
𝐄 𝐏 𝐈 𝐒 𝐎 𝐃 𝐄 - 09 : Une Beauté Captivante 1/5 ✔️
Les tambours cognaient en rythme au lever du jour.
Cassandore s'était réunie sur la place publique dans une ambiance morbide. Les villageois se mêlaient les uns aux autres, espérant voir le spectacle plus aisément que leur voisin. Le brouhaha de leurs voix faisait rage dans l'esprit de Jaya, montée sur le haut promontoire royal, là où elle verrait tout aux premières loges. Entourée des trois membres de la famille Blanchecombe, l'angoisse montait en elle à l'idée d'assister à la suite.
La pendaison des prisonniers staraniens.
Le seigneur Byron avait été catégorique : si ces hommes ne coopéraient pas, il n'avait aucune raison de les garder en vie. Il n'avait pas l'intention de se laisser encombrer par des futilités ; mieux valait divertir le public et utiliser l'événement contre l'ennemi. Cette stratégie leur offrirait un avantage considérable pour les intimider. Pendant ce temps, les gardes encerclaient une structure de bois où trois nœuds coulants avaient été préparés, n'attendant que les suppliciés. Le bourreau les avait soigneusement tissés lui-même pour garantir une exécution aussi propre que possible.
La potence demeurait la principale reine de la journée.
Jaya n'avait pu en parler à personne, pas même à Vadim, debout derrière elle. Personne n'avait conscience du raz-de-marée émotionnel la submergeant de l'intérieur. Elle ne voulait pas voir ces hommes mourir. La mort était pour elle un retour brutal vers le passé.
Or, Vadim, vêtu de son loup, voyait très bien le tremblement de ses doigts réunis le long de son corps. Elle les tordait, les croisait pour les décroiser, avant de revenir à leur place initiale. Il lisait en elle comme dans un livre ouvert, imaginant bien qu'une jeune fille comme elle n'était pas habituée à de tels événements. Son cœur sensible pourrait facilement se décrocher lorsque les corps pendraient de tout leur poids au-dessus du sol. Une détresse intime l'appelait à la consolation. Il n'avait qu'à tendre la main pour cela, l'effleurer pour lui faire comprendre que tout ce passerait bien...
— Tout va bien, princesse ?
Jaya se retourna de concert avec Vadim vers la source de ce murmure : Leftheris. Le cadet eut un frisson de rage silencieux. Pourquoi fallait-il toujours qu'il le devance dans tout ? L'œil mauvais que les deux hommes échangèrent passa inaperçu pour la jolie brune qui baissa piteusement la tête, honteuse d'avoir été surprise à tant hésiter.
— Oh... Oui, c'est juste que... Je n'ai jamais vu d'exécution. Je suis un peu stressée.
— Ça va aller. Il est attesté que la pendaison est l'exécution la plus humaine, car il entraîne une mort rapide et sans effusion de sang.
— Parfaitement, continua Byron. Cette mort a un aspect exemplaire qu'aucune autre ne possède. Vous n'avez pas à avoir peur. La strangulation est certes impressionnante au début, mais l'arrêt net de la chute par la corde provoque une rupture des vertèbres cervicales, entraînant l'arrêt brutal de la respiration et des fonctions cardiaques. La mort est presque instantanée. Ils ne souffrirons pas, ne vous en faites pas, très chère.
Il se voulait rassurant dans ses paroles, mais une pointe d'austérité nimbait sa langue pour exclure tout contrecoup de sa belle-fille. Venant de lui, Jaya prenait ces mots avec davantage de crainte. Elle maudissait cette gentillesse factice. Avec ce qu'elle avait vu dans le cachot, elle n'avait plus aucune confiance en son beau-père qui ne ressemblait à ses yeux qu'à un rat dans une enveloppe exquise.
Soudain, les tambours se mirent à battre plus vite, signant le début des festivités. Un cortège de soldats entourait les trois hommes maintenus par de chaînes lourdes qui enserraient leurs poignets ensanglantés. Les évêques du Temple Ymosien les accompagnaient, guidés par le père Thésélius. Ces malheureux, le visage caché sous un sac noir, étaient escortés vers leur ultime destination, condamnés et méprisés par le peuple. Jaya les observa passer, le cœur lourd et un frisson ébranlant son échine.
— Pourquoi portent-ils de telles coiffes sur la tête ?
— Une tradition cassandorienne, lui répondit Leftheris. On dit que ceux croisant les yeux des êtres à mourir seront hantés par eux. Ce pourquoi nous leur mettons ces sacs, afin de dissimuler leur regard.
D'un côté, Jaya pensa que ces pauvres manants ne verraient pas venir leur trépas. Ils auraient le temps de prier sans être incommodés par les tirs empoisonnés des villageois et des gardes les méprisant. La montée des marches menant à l'estrade finale fut lourde, leurs pas enchaînés résonnaient comme une sinistre mélodie. Chaque homme aveugle fut placé devant une corde. Ils semblaient totalement désorientés, leur cou tournait à gauche, à droite, cherchant désespérément la moindre trace de lumière, d'espoir.
Les évêques, vêtus de leurs élégantes toges, formèrent un bastion au pied de la potence. Ils seraient les chœurs amenant la parole de l'archevêque Thésélius durant la prière. Enfin, le silence revint, plus assourdissant et perturbant encore. Face aux condamnés, le haut gradé religieux s'éclaircit la voix. Celle-ci porta dans la totalité des esprits.
— Mes chers fidèles, enfants d'Ymos, frères et sœurs de la religion, nous assistons aujourd'hui a une bien triste cérémonie. Ymos est amour et miséricorde. Il pardonne tout aux êtres l'aimant profondément. Mais d'autres lui ferment la porte, s'éloignent de lui, oublie de pardonner, d'aimer et de faire preuve de charité. La lumière attire la lumière. Les ténèbres attirent les ténèbres. Ne cherchez pas de réponses auprès des hommes, mais entretenez vous d'abord avec Ymos, en acceptant que votre vérité, votre persévérance dans le mal, n'est pas sa digne vérité. Videz votre cœur de toutes choses, demandez lui pardon pour hériter de la miséricorde de sa faux céleste, qu'il puisse tenir compte de votre trépas et vous accueillir auprès de lui. Calastë Ymos Maïroa.
Le calme suivit le récital du père Thésélius, appris par cœur, mais qui sonnait comme une erreur aux oreilles de Jaya. Aussitôt, un garde posté à l'extrême droite du gibet déroula un parchemin.
— Citoyens de Cassandore, aujourd'hui sonne l'exécution des trois prisonniers de l'armée staranienne. Chers hommes, vous avez été condamnés pour crime de guerre, non-collaboration avec nos dirigeants, affiliation à l'état ennemi et mise en danger de la ville de Cassandore. Vous serez pendus haut et court pour ces faits. Puisse Ymos avoir pitié de vos âmes.
Les tambours reprirent lentement, annonciateurs de la corde. Le bourreau, qui n'était autre que Horngrad, passa le fil autour de chaque gorge, l'ajustant au millimètre près afin qu'il n'y ai aucun bâillement. Il fallait empêcher que cela dure trop longtemps, ce qu'il trouvait extrêmement dommage. L'archevêque et ses accompagnants commencèrent à chanter leur cantique, produisant un air lyrique qui ne rendait cette scène que plus terrifiante pour Jaya.
Une douceur pour un meurtre.
C'était tout proche, bientôt elle les verrait périr. Elle n'était pas prête ; tellement pas. L'angoisse lui apprenait sa danse, frémissante comme les feuilles soufflées par le vent. Elle était retournée dans ce corps d'enfant minuscule marquant son existence à jamais. Si elle s'écoutait, la princesse s'en irait en courant loin de cette scène immorale. Rien ne l'effrayait plus que la mort. Cette mort qui lui avait toujours tout pris. Qui l'avait tant fait de fois pleurer, seule dans sa chambre. Qui avait attisé ses cauchemars où sa mère était dévorée par le Géant Gelé.
Une sueur froide parcourut sa colonne vertébrale. Elle ne voulait pas voir cela... Son âme traumatisée refusait de lui offrir la bravoure nécessaire au point de faire monter ses larmes. Sa plus grande peur se ruait sur elle comme un cheval sauvage, fracassant toutes ses défenses.
Jaya refusait d'être à nouveau confrontée à cela !
Or, il était bien trop tard pour fuir.
D'en bas, Horngrad jeta un œil à Byron, afin d'obtenir son accord. Le roi se devait d'offrir sa main pour clore le spectacle de la meilleure des façons. Ce qu'il fit, lorsqu'il balaya sa paume dans l'air.
Le signal était donné.
Horngrad se rendit vers trois leviers disposés sur la colonne du gibet. De ses deux mains imperturbables et avides de sensations fortes, il les actionna en même temps. Aussitôt, une trappe s'ouvrit dans un grincement effroyable, laissant les suppliciés chuter dans un abîme sans fond. Le claquement assourdissant du bois et les nuques brisées firent sursauter Jaya, frappée par un éclair de terreur. Les yeux exorbités, elle recula instinctivement d'un pas, son dos heurtant violemment un mur.
La corde se banda, les corps se débattirent légèrement avant de s'immobiliser pour toujours.
Ils étaient morts... en même temps que la contenance de Jaya.
Les lèvres entrouvertes dans un cri muet, la jeune femme pâlit encore plus qu'elle ne l'était déjà. Malgré la terreur qui la submergeait, elle était incapable de détourner le regard des cadavres ballotés par le vent, leur danse sinistre la captivant malgré elle.
Elle plaqua une main à sa poitrine douloureuse, l'envie de régurgiter son repas se faisait sentir. Personne ne remarqua sa détresse.
Excepté Vadim.
Elle lui était rentrée dedans en reculant, il lui était impossible d'avoir manqué un tel comportement. Sa masse frêle tremblait contre lui. S'il tendait davantage l'oreille, il aurait pu entendre son cœur appeler à l'aide. La voir ainsi, si faible face à la dureté du monde et de la politique, plus fragile qu'une fleur cueillie par une main mortifère, le consolida à mettre ses distances au cachot pour un instant.
Jaya en avait tant besoin. Besoin d'une main pour l'aider à se relever de ce chaos viscéral.
Lorsqu'elle en sentit une glisser tendrement, presque hésitante, le long de ses doigts fuselés, cachée à la vue de tous, elle leva des yeux humides sur Vadim. Des larmes martelaient la surface de ses perles bleutées et lui aurait presque fendu le cœur s'il n'était pas forgé dans le fer. Il ne rajouta rien, juste une main dans la sienne, une bien maigre consolation, mais qui pour Jaya, signifiait beaucoup. Une preuve qu'il serait là pour elle, malgré tout.
Malgré les refus, la peur et les erreurs.
Le tocsin sonna. Huit coups qui frappèrent le cœur de Jaya. Le Seigneur Byron esquissa un petit sourire satisfait. Ce fut un bien beau spectacle.
❅
— Allez, nous allons retirer le bandage et voir comment ça se passe.
Le soir même, Leftheris s'était dirigé vers l'infirmerie du Beffroi, où l'attendait l'un de ses derniers rendez-vous médicaux. Sa blessure au bras guérissait à vue d'œil, sous les soins attentifs et dévoués de Varvara, qui rayonnait de bonheur à chaque signe d'amélioration chez le prince. Après s'être tant inquiétée pour lui, le voir se rétablir peu à peu lui procurait une joie indicible.
— Votre cataplasme agit très bien, lui sourit-il. Je vois la différence depuis que je l'utilise.
— C'est une fabrication maison à base de sauge bleue et diverses plantes. Je suis heureuse qu'il vous convienne, mon prince.
Assise sur les draps du lit à côté de lui, Varvara décolla le tissu blanc recouvrant la plaie. Un instant, elle croisa le regard argenté du jeune homme posé sur elle.
— Je vous en prie, appelez-moi Leftheris. On se connaît depuis longtemps, tout de même.
Varvara hoqueta par le rebond douloureux de son cœur. Leftheris était entré dans ses yeux avec une profondeur déstabilisante.
— Oh, je... je n'oserais pas.
— Je vous en prie, ne soyons pas si formels. Je ne suis pas mon père.
— Bon, euh, oui... oui, si... si vous le voulez, finit par marmonner, les joues rouges.
La jeune femme lui esquissa un doux sourire qu'il intercepta comme la plus belle des déclarations. Il ne la laissait pas indifférente, il avait pu s'en rendre compte au fil des jours à venir ici quérir des soins. Les gestes corporels ne mentaient pas, les signes révélateurs. Le pouls battant, les mains tremblantes, le regard fuyant, les lèvres tendres. Il avait appris à lire dans les comportements avant même d'avoir su se battre. Déceler la faiblesse des autres, autant les ennemis que les femmes, était un point fort pour un futur général de sa trempe. Car aucun esprit ne pouvait le tromper.
Surtout pas ces magnifiques yeux noirs, brillants telles deux étoiles dans la nuit.
— Varvara !
De l'autre côté de la chambre, Omaima était à portée de vue. Concentrée jusqu'alors sur son mortier à broyer des plantes diverses, la femme lança un regard sévère à sa fille, la dissuadant de poursuivre sa conversation. Varvara aurait tant aimé être seule avec le prince, échanger avec lui sans la présence de sa mère. Cependant, cette dernière lui refusait le droit d'engager des discussions prolongées avec Leftheris, arguant qu'il ne fallait pas déranger le prince pendant son repos. Pour cette femme qui avait consacré sa vie à servir la famille Blanchecombe, une domestique devait savoir garder sa place et ne pas interférer avec les classes sociales.
Mais pourquoi ne pouvait-elle pas juste être amie avec lui ?
Leftheris vit très clairement le changement d'attitude de la demoiselle. Le simple élan de sa mère l'avait ternie. Son sourire solaire avait disparu, ce qu'il déplora copieusement.
— Omaima ?
Une domestique arriva de la grande porte, échevelée. L'intendante obliqua hors de ses décoctions parfumées lorsque son nom fut crié.
— Nous avons besoin de toi dans la salle des repas.
— Pourquoi ?
— Le dîner doit être servi sous peu et il nous manque du temps pour terminer le potage aux herbes favori du Seigneur Byron. Il n'y a que toi ici qui connaît parfaitement la recette.
Omaima fit claquer sa langue contre son palais. Et ses cataplasmes ? Qui allait s'en occuper ? Mais surtout, qui allait surveiller Varvara ? Celle-ci, les yeux braqués sur la nouvelle arrivante, s'occupait de désinfecter les plaies du prince. La laisser seule avec lui l'inquiétait, car elle n'était pas stupide...
Elle savait que sa fille développait des sentiments à son égard.
Il était beau, populaire et d'une gentillesse effarante. Tout le monde l'aimait, il avait tout pour plaire. Or, il était bien trop vieux pour elle, trop mûr, bien trop noble et Varvara... Bien trop innocente. Mais pas que... Non, Omaima restait catégorique. Les sentiments neufs de sa fille étaient bien trop précieux pour qu'on se joue d'elle. Cette mère sévère mais dévouée ne le supporterait pas.
Mais comment ignorer ses obligations ?
— Ça va, j'arrive...
— Merci, tu nous sauves la vie. On sait tous que le seigneur Byron a un faible pour ta cuisine. Le repas de ce soir sera une réussite !
Omaima roula des yeux lorsque que sa consœur, satisfaite, s'en alla. Avant de partir, la matriarche jeta un œil lourd de sens à sa fille.
— Je reviens sous peu. Lorsque tu auras fini d'apporter les soins au prince, tu me feras le plaisir de t'occuper des taches du hall.
— Oui, mère.
Son regard en disait long : ne fais pas l'idiote, je te surveille. Voilà ce que Varvara entendait malgré elle. Lorsque sa mère quitta l'infirmerie, la jeune fille soupira. Une pression immense gonfla dans sa poitrine. Pourquoi ne pouvait-elle pas vivre un petit peu ? La vie ne se résumait pas simplement au travail et à la discipline...
— Votre mère est un peu dure avec vous, on dirait.
Le blond attira l'œil de la jeune servante. Baissant les yeux, elle continua lentement de tapoter un coton imbibé de lotion sur les coutures de son bras.
— Elle fait ça pour mon bien.
— Je comprends, mon père a adopté cette attitude avec moi durant toute mon enfance jusqu'à aujourd'hui, afin de me préparer au mieux au règne qui m'attend. L'insouciance de mon adolescence a été souvent éclipsée par la rigueur de l'entraînement et l'assiduité du travail qui prévalaient, je ne m'amusais pas beaucoup, pour ne pas dire jamais. Vous savez, ils ne font pas cela pour nous ennuyer, mais faire de nous des adultes responsables.
— J'ignore encore ce que c'est d'être réellement une adulte, je viens seulement d'avoir vingt-et-un ans.
— Joyeux anniversaire, dans ce cas.
Cette réplique fit rire Varvara contre son gré, ravissant les oreilles du prince qui le compara au pépiement d'un oiseau. Ce qu'il pouvait être drôle, par moment. Cela contrastait avec son allure toujours droite et imperturbable. L'hilarité passée, leurs regards s'entrechoquèrent, ramenant le calme de la contemplation. Il était si proche d'elle, comme dans ses rêves les plus fous. Cet homme était si formidable, si beau qu'elle aurait pu tout faire pour lui. Juste pour un mot, un geste...
Mais lui... Jamais il ne s'intéresserait à elle. Elle n'était pas assez noble pour ça.
— Co... Comment s'est passé l'exécution, aujourd'hui ?
Quel drôle de façon d'entamer une conversation ! pensa-t-elle. Varvara se donna une énorme gifle mentale. Leftheris allait la prendre pour une cinglée. Or, celui-ci, sans la lâcher des yeux, lui répondit sans pression.
— Pour le mieux, du moins, dans l'organisation. On ne peut pas vraiment dire que ce soit bien passé.
— J'imagine bien.
Effectivement, cet événement n'était pas des plus réjouissants... Tout à coup, Varvara appuya un peu trop fort sur la plaie avec son coton, faisant grimacer Leftheris.
— Désolée.
— Ce n'est rien. Vous n'avez pas à vous excuser.
Leftheris lui jetait des coups d'œil insistants et lorsqu'elle en intercepta un, il barra ses lèvres d'un fin sourire dévoilant des dents immaculées. Un carnassier se jouant d'une proie affaiblie par sa beauté. Ce qu'elle était réellement, à y penser. Pourquoi la regardait-il si intensément ? Il lui faisait perdre tous ses moyens sans même l'avoir touchée. Ce si grand prince, futur roi aimé de tous... Elle vacillait pour lui. Le cœur tambourinant face à son corps de granite taillé par la guerre.
— Varvara... Puis-je ?
La jeune femme resta immobile, offrant à Leftheris le loisir d'effleurer son visage d'une caresse tendre du bout de l'index. Bien qu'elle ait été présente dans sa vie depuis toujours, il ne l'avait jamais réellement remarquée avant récemment. Il réalisait à quel point cette petite fille aux cheveux bouclés qui courait derrière sa mère à travers le Beffroi avait grandi. Il se souvenait des sourires candides qu'elle lui lançait parfois, lorsqu'il la croisait, de ses yeux brillants d'innocence.
Elle était devenue si jolie, si femme... Ses pensées lubriques ne faisaient que la sublimer davantage à ses yeux. Alors, il pencha son torse nu vers elle, faisant vibrer ses entrailles. Sa respiration se coupa net lorsqu'elle agrippa sa main qui frôla sa joue bronzée, l'arrêtant dans son élan. Ils étaient le jour et la nuit, le noble et la pauvre... Mais est-ce que cela empêchait quelque chose ?
Tout était si parfait, comme dans ses rêves... Était-elle en train de dormir ?
Lorsque Leftheris captura ses lèvres, Varvara eut sa réponse. Rien de tout cela n'était un rêve. La réalité s'offrait à elle, libérant un amour auquel elle s'abandonna sans penser aux conséquences.
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