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𝐄 𝐏 𝐈 𝐒 𝐎 𝐃 𝐄 - 01 : Le Bal de la Floraison 1/5 ✔️

Quinze ans plus tard...

Le vent soufflait.

Un bruissement de feuilles survint, suivi d'un craquement sonore. L'astre diurne brillait dans le ciel, surplombant une masse de conifères presque disparue sous un manteau neigeux. Les oiseaux jouaient entre eux, admirant d'un œil taquin la scène se déroulant sous leur plumage. Une scène où Jaya était aux premières loges.

L'envol d'un cœur battant à tout rompre ; les pas précipités d'une course ; un œil vif et luisant éclatant la pénombre des arbres.

Le Wolpertinger s'arrêta finalement, observant avec peur les alentours boisés et inquiétants. Jaya arma discrètement son arbalète. Son souffle ralenti. Elle devait entrer en connexion avec la nature pour mieux s'y fondre. Les feuilles ne bruissaient qu'à peine sous son passage. Sa proie, sa cage thoracique multipliant des souffles fous, promenait ses grands yeux sur les environs avant de reprendre sa course effrénée. La jeune femme la suivit, mais le lapin à cornes s'immobilisa, pantelant.

Il sentait.

Il savait que quelqu'un en avait après lui.

Sa silhouette tapie dans l'ombre des feuillages, Jaya respira lentement pour ne pas révéler sa position. C'était à se demander si l'air continuait de passer dans ses poumons. La tension demeurait palpable, électrifiée, comme les battements de son cœur. Par le calme troublant, les oiseaux avaient cessé de chanter. La corde raide se banda, de concert avec ses épaules. À travers les strates de buissons épineux, seules quelques mèches de ses cheveux noirs maintenus en chignon et son regard luisant de détermination dépassaient.

Le verrouillage était activé, nul moyen de revenir en arrière.

La pointe de sa flèche brilla sous les rayons du soleil. Le vent fit grincer les branches, alertant la minuscule bête à fourrure et à cornes qui se carapata pour sa vie, décollant du sol par intervalle.

Il était temps de passer à l'action.

Le projectile partit à une vitesse fulgurante. Il trancha le voile de neige sur son sillage et siffla jusqu'à atteindre l'arrière-train de la créature. Elle s'échoua au sol en pleine course, hurlant de toutes ses forces. Son rugissement déchirant s'enlaça de notes aiguës et grinçantes en gorge. L'animal se débattit et gratta le sol en formant des trouées profondes dans la terre givrée. L'odeur forestière qui s'en dégageait était agréable, mais fut bientôt masquée par celle âcre du sang. Elle se paralysa finalement.

Enfin, Jaya sortit de sa cachette végétale. Son corps élancé, enroulé dans une cape brune parfaitement équarrie, elle se rapprocha de la bête déjà morte. Touchée à la moelle épinière, elle n'avait aucune chance de survie.

Pauvre bête...

Suspendant l'animal par ses longues oreilles, elle l'admira avec satisfaction. Un sourire penaud fendait son visage. C'était une belle prise, elle avait même du mal à la tenir tant sa lourdeur pesait sur son bras frêle.

Tiordan et Symphorore allaient être verts de jalousie.

Jaya adorait chasser dans ce petit bois environnant de sa cité natale. Cela lui permettait de quitter le palais durant quelques heures, en cachette, elle qui n'avait pas le droit d'en sortir sans autorisation ; surtout pas pour partir à la chasse. Ce genre d'activités disgracieuses n'était pas réservé aux membres de la célèbre dynastie Northwall, encore moins à la fille du roi.

S'il savait dans quelle pâture boueuse sa précieuse fille se roulait, son père la tuerait à coup sûr ! Ou la placerait au couvent...

Des bruissements de feuilles attirèrent son attention. Ses paupières se plissèrent comme celles d'une taupe lorsque le soleil lui cognait au visage. Elle fit visière à l'aide de sa main libre et au loin, deux silhouettes se dessinèrent dans la blancheur des lieux. La jeune femme n'eut besoin que d'une seconde pour reconnaître ses deux amis.

— Jaya ! Te voilà ! Tu ne vas jamais croire ce que Tiordan a attrapé !

La voix stridente de sa meilleure amie d'enfance, Symphorore, lui perça les tympans. Une seconde, l'appelée vint à regretter le calme jusqu'alors délicat de la forêt. Les lèvres fines de son amie s'étirèrent de joie, tandis que ses cheveux châtains maintenus en deux nattes virevoltaient de chaque côté de son visage. Jaya ne se lasserait jamais de lui dire à quel point elle était jolie.

— Sûrement pas une aussi belle prise que moi ! Regardez ça, j'ai un wolpertinger d'environ quatre kilos, se pavana-t-elle, en exhibant son trésor encore chaud.

Elle n'eut le temps d'en dire davantage qu'un cri lui échappa contre son gré. Tiordan, le seul garçon du trio, déboula derrière Symphorore, le visage gonflé par l'effort. Un énorme cerf sika était posé sur ses épaules musclées. Une brindille feuillue pendouillait sur sa tête, accrochée à ses cheveux en bataille, et tombait devant son œil. Il en avait vu de toutes les couleurs avec cette bête.

— Je n'ai pas pu le laisser fuir, même s'il a été... difficile à tuer. Il doit peser pas loin de soixante kilos. Ça ravira pas mal de monde, ce soir, gloussa-t-il, malgré le poids douloureux. Alors, Jaya, qui a la plus belle prise ?

Son air goguenard obligea la princesse à faire une moue boudeuse. Elle n'aimait pas perdre et ça se voyait sur son visage. Néanmoins, elle arriva à oublier sa défaite lorsque Tiordan déposa l'animal au sol et manqua de partir avec, attiré par le poids. Son cri ridicule fit rire Symphorore qui, comme à son habitude, explosa telle une bombe de joie. Jaya ne tarda pas à la rejoindre, alors que Tiordan réclamait leur aide afin de ramener ce gros bébé en ville.

Ensemble, ils repartirent vers cette gigantesque masse bleutée qui rutilait au bout du chemin. Alhora se dévoilait, parsemée de glaces et de roches immémoriales délivrées par les montagnes qui la bordaient. Lorsqu'ils passèrent sur les abords de la cité, sur une route de terre formée par le passage des charrettes, l'agitation des habitants en plein travail de création se fit sentir. Malgré leur maigreur et leur pauvreté, certains décoraient encore les toits et les guérites avec des guirlandes. Les fleurs nouvelles et les bourgeons seraient exposés sur la place centrale, en face du château, pour la fête de ce soir.

Tous les ans, les alhoriens s'efforçaient de faire naître le plus de fleurs possible, afin de perpétuer la nature à laquelle ils étaient si attachés et qui peinait à pousser dans ces climats froids. La Fête de la Floraison était un événement que tout le monde attendait avec impatience, un rite festif pour la vie et l'agriculture du peuple.

Les racines du Grand Arbre, surplombant la totalité de la grande place, sortaient par endroit et craquaient les pavés, donnant l'impression qu'il souhaitait quitter la terre et marcher de lui-même vers la liberté. Il avait été le miraculé de l'attaque du Géant, quinze ans auparavant. Les bourgeons des Fleurs Flocons s'ouvriraient dès ce soir dans ses feuillages. Le cadeau que leur faisait leur dieu, Ymos, gardien de l'Hiver, en échange de leurs bonnes et loyales offrandes.

Cette année, la floraison serait magnifique, Jaya le sentait.

D'autres chasseurs emmitouflés dans des manteaux doublés revenaient du bois, le nez écarlate et gonflé par le froid. Leurs bras et besaces étaient chargés de viandes pour le banquet. Une horde d'enfants vint les accueillir, extasiés devant tant de nourriture. Certains scandaient le nom de Jaya avec une admiration candide. Elle sourit, ses doigts fins balayèrent les cheveux de ces adorables chérubins avant qu'elle ne pointe Tiordan derrière elle, allongé à même le sol et toujours en plein combat avec le cerf qu'il n'arrivait plus à porter.

— Allez aider mon camarade, les enfants. Je crois qu'il en a plus besoin que moi.

Obéissant à ses ordres, les petits accoururent pour dégager son comparse, accompagnés de leurs parents. Jaya et Symphorore riaient de son acharnement et ses lamentations. Lorsque le poids s'allégea pour lui, Tiordan se redressa, les bras et le visage recouverts de griffures imprimés sur sa peau naturellement halée. Voyant que les filles se moquaient gentiment de lui, il les rejoignit en leur tirant la langue.

Jaya connaissait Tiordan et Symphorore depuis toute petite. Ils avaient toujours été proches, car leur défunte mère, Amelia, faisait partie des domestiques du palais. Souvent, elle les emmenait avec elle pour tenir compagnie à la jeune princesse. Le roi et la reine ne s'étaient jamais opposés à cela.

Symphorore était un peu comme sa petite sœur ; plus rebelle et drôle qu'elle. Quant à Tiordan, une certaine complicité le liait à Jaya en secret. Devant les yeux de tous, ils paraissaient comme des amis proches, mais lorsque la nuit tombait, depuis presque un an, ils se retrouvaient dans les écuries royales, où personne ne pouvait les surprendre.

Le sourire si éclatant et la beauté de Tiordan rappelaient à la jolie brune leurs moments de tendresse, ses mains câlines sur sa peau, la douceur de ses bras autour d'elle lorsqu'il la surplombait, tel le ciel le plus sublime du monde. Néanmoins, le couple ne pouvait pas encore exposer leur bulle au grand jour, car Jaya n'avait pas encore atteint sa majorité. Elle n'avait pas l'âge de connaître l'amour selon les règles saintes, pourtant, elle était sûre d'une chose : Tiordan était celui quelle voulait pour le restant de sa vie. Elle l'aimait avec tendresse, pureté, dans l'interdit qu'imposait son rang.

Ils s'étaient fait une promesse, en cachette ; lorsqu'elle aurait vingt ans, le mois prochain, ils dévoileraient leur amour et lui, irait demander sa main à son vénérable père. Certes, Tiordan n'était pas noble. Une princesse de dynastie se devait d'épouser un homme de son rang. Or, il lui était impossible d'imaginer sa vie avec quelqu'un d'autre. Elle ne pouvait rêver plus belle histoire, plus bel avenir pour leur couple si le roi acceptait de les unir. S'il refusait, son esprit de feu ne pourrait le supporter.

Si elle connaissait leur proximité avec Tiordan, Jaya était sûre que Symphorore serait folle de joie.

Soudain, des hennissements sortirent la princesse de ses pensées. Des sabots accouraient dans leur direction, claquetant avec ferveur. Au fond du chemin de terre, de luxueux traîneaux à toitures arrivèrent, prêts à entrer en ville, tirés par d'élégants chevaux. Des gens se décalaient, gardant leurs enfants proches d'eux pour les laisser passer sans danger. Le trio en fit de même et, très vite, Jaya reconnut parmi les carrosses des provinces voisines, le bleu marine appartenant à sa famille.

Ils étaient tous là pour le bal de ce soir, au palais. Son père les avaient tous invités, à son plus grand dam.

— Les bouffons sont arrivés, lança Tiordan, en retirant les feuilles de ses cheveux.

— Malheureusement. Et je vais devoir me les coltiner durant tout le bal, déplora Jaya, à son tour. J'aurais préféré passer la Fête de la Floraison avec vous.

— Dis-toi que c'est juste un mauvais moment à passer. Au pire, tu pourras nous rejoindre quand la plupart auront un peu trop abusé du jus d'éclipse.

Un gloussement idiot s'échappa de Symphorore. Elle n'avait pas tort, pensa Jaya. C'est une possibilité qu'elle risquait bien d'envisager, si l'ennui s'invitait à la danse. Elle connaissait un passage secret menant hors du palais.

— Eh, vous trois ! Venez nous aider à emporter tout ça sur la grande place ! Princesse Jaya, cela ne vous dérange pas ?

Le trio se retourna en direction d'un artisan en pleine création florale. Ses mains usées par le travail à la mine modelaient la terre brune dans une jarre où des longues tiges bleutées s'enroulaient à plaisir. De toute sa gentillesse, Jaya lui répondit :

— Pas le moins du monde, mon brave.

D'un accord commun, les trois amis décidèrent d'aller apporter leur main à la fabrication et à la décoration, afin que tout soit prêt pour ce soir. Symphorore, vive comme une puce, s'élança et devança ses comparses. Jaya et Tiordan se regardèrent intensément durant quelques secondes. L'amour qu'il lui portait hurlait de ne pas pouvoir l'embrasser comme il le voudrait. Elle ressentait la même chose. Ce pourquoi, la noble demoiselle scella sa main dans celle du jeune homme et avec un sourire amoureux, le traîna vers l'effervescence de la grande place.

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