raclait la gorge, n'osait pas regarder Jeongguk plus de quelques secondes. Lui aussi avait dû donc supporter les craquages imprévisibles de Taehyung...

— Tu te souviens quand tu m'as dit que t'avais l'impression de découvrir de nouvelles facettes de sa personnalité, quand t'es venu à la fin de mon cours ? Eh bien, c'était exactement ça. Quand Tae était irrité, j'avais la sensation d'avoir un parfait inconnu devant moi. Il pouvait s'emporter encore et encore durant de longues minutes avant de se calmer tout seul, d'un coup. J'arrivais pas à suivre le rythme de ses « crises », il pouvait passer du chaud au froid très rapidement et ça jouait sur mes nerfs. Ça fait que je me mettais aussi en colère dans ces moments-là avant de me radoucir. Il pouvait être très méchant dans ses paroles quand il le voulait, il savait taper là où ça fait mal rien qu'en parlant...

Pas seulement avec des mots sortant de la bouche, hyung... Il sait blesser par n'importe quel moyen et c'est ça le plus effrayant.

— J'ai d'abord pensé qu'il était peut-être dépressif ou bipolaire, tu sais ? Et...

Sa voix s'était tue dans un tremblotement incontrôlé. Il ferma les yeux et soupira bruyamment tout en pestant contre lui-même.

— Putain, c'est pénible ! gronda-t-il.

— Minnie, prends ton temps, prononça Jeongguk. T'énerver contre toi-même ne changera rien, c'est déjà un gros cap que tu viens de franchir en me racontant tout ça. Je suis fier de toi, vraiment. J'ai conscience que ça ne doit pas être simple pour toi de me relater des souvenirs qui te hantent encore.

Pour le soutenir dans cette épreuve, Jeongguk alla prendre l'une de ses mignonnes mains libres dans les siennes et la flatta doucement à l'aide de ses pouces. L'ancien blond inspira un grand coup comme pour se donner du courage et enchaîna :

— Un soir... Il a complètement déraillé. Et je te jure Jeongguk, putain de merde, je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie que cette soirée-là.

Respire, Jimin, respire. Doucement... Voilà, comme ça...

— Je venais de rentrer dans son appart' et... Déjà, il y avait pas mal de désordre dans la pièce principale. On aurait dit qu'un ouragan était passé par-là... Je l'ai à peine salué q– que... Il a commencé à m'accuser de tromperie, à m'insulter de menteur, à me déblatérer qu'à mentir ainsi j'irai tout droit en Enfer et bordel, sur l'instant je lui ai clairement dit qu'il pouvait se le carrer où je pense, son Enfer de merde !

— Jimin, ton vocabulaire, sermonna l'ébène, sans agressivité discernable dans la voix, cependant avec une pointe d'autorité.

— E– excuse-moi, Ggukie... Il m'avait apparemment aperçu aux abords du lycée très proche d'un autre garçon alors que j'avais rien fait qui puisse laisser penser que j'avais des vues sur quelqu'un d'autre. J'avais pas du tout aimé le fait qu'il me surveille à mon insu, ni le fait qu'il m'adresse la parole comme si j'étais son objet. Et... Il se pourrait bien que je lui ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas.

En entendant ça, Jeongguk se figea. Ses caresses sur la main de son ami se stoppèrent. Il redoutait le pire chez l'un comme chez l'autre. Une fois poussé à bout, Jimin pouvait se révéler être très cassant dans ses propos au point de briser le cœur de la personne à qui il faisait face tandis que du côté de Taehyung... Il ne préférait même pas méditer là-dessus.

— Qu'est-ce que tu lui as dit... ?

— Je...

Jimin se mordit presque à sang la lèvre inférieure et commença à devenir plus agité que les précédentes minutes.

— J– Jeongguk, je peux p–

— Jimin, ne recule pas encore une fois ! insista Jeongguk.

— Non !

— Putain, crache le morceau ! cria cette fois-ci le plus jeune tout en retirant ses mains de celle de Jimin.

— Baisse d'un ton quand tu me parles !

— Alors parle, au lieu de te défiler ! Où est passé le Jimin combatif que je connais bien ? Il faut que ça sorte une bonne fois pour toute, tu ne peux pas garder ça éternellement en toi ! Ça va te détruire, si tu n'agis pas !

