.Deuxième chapitre.
▶🚨TW🚨◀
La climatisation tournant à plein régime sur sa peau blessée, les sensations d'Izuku s'égarent encore entre deux états paradoxaux.
L'air frais, presque froid sur son cou et ses bras, lui donnent l'impression d'enfin respirer, libéré de l'insupportable chaleur qui le fait transpirer dans son pull depuis des heures, et son corps se détend instinctivement.
Mais, alors que son trajet touche à son terme, à moins d'un kilomètre de sa résidence, sa poitrine se tord et se serre, l'asphyxiant dans ses propres poumons, tandis qu'il se prépare à retrouver les horreurs de son quotidien.
Tomura l'attend à la maison ...
Désormais engouffré dans son quartier de la banlieue, sa voiture se faufile entre les véhicules luxueux, garés en bas des immeubles et tous financés à grands coups d'argent sale.
Sur le devants des portes de hall, quelques visages qu'il reconnait plus ou moins s'entassent ici et là, les mains dans les poches, prêts à dégainer un sachet de poudre au premier client qui se présentera.
Ceux-là ne sont ni plus ni moins que de la sous-traitance, du bétail sacrifiable pour ceux qui les embauchent, et ils trainent sur les trottoirs jour et nuit pour vendre une marchandise qui ne leur appartient pas.
Leurs "supérieurs", eux, profitent tranquillement du gain dans leurs appartements, sans risquer leur liberté dehors.
Comme Tomura.
Certains de ces types travaillent justement pour le petit ami d'Izuku, il lui arrive parfois de les croiser dans sa cuisine quand ils viennent remplir leurs poches des doses fraichement cuisinées, et quand ils ramènent le pognon engendré.
Tomura vit de cet argent dégueulasse depuis des années, sans qu'il n'ai jamais eu à s'en inquiéter.
De temps en temps, une paire de mains se fait embarquer à l'arrière d'un fourgon de police, mais puisque personne n'oserait jamais dénoncer les petits chefs de banlieue, il lui suffit d'en embaucher un autre et d'oublier l'affaire.
Pendant ce temps, Izuku vit là-dedans, dans un univers qui n'est pas le sien, entouré de mecs louches qui se foutent pas mal de son sort.
Pourtant ...
Quand Izuku a rencontré Tomura la première fois, il y a bientôt trois ans, il ne s'attendait certainement pas à finir ici.
Tous les deux, ils se sont trouvés par hasard aux alentours du Yagi's Hotel.
Après une journée de travail, sortant profiter d'un autre bar que celui de son établissement, Izuku vagabondait en solitaire dans les rues touristiques de la jolie ville.
Il aimait prendre le temps d'observer ce paysage, quelques fois mêmes, il s'autorisait un détour vers le temple ou au pied de la montagne.
Le décor qui entoure le Yagi's ne ressemble à aucun autre, et il ne se lasse jamais de l'observer.
C'est finalement aux abords d'un kiosque à souvenirs qu'il a croisé celui qui deviendra son petit ami, puis son bourreau.
La conversation était si naturelle à ce moment là, ils se sont abordés presque comme deux amis de toujours, et tout est allé si vite entre eux.
Tomura portait, à cette époque, une impressionnante chevelure colorée d'un bleu terne mais élégant, elle tombait en cascades sur sa nuque et ses tempes, débordant parfois aussi sur son front.
Aussi, ses iris aux nuances de terre brulée brillaient dans son regard perçant, soulignés par son large sourire qui ne s'estompait jamais.
Sa voix promenait des notes claires et profondes, presque comme un chant perpétuel, et Izuku est tombé sous son charme en un claquement de doigts.
Et puis ...
A peine quatre mois plus tard, il découvrait son vrai visage, son mode de vie et ses excès de colère trop réguliers. Il savait qu'il était temps de partir.
Mais la vie semblant vouloir le punir de quelque chose, c'est à cette même période que sa mère s'est écroulée un mardi matin, victime d'un accident vasculaire cérébral.
Elle s'est relevée privée de son autonomie et d'une grande partie de ses capacités motrices.
Une faille venait de s'ouvrir, et Tomura s'est jeté dedans.
Refusant de faire enfermer sa maman dans un de ses hospices où on ne fait qu'attendre de mourir, Izuku s'est démené pour maintenir Inko à son domicile malgré son état, embauchant à ses frais deux auxiliaires de vie qui se relaient jour et nuit.
