𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟏
━━━━▣━━◤◢━━▣━━━━━
Conseil de l'auteure : pour être plongé dans l'atmosphère de ce chapitre, je vous conseille de le lire accompagné de la musique ci-dessus. Je vous souhaite une agréable lecture, sweeties ! ❤️
❖
— Et là, t'as une putain de scène où ils copulent comme des fous sur tout le yacht sur un plan de cinq minutes, on a vu flou, brailla Jin, une bière à la main.
— Ah, ça me rappelle une histoire ça...
Tout le monde braqua son regard en direction de Jimin, choqué par son aveu aussi soudain qu'inattendu. Même Jeongguk le contempla, presque ahuri par cette révélation.
— Mec, ne me dis pas que... débuta Namjoon.
— Attendez, laissez-moi contextualiser la chose. C'est super gênant, en plus.
Jimin posa sa propre bouteille alcoolisée sur la table basse avant de se lancer dans son récit qui était assez cocasse pour le coup, à la hauteur de ses très nombreuses frasques.
Une atmosphère chaleureuse flottait dans le studio coquet des tourtereaux. La nuit commençait lentement à tomber en ce vendredi soir et malgré cela, ce n'était pas encore l'heure pour les quatre compères d'aller dormir. Jeongguk avait finalement trouvé le courage de se rendre chez son ami Seokjin, en dépit de ses récents jours qui étaient plus que compliqués. C'était interminable. Récupérer ses heures de sommeil manquées avait été un échec cuisant. Surtout à cette heure incertaine très tard le soir, où il avait rêvé, ou plutôt cauchemardé, de sa propre mort sous les coups de sa principale source d'obsession et de tourments. Pourquoi son cerveau lui avait projeté des images pareilles ? Qu'est-ce qui n'allait pas chez lui ? Après ça, Jeongguk n'avait pas fermé l'œil jusqu'au lever du soleil, ses pensées convergeant toutes vers son seul et unique tracas. Cette illusion lui avait paru si réelle... Le cerveau humain, aussi mystérieux soit-il, est capable de choses effrayantes quand on s'y attend le moins. C'était certain. Il était toujours convaincu que quelqu'un lui avait rendu visite à son chevet et s'était même allongé juste à côté de lui, sur son matelas. Un inconnu était entré par effraction sur son palier, il en mettrait sa main à couper. Et si cet étranger n'était autre que...
Non, ce n'était clairement pas le moment d'y penser. Pas maintenant, pas ici en présence de ses amis alors qu'ils partageaient un superbe moment. Non, il ne devait pas ruiner cet instant précieux avec ses états d'âme, déjà qu'il n'était pas aussi bavard que d'habitude. Il secoua alors vivement la tête, comme pour chasser sa mauvaise humeur par ce simple geste et tenta de se concentrer à nouveau sur cette conversation qui était partie en cacahuètes en très peu de temps. Il pouvait même voir les effets de l'alcool commencer à ressortir chez son camarade de classe, ce qui était assez drôle à voir car il devenait trois fois plus bruyant qu'à l'accoutumée.
D'un film qui n'avait ni queue ni tête – dont le script semblait avoir été écrit avec les pieds – et qui malheureusement connaissait un succès fou sur les plateformes de streaming, ils étaient passé à une anecdote amusante sur Jimin impliquant un putain de bateau de luxe et une partie de jambes en l'air. Incroyable. Jeongguk s'attendait à tout et n'importe quoi avec l'énergumène assis juste à côté de lui car il fallait dire, le danseur en avait fait des conneries. Il y avait certainement de quoi en faire un roman.
— Ça remonte à un peu plus d'un an. J'étais parti dans le sud rendre visite à l'un de mes grands cousins à Monaco et il se trouve qu'il est proprio d'un yacht où, parfois, il fait des fêtes.
— Ton cousin, c'est Bill Gates ou quoi ? lâcha Jin.
— Il est brand manager. Il est à la tête d'une marque et doit construire son image, 'fin bref, un truc de businessman. N'empêche qu'il est friqué aux as, c't'enfoiré.
— Il touche à peu près combien par an ? demanda Namjoon tout en attrapant une chips.
— Moins de cinquante mille euros.
Seokjin avala de travers sa boisson et se mit à tousser violemment, à la limite de répandre ses poumons sur le sol. Joon dut taper à plusieurs reprises dans son dos pour apaiser sa toux. Jeongguk et Jimin durent faire leur maximum pour ne pas rigoler face à la situation.
— Ah, sa mère la fougère, râla Jin, une fois apaisé.
Gguk gloussa. Le visage de son ami assis en face de lui virait au rouge complet à force d'avoir trop tousser et frôler l'étouffement, des larmes étaient coincées au coin de ses mirettes.
— Une somme mortelle donc, reprit celui-ci.
— À qui le dis-tu ! Bref, là n'est pas le propos. Pendant mon séjour, il a organisé un soir une fête sur son fameux bateau près de la côte et il m'a, de ce fait, invité. Genre... C'était un peu space comme ambiance. Y'avait un énorme fossé entre moi qui viens d'un milieu populaire et le reste des convives qui parlait finance et j'en passe. J'osais pas trop me mêler à ce petit monde du coup, je restais dans mon coin tout en buvant mes coupes de champagne. Et puis y'a un mec qui est venu m'aborder, cocktail à la main.
— Il était comment ? interrogea l'ébène, tentant de prendre part à la discussion.
Jimin fit une pause et joignit ses mains entre elles, paume contre paume, une expression émerveillée illuminant son faciès.
— Putain les gars, si vous l'aviez vu ! Un dieu vivant ! Je vous jure, il était magnifique. Cheveux bruns courts et légèrement bouclés sur le devant, barbe bien taillée, peau mate, tatouages, musculature parfaite, yeux de braise et vous savez quoi ? Il avait un accent italien grave sexy ! Vraiment, il avait un charme de dingue !
— Je crois qu'on a perdu Jimin, ricana le petit ami de Seokjin.
— Un fantasme ce gars, ugh !
— Le cliché du bad boy bourreau des cœurs, ouais, renchérit Jin tout en buvant une autre gorgée de sa bière aux fruits rouges et roulant des yeux.
— Peut-être mais bordel de cul, il savait utiliser sa langue comme il faut.
C'était au tour de Jeongguk de manquer de rendre l'âme avec le liquide contenu dans sa bouche, des auréoles vermillon teintant peu à peu ses joues. Il avait omis que son meilleur ami parlait sans filtre et quand il s'agissait de discussions autour du sexe, il n'y allait pas de main morte. Chaque fois qu'une situation comme celle-ci se présentait, la réaction de Jeongguk était la même. Même encore maintenant, alors que celui-ci s'était à maintes reprises enfoncé dans les méandres du plaisir charnel avec un grand « P ». Il y avait un énorme gouffre qui séparait l'ancien et le nouveau Jeongguk. Il s'était dévergondé depuis, était devenu un vrai garçon, mais l'addiction qu'il éprouvait pour ses moments intimes partagés avec Taehyung l'avait bouffé de A à Z. Son frère de cœur tapota le milieu de son dos pour faire passer sa quinte de toux et tout doucement, l'ébène reprit de ses couleurs avant de soupirer de délivrance.
— Jimin, tu vas vraiment finir par avoir ma peau un jour, déclara-t-il tout en ayant sa main en plein milieu du thorax.
— J't'interdis de crever tant qu'on a pas fait le MainSquare ensemble, chacal, renchérit le concerné mi-sérieux, mi-blagueur.
Après un « t'es pas drôle » de la part du plus jeune des quatre, le brun reprit son incroyable récit. Le reste de la bande découvrit que lui et son bel inconnu avaient fini dans la cale du bateau ensemble avant que leurs corps ne fassent davantage connaissance. Sauf que, coup de théâtre... Le yacht s'était mis à tanguer tantôt à gauche, tantôt à droite et ce à plusieurs reprises, ce qui avait rapidement donné le mal de mer au danseur qui n'était pas du tout habitué à être sur un bateau. Résultat... Monsieur avait fini par accidentellement gerber sur son partenaire et ce secret honteux, il n'y avait que les deux hommes qui le partageaient. Pas même le propriétaire du luxuriant bateau ne le savait, à ce jour. Ce détail embarrassant avait provoqué l'hilarité générale dans le salon tandis que Jimin regretta de suite d'avoir raconté ce souvenir qu'il préférait oublier.
La soirée se passait sans accroc. Les verres alcoolisés s'enchaînaient, les anecdotes et sujets de conversations en tout genre également et ce, toujours dans la bonne humeur. Jusque-là, tout allait bien pour Jeongguk. Pas de pensées négatives, juste de nombreux fous rires et le sentiment d'être bien se répandant en lui. L'alcool lui montait lentement mais sûrement à la tête. Plus les minutes défilaient et moins il était attentif aux dires de ses amis. Ses joues chauffaient, lui donnant l'impression d'être dans un hammam. Cette même chaleur stagnait au fin fond de sa gorge, ses yeux se faisaient petit à petit vitreux puis il pouvait sentir son cerveau partir loin, se déconnecter de tout ce qui le rattachait au monde réel. Ses doigts longilignes jouaient avec le récipient qu'il tenait en main comme pour s'occuper. Celui-ci semblait concentrer tout l'intérêt du noir de jais car celui-ci finit par jeter un œil à l'intérieur, son contenu vide. Pas une seule goutte ne traînait. Ce vide avait l'air de le fasciner, au vu de la façon insistante dont il le contemplait. Et lentement, le tracas revint au galop. Que faisait Tae en ce moment même ? Est-ce qu'il allait bien ? Le détestait-il comme l'avait laissé croire son récent cauchemar nocturne ? Est-ce qu'il avait le droit d'être heureux rien qu'une soirée alors que le grisâtre devait probablement broyer du noir ? Est-ce qu'il était en train de rédiger un énième poème chargé en métaphores abstraites ? Ou... L'oubliait-il dans les bras d'un autre ?
Il ne s'en rendit pas compte sur l'instant mais l'une de ses jambes tressautait vivement alors que ses questions se faisaient de plus en plus envahissantes. Un certain mal-être s'immisçait dangereusement en lui à sa dernière pensée. Il pouvait sentir son cœur se resserrer sur lui-même, seconde après seconde. Quant aux voix des garçons, elles se firent lointaines, difficilement audibles, alors qu'il n'avait pas bougé depuis sa venue ici. Ces voix ressemblaient à un écho au loin, leur son paraissait même étouffé. Il s'évertuait à s'accrocher à ces sons pour sortir de son état d'absence mais n'y parvint pas. C'était comme s'il coulait, se noyait dans un océan profond, sans pouvoir en remonter la surface, même en nageant de toutes ses forces. Le courant était bien trop puissant et ne cessait de l'emporter un peu plus loin dans les méandres du regret, de la culpabilité, du manque de son bel argenté. Un bruit légèrement plus distinct de quelques décibels s'imposa aux tympans de l'étudiant. C'était doux, harmonieux à l'oreille et l'invitait à obéir à l'action demandée. Regarde-moi, Jeongguk, crut-il entendre parmi ce brouhaha inaudible. Ses mirettes jades, voilées d'une émotion indescriptible, se relevèrent dans une lenteur extrême. Une silhouette se tenait debout juste devant lui, penchée vers lui avec précaution.
Boum, boum... Boum, boum... ! Son organe vital se stoppa net à sa vue et ses yeux s'agrandirent un peu plus grand lorsqu'il reconnut l'identité de celui qui lui faisait face. Son œillade singulière, froide au possible comme toujours, le lorgnait avec attention. Ses mèches grises retombaient juste au-dessus de ses cils, ne rendant son regard que plus déstabilisant et énigmatique encore. L'expression sur son visage était fermée, impartiale et Jeongguk se perdit dans la profondeur de ses iris, comme chaque fois que cela s'était produit bien avant qu'il ne mette un terme à leur histoire. Le décor environnant était tout trouble, flou et imprécis autour de lui tandis que son image était précise et lumineuse, comme si le soleil le baignait de sa lumière. Le halo l'épousait parfaitement, si bien qu'on aurait pu croire à une apparition divine. À un ange descendu du ciel juste pour lui. L'ébène aurait accompli n'importe quoi pour lui tant que cela signifiait que celui-ci n'aurait d'yeux que pour lui uniquement. Quel gâchis.
Ne vois-tu pas que tu ne sais pas où tu vas, sans moi ?
Moi seul peux te conduire vers la voie du bonheur. Tu es en train de faire fausse route, mon ange.
Tu le sais, n'est-ce pas ? Hm ?
Il ne broncha pas d'un millimètre, trop perturbé par cette apparition imprévue. Est-ce qu'il était en train de perdre la raison ? Les boissons commençaient-elles à trop faire d'effets sur lui ? Ou... Souhaitait-il que Taehyung soit là parmi eux, même en ayant encore bien en mémoire les souvenirs de ses actions violentes à son encontre ; après ce rêve tout bonnement horrifique ? Gguk était perdu. Perdu avec lui-même. Perdu dans ces pupilles qui le scindaient de bas en haut. Peu importe où il serait, Tae serait toujours là. Dans ses tripes, dans son cœur, dans son for intérieur et dans sa tête. Partout et nulle part à la fois. Il circulait dans ses veines tel un poison et chaque jour le rapprochait un peu plus de sa perte.
Il cligna des yeux à plusieurs reprises, sentant alors un contact contre l'une de ses épaules. L'aura l'éblouissant quelques secondes plus tôt s'était évaporée brutalement et l'impassibilité de Taehyung avait laissé place à l'inquiétude trônant sur le faciès de Namjoon, qu'il regarda d'ailleurs avec incompréhension totale. Les informations avaient du mal à atteindre son cortex cérébral. Il entendait, voyait l'anxiété posséder ses amis qui étaient tous dans l'attente d'une réaction de sa part mais il ne comprenait pas. Comme s'il y avait une barrière de la langue qui s'était subitement installée entre eux, comme si ses aînés s'adressaient à lui dans un langage lui étant inconnu. Dans un état second, il finit peu à peu par retrouver l'usage de ses membres et de la parole. Et la seule chose qu'il fut capable de répondre fut :
— J– j'ai besoin d'un moment seul.
Puis il se leva machinalement pour rejoindre la cuisine du couple, non sans manquer de se manger la table basse dans le tibia au passage, sans donner plus d'explications aux garçons. Une fois à l'intérieur, il prit appui de ses mains sur le meuble de l'évier et se massa les paupières à l'aide de son pouce puis de son index. Vraiment, Jeongguk était épuisé. De tout, de lui-même, de cette putain de douleur qui le sectionnait de l'intérieur chaque fois qu'elle en avait l'occasion. Jeongguk voulait juste retrouver son ancienne vie, l'avant Taehyung. L'avant Taehyung... C'était si lointain désormais. Tellement de choses s'étaient passées entre leur rencontre et cet instant présent. Il avait évolué puis régressé, régressé encore plus pour au final n'être qu'un moins que rien. Une âme en peine, en deuil de sa relation et culpabilisant de ses actions qu'elle jugeait affreuses, qui se sentait dépérir jour après jour. Quelque chose manquait à son quotidien, c'était indéniable et ce vide ne pouvait être comblé que s'il récupérait Tae. Mais c'était impossible.
Une larme. Puis deux joignirent la première le long de ses joues. Et sa tristesse l'envahit pour le laminer encore une fois. Il renifla avant de passer une main tremblotante sur ses yeux.
— J'en ai marre, chuchota-t-il pour lui-même.
C'est infernal...
