𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟗
━━━━▣━━◤◢━━▣━━━━━
Conseil de l'auteure : Une musique particulière pour un chapitre... Enfin, vous verrez ! Le fond noir est requis pour une bonne immersion dans l'atmosphère de ce chapitre et avec la musique ajoutée en médias, c'est encore mieux. Accrochez-vous mes loulous, on se retrouve en bas comme toujours ! Bonne lecture à vous ! ❤
❖
🚨 𝙏𝙧𝙞𝙜𝙜𝙚𝙧 𝙬𝙖𝙧𝙣𝙞𝙣𝙜𝙨 🚨 : violence psychologique | manipulation | confusion entre fantasme et traumatisme.
❖
Je parie que tu ne pensais pas que ça se terminerait ainsi : tes bras en position « Passion du Christ ».
Les gouttelettes de pluie ne s'arrêtaient point de s'écraser violemment contre les carreaux de cette fenêtre avant de les sillonner, semblant mener une course imaginaire entre elles. La température avait considérablement chuté, comparée à celle imbibant l'air quelques heures plus tôt. L'air était de nouveau respirable et cette averse diluvienne n'était pas prête de s'arrêter. À l'extérieur, c'était le calme total. Il n'y avait pas âme qui vive, ni même le ronronnement d'une voiture pour apporter un semblant de vie à cette rue déserte. Cependant, à l'intérieur de cet appartement au cœur de la banlieue lilloise... L'atmosphère était tout autre.
— A– Ah !
L'ambiance était étrange entre ces quatre murs. Le clair-obscur dominait l'espace, des bougies – dont leurs lueurs oscillaient doucement dans l'air – traînaient de-ci de-là cette chambre, sans réelle raison qui expliqueraient leur utilité. Elles illuminaient deux corps se confondant dans des draps cotonneux. Juste derrière eux, crucifié à la cloison, Jésus les observait de son regard vide de vie. Il les voyait s'ébattre, soupirer, s'abandonner à l'autre sous cette chaleur grandissante. Une main en quête de quelque chose sur laquelle s'accrocher, empoigna avec désespoir l'un des barreaux de la tête du lit double. Jeongguk crevait littéralement sous ce corps qu'il connaissait par cœur, malmenant le sien et Taehyung jubilait, un air sadique trônant fièrement sur son faciès.
— Tu pensais réellement pouvoir me semer ? souffla celui-ci, au creux de l'oreille de l'ébène.
Jeongguk ne répondit pas. Il en était incapable tant la douleur mélangée au plaisir désordonnait ses pensées. Tae savait exactement comment faire perdre la raison à celui-ci, sous couvert d'une vengeance exquise pour l'avoir fait courser durant de longues minutes sous la pluie. Il n'y avait pas que cette raison qui le poussait à martyriser ce joli corps qu'il chérissait plus qu'il adorait vivre... Il y en avait trop. La liste était longue.
— S'il-te-plaît T– Tae, je–
Une gifle claqua dans l'air et pour la énième fois, Jeongguk laissa échapper un gémissement, l'une de ses fesses rougissant à vue d'œil sous la paume de l'une des grandes mains du plus âgé.
— Ça ne répond pas à ma question, Jeongguk, répondit avec sévérité l'aîné.
Jeongguk peinait à rester concentré, à garder un minimum les pieds sur terre. Il s'agitait sous les sensations que lui refilaient Tae mais il ne pouvait pas bouger comme il le désirait. Ce qui créait une certaine frustration chez lui. Ses mouvements étaient limités, ses poignets quant à eux rongés par des attaches le reliant aux pieds du lit et l'aîné se réjouissait de cette situation à laquelle il était l'acteur principal. La vue était des plus affriolantes pour celui-ci. L'ébène se trouvait dos à lui, dans son plus simple appareil, à quatre pattes et dans l'impossibilité de se tourner vers lui, de bouger librement. Quelques marques recouvraient déjà certaines zones de son corps. Un ecchymose sur l'une de ses omoplates contrastait avec la blancheur de sa peau, un suçon ornait son cou et Taehyung éprouvait l'envie de le marquer encore et encore jusqu'à ce que ce besoin se taise pour de bon. C'était plus fort que lui. C'était une pulsion irrépressible à assouvir, chaque fois que le moment s'y prêtait. Savoir que Jeongguk lui appartenait, de par ces marques, le rendait toute chose. Le réduire ainsi, dans cet état de quasi soumission et dans l'impuissance absolue, réveillait en lui des envies diverses accompagnées de violentes crampes dans son bas-ventre. Taehyung se retenait de toutes ses forces. Il faisait tout son possible pour ne pas craquer et prenait difficilement son mal en patience. S'il s'écoutait, il aurait déjà depuis bien longtemps succombé une nouvelle fois aux courbes du plus jeune et l'aurait admiré s'effondrer lentement sous lui, va-et-vient après va-et-vient.
Le tonnerre gronda au loin, baignant quelques secondes la pièce de lumière blanche, avant de vite disparaître et que l'éclat tamisé des bougies ne prennent le relais.
— Venir ici pour ensuite repartir l'air de rien, après m'avoir craché au téléphone que c'est terminé entre nous ? Tu joues clairement avec mes nerfs.
Malgré ce désir ardent et croissant qu'il ressentait en ayant sa source d'obsession juste devant lui, malgré cette euphorie de sentir à nouveau son corps tout contre le sien : le salarié brûlait de colère. Il avait l'air d'une véritable bombe à retardement, à deux doigts d'exploser. C'était une furie aveugle qui guidait ses paroles venimeuses et ses actions perverses réunies. Pourtant, ce n'était que le commencement. De simples préliminaires avant de passer aux choses concrètes.
— Hyung, je te jure que–
Ni une, ni deux, l'une des poignes de l'employé de cantine saisit la mâchoire de l'étudiant pour le confronter à son regard. Il put sentir Jeongguk tressaillir à ce geste soudain de sa part.
— Ferme ta boîte à merde qui te sert de bouche, sombre salope.
Il observa durant quelques instants le faciès de Gguk avec toute l'attention du monde et le résultat lui plaisait énormément. Les larmes inondaient peu à peu ses joues, perle après perle et cette vision éveillait peu à peu le mauvais côté qui sommeillait en lui. L'effroi fusionné à celles-ci faisait cogner puissamment le cœur de son propriétaire. Jeongguk était si mignon, si vulnérable et docile... Tellement facile à abîmer. Sa malléabilité lui donnait l'envie de le briser encore plus pour mieux l'amadouer ensuite.
— Awn, tu pleures ? demanda-t-il, de l'amusement tapissant sa voix graveleuse. C'est moi qui te mets dans cet état ou les remords qui te submergent ? Hm ?
Un faible reniflement fendit l'air, suivi de près par un sanglot.
— C'est m– mesquin, ce que tu f– fais... répondit le noir de jais.
— Si tu ne m'avais pas abandonné, on en serait pas là. C'est entièrement de ta faute, si je dois me comporter comme ça avec toi. Tu comprends ?
Jeongguk ne répondit pas, à bout.
— Pardonne-moi, implora le plus jeune.
Ce dernier avait réellement l'air chagriné de lui avoir fait autant de mal. Il semblait s'en vouloir à un point inimaginable mais Tae jugea que sa peine n'était pas à la hauteur de ses propres pleurs à son égard, de ses nuits blanches à songer à lui.
Désolé, mon ange... Peu importe à quel point tu es désolé, ça ne marche pas comme ça avec moi.
— Qui t'a permis de décider que ça se passerait comme ça entre nous ? Hein ?
Taehyung laissa sa main libre courir le long de l'un des flancs de l'étudiant, qu'il caressa avec insistance.
— C'est moi qui décide, ici. Si je veux que l'on continue d'être ensemble, on reste ensemble. Et si je souhaite te rayer de mon existence...
Ses ongles lacérèrent son épiderme d'ivoire et il put observer Jeongguk se tordre sur lui-même à ce contact, chercher à s'extirper des liens le rattachant au lit, sans succès.
— Je peux le faire en un claquement de doigts. Compris ? C'est moi qui ai le choix sur notre avenir, comme c'est moi qui ai fait avancer les choses entre nous. Je t'interdis d'essayer de briser mes efforts comme bon te semble. À moins que tu ne veuilles plus de moi et que ce bâtard qui a flirté avec toi à la cantine ne t'ait tapé dans l'œil, hm ?
— C'est faux, répliqua douloureusement le gamin à la bouille de lapin.
— Comment suis-je censé te faire confiance, hein ?
Un silence digne d'un monastère s'imposa entre les deux hommes, sans pour autant qu'ils ne se quittent de vue. L'employé de cantine lorgnait intensément son vis-à-vis avec beaucoup d'intérêt tandis que celui-ci le fuyait, plus qu'apeuré. Tae n'avait pas haussé la voix et pourtant, quelque chose de terrifiant s'en dégageait. Elle était menaçante et calme à la fois, ce qui était assez perturbant à entendre. Jeongguk baissa la tête et à ce mouvement, Taehyung lui lâcha la mâchoire.
— Tu es ma raison de vivre... souffla l'étudiant.
C'est trop simple.
— Je suis ta raison de vivre ? répéta l'employé de cantine, tout en arquant l'un de ses sourcils bien épilés.
Gguk se contenta de hocher vivement de la tête, ses cheveux lui barrant le visage, tiraillé par un profond mal-être.
— À quel point me veux-tu, Jeongguk ?
Le châtain se mit alors à caresser l'une de ses joues avec attention avant de coincer quelques mèches de cheveux derrière son oreille. Le benjamin essayait tant bien que mal de s'exprimer mais à chaque fois qu'il voulait prendre la parole, un sanglot tordait ses cordes vocales, le rendant inapte à prononcer quoi que ce soit. L'adulte était ce tremblement le bâillonnant de toute parole émise et l'empêchant de respirer pleinement. L'emprise sur son cadet était féroce.
— Jeongguk, l'avertit Tae.
Sa voix gagna en volume, cherchant à rappeler à l'ordre le nommé.
— Je...
Le timbre de la voix de Jeongguk était infime. Petit, minuscule, imperceptible.
— Fais tout ce que tu veux de moi.
Un autre silence arriva. Une émotion indescriptible traversa Taehyung et ses iris se voilèrent au rythme des battements anormaux de son cœur, à l'entente de ces mots. L'idée qu'il pouvait faire ce qu'il voulait de lui, de son enveloppe corporelle, l'émoustillait. Jeongguk avait ce don inné d'éveiller en lui les perversités les plus folles qu'il voulait à tout prix mettre en œuvre, justement parce qu'il s'agissait de Jeongguk. C'était une sensation encore inédite chez lui. Jamais aucun autre ne lui avait suscité pareille excitation. Il y avait quelque chose d'inexplicable chez ce gamin de vingt ans qui le rendait accro à lui, aux sensations qu'il lui faisait éprouver et qu'il recevait en retour. Jeongguk le poussait à devenir une mauvaise personne et quelque part, Tae adorait ça. Infliger jouissance et martyre à la fois sur celui qu'il considérait comme le pass ultime au bonheur l'exaltait à un point inouï. Il agissait comme une véritable drogue sur lui, faisant tournicoter sa sainteté d'esprit tel un carrousel.
— Ouais ? Tout ce que je désire ?
Les iris jades de l'étudiant brillaient. Ils scintillaient de mille feux, miroitaient à cause de ses pleurs et Taehyung trouva de la sublimité dans ces orbes noyés par le chagrin et la peur. Vraiment, tout de Jeongguk le faisait chavirer. Du plus infime détail au plus frappant. Gguk le faisait tanguer dangereusement, titillait ses sens et il ressentait cette impression que ces émotions s'amplifiaient au fur et à mesure que les jours s'écoulaient. Il ne se lasserait jamais des traits de ce garçon de presque huit ans son cadet et si c'était faisable, il aurait recouvert ses murs de dizaines et de dizaines de photos de lui pour que son adorable sourire, ses abdominaux saillants, sa paire d'yeux semblables à des pierres précieuses, ses cuisses joliment galbées ne sombrent jamais dans l'oubli. Taehyung était raide dingue de lui. Plus encore maintenant, sachant que celui-ci l'autorisait à se servir de lui comme bon lui semblait.
— Et toi, que désires-tu en ce moment même ? Que dit la petite voix dans ta tête ?
En même temps qu'il posa cette question, l'une de ses mains alla jouer avec ce pendentif couleur émeraude ornant le cou de son vis-à-vis. Ce même collier qu'il lui avait offert, le soir de son anniversaire... Il était toujours là et le temps de quelques microsecondes, Tae se dit que c'était contradictoire de la part de Gguk de toujours l'avoir autour de son cou, sachant les circonstances des derniers événements en date les concernant. L'aimait-il encore ? Acceptait-il encore sa présence à ses côtés ?
— Mon ange, ne me fais pas répéter ma question. J'exige une réponse.
Ledit ange jeta un regard de biais, fuyant ses prunelles sombres. Ses lippes charnues s'entrouvrirent lentement, une gouttelette solitaire roulant le long de l'une de ses pommettes.
— Gagner ton pardon.
Pianissimo, il plongea de nouveau son regard dans celui du châtain. Et celui-ci put noter que quelque chose avait changé dans ses mirettes entre-temps. Il semblait moins accablé par tout ce qu'il lui arrivait et une certaine étincelle crépitait au fin fond de ses billes vertes. C'en était presque envoûtant.
— Viens menotter ta haine à ma peine. Tout ce que je veux, c'est être expié de mes erreurs envers toi.
Boum, boum... Boum, boum...
— Ne te prive surtout pas, souffla le jeune homme, tout proche des lèvres de son aîné. Je suis tout à toi, rien qu'à toi et rends-moi ivre de toutes ces sensations dont toi seul peux me procurer ! Je les exige tout de suite !
Et les dernières limites de Taehyung s'effondrèrent. C'en était trop pour lui et ses ardeurs péniblement contenues. Comment résister face à ce petit bout de perfection qui tenait des propos qui répondaient merveilleusement à ses attentes ?
Tae, qui n'était plus qu'à moitié depuis cette nuit d'avril, redevint complet à l'instant où ses demi-lunes capturèrent celles du gamin à la bouille de lapin. Un courant électrique parcourut son être tout entier au contact de ses lèvres addictives à souhait. Leur volupté était sans égal. Aucune autre paire de lèvres ne pouvait rivaliser face à elles. Pouvoir les embrasser à nouveau, les mordiller, les taquiner de sa langue avant d'entamer une valse endiablée avec sa jumelle l'immergea dans un état euphorique. Ses entrailles se tordaient, sa virilité pulsait dans sa prison de tissus, sauf qu'il n'en montrait rien. Jeongguk paraissait tout aussi désireux que lui et très vite, leur baiser devint multiple, désordonné et impétueux. Tae plongea dans la nuque de Jeongguk avant de parsemer sa peau de porcelaine de touchers mouillés et, surtout, passionnés. Il mettait toute son envie, tout son amour, toute sa haine ; tout ce bordel dans ses actions entreprises. Il ne se priva pas de coincer parfois cette peau qu'il affectionnait entre ses incisives, ayant pour effet de faire soupirer son amant ; son qui était sans nul doute son préféré parmi toutes les musiques qu'il avait pu entendre sur Terre.
— Je ne te donnerai pas le privilège de m'entendre crier ton nom, susurra-t-il, tout en poursuivant son assaut. Toi, par contre...
Ses doigts coururent le long des bras emprisonnés du noir de jais, glissèrent jusqu'à ses poignets torturés par les liens. Un rire bref sortit d'entre ses croissants de chair.
Je ne te ferai pas de cadeau.
— Oh toi, je vais te faire hurler le mien à foison.
Il approcha ses lippes tout proche de l'une de ses oreilles, plaqua les poignets du plus jeune à plat sur le matelas, entraînant le rapprochement de leurs deux corps fébriles puis chuchota, le timbre chaud :
— Je suis sûr que tu en as tout autant envie que moi. Avoue-le : tu me veux entre tes chairs, profondément en toi, te mettant sens dessus-dessous et te menant jusqu'à l'apogée.
— A– arrête ça, supplia le dominé avant qu'un gémissement ne s'extirpe du fin fond de sa gorge.
— Arrêter quoi, bébé ? Hm ?
Taehyung rapprocha son bassin du postérieur de Jeongguk et n'hésita pas à profiter de cette proximité pour faire grimper de quelques degrés supplémentaires la température de la pièce. Jeongguk la fit gravir davantage, se pliant à cette stimulation taquine et réclamant plus, sans qu'il ne s'en rende réellement compte. L'air était asphyxiant, débordait de nocivité et c'était une fournaise infernale qui prenait petit à petit forme dans cette chambre où l'ambiance effleurait l'onirisme. Tout semblait flotter autour de ce lit double où les couvertures se froissaient, où les lattes grinçaient parmi les bruits obscènes de succions, les soupirs de complaisance et les gémissements qui se fondaient parmi les tapotements de l'averse contre les carreaux. Les flammes des bougies dansaient sensuellement dans ce clair-obscur, posés par-ci par-là dans l'espace, imbibaient de leurs luisances les deux hommes névrosés ; qui saignaient avec acharnement cette liaison dangereuse qui les unissait l'un à l'autre par les liens impurs de la lubricité, la manie et de la folie amoureuse, sous l'œil absent de Dieu, inerte sur sa croix.
— De jouer avec mes limites, dit Gguk, comme essoufflé.
— Si tu veux tant que ça s'arrête, pourquoi est-ce que tu réclames ma queue en te frottant comme un désespéré dessus ? Je ne fais que répondre à tes désirs...
— Je veux... Je– Hyung...
Il n'avait pas l'air de savoir ce qu'il voulait et quémandait quelque chose sans savoir exactement quoi, mais bon dieu, voir Jeongguk se perdre ainsi à cause de lui le rendait ivre d'excitation. Qu'il avait hâte de ne faire qu'un avec ce petit être et de le sentir tout autour de lui. Qu'il avait hâte d'entendre sa voix dérailler pendant que leurs libidos carboniseraient ensemble, dans un gigantesque brasier.
— Toi en moi... continua de soupirer l'ébène, déconnecté de la réalité, se tortillant sous le dominant. Très fort.
— C'est ça que tu veux ? Que je te baise sans répit ?
Bien sûr que tu le veux, tu ne sais faire que ça : m'implorer encore et encore jusqu'à obtenir ce que tu désires tant tu as besoin de moi. Tu aimes quand je m'occupe de toi et tu sais que je suis le seul qui puisse te conduire au Septième ciel.
— Tae– Ah !
Tae octroya une autre fessée à cette même fesse qui bleuissait peu à peu. La vue était tout à fait appréciable pour le châtain.
Pauvre petite chose nécessiteuse que tu es.
— À plusieurs conditions, mon ange... Lesquelles, à ton avis ?
Il s'amusait à le faire languir, à tester sa patience et bien évidemment, le plus important : sa fidélité. Tae voulait vérifier si Jeongguk était encore digne de confiance, après tous les aléas qu'ils avaient traversés. C'était important pour le bon déroulement des choses, il ne fallait pas que l'équilibre qui avait été instauré entre eux ne vole en éclats encore une fois. Pas après tous ces efforts fournis... Tae voulait à tout prix éviter ça. Pas un énième écroulement. Pas un autre douloureux éloignement. Il avait trop enduré et Jeongguk restait son dernier espoir.
Le noir de jais bougea encore, tirant sans faire exprès sur ses attaches, ne tenant véritablement plus en place. Les barreaux du lit émirent un boucan phénoménal tant il tirait dessus, se faisant mal au passage à ses poignets fragiles et sensibles. Le manque de répondant de celui-ci fit rouler la langue de Tae contre la paroi interne de sa joue. Alors subito, il ramena auprès de lui Gguk avec précipitation dans le but de le maintenir. Ils se retrouvèrent tous deux à genoux, torse contre dos et Tae lui tira la tête en arrière, plusieurs mèches noires coincées dans sa main.
— Suffit ! Tiens-toi tranquille, bordel !
T'es vraiment une sale petite merde quand tu le veux, pas vrai ?
— Taehyung ! couina le plus jeune.
Tu pensais sérieusement pouvoir esquiver mes règles ? Le péché originel ruisselle sur ton minois. Tu me donnes envie de te maculer de mes ténèbres.
— Si tu ne me réponds pas, tu sais ce que cela veut dire ?
L'employé de cantine fit une courte pause avant de continuer sur un ton plus menaçant :
— Je ne donnerai rien de ce que tu désires. Tu pourras faire une croix sur mon pardon et notre futur ébat. Ce serait si triste... Le regret, la culpabilité, le remords ; toute cette merde te bouffera et en plus de cela, ma virilité ne célébrera pas ta beauté. Ma langue ne cajolera pas ton entrecuisse, mes mains seront partisanes du moindre effort au creux de tes hanches, mes lèvres ne cueilleront plus les tiennes... Ce serait extrêmement dommage d'en arriver là, Jeongguk. Que tu n'obtiennes pas ce que ton corps et ton esprit réclament passionnément.
Celui-ci avait cessé toute agitation après les dires de Taehyung, comme s'il avait retrouvé les pieds sur terre. Sa respiration se fit plus lente et régulière, il semblait avoir compris ce que le plus grand essayait de lui faire transmettre.
— Alors ?
Une... Deux... Trois... Les secondes s'effilochaient mollement. Moite, les lippes chevrotantes, Jeongguk débita :
— J'accepterai tous tes mauvais choix. Je... J'irai nulle part ailleurs que dans tes bras. Je te suivrai, peu importe où tu iras.
— Intéressant... Poursuis, je t'en prie.
Un bruit de pantalon que l'on dézippait.
— J'écouterai jusqu'au bout les démons qui hurlent en toi.
Une contraction dans le bas-ventre.
— Et... Et c'est en moi que tu noieras ta colère et tes craintes les plus hostiles.
Continue mon ange, continue... Ne t'arrête pas en si bon chemin.
Tae entendait exactement ce qu'il désirait entendre et cela l'enivrait, l'immergeait un peu plus dans cette envie de le remercier à sa façon pour toutes ces douces paroles prononcées.
— Toi seul arriveras à m'amener à la jouissance. Aucun autre homme ne le pourra, mon désir est tien. Mon plaisir est tien. Tout de moi t'appartient.
Le cœur de Tae manqua plusieurs battements à la suite face aux propos de Jeongguk. Il parlait rarement de cette manière tant il était timide sur les bords, mais quand il s'y mettait... Le mental, le cœur, le bas-ventre de Taehyung en pâtissaient. Sévèrement, même. Ce garçon aurait sa mort sur la conscience un jour, c'était sûr et certain. Jeongguk allait poursuivre son monologue quand un événement soudain le coupa net. Il retint son souffle, lâchant un hoquet de surprise. En lui. Il était enfin en lui. Et Tae devait puiser dans ses ressources pour ne pas se déverser de suite alors qu'il n'avait encore rien fait. Jeongguk était si étroit autour de lui, si accueillant, si bon, si–
— Hyung ! couina le noir de jais, les cuisses tremblotantes. Mon dieu, Tae, je– Ah !
— Heureux ? grogna Tae tout en s'enfonçant un peu plus profondément en Gguk.
Jeongguk secoua de haut en bas la tête, ne sachant plus où se donner de la tête.
Plus de taquineries vicieuses, plus d'attente interminable. Juste toi, chantant mon nom comme on chante un mantra et puis moi, allant et venant dans ton temple sacré. Oh ouais Jeongguk, je vais te baptiser entre tes cuisses jusqu'à tant que ça te fasse mal et que tu n'en puisses plus.
— J'espère que tu es prêt parce que ce soir...
Tae agrippa la nuque de l'ébène et enfonça sa tête dans l'oreiller, obéissant à ce que dictaient ses pulsions.
— Je vais te retourner à un point où tu ne seras plus capable de marcher droit après cela, termina-t-il, l'air sombre.
Le mercure du thermomètre semblait proche de l'éclatement. L'air était écrasant au point de donner le tournis aux deux « tourtereaux » et l'amour n'y flottait définitivement pas. Non, l'amour était loin d'ici. Oublié, délaissé, abandonné au profit d'un petit jeu malsain orchestré par l'un pour tirer profit de la faiblesse de l'autre. Une âme dont la pureté était comptée se fit une nouvelle fois pénétrer par les ténèbres pour, au final, se faire totalement obscurcir. L'un sombrait entre plaisir et douleur, perdant toute notion de temps et de la réalité à chaque coup de reins... Tandis que l'autre coulait peu à peu vers le fond. Dangereusement vers quelque chose de sinistre, de familier et d'inconnu à la fois, rempli de mœurs abominables, de besoins meurtriers. Sa tête bourdonnait et ce bourdonnement gagnait en amplitude, étouffant les plaintes du noir de jais sous lui et ce concerto scabreux de leurs peaux qui s'entrechoquaient comme si demain était le dernier jour. Taehyung était un cannibale s'empiffrant du peu d'innocence qu'il restait en Jeongguk, la savourant, se gargarisant de chaque petit bout de son âme avalée, souhaitant toujours un petit peu plus de lui. Gguk pouvait dire adieu à son mental ainsi qu'à son cœur tendre cette nuit, nuitée dont il ne garderait que des traces vermillon et pourpres sur sa chair sensible, des courbatures térébrantes et des images démentes d'eux perdant déraisonnablement l'esprit dans un corps-à-corps à l'horizontal malfaisant.
Le décor autour d'eux devint davantage flou, presque vaporeux pendant que la folie affluait en eux. Jeongguk se tordait, se cambrait, s'acharnait sur ses liens, sa voix brisée transformée en sirène criante, incapable d'émettre autre chose que des gémissements impudiques résonnant dans toute la pièce. Et Tae se perdit encore un peu plus en lui-même. Quand soudain un autre bruit provenant de nulle part vint le déranger. Ils n'étaient que deux et pourtant, celui-ci pouvait parfaitement percevoir ce qui ressemblait à un rire féminin se métamorphoser en chuchotements incompréhensibles et effrayants, comme des murmures d'outre-tombe. Ils étaient proches, tous près de ses tympans et Taehyung ne put savoir si ces bruits provenaient du dedans de sa matière grise ou s'ils étaient bien réels. La confusion gagnait du terrain, en parfaite synchronisation avec cette sensation de vertige qu'il éprouvait peu à peu. Les murmures se précisèrent seconde après seconde pendant que Tae tentait de se raccrocher à l'instant présent avec l'ébène pour tenter de faire abstraction à ce qui lui arrivait, sans succès. Les chuchotis se réunirent pour ne former qu'un, que l'employé de cantine réussit cette fois-ci à assimiler.
Tue-le. Vas-y ! Étrangle-le. ÉTRANGLE-LE, TAEHYUNG !
Tae avala de travers sa salive en entendant cela. Il ne pouvait pas faire ça. Pas à Jeongguk. Pas à ce garçon aussi doux que de la neige fondant au soleil, pas cette exception qui se démarquait des autres hommes, pas à ce gamin colorant son univers fade de nuances infinies de couleurs. Jeongguk déchaînait les pires passions en lui, seulement Taehyung ne désirait pas réduire son existence à néant. Il avait besoin de lui pour exister, pour respirer, pour vivre. Sa propre vie ne se résumait qu'à des poèmes griffonnés sur du papier, un travail pénible, Yoongi et à Gguk. Rien de plus. À part cela, il n'était qu'une ombre malheureuse, noircissant de jour en jour, en quête de lumière. Il avait beau se convaincre de tout cela, l'envie de stranguler l'étudiant était là, bien présente, tonitruant dans son esprit. Cette partie-là de lui voulait ardemment sentir sa nuque se briser dans un crac audible sous la pulpe de ses doigts, le contempler en train de tenter de s'échapper, le voir suffoquer jusqu'à ce qu'il devienne tout pâle, aussi blafard qu'un macchabée, observer l'angoisse défigurer ses traits faciaux en expressions délicieuses puis toutes les larmes de son corps sillonner ses joues tout en l'implorant de se stopper. Ses mains encore positionnées sur les hanches de son amant se crispèrent. Il était si tendu, si proche de la perte de contrôle, qu'à cause de sa poigne de nouveaux bleus écloront sur son derme laiteux.
Coincé dans un entre-deux, le châtain osa lever la tête pour regarder droit devant, sauf que tout ne se passa pas comme prévu. Taehyung était tout bonnement horrifié, ses yeux à la limite de sortir de leurs orbites. Le visage de Jeongguk ne paraissait plus aussi masculin que d'habitude, ses traits étaient plus délicats, plus féminins et sa bouche était recouverte d'un rouge-à-lèvres bordeaux, proche du sang et celui-ci le regardait intensément avec de la pure aliénation coltinée à son faciès. Puis d'une voix effrayante, celui-dit déclara :
Tue-moi, Tae.
Comme s'il sortait d'un long moment d'apnée, le presque-trentenaire se redressa d'un coup sur son lit, la main en plein milieu de sa poitrine. Son souffle était chaotique, une cascade de sueur s'était répandue sur son corps et ses draps ; ses pensées étaient littéralement en vrac. Il lui fallut un certain temps pour réaliser qu'il ne s'agissait que d'un simple rêve – rêve très bizarre, d'ailleurs – et qu'il était bel et bien seul dans sa chambre. Pourquoi avait-il fait un rêve pareil ? Taehyung était à la fois perdu et troublé, ne sachant quoi penser de tout cela. Tout était si confus, il n'arrivait pas à réfléchir correctement comme il le désirait. Il secoua vivement de la tête comme pour se remettre les idées en place, quand ses obsidiennes tombèrent sur son entrejambe.
Merde.
Il était encore tout dur, une énorme tâche en plein centre de son boxer. Honteux. Taehyung se sentait tout simplement honteux qu'il ait – ou du moins avait semblé – apprécié cette rêverie des plus singulières. Il pinça ses lèvres avec nervosité puis se leva hors de son lit, ses songes embrumés. Il s'apprêtait à quitter la pièce quand un élément dans le décor retarda sa sortie et attira son attention. La veste en cuir de Jeongguk était toujours là, posée sur le dos de la chaise de bureau. Puis il se souvint de comment avait démarré la nuit, quelques heures plus tôt. Il avait aperçu le noir de jais dans l'appartement voisin avant qu'une longue course poursuite ne se déclenche entre eux dans les ruelles de son quartier, jusqu'à ce qu'il le rejoigne devant sa voiture. Après cela... Trou noir. Le néant absolu. Un frisson traversa l'échine de Tae alors que la pluie ne cessait de s'abattre contre sa fenêtre. Qu'est-ce qu'il s'était passé après cela ? Est-ce qu'il l'avait laissé repartir ou... ? Taehyung ne parvint pas à finir sa supposition. Chamboulé par son propre rêve qu'il jugeait révélateur de sa personne, il espérait juste que le noir de jais aille bien et soit bien au chaud dans son propre logement. Juste cela et rien de plus. Il n'était pas d'humeur à ressentir une quelconque haine à son égard, ni quoi que ce soit d'ailleurs.
Grelottant, il frotta ses bras nus puis se rapprocha de sa chaise de bureau avant d'enfiler la veste appartenant à l'étudiant pour se réchauffer et, quelque part, se rassurer. Une fois en dehors de sa chambre, il prit le temps d'écouter le lieu, de le ressentir. Il n'y avait pas de bruit. On pouvait même ouïr les mouches voler tant la tranquillité débordait entre ces quatre murs. C'était silencieux comme ça l'était dans le crâne du châtain. Celui-ci était incapable de dire si c'était bon ou mauvais signe. Néanmoins, une pointe d'inquiétude tenaillait son organe vital et ses entrailles. Il marcha alors lentement avant de s'attarder sur la porte de la pseudo-pièce condamnée. Celle-ci était entrouverte. L'éclairage était encore allumé. Tae fronça des sourcils. Habituellement, elle était toujours fermée. Ce n'était pas normal. Depuis combien de temps était-elle allumée ? Voulant checker cela, il poussa la porte. Lorsqu'elle fut complètement ouverte, il retint son souffle. Son cœur loupa plusieurs battements à la volée.
Le cadeau qu'il avait confectionné d'arrache-pied pour son ancien amant avait été déplacé. Il trônait majestueusement au milieu de la pièce parmi tous les bibelots squattant chaque recoin de l'espace alors qu'auparavant, il était juste rangé parmi eux. On l'avait utilisé. C'était quasi sûr et certain. Il n'y avait pas d'autres explications envisageables. Les pulsations au centre du thorax de l'adulte redoublèrent d'intensité, si bien qu'il pouvait les entendre tambouriner dans ses oreilles. Totalement sans voix, les yeux grands ouverts, Tae murmura pour lui-même :
— Jeongguk... Qu'avons nous fait ?
Si Tae savait... Il n'en croirait ni ses yeux, ni ses oreilles. Cette nuit avait débuté sur une note stressante et pourtant, elle s'était finie sur un point final puissant, terrassant et sonnant comme une petite mort pour les deux hommes tourmentés.
___________
Note de l'auteure :
Diantre, quel chapitre se fut là 😭
Me revoilà après quelques temps d'absence avec ce fameux chapitre tant attendu et bon dieu, que je suis contente de vous retrouver ! ❤️ J'espère que vous vous portez bien depuis tout ce temps et que ce petit chapitre vous aura plu 😁 Comme vous pouvez le voir, ce chapitre est assez... Particulier 😭 Comme je l'ai mentionné dans le chapitre, le rêve ne contient aucun acte d'amour, il est juste rempli de toxicité et montre à quel point Tae veut et aime avoir du contrôle sur Jeongguk, contrôle guidé par sa peur de l'abandon. Et la tournure du rêve avant que Tae ne se réveille... Interprétez-le comme vous le désirez 😉
Ne prenez pas l'expression "petite mort" en fin de chapitre dans son sens littéral. Sa signification est tout autre et vous le découvrirez très prochainement ! (ceux et celles qui la connaissent, laissons les autres chercher tranquillement 🤫)
Impressions ?
Avis sur Tae ?
Sur ce rêve assez étrange ?
Une idée de cet objet cadeau à destination de Jeongguk ?
Où est Jeongguk actuellement ?
Que s'est-il réellement passé après leur course poursuite ?
Réponses dans les prochains chapitres !
Merci encore mille fois de votre patience et de votre amour à l'égard de mon travail sur cette histoire. So Close approche les 160K de lectures et vraiment, je n'en reviens toujours pas que j'en suis arrivée là. Vous êtes nombreux à me remercier d'avoir écrit cette histoire et ça me touche beaucoup beaucoup, énormément même. Vos petits messages égayent mes journées et je suis très contente de voir que j'ai un impact positif avec cette intrigue malgré sa rudesse avec les thèmes abordés. Quand je dis que vous êtes les meilleurs, c'est pas une blague ;-; ❤️
Je compte faire une micro-pause prochainement pour me concentrer à nouveau sur le plan des prochains chapitres et faire mon maximum pour vos offrir des chapitres de qualité ! Je compenserai cette petite pause en vous dévoilant d'autres projets de rédaction qui traînent dans mon ordinateur et qui, je l'espère, vous plairont 🥺
On se retrouve très vite pour la suite de cette histoire qui n'a pas fini de vous faire frémir ! Prenez bien soin de vous, profitez bien de ces vacances auprès de vos familles et de vos proches, restez bien au chaud et je vous souhaite d'avance un excellent réveillon ! 💜
Plein de kissous sur vos bouilles mes loulous, je vous love fort. 💜
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro