
𝐋'𝐀𝐏𝐑𝐄𝐒 - Nouvelle vie
Thénaraïm.
Une terre baignée de paix et d'égalité, dévoilait à l'horizon sa silhouette caressée par un voile bleuté. Une multitude de bateaux, venus du lointain territoire de Glascalia, parsemaient cette toile majestueuse. Leurs coques frôlèrent le sable blanc. Des explorateurs, le corps vibrant d'énergie, émergèrent, les yeux brillants d'une soif insatiable pour ce monde encore vierge de leurs empreintes.
Parmi eux, sur le pont du navire le plus imposant, se tenaient Jaya et Vadim. Les époux observait avec émotion le paysage qui allait désormais constituer leur foyer.
Jaya, s'accrochant fermement au bras de son époux, semblait intimidée par l'exubérance de cette nature, par ces montagnes majestueuses et ces champs luxuriants qui dominaient la plage. Vadim, percevant l'inquiétude dans le regard de sa compagne, déposa un baiser réconfortant au sommet de son crâne. Il connaissait déjà Thénaraïm pour y avoir été par le passé. L'excitation brillait dans ses yeux à l'idée de révéler à Jaya les merveilles de ce monde, de lui faire découvrir la beauté et la grandeur de ce lieu qu'il avait lui-même appris à chérir sans y avoir réellement vécu.
Les premiers jours se passèrent sur place. Des tentes furent montées sur la plage en attendant de savoir où aller. Vadim avait été nommé chef de groupe malgré lui et tout le monde attendait son plan pour la suite.
Il était de faire des groupes et de partir à l'exploration, afin de tâter le terrain et voir si des locaux étaient présents aux alentours.
Ce fut au septième jour qu'ils trouvèrent un village, par delà les champs d'herbes vierges.
Que ne fut pas la surprise de ces thénarans de voir des gens venant de l'île de Glascalia. Certains se montrèrent assez réticents devant le récit de ce grand homme lardé de cicatrices leur demandant l'asile pour lui, sa famille et ses amis. Seulement, un homme bienveillant nommé Yharl, le chef du village, avait posé un sourire sur leur éprouvant voyage.
Après tout, ils étaient des mages, eux aussi et ne demandaient qu'à pouvoir vivre.
— Si vous nous promettez de vous joindre à nous et d'adopter nos coutumes, ainsi que nos heures de travail, vous pourrez rester. La capitale est assez éloignée, et mon village n'est pas aussi riche qu'elle, mais... Nous avons assez de place pour vous, mes frères.
Ce fut le jour où Jaya découvrit pour la première fois le village de Sylveronde.
Après avoir plié bagage sur la plage, tout le monde s'était dirigé là-bas. Sur un chemin bordé de fleurs sauvages dont les couleurs éclatantes se perdaient dans l'immensité du ciel, les glascales arrivèrent en fin de journée. Jaya, dont les yeux s'écarquillaient à chaque nouvelle découverte, ressentait un mélange d'émerveillement et d'appréhension. Vadim, percevant le moindre de ses frissons, serrait sa main un peu plus fort, comme pour lui transférer sa propre assurance.
Tout irait bien.
Des enfants couraient à leur rencontre, riant et criant des mots dont la musicalité réchauffait le cœur de Jaya. Vadim échangea quelques mots avec eux, puis avec un homme d'âge mûr à la longue barbe grise et à la peau caramel se présentant en tant que Yharl, chef de Sylveronde. Les enfants les prirent alors par la main, les entraînant vers le centre du village où une foule s'était rassemblée. Des visages souriants, des mains tendues en signe de bienvenue, et soudain, Jaya ne se sentait plus si étrangère en ces lieux.
Oui, tout irait bien désormais.
Au fil des mois, les tentes se changèrent en maisons.
À l'aide de leurs bras, de leur magie et de l'aide des natifs de Sylveronde, les expatriés purent construire de quoi vivre plus convenablement parmi eux.
Celle de Jaya et Vadim surplombait une partie du village, tout près d'un bois parcouru par un cours d'eau douce où Liloïa prenait plaisir à se baigner. Une jolie demeure de bois et de pierres, encore en travaux, que l'ancien prince prenait à cœur de confectionner et d'améliorer pour le confort de sa tendre épouse.
Celle-ci s'était arrêté un moment pour contempler le paysage : de là où était placée la maison, elle voyait la vallée menant à la plage où des cours d'eau s'entrecroisaient, scintillant sous les rayons d'un soleil bienveillant, jusqu'à la mer. Le vent soufflait dans sa longue chevelure, l'air salin s'infiltrait dans ses poumons et lui faisait un bien fou.
Il faisait un peu frais, de ce fait, elle referma une partie de son gilet de laine par dessus son ventre désormais bien rebondi.
C'était cette douceur de vivre dont elle avait toujours rêvé. Être libre et à l'extérieur quand elle le voulait. Pouvoir contempler l'horizon sans craindre l'avenir.
Derrière elle, une silhouette haute à la carrure imposante sortit de la maisonnette, les mains recouvertes de peinture.
— Jaya ?
L'appelée se retourna pour poser ses yeux sur Vadim, son cher et tendre époux. Il avait eu la lubie de se couper à nouveau les cheveux, en ayant marre de ces longueurs qui le gênaient pour travailler. Il arborait donc ces brins fins tombant sur les côtés de son front, comme lorsqu'elle l'avait connu.
Cependant, il avait gardé la barbe, à son plus grand plaisir. Cela ne le rendait que plus séduisant à ses yeux.
— Viens voir, j'ai fini.
Curieuse, la brune s'approcha du perron de la maison, où son mari s'affairait. Il n'arrêtait pas depuis des jours. Il avait façonné lui même la cheminée, la terrasse et le toit, même s'il avait eu de l'aide à l'occasion, notamment celle d'Amaros, Nerva, Roban ou encore Symphorore. Mais le plus gros, il l'avait fait seul, préférant se débrouiller pour offrir le meilleur à sa douce moitié qui portait la lourdeur de leur enfant dans son ventre et son dos.
Sous les yeux de Jaya, Vadim accrocha sur un clou, à côté de la porte d'entrée, une plaque de bois taillée et polie à la main, où trois prénoms avaient été gravés, puis peints.
Vadim, Jaya...
Et Danil, en dessous.
La jeune mère fixa ce dernier avec une dose d'émotions remontant dans sa poitrine. Cela avait été l'idée de Vadim. Montrer aux autres à qui appartenait ce foyer, cette si belle famille qui, malgré les épreuves, s'était relevée pour vivre un jour meilleur. Jaya sourit malgré elle. Un sourire triste, mais heureux. Oui, elle était heureuse de se dire que leur petit roi, du haut de son nuage, pouvait désormais voir que ses parents ne l'oubliaient pas et qu'ils ne l'oublieraient jamais.
Il était pour toujours gravé dans leur cœur et dans leur famille.
— C'est magnifique, Vadim.
Voyant ses beaux yeux briller au soleil, signe qu'elle combattait contre elle-même pour ne pas fondre en larmes, le blond se glissa derrière elle et l'enlaça tendrement par les épaules. Il déposa un baiser sur sa tempe qui eut la magie de panser le cœur de la princesse.
— On verra bientôt quel autre nom j'inscrirais sur cette plaque. Si c'est Arankai... ou Katalesya.
Ses grandes mains tachetées de peinture caressèrent tendrement l'abdomen proéminent de la jeune femme. Il y sentit même un petit coup de pied qui lui réchauffa le cœur.
— Ce sera Katalesya, répondit Jaya.
— Moi je dis que ce sera Arankai. Je le sens qu'il est teigneux quand il bouge comme ça... comme son père.
— Tu veux parier ?
Et il sourit de plus belle en échangeant un regard avec elle, par dessus son épaule.
— Je ne parie pas avec les sorcières.
Et cette fois, ce fut Jaya qui sourit. Un vrai sourire, loin du chagrin et des peurs d'autrefois, dans cette nouvelle vie qui s'annonçait si douce sur son palais.
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