Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

𝐄 𝐏 𝐈 𝐒 𝐎 𝐃 𝐄 - 11 : Le Garçon Perdu 1/5 ✔️

— Veuillez nous suivre, c'est par ici.

Au matin levé, alors que le ciel était encore voilé par un amas de nuages déversant leurs flocons, Jaya fut escortée à travers la ville jusqu'à la prison d'Alhora. Si sa nuit avait été courte, elle avait le sentiment que le trajet s'étirerait en une attente interminable, exacerbée par les tiraillements de son estomac. Oui, la princesse redoutait ce moment qui l'avait empêchée de dormir paisiblement, même lovée dans les bras rassurants de Vadim.

Elle était tout proche... Proche de savoir la vérité... Tiordan...

Si c'était réellement lui, quelle serait sa réaction ? Quel geste esquisserait-elle ? Fondre en larmes, se précipiter vers les barreaux pour le toucher et s'assurer qu'elle ne rêvait pas ? Ou bien s'enfuir à toutes jambes, craignant les humeurs changeantes de son époux ?

Celui-ci l'accompagnait, sous ordre du roi. Dans le traîneau royal, un silence pesant s'était tissé entre eux. Vadim percevait bien le stress qui étreignait Jaya, discernant ses moindres mimiques d'un simple regard. À croire qu'il commençait à la connaître par cœur. Pourtant, il n'osa interrompre sa méditation, pas plus que la sienne. Son esprit vaste et curieux était encore préoccupé par le livre découvert dans la chambre de Jaya.

Pourquoi possédait-elle ce précieux ouvrage, supposé disparu, dans sa famille si ces derniers n'avaient jamais foulé le sol du continent ? Comment avait-elle pu se l'approprier ? Il ne parvenait pas à trouver réponse à ces énigmes, et cela attisait son désir de comprendre. Son impérieuse soif de découverte...

Un tremblement les ramena à la réalité : le traîneau s'était arrêté.

— Le poste pénitencier d'Alhora.

Les époux échangèrent une œillade furtive. Le moment de vérité approchait, fit bouillir Jaya de mille craintes. Vadim descendit le premier, offrant une main encourageante à sa femme. Le vent glacial s'engouffra dans la caisse du traîneau ; contrairement au reste, cette froideur pourtant si familière n'avait guère manqué à l'héritière. Le climat doux de Cassandore était bien plus agréable et, secrètement, elle y avait pris goût.

Aurait-elle la force d'affronter celui qu'elle cherchait si ardemment et qui, désormais, se révélait être sa plus grande inquiétude ?

Tout le monde attendait, elle n'avait guère le choix.

Sa main, chaleureuse malgré le baiser glacial de l'air, lui apporta un réconfort minime. Face à eux, une imposante bâtisse de briques grises se dressait, hérissée de lances cristallines. Le poste de prison détonnait par sa monotonie de nuances, là où les habitations rivalisaient de couleurs chatoyantes, ornées de vitraux bleus et mauves, de parures végétales d'hiver, et même de carillons de porche dont les doux tintements étaient animés par la caresse du vent. Jaya, qui n'y était jamais venue auparavant, découvrit que l'intérieur du bâtiment était encore plus sombre qu'elle ne l'avait imaginé.

Dans les entrailles du pénitencier, des cellules individuelles étaient préservées par d'épaisses portes de bois, agrémentées de poignées massives et imposantes, empêchant ainsi les prisonniers de se croiser et de troubler la quiétude des lieux par leurs altercations. Peu d'âmes peuplaient ces geôles, seulement trois vieillards à demi assoupis sur leurs couchettes de fortune, transis de froid. Jaya, bien qu'ignorant les raisons de leur enfermement, songeait à solliciter la générosité de son père pour offrir des couvertures à ces malheureux.

— Nous avons mis l'intrus en quarantaine, car il était assez agité lorsque nous l'avons ramené ici. Il s'est débattu et a presque blessé l'un de nos gardes.

Jaya avala péniblement sa salive. Tiordan aurait nettement cette force là... Cette soif de liberté qui, tout comme elle, le rendrait fou et l'amènerait à agir de manière impulsive. Le sinistre corridor de pierres se terminait par une pièce isolée, cachée derrière un angle discret du mur. Les deux gardes désignés pour accompagner le couple royal s'écartèrent avec déférence pour leur ouvrir le passage. Les gonds rouillés de la porte émirent un grincement strident qui vrilla l'âme de la jeune femme.

— Allez-y, nous vous attendons ici. Appelez-nous au moindre problème.

— Je vous remercie, mes braves, mais je ne pense pas qu'il y aura de problème, leur lança Vadim.

Sans ostentation, le guerrier incita doucement sa femme à avancer. C'était enfin le moment... Tiordan se trouvait peut-être de l'autre côté, séparé d'elle par une fine barrière de bois. Son souffle devint saccadé, irrégulier, trahissant son émoi. Son corps n'était pas prêt, incapable de remettre le contact. Toutefois, la main de Vadim dans son dos parvint à la tirer de sa léthargie.

Le couple pénétra avec précaution dans l'antichambre de la quarantaine. Un couloir similaire aux précédents, mais abritant en son extrémité une unique cellule, enserrée dans l'étreinte impitoyable de solides barreaux de fer. Une seule torche éclairait les lieux, diffusant une lueur chiche qui donnait l'illusion d'une nuit sans fin. La flamme vacilla.

Boom...

Boom...

Boom...

Les pulsations irrégulières de son cœur tambourinaient avec force dans ses oreilles. Une silhouette était assise, voûtée comme une gargouille au fond du cachot. Drapé dans un épais manteau de fourrure brune, son visage demeurait en partie invisible. Instinctivement, Jaya s'agrippa fermement au bras de Vadim. Cette friction attira l'attention du jeune homme qui posa sur elle un regard interrogateur.

Il la sentait trembler autour de lui.

Un pas... puis un autre...

Jaya se retrouva contre son gré devant les barreaux. Son esprit hurlait, son cœur frémissait. Ses lèvres criait un nom en silence...

Tiordan...

La silhouette leva la tête avec une lenteur quasi théâtrale, manifestant un intérêt soudain pour leur présence.

Tiordan...

Des cheveux épais, indisciplinés sortirent de la capuche de peau. Elle n'était pas prête...

Tiordan...

Elle avait envie d'hurler son nom. Au fond d'elle, malgré tout, Jaya caressait l'espoir infime de le voir vivant.

Tiordan...

Que ne fut pas sa déception et son grand soulagement de constater que ce n'était pas son ancien petit-ami...

Non... Ce n'était pas lui...

Un adolescent d'environ quatorze ans, aux longs cheveux emmêlés, les regarda avec confusion. Des yeux verts, vifs et alertes, signe fatal de surprise. Son visage creusé portait les traits d'un enfant ayant longtemps marché dans la nature au point de ne faire qu'un avec elle.

Jaya était pétrifiée, désillusionnée. Ce n'était pas Tiordan... Cela signifiait qu'il était encore en cavale, ou pire, qu'il avait trouvé la mort... Seigneur... Elle y avait tellement cru, malgré le tourbillon de douleur qui entortillait ses entrailles, à tel point qu'elle se serait évanouie. Vadim, quant à lui, posa une main sur les barreaux, afin de mieux voir ce mystérieux visage.

Un visage qui lui paraissait familier...

— Amaros ?

Jaya lança un regard éperdu à son époux, les yeux grands ouverts. Que venait-il de dire ? À l'évocation de ce nom, le jeune détenu se redressa imperceptiblement, braquant sur Vadim un œil intense. Soudain, un sourire en coin éclaira les lèvres diaphanes de l'adolescent.

— Non... Noooon... Je n'en reviens pas...

Ses mots ne furent qu'un écho sur les murs. Finalement, il se remit debout. Il n'était pas si grand, peut-être un mètre soixante-dix, mais son sourire le rendait encore plus intimidant aux yeux de Jaya. Son rire dissonant, tel le choc de deux cristaux, lui apporta un frisson à l'échine.

— Vadim ? Vadim Blanchecombe... Ah, Glascalia est fichtrement petite, décidément...

— Vous vous connaissez ? clama Jaya, abasourdie.

Complètement sous le choc, Vadim finit par froncer les sourcils, ignorant les mots de sa femme.

— Qu'est-ce que tu fais ici ? cracha-t-il, froidement.

— Je te retourne la question.

— Cassandore est alliée à Alhora. Un pacte a été signé entre nos deux royaumes.

— Ah... Je me disais bien aussi que j'avais reconnu l'immonde armure des terres à ton père parmi les uniformes bleu marine des gardes d'Alhora. Une petite alliance qui fait du bien à la cité...

— S'il vous plaît ! Est-ce que vous m'écoutez ? clama Jaya, harassée qu'on l'ignore. J'ai dit... Vous vous connaissez ?

Vadim projeta un regard oblique à sa jeune et impétueuse épouse. En un instant, elle avait abandonné toute trace de sa fragilité passée.

— Oui... Amaros est mon cousin du côté maternel. C'est une longue histoire...

Son cousin ? Comment était-ce possible que cet adolescent soit ici, alors ? Sans plus d'explications, Vadim pivota vers le dénommé Amaros.

— Je te croyais mort, sale petit con...

— Non, mon vieux, j'ai juste fui Starania avant qu'on ne m'embroche au bout d'une corde, mais... Ça ne changera pas ici, vu que Alhora souhaite en faire de même pour des raisons qui m'échappent.

Nonchalamment, Amaros posa ses coudes sur l'axe horizontal scellant solidement les barreaux entre eux. Ses yeux sinoples sondaient Jaya sur toute sa longueur.

— Je suppose que c'est ton épouse, la princesse d'Alhora. J'ai entendu parler de ton mariage, petit veinard... Madame Vadim, sachez tout d'abord que vous êtes à croquer et que votre peuple m'a emprisonné à tort. Ils pensent que c'est moi qui ai tué un garde et kidnappé je ne sais qui, je n'ai pas tout compris. Ai-je vraiment le physique d'un tueur ? Il faut être réaliste. Il serait donc fort agréable de votre part de me libérer.

— Ça ne sera pas possible, malheureusement. Vous avez outrepassé les lois de mon père, le roi, consistant à ne jamais entrer dans la Forêt des Murmures. C'est une terre qui appartient à Alhora. Même si je vous innocente, ça ne changera pas grand chose. Vous ne serez pas pendu, mais emprisonné.

Amaros soupira, la tempe posée contre l'écrin de sa cage.

— Ça, ce n'est pas très gentil...

— Tu ne resteras pas ici, Amaros. Je vais te faire sortir.

Jaya écarquilla ses grands yeux. Il n'était tout de même pas sérieux ?

— Pardon ? De quel droit ferais-tu sortir ce garçon de prison ? Mon père ne t'accorderas jamais ce droit.

— Qui a dit que j'avais besoin d'un droit, Madame Blanchecombe ?

Elle ouvrit la bouche, outrée.

— Tu... Tu n'oserais pas ! Ce serait désobéir au roi !

— La désobéissance, ça te connaît, tu ne devrais pas te montrer si réfractaire.

Il avait osé ! Elle savait pertinemment qu'il faisait allusion à ce soir où elle avait fui dans la Forêt des Murmures. Fronçant le nez de colère, elle s'adoucit d'une miette quand Vadim la saisit par les bras.

— Je ne peux pas le laisser là sachant qu'il n'a rien fait. Ce n'est qu'un enfant... et j'ai une dette envers lui...

Elle lisait tant de sincérité dans son regard. Il était insupportable... L'incarnation même de l'hérésie. Il allait leur attirer de gros problèmes. Poussant un soupir empreint de résignation, Jaya finit par capituler. Après tout, elle aussi nourrissait une dette envers Vadim pour cette nuit mémorable dans la forêt.

— Mais comment comptes-tu t'y prendre ? La prison est surveillée par des gardes ?

— Tu oublies un détail, Madame Blanchecombe...

Sa main levée, Vadim alluma une faible étincelle bleutée au bout de ses doigts. La lueur scintilla dans l'œil de Jaya et fit brutalement sursauter Amaros.

— Wow ! Attends, Vadim... Elle est au courant ?

Le concerné rappela son pouvoir.

— Oui, dit-il avant de se tourner vers une Jaya confuse. Amaros utilise le Risen, lui aussi. Il est très doué malgré son jeune âge. C'est d'ailleurs pour ça qu'il a fui sa ville après avoir été découvert. Sa tête a été mise à prix, là-bas. Toute sa famille et la branche religieuse le recherche. Mais il a un Risen un peu différent du mien.

— Comment ça ?

— Il peut avoir des... visions, par moment. Il peut voir des scènes du futur avant qu'elles n'arrivent, comme des flashs. C'est un prophète, un don qui se développe chez certains, mais cela reste extrêmement rare, pour ne pas dire inexistant.

Vraiment ? Si cela s'avérait vrai, c'était stupéfiant. Jaya se trouvait bien loin d'imaginer que de telles choses puissent exister.

— Waouh... Décidément, ta femme est incroyable. Belle, noble et ne craignant pas le Risen. Si jamais Vadim se lasse de vous, ou vise versa, je serais ravi d'être votre humble serviteur, princesse...

Vadim lui jeta un œil sévère, telle une mise en garde.

— Ce n'est pas le moment de rire.

— J'aimerais bien pourtant, ça rendrait la situation moins dramatique. À défaut d'avoir des muscles et une belle allure comme toi, j'ai le sens de l'humour. Ce n'est pas le cas de tout le monde... J'aimerais que vous me fassiez sortir d'ici, maintenant. Je ne peux rester dans cette prison, je suis dans l'urgence. J'ai...

Amaros s'interrompit dans sa tirade, revêtant un regard inquiet que Vadim intercepta immédiatement.

— Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce que tu as ?

— J'ai... J'étais dans la montagne, ces derniers jours. J'ai rencontré un petit groupe de marcheurs recueillant les âmes égarées. Ils m'ont aidés à survivre jusqu'à aujourd'hui, après ma fuite. J'ai vu les hommes de ton père gravir les falaises et frapper dans les mines pour y déloger leurs richesses. C'est comme ça que je me suis fait prendre. Je le sens, Vadim... Je l'ai vu...

— Quoi donc ?

— La montagne tremble, l'exploitation de ces terres enneigées ne plaît pas du tout à certaines créatures qui ont été dérangées sur leur territoire. Tirer la subsistance de la terre, déforester et détruire des cavernes pour pouvoir accéder aux minerais, excède et enrage. Je l'ai vu... ce n'est que le commencement. Les armes pour lutter contre les animaux de la forêt sortent doucement la bête de sa transe... C'est écrit dans l'avenir, comme une réaction en chaîne qui déboulera sur quelque chose de très grave. Si tout cela ne s'arrête pas, je crains le pire...

Le cœur de Jaya se serra dans sa poitrine. Que voulait-il dire ? De quelle bête parlait-il ?

— Vadim, tu sais tout autant que moi que ces recherches ne sont pas naturelles, elles troublent la paix dans laquelle les Montagnes Boréales étaient plongées depuis des années. Ils ont enfreint les règles et cet avenir horrible se dessine sous mes yeux sans que je ne puisse rien faire. Je ne sais pas quand cela va se produire, peut-être des mois ou des années, mais elle... Elle va revenir... Elle va s'éveiller...

— Qui ça ?

Amaros plongeait son regard dans celui de son cousin, silencieux, avant de virer vers Jaya. Avec vivacité, il passa son bras à travers les barreaux et saisit le poignet de la princesse, la faisant sursauter de terreur. Un frisson parcourut la paupière de l'adolescent, dont l'œil roula en arrière, tremblant. Ses doigts se resserrèrent autour de Jaya tandis qu'il émettait des gémissements étouffés. Jaya se glaça, tétanisée, et clama :

— Qu'est-ce qui lui arrive ?

— Attend, ne bouge pas...

Face à l'expression alarmée de sa femme, Vadim s'approcha davantage de l'adolescent. Celui-ci s'exprimait dans sa transe, les yeux rivés sur un point invisible au plafond. Des mots inintelligibles que Vadim s'efforça de déchiffrer, en vain.

C... cœur... bleu... le... cr... cri...

Jaya était terrorisée par la scène qui se déroulait sous ses yeux, si bien qu'elle avait envie de fondre en larmes. Amaros en écumait presque, sa main autour de son poignet tremblait et commençait à lui faire mal tant il serrait. Vadim veillait silencieusement sur lui. Ils devaient le laisser revenir à lui, par ses propres moyens.

Le garçon papillonna enfin des paupières, comme s'il cherchait à s'extraire de sa souffrance. Il lâcha du leste sur Jaya, lui permettant de s'éloigner et de masser son poignet rougi. L'adolescent perdit subitement contenance et abattit avec force le plat de sa main, brunie de crasse, sur les barreaux de la cellule.

— Faites moi sortir ! Il le faut !

Son cri vibra dans l'espace confiné, percutant l'âme de Jaya qui se retrouva plaquée contre le mur, comme emportée par l'onde de choc. Vadim, avec expérience, conserva son sang-froid face à son cousin tremblant et si affaibli qu'il en tomba à genoux.

— Amaros, calme-toi, respire... Qu'est-ce que tu as vu ?

Le grincement de la porte attira l'attention du couple princier. Les deux gardes se pointèrent, main au fourreau, attiré par le vacarme.

— Que se passe-t-il ? Il se montre agressif ?

Vadim se redressa, paraissant le plus naturel possible face à son cousin qui peinait à respirer, puis se tourna vers les deux hommes.

— Non, ne vous en faites pas, mes braves. Tout est sous contrôle.

— Si vous le dites, mon prince. Avez-vous terminé ?

— Oui...

— Le verdict de la princesse ?

Vadim appuya un œil suppliant sur Jaya qui, malgré le séisme intérieur la secouant de toute sa rage, ne parvenait pas à saisir pleinement ce qu'elle venait de voir. Tout cela lui laissait un arrière-goût amer sur la langue. Elle avait un mauvais pressentiment. Tout ce que cet adolescent avait dit... Elle voulait en savoir plus. Pourquoi ces exploitations enrageraient les créatures de la forêt ? Que risquait Alhora, si proche ? Mais surtout...

Qui était « celle » qui allait revenir...

Reprenant constance, elle se gonfla d'un air glacial afin de faire redescendre sa peur, puis se tourna vers les gardes, le menton haut.

Le plan était tout trouvé.

— C'est bien l'homme qui m'a enlevée, je suis formelle.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro