Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

† DEUX †

Je regarde par-delà la lumière qui perce la nuit. Je grimace et il me faut quelques secondes avant de réaliser qu'il s'agit de Shayne, à bord de sa voiture bleu canard. Une couleur affreuse, selon moi. La lueur agressant mes rétines fragiles provient de ses phares allumés. Qu'est-ce qu'il fiche ici ? Il a quand même eu un remord de conscience à l'idée de me laisser rentrer seule. Seulement, il n'est pas en état de prendre le volant. Quel inconscient ! Je pousse un râle d'agacement en le voyant ouvrir sa fenêtre, les yeux cernés, puis se pencher vers moi.

— Baby, monte, je te ramène.

— Tu es malade ? Dans l'état que tu es, tu vas te prendre un poteau !

— Mais nan, t'inquiète ! Je sais ce que je fais. Allez, viens, te fais pas supplier. J'ai lâché mes amis parce que j'avais peur pour toi. Tu crois que ça provient de l'alcool, ça ?

Une seconde, je regrette d'avoir été si dure avec lui. Il s'est inquiété à cause de moi et a gâché sa soirée. Ses yeux foncés, malgré le voile étourdi qui les recouvre, sont remplis de pardons. Ses boucles étroites, mal coiffées à cause de la qualité médiocre de sa laque, tombent lamentablement sur son front. En poussant un énième soupir, je relève automatiquement mes cils en face de moi pour réfléchir à une décision. L'autre côté de la route est vide comme le néant. La ruelle l'est aussi.

Phébus est parti. Mais pour combien de temps ?

— Tu es vraiment un idiot, Shayne...

En mâchant mes mots, j'ouvre la portière et m'assois sur le siège passager. Avant de redémarrer, mon petit-ami tente de me voler un baiser que j'esquive avec agilité. Je ne suis pas d'humeur. Il semble le percevoir, car il n'en rajoute pas et tourne la clé dans le contact. Le trajet est court et heureusement, Shayne n'a rien heurté de vivant. Seul le trottoir du parking de notre immeuble a goûté d'un peu trop près au pare-choc avant. Je sors sans demander mon reste, le visage de Phébus est encore gravé dans ma tête. Il y a des jours et des nuits comme ça, où ces entités m'apparaissent sans que je ne sache pourquoi. Ils me suivent partout, au quotidien, comme des parasites. J'ai appris à m'y habituer et à canaliser ma peur lors de leurs apparitions, même si j'ai parfois beaucoup de mal.

Lorsque j'étais enfant, je n'avais aucun contrôle de ma peur. Ils me terrifiaient, tout simplement.

Tout à coup, me détachant de mes pensées, j'entends Shayne qui sort de la voiture dans un fracas. Il s'est pris le pied dans la ceinture de sécurité et a failli tomber sur le goudron.

— Qu'est-ce que tu fais ? lui demandé-je.

— Je monte avec toi.

Je ne relève pas et avance vers l'entrée de mon immeuble où je tape mon code.

— Je peux savoir pourquoi tu m'accompagnes ?

— Faut que j'utilise tes chiottes...

Plus délicat que ça, tu meurs ! Je garde cette déclaration pour moi, sans pour autant cacher un roulement d'yeux, puis j'entre, Shayne sur les talons. Mon appartement est au premier. Shayne et moi n'habitons pas encore ensemble. Après sept mois de relation, c'est un futur à envisager. Seulement, il semble un peu réticent à l'idée de vivre avec moi, comme tous les couples normaux le font. Est-ce la peur de l'engagement qui le rebute ? Il a peut-être peur de perdre sa liberté à laquelle il tient tant. Ou alors, il y a autre chose...

Quelque chose de plus profond, de plus... sombre. C'est peut-être moi, tout simplement.

Lorsqu'on arrive sur le seuil de mon chez-moi, le tintement de mes clés fait sursauter mon petit-ami qui s'était assoupi sur le mur. Il part dans une hilarité consternante après avoir réalisé sa bêtise. Décidément, l'alcool abrutit les grands esprits, même si Shayne n'a rien d'une lumière, parfois. Je l'aide à entrer en allumant la petite lumière du vestibule. Mon appartement est on ne peut plus basique ; salon-salle à manger, cuisine, chambre et salle de bain. J'essaye cependant d'apporter ma touche personnelle en tenant compte de la petitesse des lieux. De beaux rideaux de voile blanc, accrochées aux fenêtres, offrent une illusion d'optique qui agrandit la pièce. De jolis coussins sont jetés sur mon canapé usé. Les teintes beiges et vertes, très zen, m'apaisent lorsque je suis ici.

Sans demander l'autorisation, Shayne se presse dans ma salle de bain. Il connaît la maison, de toute façon. Épuisée, je retire enfin mes talons que je balance dans l'entrée. Le bonheur à l'état pur ! Je vais ensuite dans la cuisine où je remplis un verre d'eau pour y jeter une pastille effervescente. J'ai toujours mal au crâne et la musique semble imprimée dans mon cerveau. La douleur pulse comme si un être infect m'enfonçait des aiguilles dans les tempes. Dans cet état, le moindre bruit peut être une torture.

En attendant que mon médicament fonde, je déambule vers ma chambre en faisant glisser la fermeture éclair de ma jupe en cuir.

Dans la pénombre, je me déleste aussi de mon débardeur à volants et de mes bijoux trop lourds. Je ne suis plus qu'en sous-vêtements, légère comme une plume. Soudain, me paralysant un millième de seconde, je sens des mains glacées qui glissent sur la peau tiède de mes hanches. Un baiser vient s'écraser dans mon cou, soulevant mes cheveux au carré à chacun de ses souffles. Shayne a toujours été très câlin, j'apprécie ses douceurs même lorsque je suis en boule contre lui. Ses caresses ont un pouvoir magique, envoûtant, auquel je ne peux pas résister. Tendrement, il passe autour de ma gorge un chapelet de baisers, tout en saisissant l'attache de mon soutien-gorge. Il la fait sauter avec expérience. Je me retourne, d'une démarche féline, pour lui faire face. Son regard est brûlant d'envie à mon égard.

Tout ce désir est pour moi ? Je suis touchée.

Le tissu qui maintient mes seins tombe finalement à mes pieds. Shayne ne se fait pas prier pour cueillir mes lèvres avec délectation. Il les mordille, telles des sucreries dont il a terriblement envie. Je ferme les yeux et goûte à son parfum d'alcool qui me fait sombrer dans l'indécence. D'une main habile, je défais les boutons de sa chemise qui rejoint la moquette, elle aussi. Le contact de mes doigts sur la chair ferme de son torse torréfié le rend fou. En un clin d'œil, je me retrouve allongée sur mon lit, submergée par une vague de baisers tous plus sensuels les uns que les autres.

Il sait s'y faire, c'est un pro dans la matière.

Sous ses doigts, je me sens femme. Sous ses lèvres, je me sens libre et comblée. J'aime lorsqu'il me fait sienne, lorsque nos souffles se mélangent, que nos corps chantent à l'unisson la mélodie de l'amour. Mes ongles s'agrippent à ses omoplates dans un geste vain de défense, mais je suis faible face à sa magie. Elle m'enivre et m'englobe dans une bulle. Une bulle qui commence à enfler, enfler, enfler dans mon bas ventre.

J'ouvre mes yeux voilés de plaisir par-dessus l'épaule de mon chéri. Ses grandes mains palpent fermement mes cuisses métissées et je sens que les préliminaires vont débuter. Seulement, quelque chose nous lorgne dans l'ombre.

Je plisse davantage mes paupières afin d'aiguiser ma vision. Lorsque je réalise ce qu'il se passe, mon corps entier se crispe de terreur. Au pied du lit, un adolescent assiste à nos ébats. Son élégant costume noir, assorti à ses cheveux, se fond dans la pénombre environnante. Il est si pâle. Il nous regarde, d'un air menaçant et détaché. Ses yeux sans fin dégagent un danger que je ne connais que trop bien.

Il ne t'aime pas...

— Evan, arrête... murmuré-je, malgré moi.

À ces mots, Shayne s'arrête et me fixe avec incompréhension.

— Evan ? C'est qui, Evan ? me lance-t-il, perdu et haletant.

Il se redresse sur ses genoux tandis que je presse un oreiller sur ma poitrine nue. Lorsque je regarde à nouveau, Evan a disparu.

— J'ai... J'ai vu... tenté-je de me justifier.

— Tu te fous de moi ? Tu oses m'appeler par le nom d'un autre type ! C'est qui, ce Evan ?

— C'est cet adolescent... Ce... Cet enfant aux yeux d'ébène...

Ma voix déraille sur la fin. Je ne sais pas si je dois pleurer ou lui expliquer la totalité du calvaire que je vis depuis mon enfance. Shayne n'a eu qu'un bref échantillon de mes histoires sur ces enfants qui me hantent. J'avais si peur de l'effrayer, qu'il me prenne pour une folle. Même si à l'aube de notre relation, il a pris la chose avec amusement, aujourd'hui, je perçois un ras-le-bol dans son regard. Mes crises dues aux apparitions lui pèsent, je le sais. Ce n'est pas la première fois que ça m'arrive en sa présence. Au début, ça allait, il me rassurait ; mais là, il n'en peut tout simplement plus.

— Crois-moi, Shayne... Il était là ! Je te le jure !

— Écoute, Sephora, dit-il en se pinçant l'arête du nez. Je veux bien que tu vois soi-disant des trucs « paranormaux », mais là, j'ai vraiment du mal à te croire. Pourquoi moi, je ne vois rien alors ?

Dans sa soûlerie, il ne sait pas ce qu'il raconte. Je m'apprête à lui rappeler l'erreur que j'ai faite enfant quand Evan réapparaît, dans un autre coin sombre de la chambre. Je me pétrifie.

Shayne est un imbécile... Il devrait mourir, tu ne crois pas ?

Ces mots me terrifient et me forcent à crier de toutes mes forces. Je bondis du lit et recule le plus loin possible de ce garçon maudit qui continue d'hurler la mort de Shayne. Arrête, arrête, arrête ! Tais-toi ! Trois autres spectres arrivent, plus jeunes qu'Evan, et se joignent à lui dans une cacophonie qui m'aveugle et me rend sourde. Phébus est parmi eux. Leurs voix bourdonnent et me brisent la tête d'un coup de hache. Je me bouche les oreilles et ferme fort les yeux pour ne plus les voir, pour ne plus ressentir cette peur qui m'oppresse. J'entends Shayne qui m'appelle dans le lointain, paniqué.

— Ils sont là ! Ils sont là, Shayne ! Tu ne les vois pas ? crié-je à m'en faire éclater les poumons.

— Je ne vois rien du tout ! T'es complètement cinglée !

Totalement dépassé, Shayne quitte la chambre en récupérant sa chemise. Non ! Il ne peut pas m'abandonner comme ça ! Je brave mon épouvante et le suis pour le retenir. Seulement, il me repousse comme une malpropre. Pourquoi ? Ma voix chevrote, au bord des larmes :

— Shayne, s'il te plait, ne me laisse pas toute seule...

— Faut te faire soigner, Sephora, c'est pas normal d'avoir des crises de folie comme ça. J'en ai plus qu'assez ! Tu as sérieusement un problème.

Sur ces mots durs et froids, il claque la porte et s'en va. Je ne peux plus taire mon chagrin. Il coule, coule, coule le long de mes joues. Je me laisse glisser au sol, extériorisant mes sanglots sans prendre cas à ma nudité qui me donne un air encore plus lamentable, impuissante, faible. Mes doigts s'entremêlent dans les fils de ma moquette, les tirent, nimbés de rage et de désespoir. Je me retrouve encore seule. Seule avec ma malédiction.

À l'horloge, il est trois heures trente-trois du matin.

Shayne a raison. J'ai un problème. En fait, plutôt quatre effroyables problèmes qui m'empoisonnent la vie. Ils se nomment Phébus, Evan, Angela et Myrtle.

Les enfants aux yeux d'ébène...

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro