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chapitre post-générique 2

+o2 : ce qu'un peu de peinture et des origamis disent du passé

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- Jesse, je vais rejoindre Archie en ville. Tu as besoin de quelque chose ? demande Lottie

Assis sur le rebord de sa fenêtre ouverte, une petite toile carrée sur les genoux et un pinceau dans les mains, Jesse retire la ciragette coincée entre ses lèvres pour tourner la tête vers Lottie. La femme à la trentaine bien entamée et aux longs et raides cheveux blonds se tient dans l'encadrement de la porte de sa chambre, en train d'ajuster les manches de son trench en jean. Là-dehors, la pluie n'a de cesse de s'abattre depuis plusieurs heures, les gouttes ruissellent dans les gouttières et rebondissent avec fracas sur la table métallique de jardin sur la terrasse en contrebas.

- Si tu peux me prendre de la peinture grise, ça m'arrangerait, lui répond-il
- Grise ? La fameuse teinte « souris au crépuscule » ? renchérit-elle avec un sourire chargé en raillerie
- Oui, c'est celle-là, confirme l'immaculé. J'arrive au bout du tube

Lottie fait une moue impressionné et approbatrice en hochant la tête, faisant briller ses grosses créoles entre ses mèches blondes.

- Tu avances vite dans ton tableau, dis donc. Et c'est le cinquième, en deux jours
- Il faut croire que je suis inspiré, dit simplement Jesse en tirant une bouffée de sa ciragette

La femme s'avance dans sa chambre, faisant grincer le parquet ancien sous ses escarpins à talons aiguilles. Elle passe à côté du lit, au-dessus duquel une nuée d'origamis est suspendue par des fils transparents. De toutes les formes - oiseaux, fleurs de lotus, étoiles, serpents et bien d'autres -, ces petits morceaux de papier soigneusement pliés ne sont en revanche composé que de deux sortes de couleurs : le blanc et le noir. Du Jesse tout craché.

Lottie s'arrête aux côtés de Jesse, afin de pouvoir scruter l'avancement de son œuvre. La toile est loin d'être terminée mais déjà, le détour d'une forme humaine se dessine au milieu de plusieurs tourbillons abstraits, composés de traits de peinture taupe, noire et brune.

- Et ton inspiration soudaine n'a rien à voir avec ce garçon, je suppose ? ironise-t-elle, sur un ton lourd de sous-entendu
- Quel garçon ?
- Celui que tu n'arrêtes pas de peindre sur tous tes tableaux et que tu griffonnes dans ton carnet à dessin depuis que tu es rentré, banane ! rétorque-t-elle en lui tapant l'épaule

Jesse tire une nouvelle fois sur sa cigarette, impassible.

- Ce n'est qu'une silhouette. Une silhouette de dos, précise-t-il comme s'il venait tout juste d'entendre la plus grosse énormité de l'année
- C'est ça, et moi je suis Mona Lisa !

Le jeune homme ne répond pas, mais le coin de ses lèvres s'incurvent légèrement. Rares sont les fois où Jesse s'autorise à montrer ses émotions et à sourire, la femme à ses côtés est bien l'une des seules à pouvoir démolir l'indifférence dont il ne se défait presque jamais.

Lottie, ou de son nom complet Charlotte, incarne à la fois l'image de la tante cool et rock, et celle de la cousine bonne vivante, qui a un certain répondant mordant. Aussi loin qu'il puisse s'en souvenir, Jesse a toujours vu Lottie faire preuve d'un esprit vif, d'un dynamisme parfois épuisant et d'un côté un peu borné. Mais elle est aussi immensément aimante, une oreille toujours prête à écouter en cas de besoin, et d'un réconfort sans limites. D'ailleurs, son affection est la seule qu'ait connu Jesse durant sa vie. La sienne ainsi que celle de son mari, Archie.

- Tu es sûre de vouloir sortir ? Vu le temps qu'il fait, tu risques de chopper la crève en te baladant sous la pluie, commente-t-il en éteignant sa cigarette dans le cendrier prévu à cet effet
- Rien ne saurait m'empêcher d'aller honorer notre séance ciné traditionnelle avec Archie, rien, assure-t-elle
- Vous sortez tous les mois comme deux ados en plein premier rencard, vous pouvez bien reporter à un jour où le temps sera moins dégueulasse
- Rien, je t'ai dit ! Même pas cette foutue pluie de malheur qui fait le charme de notre pays, bougeonne-t-elle en jetant un regard à l'averse qui trahit tout le bien qu'elle pense de ce cliché météorologique britannique

Plus elle s'attarde sur le déluge en train de s'abattre là-dehors, plus son visage se déforme en une grimace dépitée. Elle finit par secouer la tête pour forcer une réaction, faisant briller ses boucles d'oreilles dans ses mèches blondes.

- Enfin, bref. Heureusement que je ne suis pas en sucre
- Prends ton parapluie

Prête à quitter la chambre, Lottie se retourne, fait grincer le parquet une seule fois avant de se figer. Lentement, très lentement, comme si ce simple mouvement lui coûtait tout son courage, elle finit par faire volte-face en direction de Jesse. Et c'est avec une expression sérieuse, presque grave, qu'elle lui annonce :

- Au fait, j'ai eu ton père au téléphone ce matin

Jesse n'esquisse aucun geste vers Lottie pour lui montrer que cette conversation l'intéresse. Il s'emmure une fois de plus dans le silence et l'indifférence. Mais la blonde le connaît assez pour voir son flegme se muer en froideur raide, plus tendu que d'ordinaire. Il peut prétendre autant qu'il veut, son corps le trahit.

- Il voulait savoir ce que tu comptais faire de la maison de Marple Street, ajoute-t-elle avec prudence

Un rire sec, débordant de sarcasme et de venin, se faufile entre les lèvres de l'immaculé, qui détourne enfin son attention de sa toile pour fixer Lottie.

- Qu'est-ce que ça peut lui faire ? réplique-t-il sur un ton cinglant
- C'est ta maison Jesse, c'est normal qu'il-
- Non, ce n'est pas ma maison, la coupe-t-il avec rancœur. Ce n'est plus ma maison depuis longtemps et ça ne le sera jamais. C'est ici que je me sens chez moi, c'est ici ma maison

Son ton progresse en crescendo, devenant de plus en plus haut et fort à mesure que sa colère prend le pas sur sa nonchalance usuelle. Ses prunelles s'animent d'un large éventail d'émotions tout aussi diverses que vives. Comme à chaque fois que le sujet de discussion se porte sur son père, Jesse peine à maintenir sa façade neutre et ouvre la porte sur son âme écorchée, à fleur de peau.

- Pas vrai ? ajoute-t-il, presque craintif d'entendre la réponse

Lottie remarque tout de suite la peur dans la voix de Jesse, ainsi que ses doutes. Et ça lui brise le cœur. Elle s'accroupit à ses côtés, voulant aussitôt rassurer le jeune homme comme elle l'a fait tant de fois. Que l'idée d'avoir un foyer soit toujours un bonheur que Jesse ne s'accorde pas de manière certaine a de quoi la chambouler.

- Bien sûr que tu es chez toi, tu le seras toujours, lui promet-elle. C'est peut-être ma maison, mais je n'ai pas aménagé une chambre spécialement pour toi pour rien !

La plaisanterie de Lottie parvient à dérider très légèrement Jesse, il accueille cette réponse avec plus de soulagement qu'il ne le laisse paraître.

- Mais maintenant que ton père t'a fait officiellement propriétaire de la maison de Marple Street, tu as peut-être des projets ? poursuit-elle
- Tu veux que je te dise ? Mon père m'a donné cette baraque pour faire oublier qu'il n'en a rien à foutre de moi. Il croit qu'il fait une bonne action, que ça va excuser des années d'absence. C'est sa façon de faire : jamais là pour les anniversaires, jamais là pour Noël ... il envoie un chèque à trois chiffres, un gros cadeau et voilà, il pense avoir fait du bon boulot. Ça me donne envie de gerber, sérieux. Alors sa villa, il peut se la mettre là où je pense, je m'en fous royalement

Ne s'imposant aucun filtre, Jesse laisse son cœur malmené et qui a tant souffert s'exprimer ouvertement.

- Et au fond, je crois qu'il est soulagé de ne plus en être propriétaire. Elle lui rappelait sûrement trop l'endroit où j'étais censé vivre avec lui. L'endroit où j'aurais dû grandir avec un père à mes côtés. Je ne me souviens même plus de la dernière fois où il a mis les pieds dans cette maison et je suis sûr que lui non plus. Pour lui, c'est tout benef : il a la conscience tranquille et bon débarras

Si cette déclaration peut sembler un peu dure, voire cruelle, tous deux savent néanmoins qu'elle n'en est pas moins vraie. C'est ce qui calme un peu la colère de Jesse, il renferme toute cette rancœur depuis si longtemps qu'elle lui est devenue familière.