Bien sûr que son salaire ne lui suffit pas à assumer les soins de sa mère ... Bien sûr qu'il a besoin de l'argent de Tomura pour vivre et s'occuper dignement de celle qui l'a mis au monde.
Et c'est ainsi qu'il le tient enchainé depuis plus de deux ans, à la menace de la santé de sa mère.
Menotté à cette relation aussi violente que toxique, il ne survit encore que grâce au bonheur partiel que lui offre le Yagi's et son équipe de collègues.
Plusieurs fois cependant, Tomura a tenté de le faire démissionner, promettant d'assumer à lui tout seul toutes les charges nécessaires, principalement pour interdire à Izuku d'exister autrement qu'à travers lui.
Conscient de sa propre barbarie, le dealer sait que chaque brin d'extérieur constitue une menace à sa manipulation psychologique, et savoir son jouet libre et sans surveillance des heures durant le rend fou.
Mais Izuku n'a jamais rien lâché pour conserver son droit au travail, acceptant sans se plaindre deux fois plus d'abus et de coups, encaissant toutes les colères et les punitions pour prouver sa détermination.
Alors ils ont fait un deal ..
Tomura ne tolèrera pas la moindre minute de retard, et un seul écart suffirait à faire tomber le privilège.
C'est pour ne pas perdre son unique échappatoire qu'Izuku veille à ne jamais prendre de retard, s'assurant d'être toujours rentré trente minutes après la fin de son service, juste le temps de faire la route.
Ensuite, comme aujourd'hui, il gare sa voiture devant la ligne d'immeubles gris, et tire le frein à main en scrutant le goudron à travers le pare brise.
Ici aussi il repère quelques âmes vides, occupées à attendre le client, mais il y a longtemps qu'ils ne font plus attention à lui quand il passe.
Finalement, il fait parti du paysage, tout le monde le connait sans vraiment le connaitre.
La pute de Tomura, c'est sa pancarte.
En sortant du véhicule, il traverse le bitume en silence, et pousse la porte principale sans que personne ne se retourne sur son passage, pas même malgré les marques sur ses bras découverts.
Sa présence est invisible, tout comme sa souffrance.
Puis, le long des escaliers dégueulasses, la faute au manque de respect des locataires pour les parties communes, il gagne le troisième étage et retrouve, à contre cœur, l'entrée de son appartement.
D'ici, le soleil de l'extérieur disparait entre les murs poreux, et le froid l'envahit soudain.
Il entre.
A l'intérieur, l'odeur permanente et immédiate de la poudre et de l'herbe lui agresse les narines, tout comme le nuage géant de fumée qui emplit tout l'espace jusqu'à remplacer l'oxygène.
Les cris stridents de la télévision résonnent dans le logement.
Cet appartement, miteux mais meublé de luxe, est un paradoxe à lui tout seul, qu'Izuku déteste un peu plus chaque jour, sa seule existence suffit à le répugner.
Enfin, dans le salon, il ne s'étonne pas de trouver Tomura sur le canapé, avachi torse nu dans un jogging troué, les mains vissées à la manette de sa console et les pieds sur la table basse.
Autour de lui s'entassent quelques canettes de bière vides, un cendrier dégueulant par tous les cotés, et trois paquets de chips déjà engloutis.
Bien loin de l'image qu'il offrait de lui le jour de leur rencontre, le dealer a perdu tout son charme en même temps que son masque, et ses cheveux, désormais décolorés jusqu'à la racine, s'accumulent dans un gros chignon négligé.
Izuku le regarde à peine, mais comme d'habitude, il l'écœure et le sentiment d'angoisse et de détresse grandit encore davantage dans sa poitrine.
Cet homme l'étouffe par le simple fait de respirer, il le rend si malheureux ...
Alors, sans même lui adresser la parole, il dépose simplement ses clés sur la table du salon avant de s'orienter vers le petit couloir menant aux autres pièces, décidé à prendre une douche pour nettoyer la sueur qui englue irrémédiablement sa peau.
Ses pas ne produisent presque aucun bruit sur le sol en carrelage, habitué à se faire petit et discret, Izuku se déplace comme une petite souris en permanence.
_ Tu vas où ? gronde soudain la voix rocailleuse de Tomura.
_ Prendre une douche. souffle Izuku sans se retourner.
_ Bouge ton cul, j'ai la dalle.
Sans répondre, conscient qu'il n'y a de toute façon rien à dire, Izuku soupire pour lui-même en reprenant son chemin pour rejoindre la salle de bain.
Poussant la porte, sans verrou depuis que Tomura les a retirés de partout pour l'empêcher de s'enfermer où que ce soit, il se poste devant le grand miroir qui surplombe le lavabo blanc pour se déshabiller.
Au fil de ses gestes, son corps se révèle de plus en plus, et les bleus apparaissent les uns après les autres. Ceux sur ses épaules, les muscles fins de ses bras et le long de ses côtes.
Aussi, les stigmates de violence sur ses cuisses et les empreintes violettes des mains abusives de Tomura près de ses hanches.
Ces blessures lui font mal, comme les précédentes et certainement les prochaines, mais il s'habitue comme il peut, apprenant à ignorer les cris de sa peau et de ses muscles à chaque mouvement trop brusque.
Enfin, sous la douche, il ne perd pas de temps non plus, au risque de voir Tomura débarquer pour le faire sortir directement par les cheveux s'il venait à trainer de trop sous l'eau.
C'est déjà arrivé, et il pourrait bien le forcer à cuisiner nu et trempé pour planter le clou de l'humiliation jusqu'au bout.
Alors il se presse, nettoie sa peau le plus rapidement possible, mouille légèrement ses cheveux sans les faire mousser, et s'échappe aussi vite qu'il était rentré.
Puis il gagne la chambre en s'enroulant dans une serviette.
Il la déteste aussi, la chambre, de toute son âme.
Grise, froide et austère, elle renvoie contre ses murs toutes les horreurs qu'Izuku y a vécu, tout comme la détresse de ces interminables nuits passées sans réussir à dormir, allongé aux côtés de son bourreau et incapable de prendre la fuite.
Il ne s'y attarde jamais, tout juste le temps de faire glisser un short sur ses cuisses et un débardeur sur son torse, avant de retourner dans la cuisine sans tarder.
Au moins, il y a à manger dans le frigo, et c'est déjà pas mal.
Tomura est difficile et exige systématiquement des plats cuisinés, qu'Izuku n'a soit dit en passant pas intérêt à louper, alors il y a toujours de quoi préparer de bons repas dans l'appartement.
Habitués à ces gestes et ces routines, il installe déjà son espace de travail, déposant une planche à découper devant lui, puis quelques légumes et un morceau de viande qu'il tranche en deux sur la lame d'une large couteau.
Soudain, les cris de la télévision s'interrompent, laissant la place au fond sonore d'une émission quelconque alors que Tomura vient, semble t-il, d'éteindre sa console.
Puis un froissement de tissu contre l'assise du canapé, et enfin quelques pas résonnent sur le carrelage derrière lui, indiquant l'approche du dealer dans son dos.
Ses muscles se crispent au fil des secondes qui glissent, et finalement son ventre se tord quand deux larges mains lui attrapent les hanches.
L'instant d'après, le visage de Tomura s'engouffre dans son cou, et Izuku bascule la tête sur le côté par automatisme, grimaçant et sans lâcher son travail des yeux.
Plusieurs baisers sans âme couvrent les reliefs de son cou, en même temps que les paumes de son bourreau remontent sous son débardeur, cherchant la peau de son ventre sans rien lui dire.
_ Qu'est ce que tu fais ? articule Izuku en passant sa lame sur un carré de viande.
_ Je t'ai dit que j'avais la dalle.
_ Laisse moi faire à manger ..
L'odeur de sa peau et de ses cheveux lui donne la nausée, et la sensation de ses mains près de ses reins le rend malade d'angoisse, tandis qu'il resserre machinalement sa prise sur le manche de son couteau.
Si seulement il suffisait de le retourner contre lui ..
_ J'ai envie de baiser depuis ce matin. Alors t'as qu'à faire à manger en même temps s'tu veux, mais moi je peux pas attendre.
Puis, sans prévenir, les caresses s'arrêtent et une de ses mains s'agrippe à la ceinture de son short, tirant sur le tissu pour le faire descendre en même temps que le boxer juste en dessous.
Coincé et partiellement déshabillé, Izuku baisse la tête. Dire non ne servirait à rien d'autre que de mettre Tomura encore plus en rage, et en définitive il ne peut rien faire à part attendre et espérer que ça ne durera pas trop longtemps.
Le bruit répugnant d'un crachat le fait grimacer d'avance, conscient que le pire reste encore à venir, juste avant que le haut de son corps ne s'écrase brutalement sur sa planche à découper.
La joue contre le plan de travail et les bras piégés sous son propre torse, il sent la pression douloureuse de la main de Tomura s'installer sur sa nuque.
Ses doigts se plantent dans sa gorge tandis que sa paume l'immobilise par sa force.
Contre ses côtes, le manche de son couteau le gêne, mais la vraie douleur vient d'ailleurs ..
Son souffle se coupe et un haut le cœur bouscule son estomac quand Tomura s'insère brutalement en lui, et la sensation de brûlure remonte tout le long de ses intestins, en même temps qu'il lui semble sentir toutes ses muqueuses se déchirer.
Les larmes interviennent juste après, naissant à la bordures de ses paupières avant de glisser le long de ses tempes.
Sa bouche se tord d'un appel au secours silencieux, tout son visage se froisse de torture, tandis que les coups de reins violents s'enchainent contre son coccyx.
Aussi, la prise sur sa nuque se resserre davantage au gré des soupirs de satisfaction de Tomura, qui enfonce ses ongles dans la peau de son cou, tassant ainsi sa gorge contre le plan de travail.
_ Tu me fais mal. murmure inutilement Izuku.
Puis, comme pour tenter de fuir, il ferme les yeux en serrant les dents, accusant toute la douleur qui se propage dans son corps et la brûlure infernale qui pulse en bas de son dos, priant finalement pour que tout s'arrête le plus vite possible.
Ses muscles et ses organes se contractent à chaque nouveau coup de hanche, sa respiration se bloque dans sa gorge à lui faire tourner la tête, et toute son impuissance perle sur son visage trempé d'horreur.
Il ne parvient même plus à penser, son esprit s'effrite comme une poignée de sable, les râles de Tomura au dessus de son bassin résonnent entre ses tempes comme un hurlement menaçant.
Soudain, sans un bruit de plus, les mouvements s'arrêtent, et Izuku retient son souffle une dernière fois.
Les battements de son cœur remontent jusque dans son front, pulsant au dessus de ses yeux comme si le sang reprenait subitement son trajet après s'être figé tout ce temps.
Rapidement et sans aucune délicatesse, le dealer se retire d'un coup sec, relâchant sa prise sur Izuku dont les jambes fléchissent immédiatement.
S'écroulant sur lui même, en larme et à moitié nu, il plaque sa main sur sa bouche pour se retenir de vomir.
_ Putain ! s'emporte tout à coup Tomura derrière lui. Tu fais chier !
D'un geste imperceptible du menton, Izuku dirige son regard vers lui pour l'apercevoir debout, la tête baissée et les bras écartés, furieux de découvrir sa verge molle couverte de sang.
Honteux, gêné et humilié, Izuku referme les yeux une nouvelle fois, supportant comme il peut l'horrible sensation de déchirure qui court à l'intérieur de lui tandis que ses pleurs s'intensifient.
Les plaies à peine guéries viennent de se rouvrir ...
_ T'es répugnant. crache encore Tomura avant de faire volte face sans plus de cérémonie. Faut que j'aille à la douche maintenant. Magne toi de faire à bouffer avant que je revienne. J'ai faim.
A genou contre le sol, Izuku s'agrippe à la bordure du plan de travail pour trouver la force de se remettre debout, conscient de ses blessures internes dont il ne peut pas s'occuper maintenant.
Chaque mouvement le fait souffrir, et tandis qu'il remonte son pantalon sur ses cuisses tremblantes et fébriles, la détresse éclate si fort dans sa gorge que ses larmes se changent en fleuve.
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Coucou 😶
J'avais prévenu que ça risquait d'être éprouvant .. et je vous avoue que même moi j'ai eu la boule au ventre en écrivant ces lignes.
Cela dit, j'espère malgré tout que le cheminement de l'histoire et ce qu'elle raconte vous intéresse et saura vous plaire 🥺
Je vous embrasse fort pour vous réconforter après ce chapitre 😘
Prenez soin de vous ❤🦩
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