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† DIX-SEPT †

Pour sa sécurité, j'ai décidé de ne plus donner de mes nouvelles à Lehb. Ça fait des jours que je ne réponds plus à ses textos, ni à ses appels ; ma messagerie en déborde. Je ne peux lui en parler, ni lui livrer mes tourments... Tout ce que je veux, c'est l'évincer de ma recherche pour le protéger. J'ai retourné la question mille fois dans ma tête et rien ne m'est venu pour lui annoncer ma décision. Ma lâcheté a pris le dessus et j'ai vite abandonné le fait de lui raconter mes angoisses. Il doit être préservé ; je... Je tiens bien trop à lui pour le mettre en danger. Même s'il ne semble pas éprouver le moindre signe de peur à leur égard, les enfants n'auront aucune pitié pour lui aussi.

Dans l'après-midi, je me rends au travail. Même si ma motivation est aussi ardente qu'un glaçon dans une limonade, je dois me faire violence et y aller. Outre les obligations, ça ne peut que me changer les idées de m'occuper des patients et leurs problèmes dentaires. Marsch a l'air de me laisser en paix, ces derniers jours. Il ne me regarde que sous le nez, me parle juste pour me donner des ordres ; je prie pour que ça dure, mais pour combien de temps ? Alaska n'est toujours pas revenue travailler. Je pense que son congé va perdurer encore quelques semaines. Elle me manque tellement... Son sourire et sa bonne humeur manquent dans ma vie trop grise. Mais comme Lehb, je ne peux me permettre de reprendre contact avec elle dans l'immédiat.

Mon trajet en bus habituel me semble bien plus court, aujourd'hui. Le soleil m'éblouit lorsque j'en sors, balayée par le vent d'automne. Novembre s'installe doucement et bientôt, on aura sûrement de la neige. Petite, j'adorais faire des anges en battant des bras dans ce manteau tout blanc. Seulement, mes anges n'avaient jamais le même visage que ceux de mes anciens voisins du même âge que moi.

Les miens étaient distordus, leurs ailes bancales et leur auréole cassée en deux. Cette brisure donnait l'impression que deux cornes s'y retrouvaient, narquoises sous les yeux d'une enfant triste d'être à part des autres.

Oui, la neige, malgré sa beauté lorsqu'elle recouvre Traverse City, n'est pas un bon souvenir pour moi.

En marchant sur la rue animée par le ballet incessant des voitures et des passants, je renifle un bon coup. L'hiver apporte avec lui les merveilles d'une saison, mais aussi les rhumes qui vont avec. Super...

Or, le rhume devient le cadet de mes soucis lorsque je passe tout proche de la terrasse d'un café, à quelques pâtés d'immeubles du cabinet. Parmi les tables, un visage se démarque des autres, plus communs, inconnus. Comment puis-je l'oublier ?

Shayne...

Je me bloque soudain, comme si le voir avait fait rouiller mes mécanismes. Ses traits ciselés, le parfait mélange entre l'Afrique et l'Asie, reluisent au soleil. Les rayons farceurs décrivent les monts de ses pommettes sombres, les vallées de sa gorge jusqu'à ses lèvres bombées sur lesquelles j'ai connu la petite mort des centaines de fois.

Shayne... Pourquoi j'éprouve ça en te revoyant ? Pourquoi ne quittes-tu pas tout simplement ma vie à jamais ? Toi qui as osé m'abandonner au moment où j'avais le plus besoin de toi. Tes amis qui t'entourent ne sont donc que ta seule préoccupation ?

Non... J'en doute... Au moment où je te vois te lever en souriant et qu'elle s'accroche à ton bras. Cette... Cette autre fille...

Je suis paralysée devant la scène qui se joue sous mes yeux. Shayne, non... Tu n'as pas pu me faire ça. Pas si tôt... Je sens mon âme se liquéfier et partir en fumée lorsque leurs lèvres se scellent dans un baiser chaste. Je suis bloquée, comme mise sur pause, trop absorbée et torturée par la douleur qui nait en moi à cette vue. Shayne m'a si vite remplacée, alors qu'il prétendait m'aimer ? Comment a-t-il pu ? Avec... cette fille, en plus !

Je la reconnais très clairement ; c'est Casey, la blonde de la boîte de nuit. Celle qui n'avait fait que le regarder toute la soirée. Cette... pétasse ! Ma haine... Ma haine qui grouille dans mon corps comme une fourmilière... Elle enfle, s'élargit et m'étouffe à un point où j'ai envie de... de... de tout casser pour trouver un fil d'air ! Je ne peux pas supporter cette vision plus longtemps. Telle une lionne, mes traits se crispent et, le regard noir, je m'élance dans leur direction alors qu'ils quittent la terrasse. Lorsqu'il me voit, Shayne pâlit, mais je ne me démonte pas devant ses yeux clairs que j'aimais tant, autrefois :

— Eh bien, tu n'as pas perdu de temps, visiblement !

Casey me toise avec mépris, probablement ennuyée de m'entendre beugler de la sorte. Shayne, lui, marmonne comme à son habitude lorsqu'il ne trouve pas les mots. Moi, je sais quoi dire :

— Tu n'es qu'un vulgaire connard ! Tu avais déjà sûrement manigancé ton coup avec elle, depuis la discothèque ! Tu devais même être avec elle le matin où tu voulais qu'on fasse un « break » ! Entre autre, quand tu m'as quittée comme une malpropre !

— Sephora, écoute... tente de se défendre mon ex, avant d'être interrompu par Casey.

— Bon, tu as fini de crier, la dingo ? Parce que c'est comme ça et pas autrement. Shayne est avec moi, maintenant, que ça te plaise ou non. Donc retourne avec tes prothèses dentaires et fous-nous la paix.

Elle ose m'adresser la parole, celle-là ? Et me traiter plus bas que terre, en plus ? Mon poing se serre convulsivement, brûlant d'envie de lui clouer sa maudite bouche peinte en rouge. Rouge comme le sang qui va couler de son joli petit nez que je vais briser, très bientôt. Ma colère en ébullition pourrait détruire une montagne par la simple force de mon regard. J'en ai les larmes qui me montent. Seulement, je ne peux faire un geste qu'un coup de vent encore plus froid que les autres me frôle. Mes cheveux en virevoltent dans tous les sens, comme mus par leur propre volonté. C'est... glacial... tout comme la demande qui s'élève sur mon flanc gauche :

Pousse-la, Sephora...

La voix éraillée de Myrtle me souffle ses instructions et moi, sans y réfléchir, je...

Je l'écoute.

Mes deux mains se plaquent sur la poitrine de Casey qui, sous la force de ma poussée, part en arrière. Sous les yeux exorbités de Shayne qui ne s'attendait vraisemblablement pas à mon geste, elle tombe et s'étale de toute sa masse sur une table occupée de la terrasse. Son cri de douleur se mêle au brouhaha des clients surpris par les événements. Tout se renverse, les chaises et les boissons. Ma satisfaction n'a pas de prix ; elle l'a bien mérité, cette briseuse de couple. Or, attisant davantage ma fureur sans nom, Shayne se rue à son chevet pour vérifier son état. Casey pleure et se tient la main droite ; celle-ci saigne abondamment. Elle a dû se couper sur un bout de verre cassé.

Mais ce qui me transperce définitivement, c'est le regard que Shayne appuie sur moi. Je peux y sentir tout son dégoût et sa colère à mon égard.

— Qu'est-ce qui t'a pris de faire ça, Sephora ? Espèce de malade mentale !

Abattue par les mots blessants de Shayne, je reste cependant stoïque, choquée par la violence de mon acte... Pourquoi ai-je obéis à Myrtle ? Qu'est-ce qui m'arrive ? Ce... Ce n'était pas moi...

Tu l'entends comme il te traite ? Comme il parle de toi, alors que tu l'as aimé de tout ton cœur ? Il te considère comme une malade mentale. Shayne n'en a plus que pour cette fille, il t'a rayée de sa vie. Prends une chaise, Sephora... et frappe-le à la tête avec.

À mes côtés, ses yeux remplis de noir, la boiteuse dissémine son poison dans mon cœur.   Les larmes me viennent, profondément blessée de réaliser qu'elle a raison. Shayne a cessé de m'aimer, c'est chose certaine. Je ne suis qu'une folle à lier, je n'existe plus pour lui en dépit de Casey. La belle et pimpante Casey. La manière dont il la tient dans ses bras, qu'il la protège de ma présence... Ça montre comme je ne suis plus rien pour lui et ça... Je ne peux pas l'accepter.

D'une main fulgurante, j'attrape une chaise tombée au sol et la lève au-dessus du couple en poussant un cri étouffé par mes dents serrées à m'en fendre l'email. Shayne me glapit de poser mon arme de fortune, mais ne rêve pas, mon beau. Je vais la cogner sur le sommet de ton crâne à telle point que... que...

Non...

Tout le monde me regarde comme si j'étais une bête de foire. Leurs yeux ronds me jugent, ils n'osent pas intervenir, mais leur dédain à mon égard est sans pareil. La respiration saccadée, je les observe tour à tour, prenant conscience du résultat de mes actes délirants. Je... Je ne peux pas faire ça.

Qu'est-ce qui me prend ? Qu'est-ce que je suis en train de faire, bon sang ?

Fais-le ! Frappe-le ! me hurle Myrtle, à pleins poumons.

— Non ! Non ! Je ne le frapperais pas ! crié-je à mon tour à haute voix, ignorant l'incompréhension générale de me voir parler seule.

Sous les yeux écarquillés de Shayne et Casey, je jette brutalement la chaise au sol ; le bruit cassant les fait sursauter. Ils ont peur de moi, me craignent et me redoutent. Si je suis folle, je ne suis pas un monstre pour autant. Pas au point de les tuer...

— Tu... Tu vas le regretter, Shayne.

Pourquoi j'ai dit ça ? Ces menaces sont sorties de ma bouche sans que je ne puisse me contrôler. Les joues mouillées de larmes, je décide de m'en aller et de fuir le jugement que m'adresse la population présente. Je ne peux réguler mes émotions, sur l'instant. Pourquoi ai-je eu envie de tuer Shayne ? Est-ce que... j'aurais pu le faire, au moins ? En aurais-je eu le courage ?

Probablement...

La voix ensorceleuse de Myrtle m'a soufflé son envie la plus insolente : voir le sang de Shayne et celui de Casey couler à l'unisson le long du trottoir.

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