
3
Une semaine après sa sortie de l'hôpital, la nouvelle s'était rapidement répandue dans tout le village. Hinata recevait chaque jour de nombreux présents de la part de ses amis et parfois même d'inconnus. Elle les remerciait personnellement d'une lettre ou d'une visite, pour les plus intimes.
C'est d'ailleurs à cela qu'elle avait consacré sa journée. Et quand enfin le soir pointa le bout de son nez, elle retourna chez elle, fatiguée. En petite tenue, dans sa chambre, elle se regardait dans le miroir que sa sœur avait fait installer, prétextant qu'Hinata se devait d'observer tous les jours l'évolution de sa grossesse. Une grossesse encore invisible, d'un point de vue extérieure. Car, même si son ventre demeurait encore plat, un petit bout de chou grandissait là dedans.
Se regardant de côté, elle se sourit à elle même. Son bonheur était si immense que des larmes commencèrent à perler sous ses yeux nacrés.
— La grossesse te rend-elle malheureuse, douce Hinata ? susurra une voix à son oreille.
Le sang se retira du visage de la brune. Ses cheveux, aux reflets bleutés sous la lumière de la lune, tombaient en cascade sur ses hanches larges. Ceux-ci furent tirés avec force en arrière, manquant de lui arracher la peau du crâne. Le cou cambré affreusement, elle avisa les yeux d'une noirceur glaciale qui la regardaient. Incapable d'émettre le moindre son, elle dévisagea ces deux pupilles effrayantes, la peur se mélangeant à sa paralysie.
— Pourquoi pleures-tu ? s'étonna-t-il faussement. Je suis venu te féliciter, douce Hinata.
Hinata aimerait l'attaquer, se mettre à hurler ou le repousser. Cependant, il n'en était rien. Son corps, totalement soumis à ce regard d'une obscurité inquiétante, ne bougeait pas d'un cil.
Il la lâcha brusquement et elle s'effondra sur le sol, les yeux baissés, les larmes naissantes. Elle aimerait tant retrouver son assurance, celle qu'elle a gagnée au cours de ses années à prouver sa valeur, mais devant lui, c'était impossible. Elle aimerait plus que tout lui sauter à la gorge, mais elle restait là à attendre.
— Tu es si silencieuse, dis quelque chose, douce Hinata.
Ce surnom, elle le détestait autant que lui.
— Va t'en... lui répondit-elle faiblement.
— Il est hors de question que je laisse comme ça. fit-il sèchement en avisant son ventre.
Hinata serra les poings, la colère s'amplifiant en elle. Relevant la tête, elle darda sur lui un regard des plus assassins. Ce à quoi il répondit d'un sourire radieux.
Et sans prévenir, il l'assena d'un coup de pied violent dans le bas de son ventre. La douleur qui se répandit dans tout son corps était insoutenable, elle cracha du sang et gémit, toujours dans l'incapacité d'émettre un cri. Sur le point de s'effondrer totalement sur le sol, il l'attrapa par les cheveux et la releva au niveau de son visage lui imposant ainsi son regard hostile et son sourire sadique.
Et à nouveau, il recommença, la main gardée fermement dans ses cheveux. Il ne voulait pas qu'elle s'écroule sur le sol, il voulait qu'elle subisse tout cela aux premières loges. Il voulait la regarder dans les yeux, bien que les siens étaient mi-clos.
La douleur déformait le visage de la jeune Hyuga, ses pleures étaient silencieuses, bien que son esprit criait sa souffrance à gorge déployée. Impuissante, elle le regarda écraser son pied dans son bassin de toutes ses forces. Encore et encore.
Pardon, mon bébé. Je n'ai pas su te protéger. Pensa-t-elle avant te tourner de l'œil.
Hinata se réveilla en sursaut, les larmes aux yeux. Elle regarda autour d'elle et reconnut sa chambre rapidement. Se redressant brusquement, toujours dans son lit, elle tira légèrement sur sa couverture jusqu'à sa taille et avisa son ventre. Son visage se crispa sur une incompréhension totale. En effet, son ventre ne portait aucun signe de coups qu'auraient dû lui laisser les épreuves de la veille.
— Un rêve ? se demanda-t-elle.
La brune se ressaisit et inspira profondément sans pour autant emmagasiner la quantité d'air suffisante pour la calmer. Hinata sentait qu'elle n'était pas réellement réveillée et un malaise la saisit brutalement. Sur le point de s'évanouir, elle sursauta en entendant la porte s'ouvrir à la volée sur sa petite sœur.
— Hina', il y a quelqu'un... elle s'arrêta brusquement et poussa un hurlement digne d'une banshee.
Hinata resta un moment dans une incompréhension totale et sourit en se disant que la fatigue devait se lire sur son visage. Sa sœur se précipita vers elle et lui dit des mots incompréhensibles.
— Calme toi, Hanabi. murmura-t-elle à sa sœur en souriant. Tu en fais beaucoup trop, voyons.
— Mais... Ton... Sang... bégaya sa sœur.
Hinata marqua une pause sur le mot sang et une ombre passa sur son visage. Suivant le regard horrifié de sa sœur, elle baissa les yeux sur son lit. Sa couverture, légèrement tirée sur le bas de son corps, découvrait le lit aux draps rouges.
Rouges ? pensa Hinata. Ils étaient blanc la veille.
La panique la gagna aussitôt. Elle tendit la main, tremblante de peur, et tira totalement sur sa couverture. L'envoyant valser contre le mur, Hinata considéra avec effroi l'imposante tâche de sang qui l'entourait.
Sa vision s'assombrissait et sa tête se mit à tambouriner. Comme paralysée, Hinata ne sentait aucune douleur venant d'entre ses jambes. Pourtant, le filet de sang qui y coulait encore devait la faire sentir quelque chose. N'importe quoi.
Hinata vit rouge et le cri qu'elle poussa glaça le sang des habitants de la demeure des Hyuga. Certains étaient déjà à la porte, d'abord alertés par le cri d'Hanabi. D'autres arrivèrent plus tard.
Quand enfin, Hinata s'effondra, une dernière larme coula de son oeil droit. Et avant de s'évanouir, une deuxième fois, elle souffla dans un soupire le nom de Sasuke Uchiwa.
*
Hanabi était effondrée sur le sol dans le couloir de l'hôpital. La jeune femme avait le regard fixant un point dans le vide. Plus rien n'importait en ce moment à part sa sœur entre la vie et la mort. C'était à peine si elle voyait ou entendait Naruto. Pourtant, il était près d'elle, tout aussi inquiet, faisant les cent pas. Lui ainsi que tous les proches de sa sœur.
Sakura Haruno sortit de la pièce devant laquelle ils attendaient tous. Celle-ci avait personnellement tenu à s'occuper de sa sœur et de son... bébé. Hanabi se crispa à cette pensée, et se dit qu'il n'y avait sûrement plus de bébé. Alors, comme ramenée à la vie, la jeune adolescente se jeta sur elle.
— Hinata... dit-elle affolée. Elle va bien ?
Sakura baissa la tête sous les regards inquiets de ses amis et de la petite Hanabi.
— Elle est encore dans un état critique, commença-t-elle doucement. Mais, le plus gros du travail est fait.
— Comment ça ? s'impatienta Naruto.
— Et bien, on espère...
Hanabi explosa. Le mur qui la soutenait et la gardait maître de ses émotions se fissura dans un fracas assourdissant, un fracas qu'elle convertit en grondements.
— Vous espérez ? hurla-t-elle, surprenant tout le monde. Tu as fait la grande gueule en prétextant pouvoir la sauver et là tu espères ?
Sakura ne s'attendait pas à cette réaction de la part d'Hanabi. Ni elle, ni personne ne pouvait la prévoir. Hinata était d'une douceur sans pareil et sa sœur lui ressemblait énormément sur le physique. Il va sans dire que les personnalités de ces deux sœurs étaient bien plus différentes que s'y attendaient le reste du monde.
— Hanabi, calme toi. l'incita Naruto en lui tenant le bras.
— Que je me calme ? s'écria-t-elle en le repoussant. Ma sœur va crever et suivre son gosse au paradis et tu veux que je me...
Hanabi sortit à peine ses mots qu'une main froide s'abattit sur sa joue, la coupant dans son élan. Prise de court, elle en resta bouche bée, pendant un moment. Son père la regarda avec fureur avant de lui dire d'un ton calme :
— Tu n'es pas la seule ici à t'inquiéter pour ta sœur. Chaque personne présente a dû laisser tomber son occupation pour être au près d'Hinata. Preuve qu'elle compte pour chacun d'entre nous. Tes émotions sont exacerbées par la situation, mais cela ne te donne aucun droit Hanabi Hyuga.
Réalisant la portée de ses mots, Hanabi couvra son visage de ses mains, se repassant en boucle ses paroles affreuses. Des larmes se mirent à couler en cascade le long de ses joues. Elle s'effondra sur le sol en s'excusant. Pleurant et s'étouffant entre deux sanglots, entre deux excuses, entre deux déchirements de cœur...
Son père se mit à sa hauteur et caressa son dos les yeux d'une tristesse visible de tous. Elle releva légèrement la tête et se jeta dans ses bras. Hyashi l'accueillit en souriant avec la chaleur dont il avait manqué durant toutes ses années.
Se promettant qu'au réveil de sa fille, il les enlacera, toutes les deux, pour la première fois.
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