- Je n'ai pas de bons souvenirs dans cette baraque, qu'est-ce qu'il espère ? termine-t-il, d'une voix blanche
- Tu oublies que c'est là-bas qu'on s'est rencontrés pour la première fois, ce n'est pas un bon souvenir ça ? contredit Lottie sur un ton scandalisé qui manque d'enthousiasme
- Si, c'est tout ce qu'il s'est passé de positif pour moi entre ces foutus quatre murs
- Tu vois, tout n'est pas tout noir ! Ton père aura au moins pris une bonne décision dans sa vie : celle de m'engager

Comme elle l'a fait de multiples fois, Lottie met tout en œuvre pour dédramatiser la situation à grand renfort de sarcasme, dans le seul but de remonter le moral de son poulain.

- Tu sais, lorsque j'ai postulé pour être la nourrice du fils Cassidy, je n'attendais pas grand chose. C'est vrai : j'étais jeune, je n'avais pas énormément d'expérience, je gardais des enfants seulement pour me faire un peu d'argent pendant mes études pour devenir institutrice et comme ça, je me faisais la main en même temps. Mais je ne m'attendais pas à ce que ma vie change aussi radicalement en tombant sur ce petit garçon bourré de talents en dessin qui ne se rendait pas compte combien il manquait d'affection

Lottie ouvre son cœur, pensant que ça va aider Jesse à avoir une autre perception sur son passé singulier. Il relève la tête et la regarde dans les yeux, tandis qu'elle poursuit :

- Alors oui, ton père n'a pas fait le bon choix en partant faire carrière aux États-Unis. Il a abandonné sa casquette de père pour se concentrer sur celle d'homme d'affaires de renom à New York. Mais s'il n'était pas parti, je n'aurais jamais croisé ton chemin. Comme quoi, du bon peut ressortir du mauvais
- Même si le mauvais reste ancré plus profondément ? Une mère qui m'abandonne à la naissance, dans les bras d'un père qui n'a pas envie de l'être et qui fuira ce rôle toute sa vie. Ça laisse des traces ...

Jesse expose son sombre ressenti, de la plus limpide des manières. Et après une telle honnêteté, personne ne peut nier la tournure tragique qu'ont pris ses jeunes années. Il a toujours pensé que ses premiers traumatismes, de sa naissance à son enfance, sont ce qui a ancré le rejet et l'abandon en lui. Ils le marqueront toujours, comme des tatouages indélébiles.

- Pendant un moment, j'avais espéré que la distance nous rapprocherait. Qu'il prendrait plus de nouvelles de moi. Et ben, j'ai été vraiment con. Son départ pour New York a juste enterré définitivement une relation déjà morte

Il tripote nerveusement ses doigts, constellés de tâches de peintures que ses ongles, eux aussi incrustés de noir, ne parviennent pas à retirer.

- Heureusement que tu es tombée sur cette petite annonce. Et heureusement que tu ne t'es pas barrée dès le premier jour
- C'est sûr que je n'étais pas habituée à ça ! Habiter chez le client, ça ne fait pas partie du lot des contrats classiques, observe Lottie en haussant ses sourcils impeccables
- Il fallait bien que quelqu'un s'occupe de moi, puisque mon père ne serait plus disposé à le faire. Pas qu'il l'ait fait avant de partir pour les États-Unis mais bon ...
- Il m'a embauché pour être ta nounou à plein temps et, entre nous, c'était la meilleure idée qu'il ait jamais eu, lui intime-t-elle
- Tu le penses vraiment ? lui demande-t-il, avec sincérité

En posant cette question, il cesse de triturer ses doigts et plante ses prunelles dans celle de sa nourrice. À nu, laissant apparaître sa vulnérabilité, il attend une réponse avec une pointe de crainte.

- Tu sais Jesse, quand on me demande si j'ai des enfants, je dis toujours que je n'ai pas d'enfants biologiques mais des enfants de cœur. C'est de toi que je parle. Mon corps était incapable de concevoir un enfant mais je t'ai eu, toi, et pour moi ça ne fait pas de différence. Je suis devenue maîtresse d'école pour compenser ce que je ne pourrais avoir et même si j'adore mon métier, c'est toi qui as comblé ce manque

Jesse ne répond pas et ne trahit aucune réaction. Mais à l'intérieur de lui, c'est un tout autre spectacle qui se déroule. Lui qui n'est pas habitué à recevoir des déclarations aussi puissantes en sentiments, il craint de se laisser submerger par ce flot d'émotions si intense qui lui est inconnu. La solitude, la déception, la colère, le rejet ... tout ça, il maîtrise. Par contre, il ne sait toujours pas quoi faire de l'amitié, la joie, la tendresse ou la chaleur humaine.

- Merci Lottie. Je ne sais pas si je te l'ai déjà dit, mais merci, dit-il d'une faible voix, témoignant de son émotion
- Pour t'avoir appris à faire de l'origami ? s'amuse Lottie avec douceur
- Pour ça, et pour tout le reste. Pour avoir été là pour moi, tout simplement. Je n'étais qu'un gamin paumé et livré à lui-même qui n'avait qu'un seul besoin : avoir quelqu'un. Et tu l'as fait. Tu l'as super bien fait putain, merci

Le connaissant par cœur, Lottie parvient à déceler le subtile craquement dans la voix de Jesse. Touchée par son protégé, elle l'attire dans ses bras dans une étreinte réconfortante, qu'ils ont partagé plus d'une fois. L'immaculé se laisse aller contre elle, comme il ne le fait qu'avec elle. Lottie est la seule personne capable d'abaisser les barrières du jeune homme et elle y trouve toujours le frêle petit garçon, en mal cruel d'amour.

- Et merci à Archie aussi, c'est un super mec. J'ai eu peur qu'il flingue tout en l'air quand il a voulu que vous emménagiez tous les deux et finalement, il m'a accueilli comme si c'était normal pour lui. Vous m'avez hébergé chez vous et vous continuez de le faire alors que rien ne vous y oblige, poursuit-il
- On le fait parce que c'est normal pour nous. On t'aime Jesse, évidemment qu'on s'occupe de toi !
- Vous êtes le meilleur couple qu'un orphelin puisse rêver avoir comme cadeau sous le sapin. Merde, tu vas me faire chialer

Dans des rires secoués de sensibilité, ils se séparent et se fixent quelques secondes. Pendant un petit moment, ils ne disent rien, pas un mot. Parce que ce n'est pas nécessaire : ils viennent de dire énormément de choses et pour le reste, leurs regards s'en chargent pour eux.

- Tu n'avais pas un rencard avec ton mec ? réplique Jesse, pour forcer la fin de leur moment à cœur ouvert
- Si, et il va encore m'engueuler parce que je suis à la bourre, confirme Lottie en affichant une petite moue coupable

La blonde se redresse, sous les yeux de Jesse. Puis, elle se penche et dépose un baiser sur son crâne avant d'ébourrifer les mèches teintes de blond du jeune homme. Un geste qu'elle a effectué à mainte reprises, pour l'amuser quand il était enfant, pour l'agacer quand il était adolescent et pour sceller leur lien particulier quand il est devenu un homme.

- J'y vais, ou je vais louper les pubs avant le film, dit la plus âgée
- La plupart des gens détestent les pubs avant le film, fait remarquer Jesse
- Tu connais un meilleur moment pour manger son pot de pop corn, toi ? lui demande-t-elle en rejetant ses cheveux par-dessus son épaule lorsqu'elle se retourne. Aller, n'oublie pas de faire des folies dans mon dos !
- Et toi, n'oublie pas ma peinture, lui rappelle l'immaculé
- « Souris au crépuscule », c'est noté dans un coin de ma tête. À ce soir !
- À tout', bon film

Dans un tourbillon de mèches blondes et de jean, Lottie sort de la chambre. Une fois qu'il entend la porte d'entrée claquer derrière elle, Jesse reste encore quelques minutes assis sur le bord de sa fenêtre. Lassivement, il contemple la pluie continuant de s'abattre sur le jardin dans un ballet régulier et mélancolique. Puis, il pose les pieds sur le sol grinçant et referme la fenêtre, atténuant le clapotis des gouttes d'eau.

Il s'avance jusqu'à son bureau en vieux bois patiné par le temps, afin de déposer sur la surface mouchetée de tâches de peintures multicolores son tableau en cours. Posée là entre son pot à pinceaux et un vieille peluche en forme de crocodile aux yeux brillants gris-bleuté, sa toile carrée est loin d'être terminée. Un petit quelque chose manque pour lui apporter son caractère, il n'a pas encore trouvé ce qui donnera l'identité unique de cette toile et qui sera en accord avec ce qu'il a envie de peindre.

Tout à coup, le portable de Jesse sonne de manière courte et signifie la réception d'un message. Il le sort de la poche de son sweat, le nom de « Arnie Clavingan » apparaît sur l'écran.

Et presque aussitôt, Jesse trouve l'inspiration qui manquait à son tableau.

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