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𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟐𝟎

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Conseil de l'auteure : pour être immergé dans cette atmosphère encore une fois très particulière de ce chapitre, je vous recommande de le lire avec la chanson ajoutée juste au-dessus. On se retrouve en bas, as always ! Bonne et agréable lecture, sweethearts ! ❤️


La tête totalement le cake, Jeongguk tâta sa main dans le vide avant de réussir à chopper l'objet de malheur qui faisait beaucoup trop de bruit à son goût, pour ses pauvres tympans qui n'avaient rien demandé à part le calme.

— Ta gueule sale machin, grommela-t-il tout en stoppant le réveil de son téléphone en faisant coulisser son doigt sur l'écran.

Il était encore trop tôt pour lui de se réveiller, peu importe l'heure qu'il était. Le jeune homme se sentait épuisé, comme si l'on avait aspiré toute sa vitalité. Il se tourna alors dans son lit, non sans manquer de grogner car ses jambes le tiraillaient comme pas permis, puis se mit en boule, désirant rester au chaud sous ses draps encore un peu plus longtemps. Il eut soudainement un cas de conscience alors que ses yeux étaient encore clos et se dit qu'il valait peut-être mieux qu'il se lève, s'il ne voulait pas se faire passer un savon par Seokjin. Gguk se redressa dans les vapes, un bon vieux mal de crâne s'installant peu à peu. Ses cheveux noirs faisaient la guerre et il eut l'impression de se faire cribler de balles dans le bas du dos, suite à son mouvement trop brusque. Ce qui le fit lâcher un faible couinement dans l'air tandis que sa main massait la zone douloureuse. Qu'est-ce qu'il avait bien fichu pour se sentir aussi cassé de partout ? Il peinait même à bouger les bras tant ses articulations tiraient. Malgré ça, il put sentir une certaine légèreté au milieu de sa poitrine. Son cœur ne le serrait plus autant par rapport aux précédentes journées. La douleur avait comme diminué d'intensité. C'était plus agréable, un peu plus vivable et ce, de façon inexplicable. C'était étrange, inhabituel.

Une fois debout, il alla ouvrir ses rideaux puis refermer sa fenêtre, sans que quoi que ce soit ne le choque sur le moment. Les rayons du soleil baignèrent alors son espace personnel et l'aveuglèrent durant un court laps de temps. Il râla au contact de la chaleur sur son visage, du halo dans ses yeux à peine ouverts, ce qui le fit presque regretté d'avoir quitté le confort de sa couverture et de son matelas bien douillet. Après avoir contourné son lit double et empoigné les premiers vêtements qui lui passaient sous la main dans son dressing, il marcha tel un zombie en direction de la salle de bain. La lumière fut. Il posa ses affaires sur la machine à laver, déposa deux serviettes sur le bord de l'évier, sans jeter ne serait-ce qu'un seul coup d'œil à son reflet dans le miroir et s'engouffra dans sa douche. L'eau chaude ruissela sur sa peau laiteuse, glissant sur ses muscles endoloris. Le contact de celle-ci contre son épiderme créa une drôle de sensation de picotements dans son dos. Jeongguk n'en tint pas rigueur et se dépêcha de se laver. En effectuant sa toilette, Jeongguk nota un curieux détail sur ses poignets. Un bracelet rougeâtre gravé à même la peau les encerclait, de légers bleus violets contrastant avec leur rougeur. Il les contempla pendant plusieurs secondes, ne comprenant pas comment il avait pu se faire de telles marques.

Quelque chose n'allait pas. Il avait dû se passer quelque chose durant la nuit pour qu'il se retrouve le corps à moitié fonctionnel et des traces rouges autour de ses poignets délicats. Elles mettraient un temps phénoménal pour se résorber, comme chacune des fois où quelque chose venait écorcher sa peau si sensible. S'il avait le malheur de porter un bijou fait en toc, sa chair en pâtissait, traduisant sa gêne par l'irruption soudaine de plaques. L'esprit embrouillé, il coupa l'eau et sortit de la cabine avant de s'empresser de se sécher. C'était une galère sans nom pour qu'il se sèche correctement. Le moindre mouvement lui faisait mal soit au bas du dos, soit aux bras et c'était encore pire lorsqu'il dut enfiler ses habits. Puis l'ébène daigna se regarder dans le reflet de son miroir au moment de passer son pull par-dessus la tête. Le bout de tissu chuta d'entre ses mains brutalement, s'écrasant alors au sol. Ses yeux s'écarquillèrent, manquèrent de quitter leurs orbites, et les petites billes noires en leur milieu louchèrent sur plusieurs endroits de son corps à la fois.

Un ecchymose sur l'un de ses pectoraux. Un autre, minuscule, au niveau de l'une de ses clavicules saillantes. Une tâche violette non-loin du nombril. Encore une, tout près d'un côté de son V dessinant son bassin. Sans voix, ses mirettes retracèrent la trajectoire de ces auréoles pourpres dont il ignorait leur provenance jusqu'à ce qu'elles s'arrêtent à proximité de son visage. Un énième cercle violet au creux de son cou, ressemblant à une morsure. Quant à sa mine, ses yeux étaient gonflés, leurs sclères sillonnés par des vaisseaux sanguins, comme s'il avait pleuré. Il tourna sur lui-même de quelques degrés et l'horreur s'empara de ses doux traits faciaux quand il remarqua que de longues griffures écorchaient l'une de ses omoplates. Jeongguk ne comprenait pas pourquoi il était dans un état aussi désastreux. Ses iris jades zigzaguèrent entre chaque marque de son corps alors qu'il essayait de recoller les morceaux de la nuit dernière. Il les examina de plus près, se rapprochant alors de la glace, l'une de ses poignes les caressant avec délicatesse et effroi. On avait imprimé ces marques avec acharnement au vu de leur carnation. Jeongguk déglutit difficilement, les pensées en vrac.

Pourquoi est-ce que j'ai des marques partout sur le corps ?

— P– pourquoi ? bégaya-t-il tandis qu'il pouvait sentir une certaine angoisse gravir en lui telle une araignée affamée.

Moult scénarios se mirent à affluer dans son esprit perdu, sans pour autant savoir lequel paraissait le plus probable. Et le simple fait de ne pas savoir, de ne détenir aucune réponse à ses questions qui abondaient en nombre ne firent qu'accentuer ce début de psychose dans laquelle il plongeait tête la première. Était-il sorti cette nuit ? Avait-il fait une mauvaise rencontre ? Ou au contraire, s'était-il laissé aller rien qu'une fois ? Mais dans ce cas-là... Est-ce que c'était juste, sachant que Taehyung était encore là, dans ses songes comme dans son for intérieur ? Était-il en droit de faire ça ?

Taehyung.

Jeongguk fit une fixette sur ce prénom qui le tourmentait depuis bien trop longtemps déjà, son cerveau turbinant à plein régime jusqu'à ce que des images des circonstances de la nuit précédente ne lui reviennent sous forme de flashs. Il se souvint alors avoir enchaîné recherche sur recherche sur Internet pour essayer de percer les secrets que Tae ne lui avait pas confiés à son propos avant de partir sur un coup de tête de chez lui pour aller suivre ce qui se tramait lorsque celui-ci était loin du public, seul avec lui-même entre ses quatre murs. Puis durant son observation depuis l'immeuble voisin, il avait accidentellement attiré l'attention du désormais châtain sur lui en créant un boucan infernal à cause de sa maladresse. Puis les deux hommes s'étaient coursés dans les ruelles sombres non-loin du logement de l'adulte avant que le noir de jais ne rejoigne son automobile, en courant comme si sa vie était en jeu. Après cela... Plus rien. Le vide intersidéral.

L'étudiant avait beau se creuser les méninges, rien ne lui revenait. Pas même un détail, même le plus minime qui soit. Et puis, à force de chercher encore et encore, cela n'arrangeait pas la douleur lancinant son crâne. Mais s'il se trouvait près de chez Tae, quelques heures auparavant... Comment était-il parvenu à rentrer chez lui, sans problème ? Comment avait-t-il pu ouvrir la fenêtre de sa chambre s'il n'était pas présent pour le faire ? Qu'est-ce qu'il s'était passé après leur course sous la pluie ? Qu'en était-il de Taehyung ? Est-ce qu'il allait bien ? Pourquoi ressentait-il ce pressentiment d'avoir commis une grosse connerie ? Que tous les deux avaient fait une énorme bêtise ?

Le poids qui s'était dissipé plus tôt revint écraser son cœur tandis que Jeongguk ne savait ni quoi faire, ni quoi penser face à cette situation qui se présentait à lui. Même le silence de la pièce ne parvint pas à calmer le torrent de questionnements qui déferlait dans ses songes dans une cacophonie monstre. C'est dans cet état d'esprit houleux qu'il se rendit à la fac pour rejoindre son camarade de classe, ses écouteurs enfournés dans ses oreilles, l'épiderme en feu sous son pull à col roulé.

— J'ai chaud, bordel de merde ! se plaignit Jeongguk tout en soufflant.

— En même temps, quelle idée de mettre un col roulé quand il fait vingt-deux degrés ? renchérit Seokjin tout en levant les yeux au ciel.

— Je suis pas Mister Météo, hein. Je ne pouvais pas sucer de mon pouce qu'il ferait aussi bon aujourd'hui, après la drache qui est tombée cette nuit.

— Sans déconner, j'ai cru que l'appartement allait se faire avaler par la flotte. Mais il faut vivre au jour le jour avec le temps du Nord, tu sais. Le matin, il peut tomber des trombes d'eau pour qu'après seize heures, tu vois le soleil pointer le bout de son nez comme si de rien était. Je vais avoir l'air d'un vieux à dire ça, mais il y a plus de saisons ici.