Après plusieurs secondes à se hurler dessus comme des poissonniers, ils finirent tous deux par se taire. En signe de défaite, Jimin baissa la tête, donnant alors raison à son cadet.

— J'en suis vraiment pas fier du tout, Gguk... murmura l'artiste, de la honte se lisant sur son visage.

Le nommé attendit. Puis la bombe fut lâchée.

— Je lui ai répondu que s'il avait été mieux éduqué, on n'en serait pas là.

Mutisme t.o.t.a.l. Jeongguk le regarda incrédule, ses yeux manquant de quitter leurs orbites, l'horreur déformant les traits de son faciès.

Il a quand même pas... Osé faire ça ?

— Jimin... Est-ce que tu savais que ses parents sont... ?

Jimin releva la tête avec lenteur. Ses pupilles miroitaient d'un mélange de peur et de culpabilité. La seule fois où l'étudiant avait vu une telle scène remontait à quand Jimin s'était fait expulser de chez lui à sa majorité. Et c'était très douloureux pour lui de voir de nouveau cette expression le dominer. Le garçon à la chevelure brune fit « non » de la tête silencieusement.

Et merde...

L'air dans la cuisine se fit oppressante, même si l'appartement était aéré. Ça devenait presque irrespirable, insupportable pour les deux hommes et pourtant, c'était loin d'être fini. Le pire restait à venir.

— Je te jure, si je l'avais su plus tôt je ne me serai jamais permis de tenir un tel jugement. La lueur dans son regard quand j'ai dit ça... C'est un truc qui te marque toute ta vie. Dans ses yeux, j'étais déjà un homme mort.

Le même regard que le jour où il avait passé la journée avec Jimin... Le même regard lors de la soirée au Sunset... Le même qui avait failli le tuer peu de temps auparavant. Jeongguk frissonna à ce songe.

— Il m'avait alors saisi par la nuque puis... Il m'a traîné dans une pièce super bizarre que j'avais jamais vu auparavant... On aurait dit une chapelle à échelle réduite.

Plus Jimin avançait dans son récit et plus Jeongguk se décomposait sur son tabouret, le malaise s'emparant de lui.

— J'ai juste en mémoire la douleur... Et ses paroles de fou furieux qu'il me susurrait à l'oreille. Le plus flippant, c'est qu'il paraissait très calme en me les disant alors qu'il y avait énormément de haine et de choses insensées dedans.

Ses iris marrons convergeant vers un point invisible sur la table, Jimin se mit à énumérer avec un détachement alarmant chaque phrase que l'employé de cantine lui avait adressé, comme s'il les avait apprises par cœur tel un poème que l'on doit réciter devant toute la classe en primaire. Le malaise dévora tout entier Jeongguk. Ça ressemblait beaucoup trop à ce qu'il avait lui-même vécu aux côtés du grisâtre. C'était dérangeant, malsain au possible et tout cela le rendit presque nauséeux. Alors qu'il s'était perdu dans ses pensées, Gguk fut dérouté de voir son ami relever son haut devant lui aussi brusquement, de marbre, les yeux toujours aussi brillants.

— Qu'est-ce que tu–

« Constate l'étendue des dégâts par toi-même. » fut sa seule réponse après avoir enlevé son vêtement avant de tourner le dos à son ami en pivotant de quelques degrés sur son tabouret qui émit un léger grincement.

Que...

Les mirettes de l'ébène louchèrent inévitablement sur cette chose dans son dos.

C'est... Qu'est-ce que c'est que ça... ?

Jeongguk se leva alors de son propre tabouret et se rapprocha de Jimin sans un bruit, son cœur battant à tout rompre dans sa cage thoracique. Une fois tout proche du dos de son meilleur ami, il avala de travers sa salive. Il toucha alors sans trop savoir pourquoi le côté de son front marqué désormais à vie de l'épisode du Sunset et puis... Et puis, il crut sentir de nouveau les écorchures sur ses flancs le picoter tout en analysant longuement l'une des omoplates saillantes de Jimin.

— Je peux... ? interrogea à voix basse Jeongguk.

Jimin acquiesça. Jeongguk retraça du bout de son index cette énorme trace qui semblait profondément ancrée dans sa peau. Jimin émit un soubresaut à ce contact. Un trait horizontal et vertical se croisant en leur milieu. Une croix rugueuse au toucher, blanchâtre et difforme, était dessinée sur cet endroit de son corps, lacérait sa chair et Jeongguk n'osait imaginer le cauchemar qu'il avait pu vivre.

— C'est définitif, elle ne partira pas, débita tristement le propriétaire de cette scarification, la voix enrouée. C'était un geste purificateur, d'après lui... J'ignore avec quoi exactement il l'a fait parce qu'il me maintenait à plat ventre au sol et de ce fait, je voyais que dalle. Et... Et un moment donné, j'ai senti que j'étais clairement en danger. Que quelque chose de bien pire m'attendait et se préparait. Alors mon instinct a réagi à ma place. Je m'en suis sorti in extremis et j'ai plus jamais remis le pied chez lui. Il m'a ensuite harcelé de partout, par sms comme sur Closer par le biais d'un compte temporaire en me suppliant de ne pas le larguer, qu'il serait malheureux sans moi, que j'étais la clé à tous ses malheurs. Je l'ai donc bloqué, changé de numéro de téléphone et supprimé mon propre compte de l'application. Je me suis éloigné de la plateforme pendant quelque temps et c'est pas plus mal car après l'avoir quitté, ils ont dû la fermer provisoirement car les développeurs avaient découvert un réseau criminel malveillant dessus... Tae était très dépendant de moi et ça n'était pas sain du tout. J'ai jamais trouvé le courage d'avoir une discussion sérieuse avec Maria à propos de tout ça et c'est trop tard pour que je puisse lui demander pardon et lui dire à quel point j'ai été égoïste...

Jeongguk s'était arrêté depuis un petit moment d'effleurer la cicatrice sur l'omoplate du plus petit de taille. L'inquiétude avait remplacé le malaise qui s'était accaparé de lui, il y a peu. Il pouvait sentir de la détresse nouer la gorge de son hyung et c'était insoutenable d'entendre la voix de celui-ci s'effondrer de fil en aiguille.

— Comment ça, Minnie ?

Il se positionna face à son vis-à-vis pour voir quelles émotions l'animaient... Et c'était à son tour de s'effondrer en voyant son état.

— M– Maria, e– elle...

Maria s'est donnée la mort, peu après ma séparation avec Tae.

L'un fondit en larmes tandis que l'autre ne savait pas comment réagir face à cette information qui était extrêmement grave.

J'ai appris trop tardivement qu'elle souffrait d'altérations de l'humeur e– et...

Entre le moment où j'ai commencé à entretenir une liaison avec Taehyung et sa rupture brutale avec lui, elle est retombée dans une phase négative...

Je crois que, dans le fond, elle savait tout depuis le début sauf qu'elle fermait les yeux sur la situation...

J'suis un putain de meurtrier, Jeongguk ! J'ai contribué à la mort de mon amie en pensant qu'à moi, je suis un monstre !

Jimin éclata en sanglots, jetant alors avec soudaineté sa cigarette électronique à l'autre bout de la pièce. Un bruit de fracas se mit à retentir à l'impact et Jeongguk se précipita à tire-d'aile vers son ami, se mettant à genoux devant lui, ses cinq sens plus vifs que jamais.

— Jimin ! Jimin écoute-moi, hé ! appela plusieurs fois Jeongguk.

Il tremblait de tout son être et paraissait en réelle souffrance. Reniflements, couinements ; des sons de désolation emplissaient l'espace, ne la refroidissant que davantage. C'était un véritable supplice pour Gguk de voir celui qui l'avait toujours aidé dans un tel état de détresse.

— Jimin, tu n'es pas un meurtrier. Tu ne pouvais pas prévoir que l'avenir réservait un tel sort à Maria et tu n'es pas responsable de ça. Tu as peut-être déconné en t'immisçant dans leur couple, c'est vrai mais tu ne dois pas te blâmer pour son décès. Tu ne dois pas porter ce fardeau sur tes épaules. Je suis fier, si fier de toi que tu aies pu te confier. C'est un énorme pas que tu viens de faire vers la libération. Tu n'es pas mauvais, bien au contraire et je le sais après presque dix ans d'amitié. T'es le meilleur, n'en doute jamais.

Il le pensait vraiment. Jimin était et resterait le meilleur à ses yeux, peu importe ce qu'il avait commis. Il était comme lui, après tout. Il cachait une part de vices enfouie en lui comme Jeongguk, comme n'importe quel autre être humain en fait. La perfection n'existe pas. Ce n'est qu'une légende urbaine inventée par la société, une fois de plus. Jeongguk se releva et prit le danseur dans ses bras, le serrant aussi fort que possible contre lui pour lui exprimer tout son soutien, tout son attachement envers lui. Le plus vieux accepta l'étreinte sans hésiter et plongea sa tête dans le creux de la nuque du plus jeune. Le câlin était apaisant, chaleureux et fit disparaître progressivement cette compression embêtante sur leurs épaules et à l'intérieur de leurs poitrines. Ils étaient tous deux brisés tels des poupées de porcelaine et la réparation devait se faire ensemble, pour une meilleure guérison.

— Tu sais... émit faiblement l'ancien blond. Toutes ces fois où je t'ai dit que Tae est quelqu'un de mauvais, qu'il ne faut pas l'approcher... Je vous ai menti, à toi et à Jin. J'essaie depuis cinq ans de me convaincre de ça pour mieux l'oublier mais j'y arrive pas le moins du monde. C'est lâche, hein ? Je te dis de faire des choses que moi-même je n'arrive pas à appliquer... C'est d'un ridicule...

Jeongguk lui frotta le dos tout en le berçant, sentant encore des larmes s'écouler dans son cou.

— De tous les partenaires que j'ai pu avoir, personne n'arrive à la cheville de Tae. Il a été ma meilleure comme ma pire expérience amoureuse et sexuelle. Comme c'était ma première et que j'étais jeune... J'y voue peut-être un certain attachement. Putain, j'dis d'la merde...

— Tu ne dis pas de bêtises, hyung... Crois-moi... souffla Jeongguk.

Parce que je suis présentement sur le même bateau que toi, à propos de Taehyung... L'oublier est mission impossible.

Ils restèrent longtemps dans cette position, l'un ne voulant point quitter les bras de l'autre. La nuit allait être longue. Surtout pour Jeongguk, qui recommença lui aussi à pleurer chaudement contre son aîné.

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Note de l'auteure : 

* bayer aux corneilles : ancienne expression française signifiant le fait de rêvasser, de regarder en l'air sans bouger

Je suis si heureuse de vous retrouver, mes amours ! Ça faisait si longtemps 😭❤️

J'espère tout d'abord que vous vous portez bien et que vous passez de bonnes vacances malgré cette soudaine vague de chaleur ! Après une légère période de découragement, de soucis perso' et de santé puis de plusieurs semaines de boulot, me revoilà en force avec ce chapitre qui marque le retour de "So Far Away" ^w^

J'espère de tout mon cœur que ce chapitre vous aura plu, qu'il n'y a pas d'incohérence dans tout ce que j'ai pu rédiger ;-;

Plus de 10 000 mots au total pour ce chapitre. J'ai comme qui dirait chié dans la colle, as always 😭 C'est le plus long de toute l'intrigue jusqu'à présent, le plus long chapitre en date étant celui conclue le premier tome. Je me suis donnée à fond pour la rédaction de ce chapitre, j'espère qu'il n'y a pas d'impression de meublage ou autre ;-;

Pour vous donner une petite idée de l'ambiance musicale qu'il y avait au "Sunset" dans ce chapitre... Vous allez me détester :') :

https://youtu.be/UdmkAMNQefk

J'ai eu une période où j'écoutais beaucoup de musiques dans ce style quand j'étais plus jeune et quand je suis tombée par hasard dessus alors que j'écoutais des chansons de Rammstein... Mon cerveau s'était dit que ce serait la meilleure idée du siècle d'écouter ça, tout en écrivant les descriptions de l'atmosphère de la soirée dans la discothèque et effectivement, ça a bien marcher vu ce que j'ai pondu xD (J'aurais jamais pensé qu'un jour je parlerai de soirées clandestines et de BDSM à la fois dans mes histoires krkrkr)

Impressions de ce chapitre ?