Subito, il ressentit un délicat toucher massant son cuir chevelu comme pour l'apaiser. Toucher auquel il se laissa faire car il savait qui en était l'exécutant. Il n'y avait rien à craindre dans cette cuisine.
— Qu'est-ce qu'il se passe, mon lapin ? demanda en douceur Jimin.
Gguk respira bruyamment d'un coup avant de soupirer, pris de légers soubresauts.
— J– j'en peux plus, Jimin... confia le plus jeune, la voix brisée. C'est trop... Il est là à chaque instant, dans mon c– crâne... Je peux pas. J– je ne suis pas aussi fort que toi, h– hyung. Je veux le retrouver mais on sait tous les deux que ça serait trop risqué... Et... Et, j'ai beaucoup trop peur que– que... Tu sais...
Il marqua une courte pause et conclut presque de façon presque imperceptible ses mots, incapable d'en dire plus :
— Tae me manque... Énormément.
Jeongguk n'avait que cette phrase à la bouche comme en tête et pourtant, elle ne résumait que trop bien comment il vivait sa soudaine mise à distance avec l'argenté. Il la subissait. Il dégustait chaque microseconde les contrecoups de son choix déterminant sur son avenir avec Taehyung. Et bordel ; si les machines à remonter le temps existaient comme dans les films de science-fiction, il se serait à coup sûr jeté dedans sans réfléchir, sans poser le pour et le contre. Jimin le tourna en douceur pour qu'il lui fasse face et l'étreignit. Gguk accueillit ce câlin et serra son hyung aussi fort que possible contre lui tant il ressentait le besoin d'être soutenu, d'être entouré, d'être écouté. Il se mit à pleurer des seaux d'eau en silence, bien que son âme hurlât à en perdre la voix.
L'ancien blond entama le pas et berça lentement Jeongguk en tourniquant sur eux-mêmes, dans un rythme reposant en pleine semi-pénombre, dans la pièce. Les larmes ruisselaient, ruisselaient encore sur les pommettes du plus jeune tandis que le plus vieux lui susurraient des paroles réconfortantes, les mots exacts qu'il voulait entendre. Se laisser aller contre Jimin avait le même effet que de le faire tout contre ses draps : un sentiment de libération. C'était l'impression de Gguk, chaque fois qu'il laissait ses états d'âme prendre le pas sur lui en présence de son meilleur ami. L'ébène ne le vit pas sur l'instant, son visage étant enfoui contre son aîné, mais celui-ci croisa les regards de Jin et Namjoon à l'entrée de la cuisine, l'air concernés par ce qui était en train de se passer. Le danseur leva discrètement le pouce en leur direction, leur faisant comprendre par ce geste qu'il maîtrisait la situation. Le couple hocha de la tête, sans mot dire, avant de s'échanger tous deux une œillade et s'éclipsa, laissant de nouveau les amis d'enfance ensemble. Jeongguk tremblait dans ses bras. Il put sentir la main de son ami frotter son dos longuement, dans l'espoir de faire taire ses secousses.
— Je me doute bien que tu dois te sentir malheureux avec tout ce qu'il t'arrive, lapinou... La route vers la guérison sera encore longue mais n'oublie pas que tu n'es pas seul dans ce combat. Moi, Jin et Namjoon, on sera là pour t'épauler. Tôt ou tard, la douleur que tu ressens se dissipera et tu seras prêt à aimer à nouveau. Laisse le temps faire les choses.
— Mais... Mais imagine que...
L'étudiant se tut avant de prononcer, effrayé par ce qu'il s'apprêtait à dire :
— Imagine que je devienne incapable de t– tomber a– amoureux une nouvelle f– fois...
Jeon Jeongguk, jeune homme de presque vingt-et-un ans qui, il y a encore peu, attendait que le prince charmant vienne attraper son cœur, avait maintenant pour phobie de ne plus être capable d'offrir celui-ci à un autre homme. De n'être réduit qu'à exister sans pouvoir partager ses envies, ses craintes, tout de lui à l'être spécial qui nourrirait cette étincelle de vie crépitant en lui. Jeongguk était tellement accroché à la moindre petite chose le reliant à Tae, presque retenu captif par ses souvenirs, que l'idée folle d'être en compagnie d'un autre relevait de l'impossible. Sortir à nouveau avec quelqu'un, ce serait repartir à zéro. Ce serait rebâtir ce qu'il avait construit avec le grisâtre. Ce serait réapprendre à faire confiance, à mettre de côté sa timidité et ça, Gguk n'en désirait point. Il n'avait pas le courage de se dépenser pour un garçon qui, finalement, ne matcherait peut-être pas avec lui, peu importe la raison. Avec Tae, ça avait fonctionné à merveille. Mais les autres n'étaient pas Taehyung. Là résidait tout le complexe de la chose.
— C'est parce que c'est encore tout frais, Jeongguk, répondit Jimin. T'as vécu une relation assez mouvementée, relation qui est ta toute première et c'est normal que t'aies peur de te lancer dans quelque chose de nouveau. Je te le redis, laisse le temps panser tes blessures. C'est le meilleur remède pour oublier tout ça et ensuite aller de l'avant.
— Maman n'a trouvé personne depuis que mon père n'est plus à la maison. Elle m'a dit qu'elle est mieux seule mais... Je ne sais pas... Elle est guérie depuis tout ce temps et pourtant, rien du tout.
— Stop, je te vois venir. Ce que t'as vécu et ce que ta mère a traversé n'ont rien à voir en commun. Il ne faut pas que tu fasses une fixette là-dessus ou que tu tires des conclusions hâtives, encore une fois. Puis... Je pense vraiment que ta mère n'a besoin de la compagnie de personne pour continuer de vivre. Elle a l'air d'être très épanouie depuis que ton père est en prison. Elle se suffit à elle-même et si c'est son choix de vivre seule, il ne faut pas aller à l'encontre de ça.
Le gamin à la bouille de lapin assimila les dires de son ami de toujours avant de se détacher lentement de lui puis d'essuyer ses yeux à l'aide de la manche de son sweat à capuche.
— Tu es un battant, mon lapin. Je suis si fier que tu aies mis un terme à tout ce bordel avec Taehyung. Je te le répète : t'as pris la bonne décision. Ça n'était pas sain et je n'ose imaginer comment serait votre couple à l'heure actuelle, si vous étiez toujours ensemble... Ce sera bientôt derrière toi, tout ça. Tu peux le faire. Je crois en toi comme tu as toujours cru en moi.
Le concerné renifla doucement, touché par chaque mot sortant d'entre les lippes de son vis-à-vis. Jimin approcha ses mains pour attraper son visage en coupe et estomper les traces de ses pleurs avec délicatesse. Jeongguk frissonna quelque peu au contact des bagues argentées et froides de l'artiste contre sa peau.
— Ressaisis-toi. Tu as vécu bien pire et tu as survécu. Tu peux survivre une fois de plus parce que t'as cette volonté de vivre que personne d'autre ne possède. T'es un warrior, mon p'tit Ggukie.
En entendant la dernière phrase, Jeongguk pouffa légèrement de rire dans ses larmes.
— Tu roules toujours tes « R » à la française quand tu dis un mot anglais, c'est rigolo, prononça celui-ci, la voix cassée.
— Hé ho, c'est déjà un exploit que j'ai su retenir un terme de cette fichue langue, râla le plus vieux.
Il y eut un très court silence entre eux puis le plus âgé poursuivit :
— Au pire, si jamais tu ne trouves personne, avec Jin j'organiserai un speed-dating pour toi.
Les yeux du bilingue se plissèrent et une expression suspicieuse s'imprégna sur son faciès. Il examina si son ami blaguait ou était plus que sérieux sur ce propos, sauf qu'il n'obtint aucune réponse à ses suppositions.
— Chim', tu ne vas pas nous faire un remake de « L'amour Est Dans Le Pré » ou de « Tellement Vrai », c'est un non catégorique.
— Mais–
— Qui diable fait encore des speed-datings en ces temps qui courent ? Tu m'as trop pris pour Maurice, quarante-cinq ans, routier le jour, adorateur de Johnny la nuit, ne trouve pas de partenaire justement parce que Johnny prend trop de place dans sa vie.
— Alleeez, pour une fois que j'ai une bonne idée ! Ça pourrait être grave drôle !
— Non, Jimin ! C'est juste ringard et de mauvais goût !
— Si !
— Non !
Jimin soupira puis dit :
— Bon d'accord, roh ! M'en fous, je retenterai ma sollicitation plus tard.
Ses sclères rougies, le noir de jais leva les yeux vers le plafond, désemparé par l'imagination farfelue de son meilleur ami.
Jimin, tu es incorrigible.
— J'ai réussi au moins à te faire arrêter de pleurer, c'est déjà ça, répondit celui-ci, un doux sourire pendouillant à ses lippes charnues.
Effectivement, ce n'est que lorsque Jimin l'indiqua que Jeongguk le constata à son tour. Sa poitrine n'était plus aussi compressée qu'auparavant, plus une seule gouttelette ne s'échappait du coin de ses mirettes. Ceux-ci s'écarquillèrent de surprise suite à cette constatation. Il se mit même à rougir sans réelle explication, ce qui attendrit un peu plus son hyung qui l'observait avec toute la bienveillance du monde.
— Tu viens avec moi ?
Le noir de jais fit un « oui » de la tête et suivit Jimin juste devant lui. Ils retrouvèrent rapidement le salon et s'installèrent à leurs places attitrées. Jeongguk était déjà très ému par le geste de son meilleur ami, il le fut tout autant en voyant celui des tourtereaux. À aucun moment ils n'avaient cherché à en savoir plus et avaient choisis d'agir comme si rien ne s'était produit. Aucune question, aucune réflexion, rien de désagréable. Rien qui puisse remuer le couteau dans la plaie et le mettre une nouvelle fois à mal. Jeongguk appréciait grandement ce choix et les remercia en silence, en leur adressant un sourire chaleureux.
La soirée reprit son cours, sans l'ombre d'un souci. Jimin leur montra la nouvelle chorégraphie qu'il apprenait dans son école, danse qu'il devait appliquer sur les sonorités presque féeriques de Je T'adore de la chanteuse Eurielle, après avoir reculé la table basse pour qu'il ait plus d'espace pour pouvoir bouger librement. Encore une fois, le danseur avait été époustouflant, gracieux dans ses pas, même après autant de bières ingurgitées. La musique fut vite remplacée par les applaudissements de ses amis, ce qui le plongea de suite dans l'embarras, n'étant toujours pas habitué aux compliments que l'on lui faisait. Jeongguk en profita même pour le taquiner un peu, retrouvant petit à petit sa bonne humeur. Après cela, les sujets de conversation dévièrent, sans trop avoir de lien entre eux. Ce n'était pas gênant, bien au contraire. C'était le signe que tout se passait pour le mieux, qu'ils partageaient un agréable moment à quatre. Tout s'enchaînait naturellement. Une énième bière en main, les compères contèrent alors des anecdotes de lycée, car il fallait que tôt ou tard cela arrive. C'était un sujet qui ressortait souvent entre copains, lorsque le moment s'y prêtait. Il était presque une heure du matin, leurs langues fonctionnaient toujours à plein régime à prononcer connerie sur connerie et la palme d'or revint à Namjoon qui raconta celle de trop, celle qui provoqua le fou rire de tout le monde :
— J'avais un prof de philo un peu perché en Terminal qui avait la particularité de ne pas sentir la rose. Le gars s'approchait de toi, t'étais direct asphyxié par son odeur. C'était juste horrible, tellement horrible que l'odeur empestait dans toute la salle de classe. J'me souviens, il y avait une fille qui s'était faite virer de cours parce qu'elle l'avait aspergé de déodorant, histoire de, comme qui dirait, le rafraîchir. En plus de ça, ses cours étaient nuls. Y'avait absolument rien qui allait avec lui. Un jour, il nous a donné un sujet de dissert' qui n'avait absolument pas lieu d'être dans un établissement scolaire – que je préfère taire, d'ailleurs – et pendant dix minutes au moins, j'me suis pris la tête avec lui tellement j'étais énervé par sa mentalité puis j'suis parti de la salle. C'est remonté jusqu'aux oreilles du proviseur qui a sauté sur l'occasion pour le renvoyer et à partir de là, on n'avait plus de philosophie, plus de notes dans le bulletin, nada. J'me rappelle, on avait une private joke avec les mecs... Entre nous, on se disait que peut-être le mec devait avoir une sorte de motto comme les anciens rhétoriciens, pour empester comme ça tous les jours. Un truc du style « je sue donc je pue ».
Vraiment, ce n'était qu'une question de secondes avant que Jeongguk ne rende l'âme à force de trop rire, affalé comme une masse dans le canapé, décédant petit à petit à l'intérieur de lui. Des amis comme eux, il n'y en avait pas d'autres. Ils étaient uniques en leur genre et le plus jeune bénit le hasard d'avoir fait si bien les choses... De l'avoir maintenu si longtemps en vie, malgré les nombreux vents, marées et orages pour enfin rencontrer ses éternels anges gardiens.
__________
Note de l'auteure :
Il était temps que ce petit bébé soit publié ! 😭
J'espère que vous vous portez bien après tout ce temps, que tout se passe bien dans vos études ! De mon côté, tout va bien. Mes premiers partiels approchent à grands pas, j'appréhende mais je vais faire mon maximum pour tous les réussir. Si jamais vous avez des examens qui arrivent bientôt, je vous envoie tout plein d'ondes positives. Vous pouvez y arriver, je crois en vous ❤️
Je suis désormais une vieille antiquité de 22 ans depuis presque une semaine, j'assume toujours pas mon âge krkrkr horrible 💀
Ça faisait un petit moment que je n'avais pas écrit à cause du rythme de la fac et je m'excuse sincèrement pour l'attente mais aussi pour mon style d'écriture qui a possiblement perdu de son intensité entre-temps ;-; Promis, je vais me rattraper pour la suite ! 🌺
Impressions ?
Votre avis sur Jk ?
Votre avis sur Jimin ?
Votre avis sur le couple Namjin ?
Que pensez-vous qu'il va se passer par la suite ?
Jeongguk parviendra-t-il à guérir de sa relation houleuse avec Taehyung ?
De quelle manière pensez-vous qu'ils vont évoluer respectivement ? En positif ou en négatif ?
Réponses aux prochains chapitres !
Déjà 8K de lectures pour ce second tome et plus de 140K pour "So Close", c'est juste dingue ! Encore une fois, je cesserai jamais de vous remercier pour toutes les choses positives que vous m'apportez. Vraiment, vous êtes des perles. Et je veux vous garder à mes côtés pour toujours dans ma petite boîte à bijoux et vous choyer. J'arrive toujours pas à prendre conscience de l'impact que j'ai avec cette histoire mais si je vous rends heureux avec un contenu comme celui-ci, je suis la plus heureuse du monde ❤️
Le prochain chapitre... Point de vue de Taehyung :))
Soyez à l'affût pour les futurs chapitres qui arriveront. Il se peut qu'ils apporteront réponses à vos questions sur ce personnage ou alors que le personnage de Tae suscite encore plus de mystère à vos yeux. Je pense que vous allez adorer ceux qui succéderont ce chapitre-ci et je vais me démener comme une dingue pour vous apporter les effets recherchés avec ce personnage ! Be ready mentally for the next chapters héhéhé 👀
Les résultats des WattyKpop Awards tombent le 24 Octobre et, honnêtement, j'ai le traque ;-;
Je vous couvre de bisous et vous dis à très vite pour la suite de So Far Away ! Habillez-vous chaudement, gardez bien vos masques en lieux publics et faites surtout bien attention à vous ! Cœur sur vous mes petits amours ! 💜
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro