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† VINGT-NEUF †

Je cours.

Plus rien ne m'arrête, même la fatigue ou la douleur lacérant mes pieds. Je ne fais que l'ignorer. Je crois que je n'aurais jamais imaginé courir aussi vite ; peut-être l'adrénaline, ou une force occulte qui me pousse en avant. Je ne sais pas et je m'en fiche pas mal. Marsch est à quelques mètres devant moi, me fuyant comme un animal blessé.

Les animaux blessés, il faut les achever pour qu'ils ne souffrent pas. C'est exactement ce que je vais faire.

Il a arrêté d'appeler à l'aide dans le vent, personne ne l'entendra. La plupart des gens dorment à cette heure ou sont à la fête. Il jette parfois des regards derrière lui et accélère le pas lorsqu'il me voit, défigurée de haine, les mains et les vêtements tachés de sang. Son sang. Mais ce n'est encore rien ; je dois en faire couler encore plus ! Telle est ma destinée.

Soudain, Marsch s'arrête près d'une voiture ; la sienne, garée sur le parking. Il cherche désespérément ses clés dans la poche de son pantalon. Ses mains sont elles aussi couvertes de sang s'écoulant de ses plaies. Je dois le rattraper avant qu'il parte ! Je pique un sprint sans le moindre signe d'épuisement. Il a juste le temps de monter dans sa Volkswagen et s'y enfermer que j'arrive pour cogner à grand coups de poing dans sa vitre. J'ignore la souffrance et les écorchures à mes phalanges. Je dois le faire sortir de là à tout prix !

Or, je n'en ai pas l'occasion. Il démarre et mes mains s'accrochent machinalement à son rétroviseur. Ça dure quelques mètres, avant que je ne lâche prise, arrachant la pièce au passage. La voiture s'éloigne, ses phares rouges illuminant l'obscurité tels deux yeux démoniaques me riant au nez. Cette vision m'est insupportable ! Sans réfléchir, je reprends ma course et suis désormais la voiture.

Je la talonne à travers toute la ville, ignorant les autres véhicules qui klaxonnent et me hurle de dégager. Tout est absorbé autour de moi ; le bruit, les cris. Il n'y a plus que la voiture de Marsch et les battements de mon cœur résonnant dans ma tête. Un mal lancinant sillonne mes os, j'ai l'impression de faiblir. Je ne sais pas depuis combien de temps je lui cours après et même si je le perds parfois à une intersection, je le retrouve toujours rapidement. Le bleu turquoise de sa bagnole ne passe pas inaperçu.

Je ne réalise pas immédiatement que les immeubles disparaissent peu à peu autour de moi. Ma mission m'aveugle, fait couler les larmes sur mes joues pâles. J'ai juste le temps de voir un panneau écrit « Forêt de South Long Lake Trail ».

J'ai couru aussi loin ? Cette forêt est à deux kilomètres de Traverse City !

Marsch a dû vouloir quitter la ville en espérant semer la créature surnaturelle que je suis qui a continué de le talonner malgré ses accélérations, mais dommage pour lui... J'ai un sponsor paranormal qui m'active et regonfle mes poumons à bloc. La chaleur en moi me fait l'effet d'une cheminée ; plus puissante et brûlante lorsqu'elle est engorgée de noir charbon.

Même dans la nuit, j'aperçois le visage déformé de peur du dentiste à travers son rétro intérieur. Je devine même d'amères larmes de douleur débordant de ses yeux gonflés par l'horreur. C'est moi qui lui inspire ça ? Je suis flattée.

En chemin, je me penche rapidement pour saisir un bâton de bois pointu. Ça fera l'affaire pour substituer mon scalpel. Je le serre dans ma paume, à tel point que j'ai l'impression qu'il fusionne avec moi.

J'en ai marre de courir ! Il doit mourir, maintenant !

J'exhale un hurlement de rage qui, contre toute attente, fait ressortir des gerbes noires autour de ma personne. Quatre gerbes de fumée criant de concert avec moi qui s'envolent en torsade jusqu'à la voiture de Marsch. Cet acte surnaturel me pousse à écarquiller de grands yeux. Lorsqu'elles touchent le postérieur du véhicule, celui-ci se soulève violemment et bascule sur le côté.