Votre réaction concernant l'histoire de Jimin et sa relation avec Taehyung ?

Est-ce que vous vous attendiez à ça ?

Quel avenir pour Jeongguk ?

Est-ce que votre opinion sur Tae a évolué ?

Que va-t-il se passer ?

Réponses dans les prochains chapitres !

Vous êtes de plus en plus nombreux à vous intéresser à cette histoire et vraiment, ça me touche toujours aussi fort. Merci pour tous vos messages, votes et commentaires, ça vaut tout l'or du monde à mes yeux. J'espère pouvoir vous faire rêver encore très longtemps, que ce soit avec cette histoire ou n'importe quel autre de mes projets. Merci du fond du cœur pour votre patience et votre amour, vous êtes les bests. Je cesserai jamais de vous le dire ;-; ❤️

À propos de "So Close" / "So Far Away", je pense changer leurs titres très prochainement car je les trouve "générique" par rapport au reste de titres de mes projets et je trouve qu'ils ne représentent pas exactement l'intrigue ;-; Pour "So Close", je pense le renommer "Désirs Cachés" tandis que pour "So Far Away"... Je sèche complètement avec ma liste d'idées 💀

Ce que je vous propose, c'est de voter pour le nouveau titre de ce tome numéro deux en fonction des titres qui vous plaisent le plus ! ^w^

Voici la petite liste 🌺 :

-Irréversible

-Seuls Ensemble

-Enfer Idyllique

-Toi et moi

-Crescendo

-Climax

-Ton Enfer

Celui qui aura le plus de votes sera choisi pour remplacer "So Far Away" ! 😋

Je vous dit à très vite pour la suite de ce tome qui sera riche en craquage mentaux en tout genre (🙃) et surtout : prenez bien soin de vous ! Je vous fais plein de gros bisous et je vous remercie encore pour tout. Vous êtes mon plus beau cadeau et j'espère ne pas vous décevoir pour la suite ! ❤️

I purple you very very very much 💜

UPDATE 23/12/2021 :

Je me permets de rectifier un point concernant ce chapitre, après l'avoir corrigé.

En parcourant les commentaires, j'ai pu constater que vous êtes quelques uns à avoir été "outrés" (je ne sais pas si le terme est bien choisi) par le fait que Jimin confesse comment était sa relation avec Tae dans les moindres détails. Selon la plupart d'entre vous, il devrait clairement la boucler. Les amis. C'est une scène de partage d'une expérience particulièrement intense et traumatisante similaire entre deux meilleurs amis qui se retrouvent, parce que leur principale source de traumas (en la personne de Taehyung) les lie. Bien sûr qu'ils vont tout se dire, car c'est le principe même de leur relation qui est une amitié très forte. Si Jimin lui confie tout ça, ce n'est pas par manque de pudeur. C'est parce qu'il se doute pertinemment que Jeongguk a dû vivre exactement les mêmes ressentis que lui, les mêmes épisodes qu'avec Tae. Parce que côtoyer quelqu'un comme Tae au quotidien laisse des marques. Et bien évidemment, il y a toute la nostalgie présente derrière son témoignage parce que Jimin n'a pas réussi à tourner la page, même cinq ans après les événements, car Tae était sa toute première expérience amoureuse et sexuelle. Un premier amour ne s'oublie pas en un claquement de doigts. C'est absolument pas gênant ni rien, c'est un moment de partage, d'échange sincère entre les deux personnages qui se fait. Et je pense qu'il ne faut pas refréner la parole d'une personne quand elle se lance dans un témoignage très complexe d'un événement qui le hante encore. Il faut simplement l'écouter et lui faire comprendre que l'on est là, même si l'on ne sait pas exactement quoi dire pour la réconforter. 

Je conclus juste cette note en disant que faire preuve d'empathie et de compréhension, ça fait pas de mal parfois. Ça ferait même du bien à certains pour mieux comprendre et s'ouvrir au monde. À bon entendeur, comme toujours ! ;)

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