𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟐𝟔
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Conseil de l'auteure : pour être immergé dans cette atmosphère encore une fois très particulière de ce chapitre, je vous recommande de le lire avec la chanson ajoutée juste au-dessus. On se retrouve en bas, as always ! Bonne et agréable lecture, sweethearts ! ❤️
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🚨 𝙏𝙧𝙞𝙜𝙜𝙚𝙧 𝙬𝙖𝙧𝙣𝙞𝙣𝙜𝙨 🚨 : voyeurisme.
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Un vent frais vient doucement caresser mon visage. L'air est agréable, le ciel est dégagé et il n'y a pas de bruit pour venir briser le silence de ce parking résidentiel. C'est apaisant. J'en oublierai presque les dernières heures que je viens de passer. Bordel, qu'elles étaient affreuses. Je n'aurais jamais cru replonger de sitôt dans mes travers... Je pensais que c'était derrière moi mais finalement, je me rends compte qu'il est difficile de se débarrasser de ses mauvaises manies et de réprimer sa véritable nature.
Regarde dans quel état tu m'as réduit, Jeongguk. Ton absence éveille le pire en moi et me rend malheureux. Je lutte contre mes pensées qui dépassent l'entendement humain, tente de fuir mon passé qui me colle à la peau comme une véritable sangsue. Les ténèbres peuvent à tout moment m'emporter et il n'y a qu'auprès de toi que je puisse briller.
Ne vois-tu pas à quel point je suis miséreux quand tu n'es pas là ?
Tu ignores encore beaucoup, tellement de choses à mon propos. Je me suis battu pour vivre, me suis relevé de nombreuses fois alors que j'étais laissé pour mort. Tu ne sais rien de toutes ces routes que j'ai empruntées et de toutes ces larmes que j'ai saigné.
Je suis certain que tu l'as remarqué toi aussi mais tu n'oses plus m'approcher, ni même me contacter par téléphone. Parce que tu dois faire avec. Tu dois vivre avec l'idée que notre relation est vouée à l'échec et que tu ne dois plus te préoccuper de moi. J'ai bien noté tes regards en ma direction à la cantine, il y a encore peu. Les cuisines me paraissent bien fades si tu n'es pas à proximité. Poser mes yeux sur toi rend ce restaurant universitaire plus beau. Tu enjolives cet environnement terne, dépourvu d'artifice par ta présence sans que tu ne le saches et tu me diverties, me détournes de mes pensées négatives frôlant la morbidité.
Tu es inquiet à mon propos et j'accapare ton attention quand tu es en présence de ce garçon qui a tenté de te faire la cour, tout récemment. Tu essaies de t'impliquer dans vos conversations mais tu n'y arrives pas. Tu finis toujours à un moment ou un autre par jeter un coup d'œil vers moi, lorsque j'apparais dans ton champ de vision. Tu veux être sûr que je sois toujours tout proche, que je ne disparaisse pas pour de bon de ta vie. Comme si je n'étais qu'un simple mirage depuis tout ce temps où nous nous sommes côtoyés. J'ai l'impression que c'est presque phobique, au vu du nombre de regards que tu jettes pour vérifier que je ne sois pas parti.
Je suis là, mon ange. Je suis au pied de ton appartement, plus présent que jamais, ta fenêtre ouverte dans ma ligne de mire. Tu devrais vraiment la fermer un jour, cela pourrait t'attirer des problèmes. Je n'aimerais pas qu'un détraqué vienne la nuit pour te cambrioler ou que sais-je encore.
Quelques mètres nous séparent mais dans quelques minutes nous serons réunis à nouveau. Le lieu est coquet. C'est un endroit propre, moderne, verdoyant et chaleureux qui correspond parfaitement à ton image. La Résidence Des Charmes porte bien son nom. Je l'aime bien. Parce qu'il dégage de bonnes ondes et que je garde de doux souvenirs des moments passés en ta compagnie, ici. J'aurais aimé vivre dans un bâtiment comme celui-ci mais je n'en ai pas les moyens, ni la force. Quelque chose me retient dans le logement où je vis et m'empêche d'avancer. Ou alors, c'est peut-être moi qui refuse d'aller de l'avant. Qu'importe. Il y a plus important qui m'attend.
J'enjambe un à un les balcons, malgré mon état plus que pitoyable. Je te l'accorde, mon ange. Je me suis mis minable ce soir. Je tiens à peine debout et mes yeux sont explosés. Tout ce que j'ai ingurgité a fini dans les toilettes avant que je vienne et ce sale quart d'heures passé à vomir m'a rappelé combien je me déteste. Mais j'ai encore un minimum de force pour venir jusqu'à toi.
J'ai besoin de toi. Je veux te voir. Tu as ce don de me calmer, de me faire oublier quelques instants que je suis Kim Taehyung et de me prouver que moi aussi, j'ai la permission d'être heureux. Tu es une utopie faite d'os et de chair et pourtant, je sens l'Enfer s'ouvrir sous mes pieds chaque jour qui passe en pensant à toi. Tu exaltes mes bons comme mes mauvais côtés, Gguk. Tu n'imagines pas le chaos que tu sèmes depuis que tu as choisi d'entrer dans ma vie. C'est une putain de guerre sacrée secouant ma tête qui prend place dès que ton visage s'y impose. À quoi ça sert que je continue de prier le Sacré-Cœur puisque ta voix, ton sourire, tes yeux et tes courbes me détournent du Ciel ? Je trouve bien plus un réel appui dans tes bras, toi que je connais depuis trois mois, qu'auprès du Seigneur, celui en qui j'ai toujours cru depuis mon enfance.
Quel comble.
Tu possèdes ce mystère que je n'arrive pas à élucider. Ça ne fait rien. C'est ce qui me fait t'apprécier davantage, te rend très spécial à mes yeux et me pousse à te décortiquer, sans que je perde mon intérêt pour toi. D'ailleurs, tu es le plus spécial de tous les garçons que j'ai pu rencontrer. Je suis un homme qui répand le sang et les larmes autour de lui parce que j'ai fréquenté des hommes de ce genre-là. C'est un fait. Il y a deux options pour ceux qui choisissent de rester avec moi. Soit ils finissent traumatisés, l'âme brisée et décident de prendre la fuite à tout jamais. Soit ils deviennent comme moi, c'est-à-dire des monstres dont la colère grandit, prend le pas sur la raison et devient hors de contrôle. Je veux que cela change. Pour toi, je désire changer. Je serais un homme que tu admireras, un homme dont tu seras fier d'appeler « tien ». Je veillerai à ne plus faire quoi que ce soit qui puisse te nuire et tâcherai de prendre le taureau par les cornes, de confronter mon problème à bras le corps. Je te couvrirai de milliers de cadeaux parce que tu mérites le monde car, après tout, tu es mon monde. Tu mérites d'être aimé à ta juste valeur après le calvaire que tu as traversé tout au long du collège. Tu es différent parce que tu es le seul qui m'a permis d'entrevoir que rien n'allait chez moi. Parce que tu es symbole de courage et de renaissance – je t'admire énormément pour cela – et parce que tu es là, à me vouloir encore implicitement. Tu es si proche et tellement loin de moi à la fois... C'en est désarçonnant.
Mais ce n'est qu'une question de temps avant que le changement opère et que tu bascules dans l'un de ces deux extrêmes. Je t'ai laissé des marques et à l'heure qu'il est, elles doivent être encore béantes, profondément ancrées dans ta psyché. Tu dois te battre contre toi-même, survivre face à tes songes indécis, parce que tu es perdu. Que vas-tu devenir ? Qui vas-tu être, Jeongguk ? J'espère juste, au fond de moi, que tu me reviennes et que je me réveille enfin de ce cauchemar qui n'a que trop duré. Je te l'assure, je voudrais tout reprendre à zéro pour que plus jamais on ne se blesse.
Après quelques efforts, me voilà enfin juste devant ta porte-fenêtre. Un rideau blanc quelque peu transparent me brouille la vue, danse lentement au rythme de la bise. Dans l'immédiat, je suis incapable de tenir une discussion censée avec toi. Même sobre, je suis ne suis pas sûr que j'aurais trouvé les mots adéquats pour te parler, te dire ce qui me passe par le crâne ces derniers jours. Je ne tiens pas à rendre les choses plus difficiles qu'elles ne le sont déjà, pour toi comme pour moi.
Te rendre visite maintenant, au beau milieu de la nuit, est la meilleure solution et ce, pour plusieurs raisons. Premièrement, tu seras en train de sommeiller comme un bébé. Il est plutôt rare que tu restes éveillé jusque très tard. Même si tu essaies, avec acharnement, Morphée finit toujours par te rattraper pour t'emporter au doux pays des rêves. Je n'aurais donc pas besoin d'entretenir un dialogue avec toi et tu ne me verras pas non plus. Ensuite, il y a ta fâcheuse habitude de laisser ta fenêtre ouverte. C'est risqué mais c'est une aubaine que je saisis volontiers.
Et puis... Tu es seul. Nous serons rien que tous les deux. Il n'y aura pas Jimin pour te raconter à quel point je suis un homme infâme et te rabâcher que tu dois trouver l'amour ailleurs, ni ton autre ami qui joue au chien de garde pour te protéger. Ouais, j'éprouve encore beaucoup de rancœur envers ces deux-là, je l'admets, même s'ils ne veulent que ton bien et que je reconnais ma part de tort en ce qui concerne ton meilleur ami.
Tu es un adulte, Jeongguk. Tu es assez grand pour savoir ce qui bon pour toi et prendre des décisions qui te paraissent justes, sans qu'ils aient besoin d'y foutre le nez. Ils te couvrent comme si tu étais encore un enfant incapable de se défendre ou d'être autonome. Ça m'agace.
Quel dommage pour eux qu'ils ne soient pas là pour assister à la visite surprise que je te rends.
Ils ne connaissent pas la notion de seconde chance. Moi, je ne la connais que de très loin mais je compte bien la saisir. Pour moi-même tout comme pour toi, mon ange. Je ne crois pas vraiment à cette notion de seconde chance. Mais pour toi, je serai prêt à me convaincre qu'elle est à portée de main pour n'importe qui. Même pour un gars comme moi, qui est juste bon à croupir dans le Feu Éternel pour ses péchés impunis.
Je m'approche à pas de velours de l'entrée tout en expirant lourdement. J'ai le cœur qui palpite à l'idée d'être tout près de toi, de t'admirer dormir paisiblement. J'approche ma main du fin tissu nous séparant et–
Mon geste reste en suspens dans l'air. J'entends de drôles de bruits provenant de l'intérieur. Ils sont infimes, presque honteux, mais je les perçois distinctement. Je n'ose plus bouger tandis qu'une drôle d'impression de déjà-vu s'empare de moi, sans que je sache la raison.
N'es-tu pas censé être en train de dormir ?
Au lieu de rester planté là et les bras ballants, je pénètre dans la pièce, même si j'appréhende la suite. Que...
Jeongguk, putain de merde.
Je vais te confier un petit secret que je ne t'ai jamais avoué. Tu m'aurais sans doute pris pour un fou, si je te l'avais dit quand les choses devenaient sérieuses entre nous. Mais vu ce que j'ai sous les yeux en ce moment même et, surtout, ce que tu es en train de faire...
Malgré l'innocence que tu dégageais, dès les premiers instants de notre rencontre, je l'ai su. Tu possédais ce truc indécent dans tes iris, ce détail qui prouvait que ta candeur n'était qu'apparence, qu'une façade afin de conserver une certaine pudeur face à tous. Que le vice caché en toi attendait d'être exposé au grand jour grâce à quelqu'un ou à quelque chose. Ça m'intriguait. Ça piquait à vif ma curiosité, au point où je me demandais comment se passait ton intimité. Est-ce que tu avais déjà goûté aux plaisirs charnels auparavant ? T'a-t-on déjà fait parvenir jusqu'au Nirvana, le vrai ? Celui qui laisse sans voix et les jambes tremblantes ? Comme j'aurais pu le faire durant la soirée de la saint Valentin ? Quels genres de fantasmes t'animent ? Comment arrives-tu à te procurer du plaisir, seul ? De quelle manière gémis-tu ? Quelle expression arbores-tu lorsqu'on te comble pleinement ? Toutes ces questions me rendaient complètement dingue. C'était encore pire quand j'étais au travail et que mon cerveau se mettait à divaguer. Ça n'a pas trop changé, depuis. Ta volupté me hante, trésor. Ça devrait être interdit d'autant déborder de sex-appeal. Tout de toi crie « luxure » à outrance. Dans ces moments de perdition mentale en public, je n'avais qu'une envie : me perdre entre tes cuisses avec passion pour ensuite t'observer t'effondrer petit à petit sous moi, jusqu'à ce que tu en pleures à chaudes larmes. Malheureusement, je devais me contenter d'une érection que je camouflais ou soulageais à l'abri des regards indiscrets.
C'est une autre facette de toi que je découvre à présent et Seigneur, que je suis heureux d'être l'unique témoin de cette vue pour le moins intense. Je n'arrive plus à détourner les yeux de toi. Tu me captives, me réchauffe après ces premières heures froides que je viens de passer. Je ne peux pas rester de marbre. Te voir te toucher, te tordre dans tous les sens par-dessus tes draps, la lueur du clair de lune pour seul habit, la respiration haletante et les paupières closes tandis que tu tentes de contenir tes couinements...
J'étais censé chercher du réconfort auprès de toi. Je voulais simplement me coucher à tes côtés et profiter de ta présence consolatrice, comme auparavant, pour chasser mes peurs. Non pas éprouver l'envie de te sauter dessus.
Bon sang, qu'est-ce que tu me fais faire encore, Jeongguk ?
Le clair-obscur te sied à merveille. Tu rayonnes dans la pénombre et je peux enfin poser une image sur ce que tu fais en dehors de nos entrevues. Je ne veux rater aucune miette de ce délicieux spectacle que tu es en train de m'offrir. Je me sens privilégié, d'un coup. Alors j'approche ton bureau, sans un bruit et m'assois sur ta chaise, juste en face à toi. Je croise les jambes, la tête reposant contre mon poing, toute ma concentration t'étant destinée. Mon regard retrace chaque ligne de ton corps sublime qui se tortille d'euphorie. Mes oreilles sont à l'affût du moindre couinement qui échapperait d'entre tes lèvres pulpeuses – ne te retiens surtout pas, pas avec moi – et je me tends lentement tout contre le siège. Mon bas-ventre me travaille, chauffe à la vue de tes cuisses bien galbées et écartées tel un chevalet, aux saccades de ton torse. Ta respiration devient lourde et profonde, tout comme la mienne. Tu vis ce qu'il se passe dans tes rêves à fond, comme s'il s'agissait de la réalité.
Est-ce à moi que tu es en train de penser ? C'est ma main que tu imagines à la place de la tienne sur ton membre palpitant ? Dans quelle position salace te vois-tu ?
Purée, je suis en train de m'exciter tout seul avec mes conneries.
Calme-toi Taehyung, reste calme... Respire.
Oh. Tu portes toujours le pendentif que je t'ai donné le soir de mon anniversaire ? Je peux le voir d'où je me trouve. La chaîne sillonne ta peau de porcelaine et te va à ravir. Ce n'est qu'un simple accessoire et pourtant, cette pierre minuscule te magnifie. Tu ne m'as donc pas rayé de ta mémoire, après tout ce temps. Je ne le montre pas mais ça me comble de joie. Je jubile sous les battements cacophoniques de mon organe vital. Je pense toujours à toi, tu sais. Rien n'a bougé et je ne pense pas que cela changera. Le cadeau que je t'ai fait, ce soir-là, est la preuve de mon amour inépuisable à ton égard. C'est un bien onéreux, précieux, doté d'une beauté que l'on retrouve dans aucun autre collier de ce type. Il est fait pour toi.
— Ta... Tae... murmures-tu, les yeux fermés, ta main perpétuant les va-et-vient sur ton entrejambe.
Je me cramponne à ta chaise, une violente décharge pulsant dans mon pubis et ma lèvre inférieure coincée entre mes incisives. Je commence à compresser sous mes vêtements. Tu transpires l'érotisme, Jeongguk. Tu es la quintessence de l'érotisme. C'est un supplice pour moi de me contenter de te regarder, sans pouvoir te caresser du bout de mes doigts. Si tu ne dormais pas, si tu m'avais invité dans ton lit : misère, je t'aurais fait grimper à l'orgasme une, deux, autant de fois que possible jusqu'à l'aurore.
Tu te rappelles de ce que tu m'as dit, quand nous étions encore ensemble ? Peu importe la raison, tu accourrais auprès de moi. C'est pareil de mon côté, même si nous sommes séparés. Tu as juste à invoquer mon prénom et je viendrai. Mes yeux seront toujours posés sur toi, toujours. Il n'y a que toi qui compte et il m'est impossible d'agir comme si tu n'avais jamais existé. Je ne peux pas faire semblant quand il est question de toi. Les roses que tu as dessiné au crayon sur mes cicatrices, j'en prends soin, telle de vraies fleurs mises dans un vase. Quand l'encre commence à s'estomper, je retrace les traits doucement au feutre. Je ne veux pas qu'elles s'effacent. Elles sont si belles... Elles font barrière entre mes pensées autodestructrices et mon épiderme lacéré. Elles m'évoquent ta bienveillance à mon égard, cette foi que tu me dévoues plus que je ne crois en moi et plus largement encore, cette longue nuit que nous avions passé dans les bras l'un de l'autre, sous les draps. Je ne veux définitivement pas qu'elles partent.
— S'il te– s'il te plaît, ah !
Ta supplication me sort de ma semi-rêverie. Tu perpétues tes caresses dans un tempo cadencé, ta main libre martyrisant ta couverture. J'aimerais bien être dans ton rêve pour savoir quelles visions impures te mettent dans un tel état. Si tu connaissais les miennes à l'heure actuelle, à t'observer t'abandonner au plaisir solitaire...
Je caresse ma propre nuqu, avant de déboutonner un premier bouton de ma chemise. Tu me donnes incroyablement chaud, Jeongguk. Tu nourris tous mes fantasmes et me donne envie de les mettre à exécution sur le champ. Seigneur, que j'aimerais être avec toi dans ce lit-double et que nous dansons à l'horizontale jusqu'au petit matin. Nous l'aurions fait tendrement puis durement. Je t'aurais laissé prendre le contrôle, me malmener à ta guise pour ensuite mieux t'emmener vers le Septième ciel.
Viens pour moi, mon ange. Fais-moi ouïr ta belle voix. Crie mon nom, comme tu sais si bien le faire.
Celle-ci gagne tout d'un coup en volume. Tes gémissements se multiplient, mon prénom dégouline d'entre tes lèvres à foison, tes mouvements deviennent secs et dans un ultime coup de poignet, tu atteins ta limite. Ton corps s'arc-boute, se contracte et tu te laisses retomber contre ton matelas, le bas-ventre ruisselant de semence. Petit à petit, ta respiration revient à la normale et tu t'enfonces dans un lourd sommeil. Tu ne bouges plus d'un millimètre et je suis là, mi-excité, mi-déconcerté par tout ce qu'il vient de se passer. Est-ce la première fois que cela t'arrive ? C'est très troublant.
J'hésite. J'aimerais me lever pour te nettoyer mais je n'ose pas. Je suis à côté de la plaque et j'ai peur de ne pas maîtriser mes faits et gestes. Plusieurs secondes s'écoulent où je tente de peser le pour et le contre de la situation qui se présente du mieux que je le peux. Mon niveau de concentration est au plus bas, tant cette soirée m'a lessivé. Cette merde dans ma tête me fatigue, me tue, en plus de provoquer des ravages sur tiers personne. La preuve encore une fois ce soir : Yoongi a dû encore se dépatouiller pour mes conneries, ce soir. J'en ai gros sur la conscience, très gros même. Mais je ne peux rien faire pour réparer les erreurs que j'ai commises. La culpabilité pèse si lourd sur mes épaules... Ma solitude me broie, même si je l'ai en partie choisi. Les atrocités que j'ai faites jusqu'à présent me harcèlent par vague de flashs, me torturent de l'intérieur... Je veux que tout ça cesse. Je ne veux plus sentir l'odeur macabre du meurtre autour de moi. Je ne veux plus commettre d'actes aussi abjectes sur la moindre personne que je croise. Je veux sortir de cette merde. Je veux m'échapper de moi-même. Je veux juste être quelqu'un de normal.
Un craquement provenant de la literie me sort de ma réflexion. Je secoue la tête pour me remettre les idées en place et revenir où j'en étais. Finalement, je finis par me lever car je me dis que tu ne peux pas rester dans cet état. Un pas après l'autre, j'avance là où tu reposes tout en veillant à ne pas te réveiller. Je me penche vers l'avant une fois arrivé au bord de ton lit et me positionne à quatre pattes au-dessus de toi. Je me rapproche doucement et parviens à ta hauteur.
Ton visage est proche, très proche du mien. Tes cheveux sont en bataille et tu arbores une expression douce, presque innocente. Tes lèvres entrouvertes me font des appels de phare, me narguent en silence et je manque d'avaler de travers ma salive, tant ce rapprochement soudain me déstabilise. Je reste quelques secondes à ne rien faire, à part te contempler dans les moindres détails. Je ne m'arrêterai jamais de te le dire : tu es d'une beauté incomparable, Jeongguk. Tu me fais penser à ces êtres angéliques représentés sur ces tableaux de la Renaissance. J'aime les belles choses et, crois-moi, tu es la plus magnifique d'entre toutes. J'en viens à douter de ton existence parfois parce c'est impossible qu'un être aussi parfait puisse exister parmi nous, pauvres petites choses éphémères que nous sommes. Puis j'ai juste à me rappeler que tu es ici, à te regarder et mes doutes s'envolent. Tu es un miracle descendu des Cieux. Être à tes côtés, c'est comme me retrouver en Terre Sainte. Je crois que je te considère à l'heure actuelle comme mon ange gardien, même si tu me plonges dans un état paradoxal où mes bons et mes mauvais côtés livrent une bataille sans merci qui n'aboutira qu'à un unique vainqueur. Tu voues cette foi envers moi qui me pousse à me dépasser, rendre grâce à tes conseils empreints de sincérité. J'aimerais pouvoir être capable de faire de même avec toi. Savoir te rassurer et t'aider dans les instants difficiles en trouvant les bons mots, te témoigner tout l'amour que je te porte – parce que putain, c'est impossible de ne pas tomber amoureux de toi au premier regard ! – et ce, sans dérapage, sans basculer dans un comportement nocif.
Je ne tiens pas à te faire du mal ou à entacher ton âme vertueuse. Je veux la préserver de ce monde malveillant dans lequel nous vivons, qui est rempli de loups affamés en quête d'agneaux à déchiqueter. Tu fais partie de ces rares personnes marquées par un réel sens de l'empathie envers autrui, dotées d'une sensibilité sans égale et ce sont ces gens-là qu'il faut protéger de gens comme moi, détruits et remplis de haine à évacuer. Je représente un danger et te voir sombrer par ma faute serait la pire chose qui puisse arriver. Je veux assister à ton ascension. Pas à ta chute. Je veux te voir étinceler de mille feux et non pas devenir l'ombre de toi-même. Je veux te voir enchaîner réussite sur réussite et non pas traîner derrière toi des échecs en nombres tel un boulet de prisonnier enroulé autour de la cheville. Si tu avais ouvert les yeux à l'instant même, je t'aurais clamé tout cela. Peut-être pas de façon très ordonnée mais avec toute l'honnêteté dont je suis apte à te témoigner. Parce que mes sentiments envers toi sont authentiques, ancrés dans mon sang et mon for intérieur et tu es la seule raison pour laquelle je respire encore. Ouais, Gguk. Je t'aime d'une adoration qui va par-delà les mots. L'amour a des soupçons de magie avec toi et j'aimerais que tu m'ensorcelles pour toujours.
C'est pour dire, j'ignore cela fait combien de temps que je suis là, juste au-dessus de toi à te lorgner et te déclarer ma flamme dans mon crâne. Je sors donc de mon état léthargique et me penche vers ta table de chevet où trône une boîte de mouchoirs. J'en attrape un au vol et commence à t'essuyer en douceur le bas-ventre. Tu remues légèrement, cependant ton sommeil reste imperturbable quant à mon action. Une fois cela fait, je remonte ton boxer et... Et...
Un grand sentiment de vide s'empare de moi. Je reste statique, les pupilles vaguant dans le vide, l'étrange sensation d'être absent sans vraiment l'être et les phalanges froides. Ce n'est pas la première fois que cela m'arrive. Je ne comprends pas ce que c'est, ni même la cause de ce phénomène, mais je ne peux rien faire pour contrer cela. J'ai l'impression de chuter dans un gouffre, bien que je ne tombe pas pour de vrai. C'est un puits sans fond, ni lumière. J'ai l'impression de devenir un élément du décor, une particule minuscule, quelque chose d'indistinct... Mon âme est en train de s'évaporer. Je la sens me quitter, pourtant je sais où elle est. Elle est là, quelque part, dans cette chambre. Je me sens vide, comme si tout souffle de vie m'avait été arraché. Mes yeux finissent par se poser sur ce kleenex en boule dans ma main, désormais souillé par le fruit de ta jouissance. Ils fixent d'une intensité folle celui-ci et ce sont toutes mes pensées obsessionnelles qui resurgissent, sans prévenir.
J'ai peur que cette nuit soit la dernière où je te vois, que tout sera fini pour de bon entre nous. Que tu ne chercheras plus après moi, que tu m'oublieras et te reconstruiras loin de moi. Je suis terrorisé à l'idée que nos souvenirs communs se perdent dans les méandres du temps, plongent définitivement dans l'oubli. La pensée de plus avoir de souvenirs en lien avec toi à chérir m'obsède. C'est une peur irraisonnée, presque d'ordre pathologique, qui me rend très anxieux. Je pourrais entrer en panique dans la minute qui suit, tant cette possibilité m'horrifie. Ta disparition totale de mon quotidien me foutrait dans un état où je ne pourrais pas me relever. C'est l'appréhension de terminer dans cette posture ô combien terrifique qui me pousse à vouloir conserver ce mouchoir sali. Te perdre me fait perdre l'esprit et met en vrac le peu de logique dont je peux faire preuve en ce moment même. Je ne veux pas que tu disparaisses, c'est hors de question ! Je ne suis pas prêt, je ne veux pas qu'on me lâche encore une fois ! Je vais devenir quoi, sans toi ?! Je le sens et j'y crois : nous sommes faits l'un pour l'autre ! Tu es tout ce que j'aurais aimé être dans une autre vie, le miroir de la flamme qui crépite en moi ! Ta venue, quand tout a commencé, n'est pas un hasard. C'était prédestiné, tout tracé et maintenant, je ne veux plus te lâcher. Ne me laisse pas, je t'en prie mon ange... Je–
Notre proximité me fait perdre les pédales. Je suis toujours voûté sur toi, tes lippes tentatrices toutes proches des miennes, la respiration courte et le cœur qui tambourine à un tempo endiablé. Tes gémissements poussés plus tôt viennent me lécher les tympans langoureusement, les torsions sensuelles de ton faciès se rejouent tel un disque rayé dans mon esprit tordu, se superposent sur ton expression sereine et j'ai l'impression que d'une seconde à l'autre mon crâne va exploser. Je cale mon front fiévreux tout contre le tien, en quête d'un toucher qui tairait la cacophonie démentielle qui monte, monte, monte à l'intérieur de moi. Mon souffle est lourd, l'atmosphère est pesante et je me sens vaseux. Ton odeur vient caresser mes narines.
Gel douche au magnolia, ton parfum préféré.
Tu m'enivres, m'enfonces un peu plus dans cette sorte de transe dont je peine à m'extirper. Ton emprise sur moi est redoutable, Gguk. Tu n'as aucune idée du pouvoir que tu exerces sur ma personne. Même en ne faisant rien, tu arrives à me mettre à genoux, à me soumettre. Qu'est-ce qui m'est le plus néfaste ? Cet amas de songes sinistres gangrenant dans ma tête ou ta simple présence qui les attisent ? Tu représentes un danger que je veux nullement éviter, bien au contraire. J'accepte de mon plein gré que tu m'avales tout entier, parce que je suis tout à toi. Mon cœur, mon âme, mes espoirs, mes doutes, mon existence entière : je te les confie à pleines mains. Mon corps ondule de lui-même tout contre le tien. La moindre friction contre celui-ci stimule mon bas-ventre, agrandit ce feu venant de nulle part qui se propage en moi et peu à peu, mes lippes partent à la rencontre de ta joue puis de ta nuque. Tu me manques atrocement, je te veux – mon dieu, ta peau ! – j'ai la sensation que je vais mourir tant tu me rends dingue, Jeongguk.
Arrête !
Continue !
Tu glisses sur une pente dangereuse !
Ne fais pas ça !
Laisse parler tes pulsions et la libération viendra !
Qu'est-ce que tu fais ?
Qu'est-ce que JE suis en train de faire ?
C'est plus fort que moi...
Stoppe-toi !
Taehyung, stop !
Éloigne-toi de lui !
Il est si près de moi... Je n'aurais peut-être plus jamais l'occasion de l'avoir tout proche...
Rouge !
ROUGE, TAEHYUNG !
Je recule violemment, tétanisé par ce qu'il vient de se passer. Je recule le plus loin possible de toi et manque au passage de tomber lorsque mes pieds retrouvent le sol, tant que je suis sous le choc. Mes mains chevrotent, mon organe vital est à deux doigts d'éclater dans ma poitrine et j'ai mes pensées qui défilent à toute allure, sans lien entre elles. J'ai failli commettre l'irréparable une énième fois, guidé par le manque de ta personne et encore sous l'effet de la drogue que j'ai consommée plus tôt durant la soirée.
Je me déteste. Je suis une véritable menace pour tous ceux et celles osant me côtoyer. Je ne suis pas bon qu'à faire du mal aux autres et me faire souffrir. Je suis un putain d'échec et il vaudrait mieux que fasse une croix sur nous. Pour mon bien, comme pour le tien. Je dois me faire une raison... Je dois partir d'ici. Et je dois surtout sérieusement songer à me débarrasser de mes vieux démons une bonne fois pour toute.
Peut-être qu'après tout, tu as raison. Peut-être que notre histoire est une erreur de calcul et que nous ne sommes pas faits pour être ensemble. Dans ce cas-là... Même si ça me déchire de l'intérieur de dire ça... Je te souhaite de tomber sur le bon, trésor. De tout mon cœur. Parce que cette personne fera un bien meilleur job que moi.
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Note de l'auteure :
Coucou, mes amours ! ❤️ J'espère que vous vous portez bien et que tout se passe bien pour vous ! Je suis très heureuse de vous retrouver avec ce petit chapitre sous le pdv de Tae ! Je suis en vacances pendant deux semaines et bon dieu, qu'est-ce que ça fait du bien de pouvoir se poser et faire ce qu'on aime ! 😭 Ces dernières semaines ont été particulièrement intensives et je ne vais pas vous le cacher : moi et mes amis de ma licence en sont ressortis exténués, vidés, lassés par le rythme des cours. Je n'ai aucune idée de si j'aurais mon semestre ou non, mais tout ce que je sais, c'est que j'ai donné le meilleur de moi-même 💪 Je me voyais enchaîner la licence + le Master d'un coup, sauf qu'à présent je souhaite de plus en plus prendre une pause d'un an entre les deux. Le rythme à la fac est un enfer, même si j'apprécie la plupart des cours que l'on a, et je sens que j'ai besoin réellement de souffler un chouïa ;-; Et vous de votre côté ? Le boulot ? Les cours ? Dites-moi tout, comment ces dernières semaines ce sont passées pour vous ? 🥺
J'ai enfin fini de vous terroriser avec chapitre sous le pdv de Tae krkrkr (qui ont été particulièrement coriace à rédiger 💀). J'ai voulu rédiger ce chapitre avec une petite vibe proche de celle de You, une série que j'affectionne beaucoup et qui devrait plaire à ceux et celles d'entre vous qui adorent les thrillers ! 👀 J'espère que ce petit chapitre vous aura plu !
Vous pouvez à présent souffler car les prochains chapitres seront plus calmes, du côté de Kook comme du côté de Tae (il y aura tout de même des rebondissements, ne vous inquiétez pas pour ça). Le plan des prochains chapitres n'est pas encore totalement définis (je n'ai que 3 chapitres de prêt pour le moment), du coup je me pencherai à fond dessus durant ces prochaines semaines. D'ailleurs en fonction de la longueur de ce tome, il se peut qu'il y en aura un troisième. Ce n'est pas encore officiel, c'est une simple hypothèse pour le moment mais on est à l'abri de rien avec ce qui cogite dans mon cerveau bdiaubzdaz 😭
Impressions ?
Avis sur Tae ?
Pensez-vous qu'il s'agit vraiment de la fin de leur relation ? Comment vous le sentez ?
Des hypothèses pour la suite ?
Comment Jk va évoluer, de son côté ?
Réponses aux prochains chapitres !
So Close To You et So Far But Closer To You sont actuellement en grosse correction (ils en avaient bien besoin omg) et pour cause : je compte prochainement faire un test avec le premier tome pour le mettre en format papier ! Je tremble déjà à l'idée d'avoir le livre dans mes mains, c'est pour vous dire ! ;-; Si c'est faisable par la suite, j'organiserai de temps en temps un jeu avec tirage au sort pour vous faire gagner une version papier d'un de mes écrits ! Qu'en dites-vous ? 😋
Je tiens encore à vous remercier pour toute l'attention que vous donnez à cette histoire. Ça me fait toujours aussi chaud au cœur de voir de nouveaux lecteurs débarquer, de lire des retours positifs et autre. Je vous jure, ça me booste comme jamais pour que je vous offre le meilleur avec ce récit ! Merci à vous d'être cette petite dose de sérotonine qui me booste chaque jour ! Je sais que je me répète beaucoup mais vraiment, vous êtes incroyables ! Merci à vous de me soutenir, ça vaut tout l'or du monde à mes yeux ! 🥺❤️
Je vous couvre de mille bisous et vous souhaite d'excellentes fêtes de fin d'année ! Prenez bien soin de vous et couvrez vous bien surtout ! À très bientôt, je vous love fort ! ❤️✨
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