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chapitre 6

o6 : c'est l'histoire d'une dinde aux marrons, d'une bûche et d'un déménagement surprise ...

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En ce fabuleux jour qu'est le vingt-cinq Décembre, la famille Harvey est réunie dans la maison familiale, comme tous les ans. Célébrer Noël tous ensemble est une tradition qu'ils ne manqueraient pour rien au monde, c'est le plus beau jour de l'année après tout !

Le séjour, que Jodie a terminé de décorer d'une main experte, respire la joie de vivre et la bonne humeur à la saveur particulière, différente, que seul Noël parvient à créer. La moindre guirlande est allumée, clignotant de milles couleurs ou bien apportant une touche blanche lumineuse. Le sapin, magnifiquement décoré par toute la famille quelques semaines plus tôt, est le roi véritable du salon et attire irrémédiablement le regard de par sa splendeur. Les dizaines de cadeaux, déballés le matin, sont empilés sur la table basse ou posés au pied du sapin en attendant d'être rangé. Les effluves de beurre, de dinde, de pâte cuite et de cannelle embaument dans toute la maison. Pas de doute : c'est bien Noël.

Une collection festive de sons égaient la pièce, renforçant l'atmosphère unique de ce jour. Les chansons de Noël, typiques et incontournables, défilent depuis le matin même et répandent leur charme dansant; les rires ponctuent les conversations; les tintements des cuillères résonnent contre les petites assiettes à dessert ...

- Quelqu'un veut reprendre une part de bûche ? propose Peter
- Elle était vraiment super bonne mais ça ne serait clairement pas raisonnable. D'ailleurs, mon estomac proteste, plaisante Madeline en plaçant une main sur son ventre

La blonde lève les yeux vers son frère, qui met bien du temps à répondre. Se mordant l'intérieur de la jour, le regard braqué sur le reste de bûche, une réflexion intense semble se jouer à l'intérieur de son crâne.

- On va voir si tu as un minimum de volonté, se moque-t-elle
- Simple rappel mais ... c'est moi qui l'ai faite, dit innocemment leur père
- Tu vois ! s'exclame Jefferson en le désignant de la main, comme pour prouver à sa sœur que toute la volonté du monde ne sera pas suffisante
- Oh ce n'est pas beau de faire ça, rit leur mère en donnant une petite tape sur l'épaule de son compagnon

Peter rit, fier de son coup. Il tourne la tête vers Jodie et lui adresse un regard tendre, la faisant sourire davantage. Cette scène attendrissante n'échappe pas à Madeline qui sent son cœur fondre à cette vue, elle qui a toujours admiré l'amour unissant sa mère et Peter. D'autant plus que cette relation n'était pas cousue de fil blanc.

Après la disparition de William, Jodie s'en est trouvée le cœur brisé. Son grand amour s'était volatilisé sans laisser de trace, emportant une part de son âme avec lui. Pourtant, elle n'a pas pu s'abandonner à son malheur ni à ses larmes, elle devait rester forte pour ses deux enfants. Madeline et Jefferson, tout juste un an, ne pouvaient pas comprendre ce qu'il venait d'arriver alors le rôle de leur mère était d'autant plus important. C'est donc pour eux que Jodie a su se relever, elle a mis de côté sa douleur et s'est consacrée à ses enfants, devenant une mère courageuse et dévouée.

Ce n'est que bien des années plus tard que Peter est entré dans leur vie. Au premier abord, Jodie ne voulait pas s'autoriser à espérer quoi que ce soit d'une relation, ses blessures passées refaisant surface. Elle ne tenait pas non plus à perturber le quotidien bien rodé qu'elle et ses enfants avaient bâti. Approchant des huit ans, les jumeaux risquaient de ne pas comprendre pourquoi un homme s'immiscait de la sorte dans leur vie. Et pour couronner le tout, elle ne souhaitait pas contraindre Peter, plus jeune qu'elle de quelques années, à s'enfermer dans une relation avec une mère élevant seule ses deux enfants.

Heureusement pour tout le monde, Peter a tenu bon. Il lui a prouvé bon nombre de fois que son parcours, son âge ou sa situation familiale ne seraient jamais des barrières pour cette histoire à laquelle il croyait fermement. Alors Jodie a cédé à ces sentiments qui les liaient déjà, elle avait après tout mérité ce bonheur nouveau. Les jumeaux avaient besoin d'une figure paternel, elle ne pouvait pas continuer de porter sur ses épaules deux rôles à la fois. Et c'est l'une des meilleures décisions qu'elle ait prise de sa vie.

Compagnon aimant, père idéal ... Peter n'a jamais regretté sa décision, et Jodie non plus. À eux quatre, ils étaient devenus une famille recomposée qui n'avait même pas conscience de l'être. C'est toujours d'actualité d'ailleurs et c'est pour cette raison que Madeline a beaucoup de respect pour cet homme qui a endossé le rôle du père à la perfection. Alors bien sûr, l'amour qu'il partage avec sa mère a de quoi la laisser admirative : ce n'était pas écrit, ce n'était rien de plus qu'une seconde chance et pourtant ...

S'extirpant de ses pensées, elle reporte son attention sur son frère, toujours en train de jeter des coups d'œil tourmentés à la bûche de Noël.

- Et qu'est-ce que tu fais du régime des sportifs ? réplique-t-elle
- Ouais c'est vrai ..., soupire son jumeau. Je suis obligé de refuser ... mais regarde cette ganache au chocolat, et ce praliné qui m'appellent ...

Jefferson approche sa cuillère du reste de bûche, sa sœur lui tape le dos de la main pour le faire renoncer à son geste de gourmandise.

- Del' a raison, ça ne serait pas raisonnable, approuve Peter en retirant le plat à dessert de la table, un sourire malicieux aux lèvres

Il rapporte le dessert de Noël de sa confection dans la cuisine, Jefferson regarde sa bûche adorée s'éloigner avec une déception immense. Là, il ressemble vraiment à un enfant qui se voit retirer le jouet que le Père Noël vient tout juste de lui apporter.

- Pense plutôt à tout l'exercice que tu vas devoir faire pour éliminer le repas de ce midi et celui d'hier soir, lui rappele sa mère
- Sans oublier qu'on remet ça le trente-et-un et le jour de l'An, renchérit leur père en ressortant de la cuisine

Il se rassoit à côté de Jodie à l'instant où les jumeaux se jettent un même regard. L'évocation de premier jour de l'année à venir a fait surgir la même pensée dans leur esprit, un simple coup d'œil confirme qu'ils se sont compris sans rien dire. Comme souvent.

Jefferson se redresse dans la chaise, le dos soudain raide, et se râcle la gorge.

- En parlant de l'année prochaine ..., commence-t-il, hésitant
- Il y a une chose dont on doit parler, termine sa sœur

L'air se charge soudain d'une tension presque palpable, devenant plus lourd. Nerveuse, Madeline fait tourner machinalement l'anneau à son pouce - celui qu'elle a récupéré dans les affaires de son père - et ferme brièvement les yeux. Elle s'en veut de gâcher cette journée, de faire retomber la magie de Noël avec autant de brutalité, mais il n'y a pas d'autres issues possibles. Ils doivent avoir cette conversation, l'éviter plus longtemps n'est pas envisageable.

- Vous vous rappelez du parchemin bizarre que j'avais reçu ? Celui à propos de l'Académie Dawson, reprend Jefferson
- C'était une convocation en fait, continue Madeline. Et Jeff et moi, on doit y aller. On va devoir partir pour rejoindre cette académie

Un silence de plomb fait suite à cette annonce importante, seulement troublé par les paroles de Mariah Carey dont plus personne ne fait attention. Les yeux verts de la blonde oscillent entre ses deux parents, s'arrêtant forcément sur sa mère. Sa gorge se serre tandis qu'elle attend sans rien dire la réaction de sa génitrice.

Aux vues de l'effet qu'avait provoqué l'évocation de l'Académie Dawson sur elle, Madeline s'attendait à ce qu'un choc immense et dévastateur s'abatte sur sa mère. Ou bien qu'elle se mette en colère contre eux en leur criant de réfléchir à la conséquence de leurs actes. Pourtant, rien de tout ça ne se produit.

