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Un Mariage Béni 2/3 ✔️

Pour sa sécurité, il avait été décidé après le mariage que Jaya devait aller vivre quelques temps avec les Blanchecombe à Cassandore. Avec l'histoire montée par Vadim, le roi Frost refusait qu'elle revienne tant que « l'intrus » n'aurait pas été retrouvé et mis hors d'état de nuire. C'était un nouveau coup dur. Elle n'avait pas envie de quitter ses repères pour aller dans cette ville qu'elle ne connaissait pas. Surtout pas seule avec Vadim et sa famille. Elle y avait songé toute la journée au point de s'en faire des cheveux blancs. Même le repas de mariage était passé à la trappe à ses yeux tant elle était détachée, tout comme les nombreuses félicitations au château. Les festivités avaient glissé sur elle avec indifférence.

Si sa sécurité personnelle n'était pas en jeu, elle aurait avoué à son père la tromperie, juste pour rester à Alhora. Hélas, elle n'avait même pas eu l'occasion de voir Symphorore. Cela faisait plusieurs jours qu'elle n'avait pas quitté le palais. Avec ce mariage maudit, grappiller un peu de liberté serait encore plus difficile. La princesse se sentait étouffée, surtout quand elle croisait le regard de Vadim.

Arrivé le lendemain matin, sous une belle aube roussie, il était l'heure de partir pour Cassandore. À peine mariée, la voilà déjà évincée de sa propre propriété à cause d'une histoire stupide et fausse. Le cocher plaça ses bagages sur le socle à l'arrière du traîneau couvert dans lequel elle allait voyager en toute intimité avec Vadim. Le carrosse était réservé au père Blanchecombe et à son fils aîné.

Levée depuis longtemps, la princesse regretta aussitôt le calme serein de sa chambre d'enfance en apercevant, par la fenêtre, les préparatifs du départ. Elle avait dormi seule, du moins tenté, mais son anxiété avait eu raison de son sommeil. Cheveux détachés, vêtue d'une tenue plus légère que sa maudite robe de mariée, elle se dirigea vers la sortie, prête pour le long trajet. Glascalia n'était pas une grande île, mais les extrémités nord et sud étaient éloignées de cent kilomètres, et à plus de dix heures de route par bonne condition. Il fallait donc partir le plus tôt possible pour ne pas arriver trop tard dans la nuit.

Les domestiques la saluèrent en la prenant tour à tour dans leurs bras, tristes à l'idée de son départ. Elle aussi en fut brisée. Jaya les connaissait depuis l'enfance et ne les avait jamais quittées. Heureusement, cela ne serait que pour quelques jours.

Quelques semaines...

Dans la cour, le traîneau était stationné à la sortie du château, sur la rue, prêt à partir. La tête haute malgré son cœur en miettes, Jaya avança jusqu'au rassemblement. Son père, Vadim et les Blanchecombe étaient là. Son arrivée fit cesser leur conversation.

Le seigneur Byron esquissa alors un sourire franc à la jeune femme.

— Ah, voilà ma chère belle-fille. Prête pour le voyage ?

Elle hésita à lui livrer sa véritable pensée. Or, Jaya préféra conserver sa façade idiote de princesse gentillette et réservée en lui répondant d'un rictus contrit.

— Prête, oui.

Elle entama un duel de regard avec Vadim. Il connaissait sa vraie nature d'impulsive pour en avoir fait les frais depuis leur rencontre. Son œil consterné parlait pour lui et contre toute attente, il gagna aisément ce combat quand elle baissa les yeux.

— Vous verrez, ma chère, Cassandore est une ville radieuse et hautement sécuritaire. Dans le sud, nous n'acceptons aucun écart de conduite de la part du peuple, vous n'avez donc rien à craindre.

Le ton de Byron Blanchecombe fit frissonner Jaya. Que sous-entendait-il ? Que pouvait-il bien faire au peuple qui s'écarterait du droit chemin ? La princesse n'eut guère le temps de se poser davantage de questions, car son père la saisit doucement par les épaules, attirant toute son attention sur lui. Il était profondément touché par son départ, voire déchiré. Jamais il ne s'était séparé d'elle de cette manière. En général, c'était toujours lui qui partait, parfois dans d'autres provinces, pour des rencontres et négociations. Le roi se sentait alors en position de contrôle, mais face à ce triste inversement, il était un peu déboussolé.

— Promets-moi de m'écrire.

— Je vous le promets, père.

— Je sais que quitter Alhora te fait mal, ma fille. Mais dis-toi que ce n'est que temporaire. Quand tu reviendras, tout sera revenu à la normale.

— Oui, père...

— Je sais que tu vas être courageuse. Tu es le portrait de ta mère.

Jaya inspira un air lourd pour ne pas fondre en larmes. Elle n'était probablement pas aussi courageuse qu'elle, mais ferait tout pour l'être.

— Nous nous reverrons bientôt.

Le roi l'honora de sa main qu'il fit glisser sur sa joue blanche en toute consolation, puis se tourna vers Vadim.

— Prenez soin de Jaya.

— Vous pouvez me faire confiance, Seigneur Northwall. Elle sera en sécurité à Cassandore.

Lorsque les deux hommes se serrèrent la main, Jaya décida de prendre congé. Elle ne voulait pas être témoin de toutes ces familiarités ni entendre parler de cette ville. La jeune femme se glissa dans le traîneau et s'installa sur l'une des banquettes en cuir bleu marine. Enfin seule... mais ce moment de solitude ne dura pas longtemps.

Ce n'était pas Vadim, mais bien une voix chuchotée dans sa direction.

— Jaya... Psiiit !

Rêvait-elle ? Non, cela provenait de la fenêtre. Des clapotis sur le verre s'ajoutèrent. S'approchant, Jaya constata qu'une paire de grands yeux sombres la guettaient depuis l'extérieur. Abasourdie, elle sursauta.

— Symphorore ?

La jeune fille aux nattes fit signe à Jaya de parler plus bas. Les gardes étaient à proximité. Sans faire de bruit, Jaya entrouvrit la fenêtre pour mieux entendre son amie. Elle était si heureuse de la voir ! Son visage rond et encore juvénile avait réussi à effacer une partie de son chagrin.

— Symphy, je suis tellement contente que tu sois là. J'avais peur de partir sans avoir pu te dire au revoir, lui chuchota-t-elle.

— J'ai eu la même crainte. Je me suis faufilée sans que la garde royale ne me voit rôder autour du traîneau.

— Tu n'as pas eu des nouvelles de Tiordan ?

Elle baissa la tête et arbora une moue triste.

— Non, toujours rien. Et je commence à croire que le mystérieux homme rôdant autour de la ville soit lui. Si oui, cela voudrait dire que c'est bien lui qui a assassiné le garde et qui t'a kidnappée... C'était lui, Jaya ? Soit sincère avec moi.

— Non, ce... ce n'était pas lui.

Mentir sur un mensonge, Jaya n'aurait jamais pensé qu'elle en serait capable. C'était tellement affreux, mais elle se devait de rassurer son amie. Et cela semblait fonctionner, car elle voyait le regard soucieux de Symphorore s'adoucir peu à peu.

— Tu étais radieuse pour ton mariage.

— S'il te plaît, je n'ai jamais voulu ça... Ce mariage m'a été imposé. Je donnerais tout l'or du monde pour revenir en arrière.

— Je sais. Moi aussi... En peu de temps, tout est parti de travers dans notre vie. Tiordan a disparu, toi, tu as épousé un fils Blanchecombe et moi... Je suis seule, désormais. Bien davantage maintenant que tu dois partir.

Elle avait tellement raison. Tout avait changé en un rien de temps. Leur trio d'or était maintenant brisé et Symphorore était laissée seule, à subir le départ de ses proches et amis. La ténébreuse était dévorée par la culpabilité, si désolée que les larmes commençaient à monter.

— Mais ne t'inquiète pas pour moi, Jaya. Honore ton rôle de princesse, moi j'honorerais celui de sœur.

Comment ça ? Que voulait-elle dire ? Symphorore, bravement, soutint le regard de son amie.

— Je vais partir à la recherche de Tiordan.

— Q-Quoi ? C'est de la folie ! Tu ignores où il est !

— Justement. Je veux en être sûre. C'est mon frère, il est la seule famille qui me reste. Savoir ce qui lui est arrivé est devenu mon obsession, je n'en dors plus des nuits... et je sais que toi aussi.

Si elle savait... Si seulement elle savait comme Jaya aimait Tiordan.

— C'est pour cela que je vais partir à sa recherche et je ne reviendrai à Alhora que lorsque je l'aurais retrouvé et que j'aurais prouvé son innocence. Je ne peux pas croire que c'est lui qu'à tué ce garde.

Si elle savait... Or, Jaya ne pouvait rien lui dire. Cela la briserait.

— J'étais venue te dire au revoir. Et, même si tu ne le désires pas, j'espère que tu seras heureuse dans ta nouvelle vie. Et que les Blanchecombe t'apporterons le bonheur que tu mérites. Et si on ne se revoit jamais, sache que tu resteras pour toujours ma meilleure amie.

Une larme sincère roula sur la joue de Jaya, brisant en mille morceaux l'âme de cette dernière. Symphorore et elle se connaissaient depuis leur plus tendre enfance et avaient partagé tant de moments ensemble, notamment avec Tiordan. La jeune femme n'arrivait pas à croire que leur amitié avait atteint un tel point, où elles devaient se quitter sans savoir si elles allaient se revoir un jour. Car oui, elle-même ignorait si elle allait survivre à Cassandore et même plus tard avec cette perpétuité d'un mètre quatre-vingt quinze sur les épaules.

Elle ne pouvait que lui souhaiter la même chose. Le bonheur de retrouver son frère, sa vie d'avant et son sourire autrefois si radieux et contagieux. Elle aussi resterait à jamais sa meilleure et seule amie.

Jamais elle ne l'oublierait...

— Hey ! Qu'est-ce que vous faites ici ? Reculez !

Soudain, le garde apparut, surprenant Symphorore. Elle sursauta, s'écartant rapidement du traîneau. Jaya aurait donné tout ce qu'elle avait pour que son amie reste encore un peu, mais celle-ci s'éloigna en courant, lui lançant un dernier regard qui exprimait son souhait de bonne chance.

— Bonne chance à toi aussi, Symphorore...

Elle espérait tant qu'elle puisse accomplir sa mission. Elle lui souhaitait de tout cœur.

Le convoi en direction de Cassandore avait finalement pris la route. Le cœur lourd, Jaya abandonna derrière elle Alhora et tout ce qui lui était familier pour s'enfoncer dans l'inconnu. Les paysages immaculés, d'une pureté inouïe, entouraient le véhicule, parsemés de forêts de sapins plus majestueuses les unes que les autres. Jamais elle ne s'était aventurée aussi loin de chez elle, cela lui procurait une drôle de sensation au fond de l'estomac.

Mais pas plus que l'œil de Vadim braqué sur elle.

Une heure s'était écoulée depuis leur départ et Jaya ne lui avait toujours pas adressé la parole. Elle ne savait quoi lui dire et sa dernière interaction avec Symphorore l'avait profondément meurtrie. Assis nonchalamment en face d'elle, Vadim n'avait pas brisé son silence, par respect pour ses émotions de jeune fille prête à exploser sous la pression. Il aimait le calme et admirer les beautés fécondes du monde sous ses yeux ; Jaya en faisait partie.

À travers son loup, elle ne pouvait presque pas distinguer ses yeux. De toute façon, elle les fuyait farouchement et c'était tout à son honneur. Il pouvait ainsi la scruter à loisir, analysant la sculpture parfaite de sa bouche rouge et charnue, la ligne enjôleuse de sa gorge et le galbe sans pareil de sa poitrine. Pour une si jeune femme, ses attraits étaient magnifiques.

Il voulait entendre le son de sa voix si suave et cristalline.

— Vous êtes exempte de loquacité, on dirait, princesse.

La fleur des neiges lui jeta un œil torve, piquant comme une épine.

— Pourquoi ne devrais-je pas l'être ?

— Eh bien... Nous sommes mariés, désormais. Nous allons vivre ensemble. Il serait judicieux d'apprendre à nous connaître, je pense.

— Je suis au regret de vous dire, Monsieur Blanchecombe, mais même si nous sommes mariés, ça ne fait pas de nous un couple. Sachez que je ne vous pardonne pas de m'avoir privée de ce qui m'était le plus cher.

Il ricana sous son nez, les coudes posés sur ses genoux. On oubliait déjà les titres ? C'était amusant.

— Quelle drôle de créature êtes-vous, Jaya. C'est fascinant. Je ne décèle pas une seule miette de reconnaissance chez vous. J'ai pourtant été un homme bon depuis notre rencontre. Je vous ai évité pas mal de problèmes et pourtant... Pas la moindre compassion. C'est fou comme vous êtes belle, mais votre cœur est froid comme un iceberg.

— C'est ça, moquez-vous de moi... Mais sachez que même si vous m'avez sauvé la vie, ça ne veut pas dire que je vais vous aimer. On ne peut aimer un inconnu qui vous a tout pris.

Vadim émit un nouveau ricanement, méprisant cette fois.

— Charmant, vous me voyez réellement comme un monstre. J'aurais peut-être dû laisser ces lycans vous dévorer, tout compte fait.

— J'aurais peut-être dû ne jamais vous demander de retirer votre masque.

La voix de Jaya s'était faite glaciale. Elle avait parlé sans réfléchir et une seconde, elle regretta sa franchise. Vadim la fixait sans relâche, la mer turquoise de ses prunelles se déchaînait. Elle frappa Jaya et la ballota dans tous les sens lorsqu'il arracha son loup pour lui dévoiler son disgracieux visage. La jeune femme bloqua sur ses lacérations, sur la vague rosée tranchant son œil et sa pommette. Elle eut un mouvement de recul.

Vadim affichait une mine sévère, accentuée par le froncement de ses sourcils qui soulignait le perçant de son regard. Jaya ne pouvait lui soutenir, ses paupières se baissèrent instinctivement, laissant au prince le constat de sa détresse. D'un ton grave, mais bas, il lui siffla :

— Voici donc ce qui vous fait peur, pourquoi vous êtes si désagréable avec moi... C'est mon visage. Vous devez me trouver horrible, n'est-ce pas ?

Que pouvait-elle lui répondre ? Elle savait qu'il avait raison. Se replier sur elle-même et se taire n'était qu'une solution lamentable, ce qui déplaisait à Vadim qui exprima son mécontentement en faisant claquer sa langue dans sa bouche.

— Moi qui pensais qu'une princesse comme vous, aussi proche de son peuple, pouvait accepter les marqués et les disgracieux, je me suis visiblement trompé. Vous ne voyez pas plus loin, en réalité.

Enfin, Vadim recula, s'enfonçant dans son siège. Son dos musclé se colla contre le dossier, tandis que Jaya resta figée, sans même ciller. Ses paroles l'avaient pétrifiée, même si elle avait du mal à les accepter, elle ne pouvait contredire leur part de vérité. Sa simple présence la répugnait.

La voix de Vadim avait changé. Son ton habituellement tiède tout en restant poli était devenu tranchant, presque menaçant.

— Jugez-moi, si vous en avez envie, princesse. Ça met égal, je l'ai été toute ma vie. Mais si vous vous obstinez à vous montrer intransigeante envers moi, alors je le serais avec vous. Comme l'avenance du loup ne semble pas marcher sur vous et votre mauvais caractère, je vous ferais voir mon vrai visage, celui qui vous effraie tant. Et croyez-moi, vous aller regretter toute la bonté que je vous ai donné.

Paralysée...

Transpercée...

Tremblante...

Jaya était ainsi face à Vadim, confrontée à sa soudaine froideur. Qu'allait-il lui arriver auprès de cet homme ? Dans quel gouffre de malchance était-elle tombée ? Lorsqu'elle releva les cils, elle ne vit qu'une tempête dans ses yeux, lui conseillant vivement de prendre sa mise en garde au sérieux.

Ce n'était pas une plaisanterie et il comptait bien lui faire comprendre.

Et ça, Jaya le regrettait déjà...

Le soir venu, Symphorore se retrancha chez elle, dans sa petite maison bancale perchée sur le nivelé des sapins, aux abords d'Alhora. Non loin de la forêt giboyeuse, elle n'avait que quelques mètres à faire pour s'y rendre. Bâtie par les mains de son défunt père, un valeureux chasseur happé bien trop tôt par le voile de la mort, elle se dressait encore fièrement contre vent et marée.

Dans l'âtre du poêle à bois, un feu crépitait et apportait une ambiance tamisée à cette demeure sous cloche végétale, loin de tous regards indiscrets. Quand la belle bûche fut réduite en éclats, la jeune femme jeta son sac plein de provisions sur le sol avant de s'éponger le front d'un revers de bras.

Elle n'avait pas chômé pour préparer son départ. Parler à Jaya lui avait fait comprendre que rien dans cette vie ne valait la peine d'être abandonné. Surtout pas la famille. Ses yeux se posèrent d'eux-mêmes sur la couchette de paille de l'autre côté du minuscule salon : le lit de Tiordan. Nombre de fois, elle s'était levée en douce pour venir lui bondir sur le dos. Ce jeu résultait presque toujours à une bagarre qui se finissait sur un rire collectif, des brins de chaumes plantés dans les cheveux. Voir ces scènes dans sa tête comme si elles étaient réelles fit doucement sourire la jeune fille.

C'était ici, dans cette cabane, qu'ils se retrouvaient tous les trois, avec Jaya, pour parler et rire durant des heures, programmant des gueuletons improvisés avec ce qu'il leur restait de pain et de fromage, récitant des calembours sur les villageois du tour qui ne faisaient rire qu'eux. Monsieur Gosmat et son énorme moustache toujours pleine de miettes de pain. Madame Naezia et son adoration des jeunes hommes ; Tiordan avait pu en faire les frais de nombreuses fois lorsqu'il allait en ville revendre ses gibiers. Symphorore se moquait gentiment de lui en le priant d'accéder aux demandes de cette pauvre cinquantenaire veuve et particulièrement aisée. Soutirer un peu d'argent en plus ne ferait pas de mal à leur foyer. Ils pourraient au moins se payer le luxe de vrais matelas.

Tiordan avait décliné cette proposition avec un charmant majeur tiré vers sa sœur qui n'avait pu s'empêcher de glousser, contrairement à Jaya dont le rire sonore résonnait encore en ces lieux, comme imprimé dans les murs.

Tout ceci lui semblait si loin. Ce bon vieux temps où leur jeunesse n'était qu'une partie de plaisir. Un jeu à ciel ouvert qui s'était finalement assombri avec l'âge.

Symphorore passa son grand manteau doublé sur ses épaules, fermant correctement les anneaux pour éviter le froid de pénétrer. Elle enchaîna avec un bonnet et des gants. Vivre seule ici était devenu un calvaire. C'en était trop pour elle. Jaya, son dernier repère, était partie avec son nouveau mari. Plus rien ne raccrochait Symphorore à cette ville gorgée de souvenirs. Celle qui lui avait pris ses deux parents, avant de lui arracher son frère.

Il n'était pas mort, lui. Elle le savait... et elle ferait tout pour le retrouver.

Lentement, elle se rendit à sa commode d'où elle tira une écharpe et un couteau aiguisé qu'elle plaqua à sa ceinture. Parmi le fatras en tout genre, elle s'arrêta sur un objet qu'elle saisit dans sa main.

L'une des bandes de cuir que Tiordan portait toujours pour maintenir ses mèches folles.  Elle était rongée par l'usure et laissait penser des années de bons et loyaux services.

Un dernier souvenir, un bien précieux qu'elle jura de garder jalousement. Le nouant sur son front, Symphorore soupira afin de se donner de la motivation. Elle ignorait si elle allait réussir à accomplir sa quête, ni même juste atteindre le bout de la forêt, mais sa mère, Amélia, lui avait appris une chose fondamentale lorsqu'elle était petite. Une maxime qu'elle n'avait jamais oublié.

Sans folie, pas de raison. Il fallait les deux ensemble pour faire naître le courage.

Ce soir, elle allait être courageuse.

Ses pas lourds se dirigeaient vers la porte. Le feu mourant projeta sa silhouette sur les cloisons de cette demeure qui l'avait vue grandir et qu'elle n'était pas prête de revoir. Son sac sur le dos et l'arbalète chargée, elle goûta à la coupure du froid à l'extérieur. La nuit était tombée depuis peu ; tous les alhoriens se capitonnaient chez eux depuis l'annonce d'un intrus rôdant autour de la cité. Symphorore n'en avait cure.

Au point où elle en était, elle n'avait plus peur de rien.

Marchant sur le sentier blanc menant au bois, la jeune fille s'arrêta à la lisière pour mesurer son acte désespéré. Était-ce une bonne idée ? Évidemment ! Plus rien n'avait d'importance, Tiordan était son obsession. Qu'il soit mort ou vif, elle devait le retrouver quitte à périr avec lui... Pour sa famille brisée, pour son amour fraternel... et pour Jaya. Son amie comptait sur elle.

S'engageant bravement dans le bois, la silhouette de Symphorore se noya dans les ténèbres. Son courage et sa lanterne à la main pour seul soutien. Elle était prête.

Prête à affronter la morsure de l'hiver, envers et contre tout, afin de retrouver et innocenter son cher frère. Le ramener à la maison, tout simplement.

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