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𝐄 𝐏 𝐈 𝐒 𝐎 𝐃 𝐄 - 13 : La Reception 1/8 ✔️

Deux mois passèrent.

L'été arrivait sur Cassandore, après la mousson. Une période douce où le soleil se montrait plus qu'agréable pour ces corps frigorifiés par le printemps frais, balayé par le vent du nord. Les fleurs poussaient dans les champs alentours, mais aussi sur les plates-bandes du village, sous chaque fenêtre, embaumant l'air d'un délicat parfum.

Trois coups résonnèrent à la porte de la chambre princière, sous les premiers rayons du matin. Jaya entrouvrit un œil, s'étirant lascivement dans ses draps qui glissèrent pour dévoiler son corps vêtu d'une délicate robe de nuit. Une sensation d'absence derrière elle lui fit comprendre que Vadim était déjà parti tôt ; son côté du lit était vide et froid. Était-il seulement venu se coucher ?

C'était ainsi à chaque lever de soleil, depuis leur retour d'Alhora. Elle ne le voyait que rarement. Son époux partait vaillamment vers le camp pour poursuivre les entraînements jusqu'au crépuscule. Parfois, il ne rentrait qu'au cœur de la nuit, retenu par son père et ses obligations envers la cité. Starania, ces derniers temps, n'avait pas donné signe de vie, ni même répondu à la missive les mettant en cause ; Byron pressentait une ruse derrière ce silence. Il fallait rester vigilant, et il n'avait pas trouvé meilleur soutien que ses deux fils pour l'aider à fortifier la ville et former les troupes sur le terrain.

Heureusement, cette période touchait bientôt à sa fin et la prochaine sélection approchait. Ce cycle d'épreuves permettait de déterminer les recrues les plus méritantes pour intégrer l'armée cassandorienne. Il ne restait qu'une dizaine d'apprentis sur le camp, tous les autres ayant triomphé de la sélection précédente, le mois dernier.

Très bientôt, Vadim allait être libéré de ce carcan et elle aussi. Ils pourraient enfin se voir plus souvent, s'aimer plus librement.

Le savoir travailler auprès de Aube l'inquiétait lorsqu'elle y pensait.

Se frottant les yeux, Jaya clama d'entrer et vit la porte s'ouvrir sur Varvara qui, toute souriante, portait un long morceau de tissu sur son bras.

— Bonjour, princesse ! J'espère que vous avez bien dormi.

— Pour le mieux, merci.

Lorsque ses pensées vagabondaient vers sa dernière nuit solitaire, un soupir s'échappa de ses lèvres. Bien que Vadim partait tôt et rentrait tard, il se rattrapait amplement lors de leurs soirées ensemble. Jaya attendait avec impatience chaque nuit de le voir apparaître sur le seuil de sa porte. Ses baisers, même épuisés, lui offraient un réconfort inégalable. Pour elle, il n'était jamais fatigué. Lorsqu'ils en avaient l'occasion, ils s'offraient l'un à l'autre, s'apprivoisant un peu plus à chaque expérience, se caressant et se domptant tels deux animaux épris se frottant le museau. Les gémissements de Jaya traversaient les murs du Beffroi, son chant d'amour plus envoûtant que l'hiver lui-même.

Ils se désiraient à la folie, voulaient faire l'amour dès le matin avec fougue dans ce lit qui constituait leur monde, repoussant sans cesse les frontières de leurs sentiments. Jaya s'était découverte amoureuse transie, parfois perdue, mais elle se plaisait à le trouver. Le chercher, pour qu'il la débusque. Vadim prenait plaisir à la deviner, à assouvir ses envies. Il chérissait l'idée de pouvoir la perdre, car cela l'incitait à être constamment meilleur pour elle. Ensemble, ils incarnaient cette poésie charnelle que les autres n'avaient pas.

Et qui, par ailleurs, ravissait les oreilles curieuses des servantes qui, de temps à autre, ne se privaient pas d'écouter aux portes, afin d'en débattre avec plus de ferveur dans les cuisines. Leur passion attisait les passions !

Or, avec la fin des entraînements, cela faisait plus d'une semaine que Vadim n'avait pas passé une nuit entière avec elle, car elle s'endormait bien avant son retour, fourbue de l'attendre. Plus d'une semaine qu'il ne l'avait pas touchée, à peine embrassée lorsqu'il partait à l'aube. Dans son cœur trop plein de lui, c'était une éternité.

Une solitude tortueuse dans ses journées et désormais dans ses nuits.

— Regardez ce qui vient d'arriver ! Le prince Vadim vous a fait parvenir la robe que la couturière vous a fait pour la réception. Elle est magnifique ! Avec de beaux bijoux en saphir, vous serez resplendissante !

Dansant gracieusement tout en drapant le tissu sur son corps comme s'il lui était destiné, Varvara dévoila une tenue somptueuse confectionnée dans une soie d'exception. Le bustier ajusté mettait en valeur ses épaules dégagées, soulignant la silhouette triangulaire du décolleté orné de majestueuses arabesques. Agrémentée de délicates broderies dorées sur les bras, les hanches et l'ourlet, cette robe bleu marine étincelait par sa beauté et son raffinement. Jaya adorait cette couleur si emblématique pour son peuple. Le bleu des rois, celui que son père aimant tant.

Se levant du lit pour aller toucher le tissu si doux, la princesse était transportée de bonheur. Elle était si parfaite, l'alliance idéale entre Alhora et Cassandore.

Vadim avait su frapper fort dans sa surprise. Elle le savait doué au combat, mais pas pour habiller les dames. Quand elle pensait avoir tout découvert de lui, il la surprenait toujours d'une nouvelle plume à son encrier.

Le seigneur Byron avait décidé d'organiser une grande réception en l'honneur du roi Frost qui avait récemment envoyé une lettre pour prévenir de sa visite sur les terres du sud. Ce serait un événement parfait pour célébrer l'arrivée de l'été et détendre légèrement l'atmosphère devenue tendue à Cassandore, depuis l'embuscade.

Chaque servante et majordome s'affairait avec dévouement, préparant le Beffroi pour cette fastueuse soirée prévue le soir même. De part et d'autre, des silhouettes s'empressaient, portant plateaux et piles de vaisselle délicatement ouvragée. Napperons aux mille couleurs, chandelles, amuse-bouches savoureux et calices à vin se dressaient pour éblouir les nobles convives.

Jaya avait hâte d'être à la nuit tombée, non pas pour la fête, mais pour revoir son cher père. À cette heure, il devait déjà avoir descendu le flanc de la montagne. Il lui manquait beaucoup.

— Et ça, c'est de ma part !

Arborant un sourire radieux, Varvara lui tendit un petit bouquet de fleurs aux teintes variées. Bien que serrées les unes contre les autres et maintenues par un simple brin de paille, elles faisaient presque pitié. Or, offert par une âme aussi sémillante, dont l'entrain surpassait l'éclat d'un soleil au zénith, Jaya y percevait une beauté inégalable.

— Oh, Varvara, ce n'était pas la peine, voyons, dit-elle en lui prenant des mains.

— Ce n'est pas grand chose, il en pousse partout en ville et dans les alentours. J'adore en cueillir pour les offrir. Un petit présent pour fêter la saison estivale !

— Merci, mon amie, elles sont très belles. J'aime tellement les fleurs !

Jaya lui offrit une accolade qui fit monter le rouge aux pommettes de la servante. La princesse la considérait-elle vraiment comme une amie ? Personne ne l'avait si bien traitée, avant elle, pas même sa propre mère. Cela faisait danser une chaleureuse émotion dans son estomac.

Se séparant d'elle, Jaya alla mettre le bouquet dans un vase posé sur sa commode.

— Vous avez hâte à ce soir ? Il va y avoir tellement de monde. À ce qu'il parait, le Seigneur Byron a invité toute la noblesse cassandorienne, notamment celles des villages alentours, pour fêter la venue de votre père. Cela va être un événement fabuleux ! Personnellement, j'ai très hâte d'y être !

Devant tant d'enthousiasme, Jaya ne put que sourire malgré sa pensée mitigée.

— Oui, ça risque d'être fabuleux. Mais, je n'aime pas trop les réceptions, les bals... Le calme est tellement mieux. Toutes les simagrées de la haute société ne me conviennent pas.

— Je le sais, pour ça, vous êtes vraiment comme le prince Vadim. Quand il pouvait s'éclipser d'une fête organisée par son père, il le faisait sans hésiter. Mais, il faut se dire que ce n'est que pour une soirée. L'occasion de briller et vous présenter aux nobles de notre ville qui ne vous connaisse pas encore. Et j'aurais l'honneur d'être celle qui vous habillera, chère princesse.

Varvara fit une petite courbette, presque théâtrale qui attisa le gloussement de son amie.

— J'en serais ravie.

— Faites-moi confiance ! Nous imprimerons votre beauté dans le regard des invités ! Si vous n'avez rien de spécial à faire aujourd'hui, ça vous dirait de nous aider à décorer la salle de réception ?

Un sourire enjoué illumina le visage de la princesse. Cette requête lui insuffla un baume au cœur, éveillant une nostalgie poignante qui lui rappela ses terres natales où elle aimait tant aider les villageois dans leurs décorations festives. Ici, ce serait similaire, sans la neige, juste sous un merveilleux soleil.

— Ce serait avec plaisir.

Sur le camp d'entraînement, dans un concert de halètements, Vadim suait face à ses élèves. Sous le soleil de plomb de l'après-midi qui embrasait sa peau, il dispensait un enseignement sur le combat de mêlée. À dix contre lui, il allait devoir leur apprendre comment gérer les approches et anticiper les mouvements de l'ennemi pour le surprendre avec finesse.

Parmi les hommes, Aube se dressait, ses yeux scintillant d'une détermination inébranlable. Elle avait échoué lors de la dernière sélection et était bien résolue à ne pas laisser passer la prochaine. À vrai dire, elle avait légèrement saboté son épreuve de combat à l'épée. Une inattention durant un coup fatal lui avait coûté cher : un mois supplémentaire sur le camp. Le jour où elle deviendrait soldate, elle ne côtoierait plus Vadim aussi fréquemment. Placée sous les ordres du vice-général Leftheris, elle serait envoyée dans les vallées, à la protection des frontières.

Ça, elle n'était pas encore prête, inconsciemment.

Lorsqu'elle le regardait, en position au centre de l'arène, elle réalisa malgré elle le temps passé sans lui adresser un mot. Sans prendre de ses nouvelles, ni même lui laisser le temps de l'approcher seul à seul. Elle avait l'impression qu'il la fuyait depuis son retour d'Alhora...

Même bien avant cela... Depuis que l'autre petite prude était arrivée.

Elle n'était pas folle, ni sourde. Les ragots des apprentis à propos de l'idylle du prince gagnaient en ampleur, se propageant de lèvres en lèvres dans un chuchotement tantôt railleur, tantôt mouillé d'envie. Pourtant, elle refusait de les croire. Catégoriquement.

Elle connaissait Vadim mieux que personne. Il donnait son amour avec une grande parcimonie. Pourquoi en donnerait-il à cette fille prétentieuse qui l'avait repoussé et si bassement traité ?

— En position, recrues. Je vous attends.

Le signal était donné par l'instructeur. Sortie de sa transe, Aube fut la première à s'élancer vers lui, exhalant un cri de guerre reflétant sa haine enflée par ses pensées toxiques. Elle ne voyait plus Vadim, mais cette maudite princesse...

Un... deux... trois... Sur la gauche.

Quatre... Sur la droite. Le reste, devant.

Il était encerclé, mais ces jeunes têtes brûlées étaient bien trop prévisibles. Ils ne prenaient aucun temps pour établir une approche stratégique, fonçant dans le tas comme une horde de chevaux fous. La stupidité et la fougue de la jeunesse.

L'assaut de Aube fut facilement esquivé par le prince qui se baissa habilement pour la pousser d'une paume à la poitrine. Elle recula sans tomber, un genou plié. Pas moyen de l'approcher ainsi, elle allait devoir attendre que les autres attaquent et le fatiguent pour avoir une chance de l'atteindre. Seulement, tous les autres reçurent le même traitement. Trois le chargèrent d'un coup. Vadim captura la tête du premier pour la faire entrechoquer sur celle de l'autre, tandis que le troisième tenta une prise de Vhaïka ; un coup de pied retourné qu'il rata quand l'instructeur attrapa sa cheville et le projeta en arrière. Sa tête heurta les dalles lisses dans un râle de douleur.

Ces hommes n'avaient aucun équilibre, ils chutaient comme de vulgaires feuilles d'automne autour de lui. Même Aube lui paraissait si lente dans ses élans.

Cependant, un souffle dans sa nuque alerta Vadim. Des pas vifs à l'arrière, un poing s'élevant avec vigueur. Aurait-il osé ?

Sans même pouvoir l'effleurer, le soldat reçut un bouquet de phalanges à l'abdomen, délivré avec une force stupéfiante par son professeur, lui coupant douloureusement le souffle. Sa vue vacilla frénétiquement, le foie durement touché. Avant de s'effondrer, il fut rattrapé au vol par la gorge. Le prince avait esquivé son assaut avec une aisance déconcertante, le toisant d'un regard plus transperçant qu'à l'ordinaire. Il était hors de lui.

— Tu attaques dans le dos, soldat ? C'est d'un niveau si bas.

Reprenant peu à peu conscience, le tout jeune apprenti se justifia, à la limite de l'asphyxie :

— Mon p-prince, sur le champ de bataille, nous... nous ne regarderons pas si c'est de dos ou de face. Nous nous d-défendrons, tout simplement... en abattant l'ennemi avant qu'il ne nous touche.

— Faux ! L'honneur. La dignité. Un homme doit garder ceci en mémoire même face à l'ennemi et la mort planant au-dessus de sa tête. C'est la première règle du Vhaïka ! Certes, le combat sur le terrain sera difficile, vous pourrez en mourir, mais attaquer dans le dos... Ça, je n'accepte pas ! Votre affrontement durera plus longtemps, car vous devrez établir de bonnes stratégies d'approche et de défense, mais votre honneur sera sauf. On ne vous verra pas comme un lâche qui attaque dans les angles morts !

La main serrant de plus en plus fort le col de l'apprenti au point de l'étouffer, Vadim vira au rouge.

— Tu n'as pas les épaules pour devenir soldat, tu n'as rien dans le pantalon !

Il le repoussa en arrière, lui faisant embrasser le sol sous les yeux plus ou moins compatissants des autres apprentis. La jeune recrue toussa à s'en rompre les poumons. Aube le fixait avec insistance sous ses ondulations folles. Le blond était particulièrement énervé aujourd'hui, un vrai calvaire. C'était même pire que les autres jours. Il semblait frustré au plus haut point au moindre faux pas. À croire qu'il bouillait intérieurement d'un mal inconnu.

— Dégage de là ! Passe ton tour ! Je ne veux pas de lâches dans mes rangs !

— Je suis désolé, j'ai compris la leçon... S'il vous plaît... Mon prince...

Vadim soupira, ne supportant plus les regards craintifs ou dédaigneux de ses hommes face à son sang chaud. Il devait calmer ses nerfs avant de dépasser les bornes et souffler le camp tout entier dans son ouragan.

— Allez, relève-toi... Mais que ça ne se reproduise pas. Je serais intransigeant avec vous tous, vous le savez. Si vous sortez vivants d'ici ce soir, je m'assurerai que vous mourriez demain et ainsi de suite jusqu'à la sélection. C'est ainsi que vous vous forgerez à la guerre. On reprend !

À la fin de l'entraînement, sous les nuances sanguines d'un soleil couchant, les soldats à en devenir repartirent sur les rotules, presque heureux de fuir leur impitoyable professeur. Seule Aube était restée, bien décidée à éclaircir cette distance qu'il entretenait jalousement envers elle. Elle avait attendu ce moment toute la journée. Comprendre ce qui n'allait pas chez lui. Depuis leur dernier contact intime dans l'entrepôt, deux mois avant, où il l'avait si froidement repoussée, elle trépignait de glaner ces réponses qu'elle redoutait plus que la maladie.

Une fois les autres partis, la jeune combattante le héla. Par cette chaleur prenant doucement congé dans le voile de soirée, ses bras musclés luisaient de transpiration, brillants dans ses yeux dorés.

— Vadim ? Je dois te parler.

Celui-ci, ne tournant qu'à peine le profil, la toisa avec contrariété. Si elle tendait l'oreille, elle l'aurait même entendu soupirer.

— Je n'ai pas le temps, Aube... Je dois terminer ici en vitesse et rentrer au Beffroi pour la réception.

— Tu n'as plus le temps quand c'est pour moi, on dirait. Mais pour elle, tu en as...

Vadim soupira bruyamment face à son insistance. Il n'avait pas envie de discuter avec cette fille bornée jusqu'à la moelle, c'était peine perdue.

— S'il te plaît, rentre chez toi, c'est mieux.

— Vadim ?

Soudain, une silhouette émergea à l'entrée du camp. Pour la première fois depuis longtemps, Vadim était heureux de voir poindre Leftheris dans son territoire, désireux d'échapper à cet entretien avec Aube qui commençait à devenir profondément agaçante. Face au vice-général, Aube choisit de s'éclipser, les yeux gros d'une colère contenue qui lui donnait envie de pleurer. L'indifférence de l'homme qu'elle aimait lui lacérait le cœur, et lorsqu'elle s'éloigna, elle espérait qu'il la retienne. Même un simple mot, une mise en garde quant à l'entraînement du lendemain lui suffirait.

Or, il garda le silence jusqu'à ce qu'elle disparaisse derrière l'arche.

Toisant son aîné de côté, Vadim se revêtit de son air constamment méfiant.

— Qu'est-ce que tu veux, Leftheris ?

— J'étais venu voir comment se portait tes derniers entraînements avant la sélection.

— Tout va bien, je n'ai pas besoin d'être supervisé.

— C'est mon rôle de futur général de veiller au bon rondement de tout ce qui touche à l'armée.

Vadim roula des yeux. Le voilà encore à se vanter de son « futur rôle » prestigieux. Il n'avait guère la patience de l'entendre blablater sur ses exploits. Il n'avait tout simplement pas la patience de rien. Le guerrier mourrait d'envie de lui mimer un relent vomitif en plein visage, mais ce serait discourtois. Qu'il aille se faire brosser chez les gargouilles ! Après tout, Vadim se fichait de l'irrespect, surtout par rapport à son frère, ça ne lui faisait pas peur. Néanmoins, il se retint à contrecœur et détourna son attention de lui en se mettant à rassembler le matériel éparpillé dans la cour.

— Ces dernières recrues ont un peu de mal à s'affirmer, mais avec un apprentissage de caractère, ils seront prêts pour les épreuves.

— Oui, je te crois sur parole. J'ai entendu des murmures de couloirs parlant de ta violence soudaine envers tes apprentis. Tu ne les ménages pas.

— À quoi bon les ménager ? Nous allons peut-être entrer en guerre d'ici peu, il faut les préparer au mieux pour qu'ils ne soient pas pris au dépourvu par les événements. On m'a appris sans ménagement. Pourquoi j'apprendrais le contraire aux autres ?

Leftheris ricana en levant les yeux au ciel. Ce ciel dégagé était identique à celui de sa jeunesse. Il se remémorait aisément les longs après-midis passés à transpirer et se donner corps et âme pour enseigner l'art du combat à son cadet. À l'époque, il était tout aussi obstiné qu'à présent, mais bien plus fragile. Il avait mué en une version améliorée de ce garçon blessé et maltraité, si arrogant et dangereux en dépit de sa vulnérabilité.

Désormais, il ne distinguait plus aucune trace de cette dernière chez lui et ce, depuis bien longtemps. Une force sans nom l'avait suppléée sans pouvoir de retour.

— Il est vrai que je n'ai pas été tendre avec toi, lorsque je t'ai enseigné le Vhaïka. Mais, c'était pour le mieux. C'est un peu grâce à moi si tu es l'homme que tu es aujourd'hui.

— Tu espères un remerciement ?

— Ça n'aurait pas été de refus, mais je te connais si peu enclin à la reconnaissance.

— N'empêche, quand j'y repense... je t'avais fait un beau coquard lors de l'examen de Vhaïka, pas vrai ? Tu l'avais gardé pas mal de temps, tu n'osais plus sortir du Beffroi de peur que la fille du duc Vecturio ne te voit avec le visage rongé par mes poings. C'est sûr qu'elle t'aurais trouvé beaucoup moins attirant.

Une veine gonflant sur la tempe, Leftheris intercepta le sourire narquois de son cadet comme une bravade. Est-ce qu'il le cherchait ?

— Ce n'est pas faux, mais... Je t'ai nombre de fois fait manger les dalles de ce camp, aussi. Tu en avais perdu connaissance une fois, tant je t'avais projeté avec puissance, tu t'en souviens ? Ou peut-être qu'à force d'avoir ta petite tête cognée au sol, les souvenirs se sont dissipés comme tes neurones.

Vadim explosa d'un rire mesquin qui résonna dans l'enceinte de l'arène jusqu'à frapper au cœur du vice-général.

— C'est si bas comme défense. Je te pensais plus doué que ça en argumentation.

— Je pourrais recommencer, si c'est ce que tu cherches.

Vadim pencha la tête sur le côté, pensant avoir mal entendu. Or, ce regard scintillant d'électricité lui clamait ses intentions on ne peut plus sérieuses.

— Tu me défies ? murmura le marqué, presque sifflant.

— Pourquoi pas ? Vois cela comme tu veux.

— Tu n'as pas peur que je te refasse un œil bleu ? Ce serait peu esthétique pour la réception de ce soir. Je pourrais te prêter mon loup, en cas de besoin.

— Ne t'en fais pas pour moi, à ta place, je resterais plutôt sur mes gardes. Un combat à la loyale, un Vhaïka original dans les règles et le respect. Ça te va ?

Vadim rehaussa les coins de ses lèvres. Ce fut avec plaisir qu'il fit craquer ses phalanges.

— Tant que je te tape un peu sur la gueule, ça me va. Je sens que ça va être amusant.

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