14. Regrets
Précédemment : Après l'incident avec Thierry, Livai se remet peu à peu de ses blessures. Alors qu'il partait chercher des médicaments, il a découvert que Gwenn entretenait une liaison avec Lucy. Lydia, quant à elle reçoit une lettre qui la met dans tous ses états. Une lettre de sa cousine Petra.
Lydia serra la lettre entre ses mains et tourna sèchement la tête vers Livai et Hanji qui étaient en train de la lire par dessus son épaule. La caporal chef fronça les sourcils.
- Comme si y'avait pas assez d'emmerdes en ce moment, soupira-t-elle.
- Alors c'est la cousine dont tu m'as parlé qui voulait intégrer l'armée ? Se demanda Hanji.
- Eh oui, cette petite effrontée n'a pas tenu compte de mes avertissements...elle froissa la lettre, fais chier, qu'elle souhaite en plus de cela intégrer le bataillon d'exploration n'arrange pas l'affaire...
- Pourquoi ? Demanda Livai.
- Elle fait parti de ma famille, je ne veux pas qu'elle risque sa vie, et encore moins par admiration pour mon frère et moi...
- Mais, elle a le droit de faire ce qu'elle veut non ? C'est sa vie pas la tienne, rétorqua Livai d'un ton calme.
Lydia lui jeta un regard noir. Mais, lorsqu'elle entra en contact avec les yeux gris de son subordonné, elle y vit de l'incompréhension. La jeune femme compris alors que la vie dans les bas fonds qu'avait vécu Livai ne devait peut être pas l'aider à comprendre cela. Il devait probablement être orphelin et ne pas avoir de famille. La jeune femme apaisa son visage avant de s'adresser au brun.
- Livai, elle est ma famille, et je souhaite le meilleur pour ceux que j'estime comme ma famille. Par exemple, es-tu rassuré si tu vois un jour Isabel et Furlan risquer leur vie sur un simple coup de tête ?
Le regard de Livai s'éclaircit. Il venait de comprendre ce qu'elle voulait dire. Sur son ton neutre, il lui répondit.
- Je vois ce que tu veux dire. Mais d'un autre côté, je me dis qu'il ne faut pas non plus être trop protecteur, la vie n'est pas parfaite, il faut commettre des erreurs pour avancer.
Lydia allait répondre, mais ce fut Hanji qui la devança en souriant.
- Hehe pas faux mon petit Lili ! Et c'est vrai que notre Lydia est parfois un peu trop protectrice, mais bon, c'est par son aura maternelle et conciliante qu'elle est une bonne chef d'escouade.
- Hanji... marmonna Lydia gênée.
Livai se contenta de regarder Hanji avant de poser son regard sur Lydia. Il fut surpris de voir cette tête gênée qu'elle n'affichait presque jamais et se contenta d'observer le spectacle en silence. Cette scène fut interrompue par Moblit qui se dirigea en soufflant vers sa chef d'escouade.
- C'est là que vous étiez....allez dépêchez vous le major Keith Shadis vous attend, il semblerait qu'une de vos expériences ait mis la réserve sans dessus dessous...
- Oups alors, mon anti humidité n'a pas du bien fonctionner, à la prochaine les Lili ! Les salua Hanji en se faisant tirer par le blond.
- Ha cette Hanji ne changera jamais, soupira Lydia.
- Une vraie folle...et c'est quoi ce surnom sérieux ? Souffla-t-il.
- Oh je trouve que ça fait mignon les Lili, dit elle en souriant.
Un électrochoc passa dans la tête de la jeune fille. «Les Lili, ça fait Comme un nom de duo...Comme un couple ? Oh non encore un truc qui va refaire allusion à notre relation sans définition...d'ailleurs je me demande ce qu'il en pense lui de tout ça...». Livai la regardait silencieusement jusqu'à ce que la jeune femme brise le moment de malaise.
- Oh fait, tu voulais pas aller chercher un truc à l'infirmerie toi ?
- Mes médicaments contre la douleur, c'est vrai, il soupira, mais je n'ai pas envie de déranger les ébats de ta vice capitaine et son infirmière.
- Mais non ne t'en fais pas, il n'y a pas de soucis, fit Lydia en souriant.
Ils marchèrent alors tous les deux vers l'infirmerie. La jeune femme savait qu'avec le bruit de sa voix Gwenn serait alertée et s'enfuirait avant, et si ce n'était pas le cas, elle aurait droit à un dossier croustillant pour provoquer sa vice capitaine. Lorsqu'il arrivèrent au niveau de l'infirmerie, Lydia se mit à parler assez fort.
- Et sinon Livai, tu te plaît au bataillon d'exploration ?
Celui ci leva un sourcil sentant une entourloupe.
- La nourriture n'est pas trop avariée ?
Il soupira en comprenant ce qu'elle cherchait à faire et accéléra le pas pour mettre fin à cette suite de questions qui étaient pratiquement criées par la jeune femme. Lydia le devança en souriant et ouvrit la porte de l'infirmerie, pensant que Gwenn serait partie. Mais ce fut l'image de Gwenn, paisiblement allongée dans un lit de l'infirmerie en tenue d'Eve, Lucy à ses côtés, lui servant un tasse de café. La rousse regarda Lydia en souriant.
- Désolé mais cet endroit est pris, il va falloir trouver un autre lieu pour vous envoyer en l'air .
- Gwenn ! Ne fait pas ce genre d'allusion...c'est gênant, siffla Lydia entre ses dents.
Livai parut surpris un instant avant de se mettre à souffler.
- On était simplement venu chercher les médicaments contre mes douleurs.
- Ah oui, ils sont sur la table, lui répondit Lucy en souriant.
- C'est sur qu'il faut toujours être deux pour venir chercher des médicaments contre la douleur, fit Gwenn d'un air provocateur.
- Je l'ai juste croisé en chemin, rétorqua Lydia. Et puis franchement tu es mal placé pour me provoquer, essaie un peu de te concentrer sur ton travail.
Gwenn balaya l'air de sa main en émettant un petit rire rauque.
- Lydia, n'oublie pas que l'espérance de vie de personnes qui côtoient les Titans est limitée, alors autant en profiter non ?
Lydia ne répondit pas. Elle ne voulait pas l'admettre mais sa vice-capitaine avait raison. La vie est courte pour la plupart des membres du bataillon d'exploration. Ce genre de pensées lui était totalement sortie de la tête. Elle s'était engagée dans la fleur de l'âge pour les mémoires de son frère et par admiration, mais n'avait pas pensé à la vie ensuite. La jeune femme aurait aussi bien pu mener une vie de famille, se marier, avoir des enfants. Elle se toucha là ventre en pensant aux enfants. Créer une vie était une chose qui fascinait Lydia. Pouvoir sentir la chair de sa chair, voir grandir son fruit. Mais, quelle serait la vie d'un enfant qui regarderait la fenêtre en attendant le retour de sa mère, les pensées envahie par l'image de celle ci dévorée par un Titan ? Une profonde tristesse envahie la jeune femme. Elle se tint encore une fois le ventre, la main un peu tremblante. La vie qu'elle avait choisie était vraiment la bonne ? Une vie où l'on côtoie la mort. Cet enfant, quel aurait pu être son visage ? Aurait-il été une fille ? Un garçon ? Et son mari, aurait-il été doux ? Fidèle ? Colérique ? Absent ?
Une main se posa sur son épaule. Lydia releva le visage en vitesse et rencontra les yeux gris de son subordonné. Sa vision était floue, la faisant se rendre compte qu'elle versait des larmes.
- Eh, ça va ? Demanda Livai d'un timbre de voix qui le surpris lui-même par sa douceur.
Lydia voulu répondre que tout allait bien mais sa gorge se serra. Elle préféra tourner les talons en silence, laissant le soldat seul, assailli de multiples questions dans son esprit.
- Qu'est-ce qui lui arrive ? Se demanda-t-il.
- La pauvre d'un coup elle a changé d'expression, tu penses que ça va aller Gwenn ? Fit Lucy.
Gwenn regarda la porte par laquelle était partie Lydia d'un air mélancolique.
- La vie est pleine de regret, dit elle simplement.
Livai se tourna vers elle d'un air incompréhensif. Celle ci fit un petit sourire triste.
- Tu sais Livai, dans la vie il faut faire des choix. Des choix que seul toi peut faire mais qui peuvent totalement changer ta vie. Certains choix entraînent des regrets. Le jeu dans la vie c'est de faire les bons choix pour ne pas avoir de regrets.
Le jeune homme l'observa un instant, étonné de sa mélancolie soudaine.
- Les bons choix...
Gwenn lui sourit en se frottant la tête.
- Tu sais Livai, la vie est courte, et la pourrir avec des regrets n'est pas la meilleure chose à faire. Et Comme c'est compliqué d'éteindre un regret, il faut faire en sorte d'en avoir le moins possible.
"Des regrets hein. Qui sait, peut être que j'ai aussi fait des choix mais que je n'ai pas encore de regret. Par exemple lorsque Isabel est entrée chez nous, j'aurais pu la laisser à ce porc. Mais je ne l'ai pas fait et je n'ai pas le regret de l'avoir abandonné. Et si je l'avais fait ? Repenser à cette erreur aurait été un calvaire. Mais quels sont les regrets de Lydia ? Et même, ceux de Gwenn et de tous les autres ? J'ai l'impression d'avoir raté tellement de choses..."
- Est-ce que tu as des regrets ? Demanda-t-il a Gwenn.
Celle ci sourit en fermant les yeux.
- T'es culotté gamin. On fait tous des erreurs dans la vie qui nous font regretter. Si tu n'as pas encore de regret, c'est que tu vas en avoir. Une vie parfaite n'existe pas.
Livai l'observa encore un instant et hocha la tête. Il quitta l'infirmerie et observa le ciel. "Des regrets, alors Comme ca j'aurai des regrets. Quels genre de regrets ? Ceux qui ont provoqué une dispute ou bien ceux qui auront coûté la vie à un être cher ?".
Lydia observait le ciel, les yeux dans le vague, cachée derrière un des murs du QG. Elle respirait lentement en essayant d'imaginer sa vie s'il n'y avait jamais eu de bataillon d'exploration. Sa mère les aurait reçu à dîner deux fois par semaine. Il aurait eu une maison dans le district de Shiganshina, voir même plus haut dans le mur Rose. Il aurait peut être eu des terres cultivables, ou bien aurait été un simple éleveur, ou un charpentier. Son frère serait descendu une fois par semaine pour leur rendre visite. Marie aurait continué sa vie avec Joachim, elle aurait sûrement eu des enfants aux beaux cheveux blonds, ou alors châtains. Elle aurait eu un atelier de menuiserie avec son mari et aurait appris à ses enfants à faire de petites sculpture de bois. Jeanne aurait eu le plaisir de voir sa fille fréquemment et sortirait plus souvent. Elle ne mangerait pas attablée à une table vide à repenser encore et encore à ses deux enfants, celui qu'elle avait perdu et celle qu'elle risquait de perdre. Et Lydia...aurait elle un mari ? La jeune femme se serait sûrement laissée embarquer par cet être arrogant qu'est Thomas. Elle aurait sûrement été malheureuse.
Une pensée traversa soudainement sa tête. Et Livai ? Et Isabel et Furlan ? Sans le bataillon d'exploration, ils n'auraient jamais pu voir le ciel et auraient continué de vivre dans les magouilles des bas fonds. Et, elle n'aurait jamais rencontré Livai, celui qui a su faire vibrer son coeur ne serait ce qu'un instant.
- Non, le bataillon d'exploration était obligé d'exister, c'est simplement moi qui ait fait le mauvais choix. Mais, j'ai rencontré Livai, et toute mon escouade, Hanji aussi, tous ces souvenirs, tous ces moments, toutes ces façons de pensées différentes que j'ai écouté, qui m'ont fait mûrir, qui m'ont fait découvrir tant de choses. Tout cela n'aurait pas été possible si j'avais fait le choix que j'estime le bon, se murmura-t-elle.
Mais une douleur traversa sa tête et elle se toucha le ventre.
- Mais je ne peux pas donner la vie. Même si ma vie sans le bataillon aurait pu être malheureuse, donner la vie m'aurait aussitôt comblé de bonheur.
Lydia était une personne qui admirait la vie, elle voulait par dessus tout en engendrer une. Porter pendant neuf mois cette vie, le fruit de sa chair, puis l'élever, la protéger, l'aimer. Elle l'aurait présente à sa mère, et l'aurait vu grandir, découvrir la vie, sourire, pleurer, crier, aimer. Une nouvelle vague de tristesse envahie la jeune femme. Ce choix qu'elle avait fait était-il vraiment le bon ? Elle savait que la vie au bataillon d'exploration ne pouvait permettre d'élever un enfant, il n'aurait pas eu une vie heureuse. Mais alors, abandonner son poste ? Alors qu'elle avait juré serment et qu'elle avait donné sa vie, son coeur pour l'humanité ?
Une brindille craqua à côté. Elle tourna la tête vers la provenance du bruit et découvrit Livai qui observait partout autour. Il sembla sursauter en découvrant la jeune femme et reprit son air habituel.
- L'endroit est déjà prit à ce que je vois, soupira-t-il.
- Eh oui, tu avais besoin de penser toi aussi ? C'est étonnant venant de toi.
Il la regarda un instant avant de souffler.
- Bon je vais me trouver un autre endroit.
Lydia se leva en souriant, émettant un petit rire.
- T'en fais pas tu peux rester ici, je comptais partir.
- Ah oui vraiment ? Fit il en levant un sourcil.
Elle lui répondit par un simple sourire et passa à côté de lui pour quitter ce petit lieu tant aimé pour penser en toute tranquillité. Lydia écarquilla les yeux lorsqu'elle sentit une main retenir sa manche. Elle se tourna vers Livai qui la regardait intensément.
- Reste.
- Pourquoi ?
- Reste, c'est tout.
D'un geste hésitant Lydia se retourna et s'assit de nouveau sur sa buche de bois. Livai s'assit à côté d'elle. Ils restèrent ainsi pendant un silence qui semblait interminable. Livai le rompit en posant une question.
- Lydia, quel est ton plus grand regret ?
La jeune femme écarquilla les yeux. Elle tourna sa tête vers Livai qui observait le sol, surprise par la question mais surtout par le fait qu'elle ait été posé par le soldat.
- C'est quoi cette ques...
- Répond. S'il te plaît, enfin si tu ne veux vraiment pas tu n'es pas obligé...
Lydia hésita. Encore un choix qu'elle devait faire. Lui dire ou bien se taire. Aurait elle des regrets après ? La jeune femme ferma les yeux en soupirant. Elle prit une grande inspiration avant de parler d'une traite.
- Avoir intègre le bataillon d'exploration.
Livai se tourna vers elle, laissant pour la première fois un air surpris pendant plus d'un fraction de seconde sur son visage. Comprenant très bien que son regard demandait pourquoi, Lydia répondit en observant le ciel.
- Livai, sais-tu quel est le plus grand bonheur que puisse ressentir une femme ?
Celui ci réfléchit mais son silence signifia qu'il ne connaissait pas la réponse. Lydia se toucha le ventre avant de continuer.
- Engendrer une vie.
Livai continua de l'observer, en proie à de profondes réflexions.
- Je ne veux pas avoir un enfant qui se demande à chaque fois que sa mère part en expédition si elle reviendra, s'imaginant les pires horreurs et vivant dans la peur de la perdre. Mais pourtant, avoir un enfant est sûrement la plus belle chose du monde. Tu sais Livai, je ne connais pas ta vie, mais je suis sûre que ta mère t'a aimé dès l'instant où tu es né.
Livai écarquilla les yeux et détourna le regard de Lydia. Il repensa à sa mère. Regrettait elle de ne pas l'avoir abandonné ? Mais pourtant chacun de ses souvenirs avec elle étaient heureux. Même si elle s'était éteinte peu à peu, il avait toujours ressenti cette chaleur dans son aura, ce bonheur diffusé. Le jeune homme déglutit. Il ressentit une profonde tristesse en sachant que sa mère ne serait plus jamais la pour lui faire des câlins, pour lui couper les cheveux, lui sourire. Sa gorge se serra.
Lydia posa doucement sa main sur son épaule.
- Livai, ça va ?
Il se tourna vers elle et la jeune femme fut surprise de découvrir ce regard qu'elle n'avait jamais vu chez lui. Celui qui montrait de la tristesse. Sans réfléchir elle enroula ses bras autour de lui. Livai enfouit sa tête sous la sienne en respirant calmement comme directement apaisé par cette étreinte.
- Ma mère était une prostituée. Elle est tombée enceinte de l'un de ses clients. Et, au lieu de m'abandonner, elle a décidé de me garder. Elle a perdu son travail et a continué de m'élever en gardant le sourire. Mais, malgré ce sourire, elle s'éteignait peu à peu. Nous n'avions plus d'argent et elle est tombée malade. Il est fréquent de s'affaiblir et tomber malade dans les bas fond. Sans lumière et nourriture, elle ne pouvait que s'éteindre. Elle est partie dans son sommeil. Si je n'avais pas été là elle aurait pu vivre plus longtemps, elle aurait continué de gagner de l'argent, mais elle a choisi de le garder et n'a jamais manifesté de haine à mon égard...
Lydia caressa doucement ses cheveux. Il resserra son étreinte en enfouissant sa tête dans son cou, continuant de respirer calmement.
- Je te l'ai dit non ? Une mère aimera toujours son enfant, et l'élever engendré pour elle un véritable bonheur.
Livai sourit doucement contre son cou.
- C'est ta mère qui t'a appris ça pas vrai ?
Lydia sourit à son tour.
- Oui, elle m'a appris beaucoup de choses.
Ils fermèrent les yeux et continuèrent cette étreinte dans le calme. Seul le chant des oiseaux et celui des feuilles balayées par le vent étaient audible.
- Livai, merci de t'être confié à moi.
- Ce n'est pas dans mes habitudes de faire ça, je m'étonne moi-même...
Lydia rompit doucement l'étreinte et se mit face à lui. Elle posa doucement ses mains sur ses joues et sourit. Il planta ses yeux dans les siens, bien qu'il ne souriait pas extérieurement, Lydia savait que son esprit souriait. Livai posa doucement sa main sur son visage et caressa sa joue avec son pouce. Elle frémis à ce contact et ferma doucement les yeux, sentant la peau abîmée de ses mains contre la sienne. La jeune femme entrouvrit les yeux lorsqu'elle ressentit les lèvres du brun déposer un chaste baiser sur les siennes.
La question de sa relation avec Livai refit alors surface. Était-elle vraiment prête à une relation ? Lydia avait peur de lui faire du mal, peut être devait-elle arrêter tout cela avant que l'amour ne s'emmêle et brise les cœurs.
- Livai...bredouilla-t-elle.
- Tais toi.
- Mais...
Lydia releva son visage vers celui de Livai qui laissait paraître une sorte de mélancolie. Celui-ci regardait ailleurs.
- Ne brise pas mon rêve maintenant s'il te plaît.
- Ton rêve ?
- Laisse tomber, tu es bien trop idiote pour comprendre, il soupira et se leva avant de quitter le lieu sans un mot. La jeune femme restait assise, bouche bée.
"Briser son rêve ?". Elle bascula la tête en arrière pour observer le ciel un instant. "Alors, son rêve est-il en rapport avec sa relation avec moi ?". Lydia soupira. "Qu'est ce que je fais ? Voila maintenant qu'il rêve d'un amour réciproque avec moi...mais, je l'ai bien compris, dans ce monde où je ne peux pas élever d'enfant, je ne peux pas non plus vivre l'amour. On aurait sans cesse cette peur de perdre l'autre, et si l'un de nous venait à mourir avant l'autre, ce serait l'anéantissement."
Livai marchait silencieusement en direction des sacs de sable pour s'entraîner. Il aperçu la silhouette d'Hanji, le soleil se reflétant sur ses lunettes tandis qu'elle marchait d'un pas enjoué.
- Oh non pas elle...
Il tourna rapidement les talons mais la main agitée de la scientifique lui fit comprendre que c'était déjà trop tard pour la fuir.
- Lili !!!
Livai soupira et leva les yeux aux ciel.
- Tu veux quoi Shitty Glasses ?
- Oooh un petit surnom trop chou.
"Elle sait ce que ça veut dire au moins ?"
- Livai, tu n'aurais pas vu Lydia ?
Livai réagit en entendant le nom de là caporal chef puis détourna rapidement le regard.
- Non.
Son attitude inhabituelle ne fut pas ignorée par la scientifique. Elle se plaça juste devant lui en étirant son visage d'un grand sourire.
- Huhuhu, qu'est-ce que ça cache cette gêne ?
- Ferme-la, y'a rien du tout.
- Si si il y a un truc, alors quoi, tu es amoure...
Elle fut stoppé par la main de Livai qui s'écrasa sur sa bouche. Il enfonça ses doigts dans ses joues.
- Redis ca Shitty Glasses et j'éclate tes lunettes.
- Huhuhu, menacer les lunettes d'une binoclarde, voila un coup bas. Mais ne t'en fais pas, un jour je saurai ce qu'il se passe et les Lili seront démasqués.
- Mais oui bien sûr.
Il soupira et partit en direction des sacs de sable.
- Au fait Livai, ne soit pas trop loin de Lydia durant les heures qui vont suivre.
- Et pourquoi ça ?
- Sa cousine se trouve au QG, ça va pas être facile pour notre chère Lily.
Elle partit en sautillant à la recherche de son amie. Livai la regarda partir en silence avant d'enfiler des gants et de frapper dans un sac de sable. "Sa cousine hein ? Celle qui veut intégrer le bataillon d'exploration." Il continua de frapper et s'arrêta un instant pour essuyer la sueur qui perlait sur son front. "Lydia ne veut sûrement pas qu'elle face ce qu'elle-même regrette aujourd'hui : intégrer le bataillon d'exploration." Il observa un instant le sac de sable et retira ses gants nonchalamment avant de quitter le lieu. "Plus tard pour l'entraînement, allons déjà voir qui est cette cousine."
Livai arriva de nouveau dans la cour du QG et aperçu Lydia entrer dans le bâtiment d'un pas décidé. Au même moment, il aperçu Erwin Smith sortit du bâtiment. Il repensa alors à leur plan et partit à la rencontre d'Isabel qui scellait un cheval à côté.
- Isabel.
- Oh grand frère ça fait longtemps !
- A peine quelques heures idiote.
- C'est déjà beaucoup.
Il soupira avant de s'approcher d'elle et de marmonner.
- Erwin n'est pas dans son bureau et Lydia est occupée. Où est Furlan ?
Isabel le regarda d'un air triste.
- Livai...on est obligé de faire ça ? Je veux dire, on peut très bien rester vivre ici pour toujours, j'y suis bien, pas besoin d'une maison.
Livai réfléchi un instant. Lui n'était pas panique à l'idée de côtoyer la mort, mais il ne voulait pas que des personnes Comme Isabel et Furlan doivent continuer à vivre ainsi. Il souhaitait pour eux une belle vie. Une vie sans danger dans laquelle Furlan pourrait avoir une maison et élever des enfants avec Irène. Une vie où Isabel pourrait avoir une petite maison, ses habitudes, aller au marché tous les matins, rencontrer du monde. En vérité, lui aussi était attiré par ce genre de vie. Il aurait bien aimé monter un petit commerce de thé. Mais la sécurité de Furlan et Isabel comptait encore plus à ses yeux.
- Isabel, où est Furlan ?
Elle soupira.
- Dans votre chambre.
- Bien, continue de t'occuper de la selle de ton cheval et fait le guet.