— Ouais et ben le Nord me casse foutrement les couilles, si tu veux mon avis ! Je vais suer comme un bœuf encore, ça me dégoûte d'avance.

Effectivement, il y avait un réel contraste entre la météo de cette nuit et celle de cette nouvelle journée qui s'échelonnait. Le ciel au-dessus de leurs têtes avait redoré son plus bel ensemble azuré sur tout le nuancier de couleurs existantes et il n'y avait pas un seul nuage à l'horizon pour venir déranger l'astre lumineux qui étincelait majestueusement tout là-haut. La température de l'air ambiant était très agréable, sauf pour Jeongguk qui crevait de chaleur sous son vêtement. S'habiller tout de noir n'était, en effet, pas la meilleure idée du siècle quand l'été approchait à grands pas. C'était même un très mauvais plan. Pas sûr qu'il survivrait encore très longtemps, ni à cette chaleur de plomb ni à la séance de révision à laquelle il s'adonnait sur la pelouse de l'université.

— Quand et par qui a été écrit A Clockwork Orange ? questionna le plus âgé des deux, une fiche bristol tenue entre ses doigts.

Okay... Section « Postmodernism », du coup.

La matière que Seokjin faisait réviser au plus jeune était Panorama de la Littérature Anglaise. Dedans, on y voyait différents auteurs devenus aujourd'hui des piliers littéraires de la langue de Shakespeare classés par genre et époque. Cette matière pouvait se révéler être intéressante comme enquiquinante tout simplement parce qu'à la fin, il y avait un nombre incalculable d'écrivains et d'informations sur eux à retenir. Réciter le cours, sans confondre les auteurs entre eux ou leurs œuvres, relevait de l'impossible. Leur enseignant attitré leur avait dit que c'était tout à fait faisable d'avoir un quarante sur quarante au devoir de fin de semestre, mais Jeongguk y croyait moyennement. Le quarante sur quarante avait plus une allure de légende urbaine que de fait avéré. Il n'était déjà pas certain d'avoir dix tout pile alors obtenir la globalité des points, ce serait inespéré. Néanmoins, il faisait son maximum pour retenir le plus d'informations possibles pour le jour J. Il tenait à tout prix à valider son année, à poursuivre cette licence qui le passionnait pour accéder au métier de ses rêves. Il adorait l'anglais plus que n'importe quelle autre langue. Ses musiques contenaient quasiment toutes des paroles en anglais, ses séries et films étaient matés en audio original sous-titrés en français et il se forçait à lire un peu plus souvent des articles, des histoires dans cette langue pour acquérir un meilleur vocabulaire. Il espérait un jour être capable de transmettre sa passion à de jeunes lycéens, être à la hauteur des enseignants qui lui avaient appris beaucoup de la culture anglo-saxonne durant toutes ces années.

— En mille neuf cent soixante-deux par Anthony Burgess, répondit du tac-au-tac le noir de jais.

L'ébène tira vers le haut les manches de son gros pull, espérant avoir moins chaud. Il avait cependant pris des précautions avant sa venue à la fac, au cas où il effectuerait ce geste sous les yeux de son ami. Les marques sur ses poignets étant toutes récentes, Jeongguk les avait soigneusement camouflées derrière de gros bracelets masculins en cuir, ornementés de boucles pour l'un d'eux. Ils s'étaient fait plaisir un jour en surfant sur le Web et se les étaient commandés, ayant eu un gros coup de cœur pour ces bébés qu'il jugeait super jolis. En plus, cela allait plutôt bien avec son style vestimentaire, selon lui. Il se remercia intimement de les posséder car sinon, le brun à ses côtés serait déjà en train de lui passer un interrogatoire musclé. Même si Jeongguk avait promis de ne plus mentir, il était hors de question que Seokjin sache ce qu'il s'était passé la veille. Il n'était pas prêt à recevoir ses remontrances encore une fois, ni celles de Jimin si celui-ci venait à apprendre qu'il avait une nouvelle fois déconné, même si d'après lui c'était pour la bonne cause. Taehyung restait important. Même après tout ce que l'adulte avait pu lui faire endurer mentalement et physiquement, Jeongguk campait sur sa position. Et il ne serait pas serein tant qu'il n'aurait pas mis le doigt sur le trouble le dévorant. C'était presque une sorte de besoin existentiel de savoir ce qui rongeait l'aîné et la cause exacte de ce mal-être et ne détenir que très peu d'éléments autour de ça le remuait de l'intérieur.

— Qu'est-ce que tu peux me dire sur ce roman ?

— Il met en scène un antihéros qui se plaît dans l'ultraviolence et la musique classique, celle de Beethoven plus précisément. Les paroles du personnage sont rédigées dans un mélange d'argot anglo-russe appelé « Nadsat », que l'auteur a inventé lui-même pour l'intrigue. Ce qui rend son style d'écriture très complexe et original. C'est un roman d'anticipation, écrit à la première personne du singulier et sous un point de vue interne, visant à dénoncer les dérives d'un gouvernement quasi-totalitaire et la destruction du libre-arbitre.

— Champiooon, mon Ggukie !

Seokjin le félicita, le sourire aux lèvres, pour ce sans faute et naturellement, ils se tapèrent dans la main en signe de victoire. Ça faisait du bien à Gguk de voir qu'en dépit de ses soucis personnels qui l'accablaient, il était encore tout à fait capable de se mettre sérieusement au travail. Les compliments de Jin lui mettaient du baume au cœur et l'encourageaient à se démener encore plus pour que les résultats puissent porter leurs fruits.

— Maintenant, j'aimerais que tu me dises ce que tu sais sur The Satanic Verses de Salman Rushdie.

Pendant un court instant, Jeongguk regarda son ami sans réagir, dans le blanc des yeux, avant de plisser les siens comme s'il était en train de lui parler dans un langage extraterrestre.

« Les Versets Sataniques » ? Mais qu'est-ce que c'est qu'cette sorcellerie, encore ?

— T'es sûr que c'était dans le programme, ça ? interrogea l'ébène, n'ayant pas le moindre souvenir du nom de l'œuvre, ni même de son auteur.

Son ami hocha vivement de la tête. Jeongguk supposa alors que soit il avait dû rêvasser au moment même où ils avaient abordé le sujet en classe, soit... Il était dans les bras d'un certain châtain anciennement gris et à l'œillade pénétrante, regard auquel il ne pouvait résister bien longtemps chaque fois qu'il avait eu le malheur de plonger le sien dedans. Sa lèvre inférieure se coinça sous ses incisives. Nerveux. Jeongguk était tout bonnement nerveux car il se disait qu'à cause de ses nombreuses fois à sécher, à avoir privilégié l'amour plutôt que ses études, il serait dans de beaux draps pour les partiels. Le moindre manque d'informations, aussi minuscule soit-il, pouvait lui porter préjudice à l'instant venu. Face à sa copie, il ne pourrait compter sur l'aide de personne, seulement sur lui-même et ses connaissances acquises tout au long des deux semestres.

— Désolé. Je donne ma langue au chat, se résigna le noir de jais.

— C'est pas grave, t'inquiète pas. Ça sert à ça, les révisions : à revoir des choses qui nous auraient échappé en classe ou que l'on aurait pas compris. Profite que je sois là pour me poser toutes les questions qui te viennent en tête, si jamais.

Le nommé acquiesça de la tête, remerciant intérieurement Seokjin de l'épauler et, surtout, de le supporter. Il était si patient avec lui, malgré toutes les frasques qu'il avait pu commettre. L'étudiant n'était pas certain de trouver d'autres personnes comme son camarade. Il n'y en avait pas deux comme lui. Si c'était un autre individu de son âge qui l'avait fréquenté, peut-être que tout aurait été différent. Peut-être même que présentement, Jeongguk serait livré à lui-même face à ses cahiers, face à ses pensées obsessives et obscures comme du pétrole, sans quiconque pour lui venir en aide, pour le guider vers le chemin de la guérison. Celle-ci était encore très longue, Gguk en avait bien conscience. Mais la présence rassurante de Seokjin combiné à celle de son meilleur ami rendait son quotidien plus supportable. Il leur devait tout. Absolument tout. Et il était prêt à leur rendre la pareille si un malheur venait un jour frapper leur existence.

— C'est un roman datant de la fin des années quatre-vingt qui s'inspire de faits réels, de la vie de l'auteur ainsi que de la vie du prophète Mahomet dans le Coran. Divers thèmes y sont abordés comme la foi, le fanatisme religieux, le racisme, le pardon ou encore les provocations policières. Tu en as encore d'autres que tu vas retrouver dans d'autres ouvrages de cet auteur.

— Mais... Pourquoi le roman porte un nom pareil ? questionna Jeongguk, confus. J'aurais pensé que c'est un roman datant de la période gothique, personnellement.

— J'y viens, j'y viens. Le titre fait en fait référence à un passage de la vie de Mahomet, au moment où il a tenté d'établir le monothéisme à la Mecque, si je ne dis pas de bêtises. Il a été exposé à l'hostilité des notables polythéistes et aurait ensuite prononcé des versets que Satan lui aurait fait dire, empreints de conciliation avec les idées polythéistes. L'auteur a failli être condamné à mort en Irak pour avoir écrit cet ouvrage.

— Sérieux ? Mais... Ce n'est pas un peu risqué d'écrire sur un sujet aussi sensible ? Je veux dire... Vis-à-vis de l'opinion publique, des personnes se sentant concernées par l'œuvre... Je ne sais pas si tu vois où je veux en venir.

— Je comprends ce que tu veux dire, rassura Seokjin, un sourire chaleureux aux lèvres. Tout dépend bien évidemment de comment tu manipules le sujet au moment de sa décortication, comment tu le traites, ce que tu en as compris et de ce que ça donne au moment du résultat final. Mais certains d'entre eux sont de réelles prises de risques. T'as certains sujets dont il vaut mieux ne pas trop se frotter parce qu'ils sont malheureusement source de conflits depuis des années, voire des siècles entiers parce que les gens sont en désaccord total là-dessus. La religion en fait partie. Tu auras toujours des gens qui défendront la liberté d'expression parce que d'après eux, on peut parler et rire de tout. Puis d'autres qui te diront que la liberté d'expression a ses limites, qu'elle peut parfois être offensante. C'est un débat qui est toujours d'actualité.

— Je vois...

Si le karma n'avait pas été en sa défaveur ces derniers temps, Jeongguk aurait posé ce débat avec son ancien amant. Il aurait aimé connaître son opinion à ce propos car c'était un homme intelligent et réfléchi sur les phénomènes de société. Étant donné que dans ce cas-ci il était question de la place de la religion dans la littérature, Taehyung aurait été le mieux placé pour faire part de son avis sur le sujet. Cela aurait pu être intéressant et Gguk serait resté planté là, les pupilles braquées sur lui telles des projecteurs, n'ayant d'attention que pour lui ; écoutant chaque parole qui sortirait d'entre ses lippes carmines, délectables à la vue comme au toucher. Ses mirettes énamourées auraient lentement glissé sur celles-ci, le rouge lui serait monté aux joues et il aurait réalisé qu'à quelques centimètres de lui, se tenait celui qu'il pensait être l'homme de sa vie. Le noir de jais se perdit dans ses pensées, ses orbes vert clair dirigés vers la parcelle d'herbes sous ses pieds quand une voix familière et Ô combien irritante l'extirpa de sa méditation.

— Ça bosse dur, dis donc !

— Lui au moins, il va avoir son année contrairement à certains, rétorqua Seokjin, une main servant de visière face au soleil.

— C'est ma beauté qui t'éblouie ?

— T'es surtout à contre jour et je vois rien, espèce de gros con.

Hoseok venait de faire son apparition comme un cheveu sur la soupe, les mains dans les poches accompagné de cet éternel air effronté gravé sur son faciès. L'ambiance n'était plus aussi tranquille subitement et Jeongguk priait déjà toutes les divinités pouvant exister qu'une troisième guerre mondiale n'éclate pas entre les deux opposants puis que Mister Populaire ainsi que son affreux pantalon kaki – décidément, c'est qu'il le chérissait pour le mettre autant de fois – décampent vite d'ici.

— Je ne dispose pas de soutien pour me seconder dans mes études, malheureusement.

— Comme c'est triste, ironisa Jin. J'en ai presque la larme à l'œil. Tu veux que je ramène les violons, tant qu'on y est ?

Hoseok pouffa de rire comme s'il venait d'entendre la meilleure blague de l'année avant de répondre :

— Je vais les réussir ces rattrapages de mes deux, j'ai que quelques points à rattraper pour avoir la moyenne. J'ai pas touché le fond, contrairement à notre cher Jeongguk ici présent.

Exécrable. Ce mec était tout bonnement insupportable et le concerné pouvait sentir ses nerfs chauffer peu à peu. Le bout de sa langue s'enfonça contre l'une des parois de ses joues tandis qu'il prenait une profonde inspiration.

— Tu peux remercier ton téléphone portable pour le peu de bonnes notes que t'as obtenu, dit Gguk. T'es incapable de réussir un examen par toi-même. T'es obligé de tricher parce que t'es pas fichu de bosser sérieusement, surtout qu'on sait tous que t'es qu'un gros feignant.

L'ancien président de l'association étudiante tourna la tête en direction du plus jeune, guère perturbé par les piques qu'il lui lançait. Ça ne lui faisait ni chaud, ni froid de les entendre. Ça lui passait même par-dessus la tête, tant il n'en avait strictement rien à foutre.

— Pardon, tu disais ?

Il le faisait exprès, le gamin à la bouille de lapin le savait pertinemment. Hoseok cherchait à le faire sortir de ses gonds pour la on-ne-sait combientième fois depuis le début de leur seconde année de fac, pour ne pas changer des bonnes vieilles habitudes.

— La vieillesse frappe avant l'âge, à ce que je vois, commenta Seokjin. Maintenant, tu vas gentiment voir ailleurs si l'on y est et nous laisser travailler. Et va aussi nettoyer tes oreilles, elles en ont grand besoin.

— Ah, parce que vous êtes sérieux ? Jeongguk pense vraiment avoir son année après avoir déconné aussi fort tout le long du dernier semestre ?

— Il va y arriver. J'ai confiance en lui et je sais qu'il a largement les capacités de réussir, peu importe qu'il ait déconné ou non.

— Il est vrai que se faire ramoner la cheminée tous les jours par son mec va vachement l'aider à obtenir son diplôme, bien sûr. T'approuves cette méthode d'apprentissage, Jeon ? Tu sembles le mieux concerné pour nous donner un retour sur cette technique.

Ledit Jeon ne répondit rien. L'adrénaline pulsant dans ses veines se tut lentement pour laisser place à une émotion douloureuse. Hoseok venait d'enfoncer le clou en lui rappelant l'existence de Taehyung et de tout ce que sa venue dans l'établissement scolaire avait engendré dans son quotidien. Mister Populaire repéra alors le changement de l'expression faciale du noir de jais et s'accroupit à sa hauteur, un sourire en coin. Jeongguk l'observa faire, sans dire quoi que ce soit.

— Oh, aurais-je touché une corde sensible ? Vous n'êtes plus ensemble, toi et ton cher et tendre ? Pauvre de toi. À l'heure qu'il est, il a certainement dû trouver un autre jouet avec qui s'amuser vu le public qu'il rameute chaque midi à la cafétéria.

— Jung Hoseok, n'entre pas sur ce terrain-là, prévint le camarade du plus jeune tout en grinçant des dents.

Son ton faussement triste à son égard le révulsa. Ce n'était que des conneries qu'il balançait juste par plaisir de l'humilier et pourtant, ça fonctionnait sur lui. Gguk pouvait sentir un certain malaise prendre possession de lui, de ses pensées désordonnées et de son cœur qui se tordait dans sa cage thoracique.

— Tu mens, répondit faiblement le cadet.

— Si je suis un menteur, pourquoi est-ce que j'ai l'impression que t'es à deux doigts de chialer actuellement ?

— Tu mens !

Jeongguk le contredisait, mais dans le fond, le jeune homme n'avait pas tort. Il essayait de contenir de toutes ses forces au plus profond de lui cette vague de plusieurs mètres de haut de culpabilité, de haine de soi, de panique et d'autres émotions anxiogènes qui menaçait d'entrer en collision avec le rocher malingre qu'était sa stabilité mentale qui ne tenait plus que sur un fil. Hoseok rapprocha son visage de quelques centimètres de celui de son vis-à-vis et lâcha :

— Les histoires d'amour, ça finit mal en général. Alors ne sois pas étonné que ça n'ait pas marché entre vous... Tu en verras d'autres, des gars. C'est pas le seul sur cette planète, tu en trouveras qui voudront bien de ta petite gueule de pédé et de ton cul rebondi. En attendant, apprends à t'endurcir parce que là, ça craint. Regarde-toi, t'es tellement faible. Tu m'étonnes que l'autre troufion soit parti, j'attends toujours que tu viennes me péter la g–

— Tu fermes ta gueule bien cordialement et tu vires de là, tout de suite ! gronda Seokjin.

Hoseok fusilla alors de ses prunelles marrons l'ami de l'étudiant, la mâchoire serrée.

— Mais est-ce que je t'ai demandé ton avis, toi ? demanda-t-il, sur un ton condescendant. Tu t'appelles pas « Jeongguk » aux dernières nouvelles, alors pourquoi est-ce que t'ouvres ta grande bouche encore ? Mêle-toi de ton cul !

— On n'a pas demandé le tien non plus, à ce que je sache. Je t'ai ordonné quelque chose et tu vas le faire, illico presto. À moins qu'il faut que je te l'apprenne pour que ça rentre dans ton crâne de moineau une bonne fois pour toute.

— Avec tes bras de gringalet, tu penses sérieusement m'apprendre la vie ? ricana avec sarcasme Hoseok tout en levant l'un de ses sourcils.

Et c'est un énième crêpage de chignon qui vit le jour entre les deux énergumènes et au milieu de tout ça, Gguk les contempla dans le vide, ne sachant que faire. Il se sentait juste affreusement mal et la querelle entre les deux garçons ne fit qu'empirer son mal-être grandissant. De trop. Il ressentait cette impression d'être de trop, impression qui pressait sa pomme d'Adam au point de créer une gêne, une sensation de suffocation. L'air devenait toxique et Jeongguk n'appréciait pas les conflits de façon générale. Surtout quand il était le principal sujet de discorde. Cela ne lui rappelait que trop bien les disputes quasi quotidiennes de ses parents jadis à propos de sa garde qui finissaient toujours par dégénérer, à partir du moment où le mot « divorce » avait été prononcé par sa mère. Cette dernière avait voulu le garder afin qu'il ait une existence épanouissante, où il serait maître de ses propres décisions et recevrait tout l'amour nécessaire. Son père, quant à lui, souhaitait l'avoir sous son toit afin de faire de lui un homme, « l'endurcir » comme il avait si bien dit de nombreuses fois car madame Jeon était trop douce avec lui, trop laxiste sur les bords. Voir ses géniteurs se déchirer pour lui avait peiné Jeongguk à cette époque, pensant que le cœur du problème était lui-même. Ce petit arrière-goût de culpabilité avait imbibé son palais chaque fois qu'il était question de lui et c'était encore le cas, alors qu'il était désormais adulte. Enfin, le mot « adulte » sonnait creux, venant de lui. Il avait beau avoir franchi le cap des vingt ans, cela lui faisait encore bizarre de se considérer comme tel. Parce qu'on a encore tant de choses à apprendre du monde à cet âge-là. Parce que nous n'avons pas le même recul, la même maturité qu'une personne arrivée au premier tiers de sa vie. Parce que, quelque part au fond de nous, palpite encore l'insouciance de nos années d'adolescence et la candeur de notre enfance et, par extension, cette crainte de la confrontation inévitable du vrai et impitoyable monde : celui des adultes.

C'est avec cette culpabilité presque enfantine revenue d'entre les morts, qu'il rassembla à la hâte ses affaires de cours dans son sac sous les remarques acerbes que s'échangeaient Seokjin et Hoseok comme on s'échangeait une balle en plein match de ping-pong.

Quand Jin remarqua alors la précipitation du gamin à la bouille de lapin, il tenta de le retenir en l'implorant de rester et de ne pas écouter les inepties d'Hoseok mais c'était peine perdue. Jeongguk devait partir. C'était un besoin plus que nécessaire pour son bien et il ne voulait pas que l'ancien président de l'association Dionysos profite de ce moment de faiblesse de sa part. Il refusait de lui accorder ce plaisir. Alors le noir de jais donna pour seule réponse à son camarade de toujours que là où il se trouvait, l'oxygène était irrespirable et bien trop nocif pour lui. Une minute de plus ici et il succomberait à l'asphyxie.

Une fois son sac fait, Jeongguk partit en trombe, une autre moquerie d'Hoseok en fond qui fut vite recouverte par la voix de son ami qui l'interpellait au loin. Mais il n'écoutait plus. Son crâne faisait trop de bruit, le amas d'émotions négatives stocké en lui entamait une tintamarre infernale dans son esprit et ses mirettes miroitaient peu à peu. Emporté par ses émois, l'étudiant courut, le cœur battant la chamade, ses muscles le martyrisant à nouveau sans prêter attention à l'environnement l'entourant, ni même aux potentiels obstacles qui pouvaient se dresser sur son chemin. Il voulait juste déguerpir de là, rejoindre son appartement et se foutre en boule sous ses draps, en pleurs.

Hoseok avait totalement raison. Il était impuissant. Il ne brillait ni par son courage, ni par sa témérité, la moindre petite chose venant ternir sa journée le rendait à fleur de peau et c'était encore pire depuis qu'il avait quitté pour de bon Taehyung. Même protéger celui-ci de ses démons, il n'avait pas su le faire. Les confronter directement représentait une trop grosse source d'angoisse pour lui. Rien que d'y songer lui refourguait des frissons serpentant son échine. Il avait préféré sauver sa peau, sa psyché délicate que de s'enliser encore un peu plus profondément dans les ténèbres et de faire regagner la lumière à son aîné de sept ans, quitte à y laisser sa propre âme dans le lit conjugal. Preuve de lâcheté ou réaction tout à fait humaine face à une situation si compliquée ? Jeongguk se persuadait depuis ce soir-là qu'il s'agissait de la première option, dur comme fer. Il aurait aimé se faire pardonner pour cela et ainsi, recouvrer un minimum d'estime aux yeux de Tae comme à lui-même. Car chaque jour, elle prenait un coup. Chaque soir, elle se détériorait, se craquelait, le réduisant à une âme en peine, à une sorte de criminel incapable de se pardonner pour le crime qu'il avait commis, à une cascade de perles salées et froides déversées dans la douceur de ses oreillers avec virulence. À chaque fin de journée, seul avec ses craintes dans son studio, il se terrait un peu plus dans son malheur, ayant gros sur la conscience pour avoir délaissé Tae à son sort.

À moins que la veille...

Jeongguk n'eut pas le temps d'envisager une quelconque hypothèse qu'il heurta quelqu'un dans sa course. Il ferma les paupières instinctivement et manqua peu de chuter par terre à la collision lorsqu'une paire de mains le rattrapa de justesse par le creux de ses hanches. La poigne exercée sur cette partie de son corps était forte... Protectrice. C'était bizarre. Le vertige le saisit alors puis quand il ouvrit une nouvelle fois ses mirettes et croisa le regard de la personne qui le retenait, il ne sut comment réagir. Il avait même momentanément oublié comment respirer et resta pétrifié, sa capacité de s'exprimer s'étant envolée avec.

Jeongguk était paralysé et se sentit pris de court. La seule action qu'il pouvait effectuer était de lorgner l'homme face à lui, sa présence et leur proximité le laissant coi et nauséeux à la fois. La sensation de tournis s'intensifia et les bâtiments environnant se mirent à chanceler d'un côté. Tout comme son organe vital qui chavirait doucement sous ces deux orbes sombres qu'il connaissait par cœur désormais, qui le fixaient avec intensité, une lueur singulière et crépitante dansant à l'intérieur. Lui aussi paraissait tout autant surpris par la situation qui se présentait à eux et surtout soulagé.

Je... Je rêve ou bien... ?

— T– Taehyung ?

— Amour ?

Le temps se mit sur « pause ». Une seconde, cinq minutes, une éternité peut-être venait de s'écouler et pourtant, ils restèrent plantés ainsi, dans l'impossibilité de ne serait-ce que reculer d'un pas. Plus rien ne leur importait sur l'instant. Les œillades curieuses de certains étudiants à leur égard, l'atmosphère étouffante sous la brillance de l'étoile de feu... Tout ça leur passait par-dessus la tête. Seule leur présence respective leur importait. C'était eux, et uniquement eux, qui comptaient à ce moment précis.

Jeongguk osa aventurer ses pupilles le long du faciès de celui pour qui son cœur battait toujours à tout rompre et crevait d'amour, le rouge lui montant aux joues à l'entente du surnom affectif employé avec douceur par ce dernier. Des cernes creusaient le dessous de ses yeux, ceux-ci étaient légèrement rougis. Il avait l'air de manquer cruellement de sommeil mais cela n'entachait en rien sa beauté. Criard de colère, submergé par le spleen, l'air rieur ou pensif : peu importe l'humeur de celui-ci, il restait magnifique en toute circonstance. Durant son exploration visuelle, Gguk remarqua que l'employé de cantine ne portait plus son anneau au septum. Le cartilage de son nez était abîmé, couvert de minuscules croûtes, ce qui créa un certain dégoût chez le plus jeune mais il n'en montra rien. Ses lèvres disposaient toujours cet aspect gourmand, cette teinte carmin que l'on avait envie de dévorer à coups de baisers passionnés et d'écorcher du bout de la langue. Inconsciemment, Jeongguk se lécha ses propres lippes à cette vue et dut puiser dans ses ressources pour ne pas succomber à la tentation. Parce que Tae était une tentation à lui seul, un péché rutilant pour lequel on irait de bonne grâce cramer tout entier dans les limbes enflammés et méphistophéliques du Pandémonium. Puis ses globes oculaires louchèrent sur une anomalie ; des traces bizarres rougissant dans l'un des côtés du cou du plus âgé, ce qui le calma instantanément comme l'on apaise un incendie à coup de jets d'eau glacés. Ces traits étaient nets, prononcés et paraissaient assez récents. Ils semblaient comme ancrés dans son derme crépusculaire et tout laissait croire qu'ils mettraient soit du temps à partir ou bien, qu'ils resteraient gravés à l'encre indélébile sur sa peau. On s'était accroché rudement à lui comme si c'était la fin, comme s'il n'y aurait point de lendemain. Jeongguk plissa des yeux sur ces marques anormales et–

Un bruit de claque, un souffle bouillonnant, un gémissement incontrôlé, des chandelles en quantité, des pleurs – beaucoup de larmes –, des mots doux déclarés, des confessions chuchotées, puis... Une croix ?

Jeongguk se figea entre les poignes de Tae, qui ne l'avait toujours pas lâché entre deux, perturbé par cette succession inopinée de flashs qui coulaient à flot dans son esprit brouillon, le ventre noué.

Qu'est-ce que c'était... Que ça ?

Il avait l'impression que ces souvenirs ne lui appartenaient pas et pourtant, c'était bel et bien les siens. Quelque chose d'inexplicable le poussait à penser que ces images avaient un lien avec les événements de la nuit dernière et ce pressentiment ne fit qu'accentuer ce stress qui le piquait vif depuis son réveil. Il baissa la tête, ses mirettes braquées vers le sol goudronné, l'air abattu. Mal. Jeongguk se sentait vraiment mal. Un toucher le ramena à la réalité et ce contact le fit quelque peu frissonner.

— Jeongguk, qu'est-ce que tu fuyais comme ça ? Pourquoi es-tu au bord des larmes ?

La voix de Taehyung était douce, tout comme l'était sa main contre sa joue, son pouce flattant celle-ci. Jeongguk pouvait sentir une pointe d'inquiétude dans ses mots mais il ne répondit pas. Il s'en fichait de son état actuel. Là, tout de suite, il désirait – non ! – il exigeait des réponses sur ce qui avait bien pu se passer entre lui et le plus âgé.