Jodie reste silencieuse, ses traits fins parfaitement décontractés. Cette sérénité accentue sa beauté naturelle, seule la petite étincelle de tristesse s'allumant dans son regard vient perturber l'aspect immaculé de son visage, qui rivalise avec les portraits des plus grands maîtres peintres. Puis, un discret sourire rehausse son expression, prenant de court ses enfants.

- Je me doutais que ça arriverait, dit-elle d'une voix parfaitement maîtrisée. Je l'ai pensé dès que vous avez parlé de l'Académie. J'imagine que je m'étais préparée à cette idée

Sa voix se met à trembler sur la fin de sa phrase, Peter glisse sa main dans la sienne pour lui apporter son soutien indéfectible.

- Je vous avoue que j'ai eu du mal à avaler que toute cette histoire de lunaires soit vraie. William ne m'en avait parlé qu'une seule fois et ça m'avait paru tellement farfelu. Il faut dire que ce n'est pas facile à encaisser pour n'importe qui d'un tant soit peu normal ! ajoute-t-elle avec un rire nerveux. Mais je crois qu'une part de moi savait que ce n'était pas juste une histoire inventée de toutes pièces et c'est cette part là qui avait envisagé votre départ pour l'Académie, depuis que vous en avez parlé l'autre jour
- Oh maman ..., souffle Madeline
- Je suis à mille lieux d'imaginer la complexité de ce monde et je regrette de ne pas pouvoir vous en dire grand chose. Mais vous faites le bon choix, j'en suis convaincue

Jodie prononce ces mots avec tant de certitude, avec une foi immense, que Madeline sent une vague de soulagement se répandre en elle.

- Mais maman, on n'a pas de pouvoirs ..., intervient Jefferson en fronçant les sourcils
- Ça ne veut pas dire que vous n'êtes capables de rien, assure-t-elle avec un sourire confiant et ému. Vous êtes invités à entrer dans un monde étranger, un monde qui aurait pu être le vôtre bien plus tôt. Ne doutez pas de la place qu'on vous a réservé là-bas et surtout, ne doutez pas de votre valeur. Mes enfants ... vous savez faire tellement de choses et vous apprendez à en faire plus encore. Vous pouvez

Le discours de sa mère agit comme un stimulant très efficace sur Madeline, qui n'envisage plus l'Académie Dawson seulement comme un sacrifice et une prison. Bien sûr qu'ils ont de la valeur, et ils comptent bien prouver à ceux qui pensent le contraire que les super-pouvoirs, c'est passé de mode.

- Tu crois vraiment qu'on a notre place là-bas ? demande-t-elle, un peu décontenancée
- Bien sûr que vous avez votre place ! Et si certains pensent le contraire, vous me les amènerez tout de suite pour que je leur explique combien mes enfants sont formidables. Vous êtes mes enfants après tout ! rit Jodie

Les lèvres de Madeline se soulèvent malgré elle, rassurée par la reaction de sa mère. Elle tourne la tête vers son frère et constate que les mots de leur mère ont eu le même effet bénéfique sur lui.

- Moi aussi, je suis prêt à mettre deux trois paires de claques si quelqu'un doute de vous, intervient Peter pour apporter un peu de légèreté

Ce qui fonctionne très bien, tout le monde se met à rire, faisant s'envoler le nuage de tension qui encombrait l'espace.

- Je ne connais rien à ce monde qui vous attend mais, quelque chose me dit que vous ferez de grandes choses, ajoute-t-il avec un sourire. C'est une aventure, une opportunité de vivre des choses nouvelles et incroyables !
- C'est vrai, vu comme ça ..., sourit Jefferson. On part en pleine aventure, Made ! Je vais faire sortir l'Indiana Jones qui sommeille en moi
- N'imagine pas débarquer là-bas avec un chapeau et un lasso, ou je ferais comme si on ne se connaissait pas, le met-elle en garde

Les jumeaux n'ont pas eu besoin d'expliquer plus en détails les motivations qui les ont poussé à envisager leur intégration au sein de l'Académie Dawson. Ils s'étaient mis d'accord pour éviter, dans la mesure du possible, le sujet des dangers qu'ils courent en restant en ville sans la protection de l'Académie. Savoir que des gens cherchent à s'en prendre à eux risquerait d'inquiéter Jodie, la préserver était donc le principal objectif.

- Vous faites le bon choix mais ça n'empêche que vous allez me manquer, avoue cette dernière tandis qu'une larme roule sur sa joue
- Nous manquer, corrige Peter

Madeline ressent un pincement au cœur, c'est très certainement le cas pour Jefferson aussi. Bien que discuter de leur départ avec Jodie et Peter a permis de voir les choses sous un angle bien plus positif, rien ne pourra effacer la peine qu'ils ressentent à l'idée d'abandonner leur vie.

- Vous allez nous manquer aussi, dit fébrilement Jefferson
- Tout va nous manquer, renchérit Madeline avec nostalgie
- Mais ce n'est que partie remise, leur rappelle leur mère
- Ce n'est que partie remise, assurent ses enfants

Ces mots scellent une promesse, celle de ne pas oublier d'où ils y viennent pour mieux savoir y revenir.

C'est dans une ambiance chargée d'émotions diverses et contradictoires que se termine le repas de Noël. Après quoi, chacun vaque à ses occupations à sa manière. Mais les excès gastronomiques ont bien rapidement raison de Jefferson et Peter, dont la digestion a commencé activement.

Madeline redresse la tête du livre que lui a offert son père lorsque des ronflements parviennent à ses oreilles. Avec un sourire amusé, elle constate que les deux hommes de la famille ont été terrassés par le repas de Noël, tous deux se sont endormis dans le canapé.

- Il fallait s'y attendre, rit Jodie

Elle entre dans le salon, une large boîte dans les mains. Sa fille plisse les yeux, croyant reconnaître cette boîte à couvercle. Une image surgit dans son esprit, elle se revoit quelques semaines plus tôt, dans le grenier de la maison, à chercher les décorations de Noël.

- J'ai longtemps hésité à te montrer les choses que j'ai rangé là-dedans, lui explique sa mère. Cette boîte est restée un bon moment dans ma chambre et je me demandais quoi en faire. J'ai fini par la monter au grenier, en me disant que tu préférerais laisser le passé à sa place. Mais en fait, c'est surtout moi que je ménagais en gardant tout ça en boîte. Loin des yeux, loin du cœur comme on dit ...

Un souffle d'excitation court dans les veines de la jeune femme, elle se lève et se poste près de sa mère.

- Je sais, je l'ai vu quand on est montés au grenier avec Jeff l'autre jour. Tu me connais, j'ai fait ma curieuse mais je n'ai pas eu le temps de voir grand chose de ce qu'il y a là-dedans, avoue-t-elle. Je n'ai vu que la boîte à musique et ça ...

Elle lève la main à hauteur pour montrer l'anneau à sa mère, dont les lèvres se soulèvent d'un discret sourire renfermant plein de souvenirs.

- Je n'ai jamais osé vous demander si vous aviez envie de voir les affaires de William, en partie parce que je connais déjà la réponse de Jefferson, explique Jodie. Ton frère et toi, vous avez toujours été très différents en ce qui concerne votre père. Je sais qu'il n'aurait pas bien réagi et j'avais peur que son avis influe sur le tien. Mais je crois qu'aujourd'hui est le bon jour pour te remettre ça, tu ne crois pas ? Avec cette identité cachée que vous vous découvrez, l'Académie, les lunaires ... peut-être que certaines choses pourront t'apporter des réponses

Mère et fille sont sur la même longueur d'onde et partagent un avis similaire.

- Ou te rapprocher de lui, ajoute Jodie faiblement

Son sourire est empreint d'une tristesse douloureuse, témoin de la peine de cœur causée par cette disparition qui ne s'en ira jamais entièrement. Madeline sait que ce chapitre dans la vie de sa mère restera un souvenir éprouvant, tel une cicatrice marquée au fer rouge.

- Merci maman, dit-elle avec une profonde reconnaissance

Ensemble, elles ouvrent la boîte et examinent ce qu'elle renferme. Quelques vêtements, des vieux livres, des posters de groupes passés de mode, un carnet plus que saturé de notes, la splendide boîte à musique, des bibelots aux formes variées et des photos. Elles prennent le temps de passer en revue chacune des photos, Madeline apprécie grandement effleurer le passé de son père ainsi que de voir concrètement l'histoire qui l'a uni à sa mère. Plusieurs photos les montrent tous les deux, comme n'importe quel couple. Tantôt à la plage, tantôt à la fête foraine partageant une pomme d'amour ... tous ces clichés sont un reflet des sentiments évidents qu'ils éprouvaitent l'un pour l'autre avec une innocence pure, bien loin d'imaginer le mystère qui les frapperait quelques temps plus tard.

Évidemment, Madeline ne garde aucun souvenir réel de son père. Tout ce qu'elle a pour se le représenter, pour se raccrocher à sa présence, sont des photos, des moments capturés au hasard. Elle ne peut s'empêcher de dévisager les traits de son père sur chacun des clichés. Peut-être est-ce parce qu'elle ne l'a jamais connu ou parce qu'il ne les a jamais élevé mais elle n'arrive pas à trouver une ressemblance, un petit air héréditaire ou l'ombre d'un trait qui lui font penser à Jefferson ou à elle. Comme s'il n'était rien d'autre qu'un inconnu pour eux, un homme qui ne leur ressemble même pas physiquement.

Mais la photo qui intrigue le plus Madeline est prise en extérieur, faisant d'une forêt épaisse un sublime arrière-plan. Au centre de la photo, un charmant kiosque où des amoureux pourraient parfaitement se retrouver et passer un moment romantique. Pourtant, il n'est pas question d'une balade bucolique sur cette photo mais du rassemblement d'un petit groupe de personnes. Son père se trouve au centre, entouré de gens avec qui il partage une certaine affinité, aux vues de leurs sourires et des rires muets qu'a capturé le photographe.

Madeline ignore qui sont ces autres personnes, elle ne sait même pas où peut bien se trouver ce kiosque. La curiosité la pousse à retourner la photo, en quête de plus d'informations. Les noms de chaque personne présente ont été notés au crayon de bois d'une écriture fine, se succédant en une liste abtraite pour Madeline. John Flicks, Priscilla Elder, Bianca Lambert, Richard Fawkes, Philomen Elder ... la liste se poursuit mais aucun ne réveille une once de souvenirs chez Madeline. Seul celui de son père lui évoque quelque chose. Et ce n'est pas tout, une parenthèse suit son nom. L'information qu'elle contient coupe le souffle de la blonde, prise complètement au dépourvu.

« William Altmann ( directeur de l'Académie Dawson, de 1996 à 1997 ) »

- Maman, tu savais qu'il avait été directeur de l'Académie ? s'étonne la blonde en redressant la tête vers sa mère

Cette dernière se penche sur les inscriptions au dos de la photo et fronce les sourcils, tout aussi déroutée que sa fille.

- Non, je l'ignorais, admet-elle. J'imagine que ce n'est pas surprenant, il ne m'a parlé de ce monde qu'une seule fois et je ne sais même pas s'il en avait le droit

Madeline se remémore les propos de Julian quant à l'existence secrète que doivent mener les lunaires. Peut-être que William prenait des risques en parlant de ça avec Jodie. Peut-être même qu'avoir une relation avec quelqu'un dépourvu de gènes lunaires était mal vu ... et si la raison de sa disparition résidait dans toutes ces questions ? La jeune femme s'en pose tellement qu'elle ne sait pas démêler le vrai du faux.

- Et puis, il n'a été directeur qu'un an apparemment ... ce n'était peut-être pas une grande réussite, plaisante sa mère
- Peut-être pas non, rit la fille. Surtout que cette année correspond à la seule qu'il a passé auprès de nous ...

Elle repose le regard sur cette photo qui lui apparaît à présent comme un indice précieux, une piste à explorer.

- Peut-être qu'il a laissé des traces de son passage à l'Académie ? Si ça se trouve, des gens là-bas l'ont connu, réfléchit-elle, ravivée d'un espoir évident

En savoir plus sur son père, sur l'homme et le directeur qu'il a été, sur ses habitudes et ses fréquentations, tout ça anime Madeline d'un feu ardent d'attentes qu'elle compte bien assouvir. Pour la première fois de sa vie, la perspective de connaître son géniteur se profile et devient concrète. L'Académie pourrait lui apporter des réponses espérées depuis si longtemps et peut-être même de percer le mystère.

- Je l'espère pour toi, ma chérie, sourit tendrement Jodie en prenant la main de sa fille. Ce que tu cherches, j'espère que tu le trouveras

À l'instant où les deux marmottes sortent de leur torpeur, mère et fille mettent la boîte de William de côté pour terminer cette journée de Noël. Madeline ne s'attendait pas ça mais après cette journée, elle envisage les mois à venir avec bien plus d'enthousiasme. L'Académie Dawson ne sera peut-être pas un calvaire en fin de compte !

Les jours s'enchaînent et sont loin d'être de tout repos. En plus des fêtes de fin d'année, les jumeaux doivent préparer leur départ vers une nouvelle vie. Et avant ça, il faut d'abord renoncer à l'ancienne ...

Difficile pour Jefferson de déclarer à son agent devoir faire une pause dans sa carrière, d'autant plus qu'il ne peut pas lui donner un motif précis. Il se contente d'évoquer une raison personnelle, tout en sachant que cette annonce fera grand bruit dans le monde du football. Ce sacrifice lui en coûte énormément, lui l'amoureux du ballon rond dont la carrière était en train de s'envoler follement. Les heures qui ont suivis cette décision n'ont pas été des plus joyeuses et heureusement, Madeline était là pour le soutenir et lui remonter le moral. Épaulé par sa sœur, Jefferson a retrouvé l'ombre d'un sourire, les messages d'encouragement, de gentillesse et de compréhension de ses partenaires de jeu ont aussi été très importants pour lui. Ceux de Oliver et Andrew notamment, ses deux plus proches amis et coéquipiers qui lui ont démontré beaucoup de bienveillance.

Les choses ne sont pas plus aisées pour Madeline, ses émotions sont mis à rudes épreuves. Elle doit annoncer son départ, plus que soudain, à Amy et Graham. Au premier abord, ses deux amis se montrent très étonnés et presque blessés. Leurs réactions s'adoucient dès que la blonde évoque une raison qu'ils comprennent aussitôt : son père. Nul besoin de détails ou d'explications supplémentaires, ils savent bien que la disparition de son père est un mystère qu'elle a toujours voulu résoudre. Ce ne sont pas des adieux, seulement un au revoir, chargé tout de même d'émotions.

La situation se répète avec Wyatt, son ami musicien rencontré dans le métro. D'abord déçu qu'elle soit dans l'impossibilité de rejoindre le conservatoire, il se montre ensuite enthousiaste quant à ce voyage qu'elle s'apprête à faire.

Mais les jumeaux le savent, le au revoir le plus difficile sera celui dédié à leurs parents.

Le trois Janvier, la veille du jour où ils sont attendus à l'Académie Dawson, marque leur départ de Cherryton. Ils ont préparé leurs affaires, sans trop savoir quoi emporter. Plusieurs valises de vêtements et quelques cartons d'objets qui leur sont chers ont finalement été faits, prêts à faire la route. Ils viennent tout juste de charger tout ça dans le coffre et la banquette arrière de la voiture de collection que Jefferson s'était offert quand il avait signé son contract avec Brestham. Une superbe Challenger rouge de 1972, avec quoi ils auront une classe d'enfer en arrivant à l'Académie.

- Made, tu ne crois pas que tu aurais pu prendre moins de vêtements ? râle Jeff en essayant de caler cartons et valises
- Tu me poses sérieusement la question ? Genre vraiment ? réplique-t-elle en jugeant son frère du regard
- S'il y a bien une chose à ne pas dire à ta sœur, c'est ça, rit Peter

Tant bien que mal, Jefferson parvient à refermer le coffre de sa voiture sous les rires de sa jumelle et de son père. Jodie les rejoint, deux gourdes remplies d'eau à la main.

- Prenez-ça, la route va être longue jusqu'au comté de Bilburton, leur dit-elle
- Plus loin de chez nous, je crois que tu ne fais pas ! Peggy va voir du bitume, rit Jefferson en tapotant sa voiture
- Il faut qu'on traverse presque toute l'Aléandre pour atteindre ce comté, on va devoir se relayer cette nuit si on veut y être demain matin, ajoute Madeline
- Mais vous allez voir, les paysages du Nord de l'Aléandre sont magnifiques, leur dit Peter

Madeline se souvient être allée dans les régions du Nord du pays avec sa mère et son frère en vacances alors qu'ils étaient tous jeunes. Ils y sont retournés plusieurs fois depuis en compagnie de Peter, qui est originaire d'un comté voisin de Bilburton. Et effectivement, les panoramas qu'offrent ces régions sont à couper le souffle. Les majestueuses forêts cohabitent avec des récifs rocheux, des plages de galets et des coins où la mer est reine.

- Bon, je crois que c'est le moment de se dire au revoir ..., dit maladroitement Jefferson

Une vive émotion entoure la petite famille Harvey, les isolant du reste de la rue. Peter passe un bras réconfortant autour de la taille de Jodie, dont les yeux sont voilés par des larmes qui menacent de s'écouler.

- C'est la première fois que vous allez être aussi loin ... je ne devrais pas réagir comme ça pourtant, vous êtes grands maintenant ! s'exclame-t-elle dans un rire nerveux
- Mais tu ne peux pas t'empêcher de faire ta mère poule, sourit Madeline
- Et tu as parfaitement le droit ! assure Jeff en se ruant dans les bras de sa mère

La blonde sent sa gorge se nouer à cette vue, elle doit se faire violence pour maîtriser ses émotions.

- Qui me fera les meilleures confitures à la fraise qui existent sur terre ? plaisante son jumeau en laissant ses larmes rouler sur ses joues
- J'espère que ce n'est pas la seule chose qui va te manquer, non mais ! le réprimande gentiment sa mère

Malgré la vague de sentiments mêlés qu'elle ressent, Madeline sourit. Elle se tourne vers Peter, qui lui rend un regard doux la réconfortant immédiatement. Ils se prennent dans les bras, profitant de ce dernier contact avant un long moment.

- Promis, on s'occupera bien de Cookie, assure-t-il
- Il y a intérêt, sinon je débarque tout de suite ! plaisante-t-elle
- Elle a passé ses premiers mois à la maison, ça rendra sûrement la séparation moins douloureuse si elle connaît déjà l'endroit où elle va être le temps de votre formation, ajoute Jodie

Cette dernière a renoncé à réprimer ses larmes, sa fille la serre fort contre elle en lui promettant de donner des nouvelles régulièrement. Humant le parfum fleuri et protecteur de sa génitrice, Madeline trouve difficile de rompre leur étreinte, elle s'y résout à contre cœur.

- C'est une aventure, ton monde va s'agrandir ma chérie, dit Jodie dans le creux de son oreille. Saisis l'opportunité de trouver ce que tu cherches
- Compte sur moi, acquiesce-t-elle

Craignant de ne pas pouvoir contenir ses larmes plus longtemps, la blonde se râcle la gorge en se tournant vers son frère. Elle inspire profondément et redresse la tête, tandis que Jefferson essuye ses joues humides tout en souriant. D'un signe de tête, ils se mettent silencieusement en accord et adressent quelques derniers mots à leurs parents, avant de monter à bord de Peggy, qui est décidément bien chargée.

Jefferson s'installe derrière le volant et se tourne vers sa sœur, côté passager. Un objectif commun se dessine à l'horizon, un chapitre inexploité qu'ils envisagent avec une curiosité toute fraîche. Cette plongée dans l'univers des lunaires est l'étape manquante afin qu'ils rencontrent ce nouveau monde, leur nouveau monde.

- Direction la lune ? sourit Madeline
- Vers l'infini et au-delà ! s'exclame Jefferson en enclenchant la première vitesse

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