- A tes ordres grand frère, fit-elle sans entrain.
Livai monta les escaliers. Il s'arrêta un instant pour réfléchir. "Là, je suis face à un dilemme. Ça veut dire que je vais devoir faire un choix...donner nos vies au bataillon, ou bien trahir le bataillon pour vivre une vie paisible. Et si notre plan échoue et qu'on se retrouve en prison ? Mais, et si Furlan ou Isabel perdaient la vie lors d'une mission ?". Rien que le fait d'imaginer ses compagnons morts donnait des frissons à Livai. Mieux valait risquer la prison et trahir plutôt que de voir périr les êtres qui lui sont chers. En pensant aux être qui lui étaient chers, l'image de Lydia apparu. Il devrait la trahir. Mais, peut être comprendrait-elle ? Et puis, qu'avait-il à perdre ? Son amour était à sens unique, il savait qu'il ne pourrait pas l'atteindre. Et pourtant...
Il n'eut pas le temps de réfléchir plus qu'il avait ouvert la porte de sa chambre, laissant à sa vue Furlan, assis sur son lit plongé dans une reflexion. Le blond cendré leva la tête vers lui.
- Yo Livaï.
- Erwin est sorti.
Les yeux de Furlan s'ouvrirent en grand avant de s'accompagner d'un air attristé. Alors, tu n'as pas abandonné ? Livai fronça les sourcils.
- Non.
Son ami se pinça l'arrête du nez en soupirant.
- Pourquoi...
- Pour que nous restions en vie.
- Livai...même si c'est en risquant ma vie, je veux vivre cette courte vie auprès d'Irene. Essaie de comprendre, le plan ne s'est pas déroulé comme prévu...
- Alors c'est ca que tu veux ? Partir en expédition en risquant ta vie ? Et si tu venais à mourir, que deviendrait Irène anéantie par le chagrin ?
Furlan releva son visage vers lui en fronçant les sourcils.
- Alors j'en prend le risque. La vie n'est pas parfaite, parfois on part plus tôt c'est comme ça. On peut risquer sa vie mille fois, mais on ne vit le vrai amour qu'une seule fois.
- Et on ne vit qu'une seule fois Comme on ne meurt qu'une fois.
- Bon sang mais pourquoi es-tu si borné ! Même si je dois mourir demain je resterai auprès d'elle ! S'énerva Furlan.
Livai tourna les talons, décidant de continuer dans sa lancée sans son ami. Sur le seuil de la pièce il lâcha.
- Je souhaite simplement aux êtres qui me sont chers de vivre.
- Et Lydia ?
Le Brun s'arrêta net en entendant ce nom.
- Elle aussi elle t'est chère, tu ne lui souhaite pas de vivre à elle non plus ? Alors quoi, tu vas l'emmener dans tes trahisons ?
- Elle est assez forte pour se débrouiller sans moi.
- Et qu'en est-il de toi ?
~
- Tu sais pourquoi je suis ici...
Lydia ne répondit pas, elle restait droite d'un air froid, plantant ses yeux bleutés dans les grands yeux de sa cousine.
- Lydia...je sais que tu es en colère mais...c'est mon choix c'est ainsi, et j'ai décidé d'agir plutôt que de rester là à ne rien faire...
- Et si Andrew et moi n'avions pas intégré le bataillon d'exploration ? Cette idée te serait elle quand même venue à la tête ?
Petra l'observa un instant et détourna le regard, sachant que le mensonge n'était pas permis en la présence de sa cousine.
- Non...
Lydia soupira et massa sa tempe.
- Pourquoi ai-je fais ça...
- Lydia non tu n'as pas à t'en vouloir...
- Si j'ai a m'en vouloir ! À cause d'un choix stupide ma cousine pars vers une mort certaine !
Petra se pinça la lèvre en la regardant.
- Et pourquoi dois-je mourir hein ? Je peux très bien m'en sortir tout comme toi !
- Et Comme Andrew aussi ?
- Tu n'en sais rien ! Toi tu n'es pas encore morte alors j'ai peut être une chance.
Lydia se leva et tapa sur la table, faisant peur à sa cousine.
- Oui je n'en sais rien et toi non plus ! Le seul qui sait c'est le destin ! Tu crois qu'Andrew ne pensait pas la même chose que toi lorsqu'il est entré dans le bataillon d'exploration ?! Ce que tu peux être sotte ! Avant de faire des choix pense à la vie que cela te donnera et aux regrets que cela te procurera !
Petra restait silencieuse, les yeux grands ouverts, surprise par l'emportement de Lydia qu'elle avait toujours vu faire preuve de sang froid.
- S'il te plaît Petra...ne fait pas la même erreur que moi...
La rousse déglutit avant de demander d'une voix calme.
- Quelle erreur ?
- Petra, as-tu réellement envie que tous ceux qui te sont chers t'attendent à chaque fois que tu partes en expédition, rongés d'inquiétude en s'imaginant toujours voir leur chère Petra réduite en lambeau par les titans ? Veux tu d'une vie où le mariage et les enfants sont de trop ? Est-ce vraiment la vie que tu souhaite Petra ?
La jeune fille resta silencieuse, prise par de multiples doutes, mais également bouche bée de découvrir une facette sentimentale apparaître chez sa cousine. Elle prit une grande inspiration et afficha un sourire.
- Je vais réfléchir à ce que tu m'as dit Lydia, et je vais essayer de revoir mon choix vis à vis du corps d'armée que je veux rejoindre.
Lydia sourit à son tour et s'assit sur sa chaise.
- Merci Petra.
Petra la regarda une dernière fois en souriant.
- Tu as changé Lydia, je me demande grâce à qui s'est manifesté ce côté sentimental chez toi.
- Un côté sentimental ?
- Oui, elle afficha un grand sourire, lorsque tu as parlé de mariage et d'enfant, t'es yeux se sont mis à pétiller, serais-tu amoureuse ?
- Hehe mais qu'est ce que tu racontes ? Fit elle en riant doucement.
- Tu peux au moins le dire à quoi il ressemble ? Demanda-t-elle en papillonnant des cils.
- C'est un nain brun, répondit la châtaine en souriant.
Petra partit en souriant, lançant à sa cousine.
- Merci de prendre soin de moi.
La jeune femme lui fit un sourire et la regarda quitter la pièce. Elle soupira et s'affaissa dans son siège d'un air rassuré.
Petra descendit les escaliers du QG lentement. À cet instant, elle croisa la route de Livai, un pied dans le couloir et un autre dans sa chambre.
- Et qu'en est-il de toi ?
- Lydia n'éprouve pas pour moi ce que j'éprouve pour elle et ce ne sera jamais le cas, alors, il va falloir que je me fasse à l'idée...
Petra ralentit le pas et détailla celui qui venait de prononcer le nom de sa cousine. Elle fit un grand sourire et se dirigea vers lui. "Un nain brun".
- Excusez moi.
- Quoi ? Fit Livai d'un ton froid.
- Pardonnez moi je suis vraiment indiscrète mais j'ai entendu des bribes de votre conversation.
- Et alors ? Viens en au fait la naine, c'est chiant.
"Elle s'est entiché d'un sacré malpoli..". Petra afficha un grand sourire.
- N'abandonnez pas trop vite.
- Abandonner quoi ?
- Vous m'avez bien comprise.
- Bordel mais t'es qui toi ?
Petra le regarda dans les yeux en souriant de plus belle.
- On peut dire que je suis une messagère venue transmettre un message de Cupidon.
Sans que Livai n'ait plus répliqué, Petra était déjà partie à l'autre bout du couloir de son allure légère. Il regarda Furlan.
- C'est qui cette gamine ?
- J'sais pas mais elle ressemble un peu à la caporal chef Lydia, fit Furlan en se frottant les yeux.
Petra s'étira et observa le ciel en souriant. Elle salua Hanji et monta dans la diligence qui la ramenait au camp d'entraînement. La jeune fille regarda les paysages du crépuscule dans le silence en gardant un petit sourire sur le visage.
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