VI ─ affre
•✒ 𝙻𝚊 𝚟𝚒𝚎 𝚎𝚜𝚝 𝚝𝚛𝚘𝚙 𝚌𝚘𝚞𝚛𝚝𝚎 𝚙𝚘𝚞𝚛 𝚊𝚟𝚘𝚒𝚛 𝚍𝚎𝚜 𝚛𝚎𝚐𝚛𝚎𝚝𝚜.
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Enveloppée d'une épaisse couverture, recroquevillée sur le carrelage glacé du couloir qui menait à sa chambre, Asaka examinait les insectes qui grimpaient au mur en émettant de petits stridements. L'éclairage au-dessus d'elle crépitait de façon désagréable et s'associait au silence de la nuit dans le but d'instaurer une atmosphère inquiétante. Mais la jeune femme était bien trop occupée à surveiller la porte face à elle pour se permettre d'avoir peur.
Aizawa ne s'était pas montré, le jour suivant leur conversation. Et encore moins la semaine d'après, au plus grand déplaisir d'Asaka.
Le comportement du brun était incompréhensible. Cette fois-ci, elle savait qu'elle n'avait rien fait pour le rendre triste ; quelque chose devait être arrivé sans qu'elle s'en rende compte. A vrai dire, cela la perturbait un peu. Les délicieuses sensations qu'elle avait ressenties lui manquaient.
Sur ces pensées, Asaka se replia un peu plus contre elle-même, prise d'une quinte de toux, et se mit à renifler lamentablement. Elle avait surveillé la porte de sa chambre en espérant le voir sortir depuis un certain temps. Nombreuses furent les fois où elle toqua sans récolter de réponse, ni même un signe de vie. Pourtant, les infirmiers qui lui apportaient chaque jour à manger lui assuraient que tout allait bien.
Il ne voulait simplement pas la voir. Et il fallait qu'elle se rendre à l'évidence.
La jeune femme se montrait particulièrement sensible à cet événement. Ses dîners étaient de plus en plus espacés, et elle sentait déjà ses membres devenir faibles à force de pleurer dans son lit la nuit. L'agacement commençait doucement à remplacer l'inquiétude, étant donné qu'elle n'avait droit à aucune explication de la part de l'homme. Peut-être aurait-elle pu s'excuser s'il lui laissait au moins la chance de se trouver en face de lui.
La mauvaise humeur qui flottait sur ses traits se dissipa légèrement quand elle se souvint d'un détail. Quelques employés lui avaient adressé la parole en la voyant camper sur le sol, et lui avaient assuré que son comportement était normal en cette période. Asaka se doutait que cela était sûrement lié à la mort de son meilleur ami, et ne voulait pas vraiment le déranger dans ses tourments. Mais quelque chose lui hurlait de le rejoindre, de le rassurer en le prenant dans ses bras pour ensuite ne jamais le lâcher.
Elle s'en voudrait à jamais s'il lui arrivait quelque chose.
Aizawa pouvait rester enfermé durant des semaines dans sa chambre avant de ressortir comme si de rien n'était. Etonnamment, personne ne s'en inquiétait. Comme s'ils comprenaient à quel point il voulait souffrir seul et ne déranger personne. Pourtant, les journées passées sans apercevoir ses beaux yeux ténébreux étaient longues et interminables. Elle se surprenait à espérer le voir franchir la porte du restaurant chaque matin, et son humeur se dégradait quand qu'il n'apparaissait pas.
Cela faisait trois mois qu'elle était enfermée ici, et voir la vie sans lui était devenu impossible. Leur lien était irrémédiable. La souffrance qu'elle ressentait quand il n'était pas là était comparable à ce qu'elle avait ressenti quand sa meilleure amie est décédée. C'était ridicule, complètement ridicule.
Mais elle n'y pouvait rien. Les affres du désespoir les avaient réunis.
Lorsque la brise zéphyrienne parvint jusqu'à sa peau, caressant délicatement chaque parcelle de son corps abimé, Asaka se dit qu'elle ne pouvait pas rester sans rien faire. Aizawa lui manquait. Ainsi, quand un brin de courage l'envahit, elle se jeta sur sa porte et la martela sans penser aux représailles. Encore et encore, jusqu'à ce qu'il daigne enfin lui ouvrir.
Voir son visage après tant de jours sans nouvelles la figea sur place. La joie qu'elle ressentit en voyant la porte bouger s'éteignit en un instant. Un bourdonnement insupportable lui vrilla les tympans, alors qu'une petite voix lui souffla qu'elle aurait peut-être dû le laisser seul. Elle remarqua à quel point il avait l'air mal, dans son pyjama sale. Une odeur nauséabonde collait à ce dernier, et ses yeux paraissaient être sur le point d'exploser tant ils étaient veinés. Il n'avait sûrement pas pu dormir et ses lèvres s'étaient même mises à saigner.
Asaka resta momentanément interdite, étonnée par son mal-être évident, avant de se faufiler dans sa chambre comme si de rien n'était. Elle voulut lui dire à quel point elle était désolée, et rapporta sur lui un regard peiné. L'espace d'une seconde, la jeune femme crut qu'il avait compris. Mais il baissa la tête, l'air honteux, et ce fut cela qui lui montra que le message n'était pas passé correctement.
Au-dessus d'elle, le lustre pendait tristement au plafond avec quelques chaussettes trouées. Des piles de vêtements éparpillées dans tous les sens égayaient le gris souris de la moquette. Quelques plats, à peine entamés, avaient été abandonnés sur le bureau et trônaient à côté d'un ordinateur portable dernier cri. En voyant l'état catastrophique dans lequel se trouvait sa chambre, Asaka ne dit rien. Après tout, elle avait fait bien pire. Elle se frotta les bras puis cligna des yeux, complètement désorientée par le silence glacial qui s'était installé.
─ Qu'est-ce que tu fais là ?
Alors qu'elle tentait de répondre, la jeune femme se sentit partir sans pouvoir se contrôler. Sa tête lui parut être sur le point d'exploser, tant la situation la laissait pantoise. Immédiatement, elle comprit qu'elle était sur le point de lâcher, à cause du trop-plein soudain d'émotions contradictoires.
─ Je suis désolée, laissa-t-elle finalement échapper. Je suis désolée, je t'ai blessé !
─ Mais tu n'as rien fait.
Au moment où Asaka voulut de nouveau ouvrir la bouche, ses paroles furent entrecoupées de sanglots profonds. Elle venait de fondre en larmes sans raison particulière. Assiégée et dévastée par la situation, la brune resta paralysée sous le mal acharné qui lui tiraillait l'estomac. En quelques secondes, elle perdit tous ses repères. La honte qui l'envahit lui souffla de partir en courant, en sachant qu'elle se permettait de craquer devant un homme qui souffrait sûrement plus qu'elle.
Soudain, tandis qu'une douce et subtile fragrance de déodorant bon marché pénétrait ses narines, la jeune femme ouvrit de nouveau les yeux, inconsciente de les avoir fermés. Aizawa s'était laissé tomber jusqu'à elle et tenait maintenant son visage entre ses deux mains calleuses. Son regard était chargé de chagrin quand il s'exprima :
─ Je t'ai entendue. Je t'ai entendu frapper durant toute la semaine, mais je craignais que tu me voies dans cet état.
Bercée par les frottements de sa peau contre la sienne, bien que l'humiliation lui tordait les boyaux, Asaka haussa les épaules pour lui signifier ses réelles pensées. Bien sûr qu'elle s'en fichait ! Elle avait été dans le même état. Il l'avait vue désespérée. Et elle comprenait à quel point il était difficile de montrer ses réelles émotions par peur d'être jugé.
Puis, sans qu'Asaka ait conscience qu'il avait bougé, Aizawa avança ses doigts jusqu'à ses poignets et les referma autour de ses cicatrices. Le baiser qu'il déposa ensuite sur ses lèvres meurtries fut si désespéré, si communicatif, qu'elle n'osa pas le lâcher.
Il était comparable à une fleur fragile, sans racines, et le briser serait la dernière des choses qu'elle aimerait faire.
─ Je vais t'aider. Je veux t'aider, pleura-t-elle entre deux caresses.
─ Je suis là. Je ne pars pas. J'en ferai de même avec toi.
Ils ne se connaissaient pas tant que ça, en réalité. Mais trois mois avaient suffi pour les réunir, et ils apprendraient à s'aimer avec le temps. Tant pis si cela ne fonctionnait pas. Tenter le tout pour le tout semblait être devenu indispensable.
Quand il l'enlaça désespérément, s'accrochant à son corps sans vouloir le lâcher, Asaka oublia tout. Se perdit dans ses caresses. Apprécia chaque touche sur son corps. Le baiser devint bientôt plus que ça.
Ils ne voulaient pas penser au futur. Profiter de l'instant semblait être la meilleure chose à faire, en cet instant.
D'ailleurs, il fut déjà beaucoup trop tard pour tout arrêter quand ils s'unirent. Quelque chose au fond d'eux espérait que ce qu'il se passait était réel, que toute l'euphorie n'allait pas disparaître au moment où ils décideraient de se lâcher.
─ Je veux que tu sois mienne.
Aizawa ne voulait jamais l'oublier. Jamais. Et Asaka était entièrement du même avis que lui.
Chaque friction les emplit d'une tendre frustration, leur faisant désirer plus. C'était trop beau, trop bon. Un rêve semblait les entourer. Le soulas les submergea quand il s'enfonça enfin en elle. Le moment, lui, sembla durer une éternité. Une éternité pendant laquelle tout fut oublié.
─ Ne pars pas, susurra-t-elle dans son oreille une fois que l'exaltation fut passée.
─ Je reste là. Je suis là.
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* chapitre relu par KoyukiActar
C'est la fin. Déjà. Le vide qui se développe en moi est assez particulier. Cela faisait presque cinq ans que je n'avais pas terminé une histoire... et j'en suis un peu fière. J'ai accompli cela en une semaine. Une semaine !
J'espère que ce chapitre vous aura plu ! Si vous voulez me soutenir, n'hésitez pas à commenter et à voter. Cela me fera fortement plaisir !
Arcade, mon Hawks x OC x Dabi, continue toujours. Je vous invite à y jeter un coup d'oeil si vous avez le temps et l'envie. Il y a beaucoup plus de chapitres, et cela ne risque pas de se finir avant un long moment !
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