Les scènes d'angoisse
Comme indiqué dans le titre, nous allons décortiquer un peu les scènes d'angoisse. Ce genre de moment où votre personnage est en proie à des émotions très fortes, voire violentes, comme la peur, l'effroi, la terreur, mais aussi le plaisir, le désir, la joie. Oui, même ces trois derniers états émotionnels ONT leur place dans cet article.
Commençons par ce que l'on connaît le plus : les émotions « négatives ». Dans la plupart des cas, il y a souvent une scène où l'un des personnages se retrouve confronté à des émotions fortes dues à une situation préoccupante, violente, etc. Et lorsque c'est le cas, il faut savoir que votre manière d'écrire doit coïncider avec ce que vous voulez faire ressentir à vos lecteurs.
On peut diviser cette scène d'angoisse en plusieurs étapes (selon les situations) :
Au début, ça peut être un pressentiment, une impression que quelque chose ne va pas, des détails qui titillent le perso, etc. Donc, il peut y avoir des réflexions, des questionnements, des suspicions ou autres, mais il a toujours un certain calme. Pour l'instant, les événements ne changent pas votre écriture.
Ensuite, le personnage est réellement confronté, son problème est face à lui sans moyen de le contourner. A ce moment, les émotions fortes commencent à apparaître, ce qui veut dire que l'état émotionnel du personnage se voit physiquement avec le souffle court, les yeux écarquillés, la torsion des doigts, par exemple. Le protagoniste ne comprend pas forcément ce qui lui arrive, il peut être dans un état second parce qu'il est choqué. La description des émotions se fait plus détaillée, les sens sont de plus en plus exacerbés ; il faut créer un sentiment de panique, de précipitation. Et les phrases tendent à se raccourcir.
Et à l'extrême, quand le personnage a vraiment l'impression que c'est sa dernière heure, l'écriture change. Les phrases sont courtes, concentrées sur l'état présent et la violence des émotions qui peuvent rendre fou le protagoniste. Plus rien n'existe autour, à part ce qu'il affronte. La personnalité de l'individu change aussi, car comme c'est une situation d'angoisse/de peur, ça veut dire qu'il s'agit de quelque chose que le perso n'a pas l'habitude de vivre. Les conditions de ce genre d'événements remettent tout en question. Par exemple, un grand gaillard qui n'a peur de rien au quotidien peut se retrouver en train de pisser dans son froc !
Plus précisément, il faut que ce soit crescendo. La tension, la pression, l'effroi viennent progressivement. Et quand l'angoisse est à son comble, ou presque, certains personnages peuvent complètement changer de personnalités. On peut carrément devenir une autre personne ou encore se laisser guider par la folie et le désespoir.
Pour en revenir à l'écriture : qui dit peur extrême, dit changement. J'entends par là qu'on ne peut pas garder les mêmes longueurs de phrase, les descriptions à rallonge, etc. C'est un moment d'action, donc les choses alentour n'interviennent pas énormément (sauf pour le besoin de l'histoire). Mais attention, il ne faut pas non plus faire que des phrases courtes, vous devez trouver un équilibre entre phrases courtes/moyennes. Aussi, les réflexions intelligentes sont rares, le personnage peut se demander pourquoi il en est arrivé là, pourquoi est-ce qu'on lui fait ça ou encore penser en boucle « je ne veux pas mourir »... Mais l'idée de ces scènes, c'est de faire angoisser le lecteur lui-même, qu'il se sente aussi vulnérable que la personne dont il suit les aventures. Donc, l'idéal, c'est d'avoir des phrases courtes qui développent les émotions avec précision ainsi que les actions.
Par exemple :
« Deb Ilos se faisait menacer d'un couteau par l'homme qui se tenait face à lui, et qui en voulait à son portefeuille en cuir rouge orné de petites fleurs bleues et d'une photo de son chien, Kabo, un vieux carlin d'une dizaine d'années. La peur le saisit en voyant la grande lame argentée, parsemée de crans aussi pointus que les dents d'une murène, dont le manche était d'un beau rose fuchsia avec une peluche Hello Kitty accrochée et qui reflétait la lumière des néons du club de strip-tease.
— Désolé, monsieur, je n'ai pas de liquide. Mais on peut aller au distributeur, si vous le souhaitez.
Et sans attendre, l'inconnu lui fonça dessus pour le coller au mur de briques recouvert d'affiches en tout genre.
— Crève, abruti !
Deb Ilos sentit le froid glacial de la lame pénétrer la peau poilue de son cou, puis le sang chaud tacher sa belle chemise hawaïenne un peu trop courte pour son gros ventre tatoué d'une pin-up.
« Non, je ne veux pas mourir en chemise hawaïenne... », furent ses dernières pensées. »
Dégueulasse, n'est-ce pas ? Je vous prête mon seau pour vomir si vous voulez.
Bref, vous comprenez le problème, j'imagine. Les émotions ne sont pas là, comme si cette situation était tout à fait banale ; le décor, on s'en balance totalement ; les détails vestimentaires, c'est pareil ; les réflexions du personnage sont complètement WTF, bref, cet exemple est à proscrire ! On ne ressent rien du tout. Enfin, si, une envie de brûler cette chose aberrante. C'est hideux, révulsant ! Faut du détail INTÉRESSANT, qui importe réellement à l'histoire !
Il faut absolument mettre les émotions sur le devant de la scène, que les questionnements et les dialogues du personnage soient cohérents en fonction de l'étape où il est dans la scène d'angoisse.
Passons maintenant à la seconde partie : les scènes d'angoisse avec de la psychologie.
Comme il a été dit précédemment, en fonction de l'intensité de la situation, un personnage peut complètement vriller, car il ne peut pas assimiler toutes ses émotions. Il y en a qui peuvent devenir fous et se balancer d'avant en arrière, d'autres peuvent juste attendre la mort patiemment, ou encore péter un câble et devenir un peu « psychopathe » sur les bords.
Pour ceux-là, il y a beaucoup de possibilités encore une fois, mais partons sur cet exemple. Quand un protagoniste vit un événement qui dépasse ses capacités, il peut donc changer. L'angoisse et la peur de mourir peuvent mener à faire des choses qu'on ne ferait pas habituellement : comme tuer quelqu'un. Dans ce cas, le personnage est toujours terrorisé, mais comme il ne peut pas contrôler ses émotions, il est possible que lorsqu'il commet l'acte de « tuer », il y prenne un certain plaisir. En fait, les sentiments se confondent. D'un côté, le perso est horrifié de la situation dans laquelle il est, mais de l'autre, il ne peut pas s'empêcher de ressentir une joie extrême en fracassant le crâne de son ennemi.
Ça relève un peu du psychologique, des contradictions de ce genre peuvent apparaître dans certains cas, mais le principe reste le même que pour celui de la peur. Les phrases, en plus d'être courtes et axées sur les émotions, doivent aussi transmettre les mêmes contradictions sentimentales que le protagoniste. Ici, les descriptions peuvent être intéressantes au vu de son état, et le champ de vision du perso peut être légèrement élargi, car d'autres choses se mélangent à son angoisse.
En résumé, il faut que vous adaptiez votre écriture à ce que vous voulez faire ressentir au lecteur et éliminer les éléments superflus. Ça ne peut pas être évident du premier coup, c'est quelque chose qui se travaille (comme pour tout, vous me direz), mais si vous en avez vraiment l'envie, vous finirez par obtenir quelque chose dont vous serez fiers.ères et qui saura transmettre fidèlement vos intentions à vos lecteurs.
Article rédigé par H_D_Murdock
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