Je m'arrête, à bout de souffle et hors d'état, admirant cette scène chaotique.

La voiture tombe dans un fossé, fait un tonneau et échappe les cris du dentiste à son bord. Un vacarme sans nom s'élève ; les éléments qui se brisent remontent jusqu'à mes oreilles, devinant le verre brisé et les tôles froissées. Le lourd silence de la forêt revient, subitement ; il a dû s'échouer au fond du trou. À petits pas, je me recueille au bord de la pente, observant s'il y a du mouvement. Les phares grésillent avant de s'éteindre, plongeant la zone dans une noirceur sépulcrale. L'air glacé pénètre mes poumons et les déchire dans mon essoufflement.

Il bouge...

Son ombre se meut, lentement, mais sûrement.

Ce fumier a survécu...

Ma colère volcanique enfle d'un coup et anime mon corps fulminant qui s'apprête à descendre pour lui planter ce pieux bien profond dans le cœur. Il ne réclame que ça ! Or, je suis interrompue. Des phares jaunâtres se pointent au bout de la route, derrière moi, scindant la nuit. Putain ! Que faire ? Soit je saute dans la fosse, soit je m'enfuie au risque de perdre ma proie.

Je ne peux pas non plus risquer d'être découverte et jugée. Tout ce que j'ai fais tomberai à l'eau.

C'est la seule solution...

À en perdre haleine, je traverse la chaussée et m'enfonce dans le bois pour ne pas être vue. Je refuse d'être enfermée, que ce soit en prison ou en asile. Je ne veux pas finir comme ma mère ! Je préfèrerais encore mourir et ne plus être torturée par ces pensées horribles qui me lacèrent le ventre. Je ne veux pas être folle ! Je cours, cours, cours sans m'arrêter. Des ronces s'agrippent à mes vêtements et à mes jambes, les parsemant de coupures qui me brûle presque instantanément. Plus j'avance dans la végétation dense, plus il fait sombre. La lune ne passe même plus au travers de la cime touffue des arbres.

Je suis seule... Seule avec ma folie.

Il est là...

Un ricanement sinistre me fait cesser ma course. Myrtle ? Qui... Qui est là ? Un bruissement de feuilles attire mon œil vers l'arrière. Je me suis arrêtée sur un sentier de randonnée, au milieu d'un chemin de terre dorée entouré de buissons épineux. Haletante et effrayée, je réalise qu'il y a quelqu'un ici... Mon cœur le sent, il bat si fort que j'en ai du mal à respirer.

— Qui... Qui est là ?

Ma voix n'a rien d'assurée, au contraire, elle tremblote. Je resserre mon pieux contre moi. Les mains et les pieds en sang, je commence enfin à ressentir toute la douleur dans ces points de mon être. Pourquoi ce mal-être si intense ? Les bruissements reprennent, secoué par une brise de vent. Le souffle fait bouger la canopée qui laisse transpercer un rayon lunaire blafard qui s'écrase sur le visage d'une silhouette sortant enfin de derrière un arbre.

Ce... Ce n'est pas possible...

— L-... Lehb... ?

Je ne rêve pas... Lehb se tient bel et bien devant moi, vêtu d'une chemise noire se fondant parfaitement dans l'ombre. Seule sa chevelure rousse, étrangement vive, apporte de la couleur dans cette encre totale. Qu'est-ce qu'il fait là ? Comment il a fait pour arriver ici aussi vite ? Était-ce lui, dans la voiture qui me suivait ? Je l'ignore, mais sa vue m'apporte un mal-aise palpable. Ce n'est pas normal... Je ne vois plus aucune douceur dans son regard, autrefois si tendre. Je n'y vois qu'une noirceur inexplicable, une condescendance qui ne lui ressemble pas.

— Bonsoir, Sephora.

Instinctivement, je recule d'un pas. Il s'adresse à nouveau à moi, de sa voix profonde :

— Qu'est-ce que tu es en train de faire, dis-moi ?

Presque malgré moi, je brave ma peur et lui crie en retour :

— Et toi ? Qu'est-ce que tu fais là ? Hein ? Tu m'as menti sur toute la ligne, Lehb, je sais tout désormais ! Tu n'es pas bibliothécaire, tu n'as pas d'appartement à Traverse City et tu n'es même pas un vrai écrivain !

Un ricanement s'élève de son côté. Il trouve ça drôle ? Pas moi ! Très vite, son hilarité se fane, s'assèche et devient plus grave. Son regard vert me transperce comme une lame. Il me pose soudainement une question qui me désarçonne :

— Qu'est-ce que je suis, alors ?

Je ne lui réponds pas, totalement perdue. J'ignore ce que sa réapparition signifie, surtout comment interpréter son comportement. Je n'ai qu'une certitude : Lehb a changé. Il n'es plus celui que j'ai connu. Une aura étrange l'a enveloppé, durcissant ses traits jadis si paisibles. Lentement, il avance vers moi. Mon instinct de survie me dicte de reculer loin de lui, à fuir vers la sécurité. J'ai l'impression d'être une petite boule misérable sous sa supériorité. Sous son regard enflammé qui luit dans le soir.

Lehb... Tu...

Soudain, un éclair me revient en mémoire. Tout ce que j'ai lu dans le livre de l'Inferorum Atrium me réapparaît comme dans un vieux diaporama. Les images, illustrations, les textes latins... Tout... Et ce nom... Il frappe dans mon esprit. Ce nom parmi les autres. Celui que je n'ai pas remarqué dans l'immédiat, mais qui, pourtant, donne un tout autre sens à la venue de cet homme.

— Lehb... Tu... Tu es...

— Le fils du Diable, oui. L'un de ces fils. Mais lequel ?

Le... Le fils du Diable ? Ai-je bien entendu. Comme énoncé dans... le manuscrit de la secte ? Non, ce n'est pas possible, je dois être entrain de rêver. Ça ne peut pas être vrai. J'ai dû me cogner et m'évanouir à force de courir après Marsch, depuis tout à l'heure. Réveille-toi, Sephora ! Tu dois te réveiller ! Merde... J'ai beau me flageller de claques mentales, rien ne marche ! Je suis bloquée dans la réalité, avec cet homme que j'appréciais tant me menaçant désormais de sa simple présence. Mon corps tremble de partout, je n'en ai plus le contrôle, à l'instar de celui de mes larmes.

Le fils du Diable... Il me lâche sa dernière phrase comme une énigme à résoudre. Mais moi, je sais... Je connais son véritable nom parmi les sept inscrits sur le livre, ça ne fait aucun doute...

— Belphegor...

Il m'étire un sourire satisfait, avant d'ouvrir ses bras de manière théâtrale.

— Démon de la paresse et des inventions. Un grand amateur d'art et de café. On me nomme également, plus intimement, le « Grizzli de la Paresse ».

Le Grizzli de la Paresse ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Soudain, les yeux de rubis de l'animal sur sa chevalière s'illuminent et donnent tout leur sens à ces mots. Un frisson me traverse l'échine. J'ai compris...

— Lehb Epgor... Ton nom était un anagramme !

— Tu es perspicace, dis-moi, princesse. Je suis agréablement surpris, je pensais que tu aurais plus de mal à trouver.

Ma détresse est à son apogée. Cette fois, ce sont de véritables torrents qui coulent sur mes joues. Tellement qu'un brouillard s'est installé sous mes paupières. Le dos voûtée par la crainte, je me sens trahie, bafouée... Mes questions désespérées s'échappent contre mon gré :

— Pourquoi tu as fait tout ça ? Pourquoi tu as débarqué dans ma vie ? Pourquoi m'avoir choisie ?

Lehb reste muet quelques secondes qui me paraissent des heures, analysant mon malheur. Pourquoi un tel silence ? Parle, putain ! Je n'en peux plus, je vais craquer ! Comme s'il avait entendu mes pensées, il se remet en marche et me gratifie de son petit rire médisant.

J'aurais préféré ne pas entendre ce qu'il avait à me dire.

— Tu as été choisie car tu es l'un des êtres hybrides que mon père recherche ardemment et depuis très longtemps : les Daemonephilims, la descendance du Diable. Voici ta vérité... Tu es l'une de ses filles, Sephora.

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