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† SEIZE †

Deux jours passent, épuisés par les soupirs du temps. Moi-même je suis fatiguée. Fatiguée de tout ce qui m'arrive, qui me tombe dessus comme un éboulement. Ça me dépasse et je perds pied. Heureusement, le soutien de Lehb m'aide à garder le nez hors de l'eau. Il est la seule personne à Traverse City qui tente de garder contact avec moi. Tous me fuient, tous me rejettent. Il n'y a que lui... Que lui qui essaye de me sauver.

Je pense sincèrement qu'il fait tout ça dans un cadre professionnel, peut-être en vue d'écrire un nouveau bouquin sur le paranormal. Comme il me dit souvent, je suis un bon sujet... et j'avoue que l'intrigue pourrait être intéressante en littérature ; une jeune fille éplorée en quête de vérité est poursuivie par des esprits d'enfants malfaisants. Ça ferait un chouette téléfilm. Un peu cliché, mais les clichés, c'est ce que les gens aiment, non ?

Lehb est un mystère pour moi, chacun de ses gestes est une énigme à élucider. Je me fais peut-être des idées sur son compte, mais l'intérêt latent qui se cache probablement dans notre rapprochement me pique fort parfois, lorsque j'y pense. Il a dû me voir arriver comme une boule de bowling sur les quilles de sa curiosité et s'est dit : « celle-ci est barjo et dépressive, ça ferait un bon sujet ! ». Tu parles ! Ça me fait mal de croire ça, car au fond, je commence à beaucoup l'apprécier. J'ai peur pour lui... peur de ce que pourrait lui faire les enfants s'ils venaient à réaliser à quel point cet homme s'intéresse à moi. Je refuse qu'on lui fasse du mal, ou pire... comme avec la mère d'Alaska.

Aujourd'hui, il m'a envoyé un texto en me demandant de me préparer, car il veut m'emmener en virée. Une escapade secrète ? Ce type m'étonne un peu plus de jour en jour. Où va-t-il m'emmener ? Dans un cimetière ? Une maison hantée ? Une forêt sombre loin de tout pour m'assassiner tranquillement ? J'avoue que ce serait un bon endroit pour cacher un corps. Les animaux sauvages dévoreraient mes restes et personne ne me retrouverait jamais...

Je regarde trop de séries policières. Heureusement, Lehb n'est pas comme ça... Du moins, j'espère. La maison hantée me suffirait.

Alors que je passe un coup de laque dans mes cheveux qui commence à reprendre leur aspect bouclé naturel, j'observe ma tenue. Assez sobre, je dois dire. Un simple jean slim, un t-shirt blanc au col échancré, une veste en cuir noire et mon écharpe fétiche. Moitié étudiante fraîchement arrivée au bahut, moitié badass sexy. Ce style me plaît et fait toujours de l'effet.

En projetant mes yeux derrière moi à travers le miroir, je m'accroche au visuel de mon sac, jeté sur mon canapé. Une pointe de dossier sort de sa bouche. Ce fameux dossier du grenier... D'un pas hésitant, je me tourne pour me rendre jusqu'à lui pour le déloger de ma besace. Je lis les noms de mes parents plusieurs fois, écrits sur la devanture. Je n'ai toujours pas eu le temps ni le courage d'inspecter cette pochette... Je ne sais par où commencer. Étrangement, ça me fait un peu peur. L'appréhension ? Oui, mais de quoi ?

Je dois le savoir...

Alors que je m'apprête à retirer l'un des élastiques fermant le dossier, un klaxon venant de l'extérieur attire mon attention vers ma fenêtre. Qu'est-ce que c'est que tout ce boucan ? En guettant au travers de mes rideaux en maugréant mon mécontentement, je suis soulagée de voir qu'il s'agit de Lehb. Ce bougre n'a pas traîné. Il m'attend en bas, dans sa voiture garée sur le parking. Sa chevelure de feu luit à travers le pare-brise où les rayons du soleil s'engouffrent.

J'ignore tout de l'endroit où il désire m'emmener et ça m'intrigue. En poussant un soupir, je me dis que ça ne peut que me changer les idées, cette balade. Autant descendre. Je dépose lentement la pochette sur le canapé et me promets de m'y plonger le plus rapidement possible. Au moins, ici, elle est en sécurité.

Arrivée en bas de mon immeuble, mes pas me guident vers la Fiat de Lehb. Une agréable odeur boisée vole dans le véhicule et me fait inspirer profondément ; son parfum est fort et émoustille les sens. Montant côté passager, je le gratifie d'un sourire en coin qu'il me renvoie, visiblement content de me voir. Ou alors, mon look lui fait de l'effet. Son regard vert ne me quitte pas et me trouble. Garde ton calme, Sephora... Trouve un moyen de détourner son attention baladeuse de ta paire de nibards...

— Tu bois encore du café ? Tu crois pas que tu en abuses un peu ?

Reportant son œil sur le gobelet fumant qu'il tient en main, Lehb ricane doucement. Son rire pénètre mon âme et je profite de son inattention pour cacher mon décolleté derrière mon écharpe. J'ai peut-être abusé, moi aussi, concernant ce point...

— C'est le seul moyen pour moi de chasser la paresse, me partage Lehb en me regardant à nouveau.

Il glousse, cette fois et continue, sous mes yeux ronds d'amusement :

— J'en ai pas l'air, mais suis la personnification de la paresse. Je passerais mes journées à dormir, si je m'écoutais.

Cette présentation de lui me fait rire à mon tour, de concert avec le moteur grondant le départ de la voiture. Nous roulons un petit moment à travers la ville, j'en profite pour déguster ma boisson chaude préférée que Lehb m'a rapportée. Sa chaleur tendre entre mes doigts gelés me fait un bien fou, davantage lorsque son goût sucré coule dans ma gorge et me réchauffe de l'intérieur. Elle chasse le froid extérieur avec brio. Lehb est tout de même attentionné envers moi, je n'attendais pas autant de lui, alors qu'on se connaît encore si peu.

Il me demande si les enfants ne me sont pas réapparus et je suis presque soulagée de lui avouer que non. Il craignait que ceux-ci reviennent me tourmenter lorsqu'il a su que la mère de ma collègue de travail était décédée, en partie, par ma faute. Ce secret devenait trop difficile à garder. Je devais me confier à quelqu'un et hier soir, au téléphone, je lui ai tout raconté.

L'exorcisme, Yolanda, ma culpabilité dévorante... même Shayne s'est introduit dans mes complaintes... Lehb m'a écoutée avec patience durant des heures, m'a rassurée en me disant que ce n'était en rien ma faute, mais celle des enfants. J'ai fait semblant de le croire, afin de ne pas gâcher ce moment, or, au fond de moi, je sais que ma part de responsabilité dans cette affaire n'est pas qu'une illusion. Si je n'avais pas mêlé Alaska à mes histoires, tout ça ne serait jamais arrivé.

La voiture s'arrête enfin, me ramenant à la réalité. Où est-ce qu'on est ? En lorgnant les environs par la fenêtre, je m'aperçois très vite que nous sommes arrêtés devant le portail du cimetière de la ville. Quoi ? Qu'est-ce qu'on fait ici ? Je savais que Lehb gardait une idée louche dans son chapeau et ma piste du cimetière n'était apparemment pas si stupide que ça. Moi qui avais parié sur la maison hantée, je suis déçue...

Attends...

Au-delà du portail, je crois apercevoir un attroupement au loin. Que... Non, il n'a pas osé faire ça...

En me retournant vivement vers Lehb, délavée, je me liquéfie par l'anxiété.

— Je refuse d'y aller ! lui clamé-je, la voix tremblante.

— Sephora, écoute-moi...

Comment a-t-il osé m'emmener à l'enterrement de Yolanda ? Je ne peux pas... Je ne peux pas les affronter... Alaska... Je suis incapable de lui faire face... Ma respiration se perd, je n'arrive plus à respirer... J'halète... C'est... C'est au-dessus de mes forces...

Lehb me saisit les mains ; le contact de sa peau brûlante me fait tourner les yeux vers lui. Il semble inquiet pour moi, sa voix m'apaise légèrement et me souffle comme une caresse :

— Sephora, calme-toi, s'il te plaît... Malgré ce qui s'est passé, si Alaska est ton amie, tu te dois d'être présente, même de loin. Fais-le, pour elle.

— Et si... elle me rejette encore ?

— Tu dois quand même essayer. Ce n'est qu'un pas vers la rédemption, Sephora. Ça ne pourra que te faire du bien et alléger ton fardeau déjà trop lourd.

Je le fixe intensément, les larmes au bord des cils. Il... Il a raison. Je dois prendre mon courage et lui parler... Même juste la voir, être là pour elle, sans qu'elle ne me voit, à la rigueur. Un soupir de motivation me traverse lorsque je retire mes mains de celles de Lehb.

Je dois... être courageuse...

Mes doigts hésitants ouvrent la portière et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, je sors de la voiture et enchaîne trois pas vers le cimetière. Un instant, je me bloque et regarde les grands saules blancs entourant l'entrée. Le petit vent glacial les fait tanguer au gré de son humeur. Les mains dans les poches, je me ressaisis et pénètre dans ce lieu sacré. Tel un spectre, j'erre entre les tombes fleuries, livide. Certaines touffes de gazon sont encore bien vertes à quelques endroits, l'automne ne semble pas les avoir ternies. Soudain, mes yeux captent le rassemblement, à une poignée de mètres. Ils entourent un beau cercueil en bois riche prêt à être mis en sol ; celui de Yolanda. Des gens vêtus de noirs pleurent, prêtent leur plus grand respect à la défunte et moi, cachée derrière un arbre, j'assiste à la cérémonie de loin.

Un pincement serre mon cœur lorsque j'aperçois Alaska en larmes, auprès de toute sa famille. Ma pauvre Alaska... Tu as l'air inconsolable. Je te comprends... Je suis passée par là, moi aussi. Leur peine gravite jusqu'à moi... Je... Je n'ose pas y aller. Je ne peux pas y aller, tout simplement. Et quand Alaska me remarque, je me pétrifie.

Non... Pas déjà...

Elle me fixe et moi, je ne peux la lâcher du regard. J'ai l'impression qu'il n'y a plus que nous deux dans ce cimetière, comme enfermées sous un dôme. Son chagrin se répercute sur moi et ça devient trop dur à supporter. Mes ongles s'enfoncent douloureusement dans l'écorce de l'arbre sur lequel je m'accroche comme une condamnée à mort. Je suffoque... Littéralement aspirée par le typhon abritant le noir des yeux d'Alaska. Je suis tellement désolée... Excuse-moi, mon amie... Pardonne-moi... Je t'en supplie...

Heureusement —ou malheureusement—, elle tourne enfin la tête. Rongée par les remords, je pivote aussi et appuie mon dos contre l'arbre pour pleurer. Oui, je ne peux plus canaliser ce flux de tristesse qui s'écoule en moi. Lehb, tu es stupide ! Un sombre imbécile ! Ton idée était la plus mauvaise qui soit ! Les larmes dévalent mes joues et mes sanglots résonnent jusque dans mes entrailles. Je suis si désolée...

Sephora...

Essuyant mes yeux dégoulinant, une silhouette nébuleuse apparaît devant moi. Phébus... Sa blondeur et sa voix fluette ne font aucune doute. Il ne bouge pas, figé dans le temps et insiste :

Sephora...

Qu'est-ce que tu veux ? Pars, laisse-moi... Ma vision est troublée par le sel, je ne vois plus rien. Il apparaît, puis disparaît...

— Sephora ?

Je sursaute ; ce n'est pas la voix de Phébus, cette fois. Je me retourne comme un fauve pour tomber nez à nez avec Alaska... Qu'est-ce... Qu'est-ce qu'elle fait là ? Sa robe de deuil noire lui va à merveille... Je... Je ne sais pas quoi lui dire. Avec ma tête baissée, je dois ressembler à une petite fille apeurée devant sa prestance. Même déchirée par la peine, elle garde une certaine sévérité à mon égard dans son attitude. Je dois lui dire quelque chose...

— Alaska... Je... Toutes mes condoléances... J'ai appris ce qui s'est passé par Marsch...

— Pourquoi tu es venue ?

La froideur dans sa voix me fait relever la tête, la poitrine serrée par l'angoisse. J'essuie rapidement les résidus de mes larmes, puis inspire un peu d'air frais en espérant me donner un soupçon de bravoure.

— Je suis venue pour présenter mes respects, je... Je me sens responsable de ce qu'il s'est passé, si tu savais. J'aurais voulu ne jamais rencontrer ta mère. Peut-être que... moi et mes démons on aurait pas détruit ta famille.

Poussée par mes regrets gravissant mon être coude à coude avec ma tristesse, j'attrape les mains d'Alaska et laisse libre cours à mes émotions :

— Je suis tellement désolée, Alaska, jamais je ne pourrais assez m'excuser pour tout... Pardonne-moi...

Je n'écoute plus rien autour de moi, seule ma peine parle. J'aimerais tellement qu'elle retire l'épine plantée dans mon cœur et qui me fait tant souffrir. Pitié, Alaska... Enlève-la en acceptant mes excuses. Or, me coupant le souffle, je sens des bras qui m'étreignent. Lorsque j'ouvre mes paupières gorgées d'eau, je ne vois qu'un océan de mèches brunes sous mon nez.

Alaska me serre contre elle, versant des larmes sur mon épaule.

— Ne t'inquiète pas, Sephora, calme-toi... Au moins, ma mère n'a pas souffert.

Me séparant d'elle, je nettoie le surplus de rhume coulant de mes narines d'un revers de manche. Ces simples mots m'ont soulagée d'un poids, or, Alaska continue aussitôt :

— Mais maintenant, tu vas devoir tout faire pour te débarrasser de ces enfants que ma mère a vus autour de toi.

Elle laisse parcourir son pouce sur sa joue pour rattraper la fuite d'une perle d'eau, puis ajoute :

— Ma... Ma mère est décédée des suites d'une nécrose autour de la gorge. Sa peau a noirci, quasiment pourri à ce niveau-là. C'était... horrible. Des asticots sont même sortis de la plaie sans que les médecins ne comprennent, car il était bien trop tôt pour que des insectes se développent dans les chairs. On l'a mise immédiatement sous morphine et on a tout fait pour la sauver, mais... nos efforts ont été vains.

Je suis choquée par ces mots. Elle serait morte d'une mystérieuse nécrose à la gorge ? Est-ce possible que... Je me souviens avoir vu avec exactitude la main d'Evan empoigner Yolanda à la gorge. Son contact maléfique aurait-il pu être la cause de tout ça ?

— Sephora, tu dois m'écouter... Ces entités qui te suivent sont violentes et démoniaques. Tu dois absolument faire quelque chose pour t'en débarrasser avant que quelqu'un d'autre ne soit touché par leur malédiction.

Sur cette mise en garde, Alaska m'abandonne pour retrouver ses proches. Je l'observe s'éloigner entre les pierres tombales sans rien dire, mortifiée par notre échange. Qu'est-ce que je dois faire ? Les idées en désordre, telle une âme égarée, je regagne l'entrée du cimetière où Lehb m'attend. Je déchiffre sa posture nonchalante à travers la vitre de la voiture. Il sirote encore son café en toute insouciance. Je ne veux pas lui attirer des ennuis...

Je ne peux accepter l'idée de voir mourir la dernière personne qui s'intéresse à moi.

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