— Tae... dit le noir de jais, la voix cassée. C– cette nuit o– on a–

— Je voulais justement en discuter avec toi.

Le plus jeune releva la tête subitement, ne s'attendant pas à une telle réponse de sa part. Il acquiesça alors vivement, tout en prononçant un « okay » à peine perceptible. Il essuya l'un de ses yeux, tout en reniflant. Le salarié, pendant ce temps, avait toujours le regard concentré sur son cadet. Rien n'avait changé. L'éclat de ses prunelles était intact, donnant cette éternelle sensation à Jeongguk d'être important. Tae ne voyait que lui. Lui et son joli sourire pulpeux, lui et son petit nez à la pointe rebondie, lui et sa chevelure aux couleurs du café, lui et ses deux pierres jades. Lui, lui et seulement lui. Il le lorgnait comme s'il était le joyau le plus précieux qui soit au monde et le cœur de l'ébène manqua de dégringoler sévèrement.

— Je... Tu m'as ouvert les yeux sur certaines choses et je voulais t'en remercier. Du fond du cœur.

Droit dans les yeux, sans cligner, le châtain lâcha ces mots. Le ton de son propos semblait solennel et sincère, rempli d'une profonde gratitude. Ça cognait anormalement dans la poitrine de Gguk.

... Hein ? J'ai fait ça ? Moi ?

— J'ai repensé à tout ce que tu m'as dit, à l'aube et... Tu as tellement foi en moi, commença à voix basse Taehyung. Je crois que par tes paroles, tu m'apprends peu à peu un langage que je commence à comprendre et... Je veux que tu sois fier de moi. Je veux avancer pour toi. Être une meilleure personne juste pour toi.

Il marqua une courte pause et vint attraper avec délicatesse les mains du plus jeune, qu'il joignit aux siennes. Les pulsations cardiaques de Jeongguk triplèrent d'intensité et les mots lui manquèrent. Il était sans voix face à ce qui ressemblait fortement à une déclaration et s'interrogea sur ce qui avait bien pu se passer la nuit dernière pour qu'ils en arrivent là. Tout émoi semblable à de la peur à son encontre avait disparu. Gguk n'éprouvait plus de terreur envers lui comme durant les précédents jours. Quelque part, cela lui faisait plaisir de retrouver cette proximité qu'il aimait tant, même si elle était minime.

— Je te demande encore une fois pardon pour tout cet artifice dérangeant au possible que je t'ai concocté et, plus particulièrement, pour l'énorme frayeur que je t'ai occasionnée. Tu avais entièrement raison et je veux faire honneur à tes conseils qui représentent une valeur inestimable à mes yeux.

Le châtain souffla comme pour se donner du courage, fuyant le temps de quelques instants l'œillade du benjamin avant de poser à nouveau le regard sur lui.

— Merci de croire en moi, mon ange. Merci mille fois de me guider, malgré toutes les horreurs que j'ai pu te dire et te faire. J'ignore encore comment mais... J'essaierai de faire mon maximum pour que je puisse regagner ta confiance et t'aimer plus sainement. Je vais me reprendre en main, comme tu me l'as dit. Quand j'estimerai que je suis fin prêt... Je te retrouverai. C'est une promesse, trésor.

— Tae...

C'est tout ce que fut capable d'articuler l'étudiant, touché de façon indescriptible par les paroles de son ancien amant. Ses joues chauffaient, une certaine effervescence se répandait dans son organisme tandis que son organe vital... Seigneur. Comment faisait-il pour rester debout et ne pas finir terrassé par une crise cardiaque ? Il put apercevoir une émotion vaciller dans les billes obscures de son vis-à-vis, sans pour autant être susceptible de la lire. C'était toujours aussi compliqué de déchiffrer ce qui l'animait, même en n'étant plus en couple avec lui. Mais son for intérieur lui hurlait que tout ce qu'il exprimait depuis peu était authentique et honnête. C'était inexplicable. Taehyung était sur le point d'en dire davantage sauf qu'on l'en empêcha. Deux mains venant de nulle part le poussèrent avec violence vers l'arrière, coupant court à cet instant de sérénité entre eux. C'était si vif, si précipité que le temps que l'information arrive jusqu'à son cerveau, la personne que Jeongguk reconnut très vite se posta devant lui, la mâchoire et les poings serrés.

— Toi, tu ne touches plus jamais à un cheveu de Gguk ! s'emporta Seokjin, tiraillé par la colère.

Le noir de jais se rapprocha de son ami en le retenant par le bras, appréhendant que la situation s'envenime.

— Seokjin, il n'a rien fait ! Calme-toi, s'il-te-plaît !

Le nommé n'écouta pas, bien trop aveuglé par la haine qui le consumait. Jamais le plus jeune n'avait vu son camarade aussi furieux. Et si un regard possédait la faculté de réduire à néant une vie humaine, Taehyung serait probablement mort depuis plusieurs secondes. Lorsqu'il osa jeter un œil du côté du châtain pour s'assurer qu'il allait bien, ce ne fut guère mieux. Son expression était effroyable. Le noir de jais voyait bien que l'employé de cantine essayait de se contenir et espérait de tout son cœur que Jin ne le provoque pas plus. Si Taehyung explosait, il valait mieux fuir et ce, très très rapidement.

— T'es pas culotté de jouer les amoureux transis après tout le mal que tu as fait à Jeongguk ? Tu oses revenir vers lui alors que t'as fait que de la merde ?!

Tae claqua sa langue contre son palais et renchérit :

— Et toi, on ne t'a jamais appris à ne pas te mêler de ce qui ne te regarde pas ?

— Les affaires de Jeongguk sont mes affaires, comme les affaires de Jimin sont les miennes. Je suis au courant de toutes les merdes que tu leur as fait endurer et je peux te dire que tu as plutôt intérêt de tracer ta route, si tu ne veux pas que les choses s'aggravent pour toi.

— Et qu'est-ce que tu vas me faire, hm ? questionna Tae sur un ton agressif tout en réduisant la distance entre lui et Seokjin. J'ai une discussion importante à terminer avec Gguk et je vais la terminer, que ça te plaise ou non. Couché, le chien de garde.

Le plus âgé tenta d'attraper le poignet de l'ébène mais tout ce qu'il récolta fut une claque sur sa main de la part de Jin. Jeongguk hallucina au geste soudain de celui-ci et redouta la réaction du plus grand.

— Dégage ta sale patte de là, crevard ! cracha avec dédain Seokjin.

— À ta place, je ne fanfaronnerai pas trop. N'oublie pas où est-ce que tu es, au lieu de jouer au justicier.

Taehyung avait raison. Car le plus jeune des trois remarqua que quelques étudiants s'étaient entre-temps stoppés sur leur trajet, leurs paires d'yeux orientées vers eux. D'autres ralentissaient leur marche pour ne rien rater de ce qui se tramait non-loin d'eux. Ils étaient à Lille 3, campus où le commérage allait de bon train. Épier la vie de parfaits inconnus était toujours plus intéressant que de se concentrer sur la sienne. C'était là la toute la splendeur de l'Homme, chef-d'œuvre incontesté de Tout Là-Haut. Le malaise envahissait peu à peu Gguk qui ne souhaitait qu'une chose : se barrer d'urgence. Cela lui rappelait les altercations en public qu'avait pu avoir son meilleur ami Jimin dans l'unique but de le défendre, quand ils n'étaient encore que des collégiens. Jeongguk n'aimait pas sentir l'attention d'étrangers sur lui. La sensation lui était particulièrement désagréable. Il avait l'impression de fondre vivant avec toutes ces œillades indiscrètes braquées sur lui dans ces rares moments.

— J'en ai rien à battre des autres, grogna Seokjin. Tu empiètes sur la zone de confort de Jeongguk, tu ne l'aides pas à avancer en revenant comme une fleur vers lui. Est-ce que tu as des principes, même ? Si ouais, j'aimerais bien savoir où est-ce qu'ils démarrent et s'arrêtent.

— Jinnie, laisse-le, supplia l'ébène, coincé entre les deux hommes.

— Plus que toi, en tout cas. Moi, je ne mets pas mon nez dans les broutilles des autres pour exister. Tu as un besoin à combler peut-être, dis-moi ? Ça ne va pas fort en ce moment dans ta vie ?

Un rictus empestant la mesquinerie déforma les lèvres de Tae en voyant le visage de Seokjin se raffermir.

— Tu es un vrai poison pour tous ceux qui t'entourent, grinça celui-ci.

Taehyung resta imperturbable, ses bras se croisant contre son torse.

— Lâcher des excuses toutes préparées pour au final recommencer les mêmes erreurs ne sert à rien. Est-ce que tu crois sincèrement en tes propres mots à l'égard de Jeongguk ? Est-ce que tu penses être capable de le combler sans embûche ? De ne plus faire aucune erreur et d'être irréprochable ?

La poigne de Tae se crispa sur son avant-bras.

— Parce que je te rappelle quand même que certains de tes actes commis envers Gguk et Jimin mériteraient un superbe séjour en prison. Estime-toi chanceux qu'aucun d'entre eux n'ait encore déposé plainte parce qu'ils sont bourrés d'empathie envers toi. T'as peut-être su les émouvoir mais navré de te l'annoncer : avec moi, c'est inutile de jouer à la petite victime persécutée par les aléas de la vie. T'es une personne comme une autre et tu dois payer pour le mal que tu as causé.

Quelque chose semblait se dérouler du côté de l'adulte, un élément que l'ébène ne parvint pas à identifier, mais qui était très troublant.

Tu es dangereux, Taehyung. Pour toi-même comme pour tous les gens que tu approches.

Il n'y a absolument rien de bon chez toi. Tu es mauvais. La seule chose que tu puisses faire est de semer le chaos partout où tu vas. Rien n'est sans conséquence avec toi. Jimin, Jeongguk... Il y en a eu combien d'autres, avant eux ? Combien de personnes as-tu bousillé ? Combien il y en aura ensuite ? Tu es toxique, destructeur et ce n'est pas comme ça que tu avanceras dans la vie ; en sachant que tu en brises des tas sur ton chemin. Tu es source d'emmerdes, de tracas et il ne faut pas s'étonner si tu fais fuir tout le monde.

Va te faire consulter, peu importe, mais n'entre plus jamais en contact avec Jeongguk. J'espère que tu as bien compris parce que ce sera la dernière fois que tu le verras, dès maintenant. Tu es quelqu'un de déséquilibré et je n'ai pas envie que tes traumas déteignent sur Gguk. Il a déjà assez enduré comme ça. Lui tout comme toi, devez tourner la page.

Si j'ai le malheur d'apprendre qu'il lui ait arrivé quelque chose de grave t'impliquant directement... Un coup de fil et ce sont les amis de mon petit-ami qui viendront te remettre les pendules à l'heure. À partir de maintenant, tu as l'interdiction de le revoir.

Jeongguk jeta un regard déboussolé vers son ami. Ces mots ne lui étaient même pas destinés et, pourtant, il pouvait sentir son cœur se resserrer sur lui-même de la façon la plus désagréable qui puisse exister. Puis ses iris jades dévièrent vers son aîné de presque huit ans... Il put alors sentir son âme se déchirer en voyant la mine mortifiée de celui-ci. Les termes employés par Seokjin étaient d'une rudesse folle, possédaient de quoi laminer l'ego d'un individu, de réduire en cendres sa confiance en soi... De la détruire de l'intérieur et de démolir toute once de positivité encore restante chez celui-ci. L'acidité des mots faisait sans conteste bien plus de ravages que des coups bien placés sur un corps humain et Taehyung venait de le comprendre parfaitement, alors qu'il peinait à garder un semblant de contenance devant les deux garçons. Quelque chose se fissurait chez Tae. C'était la réflexion de trop à supporter.

Ses yeux basculèrent de Seokjin au châtain qu'il fixa longuement, une émotion vive y brillant. Jeongguk crut apercevoir dans ses prunelles une contrée, un univers, une galaxie entière se désagréger pour ne devenir que poussières, terre battue, un no man's land n'inspirant que désenchantement, désolation et douleur infinie. Tae ne pipa mot puis son visage se tordit dans une expression fusionnant affliction et mécontentement, ses deux bourgeons sombres se remplissant de larmoiements qui n'attendaient que de cavaler le long de ses joues. Il tourna subitement les talons et franchit à tire-d'aile le large portail de l'établissement, sous l'air effaré du plus jeune. Seokjin, quant à lui, l'expression « Bon débarras » se lisait très facilement sur ses traits faciaux. C'était même marqué en grand sur son front.

Ce n'était pas juste. Taehyung ne méritait pas un tel traitement, surtout que Jin ne connaissait pas un traître détail sur quoi que ce soit du vécu du châtain, ni même sur sa façon d'être avec autrui. Il n'avait ouï que le négatif sur sa personne ; ses crises, ses mots crus, ses gestes immoraux... Seokjin n'avait retenu que cela. Jeongguk, lui, savait que Tae recelait bien plus qu'une personnalité dévastatrice. Et c'est certainement pour cette raison que l'étudiant à la chevelure charbonneuse s'élança pour rattraper Taehyung et lui rappeler qu'il n'était pas ce que Seokjin lui avait suggéré. Tae n'était pas un monstre. Tae n'était pas inutile. Tae n'était pas un détraqué rempli de vices immondes. Il n'était rien de toutes ces dénominations péjoratives. C'était encore l'une de ces putains d'images qu'on tentait de lui coltiner, de lui enraciner dans le crâne et Jeongguk n'était vraiment pas d'accord avec tout ça. Tae était capable de ressentir, de rire, d'aimer, d'apporter ses propres couleurs à ce monde insensé dans lequel il s'époumonait à vivre.

— Jeongguk ! hurla Seokjin.

— Toi, ne m'adresse même plus la parole ! s'égosilla Gguk tout en se tournant en direction de son hyung. Ne dis plus jamais des choses pareilles à Taehyung ! Jamais !

Il ne porta pas plus d'intérêt que ça à Seokjin, bien trop scandalisé par son comportement et ses propos envers le salarié et traça sa route. Non, il n'était pas prêt de reparler à son ami de sitôt. Parler à Tae de cette manière était impardonnable. Personne n'avait le droit de briser cet homme à l'âme meurtrie. Personne n'était autorisé à faire du mal à son Taehyung. Parce que même si plus rien ne les rattachait depuis qu'il était parti pour de bon, le châtain restait et resterait le numéro un dans son cœur. Il était irremplaçable et aucun autre homme n'arriverait à la hauteur pour le combler.

Jeongguk dut pomper dans ses dernières forces pour rattraper celui-ci, son sac se secouant dans tous les sens à chacun de ses efforts. Ses cuisses et ses tibias douillaient après tant d'efforts fournis en moins de vingt-quatre heures, mais ce n'était pas ça qui le ferait reculer. Tae restait sa priorité. Après cette déclaration que celui-ci lui avait faite, il ne pouvait pas rester de marbre. Il fallait qu'il le rejoigne. Qu'il lui clame que son être hantait encore ses nuits. Que sa voix rocailleuse, chaude comme un feu de cheminée résonnait encore dans son esprit stigmatisé. Qu'il était toujours aussi épris de lui, malgré les nombreuses incidences résultant de ce drôle de lien qui les avait unis. Qu'il lui manquait atrocement, jour et nuit, vingt-quatre sur vingt-quatre, sept jours sur sept. Tout le temps. Sans arrêt.

Quand Gguk réduisit enfin la distance qui l'éloignait de son beau hyung, il essaya de le solliciter en l'appelant une fois ou deux, pendant que le plus âgé se rapprochait de son véhicule avant d'ouvrir presto la portière côté conducteur. Une énième sollicitation désespérée plus tard et Taehyung fit brutalement volte-face, une main tenant sa portière. Jeongguk ne s'attendait pas à une action aussi impulsive de sa part sur l'instant même néanmoins, il ne parvint pas à lui confier ce qu'il avait sur le cœur, trop décontenancé par l'œillade assassine que son aîné lui jetait. Il le toisait avec animosité, avec peine alors qu'une larme solitaire dévalait l'une de ses pommettes. C'était comme s'il lui sous-entendait de se taire, juste en le regardant aussi durement parce qu'il ne se sentait pas capable d'exprimer quoi que ce soit. Ou bien par peur de lui répondre des propos blessants sous l'effet de la colère. Aveuglément, le benjamin obéit à cet ordre silencieux, les bras ballants le long de son corps. Plusieurs secondes défilèrent où ils ne se dirent rien, où Jeongguk retenait son souffle, puis ce fut Taehyung qui cassa ce silence pesant d'une voix semi-brisée.

— Tu ferais mieux de retourner à l'université et ne pas traîner avec moi.

Ainsi, Taehyung coupa court à tout ceci et s'engouffra dans sa voiture avant de la démarrer à toute vitesse et de partir droit devant.

Penaud, Gguk sentit le fossé se creuser davantage entre eux alors qu'il voyait l'automobile orange disparaître au loin, agrandissant mètre après mètre la distance qui les séparait. Lui aussi avait bien envie de se dissoudre dans le décor là, tout de suite. Il aurait aimé devenir invisible, cessé d'exister momentanément pour ne pas à avoir supporter toute cette situation. En plus de haïr ce moment, le dégoût qu'il éprouvait envers lui-même se renforça. Fort. Bien fort. Jeongguk avait le sentiment d'avoir fait de Tae un ennemi indépendamment de sa volonté. Il détestait cette impression, détestait le fait que Tae ait dû à une énième reprise déguster un sermon aussi offensant, détestait que cette entrevue avec lui se soit finie sur une note négative.

Le soleil brillait haut dans ce ciel azuré et Jeongguk brûlait seul juste en-dessous, tout comme ses émois qui prenaient petit à petit feu pour le consumer entièrement de leurs épaisses flammes.

Je n'ai jamais voulu de tout ça...

Las, Jeongguk soupira profondément puis se leva de table pour se diriger vers sa cuisine, son assiette encore à moitié remplie dans les mains. Il était aux alentours de vingt-heures trente et il ne ressentait aucun appétit, après cette journée critique qu'il avait traversée. Non, le plateau de pâtes qu'il s'était préparé ne lui donnait point l'eau à la bouche. Aucune nourriture aussi bonne soit-elle, aucun film ou roman sentimental comme il les aimait, aucun plaisir ne pourrait compenser ce vide qui l'envahissait depuis plusieurs heures. Rien ne pourrait changer cela et Gguk ignorait si cette étrange émotion s'en irait d'elle-même ou non. Physiquement présent mais mentalement ailleurs, ses jambes marchaient de leur propre volonté et Jeongguk suivait leur mécanique. Son corps semblait agir seul, mais son âme, quant à elle, flottait. Il voyait ses gestes mais avait la sensation de ne pas y participer, de ne pas en être l'origine. C'était comme s'il existait et n'était pas en vie à la fois. Il se sentait épuisé, écrasé par le cours des événements. Si dépassé qu'il en revint à se demander si tout ce qu'il s'était passé dernièrement s'avérait vrai ou n'était que le résultat de son imagination débordante. C'était donc sa vie ? Est-ce que tout ce qui s'était passé était réel ? Ne serait-ce pas là l'œuvre de son subconscient ? Et puis : est-ce qu'il existait, même ? Entre autres, c'était le bordel total dans le cerveau de l'ébène, cerveau qui enchaînait digression sur digression et comme toujours, il encaissait sans trop comprendre ce qu'il lui arrivait exactement.

Ses jambes joliment sculptées et ankylosées de crampes le conduisirent jusqu'à sa cuisine équipée. Il ouvrit l'un des placards de la partie basse et la poubelle à échelle réduite se présenta à lui. À contrecœur, il vida le contenu de son récipient. En temps normal, Jeongguk évitait le plus possible le gaspillage de nourriture. Cependant, il n'avait pas d'autre choix ce soir que de déroger à ce principe que lui avait inculqué sa mère. Au moindre bout dans sa bouche, sa gorge s'était bloquée, refusant alors d'accueillir toute nourriture dans son organisme. Et quand le morceau atteignait sa destination, Jeongguk avait eu cette impression que plus il mangeait, plus son estomac s'alourdissait. Trente minutes. C'était le temps que ça lui avait pris pour ingurgiter à peine la moitié de son repas du soir. Voyant que sa faim était coupée, il s'était résigné à ne pas aller plus loin dans la dégustation de son mets. Il mit la vaisselle dans l'évier où reposait celle de la veille et du petit matin. Il releva les manches de son pull et ôta ses bracelets en cuir pour ensuite les poser sur le comptoir non-loin du bassin. Mes poignets sont encore bien marqués, se dit-il en remarquant leur état qui n'avait pas du tout évolué depuis son réveil. S'il avait encore un soupçon de courage, il aurait retourné son placard à pharmacie pour trouver de quoi s'occuper d'eux. Or, son courage s'était sauvé comme un voleur tout comme sa motivation, sa bonne humeur et toutes ces petites choses qui faisaient de Jeongguk un être humain heureux et solide mentalement, en temps normal.

Le gamin à la bouille de lapin commença alors sa tâche, après avoir lancé au pif l'une des playlists musicales sur son téléphone, qu'il posa non-loin de lui. Rapidement, l'une de ses musiques compensa le mutisme de l'espace et Gguk s'activa au rythme dansant de celle-ci, tout en fredonnant ces paroles qu'il connaissait par cœur.

So what you're trying to do to me,

It's like we can't stop we're enemies,

But we get along when I'm inside you,

You're like a drug that's killing me,

I cut you out entirely,

But I get so high when I'm inside you.

Il essaya de faire abstraction de ces heures éprouvantes vécues plus tôt, cela s'avérant plus difficile que prévu. Des signes physiques liés à la contrariété étaient encore là. Un air grave gravé sur le visage, ses sourcils inclinés vers l'avant, ses lèvres tirant une mou tristounette. Les propos de Seokjin tournaient en boucle tel un disque rayé, allaient et venaient dans ses songes et Jeongguk se demandait encore comment pouvait-on dire des paroles aussi immondes envers autrui. Elles étaient si venimeuses et empreintes de méchanceté. Ce n'était même pas lui que ces propos avaient pour cible et pourtant, c'était tout comme. Jeongguk n'était pas prêt de recontacter Seokjin avant un bon moment, jugeant ses propos inacceptables. Peu importe ce qu'avait pu faire Taehyung, celui-ci ne méritait pas qu'on lui crache aussi méchamment à la figure de la sorte. Point final. Animals de Maroon 5 se tut pour laisser une autre chanson la remplacer alors que l'une de ses mains frottait à l'aide d'une éponge la porcelaine de son assiette. Il cessa tout mouvement lorsque les premières notes retentirent. Un beat de boîte électronique. Un début de paroles glauques à souhait.

Non... Non, pas maintenant !

Il se rua sur son cellulaire après avoir séché ses mains négligemment à l'aide de son torchon et switcha de chanson à l'aide de son pouce, en panique totale. Tout ce que Spotify désirait, sauf des mélodies pouvant faire penser au châtain. Jeongguk se maudit de ne pas avoir eu assez de volonté pour supprimer les moult sons que Taehyung lui avait recommandé bien avant qu'ils ne se séparent. Il essaya du mieux qu'il pouvait de changer de piste audio, mais à chacune de ses tentatives, le résultat était le même et l'irritation dont il faisait preuve quelques secondes plus tôt revint sournoisement et commença à échauffer ses nerfs. Une rage incontrôlable se répandait dans ses vaisseaux sanguins et le décor l'entourant resserrait son étau autour de lui. Nine Inch Nails, Dir En Grey, Tool, Ghost, Spiritbox, Deftones : tous les artistes préférés de l'adulte s'affichaient à la suite sur son iPhone et Jeongguk croulait sous cette émotion folle qui le ravageait de part en part, l'empoisonnait jusqu'à la moelle épinière. La dernière barrière de Gguk céda puis il se laissa engloutir par ses émois.

Son téléphone vola par terre et cet emportement imprévu ne se stoppa pas là. Oh que non... Jeongguk avait besoin d'évacuer tout ce qu'il réprimait en lui depuis des journées entières et qui le bouffait psychologiquement en continu derrière des faux sourires, des « ça va un peu mieux » illusoires et de vains efforts. Alors il lâcha prise et se déchaîna. Il s'avança vers l'égouttoir de son évier, Head Up ! de Deftones rugissant de son smartphone visiblement encore fonctionnel, prit toute la vaisselle qui lui passait sous la main et la jeta au sol, la faisant alors rejoindre le pauvre téléphone qui était en train d'agoniser, suivi par l'égouttoir qui se fracassa plus loin. Celle restante encore plongée dans l'eau tiède se fit aussi violenter, se brisant dans une cacophonie affreuse parmi ses sœurs. Cela aurait dû s'arrêter là, mais que nenni. Ce n'était pas assez pour le noir de jais qui sentait sa culpabilité et sa haine envers lui-même atteindre leur paroxysme, décuplées par cent, le cœur en miettes, son mental hurlant le martyre, son sang pulsant à tout rompre dans ses veines, les larmes entamant leur descente le long de ses joues. Le petit Jeongguk tout sage et inoffensif était en train de rendre son dernier souffle, emporté à contre-courant par les immenses vagues qui secouaient son âme. Jeongguk devenait de fil en aiguille un homme impulsif et imprévisible, se soumettant diamétralement à ses émotions sans résistance. Jeongguk perdait le contrôle de sa propre vie et se perdait. Jeongguk souffrait. Jeongguk sombrait et faiblissait. Jeongguk se morfondait. Jeongguk crevait à petit feu, à la fois d'exécration de sa propre personne et d'amour pour ce châtain aux obsidiennes aussi impénétrables qu'envoûtantes.

Écorché vif et ne maîtrisant plus quoi que ce soit, il marcha sur les débris de verre et de porcelaine et fit rencontrer son poing dans le mur le plus proche de lui une première fois, la mâchoire à deux doigts de sauter tant elle était contractée. Ses pensées saturaient à force de trop se préoccuper des récents événements et Jeongguk en payait désormais les frais. Un deuxième coup partit. La cloison vibra sous son assaut. Il était parasité par un nombre bien trop grand de questionnements qui ne pouvaient trouver réponses mais cela ne l'empêchait pas d'être certain que Taehyung irait encore plus mal par sa faute. Que ses démons gagneraient en diabolisme, toujours par sa faute, et que lui-même perpétuerait sa dérive en pleine mer par sa propre faute, une fois de plus. Les futurs jours seraient tout aussi interminables que les précédents, pénibles à supporter et incertains, insipides, peut-être même sans lendemain, sans lumière pour chasser cette obscurité croissante qui s'étendait comme un véritable cancer en lui. Le manque s'amplifierait, la culpabilité le pulvériserait, la colère engendrerait l'éplorement et du chagrin naîtrait la lubie de chercher du réconfort dans l'autre monde.

Tout...

Je me hais.

Était...

Je me hais !

De sa faute.

JE ME HAIS, BORDEL !

Sa main douloureuse embrassa une dernière fois la surface devant lui avant qu'il ne cale son front contre celle-ci puis de poser ses deux paumes dessus. Puis il se laissa tomber à genoux lourdement, pris de légères secousses, des sanglots s'évadant d'entre ses demi-lunes torturées mainte fois sous le coup du stress avant de ramener ses bras contre sa poitrine, ses mains frottant inlassablement ses bras comme pour chercher à se rassurer tout en se balançant d'avant en arrière ; en détresse totale. Ses voisins le démonteraient sans doute pour le vacarme occasionné mais Jeongguk avait tout autre chose à penser.

Toute cette situation le rendait dingue. Il était à bout de tout, à bout de lui-même. Il renifla bruyamment, s'échinant à tempérer ses maux, la respiration laborieuse. Il pouvait entendre son abdomen émettre des gargouillis terribles et les ressentir. Jeongguk n'allait pas bien. Il n'irait jamais bien. Pas après cet énième imprévu venu ruiner ses espérances encore une fois, pour ne rien changer de d'habitude. La fatalité existait réellement, si cela se trouvait. Elle semblait plus réelle que dans tous ces romans philosophiques que Gguk avait pu décortiquer durant sa Terminale. Peut-être qu'il était destiné à mener une vie chaotique où tout n'était que déception et souffrance, qui sait ? Le hasard l'avait peut-être décidé ainsi, mais si c'était pour vivre un tel destin, Jeongguk aurait préféré ne point entrevoir la lumière du jour. Il ne vivait plus. Il survivait. Il luttait pour ne pas s'éteindre pour de bon. Et celui-ci doutait d'avoir encore assez de force mentale pour pouvoir tenir plus longtemps.

Une vibration suivie d'un « ding » l'extirpa de ses idées noires et lentement, il pivota la tête en direction de la provenance de ce son, c'est-à-dire derrière lui. L'écran de son téléphone était allumé et semblait afficher une notification sms tandis que la musique continuait de tourner. L'air en suspens, il s'approcha en marchant à quatre pattes du petit appareil – tout en veillant à ne pas se couper – puis il le saisit entre ses mains. Celle avec laquelle il avait frappé le mur lancinait mais cela lui était égal. Toute son attention était dirigée vers l'écran LCD à présent fissuré de l'objet. Seokjin. Jeongguk souffla. Il resta là, à genoux, les yeux inondés par les larmes scotchés à son mobile, incapable de prendre la décision de le pardonner ou non, au milieu du chantier qu'il venait de créer. La prochaine nuit serait très longue.

La métropole lilloise s'endormait enfin. L'étudiant put profiter de ses bruits réconfortants pour se calmer et s'enfoncer dans ses draps profondément, malgré un début de soirée catastrophique. Il ne s'était pas regardé une seule fois dans le miroir de sa salle de bain lorsqu'il y était allé. Il ne pouvait plus se blairer, n'était plus capable de se voir en peinture. Alors Jeongguk avait copieusement ignoré son image pendant sa toilette. Quel intérêt y avait-il à contempler un faiblard qui passe son temps à pleurnicher et qui ruine tout ? Absolument aucun.

Trop secoué par cette journée, l'ébène avait aussi préféré ne pas répondre aux nombreuses excuses que Jin lui avait envoyées. Il n'était pas lucide ce soir et avait voulu éviter de dire des propos qu'il aurait regretté dans la seconde qui aurait suivi. Ainsi, il s'était contenté de laisser son téléphone charger sur sa table de chevet. Le temps d'une microseconde, il avait été tenté d'envoyer un message à Tae. Mais il s'était résigné. Il était peu probable que Taehyung lui aurait répondu, après tout le remue-ménage du début d'après-midi et cela ne sonnait franchement pas comme une excellente idée. Contrarié, il s'était alors couché, espérant que son aîné allait bien et passerait une bonne nuit.

Allongé sur le côté, Gguk se mit à remuer peu à peu dans son sommeil. Un coup, il se tourna sur la droite. Quelques minutes plus tard, il bascula sur la gauche. Un soupir quitta ses lippes. Puis il poussa la couverture le recouvrant, la pensant encombrante. Les paupières toujours closes, son corps se mit à se tortiller à même son matelas. Ses jambes s'écartèrent d'elles-mêmes tel un chevalet et ses poignes partirent en direction de ses oreillers auxquels elles s'accrochèrent puissamment. Un faible couinement provint d'entre ses lèvres.

— S'il... S'il-te-plaît... murmura faiblement Jeongguk, endormi.

Son dos s'arc-boutait, formait une belle cambrure et inspirait une douce sensualité dans la pénombre enveloppant cette chambre. Ses doigts renforcèrent leur prise sur le tissu alors qu'il se mit progressivement à haleter. Son torse se soulevait et se rabaissait au rythme effréné qu'imposait son organe vital emprisonné dans sa poitrine.

— Tae... implora-t-il.

Kim Taehyung. Nom que Jeongguk aimait comme il détestait tout autant, éperdument. Même loin de lui, il était présent partout et nulle part à la fois. Dans son appartement, dans sa tête, dans les mélodies qu'il ouït, dans chaque cicatrice émotionnelle et physique qu'il avait apposé, dans ses souvenirs, dans ses rêves, dans ses cauchemars, dans ses espérances, dans ses désillusions, dans son bonheur, dans son malheur. Et Jeongguk le pleura dans son sommeil, des larmes s'échouant contre son derme, en quête de sensations qui lui remémoreraient toutes celles que le châtain lui avait procuré bien avant leur fin. Il s'évertua encore et encore, la main droite sur sa virilité, l'autre martyrisant ses draps, son être en pleine agitation, alors que des réminiscences effacées prenaient peu à peu vie dans son esprit en proie à la géhenne. Un va-et-vient de plus, des paroles étouffées provenant d'une voix addictive à écouter toutes proches de ces tympans, des images floues devenant nettes et... Et Jeongguk se rappela enfin de tout. De cette nuit qui fut l'une des plus marquantes de son existence. 

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Note d'auteure :

J'ai réussi à enfin boucler la bête, nom de dieu ! 😭💪

Je suis si heureuse de vous retrouver avec ce gros bébé ce soir, mes amours ! 🥺❤️ J'espère que vous vous portez toutes et tous bien et que tout se passe bien pour vous ❤️

Je suis particulièrement émue de publier ce chapitre ce soir car pour être honnête avec vous, cela fait plusieurs jours que moralement, je ne vais pas vraiment bien. Le confinement me pèse de plus en plus, depuis le confinement d'octobre je n'ai revu aucun ami, mes journées sont d'une monotonie à vous rendre malade, je désespère devant mes cours alors que ça fait depuis lundi seulement que j'ai repris. J'angoisse beaucoup depuis avant Nouvel An par rapport à mon avenir et moi qui adore mes études, je commence à en être dégoûtée à cause de la situation actuelle. Les profs ne nous facilitent pas la tâche, non plus. Ils comprennent ce qu'on ressent mais cela ne les empêche pas de nous imposer 14 livres à acheter (dont certains étaient au départ à acheter au choix) pour ce semestre et à lire alors qu'on a pas forcément les moyens et à nous donner masse de travail. Certains profitent du confinement pour nous donner plus de boulot que si nous étions en classe et ça, ça me dégoûte. Le précédent semestre a été épuisant et je suis sûre que celui-ci va l'être tout autant.

J'ai peur à l'idée de pas avoir mon année à cause de ces conneries. J'essaie de m'accrocher à mes rêves mais parfois je me dis : est-ce que ça en vaut la peine ? Est-ce que ça vaut la peine que je me défonce pour un futur métier que je n'aurais peut-être pas à cause de la pandémie ? Je me remets pas mal en question avec tout ça et je dois en plus de ça gérer mes soucis de santé qui font de la merde. C'est en partie à cause de tout cela que j'ai mis énormément de temps à rédiger ce chapitre et je suis sincèrement désolée pour l'attente que j'ai dû créer à cause de ça. Je n'imaginais pas une seule seconde finir dans le même état psychologique que la majeure partie des étudiants actuellement et pourtant... C'est arrivé sans prévenir et putain, ça pique vraiment sur l'instant. Encore vraiment désolée pour tout ça, mes loulous ;-;

Mais au moins, le confinement n'a pas tué ma passion pour l'écriture. Et je suis contente que cette passion soit restée intacte. J'serai, à mon avis, plongée dans un énième mental breakdown si ma passion pour la rédaction venait à disparaître 💀

Enfin bref, je boucle cette partie déprimante pour vous dire que toutes et ceux qui traversent le même chaos que moi : je vous envoie tout mon soutien et énormément d'amour. La situation est très tendue, on est tous à cran mais c'est en se soutenant main dans la main que l'on peut résister à ce carnage ❤️

Impressions ?

Avis sur Jeongguk ?

Sur Tae ?

Sur Seokjin ?

Sur Hoseok ?

Pensiez-vous que ce chapitre prendrait une telle tournure ?

Que va-t-il se passer ?

Aimez-vous toujours cette intrigue ?

Ses points forts ? Ses points faibles ?

Votre passage favori ? Celui que vous avez détesté ?

Celui qui vous a brisé le cœur ?

Mes amours... Dans le prochain chapitre, vous saurez enfin ce qu'il s'est passé la nuit où Tae a coursé Jk 😏🙂

J'ai super hâte de bosser dessus et à la fois peur, parce qu'il va me demander moult patience et de précision. Mais j'aime les défis, alors... 😭

J'ignore cependant la longueur qu'il fera. Il se peut qu'il sera encore plus long que celui-ci, si jamais c'est le cas : est-ce que vous préférerez que je le scinde en deux ou que je le laisse en partie unique ? Je choisirai en fonction de ce qui vous convient le mieux ! 😋

Je tiens encore un milliard de fois à vous remercier pour votre attente et pour tous vos jolis messages remplis de soutien, de positivité et d'amour, que ce soit envers moi ou envers cette histoire. J'espère ne pas vous décevoir avec ce que je vous prépare pour la suite. Merci encore d'être là et d'être aussi nombreux à porter de l'intérêt à mes travaux. Merci à vous du fond du cœur 🥺❤️

Une dernière petite chose avant de vous souhaiter une bonne nuit...

Je me suis donnée d'abord pour objectif de boucler So Far Away avant la fin de l'année. Mais ce n'est pas tout...

Si j'ai assez de courage... Je tenterai d'envoyer un extrait de So Close/So Far Away à une maison d'édition pour savoir ce que je vaux aux yeux de professionnels de la littérature et qui sait, peut-être commencer les choses sérieuses dans l'univers de l'édition 👉👈

Voilà voilà. Je vous souhaite une agréable nuit, remplie de doux rêves cotonneux et vous fais plein de gros bisous. On se retrouve très bientôt pour la suite de cette follâtre intrigue ! Prenez soin de vous, je vous love fort ! ❤️

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