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Une Grande Nouvelle 5/8 ✔️

Une feuille tomba de l'arbre élevé de l'autre côté de la fenêtre.

L'automne approchait à grands pas. L'été ne durait jamais longtemps dans le sud de Glascalia et la fraîcheur du nord revenait toujours très vite. Jaya déplorait ce cycle naturel contre lequel elle ne pouvait lutter. Bientôt, elle allait ressortir son épaisse cape de fourrure fétiche de sa garde-robe. Adieu la douceur du soleil...

Dans le retrait paisible des servantes, Jaya et Varvara, assises côte à côte, tissaient de larges étoffes aux teintes brunes et noires, destinées à la confection de capes. Cette salle au parquet poussiéreux, dédiée au repos des domestiques, abritait un cercle de sofas certes moins somptueux que ceux du salon de thé, mais tout aussi accueillants et confortables. Une fine toile d'araignée trônait au plafond, témoignant d'un certain abandon malgré les efforts inlassables de ces femmes pour entretenir le Beffroi. Toutefois, un vase garni de fleurs fraîches, disposé près de la porte, apportait une touche de gaieté et de lumière à cette atmosphère mélancolique.

Entre deux grandes bibliothèques à moitié vides, une fenêtre aux rideaux ouverts donnaient sur la cour du Beffroi. La lumière du jour s'y infiltrait ; la poussière soulevée par la secousse du linge donnait l'impression de minuscules flocons de neige dansant dans ce lieu où le calme demeurait légion.

Jaya n'était pas très habile avec la couture. Son ancienne gouvernante lui avait appris cet art et la broderie plus jeune, mais cela ne l'avait jamais intéressée, elle, la petite tête brûlée pleine de rêves d'aventures. Passer des heures à piquer du tissu et ses doigts par la même occasion... Très peu pour elle ! À cet instant, la princesse le réalisait vraiment quand elle voyait que ses points n'étaient pas aussi bien faits que ceux de Varvara. Elle sourit intérieurement. Dame Guilda aurait été si déçue d'elle. C'était une femme passionnée qui pouvait rester des jours à tenter de maîtriser l'ensemble des variations du potage aux haricots. Jaya ignorait d'ailleurs si c'était son savoir-faire, sa patience à toute épreuve ou son courage extraordinaire qui l'avait le plus fascinée et marquée durant son enfance.

Elle avait dû quitter le château lorsqu'elle était tombée enceinte, alors que Jaya n'était âgée que de quatorze ans. Aujourd'hui, si Dame Guilda avait été informée que sa petite protégée attendait à son tour un enfant, elle l'aurait ensevelie sous une myriade de conseils avisés pour accueillir au mieux ce petit être fragile. Peut-être lui aurait-elle appris à tricoter des couvertures de laine pour le préserver du froid... ?

Les yeux perdus par la fenêtre, Jaya regarda choir une nouvelle feuille rousse de l'arbre. À cette allure, la cour en serait bientôt inondée. À ses côtés, Varvara délaissa une minute ses capes posées sur ses genoux pour l'observer. Son amie paraissait lointaine, perdue dans ses pensées. Cela faisait plusieurs minutes qu'elle n'avait pas dit un seul mot. Dans le silence, la couture était bien plus ennuyeuse qu'elle ne l'était déjà.

— C'est calme, ce matin, n'est-ce pas ?

La voix de Varvara résonna comme un son de cloche dans l'esprit de Jaya. Ses yeux clairs, encore flous de ses souvenirs, atterrirent sur la jeune servante qui lui souriait.

— Oh, oui... lui répondit-elle, après avoir repris ses esprits. On dirait même que le Beffroi est en sommeil.

— J'espère que ça va durer encore pour toujours, mais j'ai peu d'espoir...

Le sourire ténu de Jaya se fana. Au fond d'elle, elle savait que Varvara évoquait la guerre qui se profilait à l'horizon. Qui ne souhaiterait pas une paix immuable face à l'ombre menaçante du mal ? Elle pouvait ressentir sa peur et son inquiétude sans même l'avoir touchée. L'Alhorienne partageait pleinement ses sentiments... et l'arôme du fer chauffé ne cessait de leur rappeler, avec une cruelle insistance, la réalité qui leur faisait face.

— J'ai tellement peur, si vous saviez, princesse. Je redoute chaque jour qui passe...

— J'ai peur aussi, tu sais... Mais tout ira bien. Cassandore est protégée, le seigneur Byron et les princes font tout leur possible pour nous mettre en sécurité et prévenir en cas d'assaut.

— Oui... Mais j'ai peur aussi pour eux, justement.

— Surtout pour Leftheris, n'est-ce pas ?

Varvara jeta un regard rond sur la princesse. Par Ymos, que se passerait-il si sa mère était là et surprenait leur conversation ? La jolie métisse vérifia discrètement qu'elles étaient bien seules, et heureusement, la pièce demeurait vide. Jaya avait décoché sa flèche et touché en plein cœur. Varvara se sentait d'autant plus vulnérable lorsque ses pensées impures se dirigeaient vers lui.

— Chaque jour, je le vois partir. Chaque jour, j'ai peur qu'il ne revienne pas. Qu'il lui arrive malheur comme quand les staraniens ont attaqué le mur. Maintenant qu'il est officiellement devenu général, l'armée dépend uniquement de lui. Il sera de moins en moins présent. Je... Je ne sais pas comment je vais supporter ça.

Sous les yeux lourds de Jaya, Varvara baissa la tête, les lèvres pincées d'amertume.

— Je... je l'aime tellement, si vous saviez.

— Je le sais, Varvara. Je sais tout...

Savait-elle réellement... tout de leur relation ? La honte entortilla ses tripes, remonta dans son œsophage et lui donna d'horribles brûlures dans la gorge. Déglutir ne fit qu'accentuer cette désagréable sensation d'impuissance la rongeant de l'intérieur.

Jaya lui prit les mains ; elles tremblaient entre les siennes.

— Je comprends comme tu peux souffrir. Vadim aussi n'est pas très présent, ces jours-ci. Ils font tout pour protéger au mieux la cité. Ce n'est qu'une mauvaise passe, tout va finir par s'arranger. Et peut-être qu'un jour, bientôt... votre amour pourra être vécu au grand jour.

— Non, ma mère m'a interdit de m'approcher de lui.

Devant ces mots jetés de but en blanc, sans la moindre trace d'hésitation, Jaya fronça les sourcils.

— Pourquoi ?

— Parce qu'elle sait pour mes sentiments... Elle n'acceptera jamais notre amour parce qu'elle a été abandonnée par mon père. Elle nourrit une haine incommensurable envers les hommes. Elle pense que parce que Leftheris est noble, il ne pourra jamais m'aimer. Mais c'est faux ! Je le sais. Quand il vient me voir, quand il me regarde, quand il... me touche... Je le sens...

— Tu t'es donnée à lui ?

La question qu'elle redoutait tant... Enfin, Jaya avait osé la lui poser. Varvara baissa les yeux, étouffée par l'incertitude. Que penserait cette respectable princesse en découvrant ce qu'elle avait fait avec Leftheris ? À son âge, sans être mariée et sans même avoir réfléchi aux conséquences. Par Ymos... Jaya la verrait comme une jeune fille souillée, une traînée juste bonne pour le dépotoir pour avoir trahi sa religion par amour. Ou même pire... Et si elle décidait de tout révéler à sa mère ? Le châtiment serait implacable.

Or, Jaya conservait un œil aussi doux qu'une plume à son égard.

— Tu peux me le dire, je ne te jugerai pas. Le vœu d'Ymos est immoral à mes yeux.

Comment pouvait-elle tenir de tels propos, elle, une princesse élevée dans une foi si stricte ? Comme si... Ymos n'avait pas d'importance. Son regard l'incitait à libérer sa conscience et partager les tourments qui pesaient sur son âme. Jaya dégageait une bienveillance si intense qu'elle en rayonnait. À tel point que la confiance s'installa progressivement dans l'esprit écorché de Varvara.

Jamais elle ne la trahirait.

— De... Depuis un moment... Il vient parfois me... me voir en pleine nuit, dans ma chambre. Souvent très tard.

Jaya soupira. C'était bien ce qu'elle pensait... Varvara avait vraiment sauté la dangereuse barrière qu'elle avait failli franchir avec Tiordan, fut un temps.

— Je sais ce que vous devez penser, princesse... Que je ne suis qu'une idiote, une fille facile peut-être, qui n'a pas respecté sa religion et les paroles de sa mère... Que je ne pourrais jamais me marier, du coup. Mais je l'aime... Je l'aime tellement. Si je dois épouser un homme, je veux que ce soit lui... pas un autre. Lui seul... et ça n'a rien à voir avec son rang de prince.

Ses doigts se crispant autour des siens, Jaya assista à la première larme que versa son amie. C'était une vision insupportable pour elle au point où la seule idée lui venant dans l'immédiat était de la rassurer. Tirant sur ses mains, la noble épouse l'attira à elle pour la serrer dans ses bras. D'abord surprise, Varvara se laissa aller contre son épaule où une seconde larme se perdit. Un réconfort si chaleureux...

— Jamais... Jamais je ne penserai cela de toi. Tu n'as fait qu'écouter ton cœur, c'est la preuve d'une pureté immense sommeillant en toi. L'amour nous fait parfois prendre des chemins bien différents de ceux que l'on s'était imaginé à la base. Si tu penses vraiment qu'il est le bon, accroche-toi, ne laisse personne tenir la plume à ta place quand tu écris ton histoire. Noble et roturier peuvent s'aimer si fort, si tu savais. Je suis persuadée que Leftheris t'aime en retour.

Se séparant légèrement d'elle pour regarder son beau visage, Jaya glissa une main tendre dans ses cheveux bouclés.

— Comment ne pas aimer quelqu'un comme toi ?

Un sanglot, un sourire offert à cette si bonne et noble princesse au cœur d'or. Elle la rendait plus vivante que jamais, lui donnait l'impression d'enfin exister dans cette tour si froide.

— Merci...

Jaya lui rendit son sourire et baissa un instant les yeux.

— J'ai un secret à te livrer, moi aussi...

Varvara releva la tête vers elle, intriguée. Un secret ? Lui faisait-elle vraiment cet honneur ? Jaya saisit les mains de la jeune servante et les déposa sur son ventre. D'abord confuse, celle-ci tenta de déceler une quelconque raison d'agir aussi bizarrement avant d'être frappée par l'évidence. Elle retint un souffle. Ses yeux noirs s'illuminèrent comme deux étoiles dans la nuit.

— Est-ce... ce que je crois ?

Le sourire timide de Jaya en disait long. Désormais loin des larmes, Varvara étira radieusement ses lèvres charnues.

— Vous êtes enceinte... C'est merveilleux ! Tellement merveilleux ! Je n'y crois pas ! Le prince Vadim est-il au courant ?

— Non...

Soudain, la métisse perdit sa gaieté face au ton attristé de son amie. Jaya continua :

— Pas encore, du moins. Personne ne l'est, à part toi et ta mère.

— Pourquoi ne pas le dire ? C'est quelque chose de magnifique. Un petit enfant au Beffroi... Par Ymos, cela va apporter tant de joie entre ces murs.

— Je le sais, mais... j'ignore encore comment Vadim va réagir. Ça m'inquiète beaucoup. Il a perdu sa mère, suite à un accouchement difficile, et je crains qu'il n'accepte pas. Je sais qu'il va falloir que je me dépêche de prendre ma décision... Lui dire, car ma grossesse va bientôt finir par se voir. J'en suis exactement à trois mois et demi, selon la dernière expertise de ta mère. Presque quatre mois.

Chagrinée, Varvara ressentait toute l'incertitude de la brune qui, lentement, caressait son abdomen. De tendres et doux massages pour flatter et consoler le petit être y vivant.

— Je le sens bouger depuis quelques jours... Ça fait tout drôle. C'est indescriptible. Il cherche désespérément à montrer son existence et... je sens qu'il aura un fichu caractère s'il se dévoile si agité aussi tôt.

— Comme son père...

Jaya esquissa un sourire mélancolique à l'évocation de son mari. C'était là une réalité à la fois douce et effrayante...

— Mais j'ai si peur...

Cette fois, Varvara vit sa lèvre inférieure trembler. Elle peinait à retenir ses émotions probablement à fleur de peau. On lui avait raconté qu'attendre un enfant pouvait chambouler le tempérament et les réactions. Visiblement, ces rumeurs se révélaient plus vraies que jamais. Désormais, c'était à elle de la rassurer.

— Vous n'avez pas à avoir peur, je suis certaine que le prince Vadim sera l'homme le plus heureux du monde et que ce fruit de votre amour le scellera à tout jamais. Ce sera un enfant merveilleux... comme sa mère.

Le pensait-elle vraiment ? Jaya osait y croire. Était-elle si merveilleuse que ça ? Parfois, elle se fatiguait elle-même tant elle était ennuyeuse, impulsive et têtue. Merveilleuse était un si mauvais synonyme pour la décrire. Mais ce qui était certain, c'était que son bébé le serait, lui, qu'importe son caractère ou ses préférences. Et Vadim ne pourrait que l'aimer.

Pour sa part, Jaya était déjà tombée amoureuse sans même l'avoir rencontré.

Écartant les amas étouffants de capes inachevées, Varvara se leva en emportant le regard de sa camarade dans son mouvement.

— Et si nous laissions un peu ces capes pour aller déjeuner, princesse ?

La moue éclairée de Jaya revint doucement face à cette proposition. Le long gargouillement de son estomac ponctua sa réponse.

— Avec plaisir, je suis affamée.

— Ma mère a mitonné toute la matinée. Au menu, soupe de palourdes épicées aux pois, filets de daurade arc-en-ciel et en dessert, une tarte miel-yrtans.

La douceur sucrée et fruitée frétilla sur le palais de la brune qui s'imaginait déjà en train d'en dévorer une part.

— Oh, mes papilles vous remercient !

Dans un rire commun, les deux jeunes femmes quittèrent le retrait des servantes, chacune soulagée d'un poids à son degré. Plus confiantes et amies que jamais.

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