
Secrets en Sous-Main 2/3 ✔️
Après cet incident, Jaya repartit s'enfoncer dans les allées de Cassandore, l'esprit tourmenté et les mains encore tremblantes par l'adrénaline. D'abord l'affaire avec Starania, puis la mise à tabac du pauvre Monsieur Jackar... Cette ville allait décidément la rendre cinglée. Le calme d'Alhora lui manquait tant. Tout le monde avait peur, ici ; c'était compréhensible, mais elle n'acceptait pas tant de cruauté gratuite envers des gens innocents. Le Seigneur Byron dirigeait ses troupes avec tant d'horreur qu'ils en prenaient goût aux dépends du peuple, instaurant de ce fait un dictat d'autorité contre lequel nul n'osait se dresser.
Vadim était-il au courant des agissements de son père ? Probablement, il devait le savoir depuis le début pour Starania. Elle devait le voir pour en avoir le cœur net. Ce fut naturellement que ses pas la guidèrent jusqu'au camp d'entraînement.
Le soleil était sur le point de se coucher, signe de la fin des cours. Sur le chemin menant au camp, Jaya croisa des apprentis épuisés, rentrant chez eux avec peine. Vadim les avait encore poussés dans leurs retranchements, surtout depuis que les entraînements s'étaient intensifiés. Arrivée à la cour dallée, elle constata qu'il n'y avait personne.
Elle avança prudemment sur les abords du mur, longeant les tôles de cuivre entourant l'endroit. Les gouttes de pluie continuaient à perler à travers les gouttières. La princesse arriva enfin devant le bâtiment. Était-il à l'intérieur ? Le hublot de la porte lui offrit une vue discrète de l'intérieur. Il s'agissait d'un entrepôt de stockage pour le matériel, avec des armoires d'armes et des mannequins en bois soigneusement rangés. Du mouvement attira soudainement l'attention de la jeune femme.
Vadim...
Il se tenait là, face à son matériel de cours, s'occupant à ranger les éléments utilisés. Ses bras musclés se crispaient lorsqu'il soulevait une cible volumineuse. Curieusement, sa simple présence suffisait à faire disparaître toutes les inquiétudes de Jaya. C'était surprenant, car en seulement quelques jours, sa perception de lui avait changé du tout au tout. Auparavant, elle rejetait toute approche, tout contact ou même le simple fait qu'il la regarde. Désormais, elle avait su apprivoiser ces émotions négatives et les transformer en sentiments positifs. Elle était même prête à le laisser entrer dans sa chambre...
Jaya aurait pu admirer ce mage fascinant encore des heures sans troubler son instant de paix, mais des bruits de pas la ramenèrent à la réalité.
Quelqu'un approchait par le flanc gauche du bâtiment.
Sursautant à l'idée d'être prise en train de l'épier, Jaya courut à l'opposé et se faufila habilement sur le côté de l'entrepôt. Lorsque la porte s'ouvrit, elle ne put s'empêcher de jeter un coup d'œil furtif par la fenêtre dépourvue de vitre à côté d'elle. Son talent d'espionne était en train de se peaufiner, elle allait bientôt devenir une championne en la matière...
— Vadim ?
Une silhouette élancée se dessina entre les armoires armées. C'était Aube, Jaya la reconnaissait formellement. Cette vipère marchait vers lui, un large sourire accroché sur son visage.
— Tu es là. Je te cherchais. J'ai besoin de te parler.
— Qu'est-ce que tu veux ?
L'indifférence dans la voix de Vadim ne la découragea pas.
— Je voulais savoir une petite chose... Pourquoi te montres-tu si distant avec moi, depuis quelques temps ?
Vadim se bloqua dans son activité pour lui lancer un regard confus.
— C'est par rapport à l'autre petite princesse bégueule se faisant passer pour ta femme ?
Jaya fronça les sourcils à sa mention. Son époux se mura dans un mutisme accusé, sous la mine condescendante de la combattante.
— Ah, je vois... Ton silence en dit long. C'est bien à cause d'elle. C'est amusant que tu la protèges ainsi, alors qu'elle n'est même pas capable de te satisfaire sexuellement parlant.
Cette fois-ci, Vadim lui appuya un regard noir. Elle devrait garder ses remarques pour sa pomme ! Il n'avait aucune envie de les entendre, surtout lorsqu'il s'agissait de sujets impliquant Jaya. Cette dernière bouillonnait littéralement sur place. Comment osait-elle parler d'elle de la sorte ? Leur vie privée ne regardait qu'eux !
D'un pas enjôleur, Aube s'approcha. Elle était si proche de lui que leurs poitrines se touchèrent.
— Tu te souviens de tous ces après-midi pluvieux que nous avons passés ici, à même les caisses de rangements ? Tous ces frissons que tu faisais naître sur ma peau ? Nous faisions l'amour comme des bêtes, Vadim. Ça ne te manque pas ? Car moi, oui... Ça me manque tant, si tu savais. J'en crève d'envie, mais ça ne tient qu'à toi... Tout est parti en éclats depuis l'annonce de ce mariage ridicule. Nous pourrions reprendre nos activités, continuer ces ébats que nous apprécions tant partager, toi et moi. Ta petite Jaya n'est pas obligée de le savoir...
Aube caressa le torse du jeune homme de ses mains baladeuses. Jaya était-elle en train de rêver ? Ou plutôt, nageait-elle en plein cauchemar ? Comment cette vulgaire apprentie osait-elle faire des avances à Vadim ?
— Tu sais... Avoir ta tête entre les cuisses me manque beaucoup...
La princesse se tâta à deux fois avant de se récurer les oreilles, tant cela lui semblait inconcevable. Elle était outrée par ce langage cru qui ne déridait pas Vadim. Celui-ci saisit lentement les poignets d'Aube et les décolla de ses pectoraux.
— Je m'en doute, et je me souviens de tout. Mais ça va être difficile pour moi d'accepter.
— Allons, Vadim, je te connais comme tu me connais. Ne me dit pas que c'est à cause d'elle que tu te refuses à moi ? Tu détestes les filles chastes comme elle, tu t'en lasses vite. Elle est trop jeune, trop inexpérimentée de toute façon. Ce genre de petite puritaine trop couvée ne pourrait jamais te satisfaire. Je me demande même pourquoi tu l'as épousée.
— Parce que c'était pour unir nos peuples pour le meilleur et aider Alhora à remonter la pente. Mais... C'est surtout en partie parce que Jaya est une beauté pure, un bijou dans la royauté. Sa virginité est un trésor.
Aube ricana grassement, presque heurtée par ces éloges trop sucrées.
— Tu détestes la pureté, habituellement. Cesse donc de te voiler la face. Tu aimes tout ce qui est sauvage, tout ce qui gémit et hurle ton nom...
Malgré ses mains retenues, Aube ne manqua pas de se montrer entreprenante. Sa voix n'était plus qu'un murmure langoureux tandis qu'elle capturait les lèvres de Vadim, faisant rater un battement au cœur de Jaya. Leur baiser s'intensifia. Elle le caressait du bout de la langue, tout en le narguant d'un regard sensuel. Elle en voulait plus, tout de suite. Se libérant de l'emprise de Vadim, Aube entreprit de défaire lentement les attaches de son gilet d'entraînement, le faisant glisser le long de ses épaules. La peau nue et hâlée de son buste étincela sous le regard du prince, sachant combien il avait été obsédé par ses petits seins pointus par le passé.
La mâchoire de Jaya se décrocha. Elle était écœurée, offensée... en colère. Elle ne pouvait assister à cela plus longtemps. Sa dernière image fut celle d'Aube entourant la nuque de Vadim entre ses doigts, se rapprochant pour capturer de nouveau ses lèvres.
Voici donc l'envers de la fin d'entraînement pour l'instructeur : consternant était de voir comment les Cassandoriens négligeaient les aspects les plus intimes de leur être, au point de ne plus penser qu'à assouvir leurs pulsions. Alors, c'était cela que les gens pensaient de Jaya, ici... ? Qu'elle n'était qu'une jeune fille inexpérimentée et trop ennuyeuse, incapable de maintenir un mariage et satisfaire un homme ? Comment le pourrait-elle, alors qu'elle n'avait jamais connu la plénitude de l'expérience ?
Cela n'avait pas l'air de déranger Vadim vu comme il s'adonnait à ce genre de bassesses dans son dos et avec cette... Cette garce ! Ne pensait-il plus au devoir marital ? À la fidélité qu'il lui avait promis devant l'autel ? Du vent pur et dur !
Elle avait été bête... Si bête d'avoir cru en lui ! Jaya décida de partir avant d'assister à davantage d'expressivités amoureuses. Cependant, elle ne réalisa pas qu'un œil aiguisé l'avait déjà repérée.
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